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Chla 010 0057
Chla 010 0057
Frédéric Pellion
Dans Champ lacanien 2011/2 (N° 10), pages 57 à 67
Éditions EPFCL-France
ISSN 1767-6827
ISBN 9782916810102
DOI 10.3917/chla.010.0057
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Lettre et référence
Frédéric Pellion
6 Lacan J., Le Séminaire, livre XVIII, D’un discours qui ne serait pas du semblant, Paris, Seuil,
2006, p. 45-46. Cité dans Porge É., Lettres du symptôme – Versions de l’identification, Toulouse,
Érès, 2010, p. 24, où cette remarque joue un rôle essentiel, puisque les différentes versions
de l’identification peuvent être considérées, selon l’auteur, comme autant de manières de
contourner cet impossible.
7 « Le psychanalyste dans la psychanalyse n’est pas sujet, et […], à situer son acte dans la
topologie idéale de l’objet a, il se déduit que c’est à ne pas penser qu’il opère. Un je ne pense
pas qui est [d/l ?]e droit, suspend de fait le psychanalyste à l’anxiété de savoir où lui donner
sa place pour penser pourtant la psychanalyse sans être voué à la manquer » (Lacan J.,
« L’acte psychanalytique » – Compte rendu du séminaire 1967-1968, Autres écrits, Paris, Seuil,
2001, p. 377 ; il existe deux versions de la seconde phrase, l’une avec « de », l’autre avec « le »).
8 Cette réflexion pourra ainsi contribuer à éviter de s’engager de biais — si on prend le
risque de s’y engager — dans des débats tels que « Psychanalyse versus psychothérapies »,
« Une évaluation de la psychanalyse est-elle souhaitable, possible, nécessaire ? », ou encore
« Indications et contrindications de la psychanalyse » — toutes ces expressions entre
guillemets bien sûr.
9 Il y a ceux qui notent l’intégralité de chacune des séances de leurs cures, d’autres qui font
une confiance absolue, et peut-être imméritée, à leur mémoire, et d’autres encore — la
plupart, je pense — qui tantôt notent, tantôt ne notent pas.
Lettre et référence 59
15 Lacan J., D’un discours qui ne serait pas du semblant, op. cit., p. 117.
16 Il est peut-être utile de rappeler ici que Lacan maintient cette thèse de la psychanalyse
comme productrice d’un certain savoir jusqu’à la fin de son enseignement : cf. par exemple
Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991 ; Le Séminaire,
livre XXV, « Le moment de conclure », en particulier leçon du 10 janvier 1978, séminaire
inédit.
17 Lacan J., Le Séminaire, livre XXII, « R. S. I. », leçon du 10 décembre 1974. Ornicar ?, 1975 : 2, p. 92
et suiv.
18 Ibid, leçon du 17 décembre 1974, op. cit., p. 100.
19 Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore. Paris, Seuil, 1997, p. 54-57.
20 Les dits « troubles des apprentissages » nous incitent d’ailleurs à entériner cette distinction
entre la lettre que l’on lit et la lettre que l’on trace. Cf. sur ce point, sous la dir. de Bergès J.,
Bergès-Bounes M. & Calmettes-Jean S., Que nous apprennent les enfants qui n’apprennent
pas ?, coll. « Les dossiers du JFP », Toulouse, Érès, 2003 : l’inhibition à lire ne se situe pas du
tout au même point de la structure, selon les auteurs, que la maladresse à écrire…
Lettre et référence 61
21 Cf. par exemple Lacan J., Le Séminaire, livre XXII, « R. S. I. », leçon du 21 janvier 1975, Ornicar ?,
1975, no 3, p. 104-110.
22 V. supra. L’idée, non seulement d’une distinction, mais d’une absence de communauté de
sort entre Nom-du-Père et « père nommant », sur laquelle se termine le Séminaire « R. S. I. »,
est d’ailleurs dans le droit fil de cette impossibilité constatée.
23 Saussure F. de, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1972.
24 Platon, Cratyle, Œuvres complètes, t. I, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1940, p. 613-691.
25 De certaines choses tout au moins : « Les corps se matérialise[nt], ontologiquement parlant,
comme points nodaux idéaux en ces foyers où s’entrecroisent les énoncés d’observation. »
(Quine, W. [1990], La poursuite de la vérité, Paris, Seuil, 1993, p. 48.)
26 Cotard J., Intervention du 28 mars 1887 à la Société Médico-Psychologique, Ann.
Méd.-Psychol., 1887, p. 57-80.
27 Ainsi, l’apparente évidence de la relation de référence donne un modèle à l’« adéquation »
de la proposition vraie entre chose et intellection, et, réciproquement, la définition classique
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de la vérité laisse l’enchaînement causal qui conduit à dire le vrai dans une suspension entre
mots et choses qui est au fond la même que celui que met en scène cette relation.
28 Aristote, Physique, loc. cit.
29 Russell B., « On denoting », Mind, 1905, 14/56, p. 479-493.
30 Frege G. [1892], « Sens et dénotation », trad. fr. dans Écrits logiques et philosophiques, Paris,
Seuil, 1971, p. 102-126.
31 « Après cela, je considérai ce qui est requis en général à une proposition pour être vraie et
certaine ; car puisque je venais d’en trouver une que je savais être telle, je pensais que je
devais aussi savoir en quoi consiste cette certitude. Et ayant remarqué qu’il n’y a rien du
tout en ceci : Je pense, donc je suis, qui m’assure que je dis la vérité, sinon que je vois très
clairement que, pour penser, il faut être, je jugeai que je pouvais prendre pour règle générale,
que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies »
(Descartes R., « Discours de la méthode pour bien conduire sa raison », Œuvres & lettres,
Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 1953, p. 147-148.)
32 Descartes R. [1649], « Les passions de l’âme », trad. fr. dans Œuvres & lettres, op. cit., p. 691-802.
33 Sur l’affrontement de Descartes à cette insolubilité, cf. par exemple Kambouchner D.,
L’homme des passions – Commentaires sur Descartes, Paris, Albin Michel, 1995, 2 volumes.
34 Benveniste É., Problèmes de linguistique générale, Paris, Gallimard, 1966-1974, 2 volumes.
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35 Cf. par exemple Dewey J. [1934], L’art comme expérience, Paris, Gallimard, 2010.
36 Soler C., « Champ lacanien », Revue de Psychanalyse du Champ lacanien, 2004, no 1, p. 9-23.
37 Lacan J., « Télévision », Autres écrits, op. cit., p. 511-512.
38 Soler C., Lacan, l’inconscient réinventé, Paris, Puf, 2009.
39 Ce qui n’est pas seulement un changement de dénomination, un changement d’étiquette,
mais aussi une façon de revenir sur quelque chose que Lacan, dans la ligne de Martin
Heidegger considère comme une hypothèque pesant sur l’ensemble de la pensée occidentale,
à savoir la distinction sujet / objet. Cf. Heidegger M. [1936], Qu’est-ce qu’une chose ?, Paris,
Gallimard, 1971.
40 Lacan J., Le Séminaire, livre XIV, « La logique du fantasme », leçon du 11 janvier 1967, inédit.
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des formes de l’être dont la grammaire sans sujet arraisonnent les corps
quoiqu’ils en aient, humains ou non 41…
tion —, Frege saute ensuite dans l’inconnu en abordant d’une façon réso-
lument inédite le problème de la dénotation des propositions complexes :
de telles propositions n’ont pas d’autre référent, selon lui… que la vérité
elle-même.
Qu’est ceci, si ce n’est un coup de force rabattant définitivement, l’un
sur l’autre, référence et vérité, vérité et référence ? La thèse est pourtant
moins scandaleuse qu’il n’y paraît : on ne peut certes pas dire le vrai, mais
on peut s’y référer, c’est-à-dire le viser, ce vrai — quitte, on vient de voir,
à mettre son corps, ou à l’occasion quelque attribut, partie ou organe de
celui-ci, à la place.
Par exemple, si, selon Lacan, le signifiant phallus « désigne dans leur
ensemble les effets de signifié, en tant que le signifiant les conditionne 48 »,
et qu’il faut sans doute prendre dans cette phrase signifié au sens restreint
de sens 49, qu’est-ce donc qui pourrait désigner dans leur ensemble les effets
de référence ?
Lacan se hâte vers le point final à son article « Die Bedeutung des Phallus »
dès le moment où la question n’est plus évitable. En effet, phallus, comme
signifiant, peut bien avoir la dénotation que je viens de rappeler, cela ne
dit pas encore le nom propre de la chose où s’ancre la possibilité de faire
référence. Lacan se garde bien de répondre, par exemple, que cette chose
serait l’objet a — et il faudra d’ailleurs attendre 1966 pour qu’il articule la
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Cette lettre D, en tout cas, représente dès lors auprès du corps vivant, à
elle seule, le « trésor des signifiants 59 » — alors même que l’expression très
voisine « trésor du signifiant » désignait encore, quelques pages plus haut,
l’Autre du signifiant 60.
En 1936, Lacan définissait l’identification comme « la transformation
produite chez le sujet quand il assume une image 61 ». On pourrait peut-
être ajouter à cette proposition que la cure analytique est l’intégrale des
transformations produites chez le sujet quand il assume les lettres qui se
sont déposées en lui à mesure de l’éloignement 62 de son objet a… ce qui
est aussi s’employer à les faire lire.
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59 Ibid., p. 817.
60 Exactement, le « site préalable » de celui-ci (ibid., p. 806-807). Je remercie Sidi Askofaré de
m’avoir incité à donner ma lecture de l’écart entre le singulier attribué au signifiant dans
la première occurrence de l’expression et le pluriel auquel il est soumis dans la seconde.
La lettre, contrairement au signifiant, ne fait jamais un tout — seulement une collection de
singuliers.
61 Lacan J., « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu’elle nous est
révélée dans l’expérience analytique », Écrits, op. cit., p. 94.
62 Éloignement tout aussi réel qu’il soit conçu comme résultat d’une cession ou d’une extraction.