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SUJET 7 : LA FIN DES TRAITES EN DROIT INTERNATIONAL

Quels sont les mécanismes d’extinction des traités en droit international ?

La terminologie employée à ce propos varie. En fait, l’on parle d’extinction des traités
(formule utilisée dans la Convention de Vienne), ou de terminaison ou de fin des traités. Il
s’agit toujours des cas où le traité cesse de s’appliquer, à titre définitif ou parfois provisoire.
La CVDT dans sa Ve partie fait référence à l’extinction des traités et à la suspension de leur
application, notamment en ses articles 54-72.
Les facteurs qui entrainent l’extinction des traités peuvent résulter soit de la volonté des
parties, soit de la survenance d’événements indépendants de leur volonté.
I. L’extinction des traités par la volonté des parties
Le traité étant le fruit d’un accord entre les parties contractantes et donc, qu’il traduit
nécessairement une volonté commune. Les divers mécanismes qui y mettent fin traduisent
aussi soit la volonté commune des parties, soit celle de l’une d’elles seulement.
A. L’extinction par la volonté commune des parties
De telles hypothèses d’extinction d’un traité par accord entre les parties sont conformes au
droit international, voire prévue par les dispositions du traité lui-même. Elles sont licites et
n’entrainent pas la mise en cause de la responsabilité de l’un ou de l’autre des Etats
intéressés. D’un commun accord, les parties contractantes peuvent donc décider de mettre fin
au traité par un acte expresse. Elles peuvent également prévoir certaines circonstances dans
lesquelles le traité prendra fin.
- L’abrogation des traités
On peut définir l’abrogation, au sens le plus général du terme, comme la suppression pour
l’avenir d’une disposition obligatoire par l’intervention d’une nouvelle disposition du même
ordre. Il s’agit donc d’un accord ultérieur par lequel les mêmes parties ent²endent supprimer
un traité antérieur en exprimant une volonté nouvelle commune.
L’abrogation peut résulter d’un accord entre les parties ayant expressément pour objet de
mettre fin au traité antérieurement conclu entre elles. Mais elle peut aussi résulter de la
conclusion d’un nouveau traité dont les dispositions sont incompatibles avec le précédent.
Dans certains cas, il est expressément indiqué que le traité postérieur prévaudra dans ce cas le
traité antérieur sera abrogé.
Ainsi, l’article 103 de la Charte de l’ONU dispose que, « en cas de conflit entre les
obligations des membres des NU en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu
de tout autre accord international, les premières prévaudront ».
- Les causes d’extinction prévues dans le traité
Les parties au traité peuvent définir expressément l’objectif qu’elles se fixent d’atteindre en
le concluant et la durée prévue pour sa validité. Lorsque cet objectif sera atteint ou cette
période écoulée, le traité prendra fin. L’on peut donc déduire de ces dispositions que la
survenance de certains événements entrainera son extinction.
La réalisation de l’objet du traité : l’accord des parties a porté sur une attitude ou une
action commune en vue d’un certains but. Les obligations que le traité impose aux parties
sont définies en fonction de ce but et elles n’ont de raison d’être qu’en vue de sa réalisation.
Lorsqu’elle sera intervenue il est évident que le traité n’aura plus d’objet et n’aura plus lieu
de s’appliquer.
L’expiration de la durée du traité : dans certains cas les parties précisent la durée pour
laquelle elles acceptent de se lier par le traité qu’elles concluent. Elles prévoient alors ce
qu’il adviendra du traité à l’expiration de ce délai. Les modalités d’une telle clause de durée
peuvent être diverses. Elle peut prévoir notamment l’extinction pur et simple du traité
intervenue à la date indiquée par les auteurs du texte ; ou une prorogation tacite, tant qu’il n’y

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a pas eu de dénonciation ; ou une durée illimitée, sauf décision des parties après un certain
délai ; ou une durée déterminée.
(Par exemple, l’article 10 paragraphe 2 du TNP du 1 er juillet 1968 prévoit que vingt-cinq ans
après l’entrée en vigueur du traité une conférence sera convoquée en vue de décider s’il
demeurera en vigueur pour une durée indéterminée ou déterminée. Cette décision sera prise
par la majorité des parties au traité.
Lorsqu’une disposition ne se réfère expressément à la durée du traité ni à une possibilité de
dénonciation (c’est le cas de la charte de l’ONU), cela équivaut à prévoir une durée illimitée.
- La survenance d’un fait prévu ou prévisible : les parties peuvent aussi prévoir que la
survenance d’un fait ou d’un événement prévisible entrainerait la perte de la qualité de partie
au traité, donc son extinction à l’égard des Etats qui se trouveraient dans cette situation
(exemple dans le cadre européen, un Etat qui cesse d’être membre du conseil de l’Europe
perd sa qualité de partie à la convention européenne des droits de l’homme).
B. L’extinction par la volonté de l’une des parties
Le comportement de l’une des parties peut, lui aussi, entrainer l’extinction d’un traité dans les
relations entre cette partie et une ou plusieurs autres, mettant fin aux obligations assumées par
elles aux termes de ce traité. Pour être licite, l’extinction d’un traité résultant ainsi de la
volonté de l’une des parties contractantes doit nécessairement être prévue par le traité lui-
même. Dans ce cas, lorsque l’une des parties agit conformément à ces dispositions pour se
soustraire de ses obligations, il n’y a pas violation d’une obligation internationale puisque
c’est en application de ses propres dispositions que le traité cesse de produire des effets
juridiques. Les modalités selon lesquelles une partie peut se soustraire de ses obligations
(délais, préavis, notification à toutes les parties) sont normalement prévues par le traité lui-
même. Donc juridiquement, il ne peut y avoir de dénonciation quand le texte n’en prévoit pas
expressément la possibilité (article 56 de la CVDT). Exemple le traité sur la non-prolifération
des armes nucléaires du 1er juillet 1968, prévoit en son article 10 un préavis de trois mois.
A défaut de dispositions expresse dans ce sens, le comportement de l’État qui met fin
unilatéralement au traité est contraire au droit. Car il ne peut être mis fin, dans ces conditions,
de façon unilatérale à l’acte qui traduit la volonté commune des parties. Il s’agit donc d’une
violation des obligations internationales de l’État en question. Dans ce cas, la fin du traité est
le résultat d’un acte internationalement illicite. Cette procédure d’extinction est illégale en
droit conventionnel et peut mettre en cause la responsabilité internationale de l’État.
Il faut noter que la dénonciation est la procédure normale d’extinction d’un traité par la
volonté d’une partie. C’est l’acte unilatéral par lequel un État se dégage des obligations qu’il
a assumées par un traité.
La dénonciation a pour effet :
- de mettre fin au traité, purement et simplement (quand il s’agit d’un traité bilatéral) ;
- de mettre fin aux obligations de l’État qui dénonce et à celles que les autres parties avaient
assumé envers lui (quand il s’agit d’un traité multilatéral).
Dans le cas des actes constitutifs des OI, la dénonciation prend la forme d’un retrait de
l’organisation. L’État qui dénonce cesse d’être membre de l’organisation. (Par exemple le
Pacte de la SDN prévoyait la possibilité pour les États de se retirer sous réserve d’un préavis
de deux ans, cette possibilité ne se trouve pas dans la charte de l’ONU).

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II. L’extinction des traités en dehors de la volonté des parties
Certaines circonstances indépendantes de la volonté des parties peuvent entraîner la fin des
obligations assumées par elles ou, selon le cas, la suspension ou la modification de ses
obligations. Ce sont essentiellement le changement fondamental des circonstances, la
survenance d’une guerre ou l’apparition de règles juridiques contraires.
A. Le changement fondamental des circonstances et l’apparition de règles
juridiques contraires
Selon l’article 62 de la CVDT 1969, le « changement fondamental » des circonstances dans
lesquelles a été conclu un traité peut être invoqué par les parties pour se dégager de leurs
obligations, c’est-à-dire pour se retirer d’un traité multilatéral ou mettre fin à un traité
bilatéral de façon définitive ou provisoire (suspension de l’application du traité).
Encore faut-il que certaines conditions soient réunies, car il doit s’agir d’un changement
fondamental :
- qui affecte les circonstances ayant constitué une base essentielle du consentement des
parties lors de la conclusion du traité ;
- qui apporte une modification radicale à la portée des obligations assumées par les parties.
Cette possibilité pour un État d’échapper aux obligations qu’il a assumé par un traité se
justifie par ce que l’on appelle la « clause Rebus sic stantibus ». La doctrine a considéré que
dans tout traité, une clause est sous entendue d’après laquelle le traité est conclu en fonction
des circonstances existantes et doit donc durer, « les choses demeurant en l’état ». Lorsque
ces circonstances changent, l’application du traité n’est donc plus possible et il devient
nécessaire d’y mettre fin.
En pratique, la « clause Rebus sic stantibus » a trop souvent servi de prétexte pour justifier
des comportements illicites, contraires aux traités considéré, et des dénonciations non prévues
par ledit traité.
En droit, le changement fondamental des circonstances justifie non pas la dénonciation du
traité mais plutôt son adaptation. Celle-ci doit se faire par un nouvel accord, c’est-à-dire après
une nouvelle négociation destinée à tirer du changement de circonstances des effets
juridiques qui s’imposent.

L’application d’un traité peut prendre fin, indépendamment de la volonté des parties, parce
qu’une norme contraire est apparue. Ce qui peut résulter, dans certains cas, de la naissance
d’une coutume qui est en contradiction avec le traité et l’empêche de continuer à s’appliquer.
Il en est de même de la survenance des normes impératives du droit international. Ces normes
peuvent entraîner l’extinction des traités qui sont en conflit avec elles (articles 53 et 64
CVDT).

B- La survenance d’une guerre


La survenance d’une guerre entre les parties à un traité a nécessairement pour conséquence la
rupture des relations normales dans le cadre desquelles il a été conclu.
Le problème se pose de savoir quel est l’effet de la guerre sur les obligations
conventionnelles des Etats.
Il s’agit en fait d’un changement de circonstances très particulier, pouvant avoir des effets
durables ou provisoires mais pouvant aussi, dans certains cas, rendre l’exécution du traité
impossible. Juridiquement les conséquences sont différentes selon qu’il s’agit d’un traité bi
ou multilatéral.

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- Dans le cas d’un traité bilatéral conclu entre des Etats qui sont devenus belligérants,
la guerre a un effet abrogatoire, extinctif. Il est évident que l’application du traité est
devenue impossible.
Cela peut conduire aussi bien à l’extinction définitive du traité qu’à sa suspension
pendant la durée des hostilités, suivie ultérieurement de sa remise en vigueur après
lesdites hostilités.
- S’agissant d’un traité multilatéral, les solutions sont nécessairement plus nuancées.
Il n’y a pas abrogation du seul fait de la survenance d’une guerre, le traité reste en
vigueur entre certaines des parties.
Ainsi entre les belligérants, l’application du traité est suspendue ; entre les belligérants et
les Etats parties neutres la guerre ne peut avoir aucun effet et l’application du traité se
poursuit et il en est de même entre Etats neutres parties au traité.
Toutefois, certains traités peuvent rester en vigueur et ne peuvent être affectés par la
survenance d’une guerre et qui d’ailleurs s’appliquent pleinement à la situation de guerre.
Par exemple, les conventions de Genève et de la Haye relatives au Droit International
Humanitaire (DIH).
Certains autres traités peuvent aussi échapper à l’effet abrogatoire de la guerre, il s’agit
des traités qui définissent une situation objective, tel le tracé d’une frontière.

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