Vous êtes sur la page 1sur 23

PLAN DU COURS

PHASE THEORIQUE III : L’approche systémique en travail social

 Considérations générales

 Principes fondamentaux

 Les théories associées à l’approche et leurs auteurs


- La théorie des systèmes
- La cybernétique
- La théorie de la communication

 Application contemporaine

 Conception de l’inadaptation selon l’approche systémique

 Conception systémique de la crise

 Intervention systémique en situation de crise

 Conception systémique de la notion de symptôme

 Centrations d’observation en systémique

 Moyens d’évaluation

 Quelques thérapies : thérapie familiale et thérapie brève

 Système familial dans son histoire Trans générationnelle

 Forces et limites de l’approche systémique

 Quelques outils en approche systémique :


- La prescription des tâches
- Le recadrage
INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024
Page 1
- L’injonction paradoxale
- Le questionnement circulaire
CONCLUSION GÉNÉRALE SUR LES COURANTS THÉORIQUES
ET PRATIQUES PSYCHOÉDUCATIVES

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 2
III. PHASE THEORIQUE 3 : L’APPROCHE SYSTEMIQUE

3.1. CONSIDERATIONS GENERALES

Qu’est-ce que l’approche systémique ?

L’approche systémique se distingue des autres approches par sa façon de comprendre les
relations humaines. En effet, la personne n’est pas le seul élément pris en compte dans la
démarche. Les psychologues (ici le TS), accorde aussi une importance aux différents systèmes
dont elle fait partie (familial, professionnel, social, etc.), de même qu’a l’histoire. Cette
personne est influencée à la fois par ses intentions, celles des autres, celles des possibilités du
milieu, et/ou du système et par ses apprentissages antérieurs.

(Au fond de nous-même se cache ce que le monde nous a enseigné).

3.1.2. LE RÔLE DU THÉRAPEUTE

Il est présent et actif à tous les niveaux du processus. Il est observateur et à ce titre fait partie
intégrante du système qu’il observe. Il abandonne le mythe de la neutralité et devient
participant actif du système.

De ce fait, il renonce à la prétention de contrôler le cours du traitement et d’en programmer


les résultats.
Il reconnaît ainsi l’autonomie et la faculté créatrice des individus ou des systèmes
interpersonnels.

3.2. PRINCIPES DE L’INTERVENTION SYSTEMIQUE

Prendre en compte tous les membres du système.

Se rappeler que devant des pressions extérieures ou intérieures, un système doit


continuellement réajuster son fonctionnement.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 3
Travailler dans l’ici et maintenant dans une logique circulaire où les systèmes sont en
constante adaptation.
L’intervenant doit s’inclure dans la lecture qu’il fait du système famille: avoir en tête que
l’intervenant fait partie du système et l’influence.
Chercher à produire des petits changements, qui auront de grands impacts sur le système.
Il faut trouver des portes d’entrée pour intervenir (notion de crise).
Intervenir sur autre chose que le symptôme ou le patient désigné.
Le thérapeute est amené à intervenir en respectant les mythes de la famille, ses règles, ses
modalités relationnelles et communicationnelles: il doit s’adapter et non imposer sa propre
réalité.
L’alliance thérapeutique est donc essentielle: le thérapeute occupe une position basse et non
d’expert.
L’enjeu réside dans la communication thérapeutique: la famille souffre de sa construction de
la réalité, en discutant avec le thérapeute, les membres parlent de leur relation et apprennent à
modifier leur construction de la réalité en interagissant avec le thérapeute.

3.3. PRINCIPAUX AUTEURS ET LEURS THÉORIES


Il y a trois théories générales en approche systémique :

1- BERTALANFFY, (1947) : LA THÉORIE GÉNÉRALE DES SYSTÈMES

• La totalité ;

• L’autorégulation ;

• L’homéostasie (stabilité, changement) ;

• L’équifinalité.

2- WIENER, (1948) : LA THÉORIE DE LA CYBERNÉTIQUE

La cybernétique (définition).

LA CYBERNÉTIQUE DE 1ÈRE GÉNÉRATION

• La rétroaction (feed-back) ;

• La circularité.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 4
LA CYBERNÉTIQUE DE 2ÈME GÉNÉRATION :

• Le désir de changement ;

• La co-construction

3- BATESON, (1951) : LA THÉORIE DE LA COMMUNICATION

La théorie de la communication (les 5 axiomes) :

- Communiquer ;

- contenu et relation ;

- mode digital et mode analogique ;

- nature d’une relation ;

- communication symétrique ou complémentaire

3.3. 1. BERTALANFFY, (1947) : LA THÉORIE GÉNÉRALE DES SYSTÈMES

• Perspective intégrative qui vise une certaine unité dans la science.

• Observe que plusieurs disciplines réfléchissent en termes de systèmes d’éléments


plutôt qu’en termes d’éléments isolés.

• Tente d’identifier les principes généraux qui régissent les systèmes sans se préoccuper
de leur nature physique, biologique ou sociologique.

• Tente de comprendre les systèmes d’une façon globale.

Trois propriétés caractérisant tous les systèmes ouverts :

• La totalité ;

• L’autorégulation ;

• L’équifinalité.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 5
3.3.1.1. LA TOTALITÉ :

Le tout est différent de la somme des parties.

• Les systèmes se comportent comme un tout cohérent et indivisible.

• Il possède des caractéristiques propres.

• Il peut fonctionner indépendamment des éléments qui le constituent.

3.3.1.2. L’AUTORÉGULATION :

Un système ouvert possède des mécanismes qui lui permettent de maintenir un état stable si
l’environnement change. Dans le cas des organismes vivants, on parle d’homéostasie. Pour
survivre et évoluer, le système doit à la fois conserver une stabilité et procéder à des
changements.

3.3.1.3. L’ÉQUIFINALITÉ :

« Un même but peut être atteint par des voies différentes ; inversement, une même
voie, un même cheminement, peut aboutir à des résultats différents » (Bertalanffy,
1973).

Ce qui est déterminant dans un système ouvert est d’une part, les règles d’organisation et
d’autre part, les relations entre les éléments du système. L’histoire du système ou son niveau
initial d’organisation n’a pas d’importance selon le concept d’équifinalité.

3.3.2. WIENER, (1948) : LA THÉORIE DE LA CYBERNÉTIQUE

3.3.2.1. LA CYBERNÉTIQUE (DÉFINITION) :

L’étude des régulations chez les organismes vivants et les machines.


C’est l’art de rendre l’action efficace, elle prend en compte la communication, la transmission
de l’information et différents mécanismes de commandes, de guidage et de contrôle de
l’action. Considère l’action professionnelle dans une perspective plus vaste que l’action
individuelle.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 6
3.3.2.2. LA CYBERNÉTIQUE DE 1ÈRE GÉNÉRATION

La famille est perçue comme un système relationnel ayant une organisation, une structure. Le
système est capable de s’autoréguler et il est constitué d’individus ayant des échanges
continuels et circulaires entre eux.

L’inadaptation a pour fonction de maintenir l’homéostasie dans le système. Ceci est


particulièrement vrai pour les familles rigides et dysfonctionnelles ayant une forte résistance
au changement.

3.3.2.2.1. LA RÉTROACTION (FEED-BACK) :


Le concept de feed-back ou de rétroaction est le concept central de la cybernétique.
Le feed-back signifie que tout en modifiant l’environnement par un processus que l’on
appelle output, un effet de retour est produit : c’est-à-dire que les systèmes recueillent des
informations sur eux-mêmes et de cet environnement.
Ces informations sont envoyées au système pour guider et orienter ces opérations en fonction
de sa finalité. Il s’agit donc d’un système de rétroaction, de contrôle de l’impulsion par la
réponse. Le processus est circulaire et évalue les effets de ses actions et corrige son
comportement futur en utilisant ses performances passées.

3.3.2.2.2. LA CIRCULARITÉ :

On voit naître le concept de causalité circulaire ou plus précisément, de processus circulaire


d’interaction au sein duquel les notions de cause et d’effet perdent leur intérêt au profit de
l’analyse de la structure des interactions.
Selon ce concept, nous sommes constamment influencés par les personnes de
notre entourage et nous les influençons en retour. Ce faisant, et malgré tout, nous
influençons indirectement notre propre conduite en influençant celle des autres.

3.3.2.3. LA CYBERNÉTIQUE DE 2ÈME GÉNÉRATION

Le système humain n’a pas seulement tendance à l’homéostasie, mais il a aussi des
possibilités de changement, d’évolution. L’inadaptation n’a plus la fonction de maintenir

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 7
l’homéostasie, elle devient plutôt le signal d’un désir de changement. Contrairement à la
cybernétique de 1ère génération, le thérapeute fait partie intégrante du système. Le thérapeute
participe à la « co-construction » de la réalité observée.

Lorsque les deux systèmes interagissent, c’est-à-dire le thérapeute et la famille ceux-ci


forment alors un nouveau système qui les englobe tous les deux et dans lequel chacun va
influencer l’autre. Elle a donc deux générations, deux modèles…

1) La première cybernétique : le modèle homéostatique


2) La deuxième cybernétique : le modèle évolutif.

3.3.3. BATESON, (1951) : LA THÉORIE DE LA COMMUNICATION

La théorie de la communication (les 5 axiomes) :

3.3.3.1. LES 5 AXIOMES :

1- On ne peut pas ne pas communiquer ;

2- Il y a toujours 2 aspects dans la communication : le contenu et la relation ;

3- Les êtres humains utilisent 2 modèles de communication : Le modèle digital et le modèle


analogique ;

4- La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre


les partenaires ;

5- Une communication est appelée symétrique ou complémentaire, selon qu’elle se fonde sur
l’égalité ou sur la différence.

« Bateson ne s’est pas demandé pourquoi cette personne-ci se comporte de manière


folle. Il s’est demandé dans quel système humain, dans quel contexte humain, ce
comportement peut faire de sens ? (Elkaïm) ».

Les psychopathologies constituent des troubles de la communication en partie déterminés par


la culture au sein de laquelle ils se produisent.
Bateson amène l’hypothèse du double lien de façon à éclairer la genèse et la nature de la
schizophrénie. Il semble que les familles schizophrénigènes transmettent d’avantage des liens.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 8
Ainsi, Bateson considérait qu’il était nécessaire d’éliminer le double lien qui apparaît
sporadiquement dans la communication. Il a même affirmé que ce phénomène se retrouve
constamment à la télévision. Par exemple, un programme met en avant une valeur morale
alors qu’un autre viole cette dernière, ce qui génère des conflits dans l’esprit du spectateur,
notamment lorsqu’il s’agit d’enfants ou de personnes ayant un faible sens critique.

Selon Bateson, un double lien est un dilemme communicatif résultant de la contradiction


entre deux ou plusieurs messages. Dès lors, peu importe ce qui est fait, tout choix est une
erreur. Une situation communicative qui cause des souffrances et peut entraîner des troubles
psychologiques.

Expliquons cela à travers un exemple. Un enfant essaie d’interagir à sa mère, laquelle souffre
de difficultés affectives. Cette dernière lui dit combien elle l’aime mais au niveau gestuel,
l’enfant ne reçoit que des signes de rejet. Par conséquent, le message que la mère exprime
verbalement ne correspond pas au message que son corps envoie à son fils. De sorte qu’il se
trouve pris dans une contradiction impliquant l’affection et le rejet. Voyons cela en détail.

Un premier exemple : La mère envoie 2 messages contradictoires : « viens près de moi » et «


éloigne-toi de moi » L’enfant ne peut répondre adéquatement à deux demandes aussi
opposées. S’il vient près d’elle, il la met mal à l’aise. S’il reste éloigné, il la met également
mal à l’aise.
Un autre exemple serait la fameuse déclaration “soit spontané”. Un double message
d’accomplissement impossible : si la personne n’est pas spontanée, elle ne fait pas ce qui lui
est demandé, mais si elle s’y conforme, elle ne l’accomplit toutefois pas non plus parce
qu’elle n’est pas spontanée en tant que telle, puisque obéir n’implique aucune spontanéité.
Exemple quand une femme veut que son conjoint lui démontre son amour:
La femme exprime simultanément : Je veux être aimée-Démontre-moi ton amour pour moi-
Tu ne me démontres pas assez que tu m’aimes.
Je ne suis pas aimable-je ne peux accepter tes démonstrations d’amour pour moi - Ne me
démontre pas ton amour car je n’y crois pas.
Dans les deux cas, il ne peut relever la contradiction. Donc, si le mari se montre
particulièrement amoureux, la femme interprète cela comme une mise en scène et ou refuse
ses démonstrations, les ridiculise.
S’il se montre froid, il lui envoie le message qu’il ne l’aime pas.
Le mari ne sait pas quoi faire, impossible d’avoir un comportement approprié.
INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024
Page 9
Les six (6) composantes nécessaires pour qu’il y ait double lien.

1- Présence d’au moins deux personnes réciproquement significatives ;

2- L’expérience doit être répétée plusieurs fois ;

3- Il y a, l’émission d’une injonction négative primaire qui passe par le langage, dans un
contexte de menace ;

4- Il y a, simultanément, l’émission d’une injonction négative secondaire qui contredit


l’injonction négative primaire mais à un niveau plus abstrait ;

5- Il y a émission d’une injonction négative tertiaire qui « interdit à la victime d’échapper à la


situation » et qui est présentée comme un élément capital ;

6- Lorsque la « victime » a appris à percevoir son univers sous la forme de la double


contrainte, il n’est pas nécessaire que toutes les composantes soient présentes pour provoquer
la panique ou la rage.

3.3.4. L’APPROCHE SYSTEMIQUE ET SON APPLICATION CONTEMPORAINE

La plupart des études de psychologie étaient centrées sur l’individu. Qu’il s’agisse de
l’associationnisme de la psychanalyse ou même du béhaviorisme, les études sont centrées sur
l’individu. Pour la première fois dans les années 50, des chercheurs de l’école de Palo Alto
vont s’intéresser au comportement Symptomatique, en tenant compte de la communication
entre les membres et des interactions entre les éléments d’un système.

3.3.5. L’APPROCHE SYSTÉMIQUE EN CONTEXTE D’INTERVENTION

Deux (2) constats qui ont favorisé l’émergence de la thérapie familiale systémique :

 Résultats peu satisfaisants dans le domaine de la santé mentale, plus particulièrement


en ce qui concerne la schizophrénie et l’anorexie mentale.

 Fréquence des phénomènes tels le « sabotage » de l’intervention par la famille, les


rechutes inexplicables et les « glissements de symptôme » (exemple d’henry de
melen).
INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024
Page 10
3.3.5.1. CONCEPTION DE L’INADAPTATION SELON L’APPROCHE
SYSTÉMIQUE

L’inadaptation sociale est une pathologie consistant dans la difficulté ou l’impossibilité de


s’adapter aux normes sociales : les cas asociaux (ceux qui sortent de la norme sociale : les
mendiants, les clochards) et les cas antisociaux (ceux qui vont contre la norme sociale : les
voleurs, les menteurs, les brigands).

La pathologie mentale est un désordre des processus mentaux se manifestant par des troubles
du comportement, de la conscience…. La pathologie d’un individu est considérée comme un
mécanisme homéostatique ou un désir de changement. La pathologie est donc une propriété
du système plutôt que de l’individu, de la psychomotricité, de l’intelligence.

Définition de la crise selon Onnis (1988) :

« Ce qui constitue, en effet, l’essence de la crise, c’est cette indétermination des résultats et la
potentialité multiple de ses développements qui en font un moment crucial. Le terme renvoie
à l’idée de « carrefour » ou de « croisement », d’un nœud à partir duquel s’ouvrent plusieurs
voies (y compris la continuation du chemin qu’on avait pris antérieurement) ; et qui vont dans
deux directions opposées mais également possibles : celle de la régression, de la stase, de la
maladie et celle qui mène à la croissance, au bien-être et à la santé. » La crise émerge lorsque
la famille ou l’individu est confronté à un évènement perturbateur, des changements, une
transition. La crise résulte de la défaillance des mécanismes de régulation habituels. La crise
nécessite une solution, un changement.

3.3.5.2. TYPES DE CRISE FAMILIALE :

• Les crises situationnelles (provoquées par un événement déclenchant) ;

• Les crises développementales (qui nécessitent un remaniement des rôles et des


fonctions et une transformation de l'image de soi) ;

• Les crises structurales (résultat de crise précédentes inachevées) où les


dysfonctionnements s'accentuent, la tension et l'angoisse augmentent, les fonctions se
rigidifient et la crise est permanente ;

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 11
• Les crises environnementales (nécessitant une prise en charge tenant compte des
réalités socio-économiques).

La crise est potentiellement évolutive (rupture d’équilibre nécessitant le passage d’un état
stable à un autre état stable). La crise peut toutefois engendrer une pathologie plus ou moins
sévère (si pas de réorganisation). La crise ne conduit pas nécessairement à un changement
(chronicité des crises).

Deux (2) modèles systémiques sur l’évolution de la crise :

Le modèle homéostatique
Le modèle évolutif

3.3.5.3. CONCEPTION SYSTÉMIQUE DE LA CRISE

Opportunité d’intervenir / déstabilisation du système (ouverture ou porte d’entrée).


La crise est une période privilégiée pour intervenir.
Vulnérabilité des personnes lors d’une crise.
Ce qui semble bizarre a toujours un sens.
Situer la famille dans ses traditions, sa culture et les valeurs du système familial.

3.3.5.4. INTERVENTION SYSTÉMIQUE EN SITUATION DE CRISE

3.3.5.4.1. PRINCIPES DE BASE :

o Reconnaître le processus d’un passage entre un avant et un après ;

o Donner un sens à la crise ;

o Faire une différence entre gérer l’urgence et faire une intervention familiale ;

o Impliquer le réseau et le système.

Le symptôme n’est pas porteur de la même signification selon l’approche avec laquelle
on l’aborde :

o Médecine : symptôme = signes d’une maladie ;

o Psychanalyse : symptôme = conflit intrapsychique ;

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 12
o Systémique : symptôme = dysfonctionnements interrelationnels et
communicationnels dans le système.

3.3.5.5. CONCEPTION SYSTÉMIQUE DE LA NOTION DE SYMPTÔME

Celui qui a été indiqué par les éléments du système pour faire la maladie est appelé patient
désigné. Habituellement plus sensible que les autres, le patient désigné est un élément sain du
système.

Expression d’un malaise dans le système familial. Il a une fonction adaptative dans la famille,
il maintient un équilibre (1ère cybernétique) ou il exprime un désir de changement (2 ème
cybernétique). La disparition du symptôme implique un changement dans le système. Il peut y
a voir plusieurs symptômes. La recherche des causes ne règle pas le problème. Le symptôme
n’est pas le problème, mais il a quelque chose à voir avec le problème. Regarder le symptôme
comme un langage et non comme un problème.

Le symptôme peut :

 Résulter de l’accumulation de solutions inappropriées.

 Bloquer une évolution ou empêcher un changement, donc exercer une fonction


d’équilibration.

 Mettre en scène des loyautés invisibles.

 Révéler la tension entre identité et appartenance.

 Mettre le système en crise, s’inscrire dans un réseau de signification.

Cinq pistes pour établir une hypothèse clinique et planifier une intervention systémique :
Le symptôme comme langage adapté à son contexte.
Le symptôme comme enfermement dans une construction unique du monde.
La désignation comme symptôme.
Le symptôme comme expression de loyauté.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 13
3.3.5.6. CENTRATIONS D’OBSERVATIONS EN SYSTÉMIQUE

• Le symptôme ;

• La crise ;

• Les conflits ;

• Les relations ;

• La communication ;

• Les rôles.

3.3.5.7. MOYENS D’EVALUATION

• Observation des modèles (patterns) de communication et de métacommunication ;

• Génogramme ;

• Carte familiale.

3.3.5.7. QUELQUE THERAPIES

3.3.5.7.1. LA THÉRAPIE FAMILIALE

L’intérêt du traitement des familles est que le patient symptomatique n’est pas le seul à devoir
changer pour qu’une guérison ou un soulagement advienne. Le fait d’avoir en coprésence les
membres d’une famille permet à chacun d’exposer sa perception de la situation. Le thérapeute
manifeste et fait manifester de l’empathie face à la souffrance de l’autre.

Comment observer le système familial ?

Le thérapeute qui a devant lui une famille entière la considère en tant qu’unité et plus
précisément comme un ensemble d’interactions sur un fond de modèles relationnels entre ses
membres. Tout ce que font les membres de la famille les uns devant les autres doit être
considéré comme une communication.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 14
Pour comprendre un système familial, il faut également que le thérapeute puisse décrire
précisément les circonstances dans lesquelles des comportements sont confirmés ou
disqualifiés et par qui ils le sont.

Une indication pour connaître les structures de pouvoir dans la famille est de prendre en
compte le leadership qui tend à s’instaurer, par exemple dans l’ordre de prise de parole.

Les phénomènes d’alliance, à l’intérieur du système ou du système contre l’extérieur, sont


également importants et observables dans les interactions.

Enfin, un dernier indicateur sera l’attitude des différentes personnes et surtout l’arrangement
auxquelles elles aboutissent pour attribuer une responsabilité à l’un d’entre eux.

Partant de là, le thérapeute est en mesure d’adapter son comportement et sa technique de soin
aux caractéristiques du système familial, d’établir les éléments sur lesquels il peut agir et de
prévoir les changements que tel message ou tel comportement induira dans le système.

D’autre part, la famille n’est ni responsable, ni coupable de la maladie du patient. Il n’y a ni


victimes, ni personnes « pathogènes » ; tous coopèrent au maintien d’une situation
dysfonctionnelle et tous sont piégés dans les mailles d’une même souffrance.

3.3.5.7. 2. LA THÉRAPIE BRÈVE

La thérapie Systémique Brève orientée sur les Solutions vise surtout à aider les
patients/clients à mieux exploiter les points forts et les aptitudes qu'ils ont déjà en faisant
appel à leurs ressources et leurs compétences pour construire leur propre solution dans un
délai très court.

« Il n'est pas nécessaire de tout guérir pour aller mieux. »

Les plaintes des clients/patients sont semblables aux serrures fermées des portes qui s'ouvrent
sur une vie plus satisfaisante. Pourtant il parait clair que les solutions doivent se trouver dans
les clés plutôt que dans les serrures. Il suffit qu'une intervention convienne pour qu'une
solution puisse émerger. Le simple fait que le problème présenté par le client/patient soit
compliqué n'entraine pas que la solution doive l'être également." Steve De Shazer

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 15
Deux hypothèses fondamentales ont permis l’élaboration de ces thérapies brèves.
La première est que les problèmes sont maintenus par un comportement actuel. Par
conséquent, si ce type de comportement est changé ou éliminé de façon adéquate, le problème
sera résolu ou disparaîtra, quelle que soit sa nature, son origine ou sa durée.

La seconde hypothèse est que l’action thérapeutique doit se déplacer du problème à la


structure qui l’a engendré, qui l’alimente et le perpétue. On ne cherche donc pas à faire
disparaître le problème, on tente de modifier le contexte qui le rend nécessaire afin qu’il
s’élimine lui-même.

La thérapie d’orientation systémique vise un mieux-être pour toutes les personnes du


système : une amélioration pour l’un ne signifie pas par principe une perte pour les autres.

3.3.5.7.3. LE SYSTÈME FAMILIAL DANS SON HISTOIRE TRANS


GÉNÉRATIONNELLE

Les relations actuelles entre les différents membres du système concerné sont au premier plan.

Mais la trame des relations constitutives qui ont marqué les origines et l’itinéraire de vie de
chacun des membres est également prise en compte.
Les thérapeutes d’orientation systémique accordent une grande importance à l’élaboration de
la généalogie et à sa transcription sous la forme d’un génogramme. Arbre généalogique.
Le génogramme permet de situer les zones d’ombre et de les travailler. C’est comme une
« géographie » de l’inconscient familial. Il permet au thérapeute de s’orienter et de guider les
clients vers les complexes les plus significatifs de leur histoire intérieure. Il permet également
de repérer des constantes à allure de fatalité à travers les générations, et à prévenir le cycle de
leur répétition.

3.3.5.7.4. FORCES ET FAIBLESSES DE L’APPROCHE SYSTÉMIQUE

Quelques Forces :
• Complexité des relations humaines;
• Nature sociale de l’être humain;
INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024
Page 16
• Ne séparent pas l’inséparable.

Quelques Limites:
• Complexité de l’approche;
• Difficulté à s’insérer dans le système;
• Influence le système.

1.3.5.8. L’APPROCHE SYSTÉMIQUE ET SES APPLICATIONS DANS


L’INTERVENTION

3.3.5.8.1. QUELQUES OUTILS


Le thérapeute est actif, interventionniste. Il favorise des transformations systémiques en
utilisant différentes techniques. Nous en présenterons quelques exemples : la prescription de
tâches comportementales à effectuer durant les entrevues ou à la maison, l’utilisation du
recadrage, de l’injonction paradoxale et/ou le questionnement circulaire.
3.3.5.8.1. LA PRESCRIPTION DES TACHES
Les tâches permettent à la personne de progresser vers le changement. Ce sont des actions
dirigées qui permettent d’atteindre l’objectif. Ce sont des actions concrètes qui lui permettent
d’utiliser autre chose que ses tentatives de solutions habituelles.
Protocole de prescription de tâches
Au préalable d’une prescription de tâches, il est nécessaire de :
Définir le problème avec la personne en termes de comportement.
Définir la demande : On met à plat les attentes de la personne, de telle manière à ce qu’elle
puisse définir clairement et précisément le changement attendu. Le consultant commence à
percevoir les moyens ad hoc à mettre en œuvre pour réaliser l’objectif.

Recenser les tentatives de solution : C’est faire entrevoir à la personne le lien entre son
problème et ses tentatives de solution.

Prescrire un comportement nouveau : C’est l’élaboration et l’injonction d’un


comportement de manière la plus concrète possible dans le langage de la personne. Attention
ceci doit être fait avec l’imagination et la rigueur.

3.3.5.8.2. LE RECADRAGE

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 17
Le recadrage est une technique puissante, qui vous permet de changer la façon de voir de
quelqu’un avec seulement quelques phrases.
Recadrer signifie donner un autre sens à une situation ou à un processus, en ajoutant
simplement un élément dans le système de représentation interne d’une personne.

Ce concept de recadrage a été utilisé par Milton H. Erickson dans ses consultations, et surtout
par L’Ecole de Palo Alto dans son approche systémique des communications et des relations.

Comment cela fonctionne ?

1- Une personne est dans un système de croyance qui manifestement lui pose problème.
Mais cette personne ne sait pas comment sortir de son problème car elle ne voit pas de
solution pratique.

2- Vous voulez l’aider, mais vous vous apercevez que cette personne ne sera pas satisfaite
par une solution pratique et raisonnable que vous lui suggéreriez (la personne est bloquée
dans le mode « oui mais… »).

Et vous voyez également que ses certitudes sur la manière de voir le monde seront
difficiles à contredire.

3- Voici ce que vous tirez comme conclusions sur la situation :

- Cette personne ne veut pas faire trop d’efforts par manque de motivation ou par doute sur
l’efficacité des solutions proposées ;

- Cette personne voit les choses d’une telle manière qu’elle s’enferme dans son problème sans
qu’il y ait de changement possible.

- Vous décidez donc de changer son système de croyance en modifiant son système de
raisonnement.

4- Vous communiquez une information banale, qui s’ajoutera au système de


représentation de la personne et le modifiera (ce qui amènera cette personne à une nouvelle
solution qui deviendra évidente et simple).

On appelle ça le changement du contexte, ou du sens.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 18
Le but n’est pas de transformer le système de représentation de manière directe, en «
l’agressant », mais en nous en servant tel qu’il est. Il suffit d’ajouter un élément anodin
(une idée ici) dans son système cognitif.

La réorganisation du système de pensée de la personne se fera alors automatiquement et


viendra de « lui », ce qui limite les réactions d’opposition au changement.

5 -La personne change alors sa manière de voir les choses et en conséquence adopte un
nouveau comportement, vous avez fait un recadrage.
Exemple :
[Client] – Ma femme met toujours un temps fou à prendre une décision et ça m’horripile, je
ne supporte pas ça. Elle met des heures pour choisir entre deux paires de chaussures, des
robes du soir, ou encore elle pèse le pour et le contre dans les différentes activités de nos
enfants, sur les sorties que l’on va faire, et j’en passe. C’est en tout, et tout le temps !

[TS] – Ah alors votre femme fait partie de ces rares personnes, qui choisissent avec le plus de
discernement possible pour avoir le meilleur. Vous êtes certainement vraiment quelqu’un de
bien Monsieur, car parmi tous les hommes de la Terre, c’est avec vous qu’elle a choisi de
vivre. (Fin du recadrage).

[Client] – Euh… oui c’est vrai. Il faut dire que je m’emporte un peu pour rien alors que j’ai
une femme avec beaucoup de qualités. Le fait qu’elle choisisse avec beaucoup d’attention est
une bonne chose dans la vie après tout.

3.3.5.8.3. L’INJONCTION PARADOXALE

L’injonction paradoxale est le moyen qui permet de provoquer des changements. Elle permet
de retourner une situation.

Le thérapeute donne des tâches paradoxales dans lesquelles il demande aux patients qui
veulent changer de ne rien changer… pour les aider à changer.

Cette approche est utilisée lorsqu’on sent chez les patients une forte résistance au
changement.

La technique est simple, il suffit d’observer comment se comportent les membres d’une
famille et de leur prescrire leur propre comportement.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 19
On peut rappeler brièvement les points conduisant à la formulation de l’injonction
paradoxale :
• Définir la relation comme une situation qui va aboutir au changement ;
• Reformuler le problème ;
• Reformuler l’objectif souhaité ;
• Proposer un plan qui rendra raisonnable une directive ;
• Veiller à ce que la directive circule dans le système ;
• Donner une directive paradoxale ;
• Observer la réponse et continuer d’encourager le comportement usuel.

Exemple :

À un couple qui se dispute sans cesse et de manière stérile, le TS demande de se disputer à


une heure donnée dans la journée et durant un temps donné très long ; cela est censé leur ôter
l’envie de se disputer !

3.3.5.8.4. LE QUESTIONNEMENT CIRCULAIRE

Permet d’obtenir des informations et de modifier la perspective des problèmes tout en


impliquant activement l’interlocuteur.

Élargir la vision des problèmes en se concentrant sur les interactions et le contexte de


survenue des troubles.

Les questions circulaires permettent d’introduire de nouveaux points de vue et elles préparent
le terrain pour de nouveaux comportements.

LES PRINCIPES :
Faire décrire par un participant le comportement d’un tiers.
Souvent pour la première fois, les membres du groupe ont l’occasion de connaître la
perception des autres membres sur le fonctionnement du système concerné.
Les membres ont l’occasion de se voir interagir et de s’en parler.
Les questions mettent en valeur les différences et les changements dans les attitudes des
acteurs.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 20
BIBLIOGRAPHIE

Albernhe, K. & Albernhe, T. (2008). Les thérapies familiales systémiques (3e éd.), Paris :
Masson.

Amiguet, O. & Julier, C. (1996). L’intervention systémique dans le travail social : Repères
épistémologiques, éthiques et méthodologiques. Genève : Les Éditions IES.

Bellemare, L. (2000). L’approche systémique : Une histoire de familles. Revue québécoise de


psychologie, 21 (1), 75-91.

Durand, G. (2010). Abécédaire systémique du travailleur social. (3e éd.), Paris : Fabert.

Éthier, L. (1983). Approche systémique et intervention familiale. Revue canadienne de


psychoéducation, 12 (2), 83-92.

Landry Balas, L. (2008). L’approche systémique en santé mentale (2e éd.), Montréal : Les
presses de l’Université de Montréal.

Minary, J-P. (1992). Modèles systémiques et psychologie. Liège : Mardaga.

Onnis, L. (1990). A systemic approach to the concept of crisis. Journal of strategic and
systemic therapies, 9 (2), 43-54.

Rougeul, F. (2003). Familles en crise : Approche systémique des relations humaines.


Genève : Georg.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 21
CONCLUSION GENERALE SUR LES COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES
PSYCHOEDUCATIVES

Le travailleur social (TS) est amené à opérer des choix dans l’accompagnement des clients
lors de l’exercice de ses fonctions. Connaitre différentes approches pourra lui permettre de
choisir l’approche la plus adaptée à la situation qui se présente et intervenir de la manière la
plus professionnelle possible. S’intéresser à un client dans l’approche psychodynamique va
amener le TS à plonger dans le passé du client, et à son histoire. Dans l’approche TCC, les
comportements et les pensées automatiques vont permettre au TS de rentrer dans la réalité du
client, en identifiant ses pensées, ce dernier pourra se connaitre lui-même, et partant de là de
pouvoir changer de comportement et de mentalité. Cela implique de travailler dans l’ici et
maintenant. Et notons que diverses applications sont possibles à l’intérieur du paradigme de
la thérapie systémique. L’approche systémique nous sensibilise à l’importance d’être attentif
à l’influence des différents contextes sociaux sur le comportement d’un individu. Ce qui
importe de retenir, c’est qu’au cours de toute ses interventions, le TS doit faire attention de ne
pas s’imbriquer de manière trop directive et garder une certaine distance pour permettre au
client de vivre lui-même la résolution de sa situation-problème.

INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024


Page 22
INITIATION AUX COURANTS THEORIQUES ET PRATIQUES PSYCHOEDUCATIVES, INFASS 2024
Page 23

Vous aimerez peut-être aussi