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à la terre ravagée
de spectacle muet
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Introduction
Dans le recueil "Mes Forêts" de Hélène Dorion, poète québécoise née en 1958, se trouve le poème
"Il fait un temps de bourrasques". Hélène Dorion est une figure marquante de la littérature
contemporaine francophone. Elle est reconnue pour son exploration des liens entre l'homme et la
nature, ainsi que pour ses réflexions métaphysiques.
"Il fait un temps de bourrasques" est extrait de la section "L’onde du chaos" de ce recueil, paru en
2021. Composé de 27 vers libres, ce poème se caractérise par son style irrégulier tant au niveau du
nombre de syllabes que de la structure des strophes.
Dans ce texte, Dorion utilise des images de la nature pour exprimer les conflits intérieurs. Elle nous
invite à réfléchir sur la fragilité de la vie et sur nos préoccupations les plus profondes en observant le
monde qui nous entoure.
Problématique :
La problématique choisie s’articule autour de la question de savoir comment le dérèglement du
monde extérieur produit un effet sur l’intime.
Plan :
Premier mouvement : "La tempête intérieure"
Dans notre analyse du poème "Il fait un temps de bourrasques" d'Hélène Dorion, nous identifions
trois mouvements distincts qui dépeignent comment le dérèglement du monde extérieur influe sur
l'intime.
Deuxième mouvement : "Une mise en garde funeste"- Du vers 10 au vers 18, ce mouvement
souligne la quête de sens et la réflexion profonde induites par le chaos extérieur, illustrant ainsi son
influence sur l'intimité intellectuelle et spirituelle.
Troisième mouvement : "La confrontation avec la nature". Du vers 19 à la fin, ce mouvement met
en avant la confrontation entre la fragilité humaine et la puissance de la nature, soulignant
l'interaction complexe entre l'intime et le monde extérieur.
Développement
à la terre ravagée
Dans le premier mouvement de notre poème, les deux premiers vers donnent le ton à cette
composition : « Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices / un temps de séisme et de chute ».
Cette ouverture s'inscrit dans un crescendo, associant le temps météorologique à des termes
évoquant la violence et la souffrance.
Les termes "bourrasques" et "cicatrices" puis "séisme" et "chute" sont habilement reliés dans un
zeugme, créant un parallèle saisissant entre les perturbations de la nature et les blessures de
l'homme, qu'elles soient physiques ou symboliques.
Cette strophe installe un tableau de la nature troublant et bouleversant, loin de l'idée d'un paradis.
La comparaison "les promesses tombent / comme des vagues" renforce ce sentiment d'insécurité et
de désillusion. L'expression négative "sur aucune rive" renforce cette impression de perte totale
d'espoir et d'instabilité.
Le paradoxe des vers 6 et 7, illustré par "Les oiseaux demandent refuge / à la terre ravagée",
évoque une nature en détresse, où même les créatures les plus libres et innocentes cherchent
désespérément refuge.
L'utilisation du déterminant possessif "nos" au vers 8, dans "nos jardins éteints", renforce ce
sentiment d'implication personnelle et souligne l'appel à la prise de conscience de la dégradation de
la nature.
Dans ce premier mouvement, Hélène Dorion utilise des images évocatrices, des métaphores
suggestives et des comparaisons poignantes pour exprimer le dérèglement du monde extérieur et
son impact sur l'intime.
Le zeugme est une figure de style qui consiste à employer un même mot ou groupe de mots pour
deux termes différents dans une même phrase, créant ainsi un lien inattendu ou une analogie. Dans
le premier mouvement de notre poème, Hélène Dorion utilise un zeugme dans les vers « Il fait un
temps de bourrasques et de cicatrices / un temps de séisme et de chute ». Dans cette phrase, le mot
"temps" est utilisé pour décrire à la fois les conditions météorologiques et les conséquences
psychologiques ou émotionnelles, créant ainsi une association entre les perturbations extérieures et
les tourments intérieurs.
de spectacle muet
Dans le deuxième mouvement de notre poème, intitulé "La réflexion face au chaos", Hélène
Dorion nous plonge au cœur de la tourmente, où l'individu se trouve confronté à un monde
en plein désarroi.
Dès les premiers vers de ce mouvement, l'emploi de l'image du "verre éclaté" et des "écrans
morts" évoque une vision de désolation et de rupture.
L'expression "nord perdu" renforce l'idée d'une désorientation totale et d'une perte de sens
dans un monde en plein chaos.
Les sonorités explosives en "d" et "k", associées à la vibration appuyée de l'allitération en "r"
et l'assonance en "o" et "i", restituent phonétiquement l'impression de désordre, de
violence et de confusion : "Il fait un temps de verre éclaté / d’écrans morts de nord perdu /
un temps de pourquoi de comment".
Les deux interrogations "pourquoi" et "comment" restent sans réponse, accentuant le
sentiment d'incompréhension et de perplexité face à la situation chaotique.
La phrase "Tout un siècle à défaire le paysage", par sa position détachée et son rythme
assonant en "è", souligne l'ampleur du désastre et suggère implicitement la part de
responsabilité de l'homme dans cette dégradation.
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Dans le troisième mouvement de notre poème, intitulé "Une mise en garde funeste", l'auteur
explore la quête insatiable de l'homme face à un monde en perpétuel changement. La strophe
déstructurée reflète la perte de sens et d'ordre, témoignant également de la perte de confiance,
d'espoir et surtout, la perte de mot
L’emploi l'adverbe "jamais" dès le premier vers renforce l'idée d'une quête incessante, d'un désir
toujours insatisfait. Cette répétition du mot "plus", suivie de l'adverbe "encore" et du terme "tout
refaire", souligne l'incapacité de l'homme à trouver un contentement durable.
la gradation ascendante avec l'accumulation de "plus" crée un effet d'amplification, renforçant ainsi
le sentiment d'insatiabilité.
La métaphore du temps exprimée dans "un temps jamais assez" suggère une course perpétuelle
contre la montre, où l'homme est constamment poussé à rechercher davantage, sans jamais trouver
de point de satisfaction.
Enfin, la phrase "on ne pourra pas toujours tout refaire" laisse entrevoir une note de désillusion,
suggérant que malgré tous les efforts, il est impossible de revenir en arrière et de tout recommencer
à l'infini.
Ainsi, à travers ce troisième mouvement, l'auteur invite le lecteur à réfléchir sur la condition humaine
et sur la manière dont le dérèglement du monde extérieur influe sur l'intime, en alimentant un
sentiment d'insatisfaction perpétuelle et une quête inlassable de sens et de stabilité.
La gradation est une figure de style st une accumulation de termes, d'idées ou de sentiments classés
par intensité croissante ou décroissante. Il s'agit d'une gradation ascendante lorsque les termes sont
de plus en plus forts. On parle de gradation descendante ou régressive lorsque l'intensité est
décroissante.
Conclusion
"Il fait un temps de bourrasques" se révèle comme un témoignage poignant des tourments intérieurs
de l'homme et de sa lutte constante pour trouver sa place dans un univers en proie au désordre.