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Principales pathologies impactant la santé périnatale et néonatale

1- Les causes maternelles ou obstétricales :


1.1 Diabète : il existe deux formes de diabète de la femme enceinte. Le diabète pré-
gestationnel (de type 1 ou 2) diagnostiqué avant la grossesse et le diabète gestationnel qui
débute ou est diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse.
Ils sont associés à des degrés divers à un ensemble de complications ou pathologies à
court et à long termes tant chez la mère (apparition ou aggravation des complications du
diabète) que chez l'enfant (macrosomie, malformations congénitales, mort
fœtale/néonatale etc.).
Une augmentation du taux de diabète gestationnel est liée à l’augmentation de la
fréquence de ces facteurs de risque en population (surpoids/obésité et âge maternel à la
conception).
1.2 l’hypertension artérielle : il existe 4 types d’HTA associées à la grossesse :
- La Pré-éclampsie : elle survient généralement chez la primigeste jeune et se caractérise
par une HTA associée à une protéinurie significative survenant après la 20ème SA.
- HTA chronique : elle est présente avant la grossesse sans protéinurie significative
associée
- Pré-éclampsie surajoutée : elle correspond à une HTA chronique et la survenue d’une
protéinurie significative au cours de la grossesse.
- HTA gestationnelle : elle correspond à une HTA découverte pendant la grossesse
après la 20ème SA sans protéinurie significative.
L’HTA au cours de la grossesse est responsable de complications materno-fœtales graves
telles que : Hématome rétro-placentaire, HELLP syndrome, éclampsie, accident
vasculaire
cérébral, décès maternel ; hypotrophie fœtale, souffrance fœtale, mort fœtale in utero.
1.3 Infection maternelle :
La transmission d’agents infectieux de la mère à l’enfant constitue une problématique de santé
publique complexe. Ces infections peuvent être responsables de complications à la naissance,
de séquelles sévères pour le fœtus ou le nouveau-né, voire provoquer la MFIU. Le mode de
contamination du nouveau-né se fait soit par la transmission in utero ou à l’accouchement.
Ces infections sont de plusieurs types (infections virales, bactériennes ou parasitaires) et leurs
manifestations cliniques sont variées.

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Un dépistage au cours de la grossesse de certaines infections est obligatoirement proposé ou
recommandé (toxoplasmose, syphilis, VIH, paludisme, rubéole, infection à VHB et
streptocoque B).
Leur prévention repose sur l’immunité de la mère vis-à-vis de certaines maladies mais
également sur des mesures d’hygiène destinées à protéger la mère (éviter certains aliments ou
des contacts avec certains animaux, par exemple) ou sur la prise d’un traitement adapté
(administration d’immunoglobines, antibiotiques, SP). Les stratégies de vaccination dans
l’enfance (rubéole, hépatite B) ont également un effet sur la réduction globale des infections
congénitales et des infections transmises de la mère à l’enfant.

Tableau I : Infections pouvant être transmises de la mère à l'enfant

Infections pouvant être transmises de la mère à l'enfant

Infections virales : chikungunya, Zika, cytomégalovirus, herpès, varicelle, entérovirus,


grippe, virus de l’hépatite B (et virus de l’hépatite C dans une moindre mesure),
parvovirus B19, rougeole, rubéole, varicelle, VIH

Infections bactériennes : listériose, streptocoque B, syphilis

Infections parasitaires : toxoplasmose, paludisme

1.3.1 - Virus:
Tableau II : Virus transmissibles pendant la grossesse

Virus Nombre de Transmission Conséquences Prévention


cas par an materno-fœtale (en % des cas
chez la maternels)
femme
enceinte

Rubéole 1/20000 60 à 90 % au Avant 12 SA : Vaccination des


1er trimestre 50 à filles avant la
80 % de puberté.
malformations • Contrôle
(SNC, yeux, sérologique
cœur). préconceptionnel.
Entre 13 et 18 • Vaccination
2
SA : après la grossesse
risque de des
surdité. femmes enceintes
Après 18 SA : séronégatives.
risques quasi-
nuls.

Varicelle PI 1/200 30 à 40 % en • Avant 20 SA : Immunoglobulines


Surtout des cas de PI. 1 à spécifiques
mères de 2 % de moins de 3 jours
jeunes malformations après un
enfants (peau, SNC, contage. Elles ne
vivant en yeux, sont pas
collectivité squelette). disponibles en
(crèches). • Risque France.
maternel de • Avenir :
pneumopathie vaccination
grave tout au préconceptionnelle
long des femmes
de la grossesse. séronégatives.
• Dans la
semaine
avant
l'accouchement :
50 % de
varicelles
néonatales ; haut
risque de mort
ou
de séquelles
lourdes.

Cytomégalovirus PI 1/200 30 à 40 % en Aucune : 90 %. Conseils d'hygiène


Surtout des cas de PI. • Surdité : 5 %. aux mères de
mères de • Formes jeunes enfants,
jeunes sévères : surtout si placés
enfants 5 % (RCIU), en crèche : ne pas
vivant en microcéphalie, embrasser
collectivité hydrocéphalie, l'enfant sur la
(crèches). retard bouche, ne pas
intellectuel…) porter ses jouets à
la bouche, se
laver les mains
après s'être

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occupé de l'enfant.

Parvovirus B19 Mal connu : 30 % Risque Pas de prévention


1/200 d'anasarque primaire.
et de mort • En cas de
fœtale in séroconversion
utero par anémie connue,
et surveillance
cardiomyopathie échographique
(fréquence mal renforcée, puis
chiffrée, mais < transfusion in
10 %) utero en cas
d'anasarque.

Tableau III : Virus transmissibles à l'accouchement

Virus Nombre de cas Transmission Conséquences Prévention


par an chez la materno- (en % des cas
femme fœtale maternels)
enceinte

Herpès • 3 à 5 % des 50 % si L'herpès Acyclovir au 9e


femmes primoinfection néonatal est mois chez les
ont des < 1 très rare mais femmes à haut
antécédents mois. gravissime. Plus risque
connus d'herpès • 2 à 5 % si de la (récurrences
génital. récurrence < 1 moitié des fréquentes ou
• 20 % sont semaine. enfants pendant la
séropositives • < 1/1000 dans décède ou garde grossesse).
pour les de • Césarienne si
HSV 2. autres cas. lourdes primo-infection <
• 1/10000 si pas séquelles. 1
d'antécédents mois, ou
connu = 2/3 des récurrence < 1
contaminations semaine, ou
néonatales. lésions suspectes à
• Au total, l'entrée en salle
moins de travail.
de 50 cas par
an.

Hépatite B 1000 à 1500 cas Dépend de la 90 % de Vaccination des

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par an. réplication passage à la femmes à risque.
virale : chronicité avec • Recherche
• 90 % si haut obligatoire de
présence risque de l'antigène
d'ADN viral cirrhose et HBs pendant la
(recherche par de carcinome grossesse.
PCR). hépatocellulaire Entre 25 et 27 SA.
• 10 à 20 % si •
ADN Immunoglobulines
viral négatif et et vaccination
anticorps du nouveau-né si
antiHbe la mère est
négatifs. porteuse de
• Proche de 0 si l'antigène HBs.
anticorps
antiHbe
positifs.

Hépatite C 5 à 7000 cas par Globalement : < Mal connues. Le dépistage n'est
an. Facteurs de 5 % recommandé que
risque : • Proche de 0 si chez les femmes à
• Toxicomanie. charge virale risque.
• Antécédents indétectable. • Si séropositivité
transfusionnels. • 15 à 20 % en connue, discuter
• Populations cas un
d'Afrique Noire. de traitement
séropositivité antiviral
HIV. préconceptionnel
(interféron -α2,
ribavirine) pour
faire baisser la
charge virale. Ces
produits sont
formellement
contre-indiqués
chez
la femme
enceinte.

HIV 1000 à 1500 cas En moyenne : Évolution plus Sérologie HIV au


par an • Sans rapide 1er trimestre. À
(0,5 % des traitement : vers le SIDA proposer
femmes 15 à 20 %. chez obligatoirement.
enceintes • Avec AZT • Traitement

5
seul : l'enfant. antirétroviral
6 à 8 %. pendant la
• Sous grossesse, surtout
trithérapie : en fin de
1 %. grossesse et à
Le risque l'accouchement, et
dépend de la chez le nouveau-
charge virale : né.
proche de 0 si • Discuter
charge virale césarienne
indétectable. prophylactique
au début du 9e
mois. Inutile si
charge virale très
faible ou
indétectable.

1.3.2- Parasite :

La toxoplasmose : 50 % des femmes enceintes sont séronégatives à la toxoplasmose, dont


1,4 % font une séroconversion en cours de grossesse, soit 4000 à 5000 femmes par an
La transmission materno-fœtale est globalement de 25 % => 1000 à 1200 enfants sont
contaminés par an, parmi lesquels : 70 % ont une atteinte infraclinique et 25 % ont une forme
légère, surtout oculaire (choriorétinite ), moins de 5 % ont une forme grave avec
manifestations neurologiques (hydrocéphalie…).
Le risque fœtal dépend du moment de la séroconversion :
- 1er trimestre : transmission < 5 % mais, alors, haut risque de forme neurologique grave,
- 2ème trimestre : transmission materno-fœtale = 20 % avec un risque intermédiaire,
- 3ème trimestre : transmission > 50 %, avec des atteintes surtout oculaires.

Le paludisme : le paludisme pendant la grossesse est associé à un faible poids de naissance,


une aggravation de l'anémie et, dans les zones de faible transmission, une majoration du
risque de paludisme sévère et de décès.
Le diagnostic doit être confirmé par un test rapide ou un examen parasitologique (frottis,
goutte épaisse).

1.4 Anémie maternelle :

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Elle est définie comme un taux d’hémoglobine inférieur à 11 g/dl. Elle est dite sévère si le
taux est inférieur à 8g/dl. Les causes sont multiples : carence martiale, infections,
hémoglobinopathie, hémorragie etc. Elle a des conséquences materno-fœtales graves telles
que : les infections urinaires, la dyspnée, l’insuffisance cardiaque, le décès maternel, le RCIU,
la SFA, la prématurité et la MFIU.
Le traitement repose sur le sulfate ferreux/acide folique (comprimé à 200 mg de sulfate ferreux soit
65 mg de fer élément + 400 microgrammes d'acide folique) PO : 1 comprimé 2 à 3 fois par jour
jusqu'à normalisation de l’Hb puis poursuivre avec un traitement préventif
1.5- Médicaments et grossesse :
Depuis le drame de la thalidomide , l'exposition d'une grossesse à des agents exogènes suscite
de vives inquiétudes partagées par le grand public et le corps médical. Or, au cours d'une
grossesse connue (ou prévue), des thérapeutiques peuvent être nécessaires, voire
indispensables au bon équilibre de la mère. Le prescripteur devra donc faire l'exercice
d'évaluer correctement le bénéfice attendu d'une thérapeutique, au regard des risques connus
(ou potentiels) pour le futur enfant, en fonction de son âge gestationnel au moment du
traitement. Compte-tenu du climat actuel, la prudence est souvent de mise. Or, cette tentation
de « sous-traiter » les femmes enceintes peut constituer une grave erreur, dont les
conséquences (humaines et médicolégales) sont souvent mal évaluées à leurs justes
dimensions.
1.6 Autres causes : l’hémorragie antépartum, perpartum ; la dystocie ;
2- Les causes fœtales ou néonatales :
2.1- Les anomalies congénitales :
Elles peuvent être définies comme des troubles structurels ou fonctionnels qui surviennent
durant la vie intra-utérine. Elles peuvent être identifiées avant la naissance, à la naissance ou
plus tard dans la vie. Elles sont estimées, au Mali et dans le monde à environ 3 % des
naissances. Elles sont des causes importantes de morbidité chronique, de mortalité et
d’incapacité chez l’enfant, ainsi que de mortalité fœtale. Elles regroupent entre autres, la
Trisomie 21, 18, achondrodysplasie…
2.2 syndrome d’alcoolisation fœtale : est la première cause non génétique de handicap
mental (retard, inadaptation sociale…) chez l’enfant. L’ensemble des tableaux cliniques
observés chez les enfants exposés in utero à de l’alcool suite à une consommation maternelle
excessive est regroupé sous le sigle TCAF (Troubles neuro-développementaux en contexte
d’alcoolisation fœtale). La gravité des effets réalise un continuum dont les manifestations les
plus invalidantes sont constituées par le Syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Il s’agit

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d’un facteur de risque de mortalité fœtale, de malformations viscérales, de prématurité, et de
retard de croissance in utero. Toutefois, la majorité des manifestations liées à l’alcoolisation
fœtale résultent d’une atteinte du système nerveux central.
2.3 L'iso-immunisation Rhésus :

L'iso-immunisation Rhésus correspond à la fabrication d'anticorps dirigés contre l'antigène


RhD chez la femme RhD négatif. Les circonstances dans lesquelles survient cette
complication sont de deux ordres:
la cause la plus fréquente est le passage d'hématies fœtales RhD positives lors de la grossesse
et de l'accouchement. Lors de la grossesse, les circonstances à risque sont celles où une
hémorragie fœto-maternelle peut se produire : métrorragie, décollement placentaire,
avortement spontané, interruption volontaire de grossesse, grossesse extra-utérine,
prélèvements ovulaires (amniocentèse, choriocentèse, cordocentèse), chirurgie mobilisant
l'utérus (laparotomie, cerclage), traumatisme abdominal, version par manœuvre externe, mort
fœtale in utero. Lors de l'accouchement, les contractions utérines sont également responsables
d'hémorragies fœto-maternelles. Une hémorragie fœto-maternelle peut également se produire
de manière occulte, c'est-à-dire en dehors de toutes les circonstances mentionnées ci-dessus
beaucoup plus rarement, il peut s'agir d'un antécédent d'erreur transfusionnelle. Cette situation
expose, le plus souvent lors des grossesses suivantes, à la survenue d'une incompatibilité
sanguine fœto-maternelle. En effet, si le fœtus est à nouveau RhD positif (situation
d'incompatibilité sanguine fœto-maternelle), le moindre passage d'hématies fœtales dans la
circulation maternelle peut provoquer une réactivation de l'immunisation et donc une
augmentation importante du taux d'anticorps anti-D maternels. Le passage des anticorps
maternels à travers le placenta peut alors être responsable d'une hémolyse et donc d'une
anémie fœtale. En cas d'anémie profonde et prolongée, l'hypoxie tissulaire peut être
responsable d'une anasarque (cf. glossaire) (épanchement des séreuses fœtales) puis d'une
mort fœtale. Après la naissance, les anticorps maternels persistent plusieurs semaines dans la
circulation du nouveau-né et peuvent être la cause d'une hémolyse persistante. Les
conséquences sont, non seulement l'anémie mais aussi l'ictère car la bilirubine (cf. glossaire)
libérée par l'hémolyse n'est plus éliminée par le placenta comme c'était le cas au cours de la
grossesse. Cette situation peut comporter un risque vital mais aussi un risque de séquelles
neurologiques par ictère nucléaire (fixation de la bilirubine libre au niveau des noyaux gris
centraux).

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Conclusion : les pathologies impactant sur la santé maternelle et périnatale sont nombreuses,
leur connaissance et leur prise en charge permettent de réduire les conséquences en santé
maternelle et périnatale.

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