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Histoire de l’Epoque Contemporaine

HIST-B115
On n’étudie pas l’histoire pour la perpétuer, mais pour s’en émanciper

1. Notions introductives :

A) De la contemporanéité de la Révolution :

En 1830, on assiste à un retour à l’agenda révolutionnaire ( illustré par la liberté guidant le peuple de
Delacroix).

Toute révolution peut se définir par: l’écrasement d’un ordre ancien par un ordre nouveau. La
révolution porte donc intrinsèquement une certaine violence, de par la force que ses changements
supposent sur la société.

Périodiser l’Histoire revient donc à définir les moments de rupture, de révolution ( en sachant que
ces révolution dépendent du lieu géographique d’où l’on les étudie). L’Histoire commence par la plus
grande des révolutions, l’apparition de sources écrites. Comme celles-ci sont nécessaires afin
d’étudier la discipline, on considère que tout ce qui vient avant cela forme la « pré »histoire.

Comme toute nouvelle période, l’entrée dans l’Epoque Moderne se caractérise donc aussi par une
rupture. En l’occurrence, il s’agit ici d’une rupture épistémologique. L’épistémologie, c’est l’étude
critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (Le
Robert). En d’autres termes, cela revient à poser la question de comment est-ce qu’on sait,
comment est-ce que l’on accède au savoir.

Au Moyen-Age, le savoir est défini par la religion et par Dieu, on croit à l’idée d’une unique « vérité
sainte ». Ce savoir est inaccessible à une grande majorité de la population, puisqu’analphabète et
donc incapable de s’approprier le savoir contenus dans les livres saints. Celui-ci est donc limité à une
élite religieuse (le clergé), en situation de pouvoir, qui se professionnalise dans la compréhension et
la transmission de ce même savoir.

La révolution copernicienne va venir bouleverser cela, et nous faire entrer dans l’Epoque Moderne.
En remettant en question le savoir inné de l’Eglise (ce qui sera considéré comme un outrage par
cette dernière), Copernic va indirectement imposer la question épistémologique. Cette vision ne
peut coexister avec l’idée que seule l’Eglise détient la vérité par inspiration divine, on assiste alors à
la fin d’un monopole du savoir pour l’institution religieuse et à un développement de l’enquête
humaine afin de comprendre. C’est donc bien une révolution. Celle-ci donnera lieu à un regain de
civilisation et de culture, de redécouverte intellectuelle et scientifique.

Question : Mais alors pourquoi qualifier une époque de moderne si nous ne sommes plus dedans ?

Et bien car nous sommes tous toujours des modernes, dans le sens où nous nous inscrivons tous
encore dans courant de pensée de rupture épistémologique. Nous poursuivons son raisonnement à
travers la recherche scientifique et universitaire.
B) Une démocratie directe? :

La chute de l’Empire romain d’Occident marque la fin de la culture urbaine en Europe. Avec la
disparition des villes, c’est également à la disparition du savoir à laquelle on assiste. Les territoires
comme les personnes appartiennent au seigneurs (servage). Il y a là une exploitation de la classe
paysanne par la féodalité, en échange d’une protection face à l’invasion. Il existe une certaine
hiérarchie féodale, même si elle est limitée. On observe un certain égalitarisme au sein de la
noblesse. A côté, seul subsiste le clergé. Le pouvoir est alors réparti entre la noblesse, qui détient le
pouvoir politique, et le clergé, qui détient le pouvoir religieux.

Avec la révolution copernicienne et le développement de la technique, le système féodal est mis à


mal par le retour des villes. En effet, avec l’amélioration des techniques de production et
d’artisanat, on remarque la création d’agglomérations, qui regroupent commerçants et artisans. On
assiste donc à la création d’une nouvelle classe sociale, les bourgeois (habitants du bourg). Ceux-ci
n’ont pas de compte à rendre au seigneur, puisque leur subsistance ne dépend plus de lui. Le centre
de pouvoir économique s’éloigne alors du centre de pouvoir politique.

On s’attend à ce que les citoyens, les bourgeois prennent plus de pouvoir politique. Pourtant, en
France, c’est l’apparition de l’absolutisme, c’est-à-dire que l’on considère que le roi détient le
pouvoir politique par la force innée de Dieu. Il y a donc là une alliance entre l’Eglise et la royauté.
Cela a pour conséquence que la révolution du savoir se manifeste bien avant la révolution du pouvoir
politique. Après quelque temps, la question de la remise en cause du savoir finit par imprégner la
sphère politique. On passe alors de la question: « qu’est-ce qui constitue un savoir légitime ? » à
celle de « qu’est-ce qui constitue un pouvoir légitime ? ».

Si les règles ne découlent plus de l’ordre divin, qu’est ce qui les justifie ?

Du contrat social, de J.J. Rousseau, paru en 1972, amène l’idée que le bien-être collectif repose sur
la mise en place de règles consenties par la majorité. Le pouvoir et l’ordre politique doivent être au
service de la majorité : nous détenons tous une même parcelle de légitimité à avoir un pouvoir
politique. L’ordre établi est donc socialement consenti, même si, il faut garder en tête que le contrat
social a pour effet d’imposer la volonté de la majorité sur les minorité. Si l’on estime que le peuple
est souverain, cela revient à dire que le peuple est roi, c’est donc la révolution copernicienne de la
doctrine politique, qui s’exprime par l’idée d’absolutisme inversé, un absolutisme du peuple.

Se pose alors la question de comment institutionnaliser le partage de la souveraineté.

Sous le régime absolutiste existent les « Etats généraux ». Il s’agit d‘une assemblée consultative
organisée par le roi. Elle est composée du Roi, du tiers-état (principalement la bourgeoisie) et du
clergé. On peut notamment y déposer des cahiers de doléance pour décrire ce qui ne fonctionne pas,
mais cette assemblée ne dispose d’aucun pouvoir décisionnel. En 1789, les Etats généraux se
décrètent « assemblée nationale ». C’est alors l’idée que l’assemblée nationale représente
l’ensemble de la nation.

Mais si le peuple est réellement souverain, cela veut dire qu’il ne peut être composé que d’individus
dans leur singularité. On assiste alors à une exigence de démocratie directe, sans intermédiaire.

L’émancipation des juifs et des protestants est un élément fondateur de la révolution : égalité des
religions devant la loi. Egalité de tous les citoyens, cela veut dire que l’on refuse les collectivités,
qu’elles soient sociales, régionales ou religieuse, au profit de l’individu.
L’Egalité comme concept se veut principe vers lequel on veut tendre, but à atteindre. Cependant,
c’est loin d’être acquis dans la société complètement inégalitaire qu’a laissé l’Ancien Régime. Et
donc, ces principes philosophiques qui sont très ambitieux dans la théorie, finissent par n’être
qu’une spéculation philosophique complètement inapplicable dans les faits.

Pour qu’elle soit applicable, il faudrait la mise en place de démocratie directe. La mise en place du
vote par représentation reviendrait alors à une usurpation de la souveraineté du peuple.
Cependant, au vu des difficultés à mettre en place un système de démocratie directe dans la société
inégalitaire décrite ci-dessus, on peut considérer la représentativité comme un bricolage
pragmatique, bien que non respectueux du principe philosophique.

Bien que la démocratie directe fût impossible à mettre en place alors, ce serait pourtant bien plus
facile aujourd’hui. Alors pourquoi ne le fait-on pas ?

La République plébiscitaire, c’est l’idée de de la gestion de la vie politique par la consultation


directe de l’avis du peuple. Une des formes de consultation les plus courantes est le référendum. Le
recours à cet outil pose pourtant question sur certains sujets, comme par exemple l’impossibilité
effective de la mise en pratique de certaines décisions (Brexit par ex.), la simplification de sujets
complexes qui comportent de nombreuses composantes, l’écrasement des minorités par la
majorité. Cela ne veut pas dire pour autant que son utilisation soit illégitime en toute circonstance, il
peut être utile de l’utiliser au niveau local par exemple, sur des questions bien précises.

L’idée de la gestion de la politique par la majorité soulève également une autre question majeure :
Considère-t-on que certains principes philosophiques (le droit à la vie ou le droit d’asile par
exemple) puissent être au-dessus l’avis majoritaire, où doit-on toujours se plier à l’avis majoritaire,
même s’il remet en cause ces mêmes principes ?

Ce questionnement pousse toute une frange de la bourgeoisie à penser de la manière suivante :

Nous croyons à la souveraineté du peuple, mais nous avons peur de l’ignorance du peuple inculte.
La tradition révolutionnaire s’inscrit donc à ce moment-là dans un élan et agenda paternaliste, qui a
pour but une mission civilisatrice. Il se traduit par la limitation du droit de vote à la bourgeoisie.
L’adoption du suffrage universel en 1848 se traduira par l’arrivée de Napoléon III au pouvoir.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen :

Ce qui définit un régime démocratique, ce n’est pas seulement l’idée d’une certaine souveraineté
populaire, qui se suffirait à elle-même (Sinon, on pourrait considérer que l’Allemagne nazie ou le
régime Iranien sont des démocraties). Effectivement, il faut que la majorité puisse exprimer sa
volonté, mais cette possibilité doit être accompagnée de la garantie que certains droits individuels
et inaliénables sont défendus.

C’est dans la poursuite de cet idéal-là, qu’après 1789, la France a mis sur pied « la déclaration des
droits de l‘homme et du citoyen ».

Cette déclaration apparait dans un contexte particulier, la sortie de l’absolutisme. L’idée est donc de
réduire ce que l’Etat est en capacité de faire aux citoyens, pour sortir de cette idée de toute
puissance du pouvoir politique face à l’individu. C’est pour cela que cette déclaration est rédigée
sous la forme de droits négatifs (l’Etat n’a pas le droit de vous faire ceci, l’Etat ne peut vous faire
cela…). Cette idée de droits limitants peut être considérée comme pas assez ambitieuse aujourd’hui,
dans le sens où elle s’oppose à des droits positifs, comme par exemple l’idée d’un droit à la santé, un
droit aux transports publics etc.

Mais si on se limite à l’aspect juridique, sans tenir compte de la souveraineté populaire, on n’est
plus non plus dans un régime démocratique, mais dans une dérive de celui-ci, une république des
juges (cf. Israël ou la Pologne).

La vraie démocratie, c’est celle qui arrive à trouver le juste équilibre entre le maintien de la volonté
du peuple et le maintien de certains droits individuels fondamentaux et inaliénables. Cet équilibre
nécessite une réajustement permanent face aux nécessité de chaque époque.

La Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen, de 1789, peut être assimilée à une version
réduite, réécrite, du contrat social de J.J. Rousseau. Elle est rédigée par l’assemblée nationale, qui
tient sa légitimé du fait que le peuple est souverain, et qu’elle le représente. Cette déclaration
défend l’idée des droits inaliénables, auxquels on ne peut pas porter atteinte, qui sont au-dessus de
la souveraineté populaire et du pouvoir politique.

Parmi les droits cités :

- L’égalité face à la loi

- Le droit à la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression

- La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, tout ce qui n'est pas défendu par
la loi ne peut être empêché

- La présomption d’innocence

- La liberté d’opinion (tant qu’elle ne trouble pas l’ordre établi par la loi)

- Le droit à la propriété

Formes institutionnelles de la démocratie :

L’institutionnalisation de la démocratie ne peut aboutir qu’en un compromis, un bricolage instable,


qui nécessite d’être constamment réinventée. Sinon, la démocratie ne peut être maintenue.

Qu’est-ce qui explique qu’une grande démocratie comme l’Allemagne ait sombré avant la WW2 ?

Et bien une des principales réponses apportée à cette question réside dans le fait que l’Allemagne
fonctionnait à l’époque par un système de représentation proportionnelle, aucune majorité claire
ne se dessinait. A l’inverse, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la représentation se faisait par
système majoritaire, ce qui suppose que le candidat se devait d’ être quelqu’un de modéré.

Si cette idée avait un certain sens à l’époque, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le système électoral
par vote majoritaire a permis d’arriver à l’extrême droite d’arriver au pouvoir dans certaines
situation. On peut notamment citer l’exemple de Trump aux Etats-Unis ou du Brexit au Royaume-
Uni.

Et, bien que la France ait eu à travers l’histoire une grande capacité de réinvention de son système
politique ( on décompte 13 régimes et 21 constitutions depuis 1789), le pays continue de fonctionner
avec un système électoral par majorité. Pourtant, l’idée d’une potentielle arrivée au pouvoir de
l’extrême droite (RN) semble plus que probable aujourd’hui.

Pendant longtemps, on a sacralisé le fondement du modèle américain (founding fathers), mais


aujourd’hui, avec l’arrivée de Trump au pouvoir notamment, on commence à apercevoir une crise
institutionnelle également.

Depuis la création de la déclaration universelles du droit de l’homme et du citoyen et celle des Bill of
Rights, nos sociétés ont profondément changé, elles ont évolué. La question que commencent tout
doucement à se poser certains est la suivante : nos systèmes institutionnels sont-ils toujours
d’actualité, ou nécessitent-ils une réinvention ? En d’autres termes : Faut-il récrire le contrat social
ou bien en faire sécession?

Le peuple est souverain: Bricolages institutionnels, le cas des USA :

Le cas des Etat Unis révèle bien la difficulté de mettre en place un système de souveraineté
populaire, notamment quand certains bricolages institutionnels sont mis en place pour empêcher
cela. Voyons quelques exemples :

1) Le modelage de l’électorat (inclusion/exclusion vs suffrage universel) :

Une extension du droit de vote, ou au contraire une diminution du droit de vote, peut énormément
influencer le résultat d’une élection. C’est pour cela qu’à de nombreuses reprises, on a vu différents
bords politiques s’opposer à une extension du droit de vote à certaines franges de la population ,
par crainte de voir des résultats électoraux défavorables. Cela pu être le cas notamment pour une
partie des libéraux, qui craignaient que le droit de vote pour les femmes fasse progresser les votes
conservateurs, ou bien plus récemment de la droite, qui s’oppose au droit de vote pour les étrangers
résidants en Belgique, de peur de voir la gauche progresser. Dans les 2 cas, le bien-fondé de ces
craintes n’a pas été démontré.

Pour ce qui est des U.S.A., on a pu observer différentes manœuvres de modelage d’électorat à
travers le temps. On peut citer par exemple la question des purges administratives par suppression
des homonymes, majoritairement afro-américains, ou bien celle des poll taxes, des litteracy tests ,
qui avaient pour principal but d’entraver la capacité des populations afro-américaines pauvres et
illettrées, de voter.

Encore aujourd’hui, on peut parler du retrait du droit vote quand il y a sanction pénale . On estime
que cette mesure empêche plus 6 millions de personnes de voter dans le pays. On assiste aussi de
plus en plus à une limitation et une complexification du vote par courrier, ou encore, dans certains
Etats, à des démarches administratives couteuses pour pouvoir voter.

On constate donc que l’exclusion de toute une partie de l’électorat est donc toujours décisive aux
Etats-Unis.
Le modelage des circonscriptions électorales:

Pour citer un exemple en Belgique, les électeurs wallons ne peuvent pas voter pour les partis
flamands au niveau fédéral et inversement du au fonctionnement des circonscriptions électorales.

Aux U.S.A., on assiste à ce qu’on peut qualifier d’Electoral districting gerrymandering , c’est à dire
qu’il y a un changement des limites du district électoral par la majorité afin de s’assurer la victoire, en
ne respectant parfois plus du tout la géographie du lieu.

Le bicaméralisme :

Dans la base même de l’idée du bicaméralisme, il y a l’idée de constituer une chambre soustraite à
l’élection directe, une chambre qui se voudrait plus réfléchie, plus mûre, plus modérée, non-
soustraite au « laisser-aller » de la souveraineté populaire sur certaines questions.

Le concept de bicaméralisme est mis en place dans de nombreux Etats nations et Etats fédéraux :

Au Royaume-Uni, il y a la House of Commons (parlement) et la House of Lords (noblesse), en France


l’Assemblée nationale et le Sénat et en Belgique, la Chambre des représentants et le Sénat
également.

A l’UE, le parlement européen, qui est constitué proportionnellement aux nombres d’habitants,
s’oppose au Conseil de l’Europe, où tous les pays disposent d’une voie unique, à égalité.

Aux U.SA., c’est le Congress (proportionnel) versus le Senate (différents états à égalité : 2
représentants). Ce type de chambre, non-proportionnelle aux nombres d’habitants peut mener à des
situations de contre représentation de la souveraineté populaire. Par exemple, au Senate, 70% de la
population américaine ne représente seulement que 36% des sièges.

Toujours aux Etats-Unis, on peut également aborder la question des collèges électoraux et des
grands électeurs, dont le nombre de voix ne sont pas proportionnelles aux nombre d’habitants. Ce
qui a par exemple permis à Trump de remporter les élections de 2016, avec 1,6 millions de voix en
moins qu’Hillary Clinton, mais plus de voix de grands électeurs.
La nomination des juges :

La question de la nomination des juges peut parfois soulever un problème d’indépendance de la


justice. Aux U.S.A., la cour suprême détient un pouvoir énorme, sur des questions cruciales telles que
l’avortement par exemple. Le/La juge en charge est nommé à vie, par Trump pour la dernière.

Les primaires :

L’idée première de la primaire était d’encourager la modération, mais on se rend compte que cela ne
tient plus aujourd’hui, quand des minorités radicalisées d’un parti, comme Trump par exemple,
finissent par les remporter.

De plus, elles sont basées la plupart du temps sur un système majoritaire, il y a là l’idée que le first
past the post. Et plus il y a de candidats, moins il y a une nécessité de large adhésion de l’électorat.

Les primaires sont également souvent limitées aux seuls adhérents d’un seul parti, et non pas à
l’ensemble des potentiels votants.

C) Une révolution universelle ? :

Pourquoi prendre la Révolution française comme point de départ du cours, et non pas la révolution
américaine ?

Et bien parce que l’on peut considérer que la révolution de 1789 a été plus ambitieuse et a eu plus
grand impact que celle de 1776.

Aux Etats-Unis, il existait déjà avant la déclaration d’indépendance un certain égalitarisme de fait, de
par l‘étendue de terres disponibles, et donc la non limitation de ressources.

De plus, la société mise en place après la révolution est une société grandement coloniale,
esclavagiste. On peut la désigner en tant que « Nouvelle Athènes » , parce que comme à Athènes, il y
a une exclusion d’une frange importante de la population. Cette révolution s’est aussi déroulée loin
de la société royale londonienne, et a donc un eu un impact direct moins important sur le reste de la
société, là où la révolution française a eu lieu à Paris même, devant l’Elysée.

La déclaration d’indépendance américaine, n’a pas de portée universelle, contrairement à la


Révolution française. Les Founding fathers se concentrent sur les violences subies de la couronne
britannique, sans inclure l’idée universaliste qu’ils partagent pourtant.

En France, il y a dès le début cette idée que les autres pays suivront, car c’est une nécessité de survie
pour l’idéal révolutionnaire.

Réaction : levée de boucliers dans le reste de l’Europe contre la France. Peur de voir une perte de
privilèges de l’Eglise et la noblesse. Alliance entre la royauté française et les ennemis de la France
(Varennes). Nationalisation du processus révolutionnaire : la France contre tous les autres Discours
du justification du pouvoir de la noblesse : pouvoir du conquérant. Pris à contre-pied par Sieyes
Qu’est-ce que le tiers-Etat

2. Partie 1 : Le gouvernement de la langue. Le passé révolu des


langues nationales
Le processus de création d’Etat nation vise le monolinguisme, ce qui n’existe nulle part à ce moment-
là.

A. Les langues avant l’Etat Nation :

On aime souvent présenter aujourd’hui le multilinguisme comme quelque chose d’excessivement


nouveau, ce n’est pourtant pas les cas. Le multilinguisme était la norme avant la création des Etats
Nations.

A l’époque, il y avait 2 principaux usages aux langues, à savoir un usage spatial et un usage
fonctionnel.

L’usage de la langue de manière spatiale était lié à un usage de proximité, c’est-à-dire avec les gens
qui composent notre cercle proche. C’est un usage principalement imputable aux espaces ruraux, où
le contact avec le monde extérieur est moins développé, la langue est principalement utilisée pour
s’exprimer avec le reste des habitants du patelin, ou au sein même du foyer. Cet usage se traduit par
l’utilisation de dialectes et patois spécifiques, dont on remarque l’évolution progressive à travers la
géographie. Cependant, les différences linguistiques sont bien plus marquées quand on franchit une
frontière sociétale. On passe par exemple des langues latines aux langues germanophones, ou des
ces dernières aux langues slaves.

Pour ce qui est de l’usage fonctionnel d’une langue, on va venir utiliser une langue différente en
fonction de ce que l’on veut faire. Ainsi, on dénombre 4 grands types de langues pour 4 utilisation =s
différentes. Les voici :

- Les langues de l’administration : Ce sont les langues des Etats, que l’on utilise dans les écrits
officiels, les administrations publiques. Les principales langues utilisées à cet escient sont le russe,
l’ottoman, l’allemand, le hongrois, le français, le néerlandais, le suédois, l’anglais ou encore
l’espagnol

- Les langues du culte : Il s’agit souvent des langues mortes, que l’on ne retrouve plus que dans les
livres sacrés. L’utilisation de langue mortes permet de donner une certaine sacralité à la parole de
Dieu. Il y a là en quelque sorte l’idée qu’on ne se s’adresse pas avec la même langue à Dieu qu’à son
boulanger, il ne faut pas banaliser la parole sainte. L’accès à la parole sainte a donc lieu par un
professionnel de l’écrit, un membre du clergé, qui a pour mission de faire la liaison entre la parole
sacrée et les fidèles, qui pour la plupart ne parlent pas la langue de culte, mais différents patois. Le
fait que la langue sacrée soit incompréhensible pour les fidèles favorise une mystification de la
sacralité. Les langues du culte sont principalement le latin, le slave ecclésiastique, l’hébreu ou l’arabe.

- Les langues de culture : De nombreuses langues ne sont pas utilisées pour les productions
culturelles, car pour des questions de production et de vente, il est plus intéressant d’écrire dans
certaines langues qui ne sont pas des langues locales, mais des langues d’empire comprises par
l’ensemble de l’élite économique, qui ont les moyens de s’offrir des productions culturelles fort
coûteuses à l’époque. Parmi ces langues, on peut compter le français, l’hochdeutsch (allemand), le
polonais ou le hongrois.

- Les langues du commerce : en fonction de l’endroit où l’on se trouve dans le monde, on parlera
différentes langues afin de commercer, notamment l’allemand, le swahili, le lingua franca.
Cette accumulation de langues utilisées pour divers usages engendre assez naturellement un certain
multilinguisme.

On distingue différents usages de la langue, mais on distingue également différentes familles


linguistiques : les langues romanes, germaniques, slaves, finno-ougriennes, turques et arabes.

Dans un premier temps, le développement des différences linguistiques se fait par la proximité, car il
n’y a pas de possibilité de diffusion de la langue à grande échelle. On remarque d’ailleurs que moins
la communication avec l’extérieur est aisée, plus les patois se spécialisent.

La création de la bicyclette change le rapport aux distances et cela a un impact sur la diffusion des
langues. La bicyclette diminue le phénomène d’hyperspécialisation des langues et des dialectes.

Les dialectes n’arrivent jamais à l’écrit, car c’est la langue qu’on parle dans les villages. Dans les villes,
on ne parle pas la même langue. Les villes sont le siège de l’administration, du culte, des lieux de
commerce et de culture. Les habitants des villes deviennent donc habitués à l’usage des différentes
langues fonctionnelles. Peu à peu, on observe alors un basculement dans l’usage des langues
fonctionnelles au sein même du foyer, de l’intimité.

Cela crée des situations très différentes au sein d’un même espace géographique, qui peut même
arriver jusqu’à avoir une influence sur le nom des villes en fonction de la classe sociale et la langue
parlée. Voir exemples dans le podcast( 14h59)

L’apparition d’îlots urbains dans des océans paysans crée des conflits, car malgré une majorité
territoriale pour la classe paysanne, celle-ci est minoritaire en nombre.

Charles Decoster : 1840, publie épopée. Belgique était autrichienne puis française napoléonienne.
Naissance de la Belgique : nait plus de la rejection de l’autoritarisme hollande, pas de réel sentiment
national. Création d’un idéal national, de référence nationales à trtavers le personnagge pricnipal qui
décrit l’esprit belge. Personnages flamand mais écrit en français (langue de culture en Belgique).
Livre rapidement traduit en néerlandais. Se transforme en personnage contre l’opression, même
francophone. Réapropriations succèssives (communistes, collaborateurs).

Tous ces écrits sont rédigés en une langue de culture.

B. La langue de la Révolution :

Une bonne partie du peuple français ne saisit pas, ne comprends pas ce qu’il se produit durant la
Révolution Française, celle-ci étant grandement illettrée. Les révolutionnaires réalisent alors la
nécessité d’exporter la parole révolutionnaire, afin qu’elle soit majoritaire au sein du pays. En ce
sens, on déploie des « crieurs » dans les rues pour exporter la parole révolutionnaire dans la France
profonde afin d’expliquer l’intérêt de la Rév. Française pour le peuple. La réalité multi-linguiste de la
France à l’époque rend la tâche plutôt ardue. Il faut donc aussi traduire les textes officiels en langues
régionales.

Cette situation va donner lieu à plusieurs années de multilinguisme en France. Cette période coïncide
avec une situation de guerre interne et de guerre européenne. Le révolutionnaires réalisent que leurs
ennemis ( à savoir le clergé et noblesse) sont capables de mieux utiliser les langues régionales pour
porter leurs idées que le gouvernement centralisé. Comme réaction à cela, le rapport Grégoire
(1794), institue l’idée que certaines langues (comme l’allemand, l’italien ou les bas breton) sont des
véhicules imparfaits pour porter les idées révolutionnaires car ces langues sont parlées par les
adversaires, qui arrivent à en faire un meilleur usage. On observe alors une levée de boucliers contre
la centralisation du pouvoir juridique et politique, qui se fait au détriment des pouvoirs régionaux.

La réaction à ce phénomène va être plutôt radicale, car elle va aboutir par la suppression pure et
simple des langues régionales, considérées comme langues ennemies de la Révolution. C’est la mise
en place du rapport Grégoire :

« Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue
française » 4 juin 1794, Abbé Grégoire

Va alors se mettre en place une réelle inquisition linguistique, à travers une police de la langue. On
considère le fait de parler un patois comme dangereux, et ce même au sein de l’intimité du foyer.
Mais la mise en place de telles mesures est rendue difficile, car il n’existe alors aucun indicateur,
aucune statistique qui permettent de connaitre la réalité de la situation linguistique française. On
crée donc des questionnaires régionalisés afin de récolter des données.

Il y a en quelque sorte un paradoxe dans le sens où on décide d’abandonner l’idée d’une langue
européenne, mais on entame dans le même temps un processus de nationalisation de la langue. La
langue française devient alors la langue de la liberté, et idéal révolutionnaire devient donc
indissociable du français. C’est donc là une vraie politisation de l’usage du français dans le pays.

Problèmes, seul 2 à 3% de la population française sait parler parfaitement parler le français, et plus
de 80% de cette dernière a des difficultés à s’exprimer correctement. Le rapport Grégoire représente
donc non seulement un énorme défi, mais également un génocide culturel.

Mais pourquoi une pensée et une action aussi radicale et violente ?

Car il y a en fait un volonté dans un temps court de rendre le suffrage universel, tout en voulant
généraliser le Français et l’idéal révolutionnaire au sein du peuple, afin que ce suffrage ne lui soit pas
défavorable.

Le Thermidor va mettre fin à ce processus afin de mettre la priorité sur la guerre. On installe alors le
suffrage censitaire ( c’est-à-dire la limitation du vote aux citoyens imposables). Ainsi, il n’y aura
qu’entre 1 et 2,5% de la population qui aura la capacité de voter entre 1800 et 1848. On ajoutera
ensuite le droit de vote pour les vétérans des campagnes napoléoniennes, puis pour les citoyens
capables de lire et d’écrire le français. C’est donc une progression lente du processus vers le suffrage
universel, par l’éducation du peuple, qui rejoint cette idée de mission civilisatrice inhérente à la
révolution française.

Ainsi, on peut considérer le Thermidor comme le fossoyeur de la Rév. Française, mais en même
temps comme son sauveur

C. La cartographie des langues germaniques :

Les conquêtes napoléoniennes en Allemagne reçoivent de la part de la bourgeoisie libérale


allemande un accueil mitigé. En effet, cette dernière se réjouit de la limitation du pouvoir arbitraire
de la noblesse et de la monarchie, et peut également jouir d’un nouveau cadre juridique qui défend
mieux ses intérêts, mais une bonne partie de cette société développe un sentiment d’aliénation
également vis-à-vis de l’imposition du Français comme étant la langue de libération.

De nombreux intellectuels allemands sont contemporains à la Rév. Française : Kant, Goethe, Fichte,
von Humboldt ou Hegel. Il y a alors face à ces changements structurels une nécessité de se
positionner. Plusieurs de ces intellectuels développeront un sentiment ambigu par rapport à la
Révolution Française. Il est vrai que d’une part, celle-ci a permis un regain de liberté certain, mais au
prix d’une barbarie et d’une imprégnation de violence fort marquée. Et puis, si les conquêtes
napoléoniennes ont bien apporté de nouveaux droits inaliénables, il n’en est rien de la souveraineté
populaire.

Un mouvement de non reconnaissance de la langue française comme langue de la révolution va alors


apparaître. Pour comprendre ce phénomène, il est intéressant de s’intéresser au cas de Jacob
Grimm, linguiste et philologue allemand, qui a notamment servi en tant que bibliothécaire pour
Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon.

Grimm illustre bien cette nouvelle frange de la bourgeoisie allemande que l’on peut nommer
Bildungsburgertum, c’est-à-dire la bourgeoisie par l’éducation. Si l’on considère que l’on devient
bourgeois par l’accumulation d’un capital, il existe alors différentes composantes dans la bourgeoisie,
la bourgeoisie terrienne (qui accumule son capital en terrains), la bourgeoisie industrielle (détentrice
des moyens de production) ou encore la bourgeoisie intellectuelle (qui accumule du capital culturel).
On peut donc considérer l’université comme un lieu de reproduction sociale, celle de la bourgeoisie
par l’éducation.

On a vu plus tôt dans ce cours que le savoir était auparavant réservé à la noblesse, ce n’est plus le cas
à l’époque de l’’Europe napoléonienne. Les frères Grimm, bourgeois intellectuels, contribuent donc
au développement d’une nouvelle vision de l’idée révolutionnaire.

Jacob Grimm va poser la (simple) question suivante : « Qu’est-ce, un peuple? » Il répondra alors par
l’affirmation suivante : « Un peuple, c’est la quintessence des personnes qui parlent la même
langue. »

Il y a donc l’idée que la souveraineté du peuple dépend directement de la langue du peuple, et non
pas purement de la langue française. En ce sens, on note le développement d’une vision de la
souveraineté populaire différente à celle de la France.

Mais cette idée n’est pas apparue d’un seul coup, elle a mis du temps à se développer. Grimm a dans
un premier temps commencé par l’interrogation de ce qui marque notre rapport au commun, en
d’autres termes: qu’est-ce qui forme la culture populaire allemande ? Qu’est-ce qui forme la culture
des masses ?

Pour répondre à cette question, Grimm est d’avis qu’il faut se rapprocher du peuple et de sa culture,
pas de celle de la bourgeoisie éduquée. Le frères Grimm vont donc tenter de transmettre cette
culture populaire à l’écrit, à travers la publication d’un recueil de contes pour enfants ( Kinder und
Hausmärchen) « propres à la culture allemande ». C’est un succès éditorial massif. Les récits sont
traduits dans une multitude de langues (suédois, italien, polonais, français). Seul soucis, on remarque
assez vite qu’il y a un reconnaissance de ces contes dans toute l’Europe, la plupart des contes
rencontrent de grandes similitudes avec des contes que l’on retrouve dans chaque pays. Il y a donc là
un échec de la démarche nationaliste du livre. Les frères Grimm sont donc obligés de se rendre à
l’évidence, la culture populaire est transnationale, ce qui va à l’encontre totale de leur idée de peuple
allemand qui serait réuni par la culture et la langue.

Jacob Grimm ne s’avoue pas vaincu pour autant, il décider de tenter de trouver le commun dans la
linguistique afin de créer une identité allemande. A l’époque, l’allemand écrit ( celui de la révolution
luthérienne) est sensiblement distinct des différents patois et spécificités germaniques parlée au sein
de « l’Allemagne » (inexistante à l’époque, composé à l’époque de différents états). Grimm
développe un projet colossal de dictionnaire allemand (Deutsche Wörterbuch), qu’il ne complètera
d’ailleurs jamais. Il met au point également les « lois de la linguistique » allemande, qui consiste en
une étude des différentes branches linguistiques germaniques et de leur évolution à travers des
constantes, des lois. L’idée est de définir des critères afin de pouvoir dire ce qui relève de l’allemand
ou non.

Et donc, à partir de là, le choix du français comme langue va être perçu par certains comme une
trahison en Allemagne. Gottfried Herder, (An die Deutschen), va jusqu’à affirmer l’idée que la
nouvelle élite (germanique) napoléonienne est prête à parler le français jusqu’à avec propre mère,
symbole s’une trahison de la langue maternelle. Il affirme que le français est équivalent à la
détestable boue de la Seine. Renoncer à sa langue maternelle revient alors à être dans la trahison de
sa patrie.

La question de l’appartenance à une langue devient une réelle question d’affirmation d’appartenance
géographique et d’affirmation territoriale, un programme (Deutschland, Deutschland über alles
(Hoffmann) : L’Allemagne, l’Allemagne avant tout).

Cela ouvre la voie à d’énormes débat sur ce qu’est l’Allemagne, qui vont créer de grandes
dissensions. Grimm donc, est partisan d’un rassemblement des allemands en un seul état qui
légitimerait la souveraineté populaire du peuple allemand. Mais cette idée se heurte rapidement à
l’impossibilité technique de sa mise en place, notamment face à la puissance de l’empire austro-
hongrois.

La proclamation de l’état Allemand finit néanmoins par avoir lieu en 1871, par Bismarck. En réaction,
par peur d’être potentiellement annexés, les Pays Bas et la Belgique affirment ne pas parler le
nederduits (le bas allemand), mais le nederlands, le néerlandais.

Mais rapidement, l’idée d’utiliser la même langue que le pays dont on s’est fraîchement
indépendantisé pose question en Belgique, on décide donc qu’on parle le « flamand », qui s’avère
être le dialecte le plus opposé au néerlandais. Mais face au risque de promulgation du français
comme langue officielle d’administration, on observe un retour en arrière vers le terme de
néerlandais, tout en décidant de se nommer flamands (bien que la Flandre ne représentât à l’époque
qu’une petite partie de la région néerlandophone).

On remarque donc la volonté d’utiliser la langue comme distinction, « nous ne sommes pas
allemands ». Deux autres exemples démontrent bien cette dynamique : le letzebuergisch (1941-
1984) et l’allemanisch (1936).

En effet, au Luxembourg, on parle une de patois très proche de l’allemand. Mais, dans un soucis de
distinction et de différenciation face à l’Allemagne, la langue de l’administration choisie est le
français. En 1940, le Luxembourg est annexé par l’Allemagne nazie. L’administration nazie décide
alors de procéder à un recensement des langues parlées dans le pays. En résistance, les
luxembourgeois revendiqueront l’usage du letzebuergisch, le luxembourgeois, à la place de
l’allemand, qui est pourtant en tout point similaire. Le luxembourgeois devient à ce moment-là le
socle de l’identitarisme national.

Pour ce qui est de la Suisse, on voit apparaitre au début des années 1930 un inquiétude face à une
possibilité invasion allemande. Ici aussi, on va vouloir se distinguer de l’Etat allemand afin que soit
claire la non volonté des suisses à l’appartenance à une « grande Allemagne ». L’allemanisch naît
donc de cela, ce qui va provoquer un nouvel élan national. Phénomène de la diglossie : différentes
façons de parler dans un même espace
(Définir vernaculaire)

1848 : 2 scénarios : la grande Allemagne ou kleine deutchland

D. La cartographie des langues slaves :

Le cas de l’Allemagne nous amène à nous poser la question suivante : « Quelle différence y a-t-il
entre langue et dialecte ? »

Une option consisterait à considérer une langue comme un dialecte avec un Etat centralisé et un
gouvernement. Cette vision prend à revers l’argumentaire de Grimm, puisque celui-ci considère que
c’est à partir de la langue que l’on fait une nation et non l’inverse.

Pour revenir à Grimm, sa vision va commencer à se développer dans d’autres parties du monde
quelques décades après l’Allemagne. L’allemand justement, est entre temps devenu la langue de la
culture, de l’université, des savants et de l’écrit dans une grande partie des pays européens.
L’allemand finit même par absorber certains patois et dialectes qui n’appartiennent pas aux familles
germaniques. Le « syndrome » de l’assimilation développé en Allemagne face à la langue française
finit donc par imprégner une bonne partie d’autre pays européens, et en particulier las pays slaves,
face à l’allemand. Se pose alors une question : « Doit-on renoncer à notre langue face à l’allemand ?
Ou alors développons-nous également un sursaut à la manière de Grimm ? ».

Cette apparition de revendications territoriales par la linguistique imprègne alors principalement


deux espaces géographiques : on observe donc un élan panarabe et un élan panslave. Mais ces
revendications soulèvent assez vite de nombreux questions comme par exemple : « Sommes-nous un
seul peuple ? Et si non, combien de peuples sommes-nous ? »

Concentrons-nous ici sur le mouvement panslave, qui part de l’idée que si tous les locuteurs de la
langue se réunissent, il y a possibilité d’obtenir un grand état comme l’état allemand.

Mais la réalité pratique de ce que compose le monde slavophone est complexe, bien plus morcelée
que les peuples allemands.

On peut distinguer trois principales discontinuités : une discontinuité géographique, une


discontinuité confessionnelle et une discontinuité politique.

Pour ce qui est de la discontinuité géographique,


notons que les langues slaves du nord sont
séparées de celle du sud par une barrière
composée de l’Autriche, de la Hongrie et de la
Roumanie

Concernant la discontinuité confessionnelle, on constate que certaines langues slaves écrivent à


partir de l’alphabet cyrillique tandis que d’autres à partir de l’alphabet latin, ce qui correspond en
partie à aux séparations géographiques. On retrouve alors la chrétienté orthodoxe d’une part et le
catholicisme et le protestantisme de l’autre. De plus, de nombreux anciens membres du monde
cyrillique délaissent le cyrillique pour le latin, ce qui amène à un rétrécissement de l’influence du
monde cyrillique. Le serbocroate marque particulièrement bien cette distension, puisque le croate
s’écrivait en caractères latins tandis que le serbe en caractère cyrillique.

Enfin, pour la discontinuité politique, on observe une répartition des slaves entre 4 principaux
empires : l’empire ottoman, mené par un sultan pour les slaves du sud, l’empire tsariste russe,
l’empire austro-hongrois des Habsbourg et enfin le royaume de Prusse pour les slaves du nord.

On constate donc la difficulté de la formation d’un seul état en ayant différents peuples divisés en
plusieurs états. A ce titre d’ailleurs, on retrouve des slaves dans différents armées ennemies, et, pour
couronner le tout, il existe différentes fortes animosités historiques entre les différents slaves (par
ex : polonais & ukrainiens, serbes & bulgares, serbes & croates, tchèques et slovaques).

L’idée du développement d’un état panslave part donc avec un énorme handicap. La majorité des
slaves se trouvent d’ailleurs dans des régions où les slavophones ne sont pas majoritaire, à
l’exception de l’empire tsariste.

Le Tsar va alors essayer de s’approprier 2 rôles. D’une part, il va s’ériger en grand défenseur des
slaves pour les minorités slavophones des autres régions (slovaques, slovènes et polonais par
exemple), et d’autre part en tant que grand représentant et protecteur des orthodoxes face au
sultan (musulman), ce qui agrandit sa zone d’influence d’ouverture linguistique (jusqu’au grecs et
arméniens). Néanmoins, il demeure mal placé pour défendre l’ensemble sous un état réunifié, car il
ne remplit qu’un des 2 rôle à chaque fois.

De 1772 à 1795, la Russie va conquérir des territoires non russes et non orthodoxes mais qui
apportent de grandes richesses (comme par exemple la Crimée, à majorité musulmane, la noblesse
polonaise catholique ou encore certains territoires juifs). A cette occasion, le Tsar va « s’inventer
sultan », c’est-à-dire qu’il va cette inverser l’idée de protection des « minorités » si allégeance au
pouvoir dominant. Il n’attend de ces populations uniquement une soumission à sa légitimité
politique, car les intérêts économiques à garder ces populations sont trop importants que pour les
massacrer. Mais la noblesse polonaise ne digère pas cette conquête, car son pouvoir se voit réduit
considérablement. Elle s’oppose par conséquent à un potentiel panslavisme sous l’égide du tsar.

Comme dit plus haut donc, 50 à 70 ans après Grimm, on observe une reproduction de sa démarche
par les universitaires slaves. Il y a une volonté de préservation d’un « monde en péril » par la
production et l’étude de traces écrites. Ces travaux sont effectués dans des universités
germanophones (Prague, Breslau, Leipzig). Apparaissent alors pléthore de contes, de nouvelles,
d’histoires qui traduisent la culture slave.

Parmi ces différentes tentatives d’éveil de la langue, certaines réussissent et d’autres échouent :

- Les sorabes : Il s’agit d’une peuplade enclavée au milieu de l’Allemagne, extrêmement


minoritaire dans cette région. Leurs divisions ne permettront jamais un réel développement
identitaire linguistique.
- Les cachoubes : situés dans l’empire allemand, en Prusse orientale. Au XIXe siècle, certains
nationalistes tentent de définir à quoi ressemblerait un potentiel futur état polonais. Pour
ces mes mêmes nationalistes, le cachoube est un dialecte polonais, et donc une région
polonaise. Mais la Prusse va finir par reconnaître le cachoube comme une langue à part
entière, minoritaire en Allemagne, mais donc pas polonaise. Finalement, la question de si le
cachoube est une langue ou un dialecte finira par avoir des conséquences politiques énormes
après la WW1.
- Les ukrainiens : le cas de l’Ukraine est particulier, dans le sens où plusieurs empires voulaient
pendant longtemps d’emparer de ces terres. On remarque que le développement de
l’identité linguistique assez tardivement à cause d’un triple standard de l’ukrainien (avec
notamment le ruthène) pendant une longue période.

On constate donc l’apparition d’une volonté de différentiation patriotique à travers l’orthographe


notamment dans de nombreux endroits, à la manière de Grimm.

Ceci dit, le monde slavophone et le monde arabophone vivent dans une illusion diamétralement
opposée : les pays slaves prétendent ne pas se comprendre mais parlent des langues en réalité très
proches dans les faits, là où c’est exactement l’inverse pour les arabes. Mais pourquoi cette
différence ?

Dans le monde germanophone, on a d’abord assisté à un affirmation linguistique qui a fini par
aboutir vers une certaine unité politique. Dans le monde arabophone, on a réussi à obtenir une
affirmation de l’unité linguistique mais échoué à former une réelle unité politique. Dans le monde
slavophone, tant bien l’un que l’autre se sont traduits par de cuisants échecs.

E. Nationaliser les masses :

Mais alors, quid de l’Italie ?

L’Italie est un pays à l’époque déjà linguistiquement très homogène mais avec une grande disparité
dialectale. Cela veut dire que l’italien pratiqué est très différent en fonction du lieu où l’on se trouve.

Lors de la proclamation de l’Italie réunifiée, en 1861, se pose La questione de la lingua (la question de
la langue), c’est-à-dire qu’il faut se mettre d’accord sur quel standard linguistique utilisé avant de se
mettre d’accord sur le projet politique. Un débat fait rage : ressuscitons-nous le latin ? l’Eglise et les
états pontificaux s’opposent catégoriquement, on renonce donc à cette idée face à un nouveau
risque de guerre. Faut-il alors retourner à l’italien de la renaissance italienne ? Malheureusement, cet
italien est fort concentré uniquement autour de la toscane et de florence. De plus, c’est un italien
vieux de 4 siècles, très difficile à réintégrer, avec des mots actuels inexistants à l’époque.

I promessi sposi, d’Alessandro Manzoni, est un grand succès éditorial de l’époque. Le livre promeut
un nouvel italien à travers le roman. Mais il y a une nécessité de trouver l’italien le plus proche
possible à aux différents dialectes parlé partout en Italie afin d’être compris de tous. On met donc au
point un nouvel italien « moyen » (facilement accessible aux toscans et aux romains, mais plus
difficile pour les napolitains, siciliens et milanais). Problème, en 1861, seul 2,5% de la population
parle cet italien. C’est donc un phénomène de diglossie qui touche l’Italie, c’est-à-dire que l’on parle
la même langue mais avec des standards parfois forts éloignés.

Citation apographe de Massimo d'Azeglio : «Abbiamo fatto l'italia ora dobbiamo fare gli
italiani » (Nous avons fait l’Italie, il nous reste à faire les italiens)

Un autre fait marquant lors de l’apparition du royaume unifié d’Italie, c’est l’absence totale de
statistiques (même sur le nombre d’italiens, sur les locuteurs etc.). Les premières statistiques
apparaissent après seulement 4 ans, et elles sont terribles pour l’Italie. Le pays y apparait à ce
moment comme le plus arriéré des pays européens : avec un taux incroyable d’analphabétisme, 80%.
Se développe alors une prise de conscience de l’analphabétisme comme cause du sous-
développement intellectuel, mais également militaire, du pays.
D’ailleurs, une majorité des italiens n’adhèrent pas au projet de l’Italie réunie à cette époque. On
installe un vote censitaire très limité (aux élites urbaines et bourgeoises), ce qui engendre un
problème de légitimé et de popularité pour une grande partie de la population. On mène la guerre au
pape, alors que pourtant les italiens sont majoritairement catholiques. La réponse du pape est
cinglante, à travers la publication par un syllabus des erreurs représentées par l’Etat italien. On
constate donc qui si l’on veut conserver ce royaume d’Italie, il y a urgence à scolariser et éduquer la
population, on instaure la scolarité obligatoire. Mais ce processus sera long et difficile, et mettra des
années avant de commencer à porter ces fruits (en 1900 encore, seul 50% des enfants sont
scolarisés), notamment grâce à la frange émigrée italienne dans le reste de l’Europe et en Amérique.

En France, en 1848, on assiste à une remise du suffrage universel à l’agenda. Le peuple alors inculte,
analphabète vote pour le retour de l’Empire et de Napoléon III au pouvoir. Ce dernier créera alors
une autocratie plébiscitaire, le Second Empire, de 1850 à 1870.

A cette époque, la France comme la Belgique sont dans la moyenne des pays européens quant à
l’alphabétisation: ni dans les meilleurs élèves (comme la Suède ou la Prusse) ni dans les pires (comme
l’Italie ou la Russie tsariste), c’est-à-dire que 40 à 50% de leur population est alphabétisée. En effet, à
la suite du Rapport Grégoire, aucune mesure concrète d’éducation publique n’est instaurée jusqu’à
Jules Ferry, et 60 à 70 années après ce même rapport, des cours à l’école sont toujours donnés dans
des patois régionaux.

Cette négligence sera comme pour l’Italie synonyme de sous-développement. Résultat, le Second
Empire va disparaître. La Commune de Paris verra le jours, puis la 3ème République, qui tiendra
jusqu’à la 2ème Guerre Mondiale.

Comme la France a négligé la construction d’une école publique, gratuite et obligatoire, la 3ème
République en fera une priorité absolue, ce qui lui vaudra le surnom de « république des
instructeurs ». On construit alors massivement des écoles, et l’école publique devient institution de
prestige.

Ernest Renan, écrivain français, posera lui aussi la question de « qu’est-ce qu’une nation ? » Pour lui,
une nation c’est un plébiscite de tous les jours, c’est-à-dire que l’appartenance à la nation n’est pas
un fait mais est un choix.

La 3ème République va réussir à faire ce qui n’avait pas été totalement achevé jusqu’ici, c’est à dire
éradiquer les patois. Mais comment est-ce possible ? Deux raisons principale peuvent être évoquées.

En premier lieu, l’apprentissage du français par l’école par la répression des patois, s’apparentant
pour certains à un génocide culturel. Citons par exemple l’utilisation du «signal », sorte de
stratagème de dénonciation sociale généralisée, sous forme de boîte désignant l’élève qui allait être
puni, à savoir le dernier enfant à s’être exprimé dans un patois. Les nationalistes se battent pour la
langue du peuple face à la langue des élites, pas vrai. Imposition d’un standard parfois difficile car
éloigné des réalités linguistiques territoriales., obligation de passage par la répression.

En second lieu, il importe également de souligner que l’ école républicaine était objectivement un
ascenseur social, et beaucoup y voyaient une possibilité de sortir de la pauvreté rurale et agricole par
l’apprentissage de la langue française. On assiste alors à un important exode rural, particulièrement
massif en Ariège. L’école permet de devenir instituteur, cheminot, postier, fonctionnaire pour l’Etat,
et pousse donc à une urbanisation et une adoption de la langue française. Il y a là par exemple une
différence significative avec l’Espagne, où les principaux centres économiques sont Barcelone et
Bilbao, et donc les régionalistes ne ressentent pas la nécessité de partir et d’apprendre une autre
langue que le catalan ou le basque.

On vient de le voir donc, l’école devient un modèle attractif, facteur d’ascension sociale, mais
également un facteur de politique linguistique important.

Prenons l’exemple de la Hongrie . L’Empire des Habsbourg, divisés en 2 royaumes en 1868 (le
royaume de Hongrie d’une part, celui d’Autriche de l’autre). En Hongrie, la magyarisation a servi de
sédiment, de base au rassemblement et à l’unité nationale. En Europe en 1900, moins de 1% de la
population qui finit ses secondaires. Terminer le secondaire revient donc à faire partie de « l’élite de
la nation ». En Hongrie, les écoles secondaires qui enseignent dans des langues minoritaires posent
problème, car de là nait un refus de la suprématie hongroise. En réaction, on assiste à la fermeture
d’écoles slovaques, considérées comme « foyers de nationalisme ».

Mais, dans la partie autrichienne, la réalité est toute autre, à savoir que le mouvement national
tchèque est très puissant. Cela s’explique par une politique linguistique différente. La langue
majoritaire dans la région est de loin l’allemand, mais l’Autriche ne peut se revendiquer comme
royaume allemand, par risque sinon de se faire envahir.

Le va pays prendre alors une décision assez singulière, qui en fait le seul espace européen à l’époque
qui permet la cohabitation pacifique de plusieurs langues (allemand, tchèque, slovaque, ruthène…).
L’enseignement se fait en plusieurs langues, basé sur la demande. Les mouvements nationalistes
comprennent bien vite l’enjeu derrière et tentent de récupérer la cause en politisant la question du
bilinguisme, présentée comme une trahison à sa culture, une pathologie. Apparait alors un refus des
identités multiples (sur le plan biologique comme culturel). La génération des écoles tchèques va
permettre la formation de bataillons idéologiques pour les mouvements nationalistes tchèques.

La théorie du « petit séminaire » :

Un point commun aux basques, aux flamands et aux tchèques est le sentiment de discrimination du
fait de maîtriser une langue qui n’est pas celle de l’administration. Mais en réalité, la plupart du
temps, ce n’est pas un désavantage, car la grande majorité des élites bourgeoises intellectuelles
s’insurgeant face à un tel résultat maitrisent parfaitement la langue officielle également.

Les petites et moyennes bourgeoisies font souvent le choix des langues minoritaires, car il existe une
volonté d’appropriation des institutions de pouvoir, de par leur situation de privilégiés si une
acceptation de leur langue comme langue officielle venait à voir le jour.

Le terme de petit séminaire vient d’une époque où certains faisaient le choix de l’apprentissage et de
la scolarité en latin, car celui-ci s’accompagnait souvent d’un apprentissage en langue régionale. Ce
choix intervenait, bien que la plupart n’ait pas de volonté de devenir prêtre, mais la perspective
d’une maîtrise de plusieurs langues était perçue comme un avantage significatif.

F. Langues anciennes, élites nouvelles :

Dans plusieurs pays, le choix du standard linguistique devient le point central politique national et
identitaire. C’est notamment le cas en Grèce, en Norvège ou pour les juifs à travers toute l’Europe.

L’invention du grec moderne :

Andamantios Koraïs (1748-1833) est le fils d’un marchand de soie, né grec sous l’empire Ottoman. Il
est un passionné de langues, il en parle cinq : le grec, le latin, l’allemand, le français et l’anglais. Il
étudiera la médecine en France. Témoin à Paris de la révolution française dont il est fasciné, Il
développe le projet de communiquer la pensée révolutionnaire aux grecs, à travers la langue
comme outil démocratique pour réveiller la modernité politique du pays. Ceci dit, il est difficile de
traduire cette modernité dans le grec de l’époque car la langue n’est pas assez riche, elle manque de
mots.

Pour arriver à ses fins, il lui faut donc moderniser le grec et produire un nouveau vocabulaire. Son
objectif est de purifier, de purger le grec des influences étrangères byzantines et ottomanes. Il est le
fondateur de la  (“katharévousa”), mot qui se traduit par “purifier”. Pour Koraïs,
purifier le grec permettrait de moderniser la Grèce et la libérer de l’église orthodoxe. Mais, très vite,
on reprochera à cette langue d’être trop artificielle et éloignée du grec parlé par la population.

En réaction va naître la  (dhimotiki), langue littéraire du XIXème siècle, plus proche de la
langue parlée (koïnè d’Athènes), elle sera la langue de la « gauche » défendue par les classes
populaires. Criminalisée, présentée comme la langue des communistes, elle sera interdite sous la
dictature des colonels. Elle finira cependant par devenir la langue officielle du pays, toujours
aujourd’hui.

Pendant des siècles, l’hébreu a été une langue morte. C’était uniquement la langue du temple,
maitrisée par le rabbin, à laquelle on ne pouvait pas toucher, c’est-à-dire une langue sainte. Mais son
alphabet en revanche était utilisé écrire un dialecte allemand, le yiddish. Les juifs ashkénazes, c’est à
dire les juifs du centre et du nord de l’Europe, parlaient majoritairement le yiddish. Les juifs
sépharades, que l’on trouvait en nombre autour du bassin méditerranéen, parlaient le ladino (une
sorte d’espagnol différencié) ou alors dans quelques cas, une sorte de spécialisation judéo-arabe de
celui-ci. Ceci-dit, on retrouvait également dans plusieurs pays d’Europe des juifs assimilés, parlant
exclusivement la langue de ces dits pays (l’allemand, le français, l’arabe…).

Face aux tensions et aux pogroms auxquels font face de nombreux juifs en Russie, on observe un
exode massif des juifs de l’est vers l’empire austro-hongrois, notamment à Vienne. Les réactions
antisémites augmentent dans toute l’Europe. Certains intellectuels juifs bien assimilés, comme
Théodore Herzl ( qui était un bourgeois libéral viennois germanophone), perçoivent cette arrivée
massive comme un danger, car ils ont peur d’être assimilés à ces juifs néo arrivants. L’affaire Dreyfus,
qui fera grand bruit à l’époque, inquiétera Herzl d’autant plus. Il y a un réel problème
d’antisémitisme grandissant auquel il faut pallier, considère l’intellectuel, il faut donc créer un état
territorial juif, où ces derniers puissent vivre en paix, formant un seul et unique peuple juif. Théodore
Herzl considère cependant que l’on ne peut pas compter sur les juifs français pour créer cet état, car
ils considèrent leur identité première comme française (cf Dreyfus).

Il y a donc un problème de territoire oui, mais aussi un problème de langue. Quelle langue utiliser
pour réunir tous les juifs ?

Non pas l’hébreu car trop difficile à parler pour l’ensemble des juifs. Herzl suggère alors que l’on
adopte des langues des pays desquels viennent les gens, mais surtout pas le yiddish, qu’il considère
comme un jargon dégénéré. Il propose donc un fédéralisme linguistique mais avec la conviction
profonde que l’allemand finira par s’imposer sur les autres langues, car c’est une langue supérieure.

Eliezer Ben Yehuda : Né dans l’empire tsariste, en Biélorussie, il se construit en rupture avec son
milieu d’origine (russe juif orthodoxe). Il milite notamment avec les socialistes et révolutionnaires
russes, mais se heurte à des rejets antisémites dans ces mêmes mouvements. Il part alors à Paris
pour étudier la médecine. Fasciné par la modernité politique française, il veut créer un état national
juif également.

Mais il n’imagine pas cette réunion du peuple juif se faire sur base de la langue allemande, il souhaite
que cette réunion ait lieu sur la base d’une nouvelle langue nationale, basée sur l’hébreu. Mais il faut
pour cela moderniser l’hébreu, limité alors au champ religieux, et dont nombre de mots de la vie
quotidienne de l’époque sont tout simplement inexistants.

Il faut donc le faire évoluer vers un hébreu avec lequel on peut discuter de tout. En ce sens, Ben
Yehuda va créer un lexique hébreu. Sa femme, qu’il a rencontrée à Paris, est également provenant de
la Russie tsariste. Ensemble, ils arrivent à la conclusion qu’il faut réhabiliter l’hébreu à Jérusalem, où
ils vont s’installer. Dans la volonté de développement de leur idée, ils vont tenter de faire en sorte
que leur enfant parle exclusivement l’hébreu. Ils vont aussi changer de nom (d’origine allemande
vers un nom à consonance hébreu).

Jérusalem enclavée à l’époque dans l’empire ottoman, est une ville à majorité orthodoxe. Il y a donc
nécessité de s’assimiler à la culture. Ben Yehuda décide de lancer la publication d’un quotidien en
hébreu, contenant un lexique de nouveaux mots. Une réaction de rejet total de la communauté
religieuse va se faire connaitre face à cette initiative. Les rabbins vont le dénoncer Ben Yehuda au
sultan pour appel à la révolution. Il sera dans un premier temps emprisonné, avant d’être libéré
grâce à l’intervention des Rothschild.

Un jour, la légende veut que leur enfant s’interpose entre une dispute de ses parents, en exprimant
de ce fait son premier mot : en hébreu ! C’est pour Ben Yehuda la « renaissance de l’hébreu ». Ce
dernier sera néanmoins présenté comme un affabulateur par ce que nous démontre l’historiographie
de l’hébreu.

Eliezer Zamenhof : est le créateur de l’esperanto. Né dans l’ancienne Pologne, il s’érige contre
l’affirmation d’appartenance identitaire au travers la langue. Pour lui, la langue que l’on parle ne
nous définit pas. Il faut alors créer une langue unique permettant à tout le monde de communiquer,
mais qui ne soit la langue maternelle de personne.

Zamenhof et ben Yehuda ont des idées très différentes, mais dans un même temps pas tellement
éloignées. L’un comme l’autre s’inscrivent dans une logique de néologisme.

L’idée de Herzl à propos de la langue ne fonctionne pas comme il l’aurait espéré. En effet, des écoles
en langue allemande ont été installées dans la région, dans ce qui est un point géopolitique et
territorial intéressant pour l’Allemagne. Mais, dans le même temps, des politiques françaises de
promotion culturelle du français dans la région du levant sont également mises en place, avec
l’installation d’écoles en langue française dans la même région. Apparait alors un conflit, une guerre
scolaire en Palestine avant la première guerre mondiale. L’arrivée cette dernière transforme la
guerre pour l’école en guerre civile. Force est de constater que l’harmonie entre les langues
cohabitant imaginée par Herzl ne porte pas ses fruits. On adopte alors le projet de Ben Yehuda, c’est-
à-dire l’idée d’une langue commune afin d’éviter de s’entretuer. Quand la Palestine passe sous
mandat britannique après la WW1, 3 langues nationales sont reconnues: l’arabe, l’hébreu et
l’anglais. Pourtant, pendant de nombreuses années, plusieurs autres langues continuent à coexister
dans le cadre familial.

En Norvège, on observe 2 standards linguistiques alternatifs, cohabitant toujours aujourd’hui. Elles


font toutes les 2 partie de la famille linguistique scandinave de proximité, avec des variantes plus ou
moins forte. Norvège faisait partie de 1380 à 1814 au royaume du Danemark. En 1814, la partie nord
de ce royaume est attribué au royaume de Suède.

Bokmål – Riksmål : même standard = standard du livre et de l’administration. Pas de problème car le
royaume de Suède est un territoire multi linguiste. Affirmation de ce standard et de divers dialectes.
En 1905, indépendance de la Norvège. Nécessité d’une langue nationale, qui ne sera pas le Bokmal.
Nynorsk – Landesmål : Ivar Aasen: assemblage artificiel des langues côtières.

Abouti sur 2 langues officielles (85% Bokmål, 15% Nynorsk). Chaque municipalité choisit par
référendum sa langue officielle, l’autre étant enseignée en seconde langue. Ces 2 langues cohabitent
toujours aujourd’hui.

G. La souveraineté linguistique :

On voit donc l’enjeu politique qui se forme autour de l’affirmation de la langue en relation avec le
concept de nation. Se pose alors la question de la souveraineté de la langue.

C’est-à-dire : A quel Etat appartient la langue?

Le modèle d’impérialisme linguistique et la servilité des populations subalternes (en Belgique


francophone par exemple):

L’Académie Française : apparue pendant l’Ancien Régime, sous Louis XIV. Renoncement pour les
belgess, les suisses et les québécois de leur souveraineté linguistique.

Exemple :

- Le moldave : qu’est ce qui permet de décrire ce qu’est une langue et ce qu’est une langue.
Moldave sous l’empire tsariste : roumain écrit en cyrillique. Révolution bolchévique aboutit
sur une perte de territoire pour la Russie. Grande Roumanie intègre les moldaves, qui
adoptent alors l’alphabet latin. La Roumanie s’allie à l’Allemagne nazie pendant la WW2, la
Moldavie repasse sous impulsion russe, rebasculement vers l’alphabet cyrillique après.
Rajout d’une région russophone au pays. Séparation de l’URSS est problématique pour ces
mêmes russophones, car risque de retour à une Grande Roumanie. Mais la majorité des
moldaves parlent le roumains mais lisent le russe. Crée des problèmes encore aujourd’hui

- Kossovo et Albanie. Beaucoup d’albanophones vivent en dehors du pays, en Yougoslavie, et


particulièrement au Kosovo (en Serbie) ou plus de 90% de la population parle l’albanais. Peur
en Serbie d’une arrivée d’une grande Albanie. Réaction par un mouvement nationaliste serbe
en opposition aux kosovars albanophones. Conflit armé qui va aboutir sur la création d’un
protectorat indépendant au Kosovo. Mais dcp quelle langue pour le kosovo, albanais ?
Risque d’invasion albanaise problématique pour la minorité serbe de la région

- Echec du Gaelic : Revoir le podcast

Autre question également : A quelle classe sociale appartient la langue?


Le marqueur le plus sûr de distinction sociale reste aujourd’hui celui de la langue, par l’écrit, l’accent.
La question de l’accent ne joue pas le même rôle partout. Au Royaume-Uni celui-ci joue un rôle très
important, marqueur d’entre-soi des élites. Se retrouve également dans la distinction entre le
castillan et les autres langues avec lesquelles elle cohabite (Habla cristiano, habla castillano; No
ladres, Habla el idioma del Imperio). Aux Pays-Bas avant, existence d’un standard « civilisé » qui se
distingue des autres.

Comment alors démocratiser la langue, afin qu’une majorité de la population ne soit pas
discriminée ?

H. Les langues après l’Etat Nation :

La question de la gouvernance de la langue

Une gouvernance démocratique, une souveraineté partagée?

Exemple de l’article du Monde, qui critique l’inefficacité de la langue française à l’écrit, soumise à
l’Académie française.

La Rechtschreibreform : podcast

Eglise catholique vs église orthodoxe : traduction des livres saints pour les orthodoxes (gothique,
copte, arménien, géorgien, vieux slavon), pas pour les catholiques. Croisades, violences en premier
lieu vers les orthodoxes ? impérialisme alphabétique

Souvent en Europe, situatution de triangulation : polonais, russe, ukrainien : avantager ce qui sert les
intérêts, résultat : aller-retours dans la langue, entre le cyrillique et l’alphabet latin notamment.

Conclusion : Après la Rév. Française, question du monolinguisme devient la base du projet politique
national. L’idée de la libération des peuples rejoint l’idée de l’agenda mono-linguistique. Si l’on quitte
les limitations du patois, on s’ouvre à une plus grande liberté, à travers la mobilité sociale et
géographique. Ça ne marche pas partout, agenda de la deuxième partie du cours.

La langue de l’école, un choix ?

Exemple de l’Autriche et de la loi impériale autrichienne de 1869, qui va faire progresser le


nationalisme tchèque.

Réunification de la Belgique sur la base du libre choix de l’école, catholique ou laïque, francophone
ou néerlandophone (niederduits). WW1, activistes flamingants sous l’impulsion de l’occupant
allemand enquêtent sur la langue de la maison, face à la langue de l’école, n’est pas pour eux une
question de choix, il faut renvoyer à l’école de sa langue de maison. Loi belge de 1932, interdiction
d’ouvrir une école néerlandophone en Wallonie, une école francophone en flandre. Peur des
flamands d’une francisation de la Flandre. Pareil en Wallonie, près du Borinage, où bcp d’immigrés
flamands. Trahison ^profonde de l’état de droit libéral de la constitution de 1830.

Ukraine : voir podcast

1958 : libre choix de l’école primaire, en ukrainien ou en russe. Malgré ce droit, une majorité de
parents envoient leurs enfants tjrs en ukrainien.

Cet agenda mono-linguistique est-il toujours à l’ordre du jour ? A l’heure de la mondialisation, la


maitrise des langues appelle à un multilinguisme nécessaire, l’école doit s’adapter à ce programme
pour permettre toujours d’être l’école de l’ascension sociale de Jules Ferry. Au sein de l’UE, le choix
des langues nationales est-il toujours pertinent ? Quand on sait que certaines langues sont
extrêmement parlées mais non représentées, alors que d’autres le sont mais minoritairement
parlées. Pourquoi installer la libre circulation des personnes, mais pas celle des cultures ? On voit
aujourd’hui plus que jamais cette incohérence. Agenda du monolinguisme est un agenda
réactionnaire, socialement régressif. L’école doit redevenir un vecteur social, une base créatrice de
démocratie, et pour cela, il faut casser l’agenda politico-idéologique basé sur la doxa mono-
linguistique.

3. Partie 2 : Le gouvernement des peuples

Le temps long du gouvernement de la langue :

- École
- Assimilation

Le temps court du gouvernement des peuples :

- Déplacement (frontières/habitants)
- Diplomatie, guerre, expulsion, massacre
- « Purification », « nettoyage ethnique »

Il y a cependant une divergence chronologique, une géographique.

Chronologie (1):

- Avant 1914
- Après 1914

Géographie:

- Europe Sud-Est (Europe Ottomane)


- Europe Nord-Est (Europe tsariste et habsbourgeoise

Chronologie (2):

- Pourquoi les uns assimilent et les autres exterminent?

La lente diffusion de l’idée nationaliste (bretons par exemple) et donc des capacités de résistance

Le gouvernement des peuples intervient quand la résistance au gouvernement de la langue devient


trop forte

Programme du chapitre :

1) L’Europe post-ottomane :

Evolution géographique de l’empire ottoman dns le nouveau power point Vert clair : sous contrôle
ottoman mais avec autonomie relative. Population maximale : 35 millions d’habitants

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A.1. La Roumélie: société


La tolérance religieuse dans un Empire musulman: musulmans, chrétiens (bcp traumatisés des
croisades) et juifs (bcp d’éxilés de la russie tsariste). Autonomie confessionnelle (liberté du culte et
judiciaire, pas d’impositition de la charia aux juifs et chrétiens.) Sultan : suprême arbirte. Garant de la
loyauté (passe par le service militaire et l’imposition fiscale). Moins d’imposoition si conversion à
l’islam. Vie reglée par la religion, non par la langue. Primauté des identités confessionnelles comme
identités politiques. Cours de justice du sultan règle les problèmes interconfessionnels. Classe
dominante musulmane pas tellement visible, haut postes accèssibles aux juifs et chrétiens, mis à part
la cour du sultan. Célébration de la diversité ottomane, mais perçue comme orientale pour les
occidentaux jusque 1822. Orientaux vs occidentaux devient chétiens vs musulmans.

Société multiculturelle ou apartheid confessionnel?

Synchrétisme : mélange des religions, par l’appropriation de certains points d’autres cultures et
religions

Exogamie : mariage de diff. Religions, adoption de la religion de l’homme par la femme.

Mais également diversité linguistique et socio-professionnelle.

Alliance poltique et religieuse entre le sultan et le patriarche. Apparait avc Koraïs cette idée que le
patriarche n’est pas un grec, c’est un turc chrétien, un traître. La révolution grècque entraîne une
rupture avc le patriarche. Apparition d’un église propre, les églises autocéphales, sous le patriarchat
œcuménique. Rupture profonde de l’église orthodoxe. Voir podcast

A.2 La roumélie : géopolitique

Tout au long du XIX ème siècle, l’empire ottoman était considéré comme l’homme malade de
l’Europe. Réaction de la Russie, volonté de conquête afin d’avoir accès à la mer noire et mer
méditerrannée. Tsar se présente en défenseur des slaves (minoritaires dns plusieurs royaumes :
royaume de prusse, empire des habsbourg, empire ottoman). Réaction de certains slaves (pas de
tous) : panslavisme. Pour le tsar, stratégie de conquête est est stratégie de libération. Mais
également défenseur des orthodoxes (minoritaires face aux catoliques dns l’empire des habsbourgs,
face aux musulmans dns l’empire ottoman). Argument que les orthodoxes se sentiraient mieux dns
un empire orthodoxe majoritaire plutôt que comme minorités protégées dns l’empire ottoman. Plus
l’empire russe s’agrandit, plus le tsar va devoir appliquer la même poltique de tolérance et de
protection des minorités que le sultan (par exemple en crimée majoritairement musulmane) par
intêret économique principalement.

Stratégie de conquête de 2 côtés, montagnes du caucase et face occidentale de la mer noire, pour
réussir à avoir accès à la mer égée.

Alliance parfois de l’empire ottoman avec les britanniques et les français contre l’empire tsariste.
Mais également volonté des français et britanniques de défendre les minorités de l’empire ottoman
(les grecs majoritairement chrétiens orthodoxes notamment) car avantages stratégiques. Volonté
notamment des britanniques de devenir la première force impériale maritime, l’accès à la frèce
donne un accès au canal de Suez et donc aux autres colonies.

La politique levantine française (Liban, Syrie, une partie de la Turquie).

L’expansionnisme des Habsbourg (Bosnie-Herzégovine, 1878), repoussement des ottomans et


annexion de la bosnie herzégovine

Convoitises italiennes (Rhodos, 1912)


Volonté de créer des états « satélites », des points stratégiques pour les différents empires. Tout le
monde contre les ottomans sauf quand on estime que les russes avancent trop. France, Anglettre,
Piémond Sardaigne s’allient avec les ottomans contre la russie dans la guerre de crimée (1853).
Politique de repeupelement de la région par la Russie, en amenant des russes orthodoxes dans la
région. Même alliance en Bulgarie.

Emergence de nouveau pays suite à la Grèce, Roumanie, Bulgarie, Serbie. Etats satélites prennent en
autonomie et s’allient pour chasser l’empire ottoman. Partages des territores inégal, Bulgarie
gagnante. Alliance des autres pays (grece par ex.) contre la Bulgarie.

Idée de certains qu’il y a une grande distinction entre la chrétienté orientale et occidentale, le Proche
Orient démarre donc dès Belgrade. Volonté de salvation des orthodoxes par la conversion.

A.3 La question de la violence :

Reconaissance de l’indépendance de la Grèce met en péril l’ensemble des orthodoxes faisant partie
de l’empire ottoman mais pas grecs. Situation d’expulsion des classes dirigeantes musulmanes (mais
égalements des paysans) et de violence dns les pays orthodoxes qui affirment leur indépendance,
crée de nombreuses violences dans les autres états.

Médiatisation des chrétiens massacrés par les musulmans (volonté de présentation de sauvagerie)
mais de la situation inverse, où plus de 5 millions de musulmans sont explusés de ces régions
devenues orthodoxes. « Propagande sur les atrocités ». Processus similaire par les britanniques au
Congo belge.

La violence contre les chrétiens

Réelle, massive, choquante, médiatisée

Répression du nationalisme

Un alibi pour l’intervention des Grandes Puissances

La violence contre les musulmans

Les « collabos » du Sultan, la classe dirigeante?

Meurtres et expulsions massives: 5.000.000 entre 1853 et 1989 (Bulgarie: 360.000 en 1989)

Quelques rares poches: Albanie, Bosnie, Macédoine du Nord (où minorités musulmanes protégées)

La question de l’islam européen: retour après une courte absence? (1923-1960) Idée d’une
opposition entre l’Europe et le monde musulman. Idée que la présence de musulmans en Europe est
qq chose de neuf, absolument faux. 2 explications d’immigrations : économique ou politiques. Turcs
et grecs qui arrivent dans les années 60 et 70 sont en grande partie les populations qui avaient été
expulsés d’Europe plus tôt.

A.4 La question macédonienne

La Macédoine grecque :

Macédoine de fruits parce population de la macédoine tjrs extrêmement mélangée.

La Macédoine, second choix, prix de consolation. Région où les grecs sont loin d’être majoritaires

La Crète (1898)
Smyrne

Les deux guerre Balkaniques de 1912 et 1913.

Venizelos vs. Constantinos: la Grèce et la 1GM

Grèce pas prête à rentrer en guerre pr la WW1, mais minorité agissante voulant y aller. Alliés
débarquent à Thessalonique (récation de la monarchie grecque comme violation de la souveraineté
et de la neutralité du pays). Réaction de laisser les bulgares attaquer. Alliés mettent en place un
gouvernement pr remplacer la monarchiedébâcle. Blocus maritime en grèce, roi obligé de laisser
sa place et abdiquer. Venizelos prend la tête du pays. Appropriation de plusieurs terres accordées par
les alliés. Mais Velizelos tjrs mal vu par les nationalistes grecs, comme traître. Référendum sur mise
en place d’une république ou retour du roi Constantin : victoire de la monarchie. Grande campagne
de colonisation à Ankara ?

La conférence de Paix: Sèvres, août 1919 ?? Suprême humiliation pour l’empire ottoman. voir
podcast

La « Grand catastrophe », mai 1919-septembre 1922

Le Traité de Lausanne 1923 : impact profond. Redifinition de l’anatolie et de la roumélie.Message


profond aux nationalistes d’Europe. Admiration d’Hitler pour Mustafa Kemal. Leçon sur la fatigue des
britanniques et des français.

Les naufragés de 1913-1923:

- Musulmans expulsés (350.000), sauf en Thrace


- La « solution finale des slavo-macédoniens » (Traité d’Andrinople)
- L’afflux des refugiés anatoliens (1.300.000)

L’affrontement de deux régimes d’autochtonie en Macédoine grècque (Anastasia Karikasidou).


Relation conflictuelle.

- Ντόπιοι, locaux, slaves


- Grecs, immigrés anatoliens

La persécution des slavophones en Grèce (Metaxas), risque de prison, intérêt à changer de nom.

La deuxième guerre mondiale:

Octobre 1940; résistance et conquête

Occupation Bulgare et collaboration

Partisans communistes (&slavophiles?)

Déportation et génocide des juifs mars-août 1943

La Guerre civile Grecque, 1946-1949 :

• 1.000.000 de déplacés internes: dépeupler les campagnes pour couper les vivres aux
partisans

• 60.000 morts

• Campagnes de bombes incendiaires par aviation américaine


• Un ennemi « slavo-communiste »

• Politique de « regroupement de villages » de la junta des colonels

• L’exil slavo-macédonien: Yougoslavie, Tchécoslovquie, URSS, Australie!!

Grèce : mythe de l’école cachée. L’école aurait été interdite sous l’empire ottoman par le sultan, ce
qui n’est absolument pas vrai. Guerre scolaire en Macédoine, à l’image de la Palestine. 2 musées sur
la révolution macédonienne, à Skopje et Thessalonique. Evidemment, visions différentes. Skopje :
vision nationaliste. Idée de l’instituteur guérillero : conquérir l’esprit des enfants de jour, ces ennemis
la nuit.

1.4.2. Helléniser Salonika (Thessalonique)

Thessalonique : 120 000 habitants : 80 000 juifs.

En 1912, Thessalonique a tout d’une grande ville orientale, asiatique, ottomane. En opposition à
l’affirmation grecque occidentale, où les grecs font partie des minorités. A cette année, la ville
devient pourtant grecque, il faut donc l’helléniser.

En 1917, une bonne partie de la ville est en cendre, la partie centrale ottomane principalement. On
va faire appel à un architecte français, Ernest Hébrard, qui fera une Thessalonique haussmannienne,
à l’image d’une ville moderne, occidentale

Ce plan d’urbanisme est bien plus ambitieux que la simple reconstruction du centre-ville brûlé, mais
un projet de reconstruction de l’ensemble de la ville. Ce projet se verra facilité par les événements
historiques qui suivront. En 1923, il y a un déplacement massif des turcs de Grèce vers la Turquie. La
2e guerre mondiale verra une déportation massive des juifs, qui ne reviendront pas pour la plupart à
Thessalonique.

Question des cimetières :

A proximité des murs d’enceinte. Cimetière ne remplissent plus de fonction dès lors qu’il n’y a
personne pour s’y recueillir. Lors de la déportation, la communauté juive à dû vendre les terres des
cimetières juifs, sur lesquelles a été construite l’université de Thessalonique. Reconnaissance de
l’histoire de ce lieu qu’extrêmement récente.

La construction des lieux de culte chrétiennes est fort récente, fin années 50/années 60. Certaines
ont été construites avec la pierre des monuments funéraires musulmans et juifs.

A Voerie, la situation est différente. Le terrain du cimetière juif récemment été échangé par la
minorité juive avec la restauration de la synagogue, et à la condition d’en faire un espace dédié à la
jeunesse.

1.4.3. Skopje, vestige ottoman?

Après les guerres balkaniques, attribuée aux serbes. La Serbie sera par la suite

Sous la Yougoslavie communiste titiste, la culture macédonienne sera défendue, ce qui amènera les
macédoniens à devenir un pays indépendant après la dislocation de la Yougoslavie, ce qui aura pour
conséquence des conflits avec les grecs.

La macédoine du nord, et plus particulièrement Skopje, est un des rares espaces de la région qui aie
maintenu une certaine culture ottomane, avec une bonne partie de la population musulmane
albanophone.

En 1963, Skopje est rasée en grosse partie à cause d’un tremblement de terre. La Yougoslavie titiste
est non-alignée pendant la seconde guerre mondiale. Se jouera alors une compétition de solidarité
internationale entre les 2 principales puissances. Un architecte japonais, Kenzo Tange, s’occupera de
la réurbanisation de la ville. Développant une architecture brutaliste, qui veut se déconstruire de
l’architecture bourgeoise du XIXè siècle, assumant la modernité du béton.

En 2014, c’est toute la pensée inverse qui est mise en place. Volonté de construire dans le kitsch et
de nationaliser une ville trop « cosmopolite ».

Il existe aujourd’hui un conflit entre la Grèce et la Macédoine autour de la fugure d’Alexandre le


Gand.

2) L’Europe post-Polono-Lithuanienne :

Union Polono-lithuanienne, 1386-1795


République aristocratique : noblesse chrétienne au pouvoir. Roi élu par ses pairs, aristocratie
représente 10% de la population. Existence d’un parlement. Système féodal mais démocratique au
sein de l’aristocratie. Règnent sur des serfs, qui n’appartiennent pas à la Szlachta. La situation des
paysans lituaniens comme polonais n’est pas très différente, sauf là où l’aristocratie est catholique
mais la paysannerie orthodoxe.

Cette aristocratie règne sur un secteur économique très important, terres riches productrices de
céréales. Mais ce modèle de monoculture finit par devenir pas très intéressant économiquement,
face à l’urbanisation de l’économie européenne. Face à l’antisémitisme du monde germanophone,
l’union polono lithuanienne va inviter l’immigration juive afin de de développer une économie
urbaine, limitant la dépendance du royaume face au reste de l’Europe.

Mais l’urbanisation des sociétés a amené à l’affranchissement d’une partie de la population en


Europe occidentale, à travers l’apparition de la bourgeoisie. En revanche, en union-lithuanienne, les
villes seront des propriétés privées, ce qui maintiendra les populations urbaines asservies à la
noblesse aristocratique.

Les populations juives deviendront les artisans, les commerçants et les intendants de l’aristocratie.
Création d’une société tertiaire, l’aristocratie d’une part, la paysannerie orthodoxe d’autre part, et
les populations juives au milieu, qui deviendront également banquières.

En 1795, c’est la dissolution de l’union polono-lithuanienne. Le Tsar russe, qui récupérera une partie
des terres, protégera dans un premier temps les populations juives dont il a besoin

Langue de culture et d’administration : polonais

L’identité politique, dans l’Union-polono-lithuanienne est la plupart du temps associée à l’identité


confessionnelle, ukrainien, polonais ne sont pas des affirmations nationales, mais plutôt des divisions
démographiques et sociales.

En 1940, l’union soviétique va annexer une partie de l‘actuelle Ukraine, alors grande république de
Pologne, sous prétexte de salvation des masses paysannes et ouvrières de l’aristocratie polonaise.
3) La Grande Guerre et la question nationale :

La première guerre mondiale va changer grandement le visage de l’Europe. Plusieurs grands empires
vont disparaitre : l’Empire austro-hongrois, l’Empire tsariste. L’Empire ottoman se verra bien réduit.
La nouvelle division de nombreuses terres posera la question des majorité et minorités dans les
nouveaux Etats. La souveraineté à travers l’Etat Nation atteint des régions dans lesquelles
l’affirmation se faisait à travers la confession auparavant. On passe d’un régime de suprême arbitre
entre différents groupes à une politique des majorités et de leur droit à disposer des minorités.

L’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’empire austro-hongrois va mener à l’assassinat de Franz


Ferdinand par un nationaliste serbe, et va amener au déclenchement de la 1 ère guerre mondiale.

La volonté de l’Allemagne de neutraliser la France dans ce conflit va la pousser à envahir la Belgique


afin d’atteindre la face nord de la France. L’urgence de cette opération pour l’Allemagne face à un
conflit qui se développe de l’autre versant de son pays face à la Russie va rendre cet affrontement
extrêmement violent (plus de 6000 belges perdront la vie). L’atrocité de la violence commise par
l’Allemagne en Belgique sera utilisée afin de convaincre le Royaume-Uni d’intervenir dans le conflit,
et ces atrocités finiront par être perçues comme propagande de guerre.

La question de la loyauté nationale va prendre une ampleur sans précédent pendant la 1 ère guerre
mondiale. Le doute de la loyauté de sa propre population marquera de nombreux pays, comme en
Italie ou en Grèce, où l’on doute d’un développement de sentiment nationaliste dans le pays. Des
centaines de milliers de civils sont déplacés en Europe afin de pouvoir redessiner des frontières, c’est
ce qu’on appelle l’ingénierie démographique.

Les ennemis souffleront souvent sur les braises du nationalisme, promettant la souveraineté de
certains peuples en cas de victoire de leur camp (divide et impera : diviser pour mieux régner), on
ouvre la boîte de Pandore du nationalisme. Tous les camps joueront à ce jeu.

Cette politique se traduira par un nombre dément de promesses de futures terres, principalement au
Moyen-Orient. Les conséquences de ces promesses prendront une tournure dramatique en Arménie,
où on voudra massivement déplacer la population, et qui aboutira sur un génocide (1 million de
personnes perdent la vie)

En Belgique, l’occupant allemand favorisera le nationalisme flamand, en séparant notamment le pays


en 2 régions.

Les 2 premières années de la guerre, l’armée britannique fonctionnait sur base volontaire, avec une
étonnante réussite

En 1917, face à des défaites sur plusieurs fronts, l’autorité des responsables militaires est mise en
cause. Le Tsar tente de prendre la main la chose, mais sans résultat. La révolution bolchévique de
1917 va renverser la donne. Le parti bolchévique a d’autres priorités que la guerre. Marx comme
Engels attendaient que la révolution prolétarienne advienne dans les pays les plus industrialisés en
premier lieu. Le Donbass, est une région massivement industrialisé (par la Belgique notamment) de la
Russie tsariste.

Brest-Litovsk, 15 décembre 1917 : Priorité de la Russie nouvellement bolchévique = sortir de la


guerre. Les ex-alliés des russes crient à la trahison. En compensation, Lénine cédera une grosse partie
du territoire russes aux grandes puissances européennes, mais principalement à l’Autriche-Hongrie
et à l’Allemagne.
Les bolcheviques réalisent le partage programmé entre les français et britanniques des territoires
promis aux pays arabes et aux sionistes, et le diffuse publiquement. Cela créera un doute au sein

A la suite de WW1, la Rhénanie sera occupée par la France et la Belgique, considérée comme
compensation. Les britanniques désapprouvent. Les français et belges vont essayer des monter les
rhénans contre l’Allemagne prussienne, et développer un mouvement indépendantiste.

4) Patries mutilées et minorités nationales dans l’Europe de Wilson

4.1) Les objectifs de guerre de Woodrow Wilson :

(Les 14 points et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes) : pas de négociations secrètes

- Une paix construite sur la généralisation de l’autodétermination et la démocratie


parlementaire
- Un système de protection des minorités géré par la Société des Nations (autonomie
culturelle, droit à la représentation du culte…)

Force est de constater l’échec de ces prétentions face à la WW2.

4.2) Les objectifs de guerre d’Adolf Hitler :

Ein Volk, Ein Staat, créer une Europe Völkisch.

4.2.1) En Allemagne :

- Les politiques de transfert des populations allemandes vers le Reich dès 1938, déplacer les
population plutôt que les frontières

- L’expulsion des populations allemandes après 1945

- Le génocide des juifs


- Le rapatriement de 8 millions de travailleurs immigrés pour faire tourner les usines

- 1948: trois États Allemands plus ethniquement homogènes que jamais

- Le Triomphe sanglant de la société nationale, 1941-1948

4.2.2) En Europe :

Une Endlösung de la question des minorités, 1918-1948

– Pologne, Tchécoslovaquie: 30 => 3%

– L’Ukraine, la Roumanie…

Auteurs qui réfléchissent à l’avenir du projet européen :

– Gottschalk (univeristaire belge) : engagé pour les ouvriers et pour les immigrés. Il
faut pouvoir garantir la sécurité des juifs en Europe après le massacre qui a eu lieu.
Ni pro, ni anti sioniste

– Janowsky : arrive aux même conclusion que Gottschalk. Il faut réfléchir à un ordre
européen avec une place pour les minorités, s’inspirant de l’empire austro-hongrois
et de l’union soviétique.

– Schechtman ; La protection des minorités à travers le traité de Versailles n’a pas


fonctionné, alors nous allons aider ces minorités à s’installer dans des espaces où ils
sont majoritaires, et ceux qui resteront ne pourront se plaindre d’être minoritaires.
Si nous ne sommes pas capables de protéger les minorités, il faut l’assumer, se
débarrasser de ce problème à travers la création d’un Etat juif, par exemple.

4.3) L’échec du système de Versailles :

4.3.1 « Versailles » réduit le nombre des individus appartenant à des minorités de 60 à 20-25 millions
(Trianon, Lausanne…)

4.3.2 La Société des Nations, garant des minorités

• Traités des minorités

• Droit de pétition

• Rôle de médiation et d’humanitaire (accords d’échange des populations)

4.3.3 Traités de minorités imposés

• Aux nouveaux États

– Pologne, Tchécoslovaquie, Royaume des Sud-Slaves

– Albanie, Pays Baltes, Irak

• Aux États agrandis

– Grèce (Thrace), Roumanie

• Aux perdants

– Autriche, Hongrie, Turquie (Traité de Sèvres), Bulgarie


4.3.4 Les partisans et adversaires :

• Les partisans du status quo:

– Les alliés

– Les États agrandis, « anti-interventionnistes »

• Les « révisionnistes », prenant comme modèle Mustapha Kemal (Atatürk)

– Allemagne

– Hongrie

– Bulgarie

– Italie (depuis 1930)

• Les « diasporiques », problème pour les juifs (qui n’ont pas d’état protecteur)

• Les abstentionnistes: USA

4.4 Grandes Patries « mutilées »

Fantasmes cartographiques : la Grèce/Macédoine et la grande Bulgarie, l’Albanie vs la Serbie, l’Italie,


l’Allemagne, la mutilation hongroise (Trianon)

La conférence de paix de Versailles : quel bilan ?

L’ordre européen mis en place après 1945 à Yalta est complètement cinique en comparaison à celui
mis en place au Traité de Versailles. Ce dernier est un texte extrêmement ambitieux.

Le traité de Versailles va créer le bureau international du Travail et va vouloir mettre en place de


nombreux droits en matière de travail (comme la journée de 8h, ou l’égalité de salaire entre hommes
et femmes). Les injustices sociales et dans le travail sont perçues comme des causes de la 1 ère guerre
mondiale.

La question des frontières :

• Un principe: le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes

• Une méthode:

– Géographes, démographes, cartographes :

Toute question géographique est un choix arbitraire. Souvent, il tend à visibiliser les majorités et à
invisibiliser les minorités. A la suite de 1919, un critère retenu pour former la nouvelle géographie
cartographique européenne sera celui des frontières naturelles (montagnes, mers, fleuves…), mais
on mettra également l’accent sur la nécessité d’états économiquement viables, et sur la nécessité
d’avoir des flux économiques entre pays stables.

– Le plébiscite au suffrage universel, hommes et femmes (Silésie, Schlesswig, Saar) :

L’expérience des plébiscites menés à la suite de 1919 démontre que loin d’apaiser sur certaines
questions, il crée du conflit.

• Des principes concurrents: la sécurité militaire; la viabilité économique


Sur la table des négociation sont avancées des hypothèses assez farfelues, comme celle du corridor
tchèque (càd l’idée d’un corridor entre l’Autriche et la Hongrie). Après 1919, il y a une nécessité de
découper l’empire austro-hongrois, on crée un état dit « slave », càd les slaves sans les polonais, les
bulgares, qui finalement seront 2 : la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.

La Tchécoslovaquie est plus favorable aux tchèques qu’aux slovaques, et cela finira par mener à la
division en 2 pays en 1994. En Tchécoslovaquie se retrouve également une minorité germanophone
(majoritaires en comparaison avec les Slovaques), les Sudète, pour lesquels sera mis en place un
traité de défense des minorités

La création de la Yougoslavie sera bénéfique pour les serbes, car il existe des minorités serbes dans la
plupart des territoires que recouvre la Yougoslavie

Quatre villes « libres » ? :

Les villes portuaires sont souvent les plus cosmopolites et les plus multilinguismes. Le statut de ces
villes va devenir compliqué à la suite de la première guerre mondiale. Le fonctionnement
plébiscitaire sera problématique pour les citadins en cas de plébiscite régional et inversement.
Quatre exemples :

- Fiume/Rijeka :

L’entrée tardive de l’Italie dans la première guerre mondiale, à des fins expansionnistes, aura pour
conséquence des négociations de territoires. L’Italie affirme défendre l’empire austro-hongrois en
échange des territoires dalmates, tyrols et istriens. L’Autriche Hongrie refuse de céder Trieste, seul
accès pour elle à la mer.
L’Italie se tourne alors vers la France et la grande Bretagne, qui lui promettent de bonnes parties
territoriales à l’exception de Fiume (Rijeka). Les grandes pertes de l’Italie pendant la guerre
pousseront le pays à quémander Fiume à la conférence de Paix de 1919. La délégation italienne
reviendra pourtant bredouille. Gabriele d’Annunzio, poète proto-fasciste italien, mobilisera une
armée pour s’emparer de Fiume. Il s’en emparera et créera une l’état libre de Fiume, sorte de ville
état libertaire. L’Italie bombardera en 2020 la ville, obligeant d’Annunzio de partir. La ville sera
indépendante et sous la protection de la société de Nations (SDN) jusque 1924, où la ville sera
annexée en 1924 par l’Italie, avant de devenir en 1945 Yougoslave.

- Smyrne :

A la suite de la première Guerre mondiale, Venizélos (1 er ministre grec) obtient Smyrne comme ville
grecque. Cependant, il est perçu par les royalistes comme un ennemi. Au final, on décide qu’un
plébiscite décidera de l’avenir de la ville, mais on place l’armée grecque pour stabiliser la situation.
Résultat, un massacre des populations musulmanes. Les élections qui auront lieu en Grèce
ramèneront la monarchie au pouvoir, à travers Constantin. Ce dernier, qui voudra coloniser Smyrne,
ne dispose pas du soutien des britanniques comme Venizélos, ce qui permettra à Mustapha Kemal de
récupèrera Smyrne.

- Memel/Klaipeda et Danzig/Gdansk:

La Pologne et la Lituanie, comme créées après 1919 n’ont pas d’accès à la mer. Memel constitue le
seul port par lequel la Lituanie pourrait avoir accès à la mer. Memel pourtant est une ville
germanophone. Elle deviendra un territoire sous protection française de 1920 à 1923, afin que la
Lituanie ait un accès à la mer. A la suite du départ des troupes françaises en 1923, les lituaniens
envahiront Memel afin d’accéder à la mer. Hitler, dans la volonté de faire comme Mustapha Kemal,
mettra la pression à la Lituanie, menaçant d’envahir le pays s’ils refusent de leur céder Memel. Les
Lituaniens finissent par céder la ville. On développe le palimpseste urbain, càd l’effacement des
cultures anciennes.

La Pologne n’a également pas d’accès à la mer, elle a donc besoin de Danzig, Gdansk. On va alors
séparer l’état allemand en 2 afin de créer un corridor pour que la Pologne ait un accès à la mer. Cette
question rejoint celle des kachoubes. Au final, Gdansk devient une ville libre sous l’égide de la Société
des Nations. Pourtant c’est une ville composée à 98% d’allemands. Ce corridor sera une des causes
principales de déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

4.5 Question de l’Irredenta :

Irredenta est l’idée de la libération des peuples qui se sont retrouvés en dehors des frontières
assignées à leur populations., nos frères sont opprimés de l’autre côté de la frontière. Cette idée
prendre beaucoup de place en Hongrie, qui développera un ministère sur la question, puis en
Allemagne également.

Das Auslandsdeutschtum (la grande Allemagne):

Hitler critique Bismarck, car il n’a pas réussi pleinement à mettre en place l’idée d’une grande
Allemagne. Pour y arriver, il faut un homme fort, un führer, Hitler se présente en tant que tel. Il
développe une propagande autour de l’idée de ramener les minorités allemandes des pays voisins
dans la grande Allemagne. Hitler pose un ultimatum à la Société des Nations, si elle ne met pas en
place une réelle défense des minorités. L’Allemagne finit donc par sortir de la Société des Nations.
Une majorité d’Autrichiens votent pour un rattachement à l’Allemagne, dans une référendum, cet
évènement va servir à Hitler comme légitimation à la création d’une grande Allemagne. L’Allemagne
nazie ayant obtenu l’Autriche de manière plus ou moins pacifique, il va s’en sentir renforcé et tenter
de faire de même avec les minorités allemandes en Tchécoslovaquie.

A Munich, en 1938, Hitler réunit Chamberlain, Mussolini et Daladier. Il arrive à convaincre ses
interlocuteurs que la Tchécoslovaquie créée en 1919 est une erreur. Trop grande, elle est une cause
de l’instabilité européenne. Une bonne partie de la Tchécoslovaquie va devenir allemande.

Cette réunion va donner l’impression à Hitler que 2 grandes puissances étaient prêtes à tout pour
éviter la guerre, démontrant leur faiblesse, et va pousser à les nazis à poursuivre leur politique
d’expansion territoriale. Certains arguent que si ces grandes puissances avaient été plus fermes sur la
question tchécoslovaque, les ardeurs de guerre d’Hitler auraient été revues à la baisse.

Poméranie et Galicie, septembre 1939 (Mourir pour Danzig?) Marcel Déat

Quand Hitler attaque la Pologne en 1939, Hitler évite de répéter l’erreur de l’offensive belge de 1914,
il assure ses arrières en signant un pacte de non-agression avec Staline. Ce pacte s’accompagne d’une
annexe secrète, de division de territoires européens entre URSS et Allemagne nazie.

3.4. Nations diasporiques :

Les Juifs : confession ou nationalité ?

Le traité des minorités de 1919 s’est fait au désavantage d’une minorité, qui se considère également
comme un peuple, les juifs.

Otto Bauer, idée d’une souveraineté qui ne soit pas nationalement territorialisée. Il plaide pour le
modèle suivant :

Vous êtes citoyens de l’Etat où vous habitez, dans lequel vous avez libre circulation. Mais vous avez
également une nationalité, qui peut être autre que la citoyenneté. Il faut déconnecter territoire,
nationalité et citoyenneté. L’idée d’extraire les juifs des sociétés européennes lui semble
extravagant, surréaliste. Son idée est celle que tous les citoyens soient traités à égalité de traitement,
et qu’ils puissent choisir leur école, culte, représentation. Avant la guerre, cette idée est majoritaire
face à l’idée sioniste. C’est en ce sens que Herzl se positionne en faveur de la création d’un Etat juif
qui serait une solution face aux immigrations pauvres et massives, mais pas pour les juifs bourgeois
parfaitement intégrés.

A la fin du XIXème siècle, on v observer 3 grandes vagues de progroms. La première survint après
l’assassinat du tsar Alexandre 2 en 1881. On supputera la mort de ce dernier de la main des juifs, et
une violence massive se déchainera envers les populations juives, tous les ans lors de la période de
Pâques.

En 1905, l’empire tsariste va perdre la guerre contre le Japon, ce qui créera un énorme choc dans la
société russe, et amènera à une petite révolution qui installera plus de démocratie, à travers un
parlement notamment. A nouveau, sur base de rumeurs, une violence de masse aura lieu à
l’encontre des juifs, et une première vague d’immigration de juifs en dehors de la Russie sera
observée.

A la suite de la révolution bolchévique, de nouveaux massacres se décheront, et en grand nombre


envers les juifs.

La création d’un état ukrainien indépendant, qui ne durera pas lgtps, remplacée par la république
socialiste soviétique d’Ukraine. On reprochera à Petlioura, chef du gouvernement ukrainien avant
son annexion soviétique soutenu par les partis juifs, de ne pas avoir défendu les juifs et avoir laissé
faire les pogroms. Petlioura sera assassiné en 1926 à Paris, et le procès de son assassin deviendra une
tribune de défense des juifs face aux pogroms, et l’assassin ne sera pas condamné. Une histoire
similaire aura lieu à Berlin.

Le Bund, organisation de gauche dans la russe tsariste pour la défense des juifs.

Le Biro-Bidjan, en 1928 deviendra l’oblast yiddish (4 régions autonomes + Larindorf), càd une région
autonome juive en URSS. Parallèle intéressant à faire avec l’idée sioniste, les juifs doivent se
retrousser les manches, devenir ouvriers, soldats, paysans.

L’indifférentation nationale :

Ce phénomène correspond aux habitants qui ne se considèrent pas une nationalité arrêtée, ne se
reconnaissaient pas dans une affirmation nationaliste par groupe ethnique.

4.5)Politiques nazies, 1938-1941

Hitler va se positionner en soutien d’immigration de population allemandes hors de l’Etat allemand


vers l’Allemagne, sur base de volontariat, ce qu’il appellera le Volksdeutsche. Ce sera notamment le
cas au Sud Tyrol (Ce projet s’avérera être un échec, seul 24 000 des 185 000 personnes concernées se
déplaceront).

Hitler tentera aussi de pousser les juifs à quitter le pays, à travers la mise en place de lois restrictives
envers les juifs. Cela amènera à des négociations entre nazis et sionistes. Cette négociation aboutira
sur un accord « d’échange », sur base de récupération des biens juifs en échange d’un avoir de
dépense de produits allemands en Palestine. L’émmigration juive d’Allemagne commencera à
connaitre une déflation, en raison du refus progressif des autres pays à accueillir les juifs. Une idée
de déplacer les juifs à Madagascar voit le jour. Cette idée est abandonnée face à la complexité de la
mettre en place. Le « problème juif » ne parait pas urgent dans un premier temps, on propose par
exemple la stérilisation. Finalement, les massacres de masse se développent progressivement.

Suite ???

5) Le Triomphe sanglant de la société nationale, 1941-1948

5.1) Introduction :

La Deuxième Guerre mondiale va faire réaliser que le déplacement et le massacre massif de


personnes était plus aisé que ce que l’on pensait.

La WW2 a pratiquement réglé la question des minorités, un pays comme la Pologne, par exemple, ne
comptait plus 3% de sa population comme minorité là où elle en comptait 30% avant la guerre. Des
dizaines de millions d’européens se retrouveront dans de nouveaux états à la suite de la WW2. Le
nouvel ordre de l’après 45, décidé à Yalta et Potsdam, autorise aux nations reconfigurées de se
débarrasser des minorités embarrassantes. Un nombre massif de personnes vont se voir obligé de
reconstruire leur vie de zéro, étant massivement déplacées.

Les élections polonaises de 45 vont voir une Pologne conservatrice, paysanne s’ériger face à la
soviétisation. Les frontières polonaises vont être changées, coupées d’une part, récupérant des
territoires allemands d’autre part. La punition que subit l’Allemagne à la suite de la WW2 est encore
plus sévère qu’après la WW1. Une partie importante de la paysannerie polonaise venant des
anciennes régions polonaises comme la Galicie, vont être déplacés dans les régions nouvellement
polonaises, anciennement allemandes.

La société allemande après 1945 est une nouvelle société. Les régions qui ont été les plus nazifiées
voient disparaître les structures nazies. Cela s’explique également par la reconfiguration
démographique de ces espaces.

1.3) Nettoyage ethnique, propriété privée, droit de retour :

La confiscation massive des biens des Allemands chassés de Pologne sera justifiée par la non-
réparation de l’Allemagne des catastrophes qu’elle a causée pendant la WW1. En ce sens, le traité de
Lausanne a créé un précédent encourageant le nettoyage ethnique, ou du moins l’invisibilisant.

La restitution des biens spoliés sera la base de plusieurs conflits à vers la fin de la 2 ème guerre
mondiale jusqu’aujourd’hui, avec des réponses inégales en fonction des causes.

1.4) Un interlude exceptionnel, 1948-1968 ?

L’homogénéité des nations de l’Europe est le résultat des bains de sang de la WW2, une réalité
fantasmée.

Les années qui suivent la construction de cette homogénéité sont celles qui ont vu naitre l’Etat
providence. Est-ce que l’homogéinté de la société était une prémisse de la création de l’Etat
providence (proximité entre les individus d’une même société)

1.5) Une chronologie décalée : Trümmerjahre 1943-1948

La culture du pillage allemand lors de la WW2 a fait vivre l’Allemagne de manière prospère jusqu’à
1943. En ce sens, la fin de la WW2 n’a pas forcément été vécue pour la société allemande comme un
soulagement. Il en est de même pour l’Italie, la Roumanie et la Bulgarie.

1.6) L’effet domino du nettoyage ethnique :


Certains déplacements de populations en ont amené aux déplacements d’autres, entrainant une
sorte d’effet domino.

5.2) Jedwabne, 10 juillet 1941

2.1. Une découverte ?

- Un documentaire Polonais

- Jan Gross, Neighbours, 2001

2.2. Controverse et contrition (1600 ou 200 ?)

2.3. Une histoire polono-juive d’antisémitisme atavique ?

- Shoah de Lanzmann (film qui interviewe les paysans polonais)

- Le carmel d’Auschwitz
Kielce, les purges de 1968…

2.4. Mais où sont les allemands ?

Incitation des nazis au massacre des « judéo-bolcheviques ».

2.5. Iasi Pogrom juin 1941 (13.000 +)

Photo qui illustre l’humiliation des juifs et orthodoxes face au soldat nazi. Couper sa barbe étant
perçu comme interdit dans ces religions.

5.3) Les « survivants du génocide »

3.1. Le partage de la Pologne, Septembre 1939, Katyn et le sort des juifs :

3.2 Opération Barbarossa, Juin 1941, et l’évacuation de 450.000 juifs polonais

On estime à 350 000 le nombre de juifs polonais ayant survécu à la Shoah. Ceux-ci ont survécu pour
la plupart en se réfugiant dans la partie soviétique. Ces réfugiés seront employés pour faire
fonctionner l’administration soviétique pour beaucoup d’entre eux.

En 1940, de nombreux juifs demanderont au consulat allemand à Lviv à quitter la zone soviétique.
Heureusement pour eux, cela leur sera refusé.

3.3. Le gouvernement de Lublin et le retour des « judéo-bolchéviques » :

3.4. Kielce, Juillet 1946, et l’exode vers les camps de DP’s (camps de personnes déplacées) en
Allemagne :

La majorité des déplacés qui se retrouvent dans ces camps veulent émigrer aux Etats-Unis, pourtant
les Usa ferment leur porte à l’immigration juive, refusant les professions libérales et développant un
certain antisémitisme. Cette situation va favoriser la question sioniste. La grande Bretagne, qui
n’arrive plus vraiment à maitriser la situation en Palestine, va être poussée par les Etats Unis à se
retirer de de la région, ce qu’elle va faire.

5.4) Polonais et Ukrainiens :

Après la 2ème guerre, mondiale, la Pologne va se retrouver avec un patrimoine très allemand.
Marienburg, utilisée comme centre d’artillerie pendant la deuxième guerre mondiale, va être
complètement reconstruite. Au XIXème sièce, Marienburg était un peu un Carcassonne allemand,
reconstruction médiévale à la Walt Disney, issue de l’imaginaire romantique. Il en est de même pour
Marienburg, construite pour caractériser le romantisme et gothique allemand typique du XIXè siècle.
Les polonais s’attaquent donc à la reconstruction d’un symbole supposé représenter la germanité
éternelle

5.2.2. Destinations

Les accords signés à Postdam après la WW2 autorisent l’expulsion des population allemandes vivant
en Pologne.

Ce qui a été imposé à l’Allemagne à la suite de la 2 e guerre mondiale est bien plus sévère que ce qui a
été mis en place pendant le traité de Versailles. Un mouvement de rejet face à cette situation va voir
le jour.

L’Allemagne que l’on connait aujourd’hui comme l’Allemagne de l’est était avant l’Allemagne du
Centre. Il y a une idée que l’Allemagne de l’est de l’époque est une terre perdue, que l’on récupèrera
un jour. Cette séparation en 3 parties de l’Allemagne sera mal vécue par beaucoup, et laissera des
traces pendant de nombreuses années encore. Des manifestations auront encore lieu en 1970 par
exemple, à Bonn maintenant que s’est produit là une injustice.

Le décrèt Bénès :

La Tchécoslovaquie, découpée à la suite des accords de Munich. En cas de défaite allemande de la


guerre, la question des minorités allemandes en Tchécoslovaquie devient un problème. Le
gouvernement tchécoslovaque réclamera de se débarrasser des minorités germanophones au
gouvernement britannique, et commencera à mettre en place des expulsions massives, notamment
par la perte de la citoyenneté tchécoslovaque pour tous ceux qui ont pris la nationalité allemande ou
hongroise entre 1938 et 1945. Pour ceux n’ayant pas opté pour la nationalité allemande, on
décrètera la confiscation des biens sans indemnisation pour les personnes jugées “non-fiables”. Ce
ciblage aura pour cible les germanophones et les magyares, recensés depuis 1929 dans des
recensements publics qui avaient pour but la protection des minorités.

Konrad Adenauer et le Bund für Vertriebene:

La responsabilité allemande dans le déclenchement de la deuxième guerre mondiale est indéniable,


au contraire de la première guerre mondiale, ou l’argument peut-être éventuellement discuté. Pour
autant, les 14 millions d’expulsés allemands dans l’ensemble de l’Europe ne sont pas
individuellement responsables. On leur fera pourtant payer le prix, à travers la confiscation de leurs
bien notamment. La responsabilité de l’Etat allemand, ou plutôt des Etats allemands, sera
d’indemniser ces victimes, à travers un système d’aides sociales massif.

Ces expulsés seront économiquement assez rapidement assimilés, l’Allemagne atteignant le plein
emploi au milieu des années 1950. En Allemagne de l’Est, les associations de regroupement et de
défense seront réprimées, là où elles prendront une place très importante en Allemagne de l’Ouest,
au même titre que les syndicats. Ces associations cultiveront un folklore « expatrié », organisant de
grandes réunions réunissant des gens de toute l’Allemagne de l’Ouest. Mais l’affirmation prendra
également un aspect politique, de revendication. Ce monde « disparu », on tentera de le préserver à
travers un travail de documentation massif. Mais l’acceptation de ces populations donnera à ces
mouvements un aspect plus nostalgique que revanchard.

5.5. Mémoires Européennes :


Suite à la chute du rideau de fer, une peur apparaitra dans
toute une partie de l’europe centrale quant à un potentiel
retour de ces population allemandes dans ces régions.
Derrière la carricature ci-dessous, c’est l’idée que le
chancelier allemand est le toutou des associations de défense
des expulsés allemands (représentés ici en nazis).

Vaclav Klaus :
6) Displaced Persons, Palestine :

De nombreux juifs exilés pendant la deuxième guerre mondiale, se sont heurtés à leur retour à de
nombreuses hostilités, taxés par exemple de judéo-bolchéviques. Beaucoup de juifs se retrouveront
dans des camps de réfugiés. De nombreux juifs polonais ont la volonté de partir aux Etats-Unis, mais
ces derniers traversent une vague xénophobe et refusent l’arrivée des réfugiés juifs. Les sionistes
voient dans ces vagues de migration la démonstration de la raison de leur projet. Est mise en place
une immigration clandestine juive en Palestine, où les autorités britanniques se sentent déjà
dépassées. Cette situation va amener les Britanniques, sous la pression des Etats-Unis, à se retirer de
Palestine.

Aura lieu donc, en 1948, ce que les Israéliens nomment la guerre d’indépendance et les Palestiniens
la Nakba. 800 000 arabes de Palestine (dont 1/4 de chrétiens) devront fuir l’armée israélienne. Selon
l’historien Ilan Pappe, les sionistes avaient bien développé un projet concerté de nettoyage ethnique.
A la suite de la publication de ce livre, Pappe recevra des menaces de morts et sera forcé à l’exil en
Angleterre.

2 scénarios sionistes sont envisagés, soit celui de l’intégration des Palestiniens dans l’état juif, soit
celui du déplacement total de ces populations. Entre les 2, on n’arrivera jamais vraiment à choisir,
menant à la situation que l’on connait aujourd’hui.

Les réfugiés palestiniens au Liban ne seront pas traités de la même façon selon la confession. Les
chrétiens seront correctement accueillis, là où les musulmans pas du tout.

7) La Partition Indo-Pakistanaise :

On a tendance aujourd’hui à penser que la décolonisation britannique s’est déroulée dans de bonnes
conditions, pacifiques. En 1948, la Grande Bretagne vient de sortir d’une guerre qui s’est avérée
épuisante pour le pays. Cela dit, le retirement des Britanniques dans leurs différentes colonies
mènera à des situations assez catastrophiques. En Afrique du Sud à l’apartheid, en Palestine à la
Nakba, et en Inde à la question de la répartition démographique, entre majorité et minorités.

Les cartes démographiques démontrent bien l’enjeu de la répartition territoriale de l’Inde.


La partition donnera lieu à la création d’états qui se veulent majoritaires, entre Inde, Pakistan Est et
Ouest. Cette situation mènera à une migration de 14,5 millions de personnes, de la région où ils sont
minoritaires aux régions où ils sont majoritaires. Pourtant, la question des minorités musulmanes n’a
toujours pas été réglée aujourd’hui, les musulmans d’Inde sont aujourd’hui encore les victimes de
persécutions, au nom de la libération des Hindous.

4. Le gouvernement des suffrages (la question du passage du suffrage


restreint au suffrage universel):

1) La question du suffrage :

Dans un premier temps, la question du vote était limitée aux personnes imposées.

Pour la révolution américaine, c’est l’idée de « no taxation without representation, no representation


without taxation ». Le parlement devient l’espace d’opinion des gens qui sont considérés comme
légitimes à entre dans la discussion, les entités imposées et imposables.

Pendant les campagnes napoléoniennes émerge également l’idée de l’impôt de sang (les personnes
ayant versé du sang pour la patrie), on introduit le vote pour les vétérans de guerre.

L’idée du suffrage universel était considérée comme « dangereuse » pour la révolution française dans
un premier temps, face à un peuple considéré comme pas assez éduqué. Sous Thermidor, on
repousse la question du suffrage universel, la question de la scolarisation des masses perd son
intérêt.

Une partie de la population, sans être soumise à l’impôt est néanmoins en capacité de lecture, elle
est alphabétisée. Bien que ce soit une part marginale de la population, on décide de leur laisser le
droit de vote. C’est ce qu’on appelle le vote « capacitaire » (1830 en France, 1833 en Belgique).

A travers le XIXè siècle, c’est peu à peu de plus en plus de gens qui seront en capacité de vote, car de
plus en plus de gens sont soumis à l’impôt, effet de la révolution industrielle.

Progressivement, à travers le service militaire obligatoire, de plus en plus d’hommes va être


autorisée au vote, jusqu’à arriver au stade où pratiquement tous les hommes seront en capacité de
voter. La revendication d’accès au suffrage se fait de plus en plus forte.
La question du changement du paysage électoral en ouvrant le vote à une plus grande partie de la
population a souvent mené à une complication de cette ouverture, notamment pour le cas du droit
de vote aux femmes (considérées comme trop conservatrices) ou aux immigrés (« trop à gauche » ?).

A la fin du XIXème siècle se développent des attentes utopiques vis-à-vis du suffrage universel. De
nombreux maux qui touchent alors les sociétés européennes sont attribuées à la question de
l’exclusion du vote d’une partie importante de la population. L’espoir d’une société profondément
meilleure à travers le vote universel est grand dans une partie de groupes sociaux. Or, comme
mentionné au début du cours, le vote en lui-même n’est pas suffisant pour définir les démocraties.
L’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, la garantie de droits individuels par exemple
sont cruciales également. Ces questions soulèvent de nombreux débats encore aujourd’hui.

Le « cens » :

Le cens fait appel à différents impôts et taxes, à savoir :

- L’impôt foncier, càd l’impôt sur la propriété.


- Le droit de patente fait appel à un impôt qu’il faut payer pour pouvoir exercer certains
métiers
- L’impôt personnel, qui mesure le train de vie de tout un chacun (à travers la valeur locative
des habitations, les portes et fenêtres, les foyers, le mobilier, les domestiques, les chevaux…)

Le droit de vote étant limité à ceux en capacité de payer le cens, nombreux seront ceux qui
déclareront avoir un train de vie qui n’est pas le leur.

La Belgique :

La Belgique, quand elle prend son indépendance, est considérée comme un modèle libéral au niveau
européen. Cependant, en 1830, le droit de vote est limité à 1,1% de la population. La question de qui
fait partie ou ne fait pas partie de l’électorat sera successivement un grand enjeu de lutte entre
catholiques et libéraux, les catholiques retirant par exemple le droit de vote aux cabaretiers
(favorables aux libéraux), les libéraux aux curés non-propriétaires.

En 1883, l’installation du vote capacitaire augmentera le droit de vote à seulement 2,2%. En 1893, le
suffrage universel à vote plural sera mis en place. Le suffrage universel plural fait passer l’électorat de
137 000 personnes à 1 370 687 personnes. Cependant, une grande majorité de la population n’aura
droit qu’à une seule voix, là où certains en auront 2 ou 3.

Grande Bretagne :

Avant 1830, un peu moins de 3% de la population peut voter. Au fur et à mesure du XIXème siècle, ce
pourcentage va augmenter jusqu’à atteindre plus de ??

Italie :

En 1861, premières élections italiennes, le taux d’abstention est extrêmement élevé, la moitié
seulement des électeurs inscrits se rendant aux urnes. A nouveau, le droit de vote va s’ouvrir
progressivement, les conditions d’accès au vote étant rendues plus faciles. En 1912, le vote est
ouvert à plus de 8 millions de personnes, bien que l’on estime que plus de 70% de cette population
soit illettrée.

Allemagne & Empire Austro-Hongrois :


En Allemagne comme dans l’Empire Austro-Hongrois sont mis en place un système de collège
électoral similaire à celui du suffrage plural, avec une répartition inégale de capacité à envoyé des
électeurs au collège électoral.

La question des partis politiques (Maurice Duverger, Les partis politiques, 1951) :

L’organisation de la vie politique est bien évidemment différente à cette époque qu’aujourd’hui. Les
partis ne sont pas des partis de masse mais des partis « de notable », la relation politique est
interpersonnelle, qui se met à l’œuvre à travers la sociabilisation bourgeoise. Le paysage politique est
divisé en 2 grands pôles : Les conservateurs et les libéraux.

Les conservateurs proviennent principalement de milieux ruraux, ont une très bonne relation avec le
clergé et sont économiquement protectionnistes. Les libéraux, quant à eux, sont plutôt de
provenance urbaine, sont défavorables à l’intervention de l’église dans la santé et l’école et
défendent le marché libre-échangiste.

Le parlement est le jeu d’un art oratoire, délibérément rendu complexe.

Peu à peu apparaissent des partis affiliés à des syndicats, comme le Labour Party par exemple. C’est
le début de l’apparition des partis de masse. Les syndicats vont apparaitre comme la principale façon
d’expression politique pour les citoyens exclus du vote, à travers la grève. Cette dernière, utilisée
comme moyen de contestation sectorielle dans un premier temps, finira par devenir une arme
politique de revendication de suffrage universel. En étant membre du syndicat, on était
automatiquement membre du Labour Party.

1919, Le printemps des républiques :

Comme vu précédemment, le traité de Versailles est un traité utopique. Toute une partie du traité
contient un texte revendiquant des meilleures conditions de travail au niveau européen. La fin de la
première guerre mondiale a dû mener à concéder l’introduction du suffrage universel dans la plupart
des pays européens. Face à la peur d’une « contagion » bolchévique dans le reste de l’Europe, les
bourgeoisies européennes vont être forcées de concéder plusieurs droits sociaux, notamment le
suffrage universel.

Le passage du suffrage censitaire ou capacitaire au suffrage universel fait peur aux libéraux. Ils
craignent de disparaître. Les partis catholiques ayant des syndicats, les libéraux n’en ont pas. On
passe donc à un système proportionnel, considérée également comme système démocratique
supérieur, plus en phase avec le suffrage universel.

L’exportation du modèle de la 3ème République :

La France républicaine, perçue comme une grande gagnante de la WW1, possède des éléments
politiques qui vont beaucoup compter dans l’entre 2 guerres. Le pouvoir politique du président est
limité, le pouvoir législatif primant sur le pouvoir exécutif, avec une représentation proportionnelle.
C’est également un modèle de centralisation politique extrême, qui rejette l’idée de régions
autonomes politiquement. La représentation proportionnelle aboutit sur une forte fragmentation
politique dans de nombreux pays (Pologne par exemple). L’ensemble de ces éléments amène à une
inadéquation entre les ambitions qu’amène le suffrage universel et les moyens réels de la pratique
du pouvoir. Cette situation va amener à de nombreuses déceptions, provoquant plusieurs révolutions
en Europe.
Chronologie des sortants de ce modèle :

- Hongrie : 1919 : Bela Kun (Révolution socialiste) -> Amiral Horty (dictature)
- Italie, 1922 : Mussolini.
- Espagne : guerre civile qui mènera à Franco
- …

Force est de constater que l’utopie engendrée par le traité de Versailles en 1919 s’est avéré être un
échec, de nombreux pays ayant quitté les régimes parlementaires dans les années 30.

Le poids de la crise économique de 1929 ? :

On a tendance à surévaluer l’importance du crash de 1929 dans le développement des pays fascistes
dans l’Europe des années 30. Si cette crise a bien eu un grand impact dans l’arrivée au pouvoir des
nazis, de nombreux pays européens ont déjà basculé avant cela. Les pays qui ne sont pas des
démocraties parlementaires arrivent à se sortir de cette crise économique relativement bien. L’Italie
par exemple, est moins exposée aux investissements américains avant la crise, et sera donc moins
durement touchée.

2) Démocratie et Etat Providence :

2.1) L’Etat libéral, 1789-1940 :

La doctrine du laisser-faire, du libéralisme économique, théorisée par Adam Smith a été la doctrine
économique majoritaire jusqu’à la Révolution française. Le mécanisme d’offre et demande prévaut,
la théorie d’auto-régulation de la main invisible étant son principal argument. Il est donc attendu des
gouvernements qu’ils interviennent un minimum possible. Cette idée explique celle de la mise en
place de droits négatifs pour la déclaration universelle des droits de l’Homme, car l’état n’a pas à
intervenir dans la propriété privée. Cette théorie économique est dès le départ une économie
bourgeoise, au service des classes possédantes. La défense de la (sacro-sainte) propriété privée
devient une priorité absolue dans la plupart des Etats libéraux européens. Le débat sur la politique
économique est réduit entre ruralité et urbain, entre agriculture et industrie, entre taxe
d’importations et laisser faire total.

Un économiste irlandais défend l’idée que la théorie de la main invisible ne peut fonctionner que
dans un système politique censitaire. Les politiques de réductions d’offre impactent directement
l’emploi des classes populaires, la violence de ce système les touchent donc de plein fouet. Ainsi, si
les classes populaires accédaient au vote, la politique d’offre et de demande, de non-régulation serait
mise à mal.

Le passage au suffrage universel a pour conséquence une plus grande demande d’intervention de
l’Etat pour les questions sociales, des affirmations de revendications de droits positifs : l’accès à
l’école, aux soins de santé, un code du travail… Ces nouveaux votants, bien qu’ils pèsent moins au
niveau du vote, ont quand même un rapport de force certain. L’attente envers l’état évolue donc
d’un libéralisme prôné à un interventionnisme fort. Ceci mènera à la mise en place de l’Etat
Providence (ou Welfare State ou Stato Assistenziale), littéralement un état qui garantisse la
prospérité, la providence, le bien être collectif. La mise en place de l’Etat providence nait par la mise
en place d’un système d’assurance collectif pris en charge par l’Etat, la sécurité sociale. Cette
assurance interviendra dans les questions d’accidents de travail et de maladie, de retraite, de
chômage.

Les premières mises en place de sécurité sociale vont être mises en place en Allemagne, sous le
IIème Empire, dans le domaine des accidents de travail. La responsabilité de l’employeur dans la
sécurité de ses employés est aisée pour les grandes industries, mais plus complexe pour les petits
commerçants. On obligera donc tous les employeurs à souscrire à une assurance contre les accidents
de travail. A sa suite sera mise en place un système également d’assurance maladie, dont le coût sera
pris en charge par l’employeur comme l’employé, par imposition salariale et cotisations patronales.
Viendra ensuite la question de la retraite, qui sera mise en place de manière progressive par
secteurs.

En France, en 1928, face au manque d’années de cotisations des personnes ayant fait le service
militaire, l’Etat cotisera pour compenser. Vers la fin des années 30, le système de retraire sera plus
ou moins généralisé dans le pays.

Viendra ensuite l’étatisation, la nationalisation de secteurs stratégiques. L’Etat devient un réel acteur
économique, à travers notamment des mécanismes de planification. L’économiste Keynes s’inscrit en
faux avec la lecture économique d’Adam Smith, et pointe les incohérences de son système
économique.

Pour Keynes, le seul acteur en capacité d’investir de façon contracyclique est l’Etat. Ainsi, il faut pour
lui investir massivement en situation de crise, et inversement en situation de croissance. Pour faire
cela, l’Etat ne doit pas avoir peur s’endetter. La mise en place des politiques économiques
keynésiennes viendra avec Theodore Roosevelt, à travers le new deal.

La question de l’Etat comme gestionnaire des conflits sociaux va venir également peu à peu à l’avant
de la scène. Le modèle économique d’offre et de demande est moteur de conflictualité, de grèves,
qui ont un coût important pour l’Etat. Ce dernier va petit à petit développer un rôle de médiateur
entre les différents acteurs sociaux, à travers des réunions corporatistes par exemple. C’est la mise
en place du corporatisme d’Etat. En Belgique, l’expression de ce rôle aura lieu à travers l’indexation
automatique des salaires.

Typologie des Etats Providence :

Le système anglo-saxon, est un système d’état assistanciel, c’est-à-dire l’Etat comme dernier recours,
filet de sauvetage des personnes les plus précaires.

Le système franco-allemand/belge est un système inégalitaire, car corporatiste et donc très différent
en fonction des secteurs. Les droits sociaux y sont réparti de manière inégalitaire.

Le système scandinave est un système de redistribution à travers la fiscalité, qui vise à réduire les
inégalités sociales.

Entre les années 1945 et 1970, les inégalités sociales diminuent drastiquement, à partir des années
80, elles recommencent.

L’Etat Providence et l’Etat communiste :

Le système communiste sort du système capitaliste et décrète le plein emploi. Les prix ne sont pas
définis par la loi d’offre et de demandes, ils sont garantis et stables, même si cela peut mener à des
crises de manque. Les services gratuits sont pléthores : santé, éducation, routes, transports...

Aux origines de l’Etat providence :


En 1918, La France récupère en 1918 l’Alsace et la Lorraine. Ces régions gardent pourtant le système
de sécurité sociale et de droits sociaux allemande précédente. La France devra alors compenser dans
le reste du pays et peu à peu concéder plus de droits sociaux.

Un autre moment décisif dans le développement de l’Etat Providence est la 2 ème guerre mondiale.
William Beveridge, en 1942 estime que l’ensemble des ressources ont été mises au service de l’Etat
pour développer une économie de guerre, il faut donc passer d’un Warfare State à un Welfare State.

Le rapport entre démocratie et droits sociaux n’est pas évident. Souvent, c’est dans des états peu
démocratiques que ce sont le plus développés les droits sociaux. Force est de constater que les
démocraties parlementaires représentatives ont du mal à prendre des décisions importantes de
centralisation.

La crise économique de 1929 va avoir des résultats catastrophiques en Allemagne, avec une
fermeture massive d’usines. Cette crise favorisera l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

Un consensus européen : un ordre nouveau, 1938-1948 :

Premier consensus : 1940-41

Le fonctionnement des démocraties parlementaires est remis en question, on conteste le


parlementarisme face à l’efficacité des partis fascistes. Des discours d’admiration des régimes
fascistes apparaissent un peu partout en Europe. Le constat de la faiblesse militaires des pays
parlementaristes face aux armées allemandes nazies pose question. Le régime parlementaire libéral,
considéré comme le système politique par excellence le siècle dernier, est vu comme dépassé par
beaucoup. Des exigences de corporatisme, d’Etat fort incarné par une personnalité forte, couplé à un
antiparlementarisme apparaissent.

Deuxième consensus :1 943-46

Les défaites militaires du nazisme au fur et à mesure de la 2 ème guerre mondiale mèneront à moins
d’admiration pour les régimes fascistes. Une admiration du système soviétique apparait alors, l’URSS
étant perçu alors comme la grande force militaire. Est développée alors l’idée qu’il n’y aura pas de
libération nationale sans libération sociale, il faut la mise en place d’un Welfare State en Europe, la
mise en place de la planification économique à la façon de l’union soviétique.

2.3) L’Etat Providence à l’Est :

Les leçons de la guerre : l’antifascisme :

Nous avons vaincu le fascisme militairement, il faut maintenant le défaire politiquement. Pour
empêcher le fascisme de renaître, il faut s’attaquer à ces racines : l’incapacité des pays libéraux à
accorder des droits sociaux. Le capitalisme portant en lui la guerre, il faut se défaire du capitalisme
pour se défaire du fascisme.

La réforme agraire :

La révolution communiste aura pourtant lieu dans des pays qui ne sont pas les plus industrialisés, à
travers la réforme agraire. Les grands propriétaires terriens sont chassés dans de nombreux pays, ce
qui coïncide avec les nettoyages ethniques mis en place à la fin de la seconde guerre mondiale.

La situation sera différente en fonction des pays :

En Tchèchoslovaquie, à titre d’exemple : 95% collectivisée


En Pologne, en revanche :

- Elimination des grandes propriétés (88,3% <10ha, moyenne 4,2ha)


- Subsistance de l’exploitation privée
- Collectivisation dans les régions repeuplées
- Parti Paysan (potato throwing populists) 1993

Une modernité porteuse d’espoir :

Le régime politique d’URSS en 1945, est porteur d’espoir pour les pays nouvellement communistes.
Certains pays très faiblement industrialisés seront massivement industrialisés dans un laps de temps
extrêmement court, avec une croissance explosive. L’URSS sera aussi à la pointe dans les questions
spatiales, à la suite de la 2eme guerre mondiale. Laïka, Spoutnik mèneront à un complexe
d’infériorité pour les Etats-Unis, et la course à l’espace sera un grand enjeu de la guerre froide. Le
modèle soviétique apparait alors comme un modèle fort attrayant pour nombre de pays.

La Trabant :

A la suite de la 2ème guerre mondiale, faute d’accord sur l’avenir de l’Allemagne, les 3 zones occupées
allemandes deviennent l’Allemagne de l’Est, RDA et l’Allemagne de l’Ouest, RFA.

En Allemagne de l’Ouest, se fera le choix capitaliste du transport privé, à l’image de voitures comme
Opel. Ce ne sera pas le choix de la RDA. L’automobile va devenir une question de compétition entre
les 2 Allemagnes, ce qui amènera l’Allemagne de l’Est à produire également une voiture privative
individuelle. C’est dans ce sens que sera développée la Trabant, vouée à être utilisée comme la
voiture du travailleur simple.

Entre 1964 et 1989, un seul modèle existe, à l’inverse du modèle marketing capitaliste. Elle sera
produite à 2,8 millions d’exemplaires. Cependant, la production automobile en RDA sera très faible
en comparaison à la RFA. Posséder une automobile est donc un fait rare, non pas du fait de son prix,
mais dû au manque de production en comparaison à la demande. Pour accéder à la voiture, il faut
être dans une liste d’attente qui peut prendre de 13 à 16 années. Cette place sur la liste d’attente est
l’enjeu de certains héritages. Le marché d’occasion est donc plus cher que le marché neuf, car plus
rapide d’accès. En plus de la pénurie de voitures, on se retrouve face à une pénurie de pièces de
rechange. Se met alors en place une économie dé-monétarisée, basée sur le troc, l’échange, une
sorte de marché noir en quelque sorte.

L’un des biens de contrebande les plus en vogue dans l’Allemagne de l’Est est le magazine érotique,
notamment Playboy. Pour lutter contre cela, on mettre en place un magazine érotique soviétique. On
voit que l’économie soviétique rejette donc l’économie capitaliste, mais n’arrive pas pleinement à en
s’en séparer.

Au-delà de la simple question de l’échange économique, c’est carrément un autre modèle de société
qui se met en place. Ce modèle est fort basé sur la sociabilité et le réseau.

3. Etat Providence et intégration Européenne :

3.1 Prismes d’interprétation :

Stunde Null et l’échec de la Communauté Européenne de Défense :


Après toutes les guerres qui ont ruiné l’Europe, on décide de mettre en place une Europe fraternelle,
basée sur la coopération. Cette interprétation souvent faite est pourtant relativement erronée. Si
l’on se penche sur la Communauté Européenne de Défense, idée d’une armée européenne commune
conçue dans l’urgence, sera en partie un échec, car refusée par plusieurs pays européens. L’idée de
faire cause commune avec l’ancien ennemi allemand est encore difficile à accepter pour une bonne
partie de l’Europe.

La France, en pleine 4ème République, se trouve dans une configuration politique particulière. Un parti
communiste fort, un parti demandant le retour de De Gaulle, et tous les partis centristes condamnés
à gouverner ensemble pour faire majorité. Ce gouvernement mettre alors en échec le projet d’une
communauté européenne de défense.

Une Europe américaine :

L’Europe, reconstruite grâce à l’aide du plan Marshall. Ce dernier, considéré comme le plan
d’architecture de reconstruction de l’Europe, comme miracle qui a sauvé l’Europe. Si ce dernier a
effectivement aidé l’Europe, il faut regarder plus en détail dans quel but il a été mis en place par les
Américains. Il est en fait une extension du Land-Lease. La grande bretagne, incapable de financer son
effort de guerre, va s’endetter auprès des USA. Le gouvernement américain va payer pour les
exportations britanniques. La fin du Land-Lease sous-entend pour l’économique américaine un crash
économique sans précédent. Face à ce risque sera alors mis en place le plan Marshall. On le voit
donc, l’idée de base du plan Marshall, est d’éviter une crise économique pour les USA mais
également de rendre l’économie européenne fort dépendant de celle américaine.

La fin de la 2ème guerre mondiale marque également la fin de la colonisation, et notamment le début
parcellaire de la guerre d’Algérie. Les Etet Unis, qui se considèrent comme ancienne colonie
également, se prononce pour l’indépendance des pays colonisés également. Plusieurs de ses pays
sont pourtant intéressés par le modèle soviétique. Face au risque de contamination soviétique de ces
territoires, les USA défendront donc les pays européens dans la poursuite de leurs guerres coloniales.

La France va perdre l’ensemble de ses guerres coloniales : Madagascar, Algérie, Indochine. La France
va demander le soutien des USA pour financer l’effort de guerre en Indochine, ce que les américains
concevront à la condition de la lutte contre le communisme dans ses territoires.

La France et la Grande Bretagne sont les 2 pays à avoir bénéficié de l’aide du plan Marshall. D’autres
pays, comme en Belgique, n’auront pas cette chance, en partie car l’économie belge se porte bien
grâce au charbon. Pendant plusieurs décennies, la Belgique se repose sur ses acquis industriels, là où
d’autres pays comme les Pays-Bas devront se réinventer dans les secteurs prometteurs du futur. Il y a
donc derrière le plan Marshall des intérêts américains, et non pas seulement de la bonne volonté.

Ce qui marquera le vrai moteur de la reconstruction européenne à la suite de la WW2, ce seront les
échanges intra nationaux au niveau européen. Le résultat attendu par les américains pour le plan
Marshall aura donc juste l’effet inverse. La France, l’Italie et la Grande Bretagne, bien qu’ils pèsent
plus économiquement, importent et exportent beaucoup moins que le Benelux, qui devient un grand
acteur européen également.

Une Europe française :

Les Etats Unis avaient reconnu le gouvernement de Vichy, qui avaient condamné à mort De Gaulle.
Les Etats unis possèdent leur propre ambassade dans le gouvernement de Vichy. A la fin de la 2eme
guerre Mondiale, l’intégration européenne se fait sans la Grande Bretagne, laissant pour grande
puissance européenne la France. Toutes les institutions européennes sont dans un premier temps
imprégné du modèle politique français, hégémonique en Europe.

Zero sum game ou Rescue of the Nation State?:

Pour Allan Milward, on pourrait croire que l’intégration européenne entraine l’affaiblissement de
l’Etat Nation. Cependant, pour Milward l’ouverture de nouvelles politiques n’affai

Au début de années 1940 nait une grande crise des Etat nations, laissant comme modèle triomphant
les états autoritaires, eux aussi réduit à néant à la suite de la guerre. Se développe alors l’idée que
certaines politiques mises en place au niveau national donneraient de meilleurs résultats si elles
étaient mises en place au niveau européen. Se développe alors une Europe technocratique, qui
délaisse certaines questions qui étaient auparavant traitées au niveau national.

En un peu plus d’une centaine d’années, le pourcentage de dépenses publiques en pourcentage du


PIB est multiplié par 5, pour arriver à a peu. On constate donc

3.2 La « méthode Jean Monnet » :

Jean Monnet, déplacé par le gouvernement français aux Etats-Unis, découvre l’économie américaine.
L’analyse que fait Monnet du New Deal, le pousse à dire qu’il faut que l’on évite répéter les erreurs
de l’avant-guerre. Il faut mettre en place une planification étatique. En travaillant au commissariat du
Plan, Monnet est mis face à la difficulté de la planification économique face à la dépendance
française par rapport à l’Allemagne pour le charbon et l’acier. Il veut alors mettre en place une
autorité transfrontalière.

La méthode de Jean Monnet est donc aussi une politique d’Etat Providence. Il ne s’agit pas
réellement d’une politique d’innovation, mais une politique de sauvetage des secteurs en déclin. Il y
aussi l’idée de sortir certains blocages du plan démocratique pour les confier à des technocrates en
capacité de les résoudre.

3.3 CECA et Etat Providence :

Le secteur du charbon devient un secteur essentiel, de premier plan, crucial. C’est également un des
secteurs industriels les plus syndicalisés.

Achille Vanacker ne voit comme possibilité pour la reconstruction de la Belgique que la production
massive de charbon. Le charbon va permettre l’essor de la Belgique encore pendant plusieurs
dizaines d’années après la 2ème guerre mondiale, mais va commencer à devenir un secteur du passé à
partir des années 1955. La mission de la CECA devient assez rapidement celle de la reconversion des
régions désindustrialisées par la sortie du charbon, qui touche profondément les sociétés
européennes

3.4 La PAC et la « koulakisation » de l’Europe occidentale :

Dans les années 20, la lutte contre les agriculteurs les plus bourgeois, « les koulaks », sera un grand
projet porté par Staline. Le projet de la PAC peut être considérée comme l’idée inverse, càd sécuriser
les agriculteurs précarisés.

Pendant des décennies, le budget européen était très majoritairement consacré aux subventions
agricoles. Pourtant, la part que représente l’emploi agricole au regard des emplois européens ne
diminue que lentement. En 1955, ils représentaient 1 emploi sur 3, en 1980 1 emploi sur 10. Bien
qu’aujourd’hui ils représentent plus beaucoup, ce que cela représente dans l’historique familial est
encore fort important.
Le contient européen, jusqu’aux années 1950 est encore un contient très fortement agricole. 1
personne sur 2 travaille encore dans le secteur agricole. En une trentaine d’années, on atteint une
chute considérable. Face à l’explosivité de cette situation et au risque de crise économique
généralisée, on constate l’importance de prendre en compte la question agricole.

L’obsession alimentaire :

Pendant la 2ème guerre mondiale, il y a une obsession alimentaire, ce qui entraine un renversement
du rapport de force entre villes et campagnes, à travers le rationnement alimentaire notamment. En
Belgique, le rationnement continuera d’être mis en place jusqu’en mars 1949. Ce dernier est un
enjeu de conflit très fort. Un grand marché de contrebande très fort se développe entre la Belgique
et l’Allemagne entre 1945 et 1950, qui entrainera la mort de milliers de personnes. On constate donc
que quand on veut contrôler les prix, on ouvre la porte au marché noir. C’est en partie cela qui
ouvrira la porte au développement de la coopération européenne.

Avec la PAC se met en place une politique d’aide économique qui entrainera un surplus de
production alimentaire qui amènera à une famine en Afrique à la suite d’envoi massif de denrées
alimentaires en aide de coopération.

La hantise de la crise agraire au XXème siècle :

Le potentiel révolutionnaire de la crise agraire, observée en 1917 en Russie.

On ne peut comprendre l’arrivée du fascisme sans prendre en compte l’impact de la crise agraire en
Italie. Dans le Nord et le Centre de l’Italie, on remarque une massification de la micropropriété
agraire. A l’inverse, dans le sud, ce sont des domaines agricoles immenses qui embauchent de façon
saisonnière des agriculteurs.

Le décret Visocchi permet aux agriculteurs de s’accaparer les terres agricoles non utilisées par les
propriétaires de grands domaines. Les milices fascistes se mettront au service des grands
propriétaires terriens, à travers des violences et ratonnades massives. La loi contre l’urbanisme mis
en place par Mussolini, qui durera jusque 1961, interdira l’établissement des paysans dans les villes.
Beaucoup d’italiens deviennent des étrangers dans leur propre terre, habitants illégaux des villes.

Le partage des terres agricoles sera également un grand enjeu de la guerre civile espagnole.

La « Koulakisation » de l’Europe occidentale 2 :

Le poids politique des agriculteurs est bien plus grand que leur poids démographique. Les
dispositions électorales font en sorte qu’ils soient bien représentés.

Le récit culturel et idéologique de la société rurale, de l’idylle du terroir, conservatrice de la structure


familiale agricole ?

Conclusion :

Pourquoi l’agriculture a pris une place aussi importante en Europe ?

L’Amérique du Sud vivait une situation similaire à celle de l’Europe, elle a décidé d’ignorer et de
laisser faire.

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