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PROJET DE FIN D’ETUDES

en vue de l’obtention

du diplôme de Licence Fondamentale


En

GESTION

Sous le thème :

L’INVESTISSEMENTS DIRECT A L’ETRANG

LE CAS DES ENTREPRISES MAROCAINES

EN AFRIQUE

Préparé Par : Encadré Par :

Kamal BENALI Pr.M'barka Bouhouili

Said BEN-HAMMAN

Année Universitaire 2023-2024


Résumé :
Les entreprises marocaines ont depuis longtemps réussi à créer une place sur le marché
africain en investissant dans les marchés en croissance et en saisissant les opportunités créées
sur le continent. L'idée derrière notre projet est d'analyser comment les investissements directs
étrangers (IDE) réalisés par les entreprises marocaines en Afrique ont été un succès et ont eu
un effet positif à la fois sur les entreprises et sur le continent lui-même. Nous allons également
analyser comment ces investissements sont localisés et quels sont les facteurs qui affectent le
choix de localisation et comment cela a été le résultat d'une combinaison de business
stratégies intelligentes et des décisions sages, ainsi que d'autres facteurs qui font du continent
africain un attrait pour les IDE. La BMCE Bank of Africa est considérée comme l'une de ces
entreprises. Dans ce document, nous analysons leur stratégie commerciale et les raisons de
leur succès.

Mots clés : les investissements directs étrangers (IDE), localisation, BMCE Bank of Africa

Abstract:
Moroccan companies have long had successfully managed to make a place for themselves in
the African market by investing in growing markets and seasing the opportunities created in
the continent, the idea behind our project is to analyze how foreign direct investments (FDI)
made by Moroccan companies in Africa became a success and had a positive effect on both
the companies and the continent itself. We are also going to analyze how these investments
are localized and what are the factors that effect this process and how that was the result of a
combination of smart business strategies and wise decisions and also other factors that make
the African continent an attraction for FDIs . BMCE Bank OF Africa is considered to be one
of these companies in this paper we analyze their business strategy and why is it highly
successful.

Keywords: Foreign direct investments (FDI), Localization, BMCE Bank of Africa

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Remerciements
Avant de commencer la présentation de ce travail, nous profitons de l’occasion pour remercier
notre encadrant Pr.M'barka Bouhouili d’avoir accepté de nous encadrer pour notre projet
de fin d’études, pour ses conseils et ses dirigés du début à la fin de ce travail, ainsi que
pour son soutien, ses remarques pertinentes et son encouragement.

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Abréviation
IDE Investissements Directs Etrangers

OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques

FMI Fonds Monétaire International

BAD Banque Africaine de Développement

PIB Produit Intérieur Brut

BMCE Banque Marocaine de Commerce Extérieur

BOA Bank Of Africa

PED Pays En Développement

BDM Banque de Développement de Mali

PME Petites et Moyennes Entreprises

LCB La Congolaise de Banque

AFII Agence Française pour les Investissements Internationaux

NTCI Nouvelle Théorie du Commerce International

FM N Firme Multinationale

CNUD Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement

ONU Organisation des Nations Unies

DEPF Direction des Etudes et des Prévisions Financières

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Sommaire :
Introduction Général :…………………………………... 6

Partie 1 : Etude Théorique des Investissements Directs


Etrangers :……………………………………………….. 7

-Chapitre1 : Définition des IDE et Etude de la Politique Economique : 8

Section 1 : Définition des IDE, les mesures et les fondements d’attractivité ............ 8

Section 2 : La politique Economique des IDE et les Déterminants ……………… 24

-Chapitre2 : les Stratégies des IDE et leurs Impacts : 34

Section 1 : les Stratégies des IDE, Les Avantages et Les Inconvénients …………… 34

Section 2 : les Résultats des IDE ………………………………………………........... 42

Partie 2 : Les Investissements Directs Etrangers


Marocaines en Afrique :………………………………... 52

-Chapitre 1 : Approche d’Investissements des Entreprise Marocaine en


Afrique……………………………………………………………………… 53
Section 1 : Facteurs d’Attractivité des IDE en Afrique …………………………… 53
Section 2 : Analyse des IDE marocaine en Afrique……………………………….. 62
-Chapitre 2 : Etude de Cas « BMCE Bank Of Africa » ………………. 73
Section 1 : Présentation de Groupe…………………………………………………… 73
Section 2 : Etude de politique d’investissements de BMCE en Afrique …………… 78
Conclusion :…………………………………………… 85

Bibliographie :………………………………………… 86

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Introduction Général
Compte tenu de l’importance des investissements directs étrangers dans la détermination des
politiques économiques fondés sur une croissance saine et durable, une orientation vers la
préoccupation des PED a été constatée notamment à partir des années 1980. Les flux des IDE
sont devenus au centre de leurs moteurs de croissance.

Ces flux constituent une source de financement externe qui ne contribue pas à des charges
dont lequel les pays en développement cherchent à les stimuler. Les entrées des IDE dans un
pays ont un impact important sur la croissance du pays, sur leur capital humain, leur structure
d’exportation, l’investissement intérieur…

Au cours de la dernières décennie le Maroc a fait des investissements directs étrangers en


Afrique et il devenu parmi les premières investisseurs en Afrique. Les entreprises publiques
marocaines ont joué un rôle précurseur en Afrique, notamment dans le développement des
infrastructures socio-économiques de base. Les opérateurs privés, ayant investi au départ
essentiellement dans les secteurs de services (banques, assurances…), continuent d’étendre
leurs opérations à d’autres secteurs porteurs (immobilier, industrie, commerce et
distribution,…)

Plusieurs travaux, plusieurs théories se sont intéressées au sujet des investissements directs
étrangers et une multitude des questions ont été traité pour donner une clarification à ce sujet.

Nous essayerons, donc, dans le premier chapitre de la première partie de donner une
présentation générale au concept des IDE en mettant en évidence les différentes concepts et
typologies qui peuvent les prendre et en traitant par la suite, la politique économiques des
IDE ainsi que les déterminants et les fondements d’attractivité.Le deuxième chapitre, sera
réservé aux résultats et impact des investissements directs étrangers sur l’économie.

Dans la deuxième partie on va étudier les IDE marocaines en Afrique particulièrement,


l’approche de l’investissement des entreprises marocaines ainsi que la localisation dans
l’Afrique on va aussi traiter la présence marocaine dans le secteur bancaire africaine en
étudiant le cas de BMCE Bank of Africa, tous ça pour répondre a la question suivante :

Comment et pourquoi les entreprises marocaines ont choisit l’Afrique et qu’ils sont les
résultats de ces investissements ? Quelles sont les facteurs de la localisation des entreprises
marocaines en Afrique ? et pourquoi les entreprises marocaines se délocalisent en Afrique ?

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Partie 1 : Etude Théorique des
Investissements Directs
Etrangers

La première partie de ce projet est consacrée à l'étude de la façon dont les investissements
directs étrangers fonctionnent et à la façon dont ce concept a évolué au fil des ans. Ces
investissements ont des facteurs qui peuvent les attirer dans un pays donné et non dans un
autre que nous appelons facteurs d'attractivité. En Afrique, de nombreux travaux ont été
réalisés ces dernières années pour faire du continent un lieu d'attraction des investissements,
sans parler des mesures qui sont prises ou peuvent être prises pour améliorer l'efficacité de ces
investissements.

Les stratégies d'investissements directs étrangers varient de la Stratégie Horizontale ou de


marché à la Stratégie Verticale ou de délocalisation qui est celle utilisée principalement par
les entreprises marocaines (nous allons en parler dans la deuxième partie du projet) et ces IDE
ont eu un effet direct sur les politiques économiques des pays destinataires de ces
investissements ; la plupart de ces effets étaient positifs mais ils étaient aussi négatifs mais
ceux-ci étaient très limités et n'avaient pas beaucoup d'impact. Nous allons également
montrer les résultats de ces investissements en utilisant des exemples de certains pays qui ont
vécu cette expérience.

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❖ CHAPITRE 1 : Définition des IDE et moyens de
financement :
Pour mieux comprendre le concept d'investissements directs étrangers, nous devons d'abord
définir le mot "investissements" et les types d'investissements qui existent.

Ces investissements généralement ont un effet sur la politique économique des pays impliqués
dans ce processus à court terme ou même à long terme et nous pouvons voir cet effet dans la
façon dont certains pays s'adaptent au flux d'investissements entrant soit en adaptant les lois
économiques ou en assouplissant les restrictions sur certaines opérations et parfois en
introduisant de nouvelles lois qui aideront à tirer le meilleur parti de ces investissements

➢ Section 1 : Définition des IDE et les fondements


d’attractivité :
1- Définition et Concept :

En économie, les Investissements Directs Etrangers (IDE) renvoient à un certain nombre de


concepts, de réalités et de résultats issus de recherches qu'il convient de présenter.

A- Définition de l'investissement :

L'investissement est un grand facteur de la croissance. Le gonflement de l'investissement est


une explication fondamentale de la croissance à long terme du PNB. Il est une opération qui
consiste pour une entreprise ou pour un pays à augmenter le stock, de moyen de production
(machines, équipements de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais aussi
acquisition de connaissances et formation des hommes), avec pour perspective une production
future. Il est brut ou net, selon qu'il prend en compte ou non l'usure et l'entretien des biens
durables qui interviennent dans la production (si l'investissement brut est inférieur à cette
usure, on dit alors qu'il y a désinvestissement).

Selon le Lexique économique, quatre sens d'investissement nous sont proposés :

- Dans son sens étroit, l'investissement est synonyme de l'acquisition de bien de production en
vue de l'exploitation d'une entreprise et de dégager un niveau ou une augmentation de la
capacité de production ;

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- Dans son sens large, il est l'acquisition d'un capital en vue d'en percevoir ou d'en consommer
le revenu ;

- Pour son sens particulier et familier, il est synonyme de placement, de mise en réserve d'un
bien de consommation durable en vue de sa revente ou de sa consommation ultérieure ;

- Et enfin, sur le plan national, l'investissement constitue donc un renouvellement des


équipements et l'augmentation apportée au cours d'une période du patrimoine d'un agent.

L'investissement est également déterminé par le prix relatif des facteurs, dès lors que la
fonction de production est un des facteurs substituables. En effet, si le prix du travail
augmente par rapport au prix du facteur capital, l'entrepreneur substitue du capital au travail
c'est-à-dire investit.

L'investissement, dans tous les cas, s'oppose de la consommation immédiate c'est-à-dire à


la satisfaction des besoins par utilisation et éventuellement des biens et services. La définition
large précédente permet de considérer comme investissement : l'achat d'un logement qui est
un investissement des moyens de transport par les administrations publiques qui constituent
l'investissement collectif, l'acquisition de fonds de commerce, brevet et de licence constitue
l'investissement incorporel et enfin, les dépenses de recherches et de développement
constituent l'investissement immatériel.

De toutes ces définitions, l'élément commun est l'affectation d'une finance pour
l'acquisition de bien de production en vue de l'obtention d'un revenu pendant une période
ultérieure. Ces biens de production peuvent être matériels ou immatériels selon qu'il s'agisse
du domaine de la production industrielle ou du développement.

Les investissements ont plusieurs caractéristiques :

Il est considéré comme productif lorsque la valeur cumulée des biens et des satisfactions
obtenues est suffisamment supérieure aux coûts engendrés. Il est considéré comme
improductif, lorsqu'il concerne des biens et des services d'utilité publique (écoles, hôpitaux,
etc.).

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Il est également déterminé par le prix relatif des facteurs, dès lors que la fonction de
production est à facteurs substituables. En effet, si le prix du travail augmente par rapport au
prix du facteur capital, l'entrepreneur substitue du capital au travail c'est-à-dire investit.

Un investissement matériel concerne un bien de production. Il revient un caractère immatériel


quand il concerne les services : formation, recherche-développement, innovation, marketing,
technologies de l'information, publicité, etc., susceptibles d'apporter un développement futur.

L'aspect économique s'attache aux caractéristiques réelles de l'investissement, l'aspect


financier ne considère que sa contrepartie financière.

Ainsi, on peut distinguer :

• L'investissement public :

C'est l'ensemble des dépenses engagées par l'Etat et les collectivités locales en équipement
collectif, ce que l'on appelle aussi les infrastructures publiques. Ce sont des investissements
coûteux qui ne peuvent pas tous être supportés par le secteur privé.

Pour les économistes, les infrastructures sont plus souvent définies comme des biens collectifs
mixtes à la base de l'activité productive. Deux notions sous-tendent cette définition : celle des
biens collectifs ou des biens publics, et celle des facteurs productifs.

La notion des biens publics, définit par Samuelson (1954) et MUSGRAVE (1959) repose sur
les critères de non rivalité et de non exclusion. Un bien est qualifié de non rival si son
utilisation par un agent ne réduit pas la quantité disponible pour les autres agents. La non
rivalité s'accompagne, en fait, de l'indivisibilité d'usage, c'est-à-dire d'une consommation en
totalité de ses biens qui ne pourra être partagé entre divers utilisateurs. Les exemples
traditionnels sont ceux de la justice, de la sécurité ou d'éclairage public. La non exclusion par
le mécanisme du marché caractérise, de son côté, des biens dont aucun agent ne peut être
exclu des bénéfices. Celle-ci découle de l'impossibilité de fractionner le service entre divers
consommateurs. Ainsi, les caractéristiques intrinsèques de ces biens justifient l'intervention de
l'Etat dans leur production ou leur réglementation.

Il y a aussi une forte notion de compétitivité attachée à l'investissement public puisque en


soignant et en développant ses infrastructures collectives, un pays va se faciliter la tâche pour

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attirer des capitaux étrangers qui vont à leur tour participer au développement économique du
pays.

• L'investissement privé :

La soumission des principes du domaine privé au droit privé repose sur le caractère d'activités
privées traditionnellement reconnu à la gestion du domaine privé assimilé à une gestion
purement patrimoniale dénuée des finalités d'intérêt général. Il y a trois raisons principales
pour prendre des décisions d'investissement: -Augmentation de capacité: investissement de
capacité -Remplacer les équipements obsolètes: un investissement de remplacement appelé
"amortissement" -Augmenter la productivité: investir dans la productivité. En fait, tous les
investissements pour augmenter la capacité de production entraînent généralement une
productivité du travail plus élevée.

B -Investissement Direct Etranger :

L'investissement Direct Etranger est une activité par laquelle un investisseur résidant dans
un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans la gestion d'une entité
résidant dans un autre pays. Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement
nouvelle ou plus généralement à modifier le statut de propriété des entreprises existantes Sont
également définis comme des investissements directs étrangers d'autres types de transactions
financières entre des entreprises apparentées, notamment le réinvestissement des bénéfices de
l'entreprise ayant obtenu l'IDE, ou d'autres transferts en capital . IDE est au centre de la
problématique de développement. Il occupe désormais une place de choix dans la plupart des
pays du monde du fait de la convergence de deux préoccupations : celle des entreprises
cherchant à s'internationaliser et celle des gouvernements qui cherchent à attirer de plus en
plus de capitaux.

De plus, l'investissement direct étranger, est un secteur important de la mondialisation,


connaît actuellement un développement considérable. Son essor traduit d'une part,
l'intensification par un nombre croissant de sociétés multinationales de leurs activités à
l'échelle mondiale sous l'effet de la libéralisation de nouveaux secteurs à l'investissement et
d'autre part, l'existence d'un surplus d'épargne notamment européen en quête de meilleurs
placements continuant son expansion au 20éme siècle, l'investissement international s'est
particulièrement renforcé depuis la décennie 1990, touchant les différentes zones de la planète
mais surtout les pays développés et dans une moindre mesure les pays émergents.

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Au début des années 1980, l’OCDE a conçu que les modèles traditionnels de déclarations
statistiques ne tenaient pas compte de l’évolution de l’entreprise multinationale et de la
complexité de leur financement.

C’est pour cette raison , qu’elle a accordé en 1983 une nouvelle définition aux IDE : « toute
personne physique , toute entreprise publique ou privée , tout gouvernement, tout groupe de
personnes physiques liées entre elles, tout groupe d’entreprises ayant ou non la personnalité
morale , liées entre elles est un investisseur direct étranger s’il possède lui-même une
entreprise d’investissement direct, c’est-à-dire une filiale , une société affiliée ou une
succursale, faisant des applications dans un pays autre que le ou les pays de résidence de
l’investissement ou des investisseurs directs » .

Toutefois, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement a


affirmée en 1990 que les entreprises internationales et tous autres regroupements
économiques connaissent, une croissance sans précédent, des flux des capitaux. Cette
évolution est du à un grand mouvement de libéralisation et de mondialisation des marchés des
capitaux et au développement des marchés financiers émergents.

Ainsi, et compte tenu de ces évolutions, l’OCDE a adopté en 2008 la 4ème édition de la
Définition de référence des investissements directs internationaux dont elle a déclarée que : «
l’investissement direct est un type d’investissement transnational effectué par le résident
d’une économie (« L’investisseur direct ») afin d’établir un intérêt durable dans une entreprise
(« l’entreprise d’investissement direct ») qui est résident d’une autre économie que celle de
l’investisseur direct. L’investisseur est motivé par la volonté d’établir, avec l’entreprise, une
relation stratégique durable afin d’exercer une influence significative sur sa gestion.
L’existence « d’un intérêt durable » est établie dés lors que l’investisseur direct détient au
moins 10% des droits de vote de l’entreprise d’investissements direct ».

Cette définition met en évidence une relation de long terme et durable entre l’investisseur
direct qui a acquis directement ou indirectement 10% de droits de vote de celui d’entreprise
d’investissement direct (une société résidente d’une autre économie) et qui exerce par la suite
une influence significative sur la gestion de l’entreprise.

Une analyse menée par Gannagé (1985) a permet de définir les IDE comme étant : « un
choix fondé sur un processus de décision entre des alternatives globales accompagnées de
transfert d’un ensemble d’avantages spécifiques ».

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Donc, avant d’investir, l’investisseur est en face d’une multitude de choix et d’arbitrage.
Une fois l’avantage spécifique est prouvé qu’il est plus profitable d’investir directement dans
le pays d’accueil que d’exporter, des flux des IDE seront dégager et peuvent prendre
plusieurs formes.

C-La typologie des IDE :

-La Forme :

L’OCDE reprend fréquemment dans ses analyses une distinction selon la forme des IDE.

Pour développer un réseau de filiales à l’étranger, l’investisseur peut intervenir par :

• la création d'une filiale entièrement nouvelle. Dans ce cas, l'investissement direct se


matérialise par l’installation de nouveaux moyens de production et le recrutement de
nouveaux employés. Cet « IDE de création » est aussi connu sous le nom anglais
de Greenfield Investment ;
• l'acquisition d'une entité étrangère déjà existante. Cet IDE se matérialise par un transfert
de propriété des titres de la filiale acquise. Cette catégorie est également connue sous le
terme anglais de brownfield Investment (ce terme est cependant rarement employé dans
la pratique, alors que le terme Greenfield fait partie du vocabulaire courant des
investisseurs). Les Fusions-Acquisitions transfrontalières appartiennent à cette forme des
IDE ;
• l’accroissement des capacités de production de filiales déjà existantes par apport de
fonds : On parle d’IDE d’extension ;
• l'injection de fonds pour soutenir l’activité d’une filiale en difficultés financières : C'est
l’IDE de restructuration financière.

-Logique :

Markusen introduit une typologie des IDE fondée sur la logique qui sous-tend la décision de
créer des filiales à l’étranger. Il distingue :

• L’IDE horizontal, qui consiste à créer des filiales produisant des biens identiques. Il vise à
faciliter l’accès de l’investisseur à un marché étranger dans l'espoir de développements
futurs. Certains facteurs (obstacles tarifaires ou non aux échanges, coûts de transport)

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affectant la compétitivité des exportations, l’investisseur préfère implanter à l’étranger des
entités reproduisant, comme dans son pays d’origine, toutes les étapes du processus de
production afin de servir le marché local.
• L’IDE vertical, par lequel l’investisseur fragmente les différentes étapes de conception, de
production et de commercialisation des produits en implantant dans des pays différents
des filiales produisant des biens finis ou semi-finis différents. Il s’agit pour l’investisseur
de tirer parti des différences de coût des facteurs de production entre pays. Dans ce cas,
l’activité à l’étranger est un complément de l’activité de la maison-mère. L’IDE vertical
relève de la Délocalisation, mais il n’en constitue que l’une des modalités, aux côtés de la
sous-traitance internationale par exemple.

Toutefois, la distinction entre IDE horizontal et vertical n’est pas aussi claire dans les faits :
les firmes multinationales s’engagent souvent dans des stratégies d’intégration complexes, qui
englobent à la fois des formes d’intégration verticale dans certains pays et horizontale dans
d’autres.

-Instruments financiers :

Selon l’OCDE, les IDE peuvent être effectués sous forme de :

• Titres de participation : ils regroupent les actions ordinaires et les actions privilégiées, les
réserves, les apports au capital et les bénéfices réinvestis (ces derniers correspondant à la
fraction du résultat de la filiale non distribuée sous forme de dividende à sa maison-mère,
et réinvestie de fait dans la filiale) ;
• Titres de créance : ils regroupent les valeurs mobilières négociables telles que les
obligations (garanties ou non), les billets de trésorerie, billets à ordre, actions privilégiées
à dividende fixe et autres valeurs mobilières négociables non représentatives de capital,
Font également partie des titres de créance les prêts, dépôts, crédits commerciaux et autres
comptes clients et fournisseurs.

2- Les Fondements de L’Attractivité Des IDE :

L’internationalisation d’une entreprise peut prendre différentes formes : exportation,


implantation d’une filiale de commercialisation, possession d’une unité de production (par
création ou rachat d’une entreprise locale), vente de licence à un partenaire étranger ou accord
de sous-traitance avec un fabricant local. Le choix entre ces différents modes

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d’internationalisation est fonction de plusieurs critères : degré de maturité du produit
(VERNON, 1966 ; ETHIER et MARKUSEN, 1996 ; HUNG, 2004), coûts respectifs de la
pénétration du marché selon les différents modes (HIRSH, 1976 ; BUCKLEY et CASSON,
1981 ; LIPSEY et WEISS, 1984 ; BLONIGEN, 2001 ; MUCCHIELLI, 2001), structure du
marché (SMITH, 1987 ; HORSTMANN et MARKUSEN, 1992). Ces différentes approches et
leurs prolongements mettent l’accent sur le fait que le choix du mode d’internationalisation
résulte d’une logique microéconomique propre à chaque firme.

La décision d’implantation à l’étranger et la forme qu’elle prend, dépendent non seulement


de la stratégie de la firme, mais également des avantages du territoire d’accueil. Une telle
conceptualisation a été développée initialement dans le cadre du paradigme Oli L’avantage
spécifique ou monopolistique de la firme (DUNNING, 1988, 2001). Plus précisément,
l’entreprise décide de l’implantation d’une unité de production en fonction de quatre
déterminants principaux : la taille du marché, les coûts des facteurs de production, le nombre
d’entreprises locales et étrangères déjà présentes, les différentes politiques d’attractivité
menées par les autorités locales (MUCCHIELLI, 1998). Ainsi, le choix de l’implantation est
fonction de la combinaison des avantages de la firme et de la zone d’accueil (FERRARA et
HENRIOT, 2004).

La notion d’attractivité apparaît alors au cœur de l’analyse de la localisation des IDE. La


quête d’une plus grande compétitivité territoriale sous-entend une répartition implicite des
tâches entre entreprises multinationales et gouvernements. Les premières, à la recherche d’une
plus grande profitabilité, déterminent la localisation de leurs activités en fonction des
caractéristiques internes (coûts et conditions de production, potentiel de marché, etc.). De leur
côté, les autorités locales essayent de valoriser leur territoire afin d’attirer les investisseurs
étrangers.

Les facteurs internes à la firme permettent de répondre à la question « pourquoi une firme,
pour accéder au marché international, décide de s’implanter à l’étranger plutôt que d’exporter,
de vendre une licence à un partenaire étranger ou de signer un accord de sous-traitance avec
un fabricant local ? » En effet, la présence d’actifs intangibles spécifiques à la firme (tels que
les technologies, le savoir-faire, etc.) rend difficiles les transactions de marché en raison des
défaillances du marché de celle-ci sous-estime la valeur de l’actif tant que sa spécificité n’est
pas révélée, alors que le vendeur de licence ne veut pas révéler totalement l’actif tant que le

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contrat n’est pas signé. Dans ces conditions, la décision optimale pour la firme semble être
l’internalisation de la transaction en créant sa propre filiale de production.

Les facteurs externes permettent de répondre à la question « pourquoi une firme


multinationale choisit d’implanter une filiale dans un tel pays et non dans un autre ? » Il s’agit
plus précisément d’examiner les facteurs exogènes qui peuvent affecter la décision de
localisation de la firme. À ce niveau de l’analyse, les critères de localisation d’un IDE peuvent
être confondus avec les facteurs d’attractivités de leurs pays hôtes. Il existe un consensus
général dans la littérature sur les déterminants externes du choix de localisation des firmes
multinationales (GLOBERMAN et SHAPIRO, 1999 ; SHAPIRO et GLOBERMAN, 2001).
Les IDE sont généralement attirés par les caractéristiques économiques fondamentales des
pays d’accueil : la taille du marché et le niveau du revenu réel, le coût et le niveau de
qualification de la main-d’œuvre, la stabilité politique et économique, la libéralisation des
politiques commerciales, les mouvements de taux de change, les politiques de taxation, etc.
La qualité des institutions et infrastructures affecte également la décision de localisation des
IDE, particulièrement dans les pays en développement (BLONIGEN, 2005). En effet, le
réseau des infrastructures locales (biens publics) dépend largement du fonctionnement des
institutions nationales. De plus, une faible qualité des institutions nécessaires au bon
fonctionnement des marchés (et/ou la corruption) augmente les coûts de transaction dans le
territoire hôte. En utilisant divers indices de corruption, WEI (2000) montre que le niveau de
corruption est fortement et négativement corrélé aux IDE. Enfin, les incitations fiscales
n’influencent que faiblement le choix de localisation des firmes multinationales
(BLOMSTRÖM et KOKKO, 2003). Le recours aux incitations n’est justifiable que lorsque
les bénéfices attendus des IDE sont aussi importants que les coûts liés à ces incitations. De
plus, un des principaux effets attendus des IDE concerne les externalités technologiques .Ces
effets ne peuvent réellement avoir lieu que si les firmes locales disposent d’une capacité
d’absorption des savoirs et technologies étrangers. Focaliser l’attention sur les incitations
orientées exclusivement aux entreprises étrangères n’est pas généralement un moyen efficace
pour améliorer le bien-être national. Ainsi, afin de favoriser les effets de diffusion, il faut
simultanément promouvoir les incitations à l’investissement auprès des multinationales et
améliorer les conditions d’apprentissage et d’investissement auprès des firmes locales.

L’importance relative des différents facteurs d’attractivité permet d’identifier deux formes
d’IDE (MARKUSEN et MARKUS, 1999) : le modèle vertical basé sur les différences de
dotations factorielles et dont le principe consiste à réexporter les produits vers le pays

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d’origine de la firme multinationale, et le modèle horizontal fondé sur les motivations d’accès
au marché local. Les modèles gravitationnels ont été largement utilisés dans les travaux
empiriques sur les échanges extérieurs (voir, par exemple, FONTAGNÉ, PAJOT et
PASTEELS, 2002) et sur l’analyse de la localisation des entreprises multinationales (voir, par
exemple, GAO, 2003) pour déterminer le type d’IDE.

La spécification classique de ce type de modèle exprime les flux de commerce (ou d’IDE)
entre deux pays comme une fonction des niveaux de PIB dans chaque pays et de la distance
séparant les deux nations. Des formulations plus élargies intègrent des variables
supplémentaires comme la différence de niveaux de coûts salariaux entre les deux pays ou la
langue en tant qu’indicateur de proximité culturelle (FERRARA et HENRIOT, 2004).
L’importance relative des différentes variables permet d’identifier le type de modèle de firme
multinationale , Par exemple, le rôle joué par la taille du marché dans les deux pays plaide en
faveur du modèle horizontal alors que la différence de coûts salariaux met en avant un
investissement de type vertical ,Pour une revu Des travaux récents mettent en évidence une
nouvelle forme de l’IDE ( « modèle oblique ») selon lequel une firme multinationale procède
à un IDE dans un pays hôte qui sera considéré comme une « plateforme de production » afin
d’exporter vers un groupe de pays voisins (ECKHOLM, FORSLID et MARKUSEN, 2003 ;
BERGSTRAND et EGGER, 2004).

Ces modèles offrent l’avantage de situer la notion d’attractivité dans une problématique
relative à la localisation des activités des entreprises multinationales et d’identifier le type
d’IDE à partir des facteurs d’attractivité mis en avant. En revanche, une telle modélisation est
réductrice car elle ne peut tenir compte de toute la complexité inhérente aux décisions de
localisation des entreprises (FERRARA et HENRIOT, 2004). Le modèle gravitationnel ne
permet pas d’inclure des variables ayant trait à la fiscalité, à la qualité des infrastructures, à la
stabilité économique et politique, etc., bref aux facteurs d’attractivité ayant une dimension
qualitative. L’attractivité territoriale se construit à partir d’un ensemble complexe de facteurs
qui sont étroitement inter-liés. Par exemple, la qualité des infrastructures (réseaux de transport
et de communication) dépend directement du fonctionnement des institutions. De même, le
développement de compétences locales en termes de savoir-faire et de qualification n’est pas
sans lien avec l’existence d’un tissu d’entreprises dynamiques et d’un environnement
favorable à l’innovation.

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Dans une telle perspective, MICHALET (1999) identifie deux catégories de facteurs
d’attractivité : d’une part, les facteurs qualifiés de « fondamentaux » qui renvoient à un
certain nombre de pré-requis jugés essentiels pour un territoire (stabilité économique et
politique, taille du marché, incitations fiscales, état des infrastructures et des institutions,
disponibilité en main-d’œuvre qualifiée). D’autre part, les facteurs considérés comme
« nécessaires » qui contribuent davantage au renforcement de l’attractivité d’un territoire
(existence d’un tissu d’entreprises locales performantes, existence d’un environnement
favorable à l’innovation, politiques de privatisation et de libéralisation du marché,
considérations géographiques et culturelles, création d’organisme de promotion, adhésion à
une zone d’intégration régionale).

Selon cette approche, les gouvernements ne doivent pas se contenter de mettre en place ces
facteurs d’attractivité essentiels, sans veiller à maintenir la dynamique des réformes. Le
changement rapide du contexte économique mondial implique une évolution des exigences et
objectifs des investisseurs internationaux. Par conséquent, les politiques d’attractivité doivent
être en permanence révisées. L’attractivité peut évoluer au cours du temps à la fois du fait des
changements endogènes au territoire (hausse ou baisse des coûts, construction
d’infrastructures, etc.) et de ceux affectant les autres territoires concurrents. Ainsi,
l’attractivité d’un territoire n’est pas figée et statique, au contraire, elle est conçue dans une
perspective dynamique. Un territoire peut être jugé satisfaisant pour un type de projet donné
et peut ne l’être pas pour un autre type, il peut se montrer attractif pour une activité et moins
pour d’autres car l’importance de chaque facteur d’attractivité peut différer d’un
investissement à un autre (HATEM, 2004). De même, un territoire peut être considéré comme
attractif pour une certaine période car bénéficiant d’un avantage comparatif en termes de
dotations factorielles (disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée à faible coût). Cet avantage
peut s’éroder avec l’apparition de territoires plus compétitifs.

La concurrence entre territoires pour attirer les IDE permet certes d’améliorer les
conditions économiques d’un pays lorsque les gouvernements réalisent des efforts dans
l’amélioration de la productivité du travail, de la croissance économique, dans l’offre des
incitations fiscales, etc. Mais, cette concurrence peut être également source de problèmes
lorsque les effets des IDE en termes de création d’emploi et de diffusion technologique, par
exemple, sont en deçà des attentes (OMAN, 2000). Dans ces conditions, les bénéfices liés aux
IDE pour un territoire peuvent être insuffisants pour justifier les coûts engagés par les
autorités nationales dans la promotion du territoire en termes d’incitations fiscales par

18
exemple. D’où, l’intérêt pour un territoire d’évaluer son positionnement concurrentiel par
rapport à l’évolution de ces propres facteurs d’attractivité (le réinvestissement ou l’extension
de l’investissement existant pouvant être perçus comme des signaux d’une « bonne »
attractivité territoriale) et par rapport aux territoires concurrents (afin d’évaluer le risque de
délocalisation des activités étrangères installées dans un pays vers un pays concurrent).

3-Les Mesures des IDE :


Les données statistiques sur les IDE sont appréhendées au niveau de la balance des paiements
et de la position extérieure d’un pays. Elles sont établies selon la norme internationale fixée
par la 4e édition de la Définition de référence des investissements directs internationaux de
l’OCDE (2008), cohérente avec les concepts et définitions de la 6e édition (2009) du Manuel
de la balance des paiements du fonds monétaire international.

3-1-Principaux concepts des statistiques des IDE :

Selon l’OCDE, l’IDE « est un type d’investissement transnational effectué par le résident
d’une économie (« l’investisseur direct ») afin d’établir un intérêt durable dans une entreprise
(« l’entreprise d’investissement direct ») qui est résidente d’une autre économie que celle de
l’investisseur direct. ». Par convention, « l’existence d’un « intérêt durable » est établie dès
lors que l’investisseur direct détient au moins 10 % des droits de vote de l’entreprise
d’investissement direct ». Ce seuil de 10 % est une convention statistique et est à ce titre
discutable : dans certains cas, la détention de 10 % des droits de vote ne permet pas d’exercer
une influence sensible sur la gestion de l’entreprise, et inversement, un investisseur direct peut
détenir moins de 10 % des droits de vote tout en exerçant une influence importante sur la
gestion. Il n’en reste pas moins que l’OCDE n’autorise aucune souplesse dans l’application du
seuil de 10 %, cette stricte application étant recommandée par souci de cohérence statistique
entre les pays.

Pour l’OCDE, la notion d’IDE recouvre à la fois l’opération de prise de participation initiale
permettant d’atteindre le seuil de 10 % et toutes les opérations financières et positions
ultérieures entre l’investisseur direct et l’entreprise d’investissement direct ou entre
entreprises sœurs (sociétés sans participation directe entre elles supérieure à 10 %, mais
détenues, directement ou non, par une maison-mère commune), dotées ou non de la
personnalité morale.

Les statistiques d’IDE sont composées :

19
• Des flux financiers d’IDE qui retracent les entrées et sorties nettes d’IDE pour une
période donnée en présentant séparément les IDE sortants (acquisitions diminuées des
cessions/remboursements) et les IDE entrants (acquisitions diminuées des
cessions/remboursements) par instrument (titres de participation, prêts).
• Des positions (ou stocks) d’IDE qui fournissent des informations, ventilées par instrument
(titres de participation, prêts) sur l’encours total, à une date de référence donnée, des
investissements réalisés à l’étranger ou reçus de l’étranger.
• Des revenus d’IDE qui résultent :
o 1) des titres de participation : il s’agit essentiellement des bénéfices dégagés par
l’entreprise durant la période de référence et correspondant à des distributions
(dividendes) ainsi qu’à des bénéfices non distribués qui sont traités comme des
bénéfices réinvestis dans ladite entreprise .
o 2) des prêts (intérêts de crédits interentreprises, de crédits commerciaux et autres
formes de prêts).

Les revenus d’IDE servent à analyser leur productivité et permettent de calculer le taux de
rendement des fonds investis.

Les flux et les stocks d’IDE regroupent essentiellement trois types de financement
transfrontaliers :

• L’acquisition ou la cession de titres de participation ;


• Le réinvestissement de bénéfices non distribués sous forme de dividendes (ou bénéfices
réinvestis).
• Les prêts interentreprises (sommes à verser et à recevoir, crédits, titres d’emprunt).

La variation des stocks d’IDE entre deux périodes successives correspond non seulement aux
flux de transactions enregistrés durant l’intervalle, mais aussi aux fluctuations des taux de
change, des cours des titres et des volumes.

3-2-Particularité des statistiques des IDE :

A-Convention de signe : Les statistiques d’IDE étant issues des balances des paiements et de
la position extérieure des pays, elles sont parfois diffusées selon les conventions de signe
propres à ces comptes :

20
• Les flux financiers d’IDE sont un des éléments du compte financier de la balance des
paiements. Dans ce cadre, les sorties de fonds sont signalées par un signe négatif et les
entrées de fonds par un signe positif. En conséquence :
o Une augmentation des IDE sortants est signée négativement alors que leur diminution
est signée positivement,
o Une augmentation des IDE entrants est signée positivement alors que leur diminution
est signée négativement.
• Les stocks d’IDE proviennent de la position extérieure d’un pays où par convention, les
avoirs à l’étranger (et donc les stocks d’IDE sortants) sont signés positivement alors que
les engagements vis-à-vis de l’étranger (et donc les stocks d’IDE entrants) sont signés
négativement.
• Les revenus d’IDE sont inclus dans la rubrique Revenus du compte de transaction
courante de la balance des paiements. Les revenus d’IDE sortants y figurent en recettes
(signe positif) alors que les revenus d’IDE entrants correspondent à des dépenses (signe
négatif).

L’analyse des statistiques d’IDE suppose donc d’avoir identifié au préalable la convention de
signe utilisée pour leur présentation.

B-Valorisations des IDE : L’OCDE recommande d’évaluer les flux et les positions d’IDE en
valeur de marché. Alors que cela peut être relativement simple pour les flux et pour les stocks
d’IDE dans des sociétés dont les actions sont cotées sur un marché boursier organisé, c’est
beaucoup moins le cas pour des actions non cotées. Dans ce cas, il convient d’estimer la
valeur de marché à partir de données fournies par ces sociétés non cotées.

Tout en recommandant de recourir à la valeur de marché, l’OCDE reconnaît que, dans la


pratique, la valeur des positions (stocks) et opérations d’IDE est souvent calculée sur la base
de la valeur comptable inscrite au bilan des entreprises d’investissement direct. « Cette
situation s’explique par le fait que dans beaucoup de pays les valeurs inscrites au bilan des
entreprises (…) peuvent représenter la seule source d’information disponible à des fins
d’évaluation, en particulier pour le calcul de la valeur des actions non cotées. »

En conséquence, trois types de valorisation distincts sont possibles pour les stocks d’IDE, et il
convient de déterminer quel est celui qui est utilisé, notamment lors de comparaisons
internationales des statistiques d’IDE, compte tenu des différences parfois significatives qui

21
peuvent exister entre ces différents modes de valorisation. Les stocks d’IDE peuvent être
exprimés en :

• Valeur comptable : les encours d’IDE en titres cotés et non cotés sont calculés à partir de
la valeur comptable des fonds propres enregistrés au passif des bilans des filiales
détenues,
• Valeur mixte : les encours d’IDE en titres cotés sont calculés en valeur de marché alors
que ceux en titres non cotés sont exprimés en valeur comptable,
• Valeur de marché : l’ensemble des encours d’IDE (en titres cotés et non cotés) est estimé
en valeur de marché.

C/ventilations géographique : En application des recommandations de l’OCDE et du FMI,


les ventilations géographiques des statistiques d’IDE sont établies sur la base du premier pays
de contrepartie (ou pays de contrepartie immédiate). Comme le précise l’OCDE néanmoins,
« les entreprises multinationales ont de plus en plus souvent recours à des structures
complexes pour financer leurs investissements transnationaux. Il est désormais courant que
les fonds transitent par des entités intermédiaires de nature diverse. Ces pratiques faussent
l’analyse de l’origine et de la destination [de l’IDE] et peuvent conduire à des résultats
statistiques et analytiques erronés si les données sont exclusivement enregistrées sur la base
de la contrepartie immédiate ». C’est pourquoi l’OCDE introduit les concepts de pays
d’accueil et de pays investisseurs ultimes. Cependant, l’OCDE, tenant compte de difficultés
aussi bien conceptuelles que pratiques, recommande aux pays de fournir, de façon facultative,
une ventilation géographique établie sur la base du pays investisseur ultime pour les seuls
stocks d’IDE entrants. La Banque de France diffuse cette ventilation complémentaire dans
une note annuelle consacrée aux stocks d’IDE étrangers en France.

D-Ventilations par activité économique : En théorie, les statistiques d’IDE pourraient être
ventilées selon l’activité économique de l’investisseur ou de la filiale investie. En pratique
néanmoins, l’OCDE recommande de toujours se référer à l’activité de la filiale investie (et
non à celle de l’investisseur). Cette recommandation n’est cependant pas toujours
parfaitement respectée. En effet, l’information la plus aisément disponible est relative à
l’activité des entités résidentes, c’est-à-dire à celle de la filiale investie pour les IDE entrants
et à celle de l’investisseur pour les IDE sortants. En outre, une partie croissante des IDE sont
initiés, reçus ou transitent par des entités spécialisées dont l’activité économique correspond à

22
celle de « management de holding ». Dans un grand nombre de pays, les holdings représentent
près de la moitié du total des IDE aussi bien entrants que sortants.

23
➢ Section 2 : la Politique Economique dans le domaine des IDE
ainsi que les Déterminants et les Moyens de Financement des
IDE :
1- Les Déterminants des IDE :
Malgré l’importance croissante prise par les investissements internationaux dans les
économies, et malgré (ou à cause de) l'impressionnante littérature consacrée à ce sujet, il
n’existe aucun cadre théorique unifié permettant de comprendre les déterminants des IDE. Les
analyses théoriques sur la multinationalisation des firmes sont récentes, leur apparition datant
de la fin des années 1950 . C'est d'ailleurs surtout depuis le tournant des années 2000 que la
littérature sur les IDE a connu une très forte accélération, en lien avec le développement du
phénomène.

En outre, l’analyse des déterminants de l’IDE se situe à l’intersection de l’économie


internationale et de l'économie industrielle. La première permet d’appréhender ces
comportements dans leur dimension d’arbitrage géographique et dans la perspective d’une
articulation entre commerce de produits et mouvements des capitaux. La seconde met plus
l’accent sur les stratégies de développement des firmes et l’arbitrage entre divers modes
d’organisation de leurs activités.

Approche éclectique et paradigme Oli : Une première tentative a été effectuée par
Dunning qui propose une approche globale des facteurs explicatifs de l’investissement direct
(paradigme OLI) dans laquelle apparaissent des éléments comme la concurrence imparfaite ,
les avantages comparatifs ou l’internalisation des coûts de transaction. Cette approche, dite
« éclectique », se réfère au Paradigme OLI (pour Ownership, Localisation, Internalisation).
Celui-ci fait de la multinationalisation le résultat d'une combinaison de trois éléments
interdépendants:

• Le premier (avantage spécifique ou ownership advantage en anglais) est la possession par


l'entreprise d'actifs susceptibles d'être exploités de manière rentable à une échelle
relativement large. Parmi les actifs dont la détention joue un rôle moteur dans
l'internationalisation des opérations de sociétés multinationales, la technologie ou plus
encore, la capacité d'innover régulièrement du point de vue technologique, est reconnue
comme un élément de première importance. Plus généralement, on souligne souvent le
fait que les sociétés multinationales possèdent de nombreux actifs incorporels qu'elles

24
peuvent exploiter à l'échelle mondiale (brevets, droits d'auteur, compétences, noms de
marque, réseaux de commercialisation...).
• Le deuxième (avantage à la localisation) est l'existence d'un avantage à utiliser ces actifs
pour produire dans plusieurs pays plutôt que d'exporter à partir d'une production dans le
seul pays de division internationale origine. De multiples facteurs peuvent être associés à
cet élément : une présence physique sur les marchés étrangers est parfois nécessaire pour
y être compétitif. C'est souvent le cas dans les activités de services. L'implantation à
l'étranger peut aussi s'inscrire dans le cadre d'une du processus productif dans laquelle les
différences des prix et des salaires jouent un rôle important. La délocalisation peut
également répondre à une volonté de s'affranchir d'entraves au commerce (frais de
transport des produits, protectionnisme commercial du pays d'accueil) ou permettre une
meilleure adaptation au marché (proximité des consommateurs, ajustement aux normes
locales, meilleure connaissance des concurrents locaux).
• Le troisième (avantage à l'internalisation) réside dans les avantages potentiels d'une
« internalisation » de l'exploitation des actifs en raison de certaines formes de défaillance
de marché. L'internalisation de l'exploitation des actifs permet d'éviter les coûts associés
aux transactions entre sociétés indépendantes, coûts liés à la passation des contrats et à la
garantie de la qualité. Elle assure un meilleur contrôle sur l'utilisation des technologies,
notamment si l'environnement juridique dans le pays d'accueil n'offre pas des garanties
jugées suffisantes en matière de protection de la propriété intellectuelle en cas d'octroi de
licences pour l'exploitation d'une technologie mise au point par l'entreprise. Par ailleurs, il
peut y avoir une sous-évaluation par le marché d'une telle technologie si, pour l'exploiter
pleinement, on doit faire appel à des technologies complémentaires, à des connaissances
et compétences qu'il n'est pas facile de trouver en dehors de l'entreprise.

L’IDE, comme mode de pénétration du marché étranger, est choisi lorsque la firme réunit
simultanément les trois types d’avantages (spécifique, à la localisation et à l’internalisation).
S’il n’y a pas d’avantage à la localisation mais un avantage spécifique et un avantage à
l’internalisation, la firme garde la maîtrise de la pénétration du marché étranger en y exportant
et en établissant son propre réseau de vente. Pour Dunning enfin, si la firme ne possède qu’un
avantage spécifique, elle effectue alors une vente de licence auprès d’une entreprise locale et
lui laisse le soin d’exploiter le marché de son pays.

Apportes de la nouvelle théorie du commerce international NTCI : Le cadre défini par


Dunning constitue le point de départ des nouveaux éléments théoriques apportés par les

25
modèles d’investissement stratégique et la Nouvelle Théorie du Commerce Internationale
(NTCI) qui mettent en avant un arbitrage des firmes multinationales entre proximité et
concentration :

• Selon Brainard (1993), des firmes multinationales de type horizontal apparaissent lorsque
les avantages à s’implanter à proximité des consommateurs sont élevés relativement aux
avantages liés à la concentration des activités. La firme préfère donc implanter plusieurs
sites de production pour servir les marchés locaux si elle peut réaliser des économies
d’échelle entre ces différents sites du fait de la présence d’actifs intangibles, si les coûts
d’implantation sont relativement faibles, si les coûts de transport sont plutôt élevés et si la
demande sur le marché d’accueil est forte. Ces premiers modèles mettent l’accent sur les
IDE de type horizontaux qui correspondent à des stratégies de conquête de marchés
locaux principalement dans les pays développés.
• Markusen (1996) complètent les résultats du modèle de Brainard sur l’arbitrage
proximité-concentration en mettant en évidence les IDE verticaux lorsque les firmes
s'intègrent dans une perspective traditionnelle de division internationale des processus de
production. Les firmes multinationales répartissent leurs activités entre les pays en
fonction des différents avantages comparatifs. Les firmes multinationales de type vertical
apparaissent entre pays différents en taille et en dotations factorielles et établissent les
étapes de la production les plus intensives en travail dans les pays où les coûts de la main
d'œuvre sont peu élevés.

Le modèle avec entreprises hétérogènes de Helpman, Melitz et Yeaple (2004) met en


évidence que seules les entreprises les plus efficaces dans leur branche d’activité peuvent
s’implanter à l’étranger. En effet, toutes les entreprises ne sont pas d’un même niveau
d’efficacité dans une branche d’activité donnée : seules les plus efficaces exportent, et parmi
celles-ci, seule une fraction d’entre elles, capable de supporter les coûts d’entrée, pourra
s’implanter à l’étranger. M. Mrazova et J. P. Neary (2010) complètent ce modèle en mettant
en évidence le rôle des plates-formes à l’exportation : en effet, parmi les entreprises à même
de se développer à l’international, seules les entreprises les plus performantes seront à même
de créer des filiales dans tous les pays, tandis que celles qui le sont moins se limiteront aux
exportations pour pénétrer les marchés étrangers. Les entreprises intermédiaires auront quant
à elles intérêt à établir une filiale dans un seul pays et pourront lui confier le rôle de plate-
forme à l’exportation.

26
D’autres analyses s’attachent à introduire les concepts d’incertitude et d’acquisition de
connaissance sur les marchés étrangers afin d’analyser dans quelle mesure une entreprise peut
évoluer d’un mode de pénétration des marchés étrangers vers un autre. Ainsi, F.
Albornoz développent un modèle basé sur l’apprentissage et l’expérimentation dans lequel
les entreprises ne découvrent leur profitabilité sur les marchés étrangers qu’après avoir
commencé à exporter. Plus précisément, une entreprise commencerait à exporter un produit
vers un seul pays avant de s’orienter vers d’autres pays si les exportations vers le pays initial
s’avèrent profitables. Dans le même ordre d’idée, P. Conconi , Sapir et M. Zanardi étudient
comment une entreprise qui a commencé à exporter vers un pays peut décider de maintenir sa
présence dans ce pays en y effectuant des IDE. Ils montrent en particulier que la probabilité
de créer des filiales à l’étranger est d’autant plus forte que l’entreprise a acquis, via
l’exportation, des connaissances sur les structures et le marché du pays d’accueil.

2- Les moyens de financement :


Faire un placement d’argent à l’étranger est pratiquement une idée qui demande une
attention toute particulière. Peu importe le domaine dans lequel il sera effectué, un
investissement nécessite l’élaboration d’un projet bien structuré. Et qui dit projet dit
financement. Dans le cas d’une orientation vers l’étranger, trouver un mode de financement
bien adapté est primordial. Cela est dû au fait que ce genre d’investissement présente
plusieurs contraintes qui la différencie d’un placement local. Ce sont notamment : la distance,
la législation et la monnaie. Il existe notamment deux façons de financer ce type de projet : le
financement via le prêt bancaire et celui par fonds propres. Reste à savoir lequel est le plus
avantageux pour les investisseurs.

• Le financement extérieur : Le prêt bancaire :

Afin de concrétiser un projet d’investissement à l’étranger, on a souvent recours à un


financement extérieur. Tout d’abord parce que les moyens financiers personnels des
investisseurs ne sont pas suffisants. Il se peut également que ces derniers souhaitent tout
simplement bénéficier d’un mode de paiement plus souple dans les modalités. Le prêt
bancaire peut se faire de deux manières. La première consiste à contracter un crédit au niveau
d’une banque locale. Cette démarche exige de fournir une caution tangible à l’institution
bancaire. Cela permettra à cette dernière d’être assurée d’être remboursée en cas d’impayé. Le
plus souvent, cette caution se traduit par l’hypothèque d’une propriété de l’emprunteur qui
devra par conséquent déjà être en possession d’un bien immobilier (totalement acquis). Sans

27
cela, il ne pourra bénéficier d’un prêt. Dans certains cas exceptionnels, la caution peut se faire
par voie de nantissement. Ce système consiste à régler les impayés à la banque par cession de
biens de valeur, tels que les assurances-vie ou encore les bijoux.

Le second moyen de financer son investissement de manière externe est le prêt bancaire à
l’étranger. Ce financement est fourni par une banque étrangère. Cet emprunt est la plupart du
temps cautionner par le bien en vue d’être acquis par l’investisseur. Ce mode de financement
est intéressant à condition d’être bien informé des réglementations en vigueur. Avant de se
lancer, il est recommandé de faire appel aux services d’un notaire pour explorer tous les
tenants et les aboutissants de ce moyen de financement. Il ne faut pas oublier également de
saisir avec exactitude, les réalités de la situation de chaque porteur de projet.

Les investisseurs pourront enfin étudier les possibilités de rachat de leur crédit, si des
soucis de remboursement survenaient. Le courtier en crédit reste aussi un allié de choix dans
un placement à l’étranger. Il sera à même de trouver le crédit le plus adapté à son client et à
son projet. L’investisseur pourra aussi, grâce à son aide, dénicher le taux d’intérêt le plus
avantageux.

• Le financement par fonds propres :

Le financement par fonds propres fait intervenir les avoirs financiers personnels de
l’investisseur. L’acquisition du bien à l’étranger est donc payée sans le recours d’une tierce
institution. Cela ne dispense cependant pas le porteur de projet orienté vers l’étranger d’une
collecte préalable d’information sur la législation en vigueur dans le pays cible. Cela lui
permettra de cerner les réelles situations sur le terrain.

User des compétences d’un notaire est plus que conseillé, Ce professionnel prodiguera ses
précieux conseils tout en fournissant une étude détaillée sur la faisabilité du projet. Ce mode
de financement est un bon moyen pour l’investisseur d’avoir une autonomie complète. Il n’est
effectivement pas lié à des engagements avec les sociétés de crédit. Cependant, le petit
inconvénient avec le financement par fonds propres, réside dans le fait que le prélèvement sur
les revenus de l’acquéreur sera plus important à cause d’une modalité de paiement du bien
moins souple

28
3-La politique économique dans le domaine des IDE :

3-1 Dans les pays d’accueil :

Comme le notent S. Globermann et V. Z. Chen (2010), les mesures de politique économique


ayant trait aux IDE s’attachent à deux objectifs principaux pour les pays d’accueil : le premier
est de maximiser les bénéfices attendus des IDE tout en limitant le plus possible leurs
inconvénients potentiels. Une fois créé cet environnement favorable, la question se pose de
savoir comment attirer le plus possible d’IDE dans le pays. L’OCDE (2002), souligne en effet
que « les avantages nets de l’IDE ne sont pas automatiques ». Afin de tirer profit au maximum
de l’implantation de filiales étrangères, cette organisation internationale recommande au pays
d’accueil de mettre en œuvre trois types de mesures :

• améliorer le contexte macro-économique et institutionnel général,


• créer un cadre réglementaire propice aux entrées d’IDE,
• améliorer les infrastructures, la technologie et les compétences humaines.

-Créer les conditions pour que les IDE soient profitables :

Favoriser la diffusion a l’ensemble de l’économie des progrès lies aux IDE : Afin de
bénéficier au maximum des avantages des IDE, les autorités publiques du pays d’accueil
doivent avoir pour objectif d’améliorer la capacité d’absorption des progrès technologiques
par les entreprises locales. Au moins trois mesures de politique économique peuvent être
recommandées dans ce cadre :

• élever le niveau d’éducation et d’expertise technique de la population, et encourager les


activités locales de recherche et de développement.
• accroître le degré de concurrence afin d’inciter les entreprises locales à mettre en œuvre
les innovations technologiques introduites par les filiales de groupes étrangers (même si
une concurrence accrue conduit dans le même temps à réduire les bénéfices attendus de
l’introduction de ces nouvelles techniques).
• inciter les filiales des groupes étrangers à partager avec les entreprises locales leurs
techniques de production ou de gestion. Ainsi, certains pays d’accueil n’autorisent une
fusion-acquisition que si le groupe acquéreur s’engage à maintenir dans sa filiale le même

29
niveau de dépenses de recherche et de développement. Les autorités doivent cependant
veiller dans ce cas à ne pas dissuader les investisseurs potentiels par des mesures trop
coercitives.

Mètre en place des restrictions des IDE afin de préserver l'indépendance nationale :

Même s’il est difficile de trouver dans la littérature économique beaucoup d’arguments
permettant de défendre la mise en place de restrictions aux IDE entrants afin de préserver
l’indépendance nationale, force est de constater que ces mesures sont adoptées par un très
grand nombre de pays. Ainsi, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont modifié la
perception de nombreux hommes politiques américains concernant le rôle et les risques des
IDE entrants. Certains membres du Congrès ont alors demandé la révision des lois et des
politiques sur les IDE entrants aux États-Unis afin d’accroître la surveillance du
gouvernement fédéral sur les IDE dans certains secteurs économiques considérés comme
particulièrement sensibles pour la sécurité nationale. Ces secteurs sont les
télécommunications, l’énergie, les services financiers, l’eau, les activités de transport, ainsi
que les services d’infrastructures physiques ou virtuelles indispensables à la préservation de la
défense nationale, la continuité du gouvernement, la prospérité économique et la qualité de
vie aux États-Unis. Afin de mesurer l’importance des obstacles dressés par les pays d’accueil
devant les IDE, l’OCDE (2003) (2010) calcule un indice mesurant l’ouverture des pays aux
IDE basé sur l’identification de quatre grands types de restrictions :

• les limitations des prises de participation étrangères au capital,


• les filtrages et autorisations administratives obligatoires,
• les restrictions imposées à la gestion, à l’exploitation et aux mouvements de personnel
entre les pays,
• les autres restrictions aux opérations des filiales de groupes étrangers.

Actualisé en 2010 et calculé sur près de cinquante pays, cet indice met en évidence que le
pays le plus ouvert aux IDE entrants serait le Luxembourg, suivi des Pays-Bas et du Portugal.
La France est classée au treizième rang, devant le Royaume-Uni (17e) ou les États-Unis (33e).
Les pays qui dresseraient le plus d’obstacles devant les IDE entrants (parmi ceux pour
lesquels l’indice a été calculé) seraient la Russie, l’Islande et la Chine.

30
--Attirer les IDE :

Plusieurs mesures de politique économique peuvent être recommandées afin de maximiser le


volume d’IDE entrants :

• Établir et maintenir des systèmes légaux et réglementaires de protection des droits de


propriété, créer des règles de fonctionnement des marchés transparentes et justes et
minimiser les charges et autres conséquences négatives de la réglementation.
• Mettre en œuvre des politiques macroéconomiques qui encouragent la croissance
économique et réduisent l’inflation.
• Investir dans les infrastructures de transport et de communication afin de diminuer les
coûts de coordination et de gestion des transactions commerciales internationales.
• Investir dans le système éducatif et les programmes de formation permanente afin
d’améliorer la qualité de la main d’œuvre disponible.
• Mettre en place un système d’incitations fiscales au bénéfice des investisseurs étrangers :
il peut s’agir de réduire le taux d’imposition sur les bénéfices des sociétés ou de toute
autre mesure permettant de procurer un avantage fiscal à l’investisseur. Ainsi, alors que le
taux d’imposition sur les bénéfices des sociétés est pratiquement le même (en 2010) entre
la France et la Belgique, la Belgique a mis en place tout un ensemble de mesures qui lui
permet d’attirer un volume particulièrement important d’IDE (régime des holdings,
intérêts notionnels fictifs calculés sur le montant des capitaux propres investis et
déductibles des bénéfices imposables, etc.). Il faut veiller néanmoins à ce que la réduction
des recettes fiscales ne conduise pas à la dégradation des services publics (éducation,
formation, infrastructures de transport, etc.) dont la qualité est considérée comme un
facteur déterminant d’implantation de filiales pour les entreprises multinationales. En
outre, P.Artus met en garde contre les effets négatifs possibles de ce type de mesure.
Prenant l’exemple de l’Irlande, il montre que cette politique fiscale avantageuse a
effectivement attiré les IDE, mais sans que cela se traduise par un surcroît significatif de
capital productif dans le pays. Les groupes étrangers ont créé principalement des entités
non productives afin d’y centraliser leurs profits (moins imposés qu’ailleurs). Ce faisant,
ils ont augmenté les revenus en Irlande, sans y créer réellement de croissance et d’emploi.
En raison de cette déconnexion entre IDE et investissements productifs (et donc, entre
revenu et croissance), l’Irlande aurait alors souffert du « mall hollandais ». Le supplément
de revenu aurait en effet augmenté la demande de services domestiques et de logements,
ce qui se serait traduit par la hausse des prix relatifs des services et de l’immobilier, les

31
rendant plus rentables que l’industrie et accélérant de facto la désindustrialisation de
l’Irlande. En outre, il y aurait eu excès d’endettement et création de bulles sur les prix des
actifs. P. Artus souligne cependant qu’une telle évolution n’a été possible que parce que
l’Irlande était un petit pays (le supplément de recettes fiscales dû à l’implantation de
groupes étrangers a permis de compenser la perte due à la baisse globale du taux
d’imposition sur les bénéfices) en périphérie d’une Union monétaire (cette position
périphérique rendant plus coûteuse l’installation d’activités productives exportatrices).
• Réduire (voire éliminer) les contraintes réglementaires s’appliquant aux investisseurs
étrangers.
• Offrir des subventions et autres aides financières aux investisseurs étrangers.
• Promouvoir de façon active l’image du pays auprès des investisseurs potentiels en créant
des agences de promotion des investissements. Dans certains cas, ces agences
interviennent également pour faciliter les démarches administratives des investisseurs
dans le pays d’accueil. En France, l'Agence française pour les investissements
internationaux (AFII) a pour mission la promotion, la prospection et l’accueil des
investissements internationaux en France.

3-2- Dans les pays investisseur :


Les pouvoirs publics des pays investisseurs sont confrontés au dilemme suivant : comment
éviter les délocalisations destructrices d’emplois sans entraver le nécessaire développement à
l’international des groupes locaux ?

Encourager les IDE sortant : Même s’il relève d'une démarche privée, l'IDE peut faire
l’objet d'un accompagnement public. Au début des années 1980 (et même 1970 pour les États-
Unis), les pouvoirs publics des grands pays investisseurs ont pris conscience du rôle
déterminant de l'IDE dans une stratégie de conquête de parts de marché. Il est apparu comme
le principal moteur du développement international des entreprises, qu'il s'agisse de grands
groupes ou de PME. De véritables politiques d'encouragement à l’IDE sortant ont alors été
mises en place. Comme le mettent en évidence A.-M. Alcabas, E. Bourcieu et B.
Valersteinas (2000), le soutien public à l'investissement direct à l'étranger prend des formes
diverses, à tous les stades de la démarche des entreprises.

• Dans la phase de prospection pour identifier le meilleur projet d’IDE, les pouvoirs publics
peuvent fournir l'information sur toutes les facettes du risque-pays investissement (cadre
économique, financier, juridique, fiscal, social et réglementaire dans le pays ciblé), l'aide

32
à la recherche de partenaires locaux en vue d'une coopération industrielle, voire le
financement d'études de faisabilité. Une assistance dans les démarches auprès des
autorités du pays d'accueil est souvent offerte.
• Dès que le projet est identifié, le pays d'origine peut contribuer au financement de l'IDE
par une prise de participation dans la filiale, un prêt direct aux entreprises ou un
refinancement de leurs banques, une garantie aux banques finançant l'investissement ou
encore des mécanismes fiscaux soulageant la trésorerie des entreprises pendant l'apport en
fonds.
• Le dernier volet de cette politique d'appui est l'assurance de l'investissement. La garantie
de l'investissement contre le risque politique reste le produit le plus couramment offert par
les pays investisseurs, mais certaines entreprises ont également demandé à pouvoir
bénéficier d’une garantie contre le risque commercial ou contre le risque de retournement
de conjoncture.

Répandre aux inquiétudes suscitées par les délocalisations : F. Benaroya (2005) précise
que les délocalisations (offshoring en anglais) recouvrent deux phénomènes distincts :

• le premier est le transfert, par un IDE sortant, de tout ou partie de l’appareil productif afin
de réimporter sur le territoire national l’essentiel des biens produits à moindre coût (la
délocalisation a pour but de fournir les biens aux mêmes clients, et pas à de nouveaux
clients)
• le second est le recours à la sous-traitance internationale (offshore outsourcing en
anglais), qui correspond à un transfert d’une activité sans IDE : le donneur d’ordre confie
à une entreprise située dans un autre pays la réalisation d’une tâche de service ou de
production industrielle effectuée précédemment sur le territoire national.

Le débat sur les délocalisations est souvent particulièrement vif et oppose les tenants d’une
politique conciliante avec les délocalisations à ceux qui envisagent de réprimer, voire de
pénaliser, ce type de pratiques. Les autorités de la plupart des pays industrialisés soulignent
cependant que les délocalisations s’inscrivent dans la division internationale du travail et
participent au développement des pays émergents, tout en contribuant à l’essor d’activités à
plus forte valeur ajoutée dans leur propre économie. Elles mettent en avant les effets
potentiellement négatifs sur la compétitivité et l’accueil des investissements étrangers des
mesures qui pénaliseraient spécifiquement les délocalisations. En conséquence, la montée en

33
gamme et l’accompagnement social des restructurations constituent la réponse la plus
fréquente aux délocalisations.

❖ Chapitre 2 : les Stratégies des IDE et leurs Impacts :


En termes de stratégie, les investissements directs étrangers varient et chaque investisseur
choisit la stratégie qui correspond au type d'investissement qu'il prévoit de faire. De nombreux
facteurs interviennent dans ce processus et chaque stratégie a son propre impact et les
résultats qu'elle donne peuvent être pratiques et peuvent aussi être gênants. Et pour mieux
comprendre ces stratégies, nous devons les analyser en détail.

➢ Section 1 : les stratégies des IDE, Les Avantages et Les


Inconvénients :

1- Les Stratégies des IDE :

Traditionnellement, l’analyse économique a montré l’existence de trois comportements


stratégiques de l’implantation des IDE à savoir une stratégie « primaire » ou d’accès aux
ressources naturelles de sol et de sous sol, une stratégie de marché ou « Horizontale » et une
stratégie « Verticale » ou de minimisation des coûts.

Ce comportement, est sans doute, confirmé dans la réalité jusqu’au milieu des années 90,
mais toutefois, le processus de globalisation a remis en cause ces stratégies, et d’autres
stratégies transversales qui combinent de façon alternative et simultané entre stratégie
Horizontale et stratégie Verticale, dites « Globale »ont vu la lumière.

A. Stratégie de sous-sol :

Cette stratégie est apparut dans le XVIème siècle avant même l’évolution de concept
globalisation. Elle n’est pas par la suite ni une caractéristique de l’économie globale ni de
l’économie multinationales. L’inexistence, le manque, ou la recherche de meilleur qualité et
/ou de minimum de coût poussent les firmes multinationales à rechercher les ressources
naturelles dans d’autres pays étrangers.

Elle est très simple à l’expliquer, elle ne dépend ni coûts ni facteurs, le seul déterminant est
l’existence des ressources naturelles assez importante dans le pays d’accueil qui doit avoir un
minimum de stabilité économique et politique.

34
B. Stratégie Horizontale ou de marché :

Elle vise à produire des ateliers « relais » (Michalet,1999) pour produire d’une part pour le
marché local d’implantation une gamme de biens qui reproduisent partiellement ou
intégralement celle de la maison mère, et d’autre part, elle concerne les pays qui ont un niveau
de développement équivalent ( investissement de type Nord Nord) .

Le choix de la localisation, ou de pays d’accueil dépend des conditions offertes par le


territoire pour accéder au marché. La taille de marché est le facteur le plus déterminant dans
cette stratégie.

En outre le tableau suivant montre les autres déterminants de cette stratégie autre que la
taille de marché à savoir les préférences du consommateur local et la structure de marché. Elle
est préférable à des productions différenciées soumises à une compétitivité hors coût.

C. Stratégie Verticale ou de délocalisation :

Cette stratégie « désigne la migration d’activités du territoire national vers l’étranger pour
tirer parti des écarts internationaux de coûts des facteurs » (Françoise, 2004). Cette migration
se traduit par l’implantation des filiales « ateliers » (Michalet, 1999) spécialisés dans un
segment de leur chaine allant de la production vers la distribution.

L’objectif ultime de cette stratégie est de réduire au minimum le coût de la production


(coûts de facteurs dont essentiellement le coût de main d’ouvre). Donc, les différences de
dotations des facteurs et les avantages comparatifs jouent un rôle important dans le choix de la
localisation.
D’une façon générale, la plupart des firmes multinationales exportent des composants vers les
filiales étrangères et réexportent vers le marché d’origines les biens produites à l’étranger.

Les facteurs les plus significatifs pour cette stratégie sont : le coût de transport et de
télécommunication, participation à l’intégration régional, le coût de la main d’oeuvre…

La distinction entre ces deux dernières stratégies n’est pas facile, car la firme se trouve
parfois devant des stratégies d’intégrations complexes, elle adapte des stratégies Horizontale
et Verticale (Yeaple, 2003) en mémé temps.

W.Andreff a définit cette combinaison en disant que « les stratégies globales, apparus dans
certaines FMN depuis une quinzaine d’année , ont plusieurs caractéristiques , la première

35
d’entre elles étant précisément que la FMN joue systématiquement sur les trois stratégies , en
fonction de ses contraintes microéconomiques propres de l’état des marchés nationaux et
mondiaux, et des localisations avantageuses qui se présentent à elle , sinon à tout instant ,du
moins au moment de chaque décision stratégique » (Christophe Strorai , 2003)

Ces stratégies sont préférables que de s’engager seul à l’un de ces stratégies lorsque le coût de
transport est au dessous d’un certain seuil, Mais maintenant, nous nous trouverons devant la
question suivante quelles sont les motivations qui influencent les IDE , la réponse est qu'il y
en a beaucoup mais tout dépend de l'objectif ultime de l'entreprise de faire de tels
investissements le tableau suivant représente la relation entre eux.

Tableau : Les IDE Selon les motivations des firmes

L'investisseur étranger peut être influencé par un ensemble de facteurs quatre axes sont à
privilégier pour promouvoir les IDE:

A- Les opérations de fusions-acquisitions :

Ces opérations constituent, précise la CNUCED, une composante majeure des flux d'IDE
pour les pays développés tout en reflétant la stratégie suivie par les entreprises

36
transnationales, c'est à dire se retirer de leurs secteurs d'activité secondaires, et renforcer, par
le biais d'acquisition, leur avantage concurrentiel dans leur secteur d'activité principal.

Cette évolution a eu pour résultat une concentration accrue de certaines branches d'activité
entre les mains d'un petit nombre d'entreprises, en générale des transnationales.

Depuis les années 1990, les IDE ont essentiellement pris la forme de fusions-acquisitions
permettant d'atteindre plus vite que par la croissance interne une taille suffisante pour se
maintenir sur un marché grâce à l'accroissement des parts de marché. L'objectif est aussi de
minimiser les coûts et les risques des investissements en recherche et en commercialisation.
Les FMN doivent adapter leurs produits aux spécificités des consommateurs locaux et il est
souvent plus aisé de réaliser une fusion-acquisition. (Hakim Ben Hamouda» L'Afrique,
l'OMC et le développement, 2005).

B- Les multinationales cherchant à diversifier leurs sites de production pour


réduire leurs coûts et augmenter leur part de marché mondial :

Les investissements étrangers valorisants les exportations recherchent auprès des pays
d'accueil des matières ou des produits finis à faible coût pouvant servir d'inputs dans les pays
d'origine ou être revendus sur d'autres marchés.

Pour les investissements étrangers axés sur le marché local des pays d'accueil, la dimension
du marché et les coûts de production sont les déterminants majeurs du processus de décision.

Quant aux investissements étrangers encouragés par les pays d'accueil, ils trouvent leur
source dans les incitations qu'accordent les gouvernements de ces pays en vue de développer
certaines activités de production destinées au marché local ou à la réexportation.

C-Privatisations :

Les privatisations, source d'IDE importante, mais ponctuelle. L'essoufflement des


programmes en cours tient au fait que la plupart des privatisations «faciles» ont été réalisées.
Certains pays ont tardé à ouvrir le capital de leurs entreprises de télécommunications et
devront attendre que les marchés s'intéressent à nouveau à ce secteur. Dans plusieurs pays
(Israël, Turquie, Egypte), les projets de privatisation des compagnies de transport aérien sont
en souffrance.

37
D- L'intégration régionale :

Est un facteur essentiel dans la mesure où la taille des marchés constitue un important
levier et un facteur de rentabilité pour l'IDE, elle influe de manière favorable sur les décisions
d'investissements.

Si l'on peut dire, d'autres facteurs essentiels de décision d'investissement sont:

- La rentabilité de l'investissement vient au premier rang : elle peut être - mais n'est pas
toujours nécessairement - la résultante et la conclusion de l'analyse des autres facteurs.

- Les facteurs de marché viennent en second rang : taille du marché, position de l'entreprise
sur le marché, potentiel de développement du marché, accès à d'autres marchés extérieurs à
partir de celui visé.

- La stabilité politique est le troisième facteur cité.

- L'environnement légal et fiscal, y compris les mesures d'encouragement à


l'investissement, et les infrastructures.

- Des facteurs plus secondaires : les ressources (dont le rapport qualité/coût des ressources
humaines), les facilités de distribution et de financement.

En ce qui concerne plus particulièrement les facteurs favorables aux IDE, ce sont
notamment :

-La rentabilité de l'investissement et l'accès au marché viennent en tête : la rentabilité de


l'investissement est plus élevée, mais les marchés sont limités, ce qui réduit leur attractivité.

-Les critères politiques et le cadre légal et réglementaire arrivent ensuite.

-Les critères de ressources, y compris les ressources humaines, arrivent loin derrière les
premiers critères de décision d'investissement, mais la qualité des ressources constitue un
critère plus déterminant que leur coût. Ainsi la formation et la capacité d'absorption
technologique sont devenues des facteurs déterminants dans l'attraction des IDE.

38
2-les Avantages et les Inconvénients des IDE :

Dans ce qui suit, les avantages et les inconvénients liés aux IDE sont présentés
successivement.

A-Avantage des IDE :

Les IDE offrent de nombreux avantages au pays hôte. Les actifs productifs incorporés dans
les IDE procurent des retombées immédiates à l'économie locale via la promotion des
exportations, la création de la main-d’œuvre et les transferts de technologies et d'idées
nouvelles.

Promotion des exportations : Les IDE sont des facteurs importants de promotion des
exportations dans les PED, MUCCHIELLI (2002). En effet, les IDE peuvent agir sur
les exportations des pays d'accueil à travers différentes stratégies qui sont : faire du
pays d'accueil une plate forme de réexportation vers le pays d'origine ou vers des pays
tiers, avoir pour but la conquête de nouveaux marchés dans la région enfin,
concurrencer les entreprises locales, ce qui peut contribuer à les rendre plus
compétitives, CNUCED (2005). Par ailleurs, les PED aptes à produire à des coûts
concurrentiels ont souvent des difficultés pour pénétrer dans les marchés étrangers.
Les multinationales favorisent un accès préférentiel à la clientèle en élaborant et en
concluant des contrats à long terme sur des produits normalisés ou en se forgeant une
réputation dans la fourniture suivant un calendrier fiable, d'un produit spécialisé de
qualité satisfaisante. Pour leur part, les entreprises locales des PED mettraient des
années pour maitriser les techniques marketings de ce type, LALL (2000).

Création d'emploi : Les IDE axés sur les industries capitalistiques fondées sur les
ressources telles que les mines ou le pétrole, créent un nombre relativement faible
d'emplois tandis que les investissements étrangers dans les industries manufacturières
fortement utilisatrices de main d'oeuvre en génèrent d'avantage CHUDNOVSKY et al.
(1999). Les emplois crées sont d'autant plus importants qu'il s'agit de créations
nouvelles d'entreprises que de simples fusions ou acquisitions d'entreprises déjà
existantes. Des éléments indiquent qu'en moyenne, les sociétés multinationales
octroient des salaires plus élevés et fournissent des conditions de travail meilleures
que les entreprises locales GRAHAM et al. (2000).

39
Les transferts d'idées, de technologies et de compétences : Les transferts d'idées, de
technologies et de compétences font partie des avantages potentiels les plus importants
procurés par les IDE. Une grande partie des activités de Recherche-Développement du
monde se déroule en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Par conséquent, les
entreprises de ces régions constituent une riche source d'innovation quant aux
produits, aux machines, aux processus industriels, aux méthodes commerciales, aux
contrôles de qualité et aux modes de gestion. Les multinationales de ces régions
peuvent apporter avec elles, leurs idées et techniques. Cela peut contribuer à accroître
la productivité dans le pays hôte.

La diffusion de technologies à travers les IDE se fait aussi par effet de contagion et
d'imitation, TOUFIK et al. (2002). Les firmes locales des PED peuvent améliorer leur
processus de production en observant et en imitant les pratiques des multinationales (Learning
by Doing) ou en faisant de la « retro-ingénierie » (Learning by using).

Un autre canal de transfert de technologies lié à la présence d'une entreprise étrangère, est la
formation des travailleurs et entrepreneurs locaux effectuée par celle-ci afin de les amener à
avoir le niveau de qualification qu'elle désire, FOSTO (2003). La qualification acquise va se
diffuser vers les entreprises locales lorsque la main d'oeuvre formée migre vers ces dernières.
En effet, une fois formé, le travailleur peut être amené à un moment donné, à offrir ses
services à une entreprise locale. Ainsi, cette dernière bénéficierait de l'expertise acquise par le
nouvel employé dans sa précédente structure d'emploi.

B-Inconvénients des IDE :

Il existe un certain nombre d'effets négatifs auxquels peut être confronté un pays qui accueille
les IDE. Il s'agit des coûts engendrés par les IDE sur la concurrence, des effets négatifs des
IDE sur l'équilibre macroéconomique et des coûts socio-environnementaux.

✓ Coûts engendrés par les IDE sur la concurrence : Le principal risque est celui de
voir les filiales des multinationales étouffées la concurrence et engendrées une situation
de quasi monopole à leur avantage. En effet, les firmes locales sont généralement
d'importance réduite par rapport à leurs concurrents étrangers que ce soit en termes de
compétences technologique et managériale, d'assise financière et d'intégration dans les
réseaux internationaux. Un tel écart fait qu'elles ne peuvent pas entrer en concurrence
sur un même pied d'égalité pour satisfaire le marché local. Il est donc possible que les

40
investisseurs étrangers usent de leurs atouts pour évincer du marché les firmes
domestiques afin de capturer une rente de monopole. Cette situation peut engendrer des
conséquences négatives pour les consommateurs. Ceux-ci seront amenés à faire face à
des prix plus élevés que ceux pratiqués en situation de concurrence. Par conséquent,
l'entrée de nouvelles firmes étrangères sur un marché plutôt que d'être un signe
d'ouverture à la concurrence, pourrait bloquer cette dernière au profit de l'émergence
d'une seule entreprise (le monopole).

✓ Effets négatifs engendrés par les IDE sur l'équilibre macroéconomique : Parmi les
effets néfastes présumés des IDE sur l'économie, on note les déficits de la balance des
paiements. Les entrées de capitaux étrangers peuvent procurer des avantages mais
l'ampleur des sorties ultérieures des bénéfices dégagés peut engendrer des coûts
considérables. Par ailleurs, les avantages fiscaux accordés aux entreprises étrangères
constituent un manque à gagner pour les pays hôtes notamment les pays africains au
Sud du Sahara dont les recettes budgétaires sont essentiellement fiscales. De même,
certaines taxes6 étaient autrefois appliquées mais ont, par la suite, pour l'essentiel, été
éliminés afin de ne pas décourager les investisseurs étrangers, DWIGHT H. et al.
(2008).

Des exonérations fiscales temporaires sont également proposées dans certains pays bien que
ce soit sans doute la façon la moins souhaitable pour attirer les IDE. De telles mesures
encouragent les entreprises à extraire d'aussi grandes quantités que possible au cours de la
période de grâce et à cesser leur activité dès que cette période s'achève. En agissant ainsi, elles
retirent des gains exceptionnels mais laissent les gouvernements sans revenu voire, les
charges de coûts environnementaux et sociaux à long terme.

✓ Coûts socio-environnementaux : Les investisseurs étrangers peuvent du fait de leur


puissance influencer les autorités locales et les amener à prendre des décisions qui
nourrissent leurs intérêts au détriment de ceux du pays. En effet, ils peuvent par leur
action obtenir de nombreux avantages et privilèges qui excèdent le bénéfice social.
Les multinationales peuvent par exemple faire pression sur les autorités locales afin
d'obtenir une protection spéciale du marché. Cette situation se traduit très souvent, par
des restrictions sur les importations, ce qui profitent à ces dernières et non pas
forcement au pays pris dans son ensemble. De même, il existe toujours le risque que
des décideurs publics soient moins à même d'exiger des multinationales, le respect des

41
normes environnementales. De ce fait, les multinationales sont susceptibles de polluer
l'air ou l'eau et de provoquer d'autres dommages sur l'environnement.

➢ Section 2 : Les résultats des IDE :

1-les effets des IDE :


• Impact des IDE sur la croissance :

Borensztein., De Gregorio et J-W.Lee (1998), ont suggéré à partir d’une étude empirique des
données de 69 PED au cours de deux dernières décennies, que les flux des IDE sont très
importante pour le transfert de la technologie et à la contribution de la croissance par la suite.

Constantina Kottaridi et al (2010) ont apporté une nouvelle contribution à la littérature


existante sur le sujet de lien entre les flux des IDE et la croissance économique. En passant
par des preuves empiriques qui tiennent compte des effets non linéaires du revenu initial et de
capital humain sur la croissance, ils ont conclu que les entrées des IDE ont renforcé la
croissance économique des pays à revenu intermédiaire au contraire des pays à revenu élevé,
qui ont subi deux régimes différents des flux des IDE sur leur croissance.

Barthélemy et Démurger (2000) quant à eux, à partir d’un modèle de croissance endogène
constitué d’un échantillon de 24 provinces chinoises durant de 1985-96, ont souligné que le
transfert de la technologie étrangère à travers les « Spillovers » liés aux IDE est un
déterminant clé de la croissance économique provinciale en Chine.

De Gregorio (1992), en travaillant sur un panel de 12 pays d’Amérique latine entre 1950 et
1985 et de même E.M.Ekanayake et al (2010) en se référant à des données annuelles sur un
groupe de 85 pays en développement couvrant l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine et les
Caraïbes pour la période 1980-2007, ont s’accordé sur une relation significative et positive
qui existe entre les investissements étrangers et la croissance économiques de ces pays.

Mais, l’accroissement de ces flux n’est pas une garantie pour réduire la pauvreté et maintenir
les effets positifs sur la croissance. Pour que l’IDE arrive à diffuser les Spillovers de transfert
de la technologie et de pousser la croissance économique d’un pays en développement, deux
conditions doivent être remplies.

D’abord, les PED doivent être attractifs à l’égard des investisseurs étrangers et par la suite
leurs environnements doivent être opportuns pour absorber les effets de la technologie.

42
• Impact des IDE sur les investissements domestiques :

L’investissement domestique est définis : « comme un processus d’accumulation de capital


qui se fonde sur des comportements adaptatifs impliquant une dynamique d’ajustement et de
correction en fonction de ses réalisations passées et des réalisations actuelles et passées
d’autres facteurs économiques »

D’après une étude macroéconomique empirique, basé sur un modèle théorique d’Agosin et
Mayer (2000), Noomen Lahimer (2009), a définit la relation entre les IDE et IDI à partir d’un
échantillon de 42 pays d’Afrique Subsaharienne allant sur la période du 1990 au 1995.

Les résultats montrent que l’effet des IDE sur l’IDI est positif, significatif et stable : une
augmentation d’un point des IDE, implique, une augmentation simultanée des ID entre 0,10 et
0,13 point.

Dans une étude plus ciblé sur certains pays membres de l’OCDE et d’autres non membres de
l’OCDE entre 1970-90, De Mello (1999), a montré qu’il existe une relation de
complémentarité entre les flux des IDE et celle de l’IDI.

Alors que, Agosin et Mayer (2000), à partir d’une analyse des données de panel de trois
régions en développement (Afrique, Asie, Amérique Latine) pour la période 1970-1996, ont
montré qu’il existe un effet d’éviction pour les pays individuel au sein de chaque région. Les
effets des IDE sur l’ID sont loin d’être toujours favorables et que les politiques simplistes à
l’égard des IDE sont peu susceptible d’être optimale.

Par contre, Bosworth et Collins (1999) ont montré qu’il n’existe aucune relation entre les flux
des IDE et les investissements domestiques autrement, au contraire des autres études, il
n’existe ni effet d’éviction ni effet de complémentarité engendrés par les IDE sur IDI.

• Effet des IDE sur la structure d’exportation :

L’expérience de l’ANIMA (2010) a montré que les flux des IDE aboutissent à des effets
dynamiques sur la structure commerciale du pays d’accueil. L’explosion des avantages
compétitifs assurés par les FMN, donnent le pays hôte la possibilité d’augmenter sa
production locale tout en bénéficiant par le développement des intrants.

Selon l’OCDE (2002) « Le principal intérêt de l’IDE pour les pays en développement en
matière d’échanges tient à sa contribution à long terme à l’intégration de l’économie d’accueil

43
dans l’économie mondiale selon un processus faisant vraisemblablement intervenir une
augmentation des importations ainsi que des exportations »

• Effet des IDE sur le capital humain :

L’article « Is foreign direct investment a cure for economic growth in developing countries?
Structurel model estimation applied to the case of the South shore Mediterranean», a tenté
d’expliquer les effets des IDE sur le capital humain.

En effet, une analyse des économies de sept pays de la rive sud de la Méditerranée, au cours
de la période de 1982-2009 a été réalisé. Les résultats dévoilent que les IDE sont considérés
comme un produit homogène qui génère des effets positifs sur les économies du pays
d’accueil.

L’impact positif sur l’accumulation de capital humain est expliqué en grande partie par
l’existence des firmes multinationales .Ces dernières ont un impact relativement important sur
l’enseignement supérieur.

Les retombées technologiques des flux des IDE nécessitent une main d’oeuvre qualifié et de
haut niveau, ce qui amène les pays d’accueil à assurer une formation professionnelle
adéquate, à entretenir l’enseignement supérieur par des programmes d’éducation qui satisfaire
les besoins et les attentes des investisseurs étrangers.

Selon l’OCDE « A partir du moment où des individus sont employés par des filiales
d’entreprises multinationales, leur capital humain peut être encore amélioré par une formation
et un apprentissage sur le tas ».

Jamal Bouoiyour, et al (2009) ont tenté de vérifier à la fois l’impact direct et indirect des flux
des IDE et du capital humain sur les économies de 63 PED pendant la période du 1960-2004.
Les principales conclusions de cet article affirment qu’un accroissement de 1% de ration
d’IDE sur le produit interne brut (PIB) implique une augmentation de 0 ,304% de taux de
croissance de PIB.

Mais cette croissance ne signifie pas une amélioration systématique de la production des
entreprises locales, car l’effet des IDE sur la productivité est négatif et non significatif. Elle
dépend essentiellement de la capacité d’abortion des pays hôtes.

44
2-Impact des IDE :
A-Sur la croissance et l’emploi :

Des pays accueil des IDE : Au-delà de son impulsion macro-économique initiale sur le stock
de capital, l’IDE influence positivement la croissance du pays d’accueil en améliorant la
productivité totale des facteurs, grâce au transfert de technologie accompagnant l’IDE. P.
Romer (1993) souligne que l’IDE entrant peut faciliter les transferts de technologie et de
savoir-faire en gestion dans le pays d’accueil, non seulement dans les filiales investies, mais
aussi dans l’ensemble des entreprises du pays d’accueil par des phénomènes de diffusion.
L’IDE entrant doit également faciliter l’accès au marché d’exportation et contribuer à une
amélioration de la compétitivité des entreprises locales.

Un grand nombre d’études empiriques a tenté de mettre en évidence cet effet positif. Comme
le souligne P.R. Agenor (2003), elles n’ont guère fourni de résultats concluants sur ces
éventuels effets de diffusion. D. Rodrik (1999) s’interroge sur les politiques mises en place
pour attirer les IDE alors même que les résultats concrets de leur impact positif sur la
croissance manquent.

Étudiant les IDE entrants en France, L. Fontagné et F. Toubal (2010) mettent en évidence
que :

• Les filiales françaises de groupes étrangers sont plus efficaces que les autres
entreprises françaises. Ces auteurs observent cependant que, si tel est le cas, c’est en
particulier parce que les groupes étrangers acquièrent des entreprises françaises plus
performantes que la moyenne ;
• Globalement cependant, l’impact de l’acquisition étrangère semble bien être positif sur
les entreprises françaises acquises, qu’il s’agisse de leur effectif, de leur productivité
ou de leur activité. Seule leur propension à exporter s’inscrit en baisse, sans doute
parce qu’une fois acquise par un groupe étranger, l’entreprise française perd son
autonomie d’exportation, au profit d’autres filiales du groupe dans le cadre d’un
redéploiement de l’activité d’exportation.

Des pays investisseur : L. Fontagné et F. Toubal (2010) distinguent deux effets de l’IDE pour
le pays investisseur :

45
• un effet substitution : si l’IDE réplique l’activité domestique (IDE horizontal), il
diminue la croissance et l’emploi dans le pays investisseur. Une baisse des salaires
dans le pays investi incitera la firme multinationale à substituer du travail étranger au
travail domestique, l’entreprise multinationale élargissant son activité à l’étranger aux
dépens de l’activité domestique,
• un effet revenu, permettant de compenser (en totalité ou non) l’impact négatif de
l’effet substitution : l’implantation à l’étranger donne accès à de nouveaux marchés ou
à de nouveaux facteurs, et ceci aura tendance à accroître les ventes de la firme
multinationale, y compris des unités localisées dans le pays de la maison-mère.

Aux effets quantitatifs constatés sur la croissance et l’emploi, l’IDE sortant est également
supposé favoriser un accroissement du niveau de qualification des postes de travail dans le
pays investisseur.

L’IDE sortant est enfin susceptible d’accroître la volatilité de l’emploi dans les entreprises
s’étant implantées à l’étranger. Les firmes multinationales peuvent en effet arbitrer entre leurs
différentes implantations (locales et à l’étranger) et faire évoluer (plus facilement que les
entreprises ne s’étant pas internationalisées) leurs effectifs employés localement pour
s’adapter aux chocs conjoncturels.

De nombreuses études empiriques ont mis en évidence l’existence d’un effet substitution : A.
Harrison et M. McMillan (2009) estiment qu’une baisse de 0,1 % des salaires dans les pays à
bas coûts réduit l’emploi de 1 % dans la maison-mère aux États-Unis. S.O. Becker et
al. (2005) évaluent que l’impact d’une baisse de 1 % des salaires en Europe de l’Ouest détruit
2600 emplois en Allemagne et crée 5000 emplois en Europe de l’Ouest, au sein des filiales
des multinationales allemandes. L’impact semble plus faible pour les pays à bas salaires :
ainsi, la réduction de 1 % des salaires en Europe de l’Est détruit 950 emplois en Allemagne.
Une réduction similaire des salaires dans les autres pays en développement ne détruit que 170
emplois en Allemagne.

C-Sur les conditions du travail dans les pays d’accueil :

Une partie des IDE ayant pour objet de tirer parti de l’existence de bas salaires ou de
conditions de travail moins favorables aux salariés dans certains pays étrangers, les firmes
multinationales sont parfois accusées de concurrence déloyale. On leur reproche également de
fermer les yeux sur les violations des droits de l’homme et des droits des travailleurs dans les

46
pays en développement où les autorités ne font pas véritablement respecter ces droits.
Certains pays, désireux d’attirer le plus possible d’IDE, sont parfois accusés de recourir
au dumping social. Dans le même temps, les IDE peuvent exercer des effets à la fois sur les
salaires du pays d’accueil et sur les conditions de travail non salariales. Dans chaque cas, on
peut distinguer des effets directs (s’exerçant dans les filiales détenues par des investisseurs
étrangers) et des effets indirects (qui touchent les salariés des entreprises locales).

• Impact sur salaire :

Effet direct : Pendant plusieurs années, des études ont semblé montrer que les filiales
appartenant à des groupes étrangers versaient des salaires plus élevés à leurs employés que
leurs homologues locales, en particulier dans les pays en développement. Ainsi, dans une
étude consacrée au Mexique, aux États-Unis et au Venezuela, B. Aitken et al. (1996) mettent
en évidence que le salaire moyen dans les entreprises étrangères tend à être supérieur
d’environ 30 % à celui des entreprises locales. La limite de cette étude consiste cependant à
comparer des salaires d’employés qui peuvent appartenir à des catégories différentes. Ainsi, si
les filiales étrangères emploient moins d’ouvriers (traditionnellement moins bien payés que
les autres catégories de travailleurs) que les filiales locales, il est normal de constater des
salaires moyens plus élevés chez les premières. R. E. Lipsey et F. Sjöholm (2004) ont essayé
de neutraliser l’écart salarial relatif à la différence de composition de la main d’œuvre. Ils
constatent que dans les filiales de groupes étrangers, les salaires moyens ne sont plus
supérieurs que de 12 % pour les ouvriers et de 20 % pour les autres catégories de travailleurs.
Des résultats similaires ont été présentés pour cinq pays d’Afrique sub-saharienne par O.
Morrissey et D.W. Te Velde (2003). Cet écart entre salaire moyen dans les filiales de groupes
étrangers et entreprises locales semble cependant amoindri lorsque la filiale est le résultat
d’une fusion-acquisition (l’entreprise faisant partie d’un groupe étranger à la suite d’un rachat
et non à la suite de la création d’une société entièrement nouvelle), ce phénomène étant plus
particulièrement marqué dans les pays développés (cf. les études de F. Heyman et al. (2007)
sur la Suède ou S. Girma et H. Görg (2007) sur le Royaume-Uni). Un dernier élément à
prendre en compte dans ce type de comparaison consiste à neutraliser la potentielle
amélioration des qualifications des travailleurs (quelle que soit la catégorie à laquelle ils
appartiennent) que peut entraîner l’appartenance à un groupe étranger, amélioration qui se
traduirait par une surestimation de l’écart des salaires qui doit être mesuré à qualification
équivalente. De fait, il semblerait que, si on compare des salaires individuels de personnes
ayant un même niveau de qualification, les fusions-acquisitions dans les pays développés ont

47
au mieux un effet faiblement positif sur le salaire individuel, voire un effet négatif. M.
Andrews et al. (2007) pour l’Allemagne, N. Malchow-Moller et al. (2007) pour le Danemark
ou R. Balsvik (2006) pour la Norvège, calculent que l’écart de salaire entre les employés de
filiales de groupes étrangers et ceux d’entreprises locales est compris entre 1 % et 3 %. P.
Martins (2004) et Heyman et al. (2007) mettent en évidence des écarts négatifs de salaires
dans les filiales de groupes étrangers au Portugal et en Suède respectivement.

Dans une étude consacrée à l’impact social de l’IDE dans les pays d’accueil, l’OCDE (2008)
a analysé les effets des prises de contrôle étrangères sur les salaires moyens pour deux
économies émergentes ( Brésil et Indonésie) et trois pays de l’OCDE (Allemagne, Portugal et
Royaume-uni). Il apparaît que les acquisitions par l’étranger d’entreprises locales permettent
d’augmenter les salaires moyens dans les entreprises concernées, l’augmentation étant plus
marquée dans les économies émergentes (11 % au Brésil, 19 % en Indonésie) que dans les
pays développés (où il est compris entre 3 % et 8 %). Les résultats obtenus au niveau des
salaires individuels à la suite de fusions-acquisitions montrent en outre que l’effet positif des
IDE consiste davantage à offrir de meilleures possibilités d’emploi aux nouveaux recrutés
qu’à offrir un meilleur salaire aux travailleurs restant en place dans des entreprises qui
changent de propriétaire. Enfin, les entrées d’IDE sont susceptibles d’aggraver les inégalités
de rémunération dans le pays d’accueil (notamment lorsqu’il s’agit d’un pays en
développement), en poussant à la hausse les salaires relatifs des travailleurs qualifiés.

Effet indirect : Les effets indirects des IDE sur les salaires consistent en la répercussion des
IDE sur les conditions salariales des entreprises locales, qui ne sont pas détenues par des
actionnaires étrangers. Ils empruntent deux canaux de transmission différents :

• le premier est lié à la diffusion des progrès de productivité introduits par les
multinationales vers les entreprises locales. En effet, selon H. Görg et D. Greenaway
(2004) :

-les entreprises locales peuvent décider d’améliorer leur productivité en appliquant les
processus de production et les méthodes de gestion des filiales de groupes étrangers,

-les travailleurs qui passent d’une filiale de groupe étranger vers une entreprise locale
peuvent faire bénéficier leur nouvel employeur de leur expérience accumulée dans la filiale de
la multinationale étrangère.

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-les filiales de groupes étrangers peuvent demander à leurs fournisseurs locaux d’adopter
leurs pratiques en termes de production ou de gestion (respect de normes de qualité par
exemple).

-l’intensification de la concurrence consécutive à l’arrivée des filiales de groupes


étrangers peut contraindre les entreprises locales à s’adapter le plus possible aux méthodes de
production introduites par les multinationales.

• le second tient aux effets de l’arrivée de filiales de groupes étrangers sur le marché du
travail local :

-en premier lieu, les filiales de groupes étrangers vont mécaniquement augmenter la
demande de travail, ce qui devrait exercer une pression à la hausse des salaires locaux,

-en outre, si les filiales de groupes étrangers paient des salaires plus élevés que les
entreprises locales, les travailleurs locaux vont préférer travailler dans filiales de
multinationales, ce qui tendra à réduire l’offre de travail à l’attention des entreprises locales
qui se verront contraintes de relever leurs salaires afin de rester attractives.

Les études empiriques fournissent des résultats contrastés : si Aitken et al. (1996) ne mettent
pas évidence de retombées salariales positives de l’IDE sur les entreprises locales au Mexique
et au Venezuela, il n’en est pas de même pour N. Driffield et S. Girma (2003) pour le
Royaume-Uni ou J. P. Poole pour le Brésil. Selon l’étude de l’OCDE (2008) menée sur
l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal, le Brésil et l’Indonésie, il semble bien qu’il existe
un effet indirect positif des IDE sur les salaires des entreprises locales, mais cet effet est d’une
ampleur beaucoup plus limitée que l’effet direct sur les salaires dans les filiales des
multinationales. En outre, cet effet direct découlerait bien plus des répercussions des IDE sur
le marché du travail du pays d’accueil que de la diffusion aux entreprises locales de progrès
de productivité.

• Impact sur les conditions non salariales :

Selon l'OCDE, « les conditions de travail non salariales ne s’améliorent pas nécessairement
après une prise de contrôle étrangère ». Ainsi, les firmes multinationales ne semblent pas
avoir tendance à exporter leurs conditions de travail autres que le salaire (telles que la
formation, le temps de travail ou la stabilité de l’emploi) à l’étranger.

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Au contraire, elles ont tendance à adopter les pratiques locales. N. Bloom et al. (2008)
analysent, sur la base de données d’enquête sur les méthodes de management et de
conciliation vie professionnelle-vie privée pour plus de 700 entreprises de taille moyenne en
Allemagne, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni, dans quelle mesure les
multinationales américaines exportent certaines pratiques vers leurs filiales en Europe. Ils
établissent que si les multinationales américaines exportent leurs pratiques de management,
elles n’exportent pas leurs pratiques en matière de conciliation vie professionnelle-vie privée.
R. Freeman et al. (2007) comparent les pratiques de travail dans les filiales locales et
étrangères d’une entreprise américaine donnée dans différents pays et constatent eux aussi que
les entreprises américaines adaptent dans une large mesure leurs pratiques à ce qui se fait dans
le pays d’accueil. Cette faible propension des multinationales américaines à exporter leurs
pratiques de travail serait dû au fait que :

1-les conditions de travail sont soumises à des règles et normes sociales nationales.
L’importante réglementation du marché du travail qui existe dans beaucoup de pays
européens et le rôle majeur des syndicats dissuaderaient les multinationales américaines
d’exporter en Europe leurs pratiques sociales.

2-la faible propension des multinationales américaines à exporter leurs pratiques de travail
pourrait être due à des considérations stratégiques. Ainsi, les filiales locales tournées vers le
marché intérieur tendent à être beaucoup plus discrètes sur la gestion de leurs ressources
humaines que les entreprises plus orientées vers l’exportation.

3-la faible propension des multinationales américaines à exporter leurs pratiques de travail
pourrait tenir à un style de management qui leur est propre et ne serait donc pas représentative
des multinationales d’autres pays.

Peu d'études sont disponibles sur la propension des multinationales à exporter leurs pratiques
de travail vers les pays en développement. D’un côté, elles pourraient être d’autant moins
incitées à le faire que la mise en application de la réglementation du travail et le rôle des
syndicats tendent à être plus faibles dans les pays en développement. De l’autre, les
consommateurs et les investisseurs des pays développés pourraient trouver inacceptables les
pratiques sociales appliquées dans les filiales implantées dans les pays en développement, et
exerceraient alors une pression sur les multinationales pour que celles-ci exportent leurs
pratiques en matière de ressources humaines.

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Bibliographie
-Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

-The demographic profile of african countries (UNITED NATIONS Report)

-Développement des Entreprises Marocaines en Afrique (Direction des Etudes et Prévisions


Financières/Agence Française de Développement)

-Les Rapports annuels de BMCE (2017/2018)

-Rapport annuel de Bank of Africa (BOA)

-Rapport annuel de Banque de Développement de Mali (BDM-SA)

-Rapport annuel LCB (la congolaise de banque)

-Le Maroc en Afrique (2015 l’Institut Amadeus sous la direction de Brahim FASSI FIHRI )

- Institutions et impact des IDE dans les pays en développement le secteur de la grande

distribution au Mexique.

- Rôle de la stabilité économique et politique du pays sur la performance des Investissements


directs étrangers : cas de la Tunisie (2013 Sondes Bouhajja)

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Webographie
-https://fr.wikipedia.org/wiki/Investissement_direct_%C3%A0_l'%C3%A9tranger

-https://www.memoireonline.com/11/09/2898/m_Determinants-de-linvestissement-direct-a-
letranger-dans-les-pays-en-voie-de-developpement-6.html

https://www.finances.gov.ma/Etude/depf/2018/D%C3%A9veloppement_des_entreprises_mar
ocaine_en_Afrique.pdf

- https://www.memoireonline.com/04/13/7146/m_Problematique-des-investissements-directs-
etrangers3.html

-https://lematin.ma/express/2019/bmce-bank-of-africa-change-nom-des-janvier-
2020/328402.html

-https://www.jeuneafrique.com/445528/economie/flux-dinvestissements-directs-etrangers-
vers-lafrique-ont-continue-de-diminuer-2016-selon-cnuced

https://www.irbmcebankofafrica.ma/fr/publication/Rapports%20d%E2%80%99activit%C3%
A9

-https://www.memoireonline.com/02/10/3169/m_Determinants-des-investissements-directs-
etrangers-en-Afrique-subsaharienne1.html

-https://www.oecd.org/fr/investissement/investissementpourledeveloppement/1959806.pdf

https://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/demographic_profile_rev_april_25.
pdf

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