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DISTRIBUTION WAL-MART
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Résumé
«Every low prices», tel est le slogan de la société Wal-Mart, première société
de distribution au monde. Bush senior, ancien président des États-Unis
ajoute en 1992 que «le succès de Wal-Mart est le succès de l’Amérique».
Certes, le groupe publie des résultats remarquables sur le plan économique,
mais désastreux sur le plan social. Pour mieux comprendre le cas Wal-Mart,
nous exposerons d’abord les caractéristiques du droit américain, à la fois
fédéral (donc applicable au niveau du pays tout entier), mais aussi étatique
(principe de subsidiarité). Ensuite quelques repères historiques, nous
permettrons d’expliciter «l’effet Wal-Mart», caractérisé au niveau macro-
économique par une hausse de la productivité et une baisse général des
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Abstract
“ Every low prices “, such is the slogan of the company Wal-Mart, the first
company of distribution to the world. Bush senior, former president of the
United States adds in 1992 that “ the success of Wal-Mart is the success
of America “. Certainly, the group publishes remarkable results (profits)
on the economic plan, but disastrous on the redundancy plan. To have
a better understanding of the case Wal-Mart, we shall expose at first the
characteristics of the American’s right, at once federal (thus applicable at
the level of the whole country), but also national (principle of subsidiarity).
Then some historic marks, we shall allow to clarify “ the effect Wal-Mart “, to
characterize at the macroeconomic level by an increase of the productivity
and a decline general of the prices(prizes), Wal-Mart would be responsible
for a decline of 3 % of the inflation in the USA, but in the price(prize) of a
deflationary social model. The current world crisis, in particular the decline
of the purchasing power provokes an increase of turnovers of Wal-Mart,
even the consumers who boycotted systematically the company come to
111. Françoise de Bry, ESDES, UCL, Université de Lyon, fdebry@orange.fr
112. François Silva, ESCEM Tours/Poitiers, CNAM, FSILVA@escem.fr
113. Nous remercions les étudiants de l’ESCEM Aurélie Tran Ngoc et Maxime Sauvage auxquels nous avons empruntés quelques
éléments de leur mémoire sur Wal-Mart
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Le coût de l’inéthique : le cas de la société
de grande distribution Wal-Mart
purchase there. But “ethics pays” say the Americans, Wal-Mart will probably
not remain an exception.
Ses prix sont en moyenne inférieurs de 14% par rapport au marché de chaque
comté américain où elle est implantée, la baisse du pouvoir d’achat de ses
associés116 varie entre 2,5 et 4.8%, quant à ses concurrents locaux, ils s’alignent
sur ses prix ou disparaissent. En conséquence, le niveau de vie de ses associés
est insuffisant et ils doivent recourir au système collectif « Medical-Care ».
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Nous sommes donc dans la spirale sans fin d’une politique qui tire les salaires
vers le bas, signifiant ainsi une dégradation des conditions de vie des associés.
Les autres entreprises n’ont pas d’autres choix que de suivre le modèle Wal-Mart,
la norme devenant le mieux disant économique. Les consommateurs, souvent
mal informés, sont les gagnants du système. Ils connaissent peu ou pas les
méthodes de production de l’entreprise qui constituent pour eux une boite noire,
même s’ils sont à la fois salarié et consommateur.
Nous nous interrogerons essentiellement sur les conditions qui rendent possibles
une telle situation, et plus particulièrement sur la place du droit social américain
tant au niveau fédéral qu’au niveau des différents États qui composent les USA.
Dans une première partie, nous examinerons les caractéristiques du droit social
américain qui explique les politiques sociales que peut pratiquer Wal-Mart. Dans
une deuxième partie, nous présenterons le modèle économique et sociale de
Wal-Mart. Enfin, nous démontrerons que Wal-Mart s’est fortement implantée
dans les états où le droit du travail ne va guère plus loin que le droit fédéral
(Arkansas, Texas, Nebraska, Nevada …), mais qu’elle a peu de magasins, par
exemple en Californie où le droit travail est beaucoup plus rigoureux.
.
114 Slogan du groupe Wal-Mart
115. Titre du film réalisé par Robert Greenwald, avec pour sous-titre « Does for the gargantuan ameriacan retail outlet what supersize
me did for the big mag », 2006.
.
116 Associé : nom (teinté de paternalisme !) donné par Wal-Mart à ses salariés.
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Les textes fédéraux posent les grands principes applicables aux relations de travail.
Applicables sur tout le territoire américain, ces grands principes garantissent aux
employés une protection minimale que tout employeur est tenu d’assurer. Des
agences fédérales veillent au respect de ces règles.
Ces textes laissent aux Etats une grande latitude dans la mise en place de
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La première qui est inscrite dans le Titre VII du Civil Rights Act de 1964 interdit
les discriminations basées sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine
nationale et s’applique aux employeurs exerçant une activité liée au commerce
entre Etats (en pratique tous les employeurs) et ayant au moins 15 employés.
Les personnes protégées sont à la fois les destinataires d’offres d’emploi, les
candidats à un emploi, les employés et même les anciens employés. Le texte
interdit les discriminations mêmes non intentionnelles et s’applique dès lors que
le comportement de l’employeur a eu un effet négatif sur un ou plusieurs individus
appartenant à une des catégories protégées.
Le second acte intitulé : The American with Disabilities Act (ADA) interdit les
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Enfin, The Age Discrimination in Employment Act (ADEA) interdit les discriminations
basées uniquement sur un critère lié à l’âge et s’applique aux employeurs ayant
plus de 20 employés. Les personnes protégées sont (1) les destinataires d’offres
d’emploi, (2) les candidats à un emploi et (3) les employés âgés de plus de
40 ans. Il existe néanmoins certaines limites telles que la possibilité d’avoir un
système d’ancienneté, de mettre en place un système de départ en retraite ou
préretraite sur la base du volontariat, ou encore de prendre des décisions basées
sur le critère de l’âge pour les impératifs de l’emploi concerné.
Les lois fédérales ne posant que les standards a minima dans le domaine de
la discrimination, les Etats ont la possibilité de renforcer la protection (principe
de subsidiarité). Ainsi, dans certains États, la loi ajoute des interdictions
supplémentaires et élargisse également leur champ d’application en appliquant
ces textes à des entreprises dont le nombre de salariés est inférieur au minimum
fédéral.
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LA RELATION DE TRAVAIL
La relation de travail est régie par de nombreuses règles dont l’employeur doit
impérativement prendre connaissance. Ces règles concernent des questions
aussi variées que le respect de la vie privée, la diffamation, ou la responsabilité
pénale de l’employeur du fait de ses employés. Elles doivent cependant être
justifiées par l’activité de l’entreprise, des règles inutiles ou trop restrictives
pouvant être interprétées comme discriminatoires. Ces règles concernent, outre
les questions de discrimination et de harcèlement sexuel évoquées ci-dessus,
les questions de congés pour raisons familiales (Family and Medical Leave Act
de 1993), l’usage du tabac et de drogues (Drug Free Workplace Act de 1988)
dans l’entreprise, l’absentéisme et la ponctualité, la violence ou les vols sur le lieu
de travail, l’utilisation des équipements de l’employeur, la discipline ou encore
la protection des informations confidentielles. Ces règles sont consignées dans
un « guide de l’employé » (employee handbook) et communiquer à tous les
nouveaux salariés. Ces derniers doivent signer un document où ils reconnaissent
avoir pris connaissance du guide et accepter ses clauses. Ce procédé peut
permettre de minimiser les risques de procès (notamment de mise en cause da
la responsabilité de l’employeur).
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de grande distribution Wal-Mart
couverts par le texte à titre individuel, si les employés sont engagés dans des
activités de commerce interétatique, et ne sont pas expressément exclus du
bénéfice du texte (cadres, personnels administratifs, professionnels).
Un salaire minimum (5,15 dollars de l’heure au 1er avril 2007) est garanti à tous
les employés, sauf certaines catégories (par exemple, les représentants de
commerce indépendants, les apprentis ou les étudiants) auxquelles peut être
appliqué un taux inférieur dit « subminimum ». Le salaire minimum est garanti
à plus de 130 millions de travailleurs sur les 146 millions de travailleurs actifs
américains début 2007. De plus, de nombreuses lois étatiques augmentent le
montant du salaire horaire minimum et/ou posent des conditions différentes pour
son application.
Le FLSA contient également des dispositions spécifiques sur l’emploi des jeunes
de moins de 18 ans (limitant le nombre d’heures pouvant être travaillées, le
moment de la journée et les industries concernées), l’égalité de salaire pour un
travail égal découlant du Equal Pay Act de 1963 incorporé dans le FLSA (les
cadres, personnels administratifs et professionnels qui ne sont pas couverts
par le FLSA, le sont pour ces dispositions), l’obligation d’affichage des droits
des employés en matière de salaire et d’heures supplémentaires et l’obligation
de conservation des documents (fiches de paie, attribution de commissions ou
primes exceptionnelles, etc.). Dans tous ces domaines, il convient de toujours
s’assurer que les Etats ne disposent pas d’une réglementation plus stricte.
LA PROTECTION SOCIALE
Le système de protection sociale est nettement mois développé aux USA qu’en
France. Les charges sociales obligatoires sont énumérées ci-après :
-- Assurance vieillesse « Social Security » (cotisations déterminées par
le Federal Insurance Contributions Act) ;
-- Assurance chômage Unemployment Insurance (gérée conjointement
par l’Etat fédéral et les États fédérés) ;
-- Assurance contre les accidents du travail Workers Compensation
and Employers Liability Insurance (souscrite auprès d’une compagnie
d’assurance privée ou d’une mutuelle d’Etat).
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Aux États-Unis, outre les diverses cotisations et impôts dont chaque employeur
est redevable, il existe trois autres principaux régimes sociaux au profit des
salariés pouvant être mis en place par les employeurs, notammenet :
- L’assurance maladie (Health insurance) ;
- L’assurance vie (Life insurance) ;
- Les régimes complémentaires de retraite.
LA SYNDICALISATION
Le National Labor Relations Act de 1935 établit le droit des employés à se
syndiquer et à prendre part à des négociations collectives pour parvenir à un
règlement de leurs conflits. Il a mis en place The National Labor Relation Board
(NLRB), agence fédérale en charge des relations entre les employeurs et les
syndicats (représentativité, organisation d’élection …).
LE LICENCIEMENT
En droit américain, il n’existe pas de procédure de licenciement à proprement
parler. En pratique néanmoins, un licenciement se prépare et se gère avec au
moins autant de précision qu’une embauche.
Les risques de procès pour licenciement abusif sont importants, mais peuvent
être évités si l’employeur peut prouver qu’il n’a pas outrepassé les droits de
l’employé. Il pourra par exemple prendre les précautions suivantes : établir et
communiquer des règles de conduite et de travail claires ; appliquer ces règles
équitablement ; ou encore établir un système d’évaluation des performances.
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Le coût de l’inéthique : le cas de la société
de grande distribution Wal-Mart
Cette expression utilisée en 1992 par Bush Senior, alors président des États-
Unis, relève d’un succès syncrétique. En effet les performances de Wal-Mart
sont remarquables sur le plan technique, mais désastreux sur le plan social. Il
ne s’agit pas dans ce texte de faire une véritable étude de cas, mais à travers
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septembre 2007, Wal-Mart lance un nouveau slogan «Save Money Live Better »
(Conserver son argent, vivre mieux) à la place du célébrissime « Always Low
Prices, Always » (Toujours des prix bas, toujours).
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de grande distribution Wal-Mart
La maîtrise des coûts (salaires, matières premières …), la flexibilité (70% des
associés travail à temps plein, mais estimé à 34h, voire 28h selon les États)), une
stricte gestion des stocks, une centralisation poussée118 (utilisation intensive des
moyens informatiques et autres) du groupe expliquent sa réussite financière. Mais,
il s’agit d’un marché de dupes où le poids économique de cette multinationale
fait la loi du marché. Nous sommes très loin du modèle classique de l’offre et
de la demande, voire du libéralisme économique. Des économistes américains,
proches du mouvement démocrate, lui reprochent la faillite des petits commerces,
l’uniformisation des goûts, mais aussi d’être responsable du déficit commercial
avec la Chine119. Ne serions-nous pas revenus au « capitalisme sauvage du 19ème
siècle » dans un pays qui se targue d’être à l’origine de la Business Ethics et de
la Corporate Social Responsability.
118. Un cadre affirme : « Je pourrais vous donner les recettes d’un magasin le 13 juillet de l’année dernière entre 19h et 20h et même
vous dire combien Sally Jo, caissière n°342, a encaissé pendant cette heure-là » (CCIP,2005)
119. Wal-Mart importe une vingtaine de milliards de dollars de produits en provenance de Chine (délocalisation). Le modèle a ses
limites, car cette année (2007), l’entreprise vient d’annoncer à certains de ses sous-traitants chinois aux motifs que les stocks
s’accumulent dans les entrepôts américains, notamment les vêtements et éléments de décoration intérieure que les américains ne
jugent pas assez « à la mode ».
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Pour pouvoir respecter son slogan, Wal-Mart délocalise. En 2005, plus de 60%
des marchandises étaient importées contre 6% en 1995. Gary Gereffi, professeur
à l’Université Duke, affirme que « Wal-Mart est l’une des principales forces qui
poussent à la délocalisation aux USA. Elle dispose aujourd’hui d’un pouvoir
exorbitant de vie et de mort sur la plupart des industries de consommation
aux Etats-Unis et de ses 65 000 fournisseurs, parce qu’il est de loin le premier
distributeur et vendeur de produits ».
Cette société s’est également investie dans quelques projets écologiques. Elle
équipe aujourd’hui ses magasins « d’un système de modulation d’éclairage
en fonction de la luminosité naturelle. Cet équipement permet de réduire de la
consommation de 25 à 35% selon les magasins ». Elle généralise les toits blancs
qui peuvent permettre jusqu’à 250 millions de Kwh par an et est sensible la
récupération des déchets.
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Le coût de l’inéthique : le cas de la société
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Malgré ces quelques atténuations, le groupe est très connu pour sa politique des
bas salaires et son anti-syndicalisme. Il n’est dès lors pas surprenant que le turn-
over de son personnel en magasin soit supérieur à 50%, voire égal à 100% .
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Nous avons cité précédemment les conditions dans lesquelles une entreprise
peut créer un syndicat. Mais même si les conditions légales sont remplies, Wal-
Mart dispose d’une « boite à outil » extrêmement efficace pour résister à la
syndicalisation.
- Si la demande de syndicalisation approche le chiffre fatidique de 30%, elle
embauche massivement pour faire retomber le pourcentage à 20%.
- À la première manifestation de mécontentement, le magasin concerné prévient
le groupe qui leur envoie par avion privé un cadre supérieur de Bentonville (siège
social). Ce dernier met en place toute une pédagogie pour les associés afin de
les purger de leurs mauvaises intentions.
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Le coût de l’inéthique : le cas de la société
de grande distribution Wal-Mart
Cette procédure est exceptionnelle en France et ne concerne que des cas bien
particuliers. Elle consiste à fusionner l’ensemble des plaintes individuelles dans
.
120 Class-action, en français : action collective, action de groupe.
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En octobre 2006, Wal-Mart a déjà été condamné, après une class action, à payer
plus de 78 millions de dollars pour avoir forcé des associés à travailler pendant
leur temps de repos. L’entreprise s’est également vue infliger 172 millions de
dollars de dommages et intérêts pour 116 000 de ses associés, selon la même
procédure pour les avoir empêchés de prendre leur pause-repas. Le groupe fait
l’objet de plaintes similaires dans 30 États.
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avons dit aux habitants : pourquoi croyez-vous qu’ils viennent chez vous ? Parce
que vous êtes de couleur ? Ils pensent que vous êtes stupides ? Cet argument a
fait la différence. ». La défaite fut d’autant plus humiliante pour Wal-Mart qu’elle
était à l’origine de la demande du référendum. L’entreprise avait dépensé un
million de dollars pour convaincre les habitants (tracts, coups de téléphone, visite
à domicile, taxis pour emmener les plus âgés voter).
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Wal-Mart, c’est aussi plus de 821,9 millions de dollars en taxes de vente collectées
pour l’Etat de Californie en 2007.L’entreprise a également versé plus de 128,3
millions de dollars en impôts et taxes locales à la Californie 2007.
Les conditions de travail au sein de Wal-Mart pénalisent les salariés. Ainsi, ils
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Au niveau des salaires, bien que l’entreprise communique par le biais de son site
Internet sur le salaire horaire moyen, il n’existe pas de moyens pour vérifier la
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fiabilité de ses données. Ainsi, elle calcule une moyenne qui inclut le salaire des
cadres de l’entreprise, mais surtout elle exclut le salaire horaire des employés
à temps partiel. Ses employés représentent cependant 25% des effectifs des
magasins.
Face aux syndicats, Wal-Mart a une stratégie agressive pour éviter toute
pénétration d’un syndicat au sein de leurs magasins. Ainsi, ils n’hésitent pas
à prendre des mesures disciplinaires ou à procéder à des licenciements de
personnes actives au sein des syndicats. Ils procèdent également à la surveillance
et à l’espionnage des activités syndicales. Une hotline a également été mise
en place afin que les managers préviennent la maison-mère de toutes activités
syndicales naissantes.
Lorsque Wal-Mart s’établit dans une ville, les salaires en souffrent. Les chercheurs
de l’Université de Berkeley ont analysé de l’événement d’Inglewood et ont
constaté que lorsque Wal-Mart ouvre un magasin, la moyenne des salaires de
la ville dans le secteur du commerce de détail chute de 0,8 % en 3 ans. Quant
à la rémunération totale des salariés du secteur, elle chute de 1,5 % à la même
période. La présence de Wal-Mart est semble-t-il à l’origine d’une baisse des
revenus des salariés de 4,7 milliards de dollar par an.
Wal-Mart souhaitait, malgré tout persévérer et établir plus d’une quarantaine de
magasins dans le Sud de la Californie. Aujourd’hui, seul un magasin a été ouvert
à La Quinta, à 300 km de Los Angeles.
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le deuxième État le plus riche du pays après la Californie et devant l’Etat de New
York. Beaucoup des 500 premières entreprises les plus puissantes du monde y
sont présentes, ce qui permet une production financière énorme et une croissance
économique soutenue. L’excellente gestion de l’agriculture, de l’exploitation des
richesses du sous-sol et la création de différents systèmes énergétiques fait du
Texas l’une des régions les plus dynamiques en matière de nombre et variété
d’emplois. Si tous les quartiers d’affaire du Texas étaient réunis, ils formeraient le
plus important centre économique des États-Unis.
Wal-Mart occupe une place importante sur le sol texan. Depuis sa création en
1962, l’entreprise compte 373 enseignes Wal-Mart (296 supercenters, 43 discount
stores, 34 neighborhood markets et 72 Sam’s club) à cela s’ajoute les 14 centre
de distribution qui livrent tous les jours les points de vente.
Wal-Mart prévoit en 2010 de vendre la moitié des produits de consommation
courants aux Etats-Unis. Mais le groupe est aujourd’hui très critiqué, même Wall
Street ne l’aime pas beaucoup, son cours de bourse est au même niveau qu’en
1999 alors que celui de son concurrent direct Target a augmenté de 75%. Plus
petit, mais plus haut de gamme, Target a vu son chiffre d’affaires augmenter deux
fois plus vite et dégage de meilleures marges. Wal-Mart tente de ne plus se limiter
au bas de gamme. Il rénove ses magasins, développe les aliments bio, diversifie
ses biens pour l’équipement de la maison. Mais, son changement de look brouille
son image dans la clientèle et ne résout pas la question sociale dans l’entreprise.
Si Wal-Mart, en tant que système, montre ses limites. En s’implantant dans des
États où le droit social est faible, voire limité au strict droit fédéral, il montre
que les seules parties prenantes pour lesquels ils montrent un intérêt sont : les
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SITES INTERNET
www.aflcio.org/corporateamerica/walmart
www.novethic.fr
www.investor.walmartstores.org
www.walmartstores.com
www.walmartfoundation.org
www.wakeupwalmart.org
DVD
“The high cost of low price” Film réalisé par Robert Greenwald, avec pour sous-titre « Does
for the gargantuan ameriacan retail outlet what supersize me did for the big mag », 2006.
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