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Alain de Lille

Biographie

Naissance

1114, 1115 ou entre 1116 et 1117

Lille

Décès

Entre le 14 avril 1202 et le 5 avril 1203 (?)

Nuits-Saint-Georges ou abbaye de Cîteaux

Sépulture

Abbaye de Cîteaux

Surnom

Docteur universel

Activités

Théologien, poète, écrivain, enseignant, philosophe, historien

Autres informations

Ordre religieux

Ordre cistercien

Maîtres

Gilbert de La Porrée, Pierre Abélard, Bernard Silvestre, Thierry de Chartres

Influencé par

Proclus

Fête

30 janvier

Œuvres principales

Liber parabolarum (d)


modifier - modifier le code - modifier WikidataDocumentation du modèle

Alain de Lille, ou Alain de L'Isle (en latin : Alanus ab Insulis), né probablement en 1116 ou 1117 à Lille et
mort entre le 14 avril 1202 et le 5 avril 1203 à l'abbaye de Cîteaux1,2, est un théologien français, aussi
connu comme poète.

De sa vie on sait peu de choses. Il semble avoir enseigné à Paris et il assista au concile du Latran en 1179.
Il habita ensuite Montpellier (on l'appelle quelquefois Alanus de Montepessulano), vécut quelque temps
hors de la clôture monacale et prit finalement sa retraite à Cîteaux, où il mourut en 1202.

De son vivant sa réputation s'étendait très loin et ses connaissances, plus variées que profondes, le
firent surnommer Doctor universalis.

Œuvres

Parmi ses très nombreuses œuvres, deux poèmes le placent à un rang honorable dans la littérature
latine du Moyen Âge :

De planctu naturae (les Lamentations de la Nature, vers 1168-1172), qui inspira Jean de Meung pour la
deuxième partie du Roman de la rose, est une satire habile des vices de l'humanité. Il créa l'allégorie de
la « conjugaison » grammaticale qui devait avoir ses continuations tout au long du Moyen Âge.

Anticlaudianus de Antirufino (vers 1182-1183), c'est-à-dire "Réplique à l'In Rufinum de Claudien" : traité
sur la morale présenté sous forme d'allégorie, dont la forme rappelle le petit livre de Claudien contre
Rufinus, agréablement versifié et d'une latinité relativement pure.

Dans ces deux poèmes, le personnage principal est la figure allégorique de Nature. Ces poèmes sont
représentatifs des sens que l'on employait pendant tout le Moyen Âge pour l'interprétation des textes.
Alain de Lille avertit en effet le lecteur que son œuvre doit être lue à trois niveaux : elle dispose d'un
sens littéral à qui souhaite s'arrêter au plaisir de la lecture, à l’« entendement puéril » ; ceux qui veulent
profiter de la lecture pourront y trouver un sens moral ; enfin, une intelligence plus fine y puisera
également un sens allégorique3.

Parmi ses autres œuvres, il faut citer :

Alanus super Cantica canticorum etc. qui contient4,5 :

Alanus super Cantica canticorum de beata Virgine


Tractatus in Canticum canticorum

Quadragesimale de homine

Quoniam homines, vers 1165. Cette somme comprendrait :

Sur les vertus, les vices et les dons du Saint-esprit.

S'appuyant sur le pseudo Denys l'Aréopagite, il y défend une théologie négative qu'il nomme science
céleste et critique ceux qui oublient le caractère inconnaissable et ineffable de leur objet d'étude.

Le sermon sur la sphère intelligible, vers 1177-1179, qui présente la première mention connue du Livre
des XXIV philosophes : "Dieu est la sphère intelligible dont le centre est partout, la circonférence nulle
part"6.

Règles de théologie, vers 1192-1194.

Dans ce traité, il tente d'appliquer à la théologie le principe tiré des Seconds analytiques d'Aristote : «
toute science s'appuie sur des règles propres ». Mais, tandis que les règles des autres arts sont
conventionnelles (grammaire), les règles de la théologie ont une nécessité absolue qui tient au caractère
immuable de leur objet. Pour réaliser ce projet, il prend pour modèle d'exposition le Liber de Causis tiré
de Proclus. Chaque règle y est suivie d'une démonstration de forme euclidienne. Il serait toutefois
erroné de penser qu'Alain croit que les articles de foi soient démontrables. Il se contente d'établir des «
raisons probables » qui amènent l'esprit des hérétiques à acquiescer par la raison, puisque l'autorité des
Saintes Écritures ne leur suffit pas7.

Contra haereticos (Contre les hérétiques, vers 1190-1200) : il y réfute les cathares, vaudois, juifs et
musulmans.

Ars catholicae fidei (vers 1200) : Cette œuvre autrefois attribuée à Nicolas d'Amiens est aujourd'hui
restituée à Alain : poursuivant la démarche des Régles de théologie, il tente une application immédiate
de ce principe et essaie de prouver de façon géométrique les dogmes définis dans les Règles. Cet essai
audacieux fut abandonnée par la scolastique ultérieure au profit de la dialectique. L’emploi de termes
qu'on n'utilise généralement pas dans un tel contexte (axiome, théorème, corollaire, etc.) sera repris et
généralisé par Spinoza beaucoup plus tard.

Alain de Lille a souvent été confondu avec d'autres personnages, en particulier Alain, l'archevêque
d'Auxerre, Alan, abbé de Tewkesbury, Alain de Podio, etc. Certains faits de leurs vies lui ont été
attribués, aussi bien que certains de leurs ouvrages : c'est ainsi que la Vie de saint Bernard devrait être
rendue à Alain d'Auxerre et le Commentaire sur Merlin à Alan de Tewkesbury. Alan de Lille n'était pas
l'auteur de Memoriale rerum difficilium, publié sous son nom, ni de l'Apocalypse satirique de Golias
qu'on lui attribuait autrefois ; de même il est extrêmement douteux que Dicta Alani de lapide
philocophico soit vraiment de sa plume[réf. souhaitée].

Théologie
Alain de Lille fit partie de la réaction mystique de la deuxième moitié du xiie siècle contre les premiers
représentants de la philosophie scolastique. Son mysticisme, cependant, est loin d'être aussi absolu que
celui des Victorins. Dans Anticlaudianus il exprime généralement l’idée que la raison, guidée par la
prudence, peut par elle-même découvrir la plupart des vérités de l'ordre physique, mais pour
l'appréhension des vérités religieuses elle doit se fier à la foi.

Le versant purement théologique de son œuvre en fait un représentant majeur de la grammaire


spéculative appliquée à la théologie.

Ayant connu son floruit entre la somme théologique de Pierre Lombard et les œuvres de Thomas
d'Aquin et Bonaventure, il restera durant les xiiie et xive siècles une des autorités citées communément
par tous les auteurs.

Publications

Traductions en français

Règles de théologie [vers 1192-1194], suivi de Sermon sur la sphère intelligible, trad. Françoise Hudry,
Paris, Éditions du Cerf, 1995.

Alain de Lille (?), Lettres familières (1167-1170). Edition et commentaire par Françoise Hudry. Préface de
Pascale Bourgain. Paris, Librairie philosophique J. Vrin - École des chartes, 2003, 189 p. (études et
rencontres de l'École des chartes, 14).

La plainte de la Nature. De planctu naturae (vers 1167-1173), trad. Françoise Hudry, Les Belles Lettres,
2013.

Anticlaudianus, édité et traduit par Florent Rouillé, Droz, 2022

Études

J. Châtillon, D'Isidore de Séville à Saint Thomas, Aldershot, 1985.

Françoise Hudry, "Métaphysique et théologie dans les Regulae theologiae d'Alain de Lille (+ 1202)", dans
Metaphysics in the Twelfth Century. On the Relationship among Philosophy, Science and Theology, édi.
par M. Lutz-Bachmann, A. Fidora, A. Niederberger, "Fédération Internationale des Instituts d'Études
Médiévales. Textes et Études du Moyen Âge 19", Turnhout, 2004, p. 201-215.

H. Roussell et F. Suard, Alain de Lille, Gautier de Châtillon, Jakemart Giélée et leur temps, Lille, 1980.

Guy Raynaud de Lage, Alain de Lille, poète du xiie siècle, Paris, Vrin, 1951.

J.-L. Solère, A. Vasiliu, A. Galonnier (éds), Alain de Lille, le docteur universel. Philosophie, théologie et
littérature au XIIe siècle, Brepols, "Rencontre de Philosophie Médiévale", 2005.
Pour approfondir

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Liens externes

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(en) « Alain de Lille », dans Encyclopædia Britannica [détail de l’édition], 1911 (lire sur Wikisource).

(la) Anticlaudianus (en ligne [archive] sur Bibliotheca Augustana).

(la) Alanus super Cantica canticorum de beata Virgine (en ligne [archive] sur Numistral).

(la) Alanus de Insulis [archive] dans la Patrologie Latine de Migne, (projet de l'université de Zurich
[archive]).

(pt) Œuvres d'Alain de Lille [archive] dans la Bibliothèque nationale du Portugal.

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