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N° 10 - Mai
2002
- ACTUALITE :
Par P. Quiry et
Y. le Fur et pour ● Pourquoi tant d'obligations convertibles ?
ce numéro
Otmane Chraibi
● Retour sur Bruxelles par Antoine Giscard d'Estaing, directeur
général finances de Schneider Electric
- TABLEAU DU MOIS : Principales différences entre les règles
comptables françaises, internationales et américaines
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Rien qu'au mois d'avril Péchiney, Agache, Vinci, CGIP, Club Méditerranée,
Anglo-American, Accor ont levé plus de 4 Md€ grâce à des obligations convertibles ou
des obligations échangeables(1). Au même moment, Penauille annulait son
augmentation de capital faute de demande.
Avec la liberté de ton que nous connaissent nos lecteurs, nous dirons que ceci est un
argument de vendeur de savonnettes ! S'il y a conversion, c'est donc que la valeur de
l'action à la conversion sera supérieure au prix de conversion, les actionnaires seront
donc dilués dans de mauvaises conditions de prix pour eux, puisque la société
émettra de nouvelles actions pour éteindre sa dette obligataire à un prix inférieur au
cours du moment de ses actions. L'investisseur de son coté paie l'option de
conversion par le biais d'un taux d'intérêt servi plus faible que ne le justifie le risque
crédit de l'émetteur. Il ne s'agit donc pas d'un miracle, au mieux d'un mirage !
Matériellement le placement peut être effectué très rapidement et c'est un plus dans
des marchés volatiles ; de surcroit sans implication du management dans des road
shows ou des entretiens avec les investisseurs ni besoin d'une notation financière. La
raison tient à la faible asymétrie d'information entre les dirigeants et les investisseurs
que protége la composante obligataire.
Enfin, le coût de l'obligation convertible est apparemment très faible ; combien de
fois ne l'avons nous pas vu assimilé au taux d'intérêt de la composante obligataire ! Il
est en fait conceptuellement égal à la moyenne du coût de la dette et du coût des
capitaux propres, moyenne pondérée par la probabilité de conversion. Autre
affirmation fréquente, l'obligation convertible abaisserait le coût du capital. Si cela
était vrai, il y a longtemps que les entreprises ne se financeraient plus que par
obligations convertibles. On en est loin ! Seule une baisse du risque de l'actif
économique peut réduire le coût du capital(2).
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« D'une manière générale, dans ces domaines doctrinaux, il faut se garder de s'en
tenir à la seule résonance d'un concept pour tenir lieu de démonstration. C'est
l'analyse exacte des faits qui appartient à l'autorité de concurrence, non
l'usage des mots. »
3/ Prise en compte de l'ensemble des impacts d'une opération
« La notion de bilan économique doit occuper une place primordiale dans l'analyse
des effets d'une concentration, y compris dans ses projections futures.
L'intérêt du consommateur est une donnée importante, mais non la seule.
La Commission présente souvent l'intérêt du consommateur comme l'alfa et l'oméga
de sa politique en matière de concentrations. La réalité stratégique est que
l'avantage pour le consommateur ne peut venir que des effets d'efficience et
d'innovation permettant aux entreprises de devenir plus compétitives.
Il faut encore pousser plus avant l'analyse en observant que le poids du critère
d'efficience et d'innovation est pris en compte différemment par les autorités de
contrôle des différents pays; il joue un grand rôle dans la pratique américaine.
Cette différence de prise en compte des effets positifs entre la pratique américaine et
communautaire, est finalement plus lourde de conséquences que des écarts de
concepts, souvent de faible portée. Elle devrait inciter les autorités communautaires à
la vigilance sur l'impact des politiques structurelles de concurrence des différents
pays sur la compétitivité internationale et adopter, dans le respect des principes de
non discrimination, des politiques réalistes donnant réellement ses meilleures
chances à l'industrie européenne. »
4/ La prénotification
« Le dialogue de prénotification est fait pour avancer, et non pour faire surgir des
contraintes ou des obstacles ; il doit conserver un caractère constructif, jamais
comminatoire.
Dès la prénotification et dans toute la suite de la procédure, il devrait apparaître en
permanence que la notification d'un projet de concentration n'est pas une
comparution mais un dialogue, une négociation sans doute, mais pas un
marchandage. Il devrait toujours demeurer perceptible que l'enjeu n'est pas
seulement la sauvegarde de la concurrence, comme dans une banale affaire de
cartel, mais aussi la recherche de ce qui est favorable au développement des
entreprises.
A la fin de cet exercice préparatoire, il faudrait pouvoir distinguer clairement ce qui
est admis et sur quoi on ne reviendra plus, ce qui n'attend qu'une vérification et ce
qui n'est qu'estimation momentanée. Une sorte de closing avec les dirigeants des
entreprises notifiantes serait opportun. »
5/ Climat de l'instruction des dossiers
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TABLEAU DU MOIS : Principales différences entre les règles
comptables françaises, internationales et américaines
PRINCIPES COMPTABLES
Comptabilité En général, les couvertures Les contrats de change à Idem que les règles IAS mis à
des de change donnent lieu à terme appartiennent à la part le fait que le « Fair Value
couvertures de une provision si une famille des instruments Hedge » inclut les cas
change moins-value potentielle est dérivés soumis à l'IAS 39 et d'engagements fermes (ordre de
constatée. doivent être reconnus à leur commande signé par exemple)
Si ces instruments sont valeur de marché (des plus
considérés comme des ou moins values étant prises
instruments de couverture, en compte dans le compte
alors ils peuvent être de résultat). Des exceptions
amortis sur la période de à cette règle existent
couverture. Les critères de lorsque l'instrument est
couverture sont la clairement identifié comme
désignation, la corrélation et un instrument de
la réduction du risque. Il n'y couverture. Trois catégories
a pas de règles écrites bien identifiées existent :
précises en la matière et - Le « Fair Value Hedge »
cela peut laisser place à pour un titre libellé dans une
interprétation. Ainsi, il est devise étrangère ;
possible de comptabiliser - Le « Cash Flow Hedge » ;
directement en euro des - L' « Investment Hedge »
opérations en devise au
taux de couverture.
Stock Options Aucune règle pour Idem que les normes Choix entre deux règles :
reconnaître ces avantages françaises, mais en cours de -l'APB 25 : la valeur intrinsèque
basés sur la performance du convergence vers les (différence entre le prix de
cours de l'action de la normes américaines. l'action et le prix d'exercice) doit
société. être constatée lorsqu'elle dépasse
le seuil de 15% lors de l'octroi
des stock options
- le SFAS 123 où une « Fair Value
» est calculée et où le seuil
considéré est de 5%, la charge
étant étalée sur la période de vie
de l'option. La méthode, ainsi que
les paramètres de calcul de la «
Fair Value » doivent être décrits
(Volatilité...). Peu d'entreprises
utilisent cette dernière règle.
Amortissement Les immobilisations Tous les actifs (sauf les Tous les actifs (sauf les terrains)
des incorporelles qui ne perdent terrains) doivent être doivent être amortis sur une
immobilisations pas de valeur dans le temps amortis sur une période période n'excédant pas 40 ans.
et qui bénéficient d'une n'excédant pas 40 ans. Cependant, les nouvelles règles
protection juridique FAS 142 précisent que les actifs
(marques...) ne sont pas incorporels avec une durée de vie
amorties. indéterminée/indéfinie ne sont
plus amortis mais font l'objet d'un
« impairment test » annuellement
qui peut déboucher sur une
dépréciation.
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RECHERCHE : Conglomérats et diversification
● Une plus grande capacité d'endettement compte tenu d'un plus faible risque
(Lewellen, 1971)
● La possibilité d'améliorer l'efficacité des investissements par la mise en place
d'un marché interne de capitaux (Stein, 1997)
auteurs mettent en avant un biais dans cette méthodologie : d'après leur étude, les
caractéristiques mêmes des divisions font qu'elles sont sous-cotées par rapport aux
entreprises comparables. Cette décote « a priori » de ces divisions peut notamment
être observée au moment de leur acquisition : les groupes opérant une diversification
par acquisition achètent en moyenne des cibles moins bien valorisées que leur
secteur. Il n'y a aucune raison que cette sous-valorisation (qui peut parfaitement être
justifiée) disparaisse après acquisition. Après cette destruction en règle, le terrain est
laissé vierge par les auteurs qui ne tranchent pas sur l'existence ou non d'une décote
de conglomérat dans les groupes diversifiés !
Denis, Denis et Yost(5) ont une approche originale de la diversification puisque leur
article est centré sur l'analyse de la diversification internationale des entreprises.
Leur étude démontre que les groupes américains ont tendance à accroître leur
diversification internationale. Mais surtout, les auteurs mettent en avant l'existence
d'une décote de diversification internationale. Cette décote serait du même ordre de
grandeur que la décote de diversification sectorielle, soit de l'ordre de 20%, les deux
types de décote pouvant de surcroît se cumuler. Ceci tend à montrer que les
synergies internationales sont en moyenne surpassées par les coûts liés à une
présence multinationale (complexité d'organisation, asymétrie d'information entre le
siège et les différentes filiales, ainsi que l'ensemble des causes énoncées pour la
diversification sectorielle).
Avec la baisse des coûts de transaction internationaux, il est maintenant aisé pour un
Au sommaire investisseur d'acquérir les titres d'une entreprise danoise ou mexicaine. L'investisseur
du numéro de n'a donc pas besoin d'une entreprise pour diversifier son portefeuille à l'international,
juin : c'est le même argument que pour la diversification sectorielle.
- ACTUALITE : Force est de constater que la diversification ou le recentrage ne font pas l'unanimité
Résultat en matière de création de valeur. C'est heureux pour les banques d'affaires qui
opérationnel et peuvent en toute bonne conscience continuer à fusionner, scinder, acquérir, céder les
résultat différentes entreprises et pour les chercheurs universitaires qui peuvent encore
d'exploitation. chercher !
- TABLEAU DU (1) Corporate diversification : what gets discounted ?, Journal of Finance, à paraître en octobre 2002.
(2) Voir le chapitre 35 du Vernimmen 2000.
MOIS : Le crédit
(3) Do conglomerate firms allocate resources inefficiently across industries, Journal of Finance, décembre 2001.
interentreprises (4) Does corporate diversification destroy value ? Journal of Finance, avril 2002.
en Europe (5) Global diversification, industrial diversification, and firm value, Journal of Finance, à paraître en octobre 2002
- RECHERCHE :
La cotation à
l'étranger.
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