Droit Civil Cours de Monsieur Deutchoua

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DROIT CI VIL

INTRODUCTION GENERALE

Le Droit Civil est l’une des branches les plus importantes du droit privé. Rentrent dans
son domaine, l’introduction générale au Droit, le droit des personnes, le droit de la famille, les
incapacités, le droit des obligations, le droit des biens, les successions et libéralités, les
régimes matrimoniaux, l’étude des principaux contrats et sûretés.

Au regard de l’ampleur du Droit civil, il s’agira de présenter l’essentiel de la matière,


afin de permettre aux étudiants de formation spécialisée et tous ceux qui entrent en contact
avec le Droit pour la première fois, de relever ces concepts nouveaux.

I- La notion de Droit
Le Droit est une notion complexe dont le contenu est très riche et susceptible
d’acceptions très diverses.

Le Droit constitue tantôt un phénomène social dont la nécessité ne se manifestera que


lorsque l’Homme vit en société, tantôt une science, celle qu’on étudie dans les facultés, tantôt
enfin un absolu au sens philosophique du terme c’est-à-dire ce pourquoi on meurt si
facilement dans les révolutions et les guerres.

Le Droit est un ensemble de règles qui organisent les rapports des individus vivants
dans la même société. Ces règles ont pour but de définir l’étendue des pouvoirs et des limites
des individus dans leurs diverses activités. De cette définition, ressort une double notion : le
droit objectif et les droits subjectifs.

Le droit objectif est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports entre
les Hommes dans un Etat donné et dont l’inobservation est sanctionnée par la puissance
publique. Le droit objectif est à distinguer du droit positif qui est l’ensemble des règles
juridiques en vigueur dans une société à un moment donné.

Les droits subjectifs, ce sont des droits individuels. Ce sont les prérogatives
reconnues aux individus (libertés, devoirs). Il existe deux sortes de droits subjectifs : les droits
patrimoniaux (ceux qui ont une valeur économique) et les droits extrapatrimoniaux (ceux qui
ont une valeur morale). La personne apparaît ici comme le sujet actif du Droit c'est-à-dire
comme le bénéficiaire ou le titulaire de la prérogative que la règle de droit reconnaît.

Le Droit a pour ambition de régir les rapports entre les Hommes pour y faire régner
une certaine paix sociale. Cette finalité sociale est également poursuivie par certaines notions.

II- Le Droit et les notions voisines

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La finalité sociale du droit est partagée par la religion et la morale.

Le Droit et la Religion

La religion à l’instar du Droit impose des règles et prévoit des sanctions. Ainsi, la
religion présente ses commandements (règles) comme venant de Dieu. La règle religieuse
veille au salut de l’être humain, alors que les règles de droit sont édictées par l’Homme pour
le bon fonctionnement de la société. Il existe des possibles points de convergences entre la
religion et le Droit. On peut citer notamment la condamnation du meurtre, le vol ou du faux
témoignage.

Cependant des divergences demeurent profondes sur certains domaines : le divorce,


l’avortement, la contraception, l’adultère.

S’agissant des sanctions, la religion est un rapport entre l’Homme et Dieu. La sanction
est donc interne (possibilité d’aller en enfer). Le non-respect d’une règle de droit entraine une
sanction externe (peine pécuniaire ou amende, peine privative de liberté)

Le Droit et la Morale

La morale se fonde sur un rapport d’opposition entre le bien et le mal. Elle se base sur
la conscience de chacun. Ouverte aux impératifs de la conscience, la morale est plus
exigeante que le droit, elle attend de l’Homme, un dépassement. La morale est individualiste.

Le Droit ne régit pas les consciences, mais le corps social. Vous pouvez avoir des
envies de meurtre, le droit ne s’en occupe pas. Les sanctions sont aussi largement divergentes
puisqu’elles sont psychologiques pour les règles morales (le remords par exemple) mais
contraignante pour le droit (emprisonnement).

Au-delà de cette divergence, la morale et le Droit possède des règles communes :


l’honnêteté, la dignité de la personne humaine. En d’autres termes, le Droit s’inspire parfois
de la morale. Celui qui s’est injustement enrichi aux dépens d’autrui devra restituer cet
enrichissement sans cause (morale).

III- Les branches du Droit


Le droit comporte deux grandes divisions : droit public et droit privé.

1- Le droit public

Le droit public est l’ensemble des règles qui fixent l’organisation de l’Etat, des
régions, départements, communes et qui déterminent et organisent leur rapport avec les
particuliers. Il comprend :

a) Le droit constitutionnel
Il étudie les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Etat et des pouvoirs
publics (pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire).
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b) Le droit administratif
Il réglemente la structure de l’administration et ses rapports avec les administrés.
c) Le droit fiscal
Il détermine la règle selon laquelle l’Etat peut se procurer les ressources nécessaires à
son fonctionnement (les impôts, les taxes).

d) Le droit pénal

Il précise les sanctions pécuniaires ou corporelles dont l’Etat peut frapper les individus
qui transgressent les droits.

2- Le droit privé

Il gouverne les rapports des particuliers agissant dans leurs intérêts personnels. Le
droit privé comprend sans que la liste soit exhaustive :

 Le droit civil
Il contient les règles de droit commun applicables aux rapports des particuliers entre
eux, dans les matières variées telles que l’état des personnes, leurs biens, leurs obligations,
leurs relations familiales…
 Le droit commercial
Il régit les opérations juridiques faites dans l’exercice du commerce par les
commerçants entre eux ou avec leurs clients.
 Le droit du travail
Il règle les rapports entre employeurs et employés dans le cadre du contrat de travail.

Tout au long de notre leçon portant sur l’enseignement du Droit, il sera question pour
nous d’apporter des détails sur les deux grands sens du Droit à savoir, le droit objectif et les
droits subjectifs qui en sont d’ailleurs les composantes.

PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF

Pour mieux examiner cette notion et mieux la comprendre, nous partirons des sources
du Droit (chap. I), en passant par le domaine d’application de la règle de droit (chap. II),
nous dirons un mot sur l’organisation judiciaire (chap. III) et nous aboutirons sur les
obligations (chap. IV).

CHAPITRE I : LES SOURCES DU DROIT


Nous distinguerons les sources internationales (section I) et les sources internes
(section II)

SECTION I : LES SOURCES INTERNATIONALES DU DROIT

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Les traités et accords internationaux (accord de volonté entre deux ou plusieurs Etats),
lorsqu’ils sont ratifiés par l’autorité compétente sont au-dessus de la loi au sens large.

Exemple : la déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 ; le


traité OHADA du 17 octobre 1993.

Cependant pour entrer en vigueur, les traités et accords internationaux ont besoin d’un
décret d’application. Ce qui n’est pas le cas pour les sources internes du droit.

SECTION II : LES SOURCES INTERNES DU DROIT

On distingue généralement les sources écrites (I) de celles non écrites (II) dans l’étude
des modes de formation du droit.

I- Les sources écrites du Droit

Ce sont : la constitution, les lois et les ordonnances.

A- La constitution

La constitution est la loi fondamentale de l’Etat. Elle détermine la forme de l’Etat, la


dévolution et l’exercice du pouvoir. Elle peut être votée par le Parlement ou par Référendum
(consultation directe du peuple sur un problème concernant le destin, l’avenir d’un pays).

B- Les lois et les ordonnances

La loi est une règle écrite, générale et permanente élaborée parle parlement.

L’ordonnance est une règle obligatoire de portée générale mais à la différence de la


loi, elle émane du Président de la République qui exerce exceptionnellement le domaine de
la loi sur habilitation parlementaire. Exemple : l’ordonnance de 1981 sur l’état des personnes
modifié en 2010.

Nous allons dans le cadre de ce titre, préciser les caractéristiques de la loi (1) et nous
parlerons de la naissance et la disparition de la loi (2)

1- Les caractéristiques de la loi

La loi est une règle écrite obligatoire, générale et permanente.

a) La loi est obligatoire et coercitive

Elle est obligatoire parce qu’elle s’impose au besoin par la contrainte (la force).
Il faut distinguer entre les lois impératives et les lois supplétives.
 Les lois impératives (lois prohibitives, lois d’ordre public), sont celles qui ne
peuvent pas être écartées par la volonté d’un individu. Exemple : les lois
pénales.

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 Les lois supplétives (lois intégratives de volonté), sont celles qui ne
s’appliquent aux individus que si ces derniers n’ont pas manifesté une volonté
contraire. Exemple : la loi sur la communauté des biens.

b) La loi est générale et impersonnelle


C'est-à-dire qu’elle tend à régler toute une série de cas semblable et non un cas
particulier. Exemple : les lois sur le contrat.

c) La loi est permanente

La loi est permanente car elle dispose pour l’avenir sans limitation de durée (art. 2
ducode civil), néanmoins, elle peut édicter exceptionnellement une disposition non
permanente pour faire face à des circonstances particulières (art. 9 alinéa1et 2 de la
constitution). Exemple : Etat d’urgence, loi électorale.

2- La naissance et la disparition de la loi

La force obligatoire de la loi se situe entre son entrée en vigueur (sa naissance) et son
abrogation (sa disparition).

a) L’entrée en vigueur de la loi

Elle résulte d’une procédure complexe d’où l’on peut discerner 04 étapes : le dépôt du
texte de loi, le vote de la loi par le parlement, la promulgation et la publication.

 L’initiative de la loi

L’initiative de la loi appartient au gouvernement ou au parlement. Dans le premier cas


on parle de projet de loi (texte de loi élaboré par le gouvernement et soumis au vote du
parlement) ; dans le second cas on parle de proposition de loi(texte de loi soumis par un
parlementaire au vote du parlement).

 Le vote de la loi par le parlement

Le texte est étudié en commission et peut subir des modifications ou amendements


lors d’un débat public. On procède ensuite au vote par l’ensemble des parlementaires à la
majorité simple.

 La promulgation

La promulgation est définie comme l’acte par lequel le Président de la République


donne l’ordre de l’exécution de la loi (art. 31 de la constitution). Il donne cet ordre par un
décret, et la date de ce décret devient celle de la loi.

 La publication

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Par publication, la loi est portée à la connaissance des intéressés qui se trouvent
obligés par elle.

La publication se décompose en deux temps :

 Tout d’abord, l’insertion de cette loi au journal officiel de la République du


Cameroun en français et en anglais.
 Puis, l’écoulement d’un délai d’un jour franc à l’expiration duquel chacun est
présumé avoir connaissance de la loi.

b) L’abrogation de la loi

L’abrogation est l’anéantissement pour l’avenir d’une loi ou d’une disposition


réglementaire par un acte contraire. Elle peut être expresse ou tacite.

 L’abrogation expresse : c’est le cas, lorsqu’une loi nouvelle déclare


explicitement que telle loi ancienne est abrogée (elle le fait souvent dans son
dernier article)
 L’abrogation tacite : quand une loi nouvelle, sans abroger expressément une loi
ancienne est contradictoire avec les dispositions de celle-ci, on dit qu’il y a
abrogation tacite. NB : La désuétude, ni l’usage contraire ne peuvent abroger
une loi…
Les sources écrites ci-dessus présentées se distinguent des sources non écrites.
II- Les sources non écrites du Droit

Comme source non écrites du Droit nous avons : la coutume, la jurisprudence,


la doctrine.
A- La coutume

La coutume est une pratique (un usage) répétée pendant une certaine durée et tenue
pour obligatoire.
La coutume est un mode de création du droit dans les systèmes juridiques où la
constitution et la loi prescrivent aux tribunaux de l’appliquer. La validité de la coutume
dépend ainsi de sa conformité à la norme supérieure.
B- La jurisprudence

La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les juridictions desquelles
l’on peut dégager des règles générales permettant de prévoir la solution qui sera donnée à des
litiges semblables. Elle est un mode de création du droit sur le fondement de son pouvoir
d’interprétation de la loi
C- La doctrine

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On entend par doctrine, les opinions émises sur le Droit par des personnes qui ont pour
fonction de l’étudier ; ces opinions sont relatées dans des livres, dans des articles, des revues,
dans les annotations des décisions de justice.

Qu’elles soient écrites ou non écrites, les sources de droit constituent, lorsque les
conditions sont réunies, des règles de droit dont la mise en œuvre obéit à un domaine précis.

CHAPITRE II : DOMAINE D’APPLICATION DE LA REGLE DE


DROIT
Le domaine d’application de la loi concerne l’application de la loi dans l’espace
(section I) et son application dans le temps (section II).

SECTION I : L’APPLICATION DE LA LOI DANS L’ESPACE

L’espace doit être entendu comme le territoire dans le cadre duquel un ensemble de
règle de droit (loi) est destiné à s’y appliquer. Ce cadre est délimité par les frontières entre les
Etats. Il convient donc de présenter le principe (I) avant d’envisager les conflits de loi dans
l’espace (II)

I- Le principe

Les rédacteurs du code civil ont énoncé le principe dans l’article 3 du code civil dont
l’économie peut être entendu comme suit : les lois de police ou de sûreté obligent tous ceux
qui habite le territoire, les immeubles, même possédés par les étrangers sont régis par la loi
du pays de leur situation. Les lois concernant l’état et la capacité des personnes, régissent
les nationaux même résident en pays étranger. Il se dégage de ce principe deux systèmes :
celui de la territorialité des lois et celui de la personnalisation des lois.

 Le principe de la territorialité des lois, signifie que la loi camerounaise


s’applique à tous ceux qui se trouvent sur le territoire camerounais y compris
les étrangers. Ce sont des lois d’ordre public.
 Le principe de la personnalisation de la loi, ce principe veut que la loi
relative à l’état des personnes s’applique à tout camerounais où qu’il soit. Ces
lois concernent la nationalité, le mariage, la reconnaissance d’enfant, la
succession, le divorce…

Cependant à l’occasion des relations entre les individus ressortissants de différents


Etats naissent des conflits de loi dans l’espace.

II- La règle du conflit

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Certains rapports juridiques sont susceptibles d’être régis à la fois par plusieurs règles
de droit qui émanent d’Etat différents dès lors que ces rapports juridiques comprennent un
élément d’extranéité (étranger, extérieur).

Exemple : le mariage au Cameroun d’une congolaise avec un tchadien. Quelle loi sera
compétente pour régir les conditions de validité de ce mariage, les effets personnels et
patrimoniaux entre les époux ?

Relevons qu’il y a ici dans le premier exemple un conflit entre plusieurs lois : la loi
camerounaise (lieu de célébration du mariage), la loi congolaise (loi personnelle de l’épouse)
et la loi tchadienne (loi personnelle de l’époux)

Autre exemple, celui d’un accident de la circulation causé au Cameroun par un


véhicule centrafricain. Quelle loi doit-on retenir pour l’indemnisation des victimes ? Il y a ici
conflit entre la loi camerounaise (lieu de réalisation du sinistre) et la loi centrafricaine (loi de
l’auteur de l’infraction).

La solution au conflit de loi dans l’espace tient compte du statut réel, statut personnel,
la responsabilité délictuelle et des contrats.

1- Le statut réel

Les biens sont soumis à la loi du pays dans lequel ils se trouvent. Qu’ils soient
meubles ou immeubles. Exemple : Paul est français résident au Cameroun, le régime juridique
de ses biens (meubles et immeubles) situés au Cameroun est celui de la loi camerounaise.

2- Le statut personnel

L’état et la capacité des personnes relèvent de la nationalité. Ainsi, la loi applicable au


mariage de la congolaise et du tchadien résidant au Cameroun est la loi de leur nationalité (loi
congolaise ou loi tchadienne)

3- La responsabilité délictuelle

Elle est régie par la loi du lieu où s’est produit le fait dommageable. C’est donc en
vertu de cette loi que la victime pourra obtenir réparations (ses droits subjectifs)

4- En matière contractuelle

Les contrats sont soumis à la loi d’autonomie, c'est-à-dire la loi choisie par les parties
en raison de l’autonomie de leur volonté. Toutefois, il s’agit des lois qui régissent la règle de
fond du contrat et notamment son exécution.Quant à la forme du contrat, la loi applicable est
la loi locale : la loi locale régit l’acte.

SECTION II : L’APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS

Nous présenterons le principe avant d’envisager les exceptions au principe.


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I- Le principe de lanon rétroactivité des lois.

Selon l’article 2 du code civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a point
d’effet rétroactif ». Il convient de présenter la signification du principe ensuite son
fondement.
1- La signification du principe

Le principe de non rétroactivité des lois signifie que les lois s’appliquent aux faits à
venir et non aux actes commis avant son entrée en vigueur.

2- Le fondement du principe

Le principe posé à l’article 2 du code civil, a pour but d’assurer la sécurité des
relations juridiques ; sécurité qui n’existerait pas si la loi nouvelle permettait de revenir sur le
passé.
Toutefois le principe de la non rétroactivité des lois connait des exceptions.

II- Les exceptions au principe de non rétroactivité des lois

Parmi les exceptions au principe, on peut citer :

1- Les lois expressément rétroactives

Ce sont des lois qui précisent qu’elles sont appliquées même aux événements
antérieurs.
2- Les lois interprétatives
Ce sont des lois destinées à expliquer les lois existantes, elles sont rétroactives, elles
font corps avec les lois interprétées et remontent à la date de promulgation de ces lois.

3- Les lois de procédure et de compétence

Ce sont des lois qui définissent les formalités à accomplir au cours d’une procédure
(procès). Ces lois sont d’application immédiate en ce sens qu’elles s’appliquent à tous les
actes de procédure qui n’ont pas encore été accomplis au moment de leur promulgation.

4- Les lois pénales plus douces

Sont considérées comme lois pénales plus douces, les lois qui suppriment une
incrimination ancienne, qui transforment un crime en un délit ou un délit en une contravention
qui réduisent les éléments constitutifs d’une infraction.

5- Les lois prévoyant des mesures de sûretés

On justifie la rétroactivité des mesures de sûreté par le fait qu’elles ne constituent pas
des peines mais des mesures conçues dans l’intérêt du délinquant lui-même ou de la société.
Exemple : la rééducation des jeunes délinquants…

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6- Les lois modifiant les effets d’une condamnation pénale

Ce sont des lois qui s’appliquent immédiatement au condamné en cours d’exécution de


la peine, sauf si elle change la nature de la peine. Exemple : une loi qui supprime les corvées.

CHAPITRE III : L’ORGANISATION JUDICIAIRE


L’organisation judiciaire renvoie à la manière dont les juridictions sont organisées
(section I) aux personnels de ces juridictions (section II) et aux auxiliaires de ces juridictions
(section III).

SECTION I : LES TYPES DE JURIDICTIONS

On distingue les juridictions de droit commun (I), les juridictions d’exception(II) et le


tribunal arbitral(III).

I- Les juridictions de droit commun

Les juridictions de droit commun peuvent être regroupées en juridictions modernes


(A) et en celles traditionnelles (B)

A- Les juridictions modernes

On y distingue les juridictions d’instance ou juridiction de premier degré (1) et les


Cours d’Appel ou juridictions de deuxième degré (2) et la Cour Suprême ou juridiction de
troisième degré (3).

1- Les juridictions d’instance (juridictions de 1er degré)

Ce sont celles qui connaissent des affaires pour la première fois. Les décisions rendues
peuvent être contestées en appel. Les décisions rendues par ces juridictions sont des
jugements. Il s’agit du TPI et du TGI

a) Le Tribunal de Première Instance

Nous partirons de la compétence territoriale pour en préciser la compétence matérielle.

La compétence territoriale (compétence rationeloci)

Il est créé un tribunal de première instance par arrondissement, mais


exceptionnellement et suivant la nécessité du service de ce tribunal peut comprendre plusieurs
arrondissements.

La compétence matérielle (compétence rationematerae)

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Le tribunal de première instance est compétent :

- En matière civile, commerciale et sociale lorsque le montant de la demande


n’excède pas 10.000.000francs Cfa ;
- En matière pénale, pour les jugements de contravention et délits et crimes
commis par un mineur.
- En matière de référés d’ordonnances sur requête
- Pour les recouvrements de créances commerciales par des procédures
simplifiées.

b) Le Tribunal de Grande Instance

On examinera d’abord sa compétence territoriale ensuite sa compétence matérielle.

La compétence territoriale

Le tribunal de grande instance a une compétence qui s’étend sur le territoire du


département. Mais pour des nécessités de service, son ressort peut s’étendre sur plusieurs
départements.

La compétence matérielle

Le tribunal de grande instance est compétent pour connaître :

- En matière pénale des crimes et délits connexes


- En matière civile, commerciale et sociale pour les jugements des litiges lorsque
le montant de la demande excède 10.000.000 FCFA et est inférieure à
50 000 000 de Fcfa
- En matière d’état des personnes (l’état civil, mariage, divorce, filiation)
- Des demandes de mise en liberté provisoire des inculpés qui n’ont pas pu les
obtenir du juge d’instruction.
2- La Cour d’Appel (juridiction de 2eme degré)

La compétence territoriale

Il existe une Cour d’Appel par région. Sa compétence s’étend sur toutes les
juridictions d’instance implantées dans la région concernée qu’elles soient de droit écrit ou de
droit traditionnel.

La compétence matérielle

La Cour d’Appel est compétente pour statuer en deuxième ressort sur les décisions
contestées des tribunaux d’instance (TPI et TGI). Les décisions rendues par la Cour d’Appel
sont des arrêts. Ils peuvent être confirmatifs ou infirmatifs. L’arrêt confirmatif est celui qui
consolide et maintient la décision du premier juge. L’arrêt infirmatif est celui qui annule
totalement la décision du premier juge.
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Bon à savoir : une voie de recours : possibilité qui est reconnue à une partie de
continuer à revendiquer un droit lorsqu’elle n’est pas satisfaite de la décision du juge.

3- La Cour Suprême (juridiction de 3eme degré)

C’est la juridiction suprême de l’Etat camerounais. Son siège est à Yaoundé et son
ressort couvre tout le territoire de la République. Elle constitue depuis la loi de 2006 portant
organisation judiciaire, un troisième degré de juridiction. Aussi, elle juge désormais les faits
qui lui sont soumis. La Cour Suprême se prononce par des arrêts. Lorsqu’une partie saisit la
Cour Suprême, on dit qu’elle introduit un pourvoi en cassation. La Cour Suprême comprend
en matière judiciaire notamment une chambre de droit local. Ce qui lui permet de connaître
également des affaires rendues par les juridictions traditionnelles.

B- Les juridictions de droit traditionnel

Elles jugent les affaires selon la coutume des parties. Leur compétence est
subordonnée à l’acceptation de toutes les parties en cause. Si l’une des parties décline cette
compétence, l’affaire est forcément portée devant une juridiction de droit moderne. Mais cette
déclinaison de compétence doit être faite in limine litis c'est-à-dire avant tout débat au fond.
(c’est l’application du principe « Option de juridiction entraine option de législation »).

Au Cameroun, on distingue deux types de juridictions traditionnels :

1- Le tribunal coutumier

Il est composé d’un président notable ayant une parfaite connaissance de la coutume.
Il est assisté de deux assesseurs tous deux notables. Sa compétence territoriale est le village
ou le canton. Il juge des dettes civiles, commerciales ; des litiges relatifs aux patrimoines
(biens) et les litiges fonciers.

2- Le tribunal de Premier Degré

Il est composé d’un président qui est un fonctionnaire ou un magistrat nommé par le
Ministre de la Justice. Il est assisté de deux assesseurs titulaires et deux suppléants. Sa
compétence matérielle est au niveau de l’arrondissement. Il juge des affaires relatives à l’état
des personnes, à l’état civil, au mariage, filiation, divorce, succession, adoption.

II- Les juridictions d’exception

Elles sont appelées ainsi parce qu’elles ne jugent qu’une catégorie d’individus. Le
Cameroun compte 4 juridictions d’exception : le tribunal militaire (A), la Cour de sûreté de
l’Etat (B), la haute cour de justice (C) et le tribunal criminel spécial(D).

A- Le Tribunal Militaire

Sur le plan territorial, il existe des tribunaux militaires à Bafoussam, Buéa, Douala,
Garoua, Yaoundé.
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Sur le plan matériel, le tribunal militaire juge les militaires et les civils complices
d’infractions militaires ou les auteurs des infractions commises avec arme à feu, ou encore les
infractions commises pendant soit l’état d’urgence soit l’état d’exception.
B- La Cour de Sûreté de l’Etat

Sur le plan territorial : il s’agit d’une juridiction Ad hoc qui a pour ressort
l’ensemble du territoire de la République. Son siège est à Yaoundé.

Sur le plan matériel : elle est compétente pour connaitre des crimes et délits contre la
sûreté intérieure et extérieure de l’Etat et les infractions connexes. Exemple : espionnage,
guerre civile, divulgation de secrète défense…

Les mineurs de moins de 14 ans ne sont pas justiciables devant la CSE. Autrement dit,
la majorité de la justiciabilité est ramenée à 14 ans devant cette juridiction.

C- La Haute Cour de Justice

Sur le plan territorial : il s’agit d’une juridiction ad hoc dont le siège reste à
déterminer en fonction des intérêts en présence.

Sur le plan matériel : elle est compétente pour juger les actes accomplis dans
l’exercice de leur fonction par le Président de la République en cas de haute trahison, le
Premier Ministre et les hauts responsables de l’administration ayant reçu délégation de l’Etat
en l’application des articles 10 et 12 de la constitution

D- Le Tribunal Criminel Spécial (crée par la loi N°2011/028 du 14 décembre 2011)

Sur le plan territorial :il s’agit d’une juridiction qui a son siège à Yaoundé et son
ressort couvre l’ensemble du territoire national.

Sur le plan matériel : elle est compétente pour connaitre d’une affaire, lorsque le
préjudice est d’un montant minimum de 50.000.000 de francs Cfa, des infractions de
détournements de derniers publics et des infractions connexes prévues par le code pénal
et les conventions internationales ratifiées par le Cameroun.

Le TCS à l’image des autres juridictions sus évoquées exercent la justice étatique qu’il
faut différencier de celle exercée par des particuliers.

III- Le Tribunal Arbitral

La justice non étatique cherche à assurer l’extinction du litige. Il ne s’agit pas


forcement d’une application rigoureuse du droit, mais de la recherche d’une solution acceptée
et acceptable pour les parties en conflit. Nous mettrons ici l’accent sur les généralités en
matière d’arbitrage (A) et sur la sentence arbitrale (B).

A- Les généralités sur l’arbitrage


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Les plaideurs ne sont pas obligés de recourir aux tribunaux étatiques, ils sont libres de
confier le règlement de leur litige à des particuliers : ce sont des arbitres. Ceci se fait au
moyen d’une convention ; ce peut être un compromis (1) ou bien une clause compromissoire
(2).
1) Le compromis
Le compromis est la convention par laquelle deux parties conviennent de soumettre un
litige né et actuel, à une ou plusieurs personnes non juges. Il est possible en droit civil (il est
régulièrement utilisé dans le monde des affaires et particulièrement par les commerçants).
Pour compromettre valablement, il faut avoir la capacité et le pouvoir nécessaire(le
mineur non émancipé, le majeur en tutelle ou en curatelle ne peuvent compromettre). Le
compromis ne peut porter sur les matières qui intéressent l’ordre public. Il s’agit notamment
des dons et legs d’aliments, logement et vêtements, sur les séparations d’entre mari et femme,
ni sur aucune des contestations qui serait sujettes à communication au Ministère Public.
Quant à la forme, le compromis est constaté par écrit sous seing privé ou par acte
notarié. On peut en faire procès-verbal signé par l’arbitre et les parties.
2) La clause compromissoire
La clause compromissoire est la convention par laquelle deux parties conviennent de
soumettre leurs litiges à venir à un ou plusieurs arbitres. Cette clause est interdite en droit
civil, car il est exigé que l’objet du litige soit précisé dans l’accord de l’arbitrage : or le litige
n’étant pas encore né, il n’est pas possible de le préciser. Mais elle est déclarée valable en
matière commerciale depuis la loi du 31 décembre 1925 et l’article 631 du code civil. Il faut
toutefois préciser qu’elle ne sera valable qu’entre deux commerçants et ne le sera pas dans les
contrats constituants des actes mixtes.
Aucune condition de forme n’est exigée et elle peut être établie par tous les moyens de
preuve. Elle résulte généralement d’une mention imprimée dans un marché ou sur une lettre.
L’exécution du compromis ou de la clause compromissoire aboutit toujours à une décision : la
sentence arbitrale.
B- La sentence arbitrale
La sentence arbitrale est la décision rendue par le ou les arbitres.(le tribunal arbitral
est constitué d’un arbitre unique ou de plusieurs arbitres en impaire ; en cas de désaccord
sur un arbitre, le président du tribunal de grande instance peut en désigner). Cette décision
est rendue à la majorité des arbitres s’il y en a plusieurs. Elle est parfaite dès qu’elle a été
prononcée, motivée datée et signée en la forme des jugements. Cette sentence est du point de
vue matériel, un acte juridictionnel car elle tranche une situation contentieuse et dit le droit.
Elle est également sur le plan formel un acte juridictionnel puisque les arbitres se soumettent à
certaines règles de procédure (principe du contradictoire…).

Toutefois, du point de vue organique ce n’est pas un acte juridictionnel, car les arbitres
ne sont pas des juges publics, mais privés ; c’est ce qui explique que, la sentence, pour

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DROIT CI VIL
recevoir la force exécutoire, doit être assortie d’une ordonnance d’exéquatur du Président du
T.P.I du ressort dans lequel la sentence a été rendue ( article 593 du code de procédure).

Nous avons ainsi achevé la classification des juridictions ; mais il faut rappeler que ces
juridictions sont animées par un personnel.

SECTION II : LE PERSONNEL DES JURIDICTIONS

On distingue parmi eux d’une part les magistrats et d’autre part leurs proches
collaborateurs : les greffiers.

I- Les magistrats

Les magistrats de l’ordre judiciaire exercent les fonctions distinctes : les uns sont du
siège(A) alors que les autres sont du parquet (B).

A- Les magistrats de siège


Ils ont pour fonction de juger c'est-à-dire de trancher les litiges entre les sujets de droit.
Ils sont régis par le principe de l’indépendance qui signifie que les magistrats du siège ne
relèvent dans leurs fonctions judiciaires que de la loi et de leur conscience.
B- Les magistrats du parquet

Le Ministère Public ou parquet ne jugent pas et ne participent pas aux délibérations, ils
ont pour mission de veiller au respect de l’ordre public. Ils défendent la société contre les
actes frauduleux. Ils sont fortement hiérarchisés.

SECTION III : LES AUXILIAIRES DE JUSTICE

Les auxiliaires de la justice sont les personnes qui facilitent la tâche du juge et des
justiciables. Ils n’ont pas tous le même statut professionnel. On peut distinguer : les greffiers,
les avocats, les notaires, les huissiers de justice.

I- Les greffiers

Les greffiers sont les collaborateurs du juge, ils sont chargés de constater ses actes par
écrits, de les conserver dans leurs archives et d’en délivrer les copies ou des expéditions
authentiques.

II- Les avocats

Les Avocats sont un intermédiaire entre le plaideur et les juges. Ils sont chargés
d’assurer la défense et les intérêts des personnes, lorsqu’ils sont sollicités. Ils représentent
leurs clients plaident et rédigent les conclusions.

III- Les huissiers de justice

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DROIT CI VIL
Ce sont des officiers ministériels chargés de faire des constats et des significations
notamment au début et à la fin d’un procès. Ils introduisent l’instance et exécutent les
décisions de justice.

IV- Les notaires

Ce sont des officiers publics et ministériels habilités à dresser les actes authentiques
tels que les contrats de vente d’immeubles, les contrats de société, les testaments et les
contrats de mariage…
Le notaire est le seul compétent pour rédiger Le notaire ne peut établir des actes qui
contiendraient des dispositions en sa faveur ou dans lesquels ses parents ou alliés sont parties.

CHAPITRE IV : LES OBLIGATIONS


Le terme obligation peut être pris sous plusieurs aspects : il peut désigner d’abord un
emprunt contracté par une société commerciale, ensuite, il renvoie à un lien juridique en vertu
duquel une personne appelée débiteur est tenue d’exécuter ou non une prestation au profit
d’une autre personne appelée créancier.

Les obligations tirent leur source des actes juridiques (section I) et des faits juridiques
(section II).

SECTION I : LES ACTES JURIDIQUES

Un acte juridique se définit comme toute manifestation de volonté, destinée à produire


des effets de droit. Le contrat est l’acte juridique par excellence. Aussi est-il définit à l’article
1101 du code civil comme une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent
envers une ou plusieurs autres personnes, à donner, à faire ou ne pas faire quelque chose.

Les contrats sont soumis à des conditions (I) dont l’accomplissement leur permet de
produire certains effets (II). Le contrat lie les cocontractants, ainsi le non respect des
stipulations contractuelles peut entraîner la responsabilité contractuelle de la partie défaillante
(III).

I- Les conditions de validité des contrats

On distinguera les conditions de fond de celles de formes.

A- Les conditions de fond du contrat

Au terme de l’article 1108 du code civil, la validité des contrats est subordonnée à
l’observation de quatre conditions de fond que sont : le consentement, la capacité, l’objet et la
cause.

1- Le consentement

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C’est l’échange de volonté des parties. La volonté doit en principe être exprimée,
extériorisée. En droit, le principe est que : « qui ne dit mot ne consent pas ».

L’extériorité du consentement n’a pas nécessairement besoin d’être faite oralement.


Toutes les formes sont admises (même le hochement de la tête). Malgré le principe qui veut
que le consentement soit exprimé, on admet la validité des contrats tacites où la volonté est
déduite d’une action ou d’une omission. C’est le cas des contrats de travail et les contrats
entre alliés d’affaire qui sont reconduits tacitement du seul fait que l’un se soit abstenu de le
résilier expressément. Il en est ainsi des contrats de transport dont la conclusion peut être
réalisée par le seul fait d’acheter le ticket ou de prendre place dans le car.

Cependant pour que le consentement soit considéré comme valable, il doit être
dépourvu de tout vice de consentement.

Les vices de consentement

Le consentement est vicié dans trois hypothèses : l’erreur, le dol, la violence

L’erreur

C’est une fausse représentation de la vérité. Elle implique que le contractant s’est
mépris sur les contours de l’acte qu’il posait. On dit ici qu’il s’est trompé.

Le dol

C’est une série de manœuvre opérée par l’une des parties pour amener l’autre à
contracter. On dit ici qu’il a été trompé.

La violence

C’est une contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour l’amener à passer le
contrat. L’article 1114 du code civil établit une distinction entre la violence viciant le
consentement et la simple crainte révérencielle qui a elle seule ne justifier la nullité du
contrat.

Dans une certaine mesure, la lésion est aussi considérée comme un vice de
consentement s’agissant de la vente des immeubles et en matière de succession.

Dans tous les trois cas de vices ci-dessus, la volonté exprimée n’est pas véritablement
celle que le contractant aurait donnée s’il était libre et éclairé. Dans ce cas, le contrat doit être
annulé.

2- La capacité

Pour pouvoir contracter, il faut être capable. La pleine capacité s’acquiert à 21 ans
(sauf autorisation spéciale de la loi). En dessous de cet âge, on est mineur et par conséquent

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incapable. Le mineur acquiert la pleine capacité par anticipation et dès lors, il est admis à
accomplir tous les actes juridiques.

3- L’objet

L’objet de l’obligation, c’est ce qui est dû par tel ou tel contractant. Autrement dit, la
prestation ou la chose que chacune des parties s’engage à fournir. Exemple : en cas de contrat
de location ; le locataire s’engage à payer le loyer (son prix) et le bailleur à livrer la jouissance
de la chose (donc le local).

Le contrat doit nécessairement avoir un objet licite, faute de quoi il est frappé de
nullité.

4- La cause

C’est le but ou le mobile pour lequel on contracte.

Dans les contrats synallagmatiques, la cause de l’obligation de chaque partie se trouve


dans la prestation de l’autre. (Lorsque la volonté des deux parties est prise en compte)
exemple : contrat de vente.

Dans les contrats unilatéraux, elle se trouve dans les mobiles de la partie qui s’engage
(seul la volonté d’une partie est prise en compte) exemple : testament, legs, donation…

Tout contrat doit avoir une cause mais surtout, elle ne doit être ni illicite, ni immorale.
Est immorale par exemple une donation faite à une femme mariée en vue d’obtenir son
divorce. En cas de nullité pour immoralité de la cause du contrat, la restitution des prestations
est paralysée par la règle « nemo censetur propiam turpitudinem » c'est-à-dire nul ne peut se
prévaloir de sa propre turpitude.

B- Les conditions de forme

En règle générale, les contrats sont consensuels, c'est-à-dire qu’ils se forment en


l’absence de toute formalité, par le seul échange de consentement. Mais la règle connaît
quelques exceptions :

 Les contrats solennels exigent pour leur validité outre l’échange de


consentement, la rédaction d’un acte notarié. C’est le cas des donations selon
l’article 931 des transactions immobilières en vertu de la loi de 1974 sur le
régime foncier. L’inobservation de la forme notariée entraîne la nullité de
l’acte.
 L’article 1341 du code civil exige que les contrats dont l’objet est supérieur à
3000 F soient constatés par écrit. L’écrit est exigé ici comme simple moyen de
preuve. Les exceptions à l’exigence de l’écrit concernent des contrats passés
avec des parents, des amis ou des alliés. Dans ce cas, la preuve du contrat

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DROIT CI VIL
pourra être rapportée par tout moyen et notamment par un adminicule ou par
des témoins.

II- Les effets du contrat

Tout contrat produit des effets, d’abord à l’égard des parties mais aussi à l’égard des
tiers.

A- L’effet du contrat entre les parties

L’article 1134 du code civil dispose : « les conventions légalement formées tiennent
lieu de loi à ceux qui les ont faites » ; le contrat oblige alors le cocontractant à le respecter
dans toutes ses clauses comme s’ils avaient à faire à une loi : c’est l’effet obligatoire du
contrat.

Les conséquences attachées à l’effet obligatoire des contrats sont multiples :

En cas d’imprévision (modification substantielle des charges de l’une des parties par
effet d’une circonstance fortuite : par exemple, la découverte d’une roche souterraine lors
d’un forage, dévaluation de la monnaie.) la jurisprudence refuse d’en tenir compte et exige
que chacune des parties fournisse exactement la prestation qu’elle a promise sans que l’autre
partie soit tenue de fournir une prestation supplémentaire.

Aucune partie ne peut unilatéralement rompre le contrat sans engager sa responsabilité


contractuelle à moins que le contrat lui-même n’ai réservé cette faculté. Dans les contrats
successifs (comme le contrat de loyer, le contrat de travail car à exécution successive qui sont
différents des contrats à exécution spontanée comme le contrat de vente) la résiliation est
néanmoins possible à l’initiative de chacune des parties à condition de respecter un délai
raisonnable de préavis.

Les termes du contrat s’imposent au juge qui doit alors simplement les appliquer. Il ne
peut concéder au débiteur un délai de grâce que dans les conditions fixées par l’article 1244
du code civil.

Le contrat doit être exécuté par les héritiers et ayants cause des parties tels que ces
dernières l’ont concluent. La partie qui ne remplit pas son engagement ou qui le remplit
irrégulièrement engage sa responsabilité contractuelle.

B- L’effet du contrat à l’égard des tiers

Les tiers sont des personnes qui n’ont pas pris part au contrat et qui n’y ont pas été
représentées.

En principe, le contrat tel que le veut l’article 1165 du code civil, ne produit ses effets
qu’entre les parties contractantes ; il ne peut bénéficier ni nuire aux tiers. On dit alors que le

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contrat à un effet relatif. Ce qui s’exprime en latin par la maxime « res inter alios actor » (le
contrat n’a d’effet qu’entre les parties).

La seule véritable exception à l’effet relatif du contrat est la stipulation pour autrui
de l’article 1121 du code civil. Il s’agit du contrat par lequel une partie appelée stipulant
obtient de l’autre appelée promettant qu’elle exécute une prestation au profit d’une 3eme
personne appelée bénéficiaire. Une des applications les plus connues de la stipulation pour
autrui est l’assurance sur la vie. Le tiers bénéficiaire peut toujours être révoqué par le stipulant
tant que le bénéficiaire n’a pas formellement accepté la stipulation.

Le contrat en général ne peut avoir d’effets qui si les conditions de sa formation sont
réunies. Au cas contraire, la sanction est la nullité du contrat.

C- LA NULLITE DES CONTRATS

On distingue deux types de nullité : la nullité relative et la nullité absolue.

1- La Nullité Relative
La nullité est dite relative lorsque les conditions qui n’ont pas été respectées avaient
pour objet de protéger certaines personnes. Par exemple en cas de vice de consentement ou
incapacité de l’un des contractants.

Ici, seules les personnes que la loi a voulu protéger peuvent invoquer la nullité. Le
délai de prescription de l’action en nullité est de 5 ans.

2- La Nullité Absolue

Il y a nullité absolue quand les conventions sont contraires à l’ordre public et aux
bonnes mœurs ou quand les formes imposées par la loi n’ont pas été respectées.Ici, toute
personne intéressée peut invoquer la nullité. Cette nullité peut être invoquée à tout moment et
dans un délai de 30 ans.

3- Conséquence de la nullité

Quand un contrat est nul, il devient sans effet. S’il a été déjà exécuté, on doit remettre
les choses en l’état antérieur. En effet, la nullité anéantit rétroactivement l’acte qu’elle atteint ;
c'est-à-dire que l’acte attaqué est censé n’avoir jamais existé.

En dehors de toute nullité, le contrat est censé est être exécuté par les parties. En cas
d’inexécution ou de mauvaise exécution la partie concernée engage sa responsabilité
contractuelle.

III- LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE POUR INEXECUTION


DU CONTRAT

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DROIT CI VIL
Celui qui contracte une obligation s’engage à l’exécuter. Il s’en porte garant et en
répond. Donc chaque fois que l’inexécution d’un contrat par l’une des parties cause un
préjudice à l’autre partie, on parle de responsabilité contractuelle et l’auteur de l’inexécution
doit réparer le dommage.

A- Les éléments de la responsabilité contractuelle


On distingue : la faute, le dommage, la relation entre la faute et le dommage.
1- La faute

La faute est la transgression d’un devoir préexistant. Elle est caractérisée par
l’inexécution du contrat. Cette inexécution peut être totale ou partielle ; et elle peut être due
par une exécution tardive du contrat ou par la négligence du cocontractant.
La faute dépend du type d’obligation :
- Obligation de résultat : c’est celle dans laquelle le débiteur s’engage à
atteindre un résultat déterminé. Autrement dit le débiteur n’a exécuté son
obligation que si le résultat promis est atteint. Dans le cas contraire, on parlera
de l’inexécution du contrat. Exemple : l’obligation du transporteur.
- Obligation de moyens : c’est celle dans laquelle le débiteur s’engage
seulement à employer les moyens appropriées à une tâche à accomplir, à se
montrer plus diligent et prudent, à faire de son mieux en vue d’obtenir le
résultat souhaité. Exemple : l’obligation du médecin, l’obligation du
professeur.
2- Le dommage
Pour obtenir des dommages et intérêts, le cocontractant doit avoir subi un préjudice du
fait de l’inexécution du contrat, non seulement de la faute prouvée mais aussi d’un gain
manqué. D’une manière générale, le cocontractant a droit à des dommages et intérêt en cas :
d’inexécution totale (DI compensatoire), d’inexécution partielle (DI compensatoire) et
d’inexécution tardive (DI moratoires).
3- La relation entre la faute et le dommage
La faute doit être la cause de l’inexécution du contrat. Elle doit être directe et
prévisible.
B- La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle
En cas d’inexécution fautive du débiteur, le créancier peut demander au tribunal la
réparation du préjudice subi. Pour cela il utilise les moyens suivants :
1- La mise en demeure
Avant de saisir le tribunal, le créancier doit sommer par voie extra judiciaire le
débiteur de payer la somme convenue. Autrement dit, c’est un rappel adressé par le créancier
à son débiteur qui ne s’exécute pas. Cette mise en demeure a pour effet de constater
officiellement le retard du débiteur et faire courir contre lui des dommages et intérêts de
retard.

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DROIT CI VIL
2- L’exécution forcée
Si l’exécution est encore possible, le tribunal peut user des moyens de contraintes pour
obliger le débiteur à s’exécuter. On parle ici des astreintes ou des DI par jour de retard.
L’évaluation des DI est faite par le tribunal et le montant du dommage doit
correspondre exactement au préjudice subi.

C- Les causes d’exonération


Le débiteur peut être exonéré de ses obligations s’il prouve que l’inexécution ne relève
pas de son fait.
Ces causes de libérations sont :
- La force majeure : c’est un évènement imprévisible, extérieur et irrésistible
qui entraîne une impossibilité absolue d’exécution. Il s’agit d’un évènement
extérieur au débiteur. Exemple : tremblement de terre, guerre…
Selon l’article1148 du CC : « il n’y a lieu à aucun dommage et intérêt lorsque, par
suite d’une force majeure ou d’un cas fortuit, le débiteur a été empêché de donner ou de faire
ce à quoi il était obligé ou à faire ce qui lui était interdit. »
- La faute du créancier : le débiteur est exonéré de sa responsabilité s’il n’a pas
pu exécuter son obligation par la faute du créancier.

Si le contrat est la source normale des obligations, ces dernières peuvent encore naître
en dehors de toute volonté de s’engager. Ces obligations résulteront alors des faits juridiques.

SECTION II : LES FAITS JURIDIQUES


Un fait juridique est un évènement quelconque auquel une règle attache des effets qui
n’ont pas été spécialement ou directement voulus par les intéressés.
Il conviendra dans le cadre de cette partie de présenter les sources des faits juridiques
(I) et la responsabilité civile délictuelle (II).

I- LES SOURCES DES FAITS JURIDIQUES


Le fait juridique est tout mécanisme créateur de droit subjectif autre que les actes
juridiques. Ils comprennent dans ce sens, les délits et quasi délits (A), les quasi contrats (B) et
les faits de la nature (C).
A- Les délits et les quasi-délits
Le délit est le fait de causer intentionnellement un dommage à autrui. Le fondement de
la responsabilité en cas de délit est l’article 1382 du code civil qui dispose : « tout fait
quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est
arrivé, à le réparer ».Exemple : blesser volontairement une personne.

Le quasi-délit est le fait de causer non intentionnellement un dommage à autrui.


Exemple : un automobiliste qui renverse un piéton par imprudence.

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DROIT CI VIL
Le fondement de la responsabilité en cas de quasi-délit est l’article 1383du code civil
qui dispose : « chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait,
mais encore par sa négligence ou par imprudence ».

B- Les quasi-contrats
Le quasi-contrat est le fait pour une personne de s’engager à fournir une prestation
pour le compte d’une autre personne sans son accord préalable et qui crée des obligations à
cette dernière. Ici tout se passe comme si les deux personnes avaient passé un contrat en
bonne et due forme alors qu’il n’en est rien puisque la volonté d’agir est unilatérale.
Nous verrons dans ce cas, la gestion d’affaires, l’enrichissement sans cause et le
paiement de l’indu.
1- La gestion d’affaires
Il y a gestion d’affaires, lorsqu’une personne appelée « gérant d’affaires », sans en
avoir reçu mandat, ni pouvoir légal, accomplit un acte dans l’intérêt et pour le compte d’une
autre personne appelée le « géré » ou le maître d’affaires ». En d’autres termes, c’est le fait
pour une personne appelée le gérant d’accomplir les actes dans l’intérêt d’une autre personne
appelée gérée ou maître sans son consentement. Exemple : en l’absence d’une personne, sa
maison prend feu et le voisin engage des fonds pour faire venir des sapeurs-pompiers. A son
retour, cette personne sera tenue au remboursement des dépenses effectuées par le voisin avec
au besoin, une petite indemnisation.

2- L’enrichissement sans cause et la répétition de l’indu (restitution de


l’indu)
Il arrive qu’un individu s’enrichisse au dépend d’autrui. Lorsqu’un tel phénomène se
produit alors qu’il n’y a ou qu’il n’existe entre les deux aucune relation (engagement) ; on dit
qu’il y a enrichissement sans cause. En d’autres termes, c’est le fait d’obtenir un avantage au
détriment de l’autre par un acte juridique qui peut être un contrat, ou en dehors de toute
manifestation de volonté.
Exemple : une personne construit une maison sur le terrain d’autrui. Cette maison
appartient au propriétaire du terrain. Cependant il devra rembourser les sommes dépensées
pour la construction de la maison.
La répétition de l’indu est définie comme ce qui a été payé sans être dû. Exemple :
un héritier poursuivi par un créancier de son défunt père paye la dette. Quelque temps après, il
découvre dans les documents un reçu qui constate l’acquittement de la dette par son père. Le
paiement fait par l’héritier n’aura plus de cause. Le créancier qui s’est enrichi, devra restituer
les sommes perçues qui pourraient aussi être majorées des intérêts légaux.

C- Les autres faits juridiques non volontaires


On cite : la naissance, le lien de parenté, le décès.
La naissance est un évènement d’où résulte des conséquences juridiques importantes.
Ainsi, c’est à compter de la naissance que commence la personnalité juridique.
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DROIT CI VIL

Le lien de parenté entraîne comme conséquence les droits attachés à l’autorité


parentale. De même, il entraîne la vocation successorale. Le lien de parenté entre plusieurs
individus permet en cas de relations sexuelles d’inceste.

Le décès entraîne l’ouverture de la succession. Il opère également l’extinction de la


personnalité du défunt.

II- LA RESPONSABILITE DELICTUELLE


Lorsque le fait a été accompli intentionnellement, il prend l’appellation d’un délit. Il
devient un quasi délit lorsqu’il est involontaire.
Que ce soit un délit ou un quasi délit, le fait juridique engage la responsabilité civile
de son auteur. Trois conditions doivent alors être réunies à savoir :
- Un dommage (ou préjudice ou tort)
- Un fait générateur de responsabilité.
- Un lien de causalité entre le fait et le dommage.
I- Le dommage
C’est le préjudice causé à la victime par une personne. Le dommage réparable peut
être matériel (il consiste dans ce cas en la perte d’un droit patrimonial c'est-à-dire quantifiable
en argent. Exemple : la destruction d’un mur). Il peut aussi être moral et consister cette fois en
l’atteinte à un intérêt extrapatrimonial (Exemple : souffrance intérieure résultant d’une
douleur physique, souffrance par la suite d’une diffamation.)
Pour que le dommage soit réparé, il doit satisfaire à 3 conditions :
- Il doit être certain c'est-à-dire exister réellement. Un préjudice simplement
éventuel ne peut être réparé mais la jurisprudence a néanmoins admis la
réparation de la perte d’une chance.
- Il doit être direct c'est-à-dire avoir sa source dans le fait dommageable. Les
conséquences lointaines d’une faute qui auraient pu se produire même si la
faute n’avait pas été commise, sont donc exclues du champ de la réparation.
- Il doit être légitime c'est-à-dire consister dans la violation d’un intérêt
susceptible d’être protégé juridiquement. C’est pour défaut de légitimité que la
jurisprudence a toujours refusé à la concubine le droit à la réparation du tort
subit du meurtre de son partenaire.
II- Les faits générateurs de responsabilité

La responsabilité peut être engagée soit pour son propre fait, soit pour le fait d’autrui,
soit enfin pour le fait des choses.
A- La responsabilité du fait personnel
La responsabilité du fait personnel est énoncée par deux articles du code civil.
Le 1er est l’article 1382 qui dispose que : « Tout fait quelconque de l’homme qui cause
à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparé. ». La
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DROIT CI VIL
responsabilité ici ne peut être retenue que s’il y a faute prouvée, autrement dit, on doit établir
qu’il existait chez l’auteur du dommage une volonté consciente de causer du tort à autrui.
Le second article traitant de la responsabilité du fait personnel est le 1383 qui crée une
responsabilité en cas de faute non intentionnelle ; c'est-à-dire celle résultant d’une négligence
ou d’une imprudence. La faute ici est appréciée par rapport à l’homme diligent et prudent. Les
enfants et les fous peuvent répondre civilement de leurs actes personnels. Mais le plus souvent
leur insolvabilité oblige à déclarer un tiers responsable à côté du véritable auteur.
B- La responsabilité du fait d’autrui
Le code civil a prévu à l’article 1384 de l’alinéa 4 à l’alinéa 6 des cas où une personne
peut être tenue de préparer des dommages causés par une autre.
1- La responsabilité des parents pour les faits de leurs enfants
Au terme de l’article 1384 alinéa 4, les pères et mères (parents) sont responsables des
dommages causés par leurs enfants mineurs vivants avec eux. En réalité, la personnalité des
parents ne vient que substituer à celle des enfants qui pouvait être retenue sur la base des
articles 1382 et 1383.
2- La responsabilité des artisans et des commettants
L’article 1384 alinéa 6 met à la charge des artisans (ceux qui utilisent les apprentis) les
dommages causés par leurs apprentis pendant le temps où ils sont sous leur surveillance. De
même, l’article 1384 alinéa 5 déclare les patrons ou employeurs responsables des fautes
commises par les domestiques ou leur préposé dans les fonctions auxquelles ils les ont
employés. Si la faute est commise en dehors des fonctions, seul le préposé en répond.
Il convient de relever que le commettant qui a payé la victime a contre son préposé
une action récursoire.
C- La responsabilité du fait des choses
Il résulte des articles 1384 alinéa 1, 1385, 1386 et des dispositions du code CIMA
(conseil interafricain des marchés d’assurance) qu’on peut aussi être responsable du fait des
choses dont on est propriétaire ou dont on en est gardien. Exemple : un accident causé par
l’explosion d’une bouteille de gaz oblige celui qui avait la garde de cette bouteille à en réparer
les conséquences.
1- La personne tenue à réparation
En général, celui qui doit réparer est le gardien c'est-à-dire celui qui a sur la chose un
pouvoir d’usage, de contrôle et de direction. La présomption de garde pèse en premier lieu sur
le propriétaire. Mais, il peut dégager sa responsabilité en prouvant par tous les moyens, qu’au
moment de l’accident, il avait cessé d’être gardien et que ses pouvoirs sur la chose ont été
passés à un autre. Le propriétaire peut ainsi perdre sa qualité de gardien tout en conservant
son droit de propriété. Il en est ainsi dans tous les cas de transfert de la garde d’une chose par
l’effet des contrats de location, de prêt, de dépôt, de transport…La garde de la chose revient
alors au cocontractant du propriétaire, lequel demeure seul responsable des dommages. Si le
contractant prétend à son tour qu’il n’avait plus la garde de la chose, c’est à lui d’en rapporter
la preuve.

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DROIT CI VIL
Un cas particulier mérite d’être mentionné. C’est celui du chauffeur. Il est constant en
droit que malgré le fait qu’il détienne matériellement le véhicule, il est considéré comme
gardant le véhicule pour le compte du propriétaire. De telle sorte qu’en cas d’accident, c’est
toujours ce dernier (propriétaire) qui sera tenu à réparation.
En cas de vol de la chose, la jurisprudence décide que le propriétaire, privé de l’usage,
de la direction et du contrôle de la chose n’en a pas la garde. Celle-ci revient au voleur qui est
par conséquent tenu à réparer les conséquences de l’accident causé par la chose volée.
2- Les causes d’exonération du gardien
Bien que normalement tenu à réparer le préjudice, le gardien peut être libéré de cette
obligation. On dit alors qu’il bénéficie d’une cause d’exonération de responsabilité. On cite
comme telles (causes) 3 circonstances.
a) Le rôle passif de la chose
Fréquemment l’accident est dû au contact entre la chose et la victime. Mais, ce contact
n’est pas toujours nécessaire. Il en est ainsi lorsque la voiture blesse une personne en projetant
sur elle un caillou ou lorsqu’un taureau cause à une femme ou à un enfant, un choc nerveux en
l’effrayant sans le toucher.
Dans tous les cas la chose joue un rôle actif. Lorsque la chose s’est limitée à subir
l’action étrangère génératrice du dommage, le gardien cesse d’être tenu. C’est notamment le
cas lorsque au moment de l’accident, la chose était placée et utilisée dans des conditions
normales. Par exemple : un ivrogne qui se déchire le front sur le poteau d’une maison par
imprudence ou un nageur qui se fait brûler par le tuyau de chauffage d’une piscine. On
pourrait dire dans ces cas exemples que la victime perd le droit d’être indemnisé en raison de
sa faute.
b) La force majeure
La chose peut avoir joué un rôle actif dans l’accident, mais elle-même manipulée par
la force étrangère qu’on appelle la force majeure.
La force majeure est un évènement qui peut entrainer l’exonération (libération) de
l’auteur de l’accident à condition de satisfaire à 3 conditions :
 L’extériorité
L’accident doit provenir d’une source externe à la chose. Il a par exemple été jugé que
ne constitue pas un cas de force majeure pour défaut d’extériorité, la rupture de frein ou
l’éclatement des pneus.
 L’imprévisibilité
L’évènement doit constituer une surprise. En effet, s’il pouvait être prévu, le gardien
aurait pu prendre toutes les conditions nécessaires. L’imprévisibilité sera appréciée par
rapport à chaque situation. Exemple : la découverte d’une nappe d’huile sur la chaussée
constitue un évènement imprévisible.
 L’irrésistibilité
Elle signifie que l’évènement doit être insurmontable c'est-à-dire non autrement
évitable. En général, l’insurmontable est en général déduit de l’imprévisibilité.

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DROIT CI VIL
c) Le fait d’un tiers
Le fait d’un tiers est le plus souvent assimilé à la force majeure. Il s’agit d’une activité
extérieure à la chose, souvent imprévue et insurmontable. Tel est le cas de l’automobile qui
heurte une victime par le fait d’un choc qu’elle vient elle-même de recevoir d’un autre
véhicule. Dans ce cas, ce n’est pas le gardien du véhicule entré en contact avec la victime qui
est responsable mais bien celui de second véhicule.
L’auteur du choc avec la victime sera toujours exonéré même si le tiers n’est pas
identifié. Il suffit que ce dernier soit reconnu.
En cas d’existence de l’une des causes d’exonération ci-dessus évoquée, la
responsabilité du gardien est en principe totalement dégagée ; mais, si cette circonstance
survenue s’ajoute à une faute de l’auteur, il y aura plutôt lieu à un partage de responsabilité.

3- Quelques cas particuliers de responsabilité du fait des choses

Le régime général qui vient d’être étudié est celui que prévoit l’article 1384 alinéa 1
du code civil. A côté de ce régime général, existent quelques cas particuliers qu’il convient de
préciser.
a) La responsabilité du fait des animaux
L’article 1385 du code civil énonce de manière expresse que le propriétaire de
l’animal ou celui qui s’en sert est responsable des dégâts causés par cet animal. L’animal en
question est celui qui est susceptible d’être gardé ; le texte vise en priorité l’animal
domestique. Sont donc exclus à priori les animaux sauvages mais ; s’ils ont été domestiqués
ou apprivoisés, ils sont assimilés aux animaux domestiques et peuvent donc commettre des
dégâts qui engagent la responsabilité de leur maître.

b) La responsabilité du fait des bâtiments


Les accidents causés par la ruine d’un bâtiment sont en vertu de l’article 1386 du code
civil, de la responsabilité du propriétaire. La victime ne saurait donc mettre en cause le
locataire en pareil cas.
Le dommage doit provenir d’un vice de construction ou d’un défaut d’entretien. Le
propriétaire qui a payé dispose éventuellement dans le premier cas d’un recours contre le
constructeur et dans le deuxième cas (défaut d’entretien) d’un recours contre le locataire,
notamment lorsque celui-ci a dissimulé le danger par mauvaise foi ou a empêché le
propriétaire d’agir.
c) Les accidents de la circulation
Ils font l’objet d’une réglementation spéciale contenue dans le code CIMA. Ce code
commun à tous les Etats francophones d’Afrique s’applique aux accidents causés par les
véhicules terrestres à moteur.
Les accidents causés par les vélos et patins, porte-tout…restent donc régit par l’article
1384 alinéa 1 du code civil.

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DROIT CI VIL
Le code CIMA institue une responsabilité du propriétaire du véhicule toutes les fois
que ce véhicule a été impliqué dans l’accident. Peu importe qu’il ait donc heurté ou qu’il ait
simplement effrayé ou qu’il n’ait contribué à l’accident que dans une moindre mesure.
La faute d’un tiers, la force majeure, ou encore moins la faute de la victime ne sont pas
des circonstances d’exonération du propriétaire.
La faute de la victime n’exonère pas le propriétaire et partant son assureur que si elle
est vraiment inexcusable et intentionnelle.
Toutes ces faveurs accordées à la victime se justifient par le fait que le propriétaire ne
paye jamais lui-même, l’assurance automobile étant obligatoire.
Sur le plan de la procédure, la victime ne peut pas directement saisir le tribunal pour
ses intérêts civils. Le code civil impose une démarche préalable auprès de la compagnie
d’Assurance pour qu’elle paye spontanément. Cette démarche est appelée la transaction (on
dit autrement qu’il faut d’abord transiger). C’est à défaut d’accord entre la victime et
l’assurance ; que le juge peut se prononcer sur les intérêts civils de la victime.

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DROIT CI VIL

2ndePARTIE : LES DROITS SUBJECTIFS

Les droits subjectifs se divisent en droits patrimoniaux et en droit extrapatrimoniaux.


Cette césure fondamentale évoquant la distinction philosophique de l’être et de l’avoir. Ici, le
mot droit à un tout autre sens : il renvoie à une prérogative dont peut être titulaire une
personne.

CHAPITRE IER : LA CONSISTANCE DES DROITS


SUBJECTIFS
Nous distinguerons ici les droits extrapatrimoniaux (section I) des droits patrimoniaux
(section II)

SECTION Ier : LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

Ce sont ceux que le droit objectif, tout en les protégeant, range en dehors du
« commerce juridique ». C’est-à-dire qu’ils n’ont pas de valeur marchande. Ils sont en fait,
trop intimement liés à la personne humaine pour revêtir une valeur pécuniaire. Ils ne peuvent
donc être soumis au droit ordinaire de la production, de l’exploitation, de l’échange et même
du don.

Ce sont : le droit à la vie, à l’intégrité ; la liberté individuelle, les droits politiques


(vote). Ils ne peuvent faire l’objet de conventions initiales (vente donation, engagement
divers).

Ce sont des droits personnels : c'est-à-dire strictement attachés à la personne,


considérée dans son « être » et pas dans son « avoir ».

SECTION IIeme : LES DROITS PATRIMONIAUX

Les droits patrimoniaux sont ceux dont on admet qu’ils présentent spontanément une
valeur marchande (pécuniaire, vénale). On dit qu’ils sont dans le commerce juridique c'est-à-
dire qu’ils peuvent valablement se créer, s’échanger, se vendre, se donner, s’exploiter par
l’effet obligatoire d’un quelconque contrat conclu en ce sens. Les droits patrimoniaux se
subdivisent en droits réels (I) et en droit de créance (II).

I- Les Droits Réels

Ils sont ceux que la personne exerce directement sur les choses, sans avoir besoin du
concours juridique de quiconque. Exemple : un droit de propriété, une servitude de passage
sur un terrain. Relevons ici uniquement le droit de propriété.
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DROIT CI VIL
Le droit de propriété est encore appelé sous le nom de « droit réel principal ». Le
propriétaire de ce droit peut exercer un ensemble de prérogatives qui permettent d’affirmer
qu’il a vraiment la maîtrise complète de la chose.

Les droits réels sont entre autre : l’usus ; le fructus ; l’abusus. Le fructus(les fruits) est
divisé en fruits naturels et civils. Les uns et les autres se détachent périodiquement de la chose
sans en altérer la substance. C’est là ce qui distingue les fruits du produit. Les produits sont en
effet définis comme étant constitués par tout ce qui se détachant de la chose, en altère la
substance. Exemple : le sable que l’on retire d’une sablière ; les coupes de bois dans les
futaies non aménagées.

Le droit de propriété confère à celui qui l’exerce, l’usus et le fructus. Le propriétaire a


également l’abusus : ce qui veut dire qu’il peut librement disposer de la chose : la vendre, la
donner ou même librement l’échanger contre une autre chose.

Le droit de propriété se démembre en : usufruit ; servitude et habitation.

Il faut dire pour conclure sur le droit réel qu’il est un droit sur la chose (jus in ré)

II- Les Droits de Créance

Le droit de créance c’est le droit à l’égard d’une autre personne :

- Le créancier (ou sujet actif)


- Le débiteur (ou sujet passif)
- L’objet.

Le titulaire du droit de créance n’exerce pas directement ses prérogatives sur les
choses. Il doit avoir recours à un intermédiaire ; et cet intermédiaire est le débiteur ou sujet
passif. Prenons un exemple : à la sortie de la faculté, vous prenez soit un taxi, soit une moto.
Il va se former entre vous et celui auquel vous vous adressez pour vous transporter, un rapport
de droit personnel : le contrat de transport, ce contrat est créateur d’un droit personnel en
vertu duquel, le transporteur, votre débiteur, assume l’obligation essentielle de vous conduire
saint et sauf au lieu de destination.

CHAPITRE IIème : LACLASSIFICATION DES BIENS

Nous procéderons à cette classification en distinguant d’une part les biens corporels et
les biens incorporels (section I) et d’autre part les meubles et les immeubles (section II).

Section I : BIENS CORPORELS ET BIENS INCORPORELS

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DROIT CI VIL
Les biens corporels sont des choses matérialisées ; celles qui ont un corps. Exemple :
une maison. Les biens incorporels sont des biens immatériels, qui n’ont pas de corps.
Exemple : une créance.

Les biens corporels rentrant quant à leur régime, dans la catégorie des immeubles et
des meubles que nous rencontrons à la section II.

Section II : LES MEUBLES ET LES IMMEUBLES

Les rédacteurs du code civil, traitent dans les articles 516 et suivants, de la distinction
des biens (A), ils y font une classification qui tient compte de la nature du bien (selon qu’il
peut être ou non déplacé). De cette classification découle un certain nombre d’intérêts dans de
nombreux secteurs du droit (B).

A- LA DISTINCTION ENTRE IMMEUBLESET MEUBLES


Nous considérons successivement les immeubles (1) et les meubles (2)
1- Les immeubles
Ce sont :
a) Les immeubles par nature : une maison ou une terre par exemple. On cite
encore les récoltes pendantes par les racines ainsi que les fruits des arbres
« non encore recueillis ». Les coupes de bois taillis (bois qu’on coupe à
intervalles rapprochés) ou de futaies mises en coupe réglée, lorsque les
arbres ne sont pas encore abattus (futaie : forêt dont on exploite les arbres
quand ils sont parvenus à une grande dimension).
b) Les immeubles par destination : au terme de l’article 524 du code civil ;
« ce sont les objets que le propriétaire d’un fonds y a placés pour le service
d’un fonds. (Exemple : les animaux ou les outils champêtres) ; Sont encore
immeubles par destination, les meubles attachés à un immeuble « à
perpétuelle demeure » c'est-à-dire scellés ou intégrés aux murs. (Certaines
glaces ou statuts).
c) Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent : par exemple une
servitude ou un droit d’usufruit sur un immeuble.

2- Les meubles
On distingue :
a) Les meubles par nature : tous les objets qui peuvent se transporter (art.
528 du C.Civ) ici, on remarque le critère de distinction entre meuble et
immeuble est purement physique (exemple de meuble par nature : meuble
meublant comme la chaise)
b) Les meubles par détermination de la loi : ce sont les actions et les
obligations des sociétés de commerce : ils ont pour objet, des sommes
(argent) exigibles dans cette société (nous les avons encore dénommés :
biens incorporels).
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DROIT CI VIL
c) Les meubles par anticipation : ce sont des biens qui, pour le moment où
on les considère comme tels, sont normalement des immeubles. Mais
comme on est certain que d’un moment à l’autre ils vont fatalement devenir
des meubles en se détachant d’eux-mêmes ou par l’action d’une force
externe de l’immeuble sur lequel ils sont maintenus accrochés, on préfère
les appeler par anticipation, donc par avance des meubles, en attendant
qu’ils le deviennent effectivement. Exemple : un avocat suspendu à un
avocatier.

B- INTERET QUI S’ATTACHE A LA DISTINCTION ENTRE MEUBLE ET


IMMEUBLES

Il faut tout d’abord relever que l’immeuble est considéré comme étant le bien par
excellence (1) avant de préciser les domaines où l’on peut mettre en relief l’intérêt de cette
distinction (2).

1) L’immeuble considéré comme étant le bien par excellence

Dans la constitution d’une fortune, ce qui compte avant tout, c’est l’immeuble : c’est
la même chose pour un patrimoine : c’est le bien par excellence. Prenons deux exemples pour
le justifier.

a) L’immeuble et le statut des incapables : la question des biens immobiliers des


mineurs ou des majeurs protégés par la loi (notamment, les aliénés) est
particulièrement surveillée (pour les actes les plus importants. Seul le tribunal de
grande instance peut confier à l’administrateur légal ou au tuteur les prérogatives
nécessaires concernant les immeubles) ; il n’en va pas toujours de même pour les
meubles.
b) L’immeuble et le statut des époux mariés sous le régime légal
Il s’agit du régime de la communauté des meubles et acquêts. Là aussi, on se rend
compte de la distance qui sépare la fortune mobilière de la fortune immobilière, en
effet lorsqu’un époux à plusieurs immeubles au moment du mariage, cet ou ces
immeubles lui demeurent propres ; au contraire les meubles vont tomber en
communauté, de telle sorte qu’au moment du partage, celui qui avait à l’origine la
propriété ou ses héritiers, ne pourront en récupérer que la moitié.

2) Domaine où apparait l’intérêt de la distinction


a) Droit de la famille : le statut des incapables, des époux.
b) Droit des biens : il y a une différence fondamentale entre le statut de la
propriété mobilière et celui de la propriété immobilière. On se rend bien
compte en examinant notamment le régime de « l’action en revendication » et,

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plus particulièrement, la règle posée par l’article 2279 du Code Civil : « en fait
de meuble possession vaut titre »
c) Publicité : la publicité n’est en principe pas obligatoire pour les meubles : ils
se transmettent de mains en mains, sans qu’il y ait de formalité particulière. Au
contraire, lorsqu’on transmet un immeuble, pour que ce transfert
soit « opposable aux tiers » ; il est nécessaire d’avoir recours à la publicité
foncière.
d) Droit des successions et libéralités :ce droit est, lui aussi dans une assez large
mesure, dominé par cette distinction entre les meubles et les immeubles.
e) En matière de procédure civile et de voies d’exécution : il y a ici, différence
quant à la compétence des tribunaux et quant aux règles des saisies.
f) En droit international privé : il doit lui-même tenir compte de cette
distinction, en matière de succession par exemple, la loi applicable ne sera pas
la même selon qu’il s’agit des meubles ou des immeubles.

CHAPITRE IIIème : LES SUJETS DE DROIT


A la question de savoir qui sont les sujets de droit, il faut répondre qu’il existe deux
sortes de sujets de droit : les personnes physiques (les Hommes) et les personnes morales (les
groupements assimilés par le droit à des personnes physiques).

Il faut préciser dès maintenant que les personnes au sens juridique du terme, sont des
êtres capables de jouir des droits. Autrement dit, toute entité qui supporte les droits subjectifs,
est une personne en langue juridique. On dit alors que cette personne est un sujet de droit, cela
signifie qu’elle est en propre, titulaire d’une part de prérogatives, et d’autre part tenue de
respecter celles des autres.

SECTION I : LES PERSONNES PHYSIQUES

La personne physique ou personne par excellence, c’est l’individu, c’est l’être humain,
tel qu’il est pris en considération par le droit. Dans une vue d’ensemble, nous allons essayer
d’embrasser tout d’abord l’existence juridique de la personne physique (I), ensuite son
individualisation (II) et enfin ses attributs (III).

I- L’EXISTENCE JURIDIQUE DE LA PERSONNE PHYSIQUE

La personnalité juridique est l’aptitude à devenir sujet de droit et d’obligation. Elle


commence pour les personnes physiques avec la naissance en principe(A), et prend fin avec le
décès(B).

A- LA NAISSANCE DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE DES


PERSONNES PHYSIQUES

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DROIT CI VIL
La personnalité juridique des personnes doit en principe être continue, c'est-à-dire
qu’une personne qui l’a acquise ne doit pas la perdre avant de l’avoir à nouveau. Mais cela
suppose la certitude sur l’existence de la personne physique (1), qu’il faut distinguer des
hypothèses où la personnalité juridique est mise en doute du fait des incertitudes sur
l’existence de la personne physique (2).

1- La certitude sur l’existence de la personne physique

L’enfant est jusqu’à sa naissance, considéré comme « pars viscerummatris » ; c'est-à-


dire, une partie des viscères de sa mère. Avec la rupture du cordon ombilical, la naissance, il
devient une sorte de personne distincte. Son entrée dans la vie juridique doit être portée à la
connaissance de l’Etat et du public, en même temps que constatée d’une façon certaine. De là,
découle l’obligation de déclarer la naissance à la mairie du lieu de naissance, en vue de faire
établir par le Maire, officier d’état civil, un acte de naissance.

L’aptitude à être sujet du droit : la « personnalité juridique», s’acquiert en principe par


la naissance et à la naissance. Cependant, le droit a, sur ce point, quelque peu remodelé les
choses ; et cela dans deux sens :

 La naissance n’est pas toujours la condition suffisante de l’acquisition de la


personnalité pour être sujet de droit, notamment pour hériter, il ne suffit pas que
l’enfant soit né, il faut qu’il soit né vivant (l’enfant mort-né n’a jamais été une
personne) et viable (c'est-à-dire physiologiquement capable de survivre).
 La naissance n’est pas toujours la condition nécessaire de l’acquisition de la
personnalité. Celle-ci préexiste à la naissance, en ce sens que l’enfant simplement
conçu, quoique non encore né, est déjà apte à être sujet de droit, et notamment à
hériter. Ceci est la condition d’une maxime générale, selon laquelle l’enfant conçu
est tenu pour né toutes les fois qu’il y va de son avantage. C’est ce que traduit
l’adage « infans conceptus pro natur abetur… » (qui signifie que l’enfant
simplement conçu est réputé né chaque fois qu’il y va de son intérêt). Ceci permet
par exemple à l’enfant de recueillir une succession, une donation ou de contracter
une assurance sur la vie au profit de ses enfants à naître.

Il y a des hypothèses dans lesquelles il plane une incertitude quant à l’existence de la


personne physique.

2- L’incertitude sur l’existence de la personne physique

Cette incertitude existe lorsque la personne physique est absente(a)ou lorsqu’elle a


disparu(b).

a- L’absence de la personne physique

L’absence est la situation de l’individu qui a cessé de paraître à son domicile ou à sa


résidence, sans que l’on ait de ses nouvelles depuis de longues dates, et on ne sait s’il est mort

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ou vivant, alors qu’il n’y avait aucun évènement mettant en péril sa vie (art. 112 et suivants du
Code Civil). Elle ne se confond pas au non présent qui est celui qui n’est pas là où il devrait
être mais dont aucun doute ne plane sur son existence.

Mais le doute qui plane sur l’existence de l’absent déteint sur son patrimoine. Il faut
alors distinguer selon qu’on se trouve dans la période de présomption d’absence ou dans celle
de la déclaration.

-La présomption d’absence : quelques temps après le départ ou les dernières


nouvelles de l’absent, ses héritiers présomptifs ou son conjoint peuvent demander au tribunal
compétent de déclarer la présomption d’absence. Elle dure trois (3) ans s’il n’y a pas de
procuration et de dix ans en cas de procuration laissée par le présumé absent.

Sur le plan patrimonial, la loi prévoit les mesures provisoires qui sont : inventaire des
biens, désignation d’un administrateur séquestre ou d’un administrateur des biens.

Administrateur séquestre : c’est une tierce personne qui s’oblige à recevoir une
chose litigieuse et à la rendre après la contestation terminée à la personne qui sera jugée
devoir l’obtenir.

Séquestre : c’est l’action de déposer une chose litigieuse entre les mains d’une tierce
personne qui s’oblige à la rendre après la contestation terminée à la personne qui sera jugée
l’obtenir. )

On dit qu’il y a présomption d’absence car aucune décision de justice n’a encore
déclarée l’absence.

-La déclaration d’absence : le jugement déclaratif d’absence est fait à la fin de la


période de présomption d’absence. Elle produit ainsi deux effets : d’abord les biens sont
envoyés en possession provisoire et ensuite ils sont envoyés en possession définitive.

 L’envoi en possession provisoire

Sur le plan patrimonial, les héritiers potentiels peuvent obtenir de la justice


l’administration et la jouissance des biens. Mais ils ne peuvent pas en disposer. En cas de
retour de l’absent, il reprendra ses biens et ceci dépendra du nombre d’année mis dehors : 15
ans, totalité des biens et 1/5ème de ses fruits ; entre 15 et30 ans, totalité de ses biens et 1/10ème
des fruits.

Sur le plan matrimonial, le jugement de déclaration d’absence dissout en principe le


mariage et le conjoint survivant peut se remarier. Mais l’absent de retour, peut demander la
dissolution de ce mariage ou solliciter le divorce.

 L’envoi en possession définitive

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DROIT CI VIL
C’est la phase de la confirmation d’absence. Elle peut être demandée 30 ans après
l’envoi en possession provisoire ou 100 ans depuis la naissance de l’absent. Les héritiers
deviennent définitivement propriétaires des biens de l’absent. Ils pourront donc valablement
poser des actes de disposition.

En cas de retour miraculeux de l’absent, il reprend ses biens en l’état c'est-à-dire


comme il l’a trouvé. Si son conjoint s’est remarié, il ne peut demander l’annulation de ce
mariage, car son mariage reste dissout malgré l’annulation du jugement déclaratif d’absence
(art. 132 du Code Civil). Il en est de même en cas de disparition.

b- La disparition de la personne physique

La disparition est la situation de l’individu dont on est presque certain qu’il est décédé
sans qu’on ait pu retrouver son corps parce que l’on a cessé d’avoir de ses nouvelles suite à
des évènements de nature à mettre sa vie en danger tels que les incendies, guerre, naufrage,
tremblement de terre.

En cas de disparition, toute personne intéressée peut demander au tribunal compétent


d’ordonner toute mesure d’information complémentaire et déclarer le décès du disparu.

Le jugement déclaratif de décès entraîne la dissolution du régime matrimonial du


disparu et l’ouverture de sa succession. Il fixe en outre la date du décès d’après les éléments
dont dispose le tribunal. A partir de cette date, le disparu n’a plus de personnalité juridique et
son conjoint peut se remarier.

Néanmoins, le disparu peut réapparaître par extraordinaire. Auquel cas il sera admis à
rapporter la preuve de son identité. Dès qu’il la rapporte, il doit faire annuler le jugement de
décès. Il pourra alors recouvrer ses biens dans l’état où il les trouvera. Mais il perd les fruits
que ses biens auraient produits pendant son absence. Si à jamais il ne revient, on fera
exactement comme si on avait retrouvé son corps, il aura perdu sa personnalité juridique.

B- LA PERTE DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE DES


PERSONNES PHYSIQUES

La personnalité juridique prend fin avec le décès de la personne. Les causes du décès
importent peu. Les conséquences sont les mêmes en cas de mort naturelle ou autre. L’acte de
décès permet d’établir sa mort avec certitude. La personne physique morte cesse ainsi de
profiter des droits qui découlent de la personnalité.

Cependant, le droit admet un certain prolongement de la personnalité après la mort,


une certaine protection posthume de la personne. Ainsi, les diffamations ou les injures
dirigées contre la mémoire des morts sont pénalement punissables, et peuvent sur le plan civil,
donner lieu à dommages-intérêts. De même, la volonté du mort, par l’institution du testament,
s’impose aux vivants.

II- L’INDIVIDUALISATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE


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DROIT CI VIL
Un certain nombre de signes juridiques servent à distinguer chaque homme de ses
semblables : le nom et ses accessoires, qui le désignent, le rattachement à un lieu (domicile ou
résidence), qui le situe. Les actes de l’état civil s’y ajoutent, en enregistrant l’existence et
l’état de famille de l’individu. Ce sont des institutions qui ont une portée générale et valent
autant pour le droit privé que pour le droit public. La nationalité permet aussi d’individualiser
un individu

A- LE NOM

Quel que soit le système considéré, le nom est composé de plusieurs éléments(1) et est
en principe immuable ; c'est-à-dire que la personne doit conserver son même nom de sa
naissance à son décès. Mais il existe des hypothèses marginales où le nom peut être changé
suivant une procédure rigoureuse (2).

1- Les éléments constitutifs du nom

Le nom est l’appellation par laquelle on désigne une personne dans le groupe. Il se
compose de deux éléments au moins à savoir le patronyme et des accessoires.

a- Le patronyme

Autrement désigné nom de famille, c’est l’élément essentiel de l’appellation. Il est


acquis soit par la naissance, soit par le mariage, soit enfin par décision de justice.

 Acquisition du nom par la naissance : on dit encore qu’il est acquis par filiation car
l’enfant acquiert dès la naissance le nom de ses parents ou celui qu’ils lui
attribuent.

Cependant, l’enfant naturel portera le nom du parent qui l’a reconnu ou de sa mère.
L’enfant trouvé, né des parents inconnus se voit attribuer un nom par l’officier d’état civil.
L’ordonnance du 29 juin 1981 donne aussi la possibilité à celui qui trouve un tel enfant de lui
choisir un nom et un prénom. L’enfant adoptif quant à lui portera le nom de l’adoptant.

 Acquisition du nom par le mariage : traditionnellement une femme qui se marie


acquiert (si elle le veut) le nom de son mari. Ceci n’est prévu par aucun texte :
c’est devenu un principe non écrit du droit. Mais attention, elle ne perd pas pour
autant son nom de jeune fille : dans la réalité, le nom du mari vient seulement
s’adjoindre au sien.
 Acquisition du nom par décision administrative : cela se peut dans trois
hypothèses : le changement du nom, le relèvement du nom et enfin, la
camerounisation du nom. Toutes ces situations sont prévues par la loi n° 69/LF/3
du 17 juin 1969, mais également par l’ordonnance de 1981 sur l’état civil et la
capacité des personnes.

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DROIT CI VIL
La procédure est la même dans tous les cas : elle commence par une requête
adressée au ministre de la justice et s’achève par un décret du Président de la
République.

NB : le nom se singularise par un certain nombre de caractères : l’immutabilité,


l’incessibilité, l’imprescriptibilité, l’insaisissabilité, l’intransmissibilité.

b- Les accessoires du nom

L’appellation comporte outre le patronyme, le prénom et éventuellement le


pseudonyme ou sobriquet et le surnom.

- Le prénom : il sert à différencier les individus ayant le même patronyme.


- Le surnom : encore appelé sobriquet est l’appellation que le public donne à une
personne.
- Le pseudonyme : c’est l’appellation qu’une personne se donne à elle-même. Le
droit s’y intéresse : tout d’abord, la personne peut être autorisée à s’en servir
dans ses œuvres littéraires et artistiques. Ensuite, en tant que œuvre de l’esprit,
celui qui en acquiert un droit pour usage prolongé peut interdire à un tiers de se
servir d’un pseudonyme semblable. Exemple : Petit Pays ; ascenseur, K-
Tino…
-
2- La modification et le changement du nom

Ce sont des exceptions liées au principe d’immutabilité du nom.

a) La modification

Il s’agit dans le cas d’espèce de la rectification ou de la modification de l’orthographe


du nom. Il y a rectification d’un acte d’état civil lorsque celui-ci comporte des mentions
erronées ou omises qui ne sont pas susceptibles d’entraîner l’annulation de l’acte.

La rectification est la régularisation de l’acte par la correction d’une erreur, afin de lui
donner sa véritable authenticité. C’est le cas d’un nom mal écrit par un OEC. Lorsque l’erreur
est constatée avant la signature de l’acte, l’OEC procède à une rectification et mention est
portée en marge de l’acte. Par contre si ‘erreur est constatée après la signature, la rectification
se fera après un jugement : c’est le jugement supplétif.

b- Le changement du nom

L’une des caractéristiques d’un nom c’est son immutabilité. Mais il peut arriver que
par la force des choses, qu’un nom subisse un jugement.

-Le changement par mutation d’état de la personne

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Il s’agit dans le cas de l’espèce des actions en réclamation d’état ou en contestation
d’état. Ces actions peuvent entraîner la substitution de nom. Il s’agit également des cas
d’adoption d’enfant, du mariage, de changement de filiation.

-Le changement volontaire

En principe, le changement de nom volontaire est interdit, mais pour des raisons
exceptionnelles ou graves, le nom peut être changé. Pour cela il faut une procédure
administrative.

- Les causes de changement

La loi admet qu’une personne change de nom dans les circonstances suivantes : le nom
est ridicule, significatif d’un malheur. Le nom entraîne une moquerie ou une raillerie
constante de la part de son propriétaire, crée une confusion déshonorable…

- La procédure de changement

Une demande manuscrite motivée au ministre de la justice, qui fait la publicité dans
tous les palais de justice et de la mairie du domicile de l’intéressé ainsi qu’au journal officiel.
S’il n’y pas d’opposition, le Ministre transmet le dossier avec son avis favorable au Président
de la République dans les 30 jours de la réception. Celui-ci prend alors un décret pour changer
le nom incriminé. Large publicité est faite au JO ainsi qu’aux portes des Palais de justice et de
la Mairie du domicile du concerné.

- Les effets de changement

Le décret pris par le Président de la République a un effet rétroactif. Ainsi, le nom de


la personne bénéficiaire est modifié sur tous ses actes d’état civil et ses titres et diplômes par
mention en marge desdits actes d’état civil.

B- LE DOMICILE

Aux termes du code civil (art.102) « le domicile est le lieu du principal établissement
d’une personne » autrement dit, c’est un point de rattachement déterminé par la concentration
de ses intérêts patrimoniaux. En tout état de cause, toute personne n’a qu’un domicile et celui-
ci est fixe.

On distinguera le domicile des notions voisines (1) avant d’en préciser les caractères
(2) l’importance (3) et les règles de détermination (4).

1- Le domicile et les notions voisines

Le domicile peut être confondu avec la résidence alors ces termes sont biens précis :

 La résidence

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DROIT CI VIL
La résidence est définie comme le lieu où une personne mène sa vie de tous les jours
avec un temps plus ou moins long, en gardant en l’esprit le retour à son principal centre
d’intérêts. Certains auteurs la définissent comme le lieu des intérêts secondaires. Exemple :
résidence pour les besoins d’un travail ponctuel, d’un apprentissage.

 L’habitation

L’habitation est le lieu d’un bref séjour. C’est le cas d’une personne dans une ville où
elle prend une chambre d’hôtel.

2- Les caractères du domicile

Le domicile à trois caractères :

- Nécessaire ; en ce sens qu’il permet de rattacher l’individu à un espace


géographique et c’est là qu’il reçoit tous les actes juridiques qui le concerne.

- Unique ; un individu ne peut avoir qu’un seul domicile. Deux domiciles ne


peuvent exister simultanément. Mais ce principe trouve des exceptions avec
l’existence du domicile élu, la théorie des gares principales et le cas des
polygames en Afrique.

- Fixe ; chaque personne conserve son domicile d’origine tant qu’elle n’a pas
décidé de le déplacer ailleurs. Ce changement est réglementé par les 103 à 107
du code civil.

3- L’importance du domicile

Le domicile est d’une très grande importance :

- Il détermine la compétence du tribunal


- Le tribunal chargé de trancher un litige est en principe celui du domicile du
défendeur
- Tous les actes relatifs au procès sont notifiés aux parties à leur domicile par
voies extrajudiciaires
- Le domicile centralise certaines publicité ; exemple : la séparation de corps
- Les diverses opérations de la faillite se déroulent au domicile du commerçant.

4- Les règles de détermination du domicile

Pour certaines personnes, la loi a déjà déterminé quel est leur domicile : on parle donc
de domicile légal. Mais cette même loi reconnaît aussi la possibilité pour chacun de fixer lui-
même son domicile : c’est le domicile volontaire ou conventionnel qui est différent d’un
domicile apparent.

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DROIT CI VIL
 Le domicile légal

Il est déterminé par les personnes en situation de dépendance vis-à-vis des autres.
C’est ainsi que le code civil (art. 108 al 2) situe l’incapable (majeur interdit ou mineur), chez
ses parents ou chez son tuteur. La femme mariée n’a d’autre domicile que celui de son mari
(communauté de vie oblige), du moins tant que le mariage est en harmonie (art. 108 al 1
c.civ). Enfin les majeurs qui travaillent ou servent habituellement chez autrui ont le même
domicile que leur employeur lorsqu’ils vivent chez lui (cas des domestiques et des gardiens de
nuit).

 Le domicile conventionnel ou élu

C’est un domicile fictif et momentané imposé ou choisi par les partis à un contrat
pour l’exécution de certains actes ou pour la localisation des conséquences que peut produire.
Exemple : Etude d’huissier, d’un avocat…

Le domicile élu constitue ainsi une exception à l’unité au domicile, mais garde la
même importance que les autres domiciles pour lesquels il fait exemption.

 Le domicile apparent

Il est des situations dans lesquelles, monsieur tout le monde est porté à croire qu’un
individu à son domicile en un certain lieu. Il s’agit du domicile apparent : c’est notamment le
cas des concubins. On a effectivement l’impression que ces personnes sont mariées. C’est ce
qui nous pousse à croire que la concubine à son domicile chez son partenaire (ou vice versa).
Les tribunaux admettent de plus en plus ces domiciles apparents qui sont en réalité des
résidences.

C- LES ACTES D’ETAT CIVIL

L’état civil est une institution chargée d’enregistrer tous les faits et évènements
intervenants dans la vie d’une personne. En d’autres termes, c’est la situation d’une personne
telle qu’elle résulte de sa filiation depuis sa naissance jusqu’à son décès. Avant de présenter la
typologie d’actes d’état civil (2), nous nous envisagerons l’étude des centres d’état civil (1).

1- Les centres d’état civil et les officiers d’état civil


a- Les centres d’état civil

Trois centres d’état civil existent au Cameroun selon l’ordonnance n° 81/002 du 26


juin 1981 :

Les centres d’état civil principaux : chaque commune dispose d’un bureau d’état
civil chargé d’enregistrer les naissances, les mariages et les décès.

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DROIT CI VIL
Les missions diplomatiques et consulaires : ils ont pour vocation d’effectuer les
transcriptions de déclaration de naissance ou de décès que les ressortissants camerounais à
l’étranger doivent obligatoirement effectuer auprès des chefs de mission.

Les centres spéciaux d’état civil : selon l’article 10 alinéa 2 de l’Ordonnance de


1981, il peut être crée par acte réglementaire un ou plusieurs centres spéciaux d’état civil dans
une commune lorsque l’étendue de celle-ci, la densité de sa population ou les difficultés de
communication le justifient.

Contrairement aux centres d’état civil principaux, les centres spéciaux sont gérés par
des Officiers nommés par arrêté du MINAT et ils sont assistés par des secrétaires d’état civil
nommés par arrêté préfectoral. Cependant ce sont des OEC au même titre que les OEC des
centres principaux.

b- Les Officiers d’état civil (oec)

Sont Officiers d’état civil :

- Les maires, qui sont dans les centres principaux d’état civil et sont élus.
- Les administrateurs principaux dans les centres spéciaux et sont nommés
- Les chefs de mission diplomatiques dans les ambassades et les consulats
- Toute autre personne investie par l’Etat à l’instar du délégué du gouvernement.

2- Les différents actes d’état civil

Ce sont des documents dans lesquels l’autorité publique constate d’une manière
authentique les principaux évènements qui résultent de l’état d’une personne. Il existe trois
principaux actes d’état civil : l’acte de naissance, l’acte de mariage et l’acte décès.

a- L’acte de naissance

Toute naissance doit être déclarée à l’officier d’état civil du lieu de naissance. Les
naissances à l’étranger sont déclarées au chef de mission diplomatique camerounaise.

D’après les dispositions de l’article 30, de l’ordonnance du 29 juin 1981 portant


organisation de l’état civil, la déclaration de naissance doit être faite à l’officier d’état civil du
lieu de naissance de l’enfant les 60 jours qui suivent cette naissance. Cette déclaration est faite
par le chef de l’établissement hospitalier, le médecin ou à défaut toute personne ayant assisté
la femme, dans les 30 jours qui suivent cet accouchement. A défaut d’une telle déclaration
par les personnes suscitées, les parents de l’enfant disposent d’un délai supplémentaire de
30 jours qui courent à l’expiration du premier délai. Passé ces délais, la déclaration ne
peut plus être enregistrée que sur réquisition du Procureur de la République, et ce dans un
délai de 6 mois. Lorsque l’acte n’a pas été établi dans ce délai, seul un jugement de la
juridiction compétente peut l’ordonner : c’est le jugement supplétif.

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DROIT CI VIL
L’acte de naissance doit contenir les dates et lieu de naissance de l’enfant, les noms,
prénoms, âges, profession, domicile ou résidence des pères et mères, et éventuellement les
noms, prénoms et domiciles ou résidence des témoins. Ces mentions sont à quelques
différences près celles contenues dans les actes de mariage.

b- L’acte de mariage

L’acte de mariage doit être établi par l’officier d’état civil sous peine de nullité, lequel
fait mention en marge des actes de naissance des mariés. Un mois avant le mariage, le projet
de mariage des futurs époux est publié par affiche aux mairies d’origine pendant 30 jours.
C’est la publication des bans. A l’expiration de ce délai, s’il n’y a pas eu d’opposition ou que
celle-ci n’était pas justifiée, l’officier d’état civil procède à la célébration du mariage en
présence des époux et de leurs témoins. L’OEC reçoit la déclaration de volonté des futurs
époux de se prendre mutuellement conjoint. Aucun mariage ne peut être célébré si la fille est
mineure de 15 ans ou le garçon de 18 en l’absence du consentement de leurs parents; si les
futurs époux sont de même sexe, ou si étant de même sexe ils ne consentent pas. En plus, les
deux époux doivent être en vie, sauf dispense du Président de la République dans les
conditions de l’article 67 de l’ordonnance de 1981. La violation de ces conditions est
sanctionnée de nullité absolue.

L’acte de mariage doit contenir, selon l’article 49 de l’ordonnance de 1981,les


mentions suivantes : le nom du centre d’état civil, les noms prénoms, date et lieu de naissance,
domicile et profession des époux, le consentement de chacun d’eux, le consentement des
parents en cas de minorité, les noms et prénoms des témoins, les dates et lieu de célébration
du mariage, et éventuellement la mention de l’existence d’un contrat de mariage
(communauté ou séparation des biens), la mention du système matrimonial choisi (polygamie
ou monogamie) ; les noms et prénoms des officiers d’état civil, les signatures des époux, des
témoins et de l’officier d’état civil. Toutes ces mentions ne sont pas nécessaires lorsqu’il
s’agit d’un acte de décès.

c- L’acte de décès

Le décès d’un individu doit être déclaré dans les mêmes conditions que sa naissance.
La déclaration du décès doit être faite dans le mois de celui-ci, par le chef de famille ou par un
parent du défunt, ou par toute autre personne ayant eu connaissance certaine du décès.
Cependant, pour éviter les abus, toute déclaration de décès doit être appuyé par deux témoins.
Ce délai est ramené à 15 jours, et pèse sur le chef de l’établissement hospitalier au cas où la
personne serait morte dans un centre hospitalier (art. 78 de l’ordonnance de 1981).

L’acte de décès contient : les dates et lieu du décès, les noms, prénoms, âge, sexe,
situation matrimoniale, profession et résidence du défunt, les noms, prénoms profession et
domicile de ses pères et mères, les noms, prénoms, profession et domicile du déclarant, les
noms, prénoms, profession et résidence des témoins. Ces mentions sont les mêmes lorsque
l’acte est établi par voie exceptionnelle.

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DROIT CI VIL
D- LA NATIONALITE

C’est le lien juridique qui lie un individu à un Etat. La nationalité camerounaise


s’acquiert parle sang (l’enfant est né des parents camerounais), par le sol (lorsqu’on est né
sur le sol camerounais), par le mariage (une étrangère qui épouse un camerounais devient par
cet acte camerounaise) ou par naturalisation. La perte de la nationalité quant à elle peut
être volontaire (l’individu en question s’est faite naturalisé par un pays étranger) ou par
déchéance (L’Etat camerounais met fin lui-même à ce lien)

III- LES ATTRIBUTS DE LA PERSONNE PHYSIQUE : LA CAPACITE


JURIDIQUE

La capacité est l’aptitude d’une personne à être sujet de droit et d’obligation et à les
exercer. Il faut distinguer la capacité de jouissance (aptitude à avoir des droits) et la
capacité d’exercice (pouvoir de mettre en œuvre soi-même ses droits et obligations). La
capacité juridique est la règle, ainsi toute personne à une capacité de jouissance mais la
capacité d’exercice peut être réduite (mineurs ou majeurs incapables) ou même disparaître
lorsque la personne est frappée d’incapacité (les condamnés aux peines infâmantes…).

L’incapacité de jouissance est l’inaptitude pour un Homme à être sujet de certains droits.
Par contre l’incapacité d’exercice est l’inaptitude pour un Homme à exercer les droits dont il
est titulaire.

Les causes de l’incapacité de jouissance sont uniquement légales tandis que celles de
l’incapacité d’exercice sont légales et naturelles. L’incapacité de jouissance protège la société
alors que l’incapacité d’exercice protège l’incapable ou la société.

L’incapacité de jouissance est toujours spéciale par contre l’incapacité d’exercice peut être
générale ou spéciale. Enfin l’incapacité de jouissance entraine la nullité absolue alors que
l’incapacité d’exercice entraîne soit la nullité relative ou absolue.

Dès lors il ressort que l’incapacité, qui est l’inaptitude à devenir titulaire de droit et à
exercer ces droits, vise avant tout la protection du mineur (A) et du majeur incapable (B) et la
violation de ces règles de protection est sanctionnée (C).

A- LE MINEUR

Selon le code civil camerounais est mineur toute personne n’ayant pas atteint l’âge de
21 ans révolu. Les mineurs sont donc protégés selon que les parents vivent ou pas.

1- Le mineur non émancipé

Le mineur non émancipé est frappé d’une incapacité générale d’exercice ; il ne peut
exercer lui-même les droits dont il est titulaire, c’est son représentant (son père ou sa mère ou
encore tuteur) qui agit en son nom. Les filles mineures peuvent se marier à partir de 15 avec
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DROIT CI VIL
l’accord de l’un de ses parents, pour les garçons à 18 ans. Un mineur peut faire des actes de la
vie courante. Cependant pour l’exercice de ses droits, il doit être représenté par ses parents ou
celui qui a l’autorité parentale. La puissance paternelle ou la tutelle1 du mineur prend fin avec
la majorité ou l’émancipation de ce dernier.

2- Le mineur émancipé

L’émancipation est un acte juridique qui donne au mineur la pleine capacité civile,
cela à partir de 16 ans. A ce moment, le régime de la puissance paternelle et de la tutelle est
remplacé par celui de la curatelle. L’émancipation peut être volontaire ou de plein droit.

L’émancipation volontaire ou expresse : c’est lorsque l’émancipation est demandée


par son père ou sa mère ou même par le conseil de famille lorsque le mineur est orphelin.

L’émancipation de plein droit ou tacite : lorsque le mineur contracte mariage, selon


l’article 476 du code civil le mineur est « émancipé de plein droit par le mariage ».

Le mineur émancipé est assimilé au majeur capable, il administre lui-même son


patrimoine avec l’assistance de son curateur et certaines autorisations pour les actes les plus
graves. C’est ainsi que le mineur émancipé ne peut être commerçant, électeur ou éligible, se
marier ou se faire adopter sans autorisation.

L’émancipation prend fin par la révocation ou avec la majorité.

B- LE MAJEUR INCAPABLE

Le monde des majeurs incapables est caractérisé par son extraordinaire diversité. Il
comprend des personnes atteintes par des affections diverses (fou, curieux, les paisibles
(idiots), les dépressifs, les névrosés, les faibles d’esprit, les alcooliques). Leur faculté mentale
peut être altérée de façon intermittente ou totale. Ils ont tous un point commun : ils sont
diminués et ont besoin de protection.

Ainsi, la loi organise la protection des majeurs incapables au travers de plusieurs


régimes. La sauvegarde de justice ; ici, le majeur conserve l’exercice de ses droits mais il est
protégé s’il est lésé. La curatelle qui permet de faire assister le majeur pour certains actes
importants de la vie civile. La tutelle qui assure la représentation du majeur incapable
autrement dit à l’instar du mineur, il est représenté dans tous les actes de la vie civile.

Cette protection des majeurs incapables apporte des conséquences. Aussi sont-ils
civilement responsables dans le souci d’assurer l’indemnisation des victimes, ils doivent
réparer. Leur responsabilité pénale est cependant écartée.

1
La tutelle est l’organe exécutif qui représente le mineur ou le majeur incapable. Elle peut être légale c'est-à-dire la tutelle appartient à celui
des descendants qui est du degré le plus proche. Elle est testamentaire lorsque le défunt avant de mourir à désigner un tuteur pour son enfant.
Elle est dative, lorsque la tutelle est désignée par le conseil de famille.
45
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Droit, ISP 2023-2024
DROIT CI VIL
Les actes passés par des majeurs incapables au mépris des règles de protection sont
frappés de sanction notamment de nullité relative.

C- LA SANCTION DE L’INCAPACITE

Il peut arriver que les incapables accomplissent certains actes juridiques. Ces actes
sont frappés de nullité et à ce stade il faut distinguer deux sortes de nullités : la nullité relative
et la nullité absolue.

1- La nullité relative

La nullité relative frappe les actes accomplis irrégulièrement par les incapables. Cette
nullité ne peut être invoquée que par l’incapable lui-même ou par son représentant légal. Cette
nullité se prescrit par 10 ans.

2- La nullité absolue

La nullité absolue frappe les actes accomplis irrégulièrement par les interdits légaux.
Elle peut être invoquée par toute personne y ayant intérêt. Par ailleurs la nullité absolue ne se
prescrit pas. A l’instar des personnes physiques, les personnes morales bénéficient des
capacités de jouissance et d’exercice.

SECTION II : LES PERSONNES MORALES

Il faut entendre par personne morale, un groupement de personnes physiques, à qui


l’on reconnaît la qualité de sujet de droit. Nous allons en faire une classification avant de
présenter leurs attributs.

I- CLASSIFICATION DES PERSONNES MORALES

A- LES PERSONNES MORALES DE DROIT PUBLIC

Ce sont celles qui ne sont soumises qu’au droit public ; le contentieux les concernant
ne ressort en principe qu’à la compétence du juge administratif (sauf dispositions spéciales de
la loi permettant de les faire juger par le juge judiciaire). Il s’agit des collectivités publiques
(1) et des établissements publics administratifs (2) tous ceux issus de l’ordonnance du 17 aout
1995.

1- Les collectivités publiques

Il s’agit d’entités purement administratives. La première collectivité publique est l’Etat


lui-même. En dessous de l’Etat, on a les régions et les communes.

2- Les établissements publics administratifs

Aux termes de l’ordonnance du 17 Août 1995 (art. 2 al. 1). Ce sont des personnes
morales de droit public dotées d’autonomie financière, ayant reçu de l’Etat ou d’une
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DROIT CI VIL
collectivité publique décentralisée, un patrimoine d’affectation en vue de la réalisation d’une
mission d’intérêt général ou en vue d’assurer une obligation de service public, sans que cette
mission ou cette obligation ne présente pas un caractère d’activité industrielle, commerciale
ou financière. Exemple : les universités d’Etat, les lycées, les hôpitaux publics…

B- LES PERSONNES MORALES DE DROIT PRIVE

Elles sont entièrement régis par les règles de droit privés, tant au niveau de leur
création, de leur fonctionnement que de leur dissolution. On en distingue quatre : la société,
les associations, les syndicats professionnels, les fondations.

1- La société

L’article 1832 du code civil défini la société comme étant un contrat par lequel, deux
ou plusieurs personnes conviennent de mettre ensemble des biens ou leur industrie en vue de
partager les bénéfices ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Ce sont les sociétés
civiles et les sociétés commerciales.

2- Les associations

L’association est définie comme étant une convention par laquelle des personnes
mettent en commun leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que la recherche
du profit (art. 2 loi n°90/053 du 19 décembre 1990).

Le droit camerounais distingue trois types d’associations soumises à un régime


distincts :

- Les associations déclarées : quand elles ne sont pas soumises à un régime


spécial. Les associations sont tenues de faire une déclaration d’existence à la
préfecture du département où elles ont leur siège.
- Les associations autorisées : elles n’ont d’existence qu’à compter du jour où
l’autorité publique leur permet (par décision) d’exister. Seules deux types
d’association sont soumis par la loi de 1990 à ce régime : les associations
religieuses et les associations étrangères.
- Les associations de fait : il s’agit de celles qui ont une existence légale sans
qu’il soit besoin qu’elles se soumettent à quelque formalités que ce soit. Sont
ainsi visées ; les associations d’intérêt économique et socioculturelles.
Exemple : les associations d’étudiants ressortissant de tel village, les
tontines,…
3- Les syndicats professionnels

Ce sont des groupes de personnes exerçant une même activité professionnelle qui se
réunissent pour l’étude et la défense des droits mais aussi des intérêts matériels et moraux tant
collectifs qu’individuels de leur membre.

4- Les fondations
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DROIT CI VIL
Elles sont définies comme un groupement de biens doté de la personnalité morale et
affectées à une œuvre d’intérêt général.

C- LES PERSONNES MORALES DE DROIT MIXTE

Ces personnes peuvent être selon le cas soumises soit au droit public, soit au droit
privé. A titre d’exemple relevons : les sociétés à capital public et les sociétés d’économie
mixte.

1- Les sociétés à capitaux publics

Il s’agit des entreprises publiques à caractère industriel et commercial. On les définit


depuis la réforme de 1995, comme des personnes morales de droit privé, dotées de
l’autonomie financière. Leur capital d’action est entièrement détenu par l’Etat. Exemple : la
CAMSUCO ; le CEPER…

2- Les sociétés d’économie mixte

On les appelle autrement société parapubliques. Ce sont les personnes morales au


capital partiellement détenu par l’Etat, les collectivités décentralisées (la commune) ou les
sociétés à capitaux public d’une part et d’autre part, les personnes morales ou physiques de
droit privé. Exemple : la CAMAIR, la SONEL…

II- LES ATTRIBUTS DE LA PERSONNE MORALE

Chaque personne morale a les qualités qui permettent de l’identifier : elles ont presque
les mêmes attributs que les personnes physiques ; c'est-à-dire : un nom, un domicile, une
nationalité, un patrimoine et la capacité juridique.

a) Un nom

Il s’agit du titre pour les associations, de la raison sociale pour les sociétés
commerciales. Ce nom est choisi par les fondateurs ou par les représentants ou encore par les
textes de création.

b) Un domicile

Ce domicile est en principe celui où le siège social est basé ; mais par application de la
jurisprudence des gares principales, elles peuvent être domiciliées en tout lieu où elles ont une
représentation, une agence, ou une succursale.

c) Une nationalité
La nationalité est en fait celle du lieu du siège social.
d) Un patrimoine
Chaque personne morale à des biens propres distincts de ceux de ses membres.
e) La capacité juridique

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La personne morale n’a en réalité pas un corps physique, mais elle est titulaire de la
personnalité juridique et l’exécution de ses droits va se faire par le biais de ses organes ; c'est-
à-dire les personnes physiques habilitées à la représenter. Exemple : le D.G

CHAPITRE IV : PREUVES ET REVENDICATIONS DES


DROITS

SECTION I : PREUVE DES DROITS

Prouver est faire apparaître ou reconnaître quelque chose comme vrai, réel, certain ; la
preuve est donc ce qui sert à établir qu'une chose est vraie. Aussi DOMAT disait : « la preuve
est ce qui persuade l’esprit d’une vérité ». Pour relever l’importance des questions de preuve,
il faut noter le principe selon lequel, « si un droit n’est pas prouvé, il ne peut être protégé par
l’autorité publique lorsqu’il a été méconnu ou violé. Pas de preuve, pas de droit. Il faut dire
que la preuve se trouve à la croisée de la procédure et des règles de fond. Aussi, ses règles
sont- elles complexes ; elles ont à la fois pour objet l’activité du juge et au mécanisme du
procès. Elle pose quatre grandes questions : la charge de la preuve (I), son objet (c'est-à-dire
qui prouver) (II), ses différents modes et leur force probante (III).
I- LA CHARGE DE LA PREUVE
La charge de la preuve pèse sur les parties, non sur le juge (A) ; d’autre part, le fond
du droit : la charge de la preuve incombe aux demandeurs (B).

A- LA CHARGE DE LA PREUVE PESE SUR LES PARTIES


Ceci est une règle capitale et traditionnelle qui découle de deux principes
fondamentaux de la procédure civile : la neutralité du juge (1), et le contradictoire (2).

1- La neutralité du juge
Le principe de la neutralité du juge signifiait au départ que le juge était un arbitre
impartial de la contestation qui lui était déférée. Autrement dit, sur le terrain de la preuve, il
appartenait aux parties de faire la preuve des faits qu’elles alléguaient et que le juge ne devait
pas prendre d’initiative dans la recherche des preuves.

Il faut maintenant relever que ce principe est aujourd’hui en recule : le procès et sa


direction appartiennent aux plaideurs et le juge a seulement pour tâche de « veiller au bon
déroulement de l’instance ». Il n’est plus un arbitre impassible : il peut ordonner d’office
c'est-à-dire sans que cela lui ait été demandé par un plaideur, toutes les mesures d’instruction
qu’il estime opportunes.

Malgré les reculs qu’a subis le principe de la neutralité du juge, celui-ci ne peut jamais
utiliser la connaissance personnelle qu’il a pu avoir des faits. Les seuls faits dont il puisse

49
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faire état sont ceux qui ont été produits devant lui au prétoire ou les vérifications auxquelles il
a lui-même procédé. Cette attente est aussi imposée par le principe du contradictoire.

2- Le principe du contradictoire
La production des preuves doit avoir été faite dans des débats contradictoires, afin de
réserver à chaque partie pour sa défense, ce qui permet la critique des preuves et une
meilleure appréciation de leur valeur probante. Ce principe est fondamental. Il est même
consubstantiel au procès civil, parce qu’il est lié à la protection de la défense.
B- LA CHARGE DE LA PREUVE INCOMBE AU DEMANDEUR
Dans une première approche, la charge de la preuve incombe au demandeur. Mais
lorsque le défendeur invoque une exception, il se transforme à cet égard en demandeur ; c’est
donc lui qui va supporter la charge de la preuve relativement à cette exception. Ce double
principe est énoncé par l’article 1315 du code civil : « celui qui réclame l’exécution d’une
obligation doit la prouver. Réciproquement, celui qui se prétend libéré, doit justifier le
paiement ou le fait qui a produit l’exécution de son obligation ».

Il faut retenir qu’en matière de preuve, le principe est : « ce qui est normal n’a pas à
être prouvé ». Toutefois, la règle : « actori incumbit probatio » (la charge de la preuve
incombe au demandeur) est tempérée par la nature du fait à prouver et renversée par le
mécanisme des présomptions. Elle l’est aussi en matière du droit du travail où la charge de la
preuve incombe plutôt à l’employeur.

II- L’OBJET DE LA PREUVE


En droit, la preuve a pour but de persuader le juge. Autrement dit, l’objet de la preuve
est, pour la partie au procès qui en a la charge, de convaincre le juge afin qu’il se prononce en
sa faveur. La raison d’être de la preuve est donc de déterminer ce qu’une partie doit démontrer
afin de gagner son procès. Il est donc admis que la preuve porte sur les faits qui sont la source
des droits prétendus. Ce qui signifie que la preuve ne doit porter que sur les faits et non sur le
droit (A) ; et que cette preuve ne peut porter que sur certains faits (B).

A- LA PREUVE PORTE SUR LES FAITS


La règle de droit ne peut faire l’objet d’une preuve. Elle ne le peut car le juge connaît
le droit. C’est justement parce qu’il ignore les faits invoqués par les parties, que celles-ci
doivent donc les prouver.
Mais les parties ne peuvent prouver que certains faits.
B- LA PREUVE PORTE SUR CERTAINS FAITS SEULEMENT
Toutes les preuves ne sont pas admises : certaines sont exclues pour quatre sortes de
raisons. Ce peut être soit parce qu’elle est inutile, interdite, impossible ou inopérante.

Les preuves sont inutiles lorsqu’elles portent sur des faits notoires c'est-à-dire connus
de tous, ceux qui ont pour objet un fait reconnu par celui auquel on l’oppose.

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Les preuves sont interdites lorsque certains moyens sont utilisés pour les extorquer.
Par exemple pour des raisons de bon sens, elle prive de tout effet, un titre qu’une partie se
constituerait à elle-même. Elle protège de même le secret professionnel. Les preuves obtenues
de façon illicite sont également interdites.

Les preuves sont matériellement impossibles en raison de leur nature, de leur


connaissance. Ici on va donc faire appel à des faits connexes pour suppléer ou compléter les
faits à prouver. A titre d’exemple, la date de la conception de l’enfant est un fait qu’il est
impossible de déterminer mais une série de présomptions successives à partir de la date de la
naissance (qui est le fait connu) vont permettre de la connaître. La preuve d’un fait négatif
est difficile. Comment par exemple, démontrer que je n’ai pas contracté avec telle personne?
Ce qui n’existe pas démontrable ; aussi cette preuve est-elle parfois jugée impossible, et par
conséquent, son exigence est écartée.

III- LES MODES DE PREUVE


Les modes de preuve sont énumérés limitativement par la loi ; leur admissibilité et leur
force probante sont déterminées par la loi. Ce principe ne s’applique qu’aux actes juridiques,
non aux faits dont la preuve est libre.

Aux termes de l’article 1316 du code civil, les preuves organisées par la loi sont au
nombre de cinq.

1- La preuve littérale

Sont considérés comme telles, le titre authentique (art. 1317 du code civil) ; l’acte sous
seing privé (art. 1322 c.civ) ; les tailles (art. 1333 c.civ) ; les copies des titres (art.1334 c.civ)
et les actes recognitifs et confirmatifs (art. 1337 c.civ).

2- La preuve testimoniale (art. 1341 et suivants du code civil)


3- Les présomptions

Elles sont les conséquences que la loi ou le magistrat tire d’un fait à un autre fait
inconnu. (Art. 1340 et suivants du code civil). Les uns sont établis par la loi et les autres pas.

4- L’aveu de la partie

Il est judiciaire ou extra judiciaire (art. 1354 à 1356 du code civil).

5- Le serment

Il est de deux espèces : le décisoire (art. 1358 à 1365 c civil) et le supplétoire (art.
1366 à 1369 c civil).

IV- LA FORCE PROBANTE DE LA PREUVE

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Le but de la preuve est d’entraîner la conviction du juge. Deux moyens le système de
la preuve légale et celui de l’intime conviction. Afin d’éviter que les juges ne commettent des
erreurs, la loi détermine entre autre, les forces probantes respectives de l’acte sous seing et de
l’acte authentique.

L’acte de sous seing privé L'acte sous seing privé est l’écrit qui, contenant un acte
juridique, comporte la signature des parties. C'est la seule condition de forme requise par la
loi. Le support est indifférent. La signature n’est plus nécessairement manuscrite. Il n’en fait
preuve que si elle a été reconnue, soit par son auteur, soit par le juge à la suite de la procédure
dite de vérification d’écriture. L’acte sous seing privé n’a pas non plus de force probante pour
sa date qui n’est « certaine » que si certaines formalités ont été accomplies ; par exemple :
l’enregistrement- art. 1328 Code Civil.
L’acte authentique ella par contre une force probante, notamment pour sa signature
et pour sa date. Cette force probante est considérable puisqu’il fait pleine foi jusqu’à
inscription en faux (art. 1319 du code civil).
NB : l’inscription en faux est une procédure tendant à établir les mensonges que
l’officier ministériel aurait commis dans l’exercice de ses fonctions.

SECTION II : L’ACTION EN JUSTICE


Dans notre pays comme dans toute société civilisée nul n’est admis à se faire justice
soit même : les personnes physiques ou morales sont souvent contraintes, pour obtenir le
respect des prérogatives juridiques dont elles bénéficient, de recourir à un juge : on dit
intenter une action en justice.

L’action en justice est un pouvoir légal grâce auquel une personne peut saisir une
autorité juridictionnelle à l’effet d’obtenir la sanction du droit dont elle se prétend titulaire.
L’action peut être civile ou publique.

Elle est civile, lorsque par exemple un créancier non remboursé par son débiteur, peut
le poursuivre en justice pour être payé. L’action est publique lorsque par exemple après
commission d’une infraction telle la destruction prévue par l’article 316 du code pénal, le
Ministère Public est investi d’une compétence propre pour poursuivre l’auteur de l’infraction.
La victime de l’infraction peut greffer son action civile sur l’action publique exercée par le
Ministère Public.

Après une rapide présentation des conditions nécessaires pour intenter une action en
justice (I), il faudra revenir sur les différentes formes de l’action (II), avant de sérier les sortes
d’actions pour mieux les comprendre (III).

I- LES CONDITIONS NECESSAIRES POUR INTENTER UNE ACTION

Les conditions de l’ouverture de l’action sont variables d’un contentieux à l’autre, et


même à l’intérieur d’un même contentieux selon l’espèce envisagée.

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A- L’INTERET

L’intérêt est au cœur de la procédure judiciaire, il est d’ailleurs dit « pas d’intérêt, pas
d’action ». L’action est donc ouverte à tous ceux qui ont un intérêt au succès ou au rejet de la
prétention. Mais cet intérêt doit être légitime, direct et personnel, né et actuel.

L’intérêt légitime doit être fondé et tendre à la protection du droit. Il peut être d’ordre
pécuniaire ou moral.

L’intérêt direct et personnel, tient au fait que la personne qui agit doit démontrer
qu’elle a subi une atteinte portée à un droit qui lui est propre. Toutefois, les associations et les
syndicats peuvent agir en justice pour défendre des intérêts à caractères collectif : a la seule
condition que l’association soit déclarée ou autorisée.

L’intérêt né et actuel, signifie que l’intérêt existe au moment de la demande. Un


intérêt simplement éventuel ou hypothétique est insuffisant.

Si le demandeur à l’action a un intérêt, il doit également avoir qualité pour agir en


justice.

B- LA QUALITE

La qualité est le titre auquel on fait figurer dans un acte juridique ou dans un procès,
mais la notion de qualité interfère souvent avec celle d’intérêt légitime. On s’accorde
néanmoins qu’ont seuls la qualité pour agir dans un procès :

- Le titulaire du droit litigieux ainsi que ses héritiers et ayant cause universels.
- Son mandataire légal ou conventionnel, la représentation judiciaire est prévue à
l’article 3 de la loi n° 90/059 du 19 décembre 1990 organisant la profession
d’avocat.
- Ses créanciers agissant en vertu de l’article 1166 du code civil ; cet article pose
le principe de l’exercice des « droits et actions » du débiteur par le créancier.

C- LA CAPACITE

Au sens large, cette capacité suppose deux conditions qui correspondent à la


distinction classique entre la capacité de jouissance et la capacité d’exercice.

Le droit d’ester en justice dont toute personne physique ou morale est titulaire, est tout
simplement le corollaire indispensable du libre accès au service public, consacré par le
principe de la gratuité du service de la justice. Si on a ce droit, encore faut-il pouvoir
l’exercer.

Au Cameroun, toute personne majeure (21 ans) peut librement ester en justice. Le
mineur émancipé, ayant désormais la pleine capacité peut aussi librement ester en justice. En
sont incapables, les mineurs non émancipés et les majeurs en tutelle.
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D- LA CONSIGNATION

Elle est une condition supplémentaire pour ester en justice. Elle est régie au Cameroun
par l’article 24 du code de procédure civile aux termes duquel on peut dire que la
consignation est une condition non seulement supplémentaire, mais encore nécessaire pour
intenter une action en justice.

II- LES DIFFERENTES FORMES D’ACTION

L’action peut se présenter soit sous la forme de la demande, soit sous la forme de la
défense.

Pour le demandeur, c’est le droit qu’il a de soumettre une prétention au juge : on


parle de demande en justice (A). Pour l’adversaire, l’action est le droit de discuter le droit
fondé de cette prétention : on parle de défense en justice (B).

A- LA DEMANDE EN JUSTICE

La demande en justice est l’acte par lequel une personne saisit une juridiction et lui
demande de statuer sur sa prétention. Il ne faut pas la confondre avec l’action qui lui donné
naissance ; alors que l’action est une voie de droit (un pouvoir légal), la demande en justice
est l’acte par lequel une personne use de ce pouvoir.

On distingue deux sortes de demandes : les demandes introductives d’instance (1) et


les demandes incidentes (2).

1- Les demandes introductives d’instance

Ce sont celles qui commencent un procès, une instance : on parle de demande


introductive d’instance, principale ou encore initiale. Elles sont l’œuvre des parties et se font
par assignation ou par requête. Cette demande réalise la saisine de la juridiction et provoque
une interruption de la prescription. Elle fait également courir les intérêts de retard puisqu’elle
entraîne la mise en demeure. La demande initiative oblige le juge de statuer sur toutes les
prétentions contenues dans celles-ci.

Par rapport à la demande introductive d’instance, toutes les autres sont incidentes.

2- Les demandes incidentes

Elles se subdivisent en deux groupes : les unes émanent du demandeur, les autres du
défendeur. Mais elles peuvent également intéresser un tiers.

a) Les demandes incidentes émanant du demandeur

Encore appelées demandes additionnelles, ce sont celles par lesquelles le demandeur


modifie sa demande, l’étendant ou la réduisant.

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Ces demandes posent des problèmes ; surtout en matière de compétence, lorsque le
quantum de la demande devient supérieur à 10.000.000 de francs alors qu’on se trouve devant
le T.P.I ; le tribunal compétent à l’origine, doit-il se déclarer incompétent à la suite de cette
demande additionnelle ? Pour la Cour Suprême, dans ces conditions, la compétence et le taux
de ressort sont déterminés par la valeur de la (ou des) demandes incidentes ; si elle est fondée
sur des faits différents, non connexes, compétence et ressort sont déterminés par la nature de
chaque demande. (Arrêt 121/cc du 23 juillet 1981.)

b) Les demandes incidentes émanant du défendeur

On les appelle encore reconventionnelles. Il y a demande reconventionnelle quand le


défendeur attaque le demandeur et devient aussi demandeur. Cette situation se rencontre le
plus souvent dans les procédures de divorce : l’époux intente une action en divorce contre sa
femme ; celle-ci répond par une demande reconventionnelle en divorce en cours d’instance.

Quand le montant de la demande reconventionnelle est supérieur au taux de ressort le


tribunal doit-il se déclarer incompétent?

La cour suprême y répond par l’affirmative (Arrêt n°121 du 23 juillet 1981).

c) Les demandes incidentes émanant d’un tiers ou formées contre un


Tiers

La demande incidente peut être formée contre un tiers ; dans ce cas l’une des parties
au procès appelle à l’instance un tiers pour que le jugement rendu lui soit opposable. C’est
souvent le cas à l’occasion d’appel en garanties. Mais l’intervention du tiers peut être
volontaire. Il se mêle au procès auquel il n’était pas partie jusque-là, pour faire valoir ses
droits qui pourraient être compromis par le jugement à intervenir entre les plaideurs primitifs.

B- LA DEFENSE EN JUSTICE

C’est le procédé par lequel le défendeur résiste à l’action du demandeur. Il y a


plusieurs moyens de défense : les défenses au fond, les exceptions et les fins de non-recevoir.

1- La défense au fond

Elle est tout moyen qui tend à faire rejeter comme non justifiée après examen au fond,
du droit la prétention de l’adversaire. Par ce biais, le défendeur s’attaque au droit du
demandeur. Il soutient que ce droit n’a jamais existé ou est éteint. Ce sera par exemple le cas
du défendeur qui, poursuivi en paiement d’une dette soutient que le contrat est nul ou qu’il a
été payé.

2- Les fins de non recevoir

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C’est un moyen qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable dans sa demande,
sans examen au fond, pour défaut du droit d’agir. Les fins de non recevoir peuvent être
soulevées en tout état de cause comme les défenses au fond.

3- Les exceptions

L’exception est un moyen qui tend à faire déclarer la procédure irrégulière ou à en


suspendre le cours. On distingue les exceptions d’incompétence : une partie prétend que la
juridiction saisie est incompétente. Les exceptions de litispendance : le même litige est devant
deux juridictions compétentes. Les exceptions de connexité : il y a un lien étroit entre deux
affaires portées devant les juridictions différentes. Les exceptions dilatoires et les exceptions
de nullité : une partie invoque la nullité d’un acte de procédure.

Les exceptions doivent être soulevées avant toute défense au fond (in limine litis).

III- LES DIFFERENTES SORTES D’ACTIONS

Selon la nature du droit exercé, on distingue : les actions réelles, personnelles et


mixtes (A). Mais selon l’objet de ce droit, il y a les actions mobilières et immobilières (B) et
les actions possessoires et pétitoires (C).

A- LES ACTIONS REELLES, PERSONNELLES ET MIXTES

Les actions réelles protègent les droits réels. C'est-à-dire, les droits qui portent sur une
chose. C’est par exemple l’action en revendication, sanctionnant le droit de propriété et grâce
à laquelle un propriétaire réclame la restitution de sa chose à titre de propriétaire. L’exercice
de l’action réelle se heurte souvent en matière mobilière à l’application de l’article 2279 du
code civil d’après lequel « en fait de meuble possession vaut titre ». L’action réelle peut être
intentée contre tout détenteur de la chose exception faite de l’évocation de l’article 2279 du
code civil.

L’action est personnelle, lorsqu’elle est l’exercice d’un droit obligatoire. Elle est
destinée à protéger un de créance dit aussi personnel. L’action personnelle ne peut être
intentée que contre un nombre limité de personne.

Les actions mixtes : en principe, l’action doit être soit réelle, soit personnelle. Mais il
existe des actions qui emportent tout à la fois contestation sur un droit personnel et sur un
droit réel. On les qualifie d’actions mixtes. Exemple : le vendeur d’immeuble qui demande la
résolution de la vente ; son action a un double caractère : il entend obtenir la résolution du
contrat (caractère personnel) et reconquérir la propriété (caractère réel).

B- LES ACTIONS MOBILIERES ET IMMOBILIERES

Cette classification s’inspire de l’objet du droit exercé.

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L’action mobilière est celle qui a pour objet immédiat de procurer un meuble.

Par contre, l’action immobilière est celle qui a pour objet immédiat de procurer un
immeuble.

Il peut y avoir des actions à la fois mobilières et immobilières ; par exemple la


revendication d’une maison contenant des meubles divers. Dans la pratique, c’est le caractère
immobilier qui l’emporte au point de vu des règles de compétence territoriale.

C- LES ACTIONS POSSESSOIRES ET PETITOIRES

La distinction des actions possessoires et pétitoires n’est qu’une subdivision des


actions immobilières. Il n’y a pas de distinction du pétitoire et du possessoire en matière
mobilière. Ceci peut s’expliquer par l’article 2279 du code civil qui dispose que : « en fait
de meuble possession vaut titre ». Cet article s’oppose souvent à la possibilité d’exercice
d’une action réelle mobilière. Toutefois, il est exceptionnellement admis la possibilité
d’exercice d’une action réelle mobilière en cas de vol ou de perte de la chose.

En matière immobilière, l’action pétitoire est celle qui vise la protection de la


propriété immobilière.

L’action possessoire vise la protection de la possession immobilière : la possession


étant le fait de se conduire comme un propriétaire. Comme action possessoire on cite
classiquement : la complainte, la dénonciation de nouvel œuvre et la réintégrande.

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