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Titre II – La Constitution

et l’organisation de la
puissance publique

Hendrik Vuye
Professeur ordinaire UNamur
Chap. 1 – La notion de
Constitution

□ La constitution au sens formel

□ La constitution au sens matériel


■ Les règles fondamentales d’un pays
■ Ne font pas nécessairement partie de la Constitution
au sens formel
Chap. II – Evolution de la
Constitution (au sens formel)

□ Constitution rigide et Constitution souple

□ Evolution: interprétation, coutume


constitutionnelle, principes généraux de droit et
révision, …
Interprétation

□ L’interprétation de la Constitution

■ Exemple art. 10: égalité des belges


■ Cass. 11 novembre 1889 (affaire Popelin):
p Le métier d’avocat constitue “un office viril”
p 1922: accès au barreau
Conclusions avocat général Bosch devant Cass. 11
novembre 1889:
"… la profession nous paraît incompatible avec la mission
sociale que la providence leur a départie; nous leur
conseillerions de rester épouses et mères, et de continuer à
exercer ainsi, sur les affaires de ce monde, leur douce et
salutaire influence, autrement féconde, autrement puissante
que celle qu'elles pourraient trouver dans la pratique du
barreau. Le barreau, on l'a dit, avec raison, veut son homme
tout entier; les saints devoirs de la femme la veulent tout
entière".
"… égalité civile et politique n'a jamais voulu dire assimilation
complète des sexes"

Cass: "La profession d'avocat constitue un office viril, dont


l'exercice est interdit aux femmes".
■ 1946: mercuriale du Proc. Gén. Delwaide sur le thème
« L’accès des femmes à la magistrature »:
"Il y a dans l'existence de la femme avocate, une
indication qu'en général, la femme n'est pas faite pour la vie
du Palais. Et c'était à prévoir, puisque la vie du Palais est une
lutte perpétuelle, et que dans toute la nature, physiquement
en psychiquement, le mâle seul, à l'exclusion de la femme
est fait pour la lutte. Même dans les baraques foraines, on ne
fait pas lutter une femme contre un homme. Il faut venir au
Palais pour voir cela"
"Et quand une Présidente grosse de huit mois devra
précéder son tribunal à l'audience, voire au Te
Deum, avec le tangage d'une frégate désemparée ?"
"Il est bien certain, qu'en raison des nécessités du
service, on ne peut songer à nommer magistrat une
femme mariée. Avec l'actuelle crise des
domestiques, quand donc, mon Dieu, aurait-elle le
temps de s'occuper de ses dossiers ?"
"Pour me résumer, j'estime que, sauf des rares
exceptions (et on ne légifère pas pour des
exceptions), la femme convient moins bien que
l'homme pour les fonctions judiciaires.
Psychiquement, son tempérament est subjectif,
émotif et primesautier. Physiquement, ses forces
sont moindres, et ses troubles périodiques et la
ménopause ainsi que son rôle normal de mère de
famille sont de graves empêchements dans une
carrière qui nécessite des prestations régulières et
absorbantes"
■ Cass., 2 avril 1946, concl. Procureur général Cornil:
"Attendu que si aucune disposition légale n'exclut en
termes exprès les femmes de la profession d'avoué, tout de
même qu'aucune disposition légale ne les exclus en termes
exprès des fonctions judiciaires, il est cependant certain que
la législation qui nous régit réserve, en principe, aux hommes
le service de la justice"

■ 1948: accès à la magistrature + droit de vote


■ C.E., 2 septembre 1987 (Belgian corporation
of flight hostesses)
"Considérant que la seule explication qui ait
jamais été avancée de la différence de carrière
entre les deux catégories de personnel de
cabine est, comme la requérante l'a fait plaider,
non pas seulement une différence de sexe, mais l'évolution
présumée mal admise par la clientèle des compagnies
aériennes, de l'apparence physique des hôtesses dès leurs
quarante ans accomplis;
qu'un tel motif est contraire à l'intérêt général et au but
poursuivi par le législateur lorsque … il a chargé le Roi de
déterminer les modalités spéciales d'application de la
législation en matière de pensions de retraite et de survie aux
journalistes professionnels, à certains enseignants, aux
artistes et au personnel navigant de l'aviation civile; qu'en
tenant compte de manière implicite mais certaine pour
exclure les hôtesses du régime spécial applicable à ce
personnel, la réglementation que la requérante critique dans
son ensemble a violé l'article 6 (actuellement 10) de la
Constitution"
■ 2002: « L’égalité des femmes et des hommes est
garantie » (nouvel alinéa 3 de l’art. 10)
■ C.A. 17 décembre 2003, n° 166/2003
« Il convient d’avoir égard, lorsque le critère envisagé
repose sur le sexe des personnes concernées, aux articles
10, 11 et 11bis, alinéa 1er, de la Constitution. Ces
dispositions, lues conjointement, invitent les législateurs à
être particulièrement prudents lorsqu’ils établissent une
différence de traitement sur la base du sexe. Un tel critère
n’est admissible que s’il est justifié par un objectif légitime
et s’il est pertinent par rapport à celui-ci. Le contrôle de la
Cour est plus strict si le principe fondamental de l’égalité
des sexes est en cause »
Coutume constitutionnelle

□ la coutume constitutionnelle
■ Élément matériel: la répétition d’actes concordants
(« une fois n’est pas coutume »)
■ Elément psychologique: la conviction que ce
comportement correspond à une obligation juridique
■ Coutume praeter constitutionem
■ Coutume contra constitutionem?
p Non: art. 33, al. 2 et 187 Constitution
Principes généraux du droit

□ Principes généraux du droit


■ ≠ coutume
■ = principes dégagés à partir de dispositions de droit
■ Art. 2 Code judiciare
exemple: la délibération préalable au Conseil des ministres
■ Cass. 10 avril 1987 (affaire Happart)
"Attendu qu'aucune disposition constitutionnelle, légale ou
réglementaire ne prescrit que pareil pourvoi soit précédé
d'une délibération en Conseil des
ministres ou qu'il appartienne au gouvernement
de décider de l'introduction d'un pourvoi;
Attendu qu'il n'existe pas de principe général du droit public
invoqué par le défendeur Broers, qui subordonnerait la
validité d'actes gouvernementaux à une concertation
préalable au sein du Conseil des ministres;"
"Attendu que s'il est d'usage que le Conseil des
ministres délibère et décide lorsqu'il s'agit d'affaires
présentant une certaine importance, l'absence de
délibération n'affecte pas en elle-même la validité d'un acte
accompli par un ministre en pareille matière"
Révision de la Constitution
□ Révision de la Constitution
■ Procédure: art. 195 Constitution
■ Constitution rigide
■ Compétence exclusivement fédérale
■ Pouvoir constituant originaire
p = le Congrès national
p Compétence (presque) illimitée
■ Pouvoir constituant dérivé
p Ne dispose du pouvoir constituant que dans les
limites fixées par le pouvoir constituant originaire
■ Deux phases: préconstituante en constituante
□ La phase préconstituante
■ Initiative: chaque branche du pouvoir législatif (voy. art.
36 Constitution)
■ Proposition de révision / projet de révision
■ Chambre et Sénat se prononcent séparément
p Quorum de présence: majorité des membres (art. 53
Const)
p Quorum de majorité: 50% + une voix (art. 53 Const)
■ Le Roi marque son accord (avec contreseing
ministériel)
■ Déclaration de révision ≠ loi
p 3 déclarations sont adoptées
p La déclaration n’est pas sanctionnée et promulguée
par le roi
■ Publication au Moniteur belge (2 ou 3 déclarations)
□ Exemple: Moniteur belge du 28 avril 2014
Les Chambres déclarent qu'il y a lieu à révision :
- de l'article 7bis de la Constitution;
- du titre II de la Constitution, en vue d'y insérer des dispositions nouvelles
permettant d'assurer la protection des droits et libertés garantis par la
Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales;
- du titre II de la Constitution, en vue d'y insérer un article nouveau permettant
de garantir la jouissance des droits et libertés aux personnes handicapées;
- du titre II de la Constitution, en vue d'y insérer un article nouveau
garantissant le droit à la sécurité;
- de l'article 10, alinéa 2, deuxième membre de phrase, de la Constitution;
- de l'article 12, alinéa 3, de la Constitution, afin de respecter la jurisprudence
européenne en ce qui concerne l'assistance d'un avocat dès la première
audition;

□ Exemple: Moniteur belge du 23 mai 2019
Nous, PHILIPPE, Roi des Belges,
Déclarons :
Il y a lieu à révision :
- de l'article 7bis de la Constitution ;
- du titre II de la Constitution, en vue d'y insérer un article nouveau
garantissant le droit à la sécurité ;
- du titre II de la Constitution, en vue d'y insérer un article nouveau permettant
de garantir la jouissance des droits et libertés aux personnes handicapées ;
- de l'article 22 de la Constitution ;
- de l'article 23 de la Constitution, en vue d'y ajouter un alinéa concernant le
droit du citoyen à un service universel en matière de poste, de communication
et de mobilité ;
- de l'article 25 de la Constitution, en vue d'y ajouter un alinéa permettant
d'élargir les garanties de la presse aux autres moyens d'information ;
- de l'article 28 de la Constitution ;
- de l'article 29 de la Constitution ;
- de l'article 63, § 1er à § 3, de la Constitution ;
- de l'article 148, alinéa 2, de la Constitution ;
- de l'article 150 de la Constitution.
Donné à Bruxelles, le 20 mai 2019.
PHILIPPE
Par le Roi :
Le Premier Ministre,
Ch. MICHEL…
□ La dissolution des assemblées
■ Dissolution de plein droit, à partir de la publication de
la déclaration au Moniteur belge
■ Organiser des élections conformément à l’art. 46
Constitution
■ Raison d’être:
p Réflexion
p Éviter une majorité passagère
p Intervention de l’électeur
□ La phase constituante
■ Une faculté
■ Quorum de présence: au moins 2/3 des parlementaires
■ Quorum de majorité: au moins 2/3 des suffrages
■ La querelle des abstentions (1968-1971)
p Faut-il calculer les 2/3 sur le nombre total des
membres présents ou uniquement sur le nombre des
parlementaires ayant exprimé un vote favorable ou
défavorable
p Règlement chambre (art. 49) et Sénat (art. 43): les
abstentions sont comptés dans le nombre de
membres présents (idem lors de l’application de
l’article 53 Constitution)
p Exemple: 150 députés → présent: 100
Abstention: 97
Oui: 2
Non: 1
■ L’étendue du pouvoir de révision est limitée par les
chambres préconstituantes (limitation quantitative)
■ Un testament des chambres préconstituantes?
■ Délai: les assemblées restent constituantes pendant
l’entièreté de la législature
■ Publication au Moniteur
■ Une procédure exceptionnelle?
p En pratique les chambres sont presque toujours
constituantes
□ La révision implicite
■ = en modifiant une disposition qui figure dans la
déclaration, modifier également la signification d’une
autre disposition qui ne figure pas dans la déclaration

■ Exemples:
p art. 103 Constitution modifié en 1998: les ministres
sont jugés par la Cour d’appel
p Art. 111 Constitution: le Roi ne peut faire grâce à un
ministre condamné par la Cour de cassation que sur
la demande de la Chambre
p Déclaration de 1999 mentionne la révision « du titre
II de la Constitution, en vue d’y insérer un article
relatif au droit des femmes et des hommes à
l’égalité »
p Art. 11bis: les gouvernements doivent compter des
personnes de sexe différent
p Révision implicite de l’article 99 ?

p 1970: la création des Régions et Communautés


culturelles
p Rien dans la déclaration, mais le parlement a
retrouvé dans la déclaration « une volonté de
décentralisation » …
□ Le respect de l’article 195 de la Constitution

■ Les chambres constituantes jugent la conformité de la


révision à l’article 195

p Juge et partie ?
■ Contrôle par la Cour constitutionnelle: NON
C.A., 9 février 1994, n° 16/94
« En promulguant la disposition attaquée, le Roi a
constaté de manière authentique et définitive que l'article
59quinquies de la Constitution a été adopté conformément
aux conditions fixées par l'article 131 de la Constitution. Ni
l'article 1er de la loi spéciale du 6 janvier 1989 sur la Cour
d'arbitrage ni une quelconque autre disposition
constitutionnelle ou législative ne confèrent à la Cour le
pouvoir de vérifier si un article constitutionnel a été adopté
dans le respect des conditions fixées à l'article 131
(actuellement 195) de la Constitution ou de statuer sur un
recours en annulation d'un article constitutionnel »
□ Art. 195, la disposition transitoire de 2012
□ Disposition transitoire  
□ Toutefois, les Chambres, constituées à la suite du
renouvellement des Chambres du 13 juin 2010 peuvent,
d'un commun accord avec le Roi, statuer sur la révision
des dispositions, articles et groupements d'articles
suivants, exclusivement dans le sens indiqué ci-dessous :  
1° les articles 5, alinéa 2, 11bis, 41, alinéa 5, 159 et 190 …
□ Deux points de vue:

□ L'art. 195 a été inséré dans la déclaration votée en


2010, dès lors il est possible d'inscrire dans 195 une
disposition transitoire (= modification de 195)

□ On peut certes modifier 195, mais déroger pendant une


période des garanties fixées par l'art. 195 (dont le
principe des 2 législatures), n'est pas une modification,
mais une suspension des garanties
Pareille suspension est interdite par l'art. 187 Const.

Le respect de la Constitution en Belgique ☺
□ 1919: la Belgique devient une démocratie …
□ A partir de 1950: participation aux institutions
européennes …
□ 1970: création des Communautés (culturelles) et des
Régions …

□ Chaque fois en méconnaissance de la Constitution


□ Il y a lieu de réviser l’article 195 de la Constitution

■ Procédure (trop) lourde?


■ L’exigence de la dissolution est dépassée
■ Faut-il nécessairement deux phases?
p L’exigence d’une majorité écrasante (2/3) n’est-
elle pas suffisante?
■ Faut-il tenir compte des groupes linguistiques?
■ …
□ Les limitations du pouvoir de révision
■ A) En temps de guerre et en cas d’impossibilité
pour les chambres de se réunir librement sur le
territoire (art. 196 Constitution)
■ La portée de l’interdiction est absolue
□ « en temps de guerre »
p ≠ situation de fait
p = un concept juridique, voy. art. 167
Constitution: le Roi constate l’état de guerre
ainsi que la fin des hostilités

■ Qui juge « l’impossibilité de se réunir


librement » ?
p Les assemblées constituantes
■ B) En cas de régence (art. 197 Constitution)

■ Interdiction absolue
■ mais limitée à certaines dispositions concernant
le statut et la fonction du Roi
■ C) En période d’affaires courantes
■ Compétence du gouvernement est limitée aux affaires
urgentes et à la gestion journalière
■ Point de vue classique: Adpoter une déclaration de
révision de la Constitution n’est pas une affaire
courante
p → Le gouvernement démissionnaire ne peut pas
contresigner
■ En pratique on accepte (1968, 1981 & 2007) la
prolongation d’une déclaration préexistante
■ Précédent de 2010: plus que la prolongation de
l'ancienne déclaration

■ Point de vue moderne: Les affaires courantes


protègent la souveraineté du Parlement, non du
gouvernement
p Les prérogatives du Parlement ne sont pas menacées par
l'adoption d'une déclaration
□ D) Des dispositions intangibles?
■ Certains articles sont formulés de manière absolue
(par ex. 17, 18, 25, …)
■ Cependant, toute disposition est susceptible d’être
révisée
■ ↔ Constitution française de 1958 (art. 89): la forme
républicaine du gouvernement ne peut faire l’objet
d’une révision
□ L’adaptation de la Constitution (art. 198 Constitution)

■ = toilettage de la Constitution
■ Compétence attribuée aux chambres constituantes
p Quorum de présence: 2/3
p Quorum de majorité: 2/3
p ≠ deux phases
■ Révision = opération politique
■ Adaptation = opération technique et formelle

■ Coordination le 17 février 1994


p Certaines lois et la jurisprudence
d’avant 1994 renvoient à l’ancienne numérotation
Chap. III – Evolution de la
Constitution (au sens matériel)

□ Les décrets constituants


■ 18 novembre 1830: indépendance de la Belgique
■ 24 novembre 1830: exclusion de tout pouvoir de la
famille d’Orange-Nassau
■ 24 février 1831: « Le congrès national, Déclare que
c'est comme corps constituant qu'il a porté ses
décrets des 18 et 24 novembre 1830 relatifs à
l'indépendance et à l'exclusion à perpétuité des
membres de la famille d'Orange-Nassau de tout
pouvoir en Belgique »
■ Révision des décrets constituants:
■ Travaux préparatoires – intervention du Baron Beyts:
« Messieurs, j'acquiescerai aux conclusions de la section
centrale si, au lieu de déclarer constitutionnels les décrets des
18 et 24 novembre, on veut décréter que le congrès les a rendus
comme corps constituant. La différence est très grande en effet:
si les décrets étaient déclarés constitutionnels, le corps législatif
pourrait les rapporter en vertu des articles de la constitution
relatifs à sa révision, au lieu qu'en déclarant que nous les avons
rendus comme corps constituant, nous les rendons irrévocables;
ils ne feront pas partie de la constitution, mais ils seront comme
la base sur laquelle elle repose. Il n'y a donc pas lieu, selon moi,
à déclarer ces décrets constitutionnels, mais à déclarer qu'ils ont
été rendu par le congrès comme corps constituant » 
■ C.E., section de législation, avis du 15 juillet 1993
« En admettant même que le décret du 24 novembre
1830 contient une norme, il est un fait que –dans un Etat où
il est reconnu, d'une part, que tous les pouvoirs émanent de
la Nation, d'autre part, que les chambres législatives, par leur
représentativité, sont sur le plan interne les dépositaires de
la souveraineté– le pouvoir législatif qui est à la fois pouvoir
constituant, ne saurait se voir dénier le droit d'envisager
d'une règle fondamentale relative à l'organisation de l'Etat.
La conclusion du présent avis sera dès lors la suivante: si
le pouvoir législatif estime que le décret du 24 novembre
1830 –dans la mesure où il concerne un principe
fondamental de l'organisation de l'Etat– doit se voir
reconnaître, dans cette limite, une intensité juridique égale à
celle d'une disposition constitutionnelle, seul l'organe
législatif investi de l'exercice du pouvoir constituant pourra
modifier ou abroger ce décret, dans le respect, à l'évidence,
du principe qui doit garantir la continuité de l'Etat, principe
qui trouve son expression à l'article 131 (actuellement art.
195) de la Constitution, en ce qui concerne les dispositions
constitutionnelles » 
■ Analyse critique de cet avis:
p Manifestement contraire aux travaux
préparatoires
p Le pouvoir constitutionnel originaire peut
parfaitement limiter les compétences du
pouvoir constitutionnel dérivé et rendre
certaines normes intangibles
p Pourquoi appliquer l’article 195 et pas l’article
53 de la Constitution?
■ Intérêt pratique des décrets constituants: les lois de
défense
p Art. 187 de la Constitution: interdiction de suspendre en
tout ou en partie
p Cass., 4 mars 1940, conclusions Avocat général Hayoit
de Termicourt
■ Le décret constituant proclamant l’indépendance de la
Belgique est une norme plus fondamentale que la
Constitution
■ Cette norme plus fondamentale permet, lorsque
l’indépendance est en danger, de voter des lois de
défense
□ Les lois spéciales
■ Art. 4 dernier alinéa
p Quorum de présence: majorité des membres de
chaque groupe linguistique
p Quorum de majorité: double majorité
■ Majorité des membres de chaque groupe
linguistique
et
■ Total des votes positifs: 2/3 des suffrages
exprimés
■ Origine de la loi spéciale: realpolitik du
gouvernement Eyskens en 1970
p Gaston Eyskens propose: 50% GL OU 2/3
p Vanaudenhove exige: 50% GL ET 2/3
■ Déconstitutionnalisation
p Éviter la lourde procédure de l’art. 195 Constitution
p Offre plus de garanties aux deux communautés
linguistiques

■ Relation entre la Constitution, la loi spéciale et la loi


p Principe: le parlement s’exprime en votant des lois
(ordinaires)
p Loi spéciale = dans le cas prévus par la Constitution
■ Le vote du sénateur germanophone
p Il ne fait partie d’aucun groupe linguistique
p Lecture littérale de l’art. 4: il est exclu du quorum de
présence et de vote
p Lecture souple: il faut tenir compte de son vote pour
le total des 2/3
p Réforme de l’Etat de 2001: lecture souple
p Contrôle par la Cour constitutionnelle?
■ C.A., 7 février 1990, n° 8/90
« B.2.2. L'article 107ter (actuellement art. 142) de la
Constitution ne fait pas de distinction entre les lois
ordinaires et les lois spéciales; en principe, la Cour
d'arbitrage est, dès lors, compétente pour apprécier la
conformité de ces deux types de lois aux règles de
compétence constitutionnelles, d'une part, et aux articles
6, 6bis et 17 de la Constitution, d'autre part »
■ C.A., 25 mars 2003, n° 35/2003 (Réforme de l’Etat de 2001)
« B.2.2. Les griefs qui ne concernent pas le contenu des
dispositions attaquées mais bien leur processus d’élaboration
sont en principe étrangers à la compétence de la Cour.
La Cour peut certes vérifier si une disposition contestée
devait être adoptée à la majorité spéciale - cette condition fait
partie intégrante du système de détermination de compétences
-, mais la Cour n’est, en principe, pas compétente pour examiner
si la disposition en cause a été adoptée par une assemblée
législative irrégulièrement composée ni pour se prononcer sur le
fonctionnement interne d’une assemblée législative »
■ Coordination des lois spéciales
p Art. 127, § 3 Loi spéc. 16 juillet 1993 visant à
achever la structure fédérale de l’Etat
p Le Roi peut, par A.R. délibéré en conseil des
ministres, mettre les dispositions en concordance
avec les nouvelles numérotation et subdivision de la
Constitution
p Opération purement technique
□ Les lois (ordinaires)
■ Art. 53 Constitution
p Quorum de présence: majorité des membres
p Quorum de majorité: 50% + 1 voix
■ Coordination est codification
p Loi du 13 juin 1961 relative à la coordination et à la
codification des lois
p Compétence accordée au Roi (A.R.)
■ Procédures en dehors de la loi de 1961
Résumé

□ Révision de la Constitution (art. 195)


■ 2 phases
■ Quorum de présence: 2/3
■ Quorum de majorité: 2/3

□ Coordination de la Constitution (art. 198)


■ Chambres constituantes
■ Quorum de présence: 2/3
■ Quorum de majorité: 2/3
Résumé
□ Révision de la loi spéciale (art. 4, dernier alinéa)
■ Quorum de présence: majorité des membres de chaque
groupe linguistique
■ Double quorum de majorité:
p Majorité ordinaire dans chaque groupe linguistique
p Total des votes: 2/3

□ Coordination de la loi spéciale (art. 127, § 3 Loi spéc.


16 juillet 1993)
■ A.R. délibéré en conseil des ministres
Résumé
□ Révision de la loi (art. 53)
■ Quorum de présence: majorité des membres
■ Quorum de majorité: 50% + 1

□ Coordination de la loi
■ Loi 13 juin 1961: A.R.
■ Autre procédure

□ Décrets constituants
■ Intangible ? / art. 195 Constitution ? / art. 53
Constitution ?
Chap. IV – L’exercice des pouvoirs
constitutionnels en Belgique)

□ Nation & peuple

■ Ancien régime: l’exercice des pouvoirs par la grâce


de Dieu
■ La souveraineté nationale: les pouvoirs émanent de
la Nation
■ Constitution française de 1791 et Constitution belge
de 1831 (art. 33)
■ Nation
p ≠ peuple, électorat, …
p = unité indivisible qui comprend l’ensemble des
citoyens actuels, des citoyens passés et même
des citoyens futurs
■ ≠ souveraineté du peuple
■ ≠ démocratie
■ La signification actuelle du mot Nation

p Les révisions de 1893 et 1920/21


■ Suffrage universel
■ Représentation proportionnelle
p Légitimité démocratique
□ Subdélégation de pouvoirs
■ Art. 33, alinéa 2 Constitution
■ Cass., 6 février 1891
« Attendu que la souveraineté réside dans la nation, et
que les pouvoirs, qui tous émanent d'elle, ne sont exercés
que par délégation;
Attendu que les attributions déléguées ne comportent, en
principe, aucune subdélégation: inférieurs ou supérieurs au
point de vue hiérarchique, les pouvoirs ne dérivent pas les
uns des autres; ils ont une origine commune dont ils
procèdent directement; ils sont inaliénables et
intransmissibles »
■ Cass., 4 mai 1920
« Attendu que s'il est de principe que les pouvoirs sont
inaliénables et intransmissibles, il n'est pas interdit à
l'autorité déléguée par la Nation d'établir des autorités
secondaires chargées d'agir sous son contrôle en prenant
des mesures de détail sous réserve de son approbation
expresse ou tacite; que cette mission, toute précaire et
toujours révocable, confiée aux agents, n'implique aucune
aliénation ou transmission de pouvoir »
□ Transferts de souveraineté à des institutions de
droit international

■ Art. 34 Constitution
■ Délégation de l’exercice d’un pouvoir
■ Signification du mot pouvoir
■ « pouvoirs déterminés »
□ Le référendum
■ Régime représentatif: les citoyens sont représentés
par les organes désignés par la Constitution
p ↔ démocratie directe

■ Référendum de décision
■ Référendum de consultation (ou consultation
populaire)
■ Les précédents en Belgique

p 1950: la question royale – « Etes-vous d’avis que le


Roi Léopold III reprenne l’exercice de ses pouvoirs
constitutionnels? »
■ Résultat: oui (57, 68 %)
■ Mais: Flandre: oui (72%); Wallonie: non (58%)
■ Conclusion: abdication du Roi
p 2000: « Chaque belge un peu Roi »
■ Consultation populaire communale ou provinciale (art.
41, dernier alinéa Constitution)
■ Référendum fédéral, régional ou communautaire:
conforme ou contraire à la Constitution?
p Référendum de décision: contraire à l’article 33,
alinéa 2 Constitution
p Consultation populaire
■ Certains: une consultation n’est pas contraire à
l’article 33, alinéa 2 Constitution
■ CE, section de législation: contraire à l’article 33,
alinéa 2 Constitution, car les mandataires
politiques pourront difficillement s’écarter de l’avis
du peuple
p Le difficile référendum
■ Pas d’effet modérateur (↔ gouvernement de
coalition)
■ Les données arithmétiques du pays
■ Les techniques de protection des minorités sont
désactivées

■ … néanmoins un outil démocratique


Sixième réforme de l’Etat
(2011-’14)

■ Régions:
■ Consultation populaire sur des matières d'intérêt
régional (voy. infra)

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