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Charges déductibles

Amortissement et Provisions

Aida KTATA
Maitre de conférences à la Faculté de Droit de Sfax
Membre au Centre d’Etudes Fiscales
I-Amortissement
• L’amortissement est défini comme étant une déduction
opérée au titre de la détermination du bénéfice
imposable en raison de la dépréciation définitive que
subissent par suite de l’usure, du temps ou de tout autre
motif les éléments immobilisés de l’actif de l’entreprise.
• Sur le plan économique, l’amortissement permet le
renouvellement des immobilisations de l’entreprise en
procédant à une déduction des bénéfices d’un montant
permettant de remplacer les immobilisations qui se
déprécient.
Amortissement
• L’amortissement, dont le régime a subi une modification par la
loi de finances pour la gestion 2008 est régi par les dispositions
de l’article 12 bis du CIR. qui détermine aussi bien les conditions
de déductions que les régimes de déduction des
amortissements.
• La réforme de 2008 avait pour objectif l’harmonisation des
règles fiscales avec les règles comptables en matière
d’amortissement
• Si les dépenses au titre des frais généraux sont immédiatement
et intégralement déductibles, les dépenses immobilisées objet
de l’amortissement leur déduction est répartie sur plusieurs
années.
• L’article 12 bis du CIR détermine aussi bien les conditions de
déductions que les régimes de déduction des amortissements.
1- Les conditions de déduction de l’amortissement

• Pour être déductible, l’A doit remplir les


conditions suivantes:
• 1- Il doit correspondre à un bien immobilisé (par
bien immobilisé, il faut entendre les biens de
toute nature, meubles ou immeubles, corporels
ou incorporels acquis ou crées par l’entreprise en
tant qu’objet de l’exploitation figurant à l’actif du
bilan de l’entreprise et soumis à dépréciation ).
Voir. Article: Sami KRAIEM, La notion
d’immobilisation, RTF, n°2.
Conditions de déductibilité de l’A
• 2- Le bien immobilisé amortissable doit être soit la
propriété de l’entreprise soit exploités dans le cadre
des contrats de leasing conclus à partir du 1er janvier
2009.
• 3- Les biens immobilisés amortissables doivent être
soumis à dépréciation. La dépréciation est
généralement définie comme étant la perte de valeur
d’un bien entre deux instants donnés. La dépréciation
est due soit à l’usure soit à l’obsolescence (évolution
des techniques). Ne sont pas amortissables les biens
non soumis à dépréciation tels que les terrains.
Conditions de déductibilité
• 4- le bien amortissable doit être nécessaire à
l’exploitation
• 5- Le bien amortissable ne doit pas figurer dans la
liste des biens exclus de la déduction au titre des
amortissements . (article 15. notamment le cas
des véhicules, montants payés en espèce et les
actifs acquis auprès des personnes résidentes
dans un Etat ou territoire à fiscalité privilégiée).
• 6- L’amortissement doit être constaté en
comptabilité.
II- Les modes de déduction des
amortissements
• A travers la lecture de l’article 12 bis du CIR
introduit par la loi de finances pour la gestion
2008, une tendance vers l’alignement de
l’amortissement fiscal sur celui comptable est
vérifiable.
• On distingue entre le mode général de
déduction de l’amortissement et les modes
particuliers.
1- Le mode général
• En principe, le montant de l’amortissement
déductible sur le plan fiscal correspond au
montant de l’amortissement constaté en
comptabilité. En effet, « sont admis en
déduction pour la détermination du bénéfice
imposable, les amortissements effectués par
l’entreprise selon les règles fixées par la
législation comptable ».
1- Le mode général
En comptabilité, le montant amortissable d’une
immobilisation est réparti sur la durée d’utilisation
de cette immobilisation. Cette durée est appréciée
par l’entreprise en fonction de plusieurs facteurs ;
l’usage attendu de cette immobilisation par
l’entreprise, l’usure physique, l’obsolescence…
Toutefois, l’article 12 bis prévoit que le montant de
l’annuité d’amortissement calculée par application
des règles comptables, ne doit pas dépasser un
plafond fixé par décret.
Mode général
• Il s’agit du décret 2008-492 du 25 février 2008 fixe
les taux maximums d’amortissement fiscal.
• Cette limite maximale peut conduire l’entreprise à
procéder à des réintégrations de la part de
l’amortissement comptable supérieure au
maximum autorisé de l’amortissement fiscal
• L’annuité d’amortissement est calculée aux termes
de l’article 12 bis sur la base du « prix de revient,
d’acquisition, de construction, de fabrication ».
2- Les modes particuliers.. notamment
• 1- L’amortissement des biens de faible valeur:
en vertu de l’article 12 bis, « les
amortissements des actifs immobilisés de
faible valeur qui ne dépasse pas 500 dinars
sont entièrement déductibles des résultats de
l’exercice de leur mise en service ».
2- Les modes particuliers
• 2- Amortissement des biens acquis en leasing
• selon l’article 12 bis. III du CIR, les biens exploités
dans le cadre des contrats de leasing sont
amortissables « sur la base de la durée du contrat
de leasing ».
• Ainsi, la durée à prendre en considération n’est pas
la durée d’utilisation du bien mais la durée de
l’exécution du contrat de leasing. Cependant la
durée à prendre en considération en doit pas être
inférieure à une durée minimale fixée par décret de
2008.
2- Les modes particuliers
• 3- L’amortissement de certaines constructions
• selon l’article 13 du CIR, « les entreprises qui
construisent, font construire ou achètent des
immeubles d’habitation destinés au logement de leur
personnel, à titre gratuit peuvent dès achèvement des
constructions effectuer un amortissement exceptionnel
égal à 50% de leur prix de revient déductible pour
l’établissement du bénéfice. La valeur résiduelle étant
déductible sur 10 ans ». Ainsi ces constructions sont
déductibles sur une période de dix ans : 50% la
première année et 5% les dix ans suivants.
II- Les provisions
• La provision constitue une modalité d’épargne qui
permet à l’entreprise de surmonter le moment venu
un risque probable. En effet, « quand un particulier
sait qu’il devra faire face à une dépense prévisible, il
met de l’argent de côté afin d’avoir de quoi le
moment venu. De même, l’entreprise prévoyante doit
mettre de côté une fraction de son bénéfice pour
faire face à des charges qu’elle sait probables ». En
droit comptable, il existe un principe de liberté de
constitution des provisions. Maurice COZIAN, Précis
de fiscalité des entreprises, LITEC, 2006-2007, p. 94.
II- Les provisions
• L’entreprise est libre de constituer toute forme de provision
chaque fois que des éléments présidant à la clôture de
l’exercice indiquent qu’il est probable qu’un actif soit
déprécié ou un passif soit augmenté.
• En effet, la règle de la prudence qui caractérise le droit
comptable fait que la constatation de provision est un
impératif afin d’éviter la présentation de bilan trop optimiste
qui fausse la présentation fidèle de la situation de
l’entreprise.
• Parmi les éventualités pouvant justifier la constitution de
provision: une créance vis-à-vis d’un client en difficulté, une
action en justice engagée à l’encontre de l’entreprise, un
stock de matières premières ayant subi une dépréciation.
Sur le plan fiscal
• la provision est, comme les frais généraux et
l’amortissement, une charge déductible du
résultat imposable dans le cadre du régime
réel à l’exclusion des cas de soumission au
régime réel simplifié.
• Néanmoins, elle à la particularité d’être une
charge provisoire puisqu’elle doit être reprise
durant l’exercice où elle devient sans objet
parce que le risque s’est réellement réalisé ou
définitivement écarté.
Remarque
• Il est à remarquer que le droit fiscal,
contrairement au droit comptable ne
reconnaît pas à l’entreprise une liberté de
déduction des provisions constituées. En effet,
le souci budgétaire fait que le législateur a non
seulement limité les catégories de provisions
fiscalement déductibles mais aussi il a assorti
leur déductibilité à des conditions rigoureuses
et à des seuils de déductibilité.
Fiscalement …
• Ainsi, quatre type de provisions sont admises : les
provisions pour créances douteuses, les provisions pour
dépréciation de la valeur des actions cotées en bourse, les
provisions pour dépréciation des stock destinés à la vente
et les provisions pour dépréciation de la valeur des actions
et parts sociales permises à certaines entreprises
limitativement énumérées.
• Compte tenu de la divergence entre les règles comptables
et celles fiscales, le passage du résultat comptable au
résultat fiscal se traduit par une réintégration au résultat
fiscal des provisions librement constituées en comptabilité
et dont la déduction n’est pas permise en droit fiscal
I- Les conditions générales de déductibilité
• 1)- La probabilité de la charge provisionnelle : le risque que
peut encourir l’entreprise à savoir le non recouvrement
d’une créance ou la dépréciation de stock ou d’actions doit
être probable cad établi par des circonstances précises et
particulières et non un simple risque d’ordre général. Ainsi,
concernant la provision pour créance douteuse, la
demande faite par le débiteur de report des échéances ne
peut constituer un risque probable de non recouvrement
permettant la déductibilité de certaines charges. Par
contre, l’ouverture d’une procédure de redressement à
l’encontre du débiteur est de nature à rendre douteux le
recouvrement de la créance.
Les conditions générales de déductibilité
• 2)- Le rattachement de la charge provisionnée
à un exercice déterminé : pour admise en
déduction, la provision doit être constatée
dans l’exercice au cours duquel est intervenu
l’événement qui a rendu probable soit la
dépréciation d’un élément d’actif soit le
recouvrement d’une créance.
Conditions générales de déductibilité
• 3)- L’établissement d’un état annuel détaillé de
provision joint à la déclaration d’impôt et ce
en vertu l’article 12 IV du CIR.
• 4)- La comptabilisation de la provision : pour
que la provision soit admise en déduction
fiscalement, il faut qu’elle soit constatée en
comptabilité.
Les régimes de provisions
• En vertu de l’article 12.4 du CIR, « les
provisions pour créances douteuses… pour
lesquelles une action en justice est engagée,
les provisions pour dépréciation des stocks
destinés à la vente et pour dépréciation des
actions cotées en bourse et ce dans la limite
de 50% du bénéfice imposable.
• Remarque: article 12.3. CIR (conditions)

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