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Mouloud LOUNAOUCI

Projet de création
d’un Centre de Terminologie
Amazighe

TERAMA

Haut Commissariat à l’Amazighité


2007
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Etude réalisée pour le compte du
Haut Commissariat à l’Amazighité
2007

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Mouloud LOUNAOUCI

Projet de création
d’un Centre de Terminologie
Amazighe

TERAMA

Haut Commissariat à l’Amazighité

2007

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AVANT-PROPOS

C e travail qui m’a été confié par Le HCA (Haut


Commissariat à l’Amazighité) a été réalisé sur la
base de nombreuses lectures. Nous avons
consulté des textes théoriques dont nous avons repris de
larges extraits (c’est le cas du résumé final qui est une
traduction d’un texte catalan). Nous nous sommes également
inspiré d’expériences diverses, notamment basque et catalane
où nous avons séjourné quelques temps.
Ce travail est donc un travail de synthèse plus qu’un travail
personnel même si tout au long des pages nous avons donné
notre propre avis basé sur la situation réelle de la langue
amazighe.
Notre souci est de proposer une étude pratique à la portée de
terminologues débutants. Nous nous sommes astreints à
relever les points d’organisation d’un centre de terminologie,
de fixer les objectifs par ordre de priorité et de proposer les
moyens de les réaliser.
Le centre Terama (terminologie amazigh) permettra, si les
moyens sont mis à sa disposition, de rattraper un lourd retard
en matière de développement de la langue amazighe et de
participer à la recherche au niveau nationale et international.

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

I-INTRODUCTION

Depuis toujours, l’homme s’est essayé à décrire par des


mots la réalité qui l’entoure, de décrire puis de classer les
éléments qui font son environnement avant d’établir entre eux
des corrélations. Pour pouvoir échanger ou commercer avec
d’autres communautés il a été amené à étudier, comprendre et
comparer les dénominations qui ne sont pas les siennes avec
son propre lexique. Ce qui lui a permis d’emprunter des mots
ou de les créer pour nommer des objets qui ne font pas partie
de son monde. La recherche terminologique est un besoin
constant pour toutes les langues. La modernité, la technologie,
la recherche scientifique créent continuellement de nouveaux
besoins qu’il faut satisfaire
La société berbère de tradition orale, si l’on ne tient pas compte
des quelques écrits antiques, a un retard lexicologique
important à combler. Il y a donc lieu de moderniser la langue
et développer son lexique .La recherche terminologique s’avère
d’autant plus importante que s’accélèrent les changements
sociaux. Mais la création d’un tel centre nécessite des moyens
matériels, financiers et humains très importants et
l’intervention de l’Etat est quasi-obligatoire.
Parmi les réalisations urgentes en matière de normalisation
linguistique, la création d’un centre de terminologie est une
véritable priorité. Ce centre aura pour tâche de répertorier et
regrouper les néologismes déjà existants, de coordonner et
d’initier des travaux de recherche terminologiques ainsi que
d’assurer la diffusion de nouveaux termes. Il pourrait
également, à côté d’une structure spécialisée chargée de
l’aménagement, légiférer sur la «valabilité» d’un mot
nouvellement créé.
La création de ce centre est d’autant plus importante qu’il s’agit
d’organiser la gestion terminologique dans une communauté
linguistique atomisée géographiquement et divisée
administrativement.
Ce travail de normalisation linguistique a, en fait, déjà
commencé et aujourd’hui la langue berbère s’essaie à prendre
les espaces qui lui étaient jusque là interdits. C’est précisément
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

pour cette raison qu’il y a urgence en matière de recherche


terminologique qui doit aboutir à l’élaboration de mots
spécialisés, fiables, normalisés et ce, pour des besoins aussi bien
nationaux qu’internationaux. Il faut préciser que les moyens
modernes de diffusion (médias, essentiellement la télévision et
l’internet) permettront une implantation et une socialisation
rapide.
Ceci dit, pour reprendre Fabra il faut « Offrir aux gens une
langue accessible et uniforme » Fabra.
Pour cela il faut fondeh sa méthodologie sur une connaissance
profonde de la langue et de ses dialectes. Comparaison
phonétique et phonologique des dialectes ainsi que sur le plan
lexical, morphologique et syntaxique.

II- LES QUESTIONS QUI SE POSENT ET LES TACHES A REALISER

1-Comment aborder la question terminologique ?


1.1- Identifier les besoins : Nous ne pouvons pas, bien
entendu, créer en même temps tous les termes spécialisés. Il
faut donc dresser des priorités et pour cela répertorier les
besoins.
1.2- Mettre en place les mécanismes pour répondre aux
besoins : Dans un premier temps, il faut dresser la liste de tous
les termes existants (tous les dialectes confondus) ce qui
permettra de faire une économie en matière de lexique, de
minimiser au maximum les emprunts mais aussi de gagner du
temps de l’argent. Cela permettra en outre d’entreprendre des
travaux de recherche qui combleront de vraies lacunes puisque
définitivement mises à jour.

2-Comment organiser les travaux de recherche


terminologique ?
Pour cela on ne peut faire l’économie de la création
d’organes de standardisation dirigés par un personnel
compétent. En outre, pour que l’organisation soit réellement
efficiente, elle doit être fortement centralisée et doit avoir des
compétences sur toute l’aire berbérophone (on peut imaginer

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

une coordination entre les centres de différents pays). Pour


rendre efficace un tel projet, il est nécessaire de créer :
2.1- Une banque de données terminologiques (termes
d’usage courant) :Sur la base d’un dépouillement systématique
de tous les dictionnaires, manuels, articles et autres écrits mais
également par un enregistrement de toutes les variétés suivi de
transcription des termes non encore répertoriés. Il s’agit, là,
d’un travail titanesque qui ne peut se faire sans une «dose» de
volontarisme. Le concours des associations, de groupes
informels et d’individus est quasi- obligatoire pour faire le
recueil du corpus.
2.2- Une banque de termes spécialisés : Seront
répertoriés tous les termes déjà créés, appartenant aux secteurs
spécifiques (vocabulaires spécialisés de médecine, d’urbanisme,
de mathématique...). Cette base de données sera enrichie par
les travaux issus de la recherche terminologique.
2.3- Une banque de données bibliographique : Seront
consignées toutes les expériences de normalisation linguistique
du domaine amazigh ainsi que celles faites à travers le monde
pour y étudier l’approche théorique, la méthodologie suivie, les
résultats obtenus... afin de capitaliser le maximum
d’enseignement.
2.4- Une bibliothèque :Qui comprendra, en plus des
livres traitant de la langue berbère, des ouvrages de
terminologie, de sociolinguistique et de travaux réalisés sur
d’autres langues.

3-Comment aborder la gestion des travaux terminologiques ?


La gestion d’un tel travail doit être minutieuse car à tout
moment on doit pouvoir faire un état des lieux pour ne pas
créer de termes pour des domaines déjà pourvus. Pour que
cette gestion soit pleinement efficace on doit pouvoir disposer
en permanence d’un pool de spécialistes de différents secteurs,
de toutes les données déjà citées et des besoins encore non
satisfaits. La détermination de ces besoins sera faite
quotidiennement par un centre chargé de répondre aux
questions ponctuelles des utilisateurs.

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

4-Quelle méthode adopter ?


Les fiches lexicologiques doivent obéir aux normes
internationales de terminologie. Elles doivent composer le
fichier de base (composé de la totalité des termes répertoriés) et
de fichiers de diffusion (composés à la demande des
utilisateurs). Parallèlement à cette banque de données basée sur
la fiche terminologique, doit être mis en place une banque de
données recensant d’une manière exhaustive tous les écrits
(quelque qu’en soit la qualité) relatifs à la langue berbère afin
qu’ils soient disponibles à tout moment et pouvoir satisfaire,
ainsi, les éventuels demandeurs.
Le volume des données sera évidemment important, ce qui
nécessitera un classement de préférence thématique. Ce choix
étant celui qui a donné le meilleur fonctionnement (cas de
l’expérience catalane).

5-De la nécessité de créer un comité de contrôle des


recherches terminologiques :
Les termes créés doivent être conceptuellement
acceptables. Ce comité composé de spécialistes doit être en
mesure de guider, conseiller, initier les travaux relatifs à la
recherche néologique. Ce comité aura des compétences pour
rejeter ou accepter (même provisoirement) les nouvelles
créations comme il aura la possibilité de réviser les termes déjà
rendus publics et qui n’ont pas pu se socialiser.

6-L’étape finale mais concrètement la plus importante : la


diffusion / implantation de l’information terminologique
Le centre de terminologie doit avoir la possibilité
d’apporter des réponses immédiates aux questions ponctuelles
liées aux besoins quotidiennement renouvelés. Il doit pouvoir
initier et aider à l’élaboration d’ouvrages lexicologiques et doit
arrêter et publier les critères linguistiques nécessaires à la
terminologie. La question de mots dits internationaux relève
également de ses compétences. Ce centre de terminologie aura
aussi pour tâche d’organiser des stages, journées... de
formation en terminologie. Des publications et périodiques
élaborés par ses soins doivent être mis à la disposition du
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

public pour qu’il soit régulièrement mis au courant de


l’avancement des travaux.

7-Au total
Nous nous attellerons à :
7.1-Proposer la mise en place de la structure chargée de
la terminologie : Elle sera nécessairement étoffée au fil du
temps. Nous aurons donc à préciser un plan de développement
physique du centre, mais aussi un organigramme, les moyens
matériels à mettre en œuvre et les ressources financières à
mobiliser.
7.2-Définir les axes de recherche terminologique : Il est
évident que certains secteurs sont prioritaires en matière
d’utilisation de mots nouveaux. Nous aurons donc à proposer
une hiérarchisation des besoins.
7.3-Proposer des critères de rejet et d’acceptation des
emprunts : Nous nous devons de n’être ni trop puriste pour
avoir une langue simple et claire ni être tenté par un emprunt
massif qui porterai atteinte à structure même de la langue.
7.4-Proposer des méthodes d’évaluation :
Régulièrement, une pause sera faite pour faire un bilan sur la
socialisation des termes proposés. Tous les mots qui n’ont pas
eu l’approbation du citoyen seront retirés et remplacés.
L’aspect subjectif est, en effet, essentiel en matière d’adoption
des termes.
7.5-Proposer un type de fiche terminologique :
L’ensemble de ces fiches composera la banque de données qui
servira à la fois aux différents chercheurs travaillant dans ce
domaine et à répondre aux demandes sans cesse grandissantes
des citoyens.
7.6-Proposer une méthode d’implantation : L’efficacité
du centre se jugera sur la diffusion et l’implantation des
nouveaux termes. Nous serons amener à proposer tous les
secteurs à mobiliser pour une meilleure connaissance de ces
mots.
7.7-Etudier les attitudes en dressant des questionnaires
d’opinion : Il est important que l’on sache à tout moment ce
que pensent les utilisateurs des mots proposés. L’examen des
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questionnaires nous permettra d’ajuster en temps réel le choix


des termes.
7.8-Mettre en place une commission d’homologation :
Pour mettre fin à l’anarchie et lever les ambiguïtés cette
commission aura pour mission de valider les mots proposés ou
déjà rendus public. Elle se chargera également de vérifier
l’orthographe.
7.9-Mettre en place un site web interactif : L’internet
est aujourd’hui un outil indispensable. Le site permettra à la
fois de diffuser les lexiques spécialisés mais aussi de recueillir
des avis et des propositions.
7.10-Mise en place d’un point de réponse ponctuel :Il se
composera d’une banque de données. Une secrétaire maîtrisant
l’outil informatique sera chargée de répondre aux demandes
émanant des utilisateurs en temps réels.
7.11-Initier et publier des bulletins, périodiques,
fascicules…spécialisés : Ces supports écrits seront vendus ou
gracieusement offerts aux différents utilisateurs et aux
universités et bibliothèques.
7.12-Sauvegarder le patrimoine linguistique : Les
moyens modernes, aujourd’hui à notre disposition nous
permettent de scanner tous les dictionnaires et travaux
lexicologiques déjà existants. Cela nous permettra de créer de
nouveaux mots par spécialisation sémantiques et de faire
ressortir les espaces de convergence.
7.13-Initier et œuvrer pour la mise en forme d’un
dictionnaire étymologique : Un instrument indispensable pour
la construction future d’une norme unifiée.
7.14-Réfléchir sur la méthode pour la création d’un
centre de lexicographie : Ce travail colossal mais indispensable
doit se faire progressivement et s’inscrire dans la durée.
7.15-Assurer des conférences et organiser des
colloques : La sensibilisation par des spécialistes est une
condition pour toute réussite d’une telle opération. Les
communicants, récupéreront, en retour, les avis et propositions
des intervenants lors des débats.
7.16-Coopérer avec des centres ayant les mêmes
objectifs, qu’ils soient nationaux ou internationaux : L’échange
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

d’expérience est à ce niveau primordial. Capitaliser ce qui a été


fait par ailleurs permet de gagner du temps et de l’argent. Nous
établirons donc une liste non exhaustive des centres avec
lesquels il est utile de prendre contact.
7.17-Rappel des techniques de construction
néologique : La création de mots obéit à des règles. L’harmonie
et la cohérence de la langue doivent être préservées. C’est
pourquoi, nous reprendrons, les méthodes qui ont largement
fait leur preuve et qui sont maîtrisées par l’ensemble des
spécialistes.

III- LE CONCEPT DE TERMINOLOGIE

Ethymologiquement, la terminologie peut se définir


comme la science des termes. Ces derniers sont structurés en
domaines de spécialité et sont rendus public grâce aux
dictionnaires, glossaire, répertoires et autres supports.
Le terme, unité linguistique constitué d’un ou plusieurs mots
(syntagme terminologique : exemple : agelzim urumi) désigne
une notion définie dans une langue de spécialité. Le terme se
définit par rapport aux autres termes du domaine et par
rapport à un contexte linguistique (phrase, paragraphe, type
de texte) et extra-linguistique (situation, utilisateurs, milieu).
Aujourd’hui l’informatique et l’internet par excellence
permettent une meilleure diffusion et des mises à jour
périodiques.
La terminologie peut n’avoir comme objectif que celui de
décrire et d’informer. Ainsi peut-on éditer un dictionnaire de la
flore de Kabylie ou la faune du sahara. On y définit alors les
termes sans prendre en compte les normes linguistiques.
Mais la terminologie peut aussi être normative et prescriptive.
Une commission d’homologation préalablement installée est
alors tenue de corriger les termes utilisés en y appliquant les
règles propres à la langue.
Les outils linguistiques ainsi élaborés servent souvent à des
besoins de traduction et utilisent des registres de langue
différents selon qu’on s’adresse au grand public ou à des
spécialistes d’un domaine spécifique.
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Concrètement, les termes sont classés en champs sémantiques


précis à thèmes définis pour une utilisation liée au besoin.
Pour que le travail soit efficient et pratique, il est nécessaire de
créer une base de données. Les utilisateurs peuvent ainsi
consulter et échanger leurs expériences. Elle facilitera
également l’évaluation de la socialisation des nouveaux termes.
Ceci est d’autant vrai que le travail terminologique n’a de sens
que si l’on met à la disposition des citoyens des mots simples,
compréhensibles et acceptables. Autrement dits des termes
« sympathiques » faciles à utiliser. De la compétence des
spécialistes dépend, de fait, le succès de l’implantation des
nouveaux mots.
Le terminologue doit avant de commencer tout travail,
expliquer sa démarche méthodologique et indiquer l’usage qui
doit être fait du produit de son labeur.
Il se doit de circonscrire le domaine et le thème de la manière
la plus précise possible. Ainsi, il définira des concepts et des
notions. En effet, un même terme peut renvoyer à plusieurs
notions. Dans ce cas, il faut s’astreindre à ne garder que la
définition qui correspond au domaine traité. Parfois, le terme
peut désigner plusieurs notions à l’intérieur d’un même
domaine. Il faut alors analyser et définir chacune des notions
séparément. Pour l’exemple, abeqri (en tamazight) peut
désigner l’animal comme il peut désigner la viande bovine.
Pour lever toute ambiguïté, il faut prendre garde à définir
clairement, de la manière la plus précise et la plus concise la
notion en question. On doit également établir les relations qui
existent entre notions d’un même domaine. En arboriculture
par exemple, on définira les types de figues, tajanjart par
rapport à taghanimt dans la partie réservée aux figues. La
définition doit être courte (une phrase) et commencer par un
terme de la même catégorie grammaticale que celle du terme à
définir. Il faut préciser que tous les termes utilisés dans la
définition doivent être eux-mêmes définis. Il faut, enfin,
vérifier tous les renvois et s’assurer qu’ils existent tous. La
définition doit s’accompagner d’un maximum d’informations.
On doit pouvoir trouver des renseignements concernant le
contexte d’utilisation du terme appuyés sur des exemples
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

comme on doit trouver ce qui a rapport au domaine de la


linguistique, notamment la catégorie grammaticale, la
formation du pluriel…Il faut, en plus, traiter la synonymie et la
polysémie à l’intérieur du domaine et ajouter tout élément qui
peut aider à une meilleure compréhension tel que les croquis,
les images, les photos, vidéo…
Le travail finalisé doit obligatoirement être validé par la
commission d’homologation.

1-La terminographie :
En tant qu’activité, la terminographie est le domaine réservé à
la création d’outils terminologiques et à la résolution des
problèmes qui surgissent en néologie. Le terminographe
recense, constitue, gère et diffuse les données terminologiques.
Il est également appelé à répondre à des demandes ponctuelles
en matière de termes spécialisés. Par exemple comment rendre
en tamazight un terme X d’origine étrangère ? Dans quel
domaine utiliser ce terme ? Ce terme est-il utilisé tel quel en
tamazight et si c’est le cas quel est son genre ?
Après avoir recenser systématiquement les termes, le
terminographe doit les diffuser, accompagnés de toutes les
données utiles comme nous l’avons dit plus haut. Pour cela,
il crée des fiches, des listes, des dictionnaires…qu’il met à la
disposition des utilisateurs.
Le terminographe a une double activité : la terminologie
ponctuelle et la terminologie thématique.
Un certain nombre de professions sont concernées par les
travaux de terminologie. C’est les cas des terminographes, des
langagiers, des documentalistes, de spécialistes de domaines
scientifique ou technique, des aménageurs linguistiques, des
informaticiens de la langue.

2-La terminologie ponctuelle :


La terminologie ponctuelle répond à des questions non prévus
par les outils existants (dictionnaires, glossaires). Comment
rendre, par exemple, en tamazight ébéniste et menuisier ? Il
s’agit, essentiellement d’un travail de traduction. Cette
terminologie de l’urgence est propre aux organismes chargés
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

de répondre d’informer et conseiller en temps réel. Ces


« urgentistes » de la langue ont une mission importante, celle
de veiller et d’aménager la terminologie. Pour cela, un simple
standard téléphonique ou une adresse électronique suffisent
pour permettre au commun citoyen de poser des questions
linguistiques ou terminologiques.
Pour répondre, le terminographe identifie le problème, en
faisant préciser par l’utilisateur l’objet de sa demande
(explication technique, équivalent étranger, définition de
l’activité…). Dans un deuxième temps, il recense les outils
lexicographiques et terminologiques dont il dispose avant de
donner une réponse après avoir pris soin de laisser une trace
écrite sur la question posée, les sources utilisées pour répondre,
les références bibliographiques, le nom et coordonnées des
spécialistes consultés, la date de la consultation. Tous ces
renseignements permettent de gagner du temps si une question
du même type est posée ultérieurement. Pour cela il faut créer
une fiche dans une base de données pour permettre une
consultation rapide.
Il peut arriver qu’on ne puisse pas donner de réponse (on dit
qu’il y lacune terminologique). Il faut alors proposer plusieurs
réponses plus ou moins proches du terme attendu ou créer un
néologisme. Dans tous les cas il faut consigner tous les
renseignements sur une fiche pour pouvoir, éventuellement
rectifier le tir.
Le terminographe urgentiste doit être attentif à toute création
néologique des spécialistes pour les enregistrer, analyser et
diffuser.
Robert DUBUC, éminent terminologue canadien disait du
terminologue « pompier, préventionniste, grammairien de
service, dictionnaire à deux pattes, agent
langagier…promoteur d’une communication de qualité, le
terminologue en exercice doit être un peu de tout cela ».
Comme en Catalogne, Terama peut disposer d’un « téléphone
linguistique » qui permettra aux citoyens de poser toutes les
questions relatives à la linguistique et la terminologie.

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

3- La terminologie thématique :
La terminologie thématique élabore et diffuse les outils
terminologiques (dictionnaires, glossaires, lexiques, bases de
données).

4-La création du produit terminologique doit répondre à des


critères :
- Définir et délimiter le domaine à traiter
-La ou les langues qui figureront
-Le nombre de termes qui y seront traités
-Les informations qu’on y trouvera
-Le degré de spécialisation du travail
-Les utilisateurs ciblés

Le terminographe prendra soin de recenser et


d’analyser les outils existants traitant du même domaine et
expliquer en quoi son travail est utile.
Avant de réaliser son propre travail, il doit évaluer les
matériaux existants, dépouiller systématiquement les sources et
élaborer les fiches terminologiques sur la base de critères
spécifiques. Ces fiches, enregistrées dans une base de données,
seront à la base de l’élaboration finale du produit
terminologique.
Ce produit finit n’est pas une suite de mots. Il doit établir les
relations entre les termes du domaine traité en utilisant les
arbres et liens que nous expliquerons plus bas.
Enfin, ce produit doit être validé par les spécialistes avant toute
mise en circulation. Ces spécialistes auront à se pencher sur les
cas problématiques (termes manquants, contextes
représentatifs manquants, faux synonymes, liens difficiles à
faire entre mots très proches, coexistence de plusieurs sigles
pour un même terme…).
S’il s’agit d’un produit multilingue, la tache est encore plus
complexe dans la mesure où il faut faire le travail précédent
pour chacune des langues avant de les mettre en relation pour
mettre à nu les cas problématiques (manque de recoupement,
absence de termes dans une langue, manque de liens

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

notionnels entre les termes…) auxquels il faut apporter des


solutions.

5-La fiche terminologique :


La fiche terminologique est, comme Nous l’avons déjà dit, la
base de tout travail terminographique. Elle doit contenir un
maximum de renseignements concernant le terme mais les
informations contenues sont dictées par les objectifs du travail
qu’on s’est assigné.
Toutefois, un minimum de données est obligatoire dans toute
fiche terminologique.
-Terme principal
- Indicatif de grammaire
-Définition
-Variantes éventuelles
-Indicatif de langue s’il s’agit d’un travail multilingue
-Indicatif de pays ou de région s’il y a des variantes
-Domaine
-Source pour chaque donnée citée
-Numéro d’identification
-Auteur de la fiche et date de rédaction

6-Les terminographes :
Les terminographes se retrouvent à la fois dans les organismes
du secteur public que dans ceux du secteur privé, sans compter
les nombreux indépendants qui par passion ou par nécessité
ont choisi de faire de la recherche terminographique. Tous ces
organismes et autres participent activement au développement
et à la promotion de (ou des) langue (s).
Les terminologues ont pour rôle d’étudier les relations entre les
termes et entre les ensembles de termes, de fixer les principes
qui doivent présider à la pratique terminologique, d’intervenir
dans les politiques de communication, d’intervenir dans les
politiques linguistique nationale ou régionale.
Différents organismes participent à la création terminologique.
C’est le cas des bibliothèques et des centres de documentation.
Les universités, les centres de recherche en terminologie et

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

recherche spécialisée, les entreprises d’ingénierie linguistique,


les maisons d’édition, les associations professionnelles, les
services d’administration nationale et organismes publics, les
organismes officiels de normalisation technique sur les plan
national et international, les organismes internationaux du
système des nations unies, les réseaux de coopération en
terminologie, les organismes d’aménagement linguistique et
terminologique.
Le terminologue doit donc connaître la situation et
l’organisation du milieu où il intervient, le contenu du
domaine, les bases conceptuelles ou théoriques de la
terminologie, le processus du travail terminologique, les
ressources et les outils disponibles pour mener à bien sa tache,
les modalités de présentation du travail et enfin les moyens
linguistiques et les voies de transmission des néologismes pour
implanter et diffuser la terminologie.
Outre les terminographes, d’autres professionnels participent à
l’élaboration de la terminologie. Principalement les langagiers
(journalistes, enseignants de langue de spécialité, interprètes,
traducteurs …), les documentalistes, les spécialistes de certains
domaines techniques, les aménageurs en linguistique, les
informaticiens en ingénierie linguistique…)
En raison de l’évolution rapide des sciences et techniques, le
nombre de demandeurs de termes spécialisés est de plus en
plus grandissant. L’utilisateur ciblé doit donc être clairement
défini et le produit fini largement diffusé et implanté.
Des enquêtes permettent d’évaluer l’implantation des
nouveaux mots. Les terminologues s’évertuent d’appliquer des
critères de formation de termes qui leur permettent de
favoriser leur socialisation. Ils étudient les raisons qui font
qu’un terme est accepté plutôt qu’un autre (logiciel l’a emporté
sur sofware et walkman sur baladeur par exemple).

7-L’ISO (Organisation Internationale de Normalisation) et son


comité TC37 :
L’ISO (Organisation Internationale de Normalisation) et son
comité TC37, A coté des terminologues, s’intéresse à la

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

terminologie en tant que discipline. Elle élabore des normes


qui permettent de définir le vocabulaire de base de la
terminologie (définition d’un dictionnaire, d’un lexique…)
comme elle définit les principes et les méthodes de travail et les
codes de représentation des langues et des pays. Avec
l’avènement des bases de données électroniques l’ISO essaie de
mettre en place des formats d’échange compatibles pour
importer et exporter les données terminologiques d’une base à
une autre.

8-La terminologie est une science indispensable à la


traduction :
En effet, toutes les ressources terminologiques sont mises à
profit par le traducteur. Mais ce dernier peut lui-même créer
sa propre terminologie en cas de lacune.

9-La terminotique :
La terminotique, gestion informatique de données
terminologiques, va faciliter grandement l’exploitation des
ressources autant par les traducteurs que par les autres
utilisateurs, notamment le secteur économique qui exige un
traitement automatique des langage naturel (dictionnaires
électroniques destinés à la traduction automatique,
vérificateurs d’orthographe, aide à la rédaction technique,
dépouillement automatique des textes, analyse
documentaire…).
Les outils informatiques aident le terminologue à sélectionner
les documents pour la constitution du corpus, permettent le
dépouillement et la sélection des termes, attribuent
automatiquement des domaines, élaborent des définitions et
structurent sur le plan conceptuel les domaines.

10-La terminologie est une discipline autonome :


La terminologie est une discipline autonome définie par la
linguiste catalane Maria Teresa Cabré comme « carrefour
interdisciplinaire où convergent les sciences cognitives, la
linguistique ou les science du langage et les sciences de la
communication » carrefour constitué d’un versant théorique,
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

d’un versant descriptif (analyse de la formation des termes,


composition de termes simples en termes complexes, relations
entre les termes, utilisation des termes en fonction des groupes
sociologiques, implantation des termes…) et d’un versant
appliqué (terminologie ponctuelle, terminologie thématique ou
systématique, développement des systèmes de gestion
terminologique, étude des classifications documentaires,
élaboration de dictionnaires électroniques…).
La terminologie fait partie d’un système d’expression constitué
de langue naturelle sur laquelle vient se greffer la langue de
spécialité. Le nombre important de centres de terminologique
s’explique par les besoins de plus en plus grand des
planificateurs en linguistique et des besoins formulés par les
traducteurs.
La terminologie étudie les termes principalement en
synchronie et s’occupe surtout de l’écrit. Descriptive et
rarement prescriptive, la terminologie ne s’intéresse qu’aux
mots spécialisés. Dans son versant appliqué, l’approche est
onomasiologique, autrement dit on va du concept au terme qui
le désigne. Le but recherché est de décrire d’harmoniser ou
normaliser et de présenter des dictionnaires.
Lorsqu’il y a un vide terminologique ou si le mot existant pose
problème, le terminologue est contraint de créer un
néologisme, autrement dit d’innover sur le plan lexical. On
rentre alors dans un autre domaine, la néographie qui est une
activité de repérage, d’inventaire, de description et de diffusion
des néologismes. Le recours à la néologie est « un mal utile »
dans le sens où la rapidité de l’évolution des connaissances
entraînent un foisonnement de termes nouveaux au sein d’une
communauté qui risque d’être confronté à un problème de
compréhension. La « veille néologique » doit être de mise pour
tout organisme d’aménagement linguistique qui doit observer
l’apparition de néologismes et leur conséquence sur la langue.
Le travail terminologique se fait au niveau de structures
spécifiques de coopération et notamment au sein des réseaux
constitués en fonction de différents critères (la langue
commune, la parenté linguistique, la proximité géographique,
les échanges commerciaux ou politiques, les affinités
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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

idéologiques…). Un réseau terminologique nord-africain élargi


aux centres internationaux de recherche en tamazight doit être
un objectif qu’il faut c'est-à-dire qu'atteindre absolument.
Un centre ne peut effectivement pas suivre à lui seul le progrès
des connaissances, la tendance à la micro-spécialisation, à
l’interdisciplinarité (sociolinguistique…) et à la
transdisciplinarité (l’immigration abordée de différents point
de vue : économique, politique, social…). La coopération entre
les centres permet de répondre à l’accélération des échanges
(économiques, commerciaux, technologiques…) et la
mondialisation comme elle permet aux services linguistiques
de faire face à la barrière des langues.
Contrairement à la lexicologie qui part d’un mot connu pour
en déterminer la signification, la terminologie consiste à
trouver le ou les termes utilisés (attestés) ou possible
(néologismes) qui désignent une notion connue. Il faut, en
outre, préciser que c’est l’approche synchronique qui est
privilégié en terminologie.
L’idéal est de tendre vers la monosémie par la multiplication
des facteurs de délimitation (domaines et sous domaines de
niveau plus en plus pointu, les variantes, le statut des termes,
les sigles, les acronymes…), en resserrant au maximum les
conditions d’emploi du terme, enfin en reconnaissant et en
signalant comme telles les terminologies maison. Souvent ces
dernières font appel à la néologie qui est une innovation
lexicale pour remplir un vide de désignation. Ces nouveaux
termes servent à dénommer une notion nouvelle liée à une
modernité de plus en plus exigeante.

11- Au Total :
Au Total, La terminologie étudie les termes essentiellement en
synchronie, s’intéresse surtout à l’écrit, est descriptive et
parfois prescriptive, ne s’intéresse qu’aux mots spécialisés. Elle
a une approche onomasiologique (du concept au terme qui le
désigne), c'est-à-dire qu’elle a pour objet d’étude un ensemble
de concepts structurés, avec des données collectées sur les mots
spécialisé uniquement. Son but est de décrire, d’harmoniser ou
de normaliser. Contrairement aux dictionnaires lexicologiques,
- 22 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

ses dictionnaires ont une entrée monosémique, une


présentation très systématique et méthodique, des définitions
très descriptives et de plus en plus souvent une classification
systématique.

IV- LES SUPPORTS TERMINOLOGIQUE

Il existe une classification internationale, qui respecte


notamment les normes édictées par l’ISO, malheureusement
pas toujours respectée.
Au niveau du support papier il y a lieu de définir les outils
d’implantation terminologique.
1-Lexique : répertoire qui inventorie des termes accompagnés
de leurs équivalents dans une ou plusieurs langues et qui ne
comporte pas de définition.
2-Dictionnaire : répertoire d’unités lexicales qui contient des
informations de nature sémantique, notionnelle, référentielle,
grammaticale ou phonétique.
3-Vocabulaire : répertoire qui inventorie les termes d’un
domaine, et qui décrit les notions désignées par ces termes au
moyen de définitions et d’illustrations ;
4-Glossaire : répertoire qui définit ou explique des termes
anciens rares ou mal connus.
5-Thésaurus : langage documentaire fondé sur une
structuration hiérarchisée d’un ou plusieurs domaines et dans
lequel les notions sont représentées par des termes d’une ou
plusieurs langues naturelles et les relations entre notions par
des signes conventionnels.
6-Répertoire : terme générique, signifiant liste d’unités
lexicales ; il est souvent utilisé pour les recueils de sigles et
abréviations.
En matière de support électronique, il faut distinguer les
dictionnaires électroniques des bases de données. En fait, le
dictionnaire électronique n’est que l’équivalent du dictionnaire
sur papier. Son utilisation est donc limitée par rapport à la base
de données qui permet une interactivité.
Sur papier ou électronique, un bon support doit être accessible,
facile à utiliser. En raison de l’évolution rapide des
- 23 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

connaissances, cet outil doit comporter l’année de publication


et la date de la dernière mise à jour. Le nom de l’éditeur doit
mis en évidence car il permet de juger du sérieux du travail.
On doit pouvoir, à coté du nom de l’auteur, retrouver son
degré d’expertise dans le domaine en question. Il est également
utile de savoir si ce répertoire a eu la caution d’une autorité
compétence (groupe de recherche, syndicat, commission,
association professionnelle…) et s’il est fait référence à des
articles traitant du même sujet. Il est évident que tout travail
terminologique doit faire apparaître les ressources
bibliographiques.
Afin de faciliter la consultation il y a lieu de dresser le listing
des codes, des symboles et des abréviations utilisées.
Ce travail doit être précédé d’une introduction faisant mention
de la méthode de travail. Il y sera aussi mentionné s’il y a eu ou
non validation des données et par quel moyen. Dans ce cas
l’auteur est tenu de soumettre son travail à un expert ou un
organisme compétent chargé de la validation. Cette
introduction doit faire également mention des domaines et sous
domaines qui seront traités et au contraire, ceux qui y sont
exclus.
Afin de permettre de déduire le degré de spécialisation du
travail, on doit mentionner la qualité de l’utilisateur (étudiants,
linguistes, spécialistes du domaine…). On mentionnera la zone
géographique visée et la présence de variantes nationales ou
régionales. Le nombre de concepts et de termes nous renseigne
sur le traitement de la polysémie et de la synonymie.
Logiquement le nombre de concepts doit être inférieur à celui
des termes.
Le mode de consultation peut être alphabétique ou thématique.
Dans ce dernier les termes sont ordonnés par domaines et sous
domaines. A l’intérieur de chaque sous-ensemble le classement
peut à nouveau être alphabétique ou thématique.
Même si le classement est alphabétique, il est important de
disposer d’une indication de domaine pour chacun des termes.
Par exemple le mot clé peut renvoyer à la serrurerie, à
l’informatique ou à la musique. Sans cela il peut y avoir des
aberrations si le travail est multilingue.
- 24 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Lors de tout travail terminologique, il faut veiller à la


pertinence des informations fournis par rapport au domaine et
aux objectifs fixés. La dilution est tentante et il faut être vigilant
pour cerner le sujet et s’en tenir jusqu’au bout.
Il faut, de plus, garder à l’esprit qu’en terminologie, il s’agit de
définir des concepts et des notions et non les termes. Ainsi, si
un terme désigne plusieurs notions seules celles qui
correspondent au domaine étudié seront définies. Si un terme
renvoie à plusieurs notions d’un même domaine, chacune
d’elles doit être définie et traitée séparément.
Il faut veiller à donner des définitions claires, sans ambiguïté,
concise, précise c'est-à-dire ni trop large, ni trop courte et
systémique autrement dit qu’elle doit refléter les relations que
le concept défini entretient avec ses concepts associés, à
l’intérieur d’un même décrit (on définira globule rouge par
rapport à globule blanc…).
La définition ne doit pas être circulaire. Le terme à définir ne
doit pas être utilisé dans la définition, ni même un terme de la
même famille à moins qu’il ne soit défini par ailleurs.
Il faut que tous les termes du domaine qui figurent dans la
définition se retrouvent dans le répertoire avec leur propre
définition. La définition peut être élaborée ad hoc ou
empruntée et dans ce cas elle doit être référenciée c'est-à-dire
qu’il apporter des informations sur l’objet de la réalité qui est
décrit.
Il faut aussi s’astreindre à chercher des oublis de renvois qui
doivent être solides et cohérents.
Parfois, en plus de la définition il est utile de donner des
informations complémentaires qui permettent de mieux cerner
le concept et l’utilisation qui est faite du terme en question.
Pour mieux expliciter la notion, il est bon de donner des
exemples réels et non créés artificiellement.
Lorsqu’il s’agit d’un travail multilingue, il faut savoir qu’il
existe toujours une langue principale qui apporte plus
d’éléments d’information. Lorsque plusieurs langues sont
utilisées, il faut tenir compte des différences linguistiques et
culturelles puisqu’elles ne renvoient pas forcément à la même
réalité. Afin d’avoir accès à la totalité de l’information il est
- 25 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

nécessaire de créer un index par langue pour que toutes les


combinaisons possibles puissent se faire.

Les langues de spécialité (technolectes) représentent un


ensemble structuré de termes d’un domaine ou d’un champ
d’activités spécialisé C’est donc un système de dénominations
et, par conséquent de notions. Ce sont donc des sous-ensembles
de la langue générale caractérisée par le sujet, les utilisateurs et
les situations de communication.
La langue générale représente la langue toute entière et la
langue courante celle qui est utilisée quotidiennement. Dans la
pratique, il existe de nombreuses passerelles entre les deux
langues citées et la langue de spécialité. Un mot de spécialité
peut se banaliser et faire parti de la langue courante (par
exemple le mot osmose) et un terme commun se spécialiser
(bras en mécanique). Il existe aussi des termes nomades qui
sont des mots qui passent d’un domaine à un autre (virus
utilisé selon le contexte dans le domaine médical ou celui de
l’informatique). La langue de spécialité a un nombre
d’utilisateurs limité et a des degrés divers de spécialisation.
Ainsi les mathématiques ont un haut niveau d’abstraction par
rapport aux sciences humaines.
Orale ou écrite, la langue de spécialité est de type formel. Elle
est rigoureuse, univoque, cohérente et précise de façon à
informer, décrire, expliquer, argumenter, citer, définir,
évaluer, énumérer, classer…
Entre les langues de spécialités il existe une certaine variété
mais aussi une certaine unité. La variété résulte des usages et
des circonstances de communication et l’unité de l’existence de
caractéristiques partagées qui sont linguistiques ou textuel
(type de textes, type de documents). D’une manière générale,
les langues de spécialité sont concises, précises, objectives et
s’approprient la situation de communication.

- 26 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

V- DOMAINES, ARBORESCENCES ET NOMENCLATURES

Les domaines sont créés par le terminologue pour


structurer ses travaux. Cette notion permet de classer la langue
spécialisée par thème. Le travail doit permettre de décrire un
domaine et de mettre en évidence les relations entre les termes
du domaine. Quel que soit le type de travail, le profil du
terminologue, l’utilisateur, le domaine est une information
obligatoire. Pour tout dire, le domaine est un des principaux
critères de classement des dictionnaires terminologues.
Un recueil terminologique peut s’ordonner autour d’une
matière ou d’une discipline, d’un ensemble de domaine, d’un
thème précis, d’une activité, d’un produit…
La rapide progression des connaissances obligent à la micro-
spécialisation, à l’interdisciplinarité (biophysique), et à la
transdisciplinarité (émigration traité selon plusieurs points de
vue (économique, social, politique…)
Définir un domaine permet de choisir les termes qui doivent
figurer dans un dictionnaire terminologique. Autrement dit les
termes pertinents pour le domaine traité. Cela permet
également de résoudre les problèmes de polysémie en
organisant les termes par domaines ou une indication des
domaines pour chaque terme. Définir un domaine est
indispensable pour rédiger la définition appropriée d’un terme.
En effet, un terme peut désigner des notions différentes dans
différents domaines. Les indications de domaine aide à trouver
les termes, à satisfaire au besoin de consultation.
Souvent, il y a difficulté à définir le domaine. Il existe en effet,
des sujets plus ou moins spécialisés, plus ou moins abstraits,
plus ou moins homogènes, plus ou moins théoriques ou
pratiques. La difficulté réside aussi du fait que les frontières
entre différents domaines sont floues comme sont floues les
limites entre la langue courante et la langue spécialisée. Ainsi
des termes de la langue courante peuvent prendre un sens
particulier dans la langue de spécialité (terminologisation) et
inversement un terme spécialisé peut se banaliser et devenir
courant.

- 27 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Il faut donc trouver la possibilité de délimiter un domaine pour


le rendre fonctionnel. On peut le constituer à partir d’un
corpus ou à partir d’un besoin. Dans la pratique l’un ne va pas
sans l’autre.
Un terme peut renvoyer à plusieurs référents dans des
domaines différents mais aussi à l’intérieur d’un même
domaine. Il faut alors délimiter le contexte, définir précisément
le terme et apporter tous les autres éléments d’information
concernant le sujet. En pratique chaque sens du terme doit être
traité séparément. Un sens par fiche. Le terme apparaîtra donc,
dans l’arborescence, autant de fois qu’il a de sens différents.
Une notion pouvant être également désignée par plusieurs
termes (synonymie) à l’intérieur d’un même domaine, il faut
choisir le terme qui sera traité en priorité et établir les
différences possibles (sémantiques et d’usage) avec ses
synonymes et ses parasynonymes ou quasi-synonymes. Il
faudra préciser le degré de synonymie entre deux termes très
proches et les conditions d’utilisation de chacun. Pour cela
utiliser le domaine d’emploi, la définition, le contexte ainsi que
toute remarque linguistique ou technique pour bien cerner les
différences et les ressemblances entre les termes.
Deux préalables cependant pour délimiter un domaine. Il faut
maîtriser la langue courante et se familiariser avec le domaine
étudié avant de le délimiter avec précision. Il faut également
tenir compte du point de vue qu’on veut privilégier et des
utilisateurs de la terminologie.
Le terminologue aura donc pour tache d’affecter une ou
plusieurs « marques de domaines » à une unité observée et
décrire et articuler à partir des termes l’ensemble d’un
domaine.
Afin d’exploiter au mieux le contenu du domaine, le
terminologue met au point une représentation graphie :
l’arborescence. Cette dernière utilisant des conventions il est
nécessaire de la faire accompagner d’une légende claire. Par
exemple les termes « tête de fiche » ou les termes traités sont
soulignés et ceux non traités sont en italique. Les relations de
type tout-partie sont indiquées par des angles droits et les
relations d’hyperonymie-hyponymie à l’aide de trait oblique.
- 28 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Pour différentier les liens il faut utiliser différents types de


traits et des couleurs différentes. Pour mieux préciser une
structuration d’un domaine on peut faire appel à une
illustration.
La normalisation est le passage obligé de tout travail
terminologique. C’est pourquoi des commissions sont
constituées à cet effet. Généralement, l’académie ne s’occupe
que des termes de la langue générale et pratiquement jamais
des langues de spécialité.
Sur le plan des normes l’ISO, dont nous avons déjà parlé,
précisent les principes et les méthodes avec pour objectifs, une
harmonisation des travaux terminologiques afin qu’ils soient
facilement comparables et évaluables, un échange de données
terminographiques, la facilitation d’étude théorique de la
terminologique et le perfectionnement des méthodes.
Il faut souligner que l’ISO et son comité technique TC37,
élaborent des normes pour la normalisation des termes
industriels.
Les secteurs scientifiques et médicaux établissent des
terminologies systématiques et complètes. Ces nomenclatures
comportent un certain nombre d’éléments qui permettent une
meilleure lisibilité. Par exemple, en botanique, l’allergène de
l’ambroisie
- Le nom du genre (botanique…) soit Amb
-Espace
-Première lettre de l’espèce
-Espace
-Chiffre arabe
Ce qui donne : Amb a 1
Par convention on écrit les genres en romain, le premier
élément en majuscule, le dernier en minuscule.
Il existe aussi des normes officieuses. C’est le cas de certains
organismes qui substituent à des termes peu explicites, des
termes plus perméables.
Il existe aussi des normes maison établies par des entreprises
pour des besoins spécifiques et souvent pointus. C’est le cas par
exemple de Microsoft.

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VI-LA FICHE TERMINOLOGIQUE

Un certain nombre de données, minimum


indispensable, sont obligatoires dans une fiche terminologique
-Terme principal
-Indicatif de grammaire
-Définition
-Variante(s), s'il y en a
-Indicatif de langue (s'il s'agit d'un travail multilingue)
-Indicatif de pays ou de région (s'il y a des variantes)
-Domaine
-Source (pour chaque donnée citée)
-Numéro d'identification
-Auteur de la fiche et date de rédaction

VII-LES PHASES DU TRAVAIL TERMINOLOGIQUE PONCTUEL

Les phases du travail terminologique ponctuel sont les


suivantes :

1-Analyse du problème :
Il faut commencer par bien délimiter le problème à résoudre :
de quel type de problème s’agit-il ? Autrement dit, que
cherche-t-on exactement : un terme, un équivalent dans une
langue précise, une définition, une explication technique, une
information linguistique, la relation existant entre deux ou
plusieurs termes ou concepts, le domaine où un terme est
utilisé… ?

2-Évaluation des matériaux qui serviront à résoudre le


problème :
Il s’agit de voir quels sont les matériaux ou les sources
d’information disponibles : des documents écrits (tous types
d’ouvrages lexicographiques et terminographiques, et tous
types de documents spécialisés -revues professionnelles,
manuels, catalogues, etc.- en fonction du problème), des bases
de données (générales et spécialisées) et des spécialistes du
domaine en question.
- 30 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

3-Recherche proprement dite :


Pendant cette phase il convient de garder une trace écrite de
toute l’information trouvée en relation avec le problème traité
ainsi que des sources précises où elle a été trouvée. S’il s’agit
d’une source écrite, notez la référence bibliographique
complète et la page où l’information apparaît ; si vous avez
consulté un spécialiste, notez ses coordonnées complètes et la
date à laquelle vous avez parlé avec lui.

4-Synthèse et enregistrement des résultats :


Il faut donner l’information à celui qui l’a demandée mais aussi
veiller à la garder pour des utilisations ultérieures. Il y a
différentes formes d’enregistrer cette information mais le plus
souvent on crée une fiche dans une base de données. Il faut
savoir qu’on ne trouve pas toujours la solution exacte au
problème posé. Il est possible, par exemple, que l’équivalent
amazigh d’un terme étranger n’existe pas encore (on parle
d’une lacune ou d’un vide terminologique). Il peut être
nécessaire alors, selon les cas, de créer un terme pour combler
cette lacune ou de faire un choix entre plusieurs réponses plus
ou moins satisfaisantes. Dans tous les cas, il est important de
garder la trace de toutes les données recueillies pendant la
recherche car, faute d’une réponse pleinement satisfaisante,
elles peuvent nous apporter des éléments qui nous permettront
de nous approcher au maximum de l’information recherchée.
Pour cela, la recherche effectuée doit être suffisamment large.
Au sujet des lacunes terminologiques, il faut savoir qu’il existe
plusieurs projets intéressants, notamment le projet de veille
néologique Balnéo du Rint (ce réseau francophone est
désormais intégré dans un nouveau réseau : le Rifal et le projet
“ Néologie traductive ” du Centre de Terminologie de Bruxelles
(CTB). Tous les deux visent à traquer les néologismes dès leur
apparition dans les écrits ou dès leur création par les
spécialistes afin de les enregistrer, de les analyser et
éventuellement de les diffuser.

- 31 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

VIII- LES PHASES DU TRAVAIL TERMINOLOGIQUE


SYSTEMATIQUE

1-Définition et délimitation du travail


Comme pour la terminologie ponctuelle, il faut commencer par
bien délimiter le problème à résoudre (c’est-à-dire bien définir
le répertoire terminologique que l’on souhaite élaborer). Dans
ce cas, l’important est de bien établir le domaine à traiter, la ou
les langues que comprendra le répertoire, le nombre de termes
qu’on envisage en principe de traiter (ceci peut varier au cours
des recherches), les informations que le répertoire fournira
pour chacune des langues, le degré de spécialisation du travail,
le public visé, etc. Il est nécessaire également de recenser et
d’analyser les répertoires existants et traitants du même
domaine, et de se positionner par rapport à eux.

2-Évaluation des matériaux disponibles


La démarche est similaire à celle de la terminologie ponctuelle.
Si le travail à réaliser est bilingue ou multilingue, il faudra
évidemment rechercher des matériaux dans chacune des
langues.

3-Dépouillement systématique des sources et élaboration des


fiches terminologiques
Il faut dépouiller un certain nombre de sources, c’est-à-dire
analyser systématiquement les matériaux collectés, qui auront
été sélectionnés en fonction de critères particuliers. Les fiches
terminologiques servent à enregistrer toute l’information utile
à l’élaboration du répertoire sous une forme standardisée. Les
fiches terminologiques sont désormais saisies, enregistrées et
stockées sur ordinateur, en utilisant un système de gestion de
bases de données générique du type Access, par exemple, ou
un logiciel spécifique au traitement de la terminologie.

4-Mise en évidence des relations entre les termes du domaine


traité

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

5-Validation avec les spécialistes


Les spécialistes du domaine traité seront des collaborateurs
indispensables pour le travail entrepris. Ils peuvent y être
associés dès le départ pour la délimitation du domaine, la
collecte des sources, l’établissement de la liste des termes à
traiter… Cependant, c’est lorsque le travail sera suffisamment
avancé qu’il faudra absolument les consulter, notamment pour
valider le contenu technique des fiches terminologiques.

6-Traitement des cas problématiques


Les spécialistes ont ici aussi leur rôle à jouer. Des exemples de
cas problématiques sont les termes manquants, les contextes
représentatifs manquants dans le corpus, les termes qui
semblent être des synonymes mais ne le sont pas vraiment à
l’usage, les liens difficiles à préciser entre des termes très
proches, la coexistence de plusieurs sigles pour un même
terme, etc.

7-Mise en relation des différentes langues


Une fois le travail accompli dans chacune des langues
séparément, il faudra établir les liens de correspondance entre
les termes de toutes les langues traitées. Il se peut que par la
mise en relation des différentes langues vous voyiez un
manque de recoupement entre la structure du domaine dans
une langue et dans une autre, ou bien l’absence de certains
termes dans une des langues. Après cette mise en relation, il
peut donc y avoir à nouveau des cas problématiques à
résoudre, voire une restructuration des liens notionnels entre
les termes.

8-Présentation des résultats sous une forme prédéfinie


La forme choisie (lexique bilingue sans définitions, dictionnaire
monolingue avec des données terminologiques exhaustives,
fiches terminologiques complètes dans une langue et seuls les
termes équivalents dans plusieurs autres langues, etc.) dépend
des objectifs du travail et en particulier du public visé.

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

- Attitude du traducteur face à une lacune terminologique


1-Connaître la structuration conceptuelle générale du
ou des domaines de référence de ses textes dans les deux
langues,
2-Connaître la terminologie utilisée effectivement par
les spécialistes dans les deux langues,
3-Connaître la valeur pragmatique de cette
terminologie (degré de normalisation, fréquence, niveau de
spécialisation, domaine géographique concerné, valeur
sectorielle ou professionnelle (ex. : telle terminologie est-elle
utilisée de la même manière par Microsoft, Macintosh, UNIX et
Linux ?),
4-Connaître la manière dont elle est utilisée surtout en
langue cible : des contraintes grammaticales particulières (ex. :
les unités phraséologiques où elle s’inscrit, la variation formelle
(variantes orthographiques, sigles concurrents) et conceptuelle
des termes (sens qui diffère selon les écoles en économie ou en
psychologie, par ex.),
5-Savoir résoudre correctement les lacunes de
dénomination en langue cible,
6-Savoir choisir entre plusieurs dénominations
concurrentes,
7-Savoir détecter et résoudre les cas où deux langues ne
font pas la même délimitation des concepts,
8-Disposer de recueils terminologiques fiables et savoir
s’en servir à bon escient,
9-Etre en mesure d’élaborer des glossaires thématiques
bilingues ou plurilingues.

- Attitude du traducteur face à une lacune terminologique


1- Etre totalement passif et reproduire le terme
d’origine entre guillemets ou utiliser une paraphrase.
2- En respectant les règles de la langue, créer un terme
qui soit conforme au système linguistique ; dan ce cas, il devra
expliquer dans une note de traduction les raisons qui l’ont
amené à proposer un néologisme ;

- 34 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

3- Commencer à agir en tant que terminologue actif,


observer systématiquement les termes de ses domaines de
spécialité et enregistrer la terminologie des textes traduits ;
4- Agir en vrai terminologue, ce qui implique d’avoir
bien incorporé ses connaissances terminologiques, les avoir
bien mises en pratique, au point que son travail est de qualité
satisfaisante pour être distribué ou vendu. L’aboutissement du
travail terminologique du traducteur peut en effet consister à
diffuser ses propres recueils terminologiques.

- Le rôle du terminologue
1- Etudier les relations entre les termes et entre les
ensembles de termes,
2-Fixer les principes qui devront présider à la pratique
terminologique,
3-Intervenir, s’il travaille au sein d’une institution ou
d’une entreprise, dans la politique de communication de celles-
ci,
4- Intervenir, s’il travaille au sein d’un organisme
linguistique au niveau d’un pays ou d’une région, dans la
politique linguistique nationale ou régionale, les organismes
d’aménagement de la langue).

- Ce que doit connaître le terminologue


1-La situation et l’organisation du milieu où il
intervient,
2-Le contenu du domaine,
3-Les bases conceptuelles ou théoriques de la
terminologie,
4-Le processus du travail terminologique,
5-Les ressources et les outils disponibles pour mener à
bien sa tâche,
6-Les modalités de présentation du travail, y compris les
normes éventuellement applicables,
7-Les moyens linguistiques et les voies de transmission
des néologismes pour implanter et diffuser la terminologie.

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Centre de terminologie Amazighe - TerAma

- Facteurs de développement de la terminologie


1-Les progrès exponentiels des connaissances et leur
corollaire, la tendance à la micro-spécialisation (spécialisation
dans des domaines de plus en plus petits), à l’interdisciplinarité
(domaines qui surgissent par la combinaison d’autres domaines
; ex. astrophysique, biochimie, génie génétique,
psycholinguistique) et à la transdisciplinarité (thèmes ou objets
d’étude qui se constituent transversalement en tant que tels et
qui doivent être analysés selon différents points de vue
simultanément ; ex. : l’immigration, qui peut être abordée du
point de vue économique, politique, social, géographique ou
démographique ; la sécurité sociale, qui peut l’être du point de
vue économique, politique, social ou médical ; etc.) ;
2-L'accélération des échanges (économiques,
commerciaux, technologiques et industriels) et son corollaire,
la mondialisation ;
3-La poussée corrélative de la demande de services
linguistiques pour faire face à la barrière des langues ;
4-La définition et la mise en œuvre de politiques
linguistiques cohérentes au niveau des organismes, des
entreprises, des groupes ou des pays ;
5-L’apparition des nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC) favorisant le
stockage, la gestion et la transmission de grandes quantités de
données terminologiques (BDD, CD-ROM, Internet…) ;
6-Le pouvoir de l’information ou des contenus (avec la
généralisation progressive de l’accès à Internet, ce qui compte
le plus désormais n'est plus la technologie ou le réseau lui
même, à la portée du plus grand nombre, mais ce qu'on y met ;
c'est ça qui fait la différence et qui permet d'attirer des clients,
de gagner des parts de marché, d'imposer un produit ; d’où le
développement d’une toute récente industrie du contenu).

- Les procédés de formation des termes


Le lexique retient l’attention car il est le centre d’attraction de
tous les efforts d’aménagement linguistique. Dans tout effort de
modernisation d’une langue qui touche principalement les
vocabulaires spécialisés, il y a risque d’envahissement par des
- 36 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

vocables étrangers. Il faut, en effet, combler le déficit lexical et


on a tendance à l’exagération lorsque l’on fait appel aux
emprunts. Pour être simple, cette modernisation pose le
problème de l’occidentalisation du tiers-monde.

Il existe de nombreux procédés de formation des termes


nouveaux. A titre d’exemple, sans que la liste ne soit
exhaustive, nous pouvons citer :
a-préfixation : Ex. : réhabilitation, autodétermination,
contre-expertise, anti-vol, sous-chef, parascolaire, infrarouge,
supermarché, hypermarché.
b-suffixation : Ex. : locataire, location, remboursement,
territorialité [territorial, territoire, terre], apprentissage.
c-composition : Ex. : autoroute, voiture-bar, jaune-vert).
Un type particulier de composition est la formation de mots
valise. Ex. : toute la série informatique, bureautique,
productique, robotique, terminotique, traductique ; ou bien
infopub et publinformation.
d- syntagmation : Ex. : hors-la-loi, responsabilité civile,
déposition non reçue sous la foi du serment, dans le domaine
juridique.
e- troncation, selon différents procédés : sigles : pdg ou
p.d.-g., plv ou PLV (publicité sur les lieux de vente), ABS, VTT),
- acronymes : bit, modem, pixel, sida,
- autres formes : restau ou resto, métro.
f- glissements de sens : Ex. : pour donner un exemple
concernant Windows, on peut parler du terme bureau qui n’est
plus la table sur laquelle on travaille ou la pièce où on travaille
mais un écran spécifique du système d’exploitation où on
trouve un certain type d’information ; en espagnol, on peut
donner l’exemple de aeronave, qui équivaut à aéronef, un
terme vieilli en français ; aeronave désignait au départ “ tout
appareil capable de se déplacer dans les airs ” et désigne
aujourd’hui aussi un vaisseau spatial.
g- changements grammaticaux : Ex. : informatique
(n/adj), terminal (adj/n), dépanneur (nm animé) /
dépanneuse (nf inanimé), actif (crédit) / actifs (éléments du

- 37 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

patrimoine), watt (nom propre devenu nom commun),


poubelle (nom propre devenu nom commun).
h- incorporation de formes étrangères, selon différents
procédés : emprunt : royalties pour redevances, hot-dog
pour “ chien-chaud ” (utilisé au Québec).
L’emprunt est souvent perçu non comme un signe
d’enrichissement de la langue mais comme un signe de
détérioration d’une langue et une manifestation de l’aliénation
linguistique

On peur faire appel à trois types d’emprunts :


1- Emprunt lexical : Passage d’une langue à une autre d’un
lexème (signifiant et signifié).Il peut être utilisé à peu près
*tel que dans la langue emprunteuse (ex : sponsor en
français)
*il peut être adapté dans sa graphie ou son phonétisme
(riding-coat anglais qui devient redingote en français,
chauffeur en français qui devient achifor en kabyle)
Le refus d’adaptation phonétique (on garde la prononciation
du mot emprunté) s’explique par un apport : « profit de
distinction ». « S’il ne distingue que des réalités étrangères ou
tant qu’il et perçu comme étranger, l’emprunt peut s’appeler
xénisme » P.Bourdieu.
Les emprunts faits à une langue dominée (bled utilisé en
français) peuvent avoir une valeur péjorative.
Lorsque les emprunts se font massivement, il y risque d’aboutir
à une « langue hybride ».
2- emprunt sémantique : Il consiste à ajouter dans la langue
emprunteuse, un sens à un mot déjà existant, sous l’influence
d’une langue étrangère. Il s’agit de l’addition à un signifiant
d’une langue donnée, un signifié qui, dans une autre langue,
correspond à un signifiant de forme analogue. Puisque
l’apparence extérieure du lexème demeure, l’emprunt
sémantique est plus difficile à détecter que l’emprunt lexical.
Par exemple « approche » mot français dans le sens de
« manière d’aborder un sujet » sous l’influence de l’anglais
« approach ».

- 38 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

3- le calque : C’est la traduction littérale d’une expression


(calque syntagmatique ou syntaxique).
Calques et emprunts sémantiques affectent la structure
syntagmatique dans la mesure où il introduit un ordre des mots
étrangers (ex : est-allemand de l’anglais east-german)
- calque : disque compact, chien-chaud, sensores remotos ou
percepción remota en espagnol pour remote sensing alors
qu’en français on a créé télédétection).
Bien qu’il soient un moyen d’enrichir la langue, les emprunts
ont souvent été reçus négativement, même par les
linguistiques »…les admettre sans dresser la moindre barrière
revient à capituler devant l’invasion étrangère » sauvageot,
1979.
Le rejet de l’emprunt (surtout lexical) est souvent teinté de
nationalisme et de chauvinisme.
Le rejet peut-être motivé par l’opacité au profit de la
transparence obtenue par la formation de lexèmes indigènes
grâce aux procédés néologiques habituels (compostions,
dérivations, extensions de sens)
A ces procédés on peut ajouter la siglaison et l’acronymie,
auxquelles on a recours mais dont l’effet diminue la
transparence que devrait offrir l’utilisation des ressources
néologiques internes.
On peut y ajouter l’emprunt interne c'est-à-dire le recours aux
archaïsmes, aux mots dialectaux et patois.
On peut faire appel aux langues proches parentes ou à des
formes littéraires anciennes de la même langue.
Dans tous les cas un néologisme n’a de sens que s’il s’est bien
implanté dans la société, donc accepté par les utilisateurs. Tout
mot nouveau doit être motivé c'est-à-dire qu’il doit représenter
ou interpréter l'objet de la réalité ou la notion qu’il désigne.

- Facteurs de socialisation d’un néologisme


1- L’universalité (ex. : disque compact),
2- La transparence symbolique (ex. : là encore, disque
compact),

- 39 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

3- Les qualités mnémotechniques (ex. : la série en –


tique que nous avons vue plus haut, la série en –ciel : logiciel,
didacticiel, progiciel, gratuiciel…),
4- La créativité (mais pas; des termes comme épinglette
ou baladeur n’ont jamais eu beaucoup de succès en France).
Un nouveau terme doit pouvoir s’intégrer facilement dans la
langue (ex. : le suffixe -eur apposé à un verbe a souvent
signifié un agent, chanteur, boxeur, marcheur (pour des
animés humains) ; des termes tels que développeur ou
concepteur ne devraient donc pas nous étonner ; -iste
représente un spécialiste en quelque chose, biologiste, chimiste,
ophtalmologiste.
On peut aisément pour la langue amazighe trouver des
facteurs de même type.

- Caractéristiques linguistiques communes aux langues de


spécialités
Du point de vue strictement linguistique, la LS se caractérise
par un certain nombre de traits distinctifs, à savoir :
1- un lexique spécifique, c’est à dire une terminologie
qui lui est propre,
2- Le recours à d'autres systèmes de représentation : des
schémas, des illustrations, des pictogrammes, etc.,
3- Une présentation systématique de l'information, qui
est généralement ordonnée, classée,
4- L’utilisation systématique du lexique, autrement dit
une plus grande cohérence dans l'emploi des termes que dans
la langue courante, notamment avec moins de synonymes,
5- Des termes formés à partir d'éléments savants, c’est-
à-dire des préfixes et des suffixes grecs et latins, utilisés
beaucoup plus fréquemment que dans la langue courante (ex. :
leucocyte à la place de globule blanc, hématie au lieu de
globule rouge…). Pour tamazight la question de faire appel
aux mêmes sources posera problème. Le mieux dans un
premier temps est de traiter au cas par cas.
6- Une fréquence très haute de notions exprimées par
des syntagmes par rapport aux mots simples (ex. de syntagme :
spectrométrie de résonance paramagnétique électronique) ; les
- 40 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

syntagmes sont en effet majoritaires dans les dictionnaires


terminologiques,
7- Une présence importante de sigles, d'acronymes et de
symboles, souvent même sans que leur explication étendue
n’apparaisse dans l’ensemble d’un document,
8- Un nombre relativement réduit de structures
syntaxiques :
9- Des phrases généralement courtes et peu de
subordination complexe,
10- L’absence d'exclamations,
11- L’emploi du nous de modestie,
12- L’emploi fréquent de verbes au présent de l'indicatif
et de formules impersonnelles (par rapport à d’autres temps et
formes verbales),
13- Des nominalisations (ex. : on parlera davantage
d'une augmentation ou une diminution du niveau de vie que
d'un niveau de vie qui a augmenté ou diminué).
Beaucoup de ces ressources linguistiques visent à accentuer
l'objectivité et la dépersonnalisation du discours spécialisé par
opposition au discours courant. Cependant, il faut noter que
l’auteur du discours spécialisé se laisse apercevoir par des
formules du type “ selon l'auteur, à notre avis, nous pensons
que… ” et qu'une certaine forme de dialogue implicite s'établit
entre l’émetteur et le destinataire du message (“ nous
observons que, comme l'affirme X, en partant de cet énoncé
nous arrivons à, si on considère que nos affirmations sont
exactes... ”).

- Caractéristiques linguistiques partagées avec la langue


commune
Du point de vue strictement linguistique, la LS partage les
ressources fondamentales de la langue commune, à savoir :
1- L’emploi du même système graphique d'expression (le
même alphabet) et du même système phonologique,
2- L’emploi du même système morphologique, en ce qui
concerne la structure interne des mots,
3- L’application des mêmes règles combinatoires dans les
syntagmes et dans le discours.
- 41 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

- Les trois niveaux de description du terme


Il y a trois niveaux d’information :
1-Un niveau linguistique : Il est constitué d’une série
de données sur :
- la morphosyntaxe du terme (c’est-à-dire son contexte
linguistique)
- sa fonction ou catégorie grammaticale,
- ses variantes orthographiques et anaphoriques,
- ses variantes syntagmatiques, ses abréviations, sa famille
dérivationnelle,
- une ou plusieurs notes linguistiques,
- ses collocations, sa phraséologie ;
- l’usage du terme (c’est-à-dire son contexte extra-linguistique,
pragmatique ou sociolinguistique)
- sa zone d'usage (pays, région, etc.) et ses variantes
géographiques,
- son niveau d'usage (registre, jugements de valeur, remarques
normatives, statut…).
2-Le niveau notionnel : Pour un terme dans une langue
donnée, l’on considère habituellement :
- les marques de domaine et de sous-domaine (domaine
thématique et/ou domaine d'emploi),
- l’analyse de la notion par le biais d’une définition,
- des informations référentielles (une note technique, des
illustrations…),
- l’analyse des relations avec d'autres notions du même
domaine (l’hyperonyme, les isonymes, les hyponymes, les
autres termes associés).
- à ce niveau se situent également les unités terminologiques
d'autres langues correspondant à la même notion, autrement
dit, les équivalents de la notion dans d’autres langues.
La définition peut être élaborée ad hoc ou empruntée ; dans ce
cas, elle doit être référencée. À côté de la définition, on peut
apporter des remarques éventuelles, notamment des jugements
sur l'adéquation entre le terme et la notion.
Les informations référentielles sont des informations sur l'objet
de la réalité qui est décrit.

- 42 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Les liens avec les autres notions du domaine pourront servir


pour la sélection ultérieure des termes (pour une classification,
pour une récupération de l'information...).
3-Le niveau documentaire : Derniers points importants
de la description du terme :
- les contextes d'utilisation et les sources de ces contextes,
- les responsables (auteurs et réviseurs) et les dates du
traitement de la notion (élaboration, modifications, validation),
- la situation de la notion dans l'ensemble de notions représenté
dans une arborescence, un classement systématique ou un
index, afin de faciliter sa récupération.

Types de dictionnaires terminologiques en fonction des


domaines
Le domaine est un des principaux critères de classement des
dictionnaires terminologiques. La couverture d’un recueil
terminologique peut s’ordonner autour d’une matière ou d’une
discipline, d’un ensemble de domaines, d’un thème précis,
d’une activité, d’un produit...
Ils peuvent porter en effet :
1- sur un micro-domaine (Ex. : un dictionnaire de
l’INRA sur les rayonnements ionisants),
2- sur plusieurs domaines liés (Ex. : une terminologie
maison –Microsoft)
3- sur une multitude de domaines (Ex. : un dictionnaire
technique général)

On s’aperçoit, cependant, en regardant les travaux


terminologiques qui sont faits actuellement, qu’à cause des
progrès énormes des connaissances la tendance est à la micro-
spécialisation, à l’interdisciplinarité (astrophysique, biochimie,
génie génétique, psycholinguistique) et à la transdisciplinarité
(un dictionnaire sur l’immigration aura probablement des
termes liés à l’économie, à la politique, au social, à la
démographie)

- 43 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

- Etapes du travail terminologique


1- Se faire une première idée du domaine que l’on veut ou que
l’on doive traiter.
2- Collecter un corpus
3- Étudier le corpus
4- Analyser les relations entre les termes qui semblent
essentiels dans le domaine traité.
5- Constituer un ensemble des définitions et de données
complémentaires sur ces termes.
6- Structurer le domaine c'est-à-dire effectuer une
classification de ses sous-domaines, de ses domaines connexes
et des domaines fondamentaux sur lesquels il s’appuie. Pour
cela on peut se reporter aux encyclopédies, manuels,
thesaurus, utiliser au maximum la documentation et encore
une fois interroger les experts.
Traditionnellement la structuration la plus fréquente se base
sur des classifications hiérarchiques. Cependant, il faut aller
plus loin dans la structuration et tenir compte de tous les types
de relations entre les termes. Ainsi faut-il représenter dans le
travail terminologique non seulement les relations
d’hyperonymie, hyponymie et isonymie (ou relations logiques)
mais aussi les relations tout-partie (ou relations ontologiques)
et les relations indirectes (cause à effet, chronologiques,
spatiales, fonctionnelles, etc.).
Pour certains domaines, en effet, il peut exister un cadre légal
ou scientifique fixé d’avance auquel il faudra se référer et dont
ne pourra presque jamais échapper. C’est le cas par exemple
pour des domaines tels que les états comptables ou les crises
d’épilepsie. Il existe, en effet, une réglementation officielle
applicable en matière d’états comptables dans chaque pays
comme il existe une classification internationale des types de
crises d’épilepsie émanant d’une association internationale qui
fait autorité.
Dans la pratique, même pour les domaines les plus
traditionnels ou les plus figés, le domaine est une construction
empirique et il y a de nombreuses manières de les structurer.
La preuve en est que, même pour des domaines très généraux
et très traditionnels, différentes classifications sont possibles.
- 44 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Ainsi, les sciences pures s’opposent aux sciences appliquées, les


sciences aux techniques et les sciences naturelles aux sciences
humaines… Et pour revenir à l’exemple des crises d’épilepsie,
tout un pan de la classification internationale reste à explorer,
puisqu’une classe renferme justement les « crises non
classées ». Il faut, par conséquent, faire preuve de créativité.
Il ne faut jamais oublier que la structuration d'un domaine
dépend toujours de la langue puisque d'une langue à une autre
on peut ne pas retrouver les mêmes concepts. Elle dépend plus
largement des civilisations que sous-tendent les langues.
7- Lorsqu’on aura acquis un minimum d’informations sur le
domaine, puis chaque fois que cela s’avèrera utile ou
nécessaire, consulter les experts du domaine.

IX- QUELQUES CONSEILS EN MATIERE DE DOMAINES, LIENS


ET ARBORESCENCES :

Domaines
1- Le terme traité en entrée d’une fiche ne peut pas être
en même temps son propre domaine, autrement dit, ne peut
pas apparaître aussi dans un champ domaine de la fiche (il ne
peut pas s’inclure à lui même). On doit arriver normalement à
un niveau au-dessus du terme (qui correspond dans la plupart
des cas à son hyperonyme ou à son tout).
2- Dans la liste des domaines que à présenter, il faut
veiller à faire une liste séparée par langue (car elles peuvent
être différentes), à bien indiquer à l’intérieur de quel domaine
1 se situe quel domaine 2 et ainsi de suite. Il ne s’agit pas ici de
simplement énumérer l’un après l’autre les noms donnés aux
sous-domaines des différents niveaux mais de lister tous les
termes traités classés par sous-domaine pour qu’il n’y ait
aucune ambiguïté. -Resserrez le domaine au maximum : mieux
vaut traiter un mini-domaine de manière exhaustive que
balayer superficiellement un domaine plus large, sans pouvoir
traiter tous les termes du domaine ni établir toutes les relations
entre les termes.
3- Un même nom de domaine ne peut pas apparaître
normalement en domaine 2 et 3 à la fois.
- 45 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

4 Les domaines 1 et 2 ne peuvent être qu’un et un seul


pour toutes les fiches.
Liens
* Si on indique un terme dans un des champs liens, il
vaut mieux qu’il soit traité en entrée de fiche. Autrement on ne
peut pas savoir si le lien est correct ou pas.
* En général un terme n’a pas deux hyperonymes. Si
cela est le cas, il faut vérifier qu’il s’agit bien d’un seul et même
concept dans les deux cas.
* Dans les champs liens, mettre de préférence les termes
les plus proches du terme traité, ceux qui sont le plus
étroitement liés. En ce qui concerne particulièrement la
relation d’hyperonymie/hyponymie, cela se traduit
généralement, dans l’arborescence, par les termes situés dans
les branches les plus proches, c’est-à-dire, par le niveau
hiérarchique immédiatement supérieur et immédiatement
inférieur. Il peut bien sûr y avoir bien d’autres termes du
domaine qui aient une relation logique avec le terme traité
mais tout ne peut pas être représenté dans une seule fiche. Le
fait même de travailler à l’intérieur d’un domaine fait que tous
les termes sont logiquement liés entre eux. Ceci est
particulièrement vrai pour les liens chronologiques. Ex. : le
cycle de chargement-décodage-exécution dans le
fonctionnement d’un microprocesseur est constitué des phases
suivantes, dans l’ordre : extraction, incrémentation, décodage,
calcul de l’adresse mémoire, localisation, chargement de
données, exécution et stockage du résultat ; après le cycle
recommence avec une nouvelle phase d’extraction. Ici il
convient donc d’indiquer uniquement dans les liens
chronologiques, l’étape qui précède ou qui suit directement
celle étudiée.
*Si dans une fiche on indique un isonyme, on s’attend
logiquement à ce qu’il y ait un hyperonyme (comment
autrement aurions-nous pu conclure qu’il s’agissait d’un
isonyme ? Et comment le lecteur pourrait comprendre la
relation ?).
*un terme peut être simultanément isonyme et
antonyme d’un autre terme. C’est toujours le cas lorsqu’il y a
- 46 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

seulement deux sortes d’entités à l’intérieur d’une même classe


d’objets. Ex. : dans le domaine des crises d’épilepsie, les
absences se classent en absence typique et absence atypique ;
les crises perceptuelles se classent en crises illusionnelles et
crises hallucinatoires.
Arborescence
*Faire une arborescence par langue. Les arborescences
peuvent être différentes. Ex. : dans le domaine comptable, les
éléments du passif et de l’actif d’un bilan ne sont pas les mêmes
dans le système comptable français et le système américain.
*Ne pas mettre de synonymes dans l’arborescence.
*Différencier les termes traités et non traités (soulignez,
par ex., les termes traités).
*Quand une arborescence est éclatée en plusieurs pages,
pour des raisons de présentation ou par manque d’espace,
pensez à faire un renvoi d’une page à l’autre, pour que ce soit
plus facile à lire et pour donner une meilleure vue d’ensemble.
Mettre, par exemple, une flèche en dessous du nom d’une
classe, que est traité en détail dans une autre page.
*Pour les liens de cause à effet, utiliser des flèches
directionnelles, pour que les pointes ou le sens des flèches
indique quelle est la cause et quel est l’effet. Ex. : dans le
domaine de la fibre du coton, les termes longueur et résistance
de la fibre sont liés par une relation de cause à effet ;
l’utilisation d’une flèche permet d’indiquer que la longueur
détermine la résistance et non l’inverse.
Cohérence d’ensemble
Ne pas oublier de vérifier la cohérence entre ce qui a été mis
dans les champs domaine(s) et liens des fiches et ce que dit
l’arborescence. Ce ne sont là que trois moyens différents de
représenter la même information.

X- CRITERES LINGUISTIQUES POUR LA TERMINOLOGIE :

L’enrichissement de la langue pose des problèmes de


cohérence et d’harmonie de la langue notamment lorsqu’il
s’agit de créer ou d’emprunter de nouveaux termes pour
rendre la modernité.
- 47 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Il faut définir des critères d’acceptation ou de refus surtout s’il


s’agit d’emprunts ou de calques.
Tous les secteurs de la vie publique sont continuellement
demandeur de nouveaux mots qui sont le plus souvent
empruntés à l’arabe ou le français.
Malgré leur nécessité, les emprunts émoussent inévitablement
les capacités créatives de la langue.
Les emprunts se justifient par la formation d’une terminologie
spécifique qui s’obtient par le glissement sémantique, le
néologisme par dérivation et composition et l’emprunt direct
ou par calque.
L’introduction d’un terme étranger peut avoir une spécification
plus restreinte que dans la langue d’origine.
La terminologie n’a pas un caractère exclusivement
linguistique, elle a un caractère international et peut avoir une
intercompréhension au moins au niveau scientifique.
Pour toutes ces raisons il n’est ni raisonnable ni acceptable de
refuser systématiquement les emprunts ; Il est toutefois utile de
définir des critères pour l’admission des emprunts qui se font
souvent massivement. Ils doivent être soumis à un certain
contrôle et doivent répondre à une nécessité réelle.

1-Les critères de base sont résumés ainsi


1.1- Il est nécessaire de chercher un équilibre entre
l’admission indiscriminée et le rejet systématique.
1.2- l’emprunt ne doit pas être considéré commun mal
nécessaire mais comme un procédé normal de formation de
termes.
1.3- L’objectif prioritaire est d’obtenir une cohérence
interne dans l’admission ou le refus des emprunts. Toutefois il
faut savoir que la langue scientifique a des exigences propres
1.4- l’adaptation d’emprunts doivent respecter au
maximum la structure phonique et morphologique de la
langue.
1.5- Les utilisateurs doivent assumer les emprunts.
Ces critères ne répondent toutefois pas à tous les problèmes
posés et la liste reste ouverte à de nouvelles considération ou
tendances pour l’introduction de nouveaux critères.
- 48 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Les procédés internes de formation de néologismes sont


variables, abondants et simples mais n’offrent pas les
commodités de l’emprunt.
Dans la création de néologismes on utilise les procédés de
dérivation, composition, dérivation sémantique et lexicalisation
de syntagmes.
Il ne faut pas systématiquement rejeter la périphrase au profit
d’un seul mot d’emprunt. En outre il faut user de prudence et
d’imagination et de l’utilisation d’archaïsmes et de dialectismes
dans certains champs spécialisés.
Les critères d’acceptation et de refus ont simple valeur
d’orientation générale dans la discussion de chaque emprunt et
calque.
Il ne faut pas oublier que le lexique de la langue n’est pas
d’une régularité systématique et que chaque unité empruntée
d’une autre langue doit être analysé spécifiquement.

2-Critères d’acceptation et d’intégration :


Caractéristiques :
La formation a base gréco-latine est recommandé par la norme
internationale tilifun.
emprunts fixés incorporés souvent dans les travaux
lexicographiques
d’utilisation commune. A mettre en accord avec les systèmes de
morphologisation
emprunts facilement adaptables au système graphique et
phonique de la langue takasit
emprunt autre qui ne modifie pas le champ de la langue à
adapter a la graphie design
emprunt qui présente une série de dérivés dans un champ
spécialisé
emprunts de marque qui ne peuvent formellement pas être
adoptés : Ricard
Dans ce cas, rechercher une forme de dénomination
alternative qui s’applique à tous les produits semblables.
emprunts à base toponymique et anthroponymique qui ne
peuvent pas être adaptés totalement à la graphie berbère pour

- 49 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

qu’ils conservent des sens et similitude en d’autre langues pour


qu’il soit reconnus par les spécialistes.
Dans ce cas, possibilité d’adaptation de dénomination
d’origine : camembert, Rochefort

3-Critères de refus :
3.1-emprunt non nécessaire parce qu’il existe déjà un
mot usité
3.2-emprunt phonétiquement, grammaticalement et
morphologiquement difficile à intégrer. Dans ce cas il faut
analyser les possibilités de leur substituer des néologismes
propres à la langue : white horse/aâudiw amellal
3.3-emprunt récent facile à substituer

4- emprunt qui ne réclame pas d’intervention :


4.1-les mots désignant des réalités d’une autre culture :
samouraï
4.2-les emprunts liées a la mode : punk

5-critères d’adaptation et de refus de calque :


Le calque est la traduction littérale d’un terme d’une autre
langue : jardin d’enfants de l’allemand kindengarden
5.1-reproduction séquentielle de la langue d’origine :
5.2-quelques cas peuvent avoir une alternative non
satisfaisante : Acceptation des calques :
d’utilisation commune consignés dans les travaux
lexicographiques
éléments qui se combinent avec le système grammatical
amazigh et qui pressente une signification adéquate pour la
chose désignée au sens réel ou figuré spécialement quand
l’usage fréquent en détermine le sens : courrier électronique
Refus des calques :
Calques non nécessaires
Emprunt d’éléments grammaticaux ou sémantiques non
compatibles avec ltamazight

- 50 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

XI- POURQUOI UN CENTRE DE TERMINOLOGIE AMAZIGH ?

La dynamique linguistique est un processus permanent.


Toute communauté linguistique fait donc face,
continuellement, à des besoins linguistiques. Bien entendu, ces
besoins varient en fonction du degré de développement des
locuteurs en questions. Plus haut est le niveau technologique,
plus grand est le besoin en nouveaux termes. D’autres facteurs
tel que la géographie, la démographie, la politique et le statut
de la langue interviennent également dans la demande de mots
nouveaux. Un pays développé ou proche d’un pays à haut
niveau culturel, dont la population est importante
numériquement et dont la langue est officielle aura une
demande plus pressante qu’une communauté numériquement
peu importante, de niveau technologique bas dont la langue est
déclassée. C’est le cas aussi d’un territoire enclavé où est parlé
une langue minoritaire.
Tamazight est une langue parlée en Afrique du Nord sur des
territoires discontinus, dans des Etats de nature différente dont
les gouvernements n’ont pas les mêmes attitudes vis-à-vis de la
langue autochtone. Ce ci explique que les réponses apportées
au Maroc ne sont pas forcément les mêmes que les algériennes.
Ceci dit, après « les années de braises », la langue amazighe a
aujourd’hui un début de reconnaissance dans la mesure où des
structures de développement ont vu le jour. Elle se trouve, de
fait, face à un processus d’évolution linguistique qui oblige à la
récupération des fonctions sociales qui lui étaient interdites
durant les trois premières décennies post indépendance sans
omettre que jamais dans l’histoire elle n’a eu la possibilité de se
développer faute d’un pouvoir favorable.
Consciente de ce retard, la communauté amazighophone
perçoit la nécessité d’utiliser sa langue dans tous les secteurs et
donc l’obligation de la doter des moyens permettant son
aménagement linguistique au plan interne et externe.
La terminologie est précisément l’un des aspects à prendre en
compte. La communication spécialisée impose une création de
termes de plus en plus nombreux pouvant entraîner un
éclatement de la langue sans la mise en place d’une structure
- 51 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

chargée de garantir la fiabilité grâce à la normalisation des


notions et concepts aussi bien au niveau national
qu’international. Les médias modernes assurent une diffusion
de plus en plus rapides des termes et par la même une
recherche terminologique intense.
La priorité, en cela, est de déterminer les besoins
terminologiques afin de créer les mécanismes permettant de les
satisfaire.
En premier lieu, il faut avoir toute l’information
terminologique existant déjà en tamazight. Un travail
laborieux long et fastidieux (de par la dispersion et
l’inhomogénéité) mais obligatoire pour mettre en évidence les
absences et les lacunes. Le temps perdu au départ est largement
récupéré à posteriori car on optimise les moyens et on évite la
répétition des taches.
Pour cela il faut mettre en œuvre une méthode de travail
commune, créer des structures de normalisation et former un
personnel qualifié. Il faut, aussi, pouvoir disposer d’un centre
de référence qui puisse informer et assister pour que la
politique linguistique soit réellement efficace.
Le centre de terminologie amazighe, Terama, a précisément
pour objectif de coordonner et de promouvoir les activités de
recherche terminologique, ainsi que de traiter et de diffuser les
nouveaux termes.
Ce centre participera efficacement à résoudre le problème de la
fragmentation territoriale et assurer les besoins du territoire
utilisant la langue amazighe.

- Terama aura à gérer :


1- Des données terminologiques représentées par :
-Les notions et dénominations
-Les données qui en font partie :
*Synonymes, définition, contexte, équivalents dans
d’autres langues
*Informations associées : numéro, code de
normalisation…

- 52 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Sources des données terminologiques :


-Dépouillement exhaustif de la bibliographie terminologique
en langue amazigh
-Œuvres lexicographiques de base
Apport des équipes de recherche qui élaborent des
dictionnaires et vocabulaires
-Usagers du service de consultation du centre : organismes de
l’administration, universités, centres d’enseignement,
entreprises, professionnels de la langue, traducteurs,
correcteurs….particuliers.

Les normes et les principes terminologiques et linguistiques


sont à regrouper également dans les données terminologiques.

2- Des données documentaires sur la terminologie :


Il s’agit d’informations fondamentales. On y retrouve :
- Des ouvrages terminologiques : vocabulaires, dictionnaires
qu’ils soient publiés ou non.
- Des ouvrages spécialisés : Manuels, thèses, normes, projets…
Pour ces ouvrages, le but est de faciliter leur localisation pour
leur utilisation lors d’élaboration ouvrages terminologiques.
- Des ouvrages sur la terminologie : documents qui exposent
des théories ou des méthodes, qui recueillent des expériences
(comptes-rendus des colloques, congrès, projets…)
- Des ouvrages terminologiques en différentes langues
- Des ouvrages à contenu linguistique

3- Données sur la gestion terminologique :


-Faire un inventaire exhaustif et actualisé des projets et
travaux terminologique
*Pour éviter la duplicité
*Pour connaître de manière permanente l’élaboration
des terminologies.
-Avoir des données sur les spécialistes des différents domaines
qui jouent le rôle de conseillers
-Avoir des données sur des terminologues
-Avoir des données sur les ressources informatiques
disponibles pour travailler en terminologie.
- 53 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

-Avoir des données sur l’organisation des activités


terminologiques à l’échelle locale, nationale et internationale.
-Avoir des données sur les congrès, rencontres terminologiques
et cours de formation terminologique.

Terama aura donc à gérer les données relatives aux besoins


terminologiques de la langue amazighe.

Ces besoins sont détectés :


-A partir de l’analyse de l’inventaire des ouvrages
terminologiques
-De l’inventaire des projets et travaux en cours qui permet de
savoir quels sont les domaines terminologiques non couverts et
dans quelle mesure.
-Des consultations des usagers du centre. Ces consultations
peuvent être ponctuelles sur des termes concrets (sectorielles
au sujet d’un domaine ou sous-domaine déterminés) ou
concerner des critères terminologiques ou des besoins de
normalisation d’un terme ou groupe de termes.
Terama aura, pour gérer toutes ces informations, à créer de
façon permanente toute une série d’infrastructure qui lui
permettra de traiter toutes les données mentionnées en
fonction des caractéristiques de chacune.
1- Banques de données : L’un des premiers instruments
dont doit se doter Terama est la banque de données
terminologiques qui se dénommerait BTERAMA. Cette banque
aura à enregistrer tous les termes techniques et scientifiques
amazighes et leurs équivalents dans d’autres langues
(principalement, français, anglais et arabe) afin de les diffuser
et de faciliter l’aménagement linguistique et terminologique
dans toutes les sphères de la société amazighe.
Le format de la fiche automatisée doit être basé sur les normes
internationale de terminologie, sur les formats déjà existants
dans d’autres banques de données et surtout sur les besoins
spécifiques qu’exigent la langue amazighe.
Cette banque de données se composera d’un fichier de travail
et d’un fichier de diffusion ainsi que de différents formats de
fiches à mettre au point à partir du format de base et qui
- 54 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

serviront pour les besoins des différents usagers (fiche de


travail, fiche de diffusion, fiche complète, fiche résumée…)
A cette banque de données s’adjoindra une banque de données
documentaires BDOC. Qui inventoriera des références
d’ouvrages terminologiques, d’ouvrages spécialisés, d’ouvrages
de théorie et de méthodologie terminologique, d’ouvrages
lexicographiques et d’ouvrages de linguistique.
Liée à BTERAMA, BDOC permettra de décodifier les documents
qui constituent la source des informations des fiches
terminologiques.
2- Classement thématique : Les banques de données
nécessiteront, inévitablement, un système de classification des
informations permettant de les récupérer thématiquement.
Pour cela il n’est pas impossible que Terama soit amené à créer
un système de classement thématique propre mais qui doit
s’inspirer des expériences déjà en usage.
Ce système doit régir toute l’organisation thématique du centre,
depuis la bibliographie jusqu’au classement des équipes de
travail et des spécialistes.
3- Critères méthodologiques : Ces critères sont
nécessaires pour donner la rigueur scientifique propre à toute
recherche terminologique. Ils homogénéiseraient les résultats
et permettront de respecter la réglementation internationale
existante (recommandations du comité technique 37-
Terminologie, principes et coordination- de l’ISO)
La méthodologie doit être adaptée à la réalité sociolinguistique
amazighe grâce à la réflexion des terminologues préalablement
formés. Elle s’affinera au fur et à mesure que s développera
leur expérience.
La détermination des critères méthodologiques inclus
également le dessin des formats dans lesquels il faut recueillir
et classer les informations c'est-à-dire les fiches. Terama doit
disposer de différents types de fiches en fonction des
informations qu’elles doivent recueillir (fiche de
dépouillement, fiche terminologique, fiche de consultation
ponctuelle…)
4- Systèmes de normalisation : La langue amazighe se
trouve, aujourd’hui, dans un processus d’aménagement
- 55 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

linguistique nécessitant des systèmes de normalisation


différents mais complémentaires afin de garantir la
normalisation terminologique du point de vue formel et
conceptuel.
Pour cela il faut créer une commision d’homologation composé
de terminologues de terama et de spécialistes. Ce conseil est
chargé de la normalisation formelle des termes amazighes et de
veiller à ce qu’ils respectent les normes générales de la langue.

- Elle aura pour missions :


1- De déterminer les critères linguistiques et terminologiques
spécifiques applicables au lexique spécialisé
2-De réviser et d’approuver (provisoirement ou définitivement
selon le cas) la terminologie sous son aspect formel en tenant
compte des évaluations des Comités Techniques correspondant
en ce qui concerne l’acceptabilité et la valeur conceptuelle des
termes.

4-Les Comités Techniques se composent principalement :


4.1- De spécialistes des différents domaines
s’intéressant à la terminologie et rattachés à différents secteurs
(universités, centres de recherche, administration publique,
entreprises privées…)
4.2- De terminologues coordonnés par Terama

5-Ces Comités techniques ont pour objectifs généraux :


5.1- La normalisation conceptuelle des néologismes
5.2- La réponse aux consultations conceptuelles ou
relatives à l’acceptabilité des termes
5.3- La proposition de critères terminologiques
spécifiques.
Il est, également, utile de créer des sessions de normalisation
qui rassemblent les spécialistes les plus représentatifs d’un
domaine spécialisé pour la discussion d’aspects concrets. Par
exemple la normalisation de la dénomination amazighe de
« hardware » et de « software ».

- 56 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Terama aura aussi à diffuser l’information terminologique en


utilisant différents moyens.
1- Conseils terminologiques :
-conseils terminologiques ponctuels
Le service de consultations de Terama répond aux questions
terminologiques sur un terme ou un groupe de termes restreint
et de termes appartenant à un domaine spécialisé quelconque
afin de répondre à un besoin immédiat. L’usager peut s’y
adresser par téléphone, fax, courrier postal ou courrier
électronique.
-Terama donne, aussi, des conseils méthodologiques et
techniques pour l’élaboration de vocabulaires et dictionnaires
-Sa Section de Terminologie Sectorielle donnera son appui et
conseillera les équipes qui ont entrepris un travail
terminologique.
-Terama offrira les services suivants :
*Donnera des informations sur les travaux
terminologiques en cours
*Donnera des conseils méthodologiques pour la
réalisation du travail : Préparation, élaboration, classement,
normalisation et présentation.
*Suivra et révisera le travail.
*Aidera à la normalisation formelle et/ou conceptuelle
de la terminologie qui l’exige.
*Assurera l’assistance informatique et technique.
*Octroiera des bourses et des aides pour la réalisation de
travaux de terminologies amazighes
2- Conseils sur des critères linguistiques :
La Section Linguistique de Terama offrira des conseils sur les
critères linguistiques appliqués à la terminologie (critères qui
seront classés dans des fichiers et qui seront informatisés).
Ces critères seront publiés périodiquement sous le titre de
Critères Linguistiques pour la Terminologie afin de répondre
de manière harmonisée et cohérente aux questions qui se
posent au sujet de la formation d’une terminologie spécifique
et contribuer ainsi à la fixation de la terminologie amazighe.
3- Conseils documentaires :

- 57 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Le service de documentation de Terama offrira à l’usager,


différents types de conseil documentaire :
*Informations bibliographiques d’intérêt terminologique
(théorique et appliquée).
*Informations de travaux terminologiques déjà publiés
relatifs à tamazight.
*Recherches bibliographiques et documentaires
d’ouvrages d’intérêt terminologique pour la réalisation des
travaux suivis par Terama
*Service de bibliothèque
*Diffusion périodique des nouveautés du fonds
documentaire de Terama à travers un bulletin mensuel qui
contiendra le sommaire des revues reçues, classées par sujets et
un bulletin trimestriel qui contiendra la liste des derniers
ouvrages acquis.
4- Organisation et coordination des travaux terminologiques :
Terama encouragera, aussi, l’élaboration de dictionnaires sur
des domaines prioritaires pour la politique linguistique ou de
projet d’une grande portée qui nécessitent la coordination
d’institutions et d’organismes variés. Par exemple, projet de
terminologie scolaire.
5- BTerama , banques de données terminologiques :
BTerama répondra aux questions terminologiques ponctuelles
sur un terme amazigh ou sur ses équivalents dans d’autres
langues. Si la banque de données n’a pas de réponse
satisfaisante, l’usager pourra envoyer une demande par
courrier postal ou électronique à Terama.
BTerama aura à répondre aux questions terminologiques plus
générales de caractère linguistique, thématique…pour les
travaux ou études spécialisés.
L’internet aidera grandement à la consultation des banques de
données.
6- Formation en terminologie :Terama organisera ou
participera à diverses activités de formation à l’intérieur ou à
l’extérieur du domaine linguistique amazighe comme par
exemple :
*Organisation de cours de formation en terminologie
*Organisation de conférences en terminologie
- 58 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

*Participation à des programmes de formation


organisés par d’autres institutions.
*Octroi de bourses de formation aux étudiants de
deuxième et troisième cycle.
*Réception de professionnels de la langue en visites
d’études.
7- Publications : Terama publiera différents types d’ouvrages
afin de donner la plus grande diffusion possible aux
informations recueillies ou élaborées :
- Des ouvrages théoriques
- Des ouvrages terminologiques « grand public » et des
ouvrages pour un public plus spécialisé.
- Des publications de type informatif
8- Autres services :Terama fournira des renseignements sur les
activités terminologiques des différents organismes nationaux
et internationaux rattachés à la recherche terminologique et
collaborera avec d’autres organismes ou centres dans des
taches de conseils méthodologiques pour la création de
banques de données terminologiques, de projets de
coopération…
Terama octroiera des bourses et des aides pour la
formation de professionnels spécialisés en terminologie et pour
la réalisation de travaux terminologiques.
Terama essaiera donc de répondre aux besoins de la
communauté linguistique amazighe et de donner la plus
grande diffusion possible aux différents types d’informations
terminologiques recueillies ou élaborées au centre.

6-Le centre proprement dit :


6.1- La structure physique :
- Un rez-de-chaussée composé :
* D’un amphithéâtre pouvant recevoir 200 personnes. Il
servira de lieu de colloques, conférence et d’enseignement de
terminologie.
* D’une grande salle de reprographie équipée de micro-
ordinateurs, scanners, imprimantes…Cet espace est essentiel
vu le volume de travail de reproduction nécessaire pour
inventorier et sauvegarder les corpus existants.
- 59 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

* Une grande salle destinée à la bibliothèque de


référence.
* Une grande salle qui servira comme point de réponse
ponctuelle. Cette salle doit être dotée de micros avec banque de
données, de livres de spécialités couvrant l’ensemble de
l’activité publique.
* De trois bureaux administratifs
* D’un petit salon de réception.
* De toilettes.

- Un premier étage composé de :


* D’une dizaine de bureau
* D’un petit salon de réception
* De toilettes
- Un deuxième étage identique au premier étage
6.2-L’architecture administrative :
Du point de vue des ressources humaines, le centre sera doté
d’un personnel, pour la plupart qualifié.

- 60 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Directeur
Général

Directeur de Directeur de la Directeur de


l’information et de recherche l’administration et des
la diffusion terminologique finances
Secrétariat Secrétariat
Responsable de la Responsable des Administratio
documentation projets Sectoriel

Responsable de la Responsable de la base de


données terminologiques
gestion des
systèmes

Responsable de la Responsable de la recherche


linguistique et de la
publication
standardisation

Responsable des
consultations
terminologiques

Responsable de
l’homologation
terminologique

Responsable de la
formation
terminologique

- 61 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Au total : Sur le plan des ressources humaines le centre


fonctionnera avec :
- 15 terminologues - 2 secrétaires trilingues
- 1 documentaliste - 4 agents de saisie
- 1 administrateur de système - 2 agents pour scanner
- 1 responsable de publications
- 5 agents d’administration
- 2 chauffeurs

Il s’agit là de l’idéal. Un tel centre nécessite de gros moyens à


mettre en place progressivement.
Dans un premier temps, il suffit de disposer de :
1- Deux grandes salles avec deux scanners, quatre
micro-ordinateurs, Deux imprimantes
2- Une salle de bibliothèque contenant les dictionnaires
de référence
3- Un véhicule léger
4- Deux terminologues permanents
5- Quatre agents d’administration
6- Un chauffeur
De nombreux travaux pourront être confiés à des spécialistes
sous forme de vacations
Ce mini-centre constituera la première pièce du puzzle à
construire progressivement.

6.3-En résumé :

Ce centre aura :
1-Pour objectif général :
-La planification et la coordination générale des
activités terminologiques du domaine amazigh
-La recherche, le stockage et la diffusion.
Adapter la langue amazighe à l’expression de la modernité
scientifique et technique.

- 62 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

-Fournir aux amazighophones les outils d’expression


dont ils ont besoin dans les domaines nouveaux, notamment les
sciences et techniques.
2- Pour objectifs spécifiques :
-La planification et la coordination de la recherche
terminologique
-L’organisation et la révision des termes amazighes ainsi
que la question de la standardisation
-Le maintien et l’actualisation de la banque de données
terminologiques en tamazight et ses équivalents d’autres
langues.
-La constitution et l’actualisation d’un fond
documentaire d’intérêt terminologique et une banque de
données documentaires.
-Trouver l’information terminologique pour enrichir la
banque de données, assurer la consultation et la publication
diverse.
-Etablir des critères méthodologiques pour l’élaboration
des travaux terminologiques
-Contribuer à l’harmonisation des terminologies
nouvelles et favoriser leur implantation au sein de
l’amazighophonie.
-Participer à la formation de spécialistes en
terminologie.
-Etablir des relations de coopération avec des
organisations similaires qui traitent de la langue amazigh mais
aussi avec des organismes nationaux et internationaux de
terminologie.

7-Ce centre assurera les services suivants :


7.1-L’organisation et la direction des projets et travaux
de recherche terminologique.
7.2-L’assistance méthodologique pour l’élaboration de
dictionnaire et vocabulaires spécialisés.
7.3-La révision terminologiques des dictionnaires et
vocabulaires spécialisés.
7.4- La normalisation formelle des néologismes
amazighes
- 63 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

7.5-L’organisation de la normalisation conceptuelle des


terminologies.
7.6-L’assistance terminologique pour la rédaction et la
traduction de textes technico-scientifiques.
7.7-Les réponses aux consultations terminologiques
ponctuelles.
7.8-L’assistance sur les critères linguistiques qui
régissent la terminologie.
7.9-L’information bibliographique et documentaire
d’intérêt terminologique.
7.10-L’information sur les travaux de recherche en
cours d’élaboration.
7.11-L’information générale sut les activités
terminologiques d’ampleur nationale ou internationale.
7.12-L’organisation de programmes et d’activités de
formation en terminologie.

8-L’ampleur de la tache nous amène à choisir des axes


prioritaires pour régler des problèmes d’urgence :

8.1-L’établissement d’inventaires des travaux de


terminologie.
8.2-L’élaboration et la publication d’ouvrages
terminologiques.
8.3- La tenue de séminaires de terminologie
8.4- La publication d’une revue périodique de
terminologie.
Le domaine des priorités s’élargira au fur et à mesure que le
centre se développera et que se constituera un réseau
d’organismes ayant le même objet social.

Afin de rendre plus efficace la planification de ses activités le


centre Terama doit se fixer un certain nombre de programmes
correspondant à ses divers objectifs et dans lesquels les activités
et les projets peuvent être structurés.

1- Travaux terminologiques : Ce programme est consacré au


traitement et à la diffusion des terminologies.
- 64 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

-Activités et projets :
-Production de dictionnaires terminologiques :
L’élaboration de dictionnaire terminologique doit être une
activité de démarrage. Le centre doit avoir une politique
d’édition qui décrit le type d’ouvrages qu’il compte publier et
qui définit les critères de qualité.
La publication des dictionnaires n’est pas forcément
centralisée. D’autres organismes parrainés par terama peuvent
également le faire sur la base de principes directeurs. Dans
tous les cas, avant toute publication le comité d’homologation
de Terama doit donner son aval.

-Veille Néologique :
Ce projet vise la collecte et la mise en commun des matériaux
néologiques nécessaire à la mise à jour des dictionnaires et des
banques terminologiques.
Pour cela, terama doit mettre sur pied un groupe de travail sur
la veille néologique. Ce groupe se doit d’élaborer un système
d’échange électronique de données néologiques.

2-Diffusion et information :
-Activités et projets :
Inventaires des travaux terminologiques :
La diffusion la plus large possible de l’inventaire des travaux
publiés et des travaux en cours est absolument essentielle pour
la rationalisation des travaux, pour l’harmonisation des
terminologies et pour l’implantation.

-Revue Terminologies Nouvelles


Cette revue sera consacrée à la terminologie et à son
aménagement. Elle est importante pour la diffusion des
connaissances et des résultats de la recherche et pour la
diffusion de l’information professionnelle indispensable à
l’élaboration des terminologies, à l’enseignement de la
terminologie et à la formation permanente des terminologues.
Cette revue servira également de moyen permanent de liaison
avec le milieu professionnel de la terminologie au niveau
national et international.
- 65 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Cette revue sera dotée d’un comité scientifique chargé de


l’orientation du contenu et de la sélection d’articles à publier.
Bi-annuelle, elle ouvrira ses pages à tous les théoriciens et
praticiens de la terminologie.
Pour garantir une large diffusion, cette revue doit être
distribuée gratuitement.

-Bibliographie de la néologie
La constitution et la diffusion d’une bibliographie de la
néologie constituent un apport important à la réalisation des
objectifs de Terama (formation et diffusion).

3- Formation :
-Formation fondamentale (initiation à la terminologie et
l’aménagement linguistique).
-Perfectionnement et approfondissement des
connaissances pour des terminologues d’expérience associées à
des projets terminologiques en cours ou pour des gestionnaires
de programmes de développement terminologique.
-Formation continue des terminologues des modules de
Terama.
-Activités et projets :
A signaler la nécessité de faire une enquête sur les besoins et
sur les ressources en formation au sein des différents modules
de terama Les résultats de cette enquête conduiront à
l’élaboration d’un programme de formation.

4- Recherche fondamentale et appliquée : Tearama sera


amenée à participer au développement de la terminologie en
tant que domaine d’expérience et de discipline scientifique. Les
travaux terminologiques que mènera ce centre doivent
s’appuyer sur des principes, des méthodes et des outils sans
cesse mis à jour.
Terama doit avoir accès à des technologies qui permettent des
gains de productivité et une systématisation des travaux.

Il doit donc y avoir deux volets de recherche :


- 66 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

-Recherche théorique et méthodologique en


terminologie
-Recherche et développement de technologies d’appoint
pour les travaux terminologiques.

-Activités et projets :
Divers moyens peuvent être mis en œuvre pour réaliser ce
programme de recherche :
a- Recherche méthodologique :
-Séminaires théoriques et méthodologiques organisé par
Terama éventuellement avec d’autres organismes
terminologiques.
-Projets de recherche particuliers sur différents aspects
de la néologie et de la terminologie
-Colloques internationaux sur de grands thèmes liés
aux besoins du développement terminologique.
b- Recherche terminologique :
Projets de recherche-développement sur les outils
informatiques pour le travail terminologique.
Pour assurer la mise en œuvre de ces projets il sera nécessaire
de créer un Groupe de travail en terminologie.

5-Concrètement : Un certain nombre de taches sont de


réalisation urgente. Il faut, prioritairement, commencer par :
5.1- Réaliser une bibliographie exhaustif de toute la
production en langue amazighe
5.2- Récupérer et stocker au niveau de la bibliothèque
tous les titres
5.3- Scanner ces titres pour un stockage électronique
5.4- Disposer d’un logiciel d’indexation pour retrouver
les termes sans difficulté.
5.5- Disposer d’un logiciel de reconnaissance de
l’écriture pour pouvoir travailler sur le texte.
5.6- Saisir tous les documents manuscrits y compris et
surtout les dictionnaires.
5.7- Programmer des projets à confier aux linguistes
dans le cadre du consulting, notamment :
-Vocabulaire scolaire
- 67 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

-Vocabulaire administratif
-Vocabulaire juridique
-Vocabulaire courant : épicier, boucher, boulanger...
-Vocabulaire lié à l’environnement : nature, urbanisme…
-Vocabulaire utilisé dans un domicile : ustensiles de cuisine,
meubles…
5.8- Proposer des projets plus conceptuels dans le cadre
du consulting tel que le vocabulaire d’enseignement des
différentes matières du primaire, du secondaire et de
l’université.
Proposer spécialement, un vocabulaire pouvant permettre
d’enseigner en tamazight et non pas d’enseigner le tamazight.
5.9- Procéder à une évaluation
-En évaluant le rôle des organismes d’intervention, de leur
composition, de leurs activités
-En évaluant l’implantation des décisions proprement
linguistiques (implantation terminologique par exemple)
-En étudiant les changements linguistiques en cours du point
de vue microsociolinguistique.
Autrement dit, la recherche doit être guidée un besoin
pragmatique immédiat. Cela n’empêchera pas de mener
parallèlement des axes de recherche dans les domaines plus
spécialisés tels que les techniques et la science.

- 68 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

XII- CONCLUSION GENERALE

La question de la modernisation du berbère c’est à dire


de la création terminologique est à aborder d’un double point
de vue : celui de la linguistique et celui de la sociolinguistique.
En effet, la néologie n’est pas seulement le domaine du
technicien de la langue. Tout nouveau terme est chargé,
consciemment ou non, d’un contenu affectif y compris les
emprunts.
La création se fait toujours dans la douleur, deux pulsions
contraires sont en présence permanente : l’une voulant
«sauvegarder» la langue en évitant au maximum les emprunts,
l’autre voulant s’inscrire dans le champs universel et donc
favorisant l’emprunt (souvent en masse). Le cas de l’Académie
basque est, en ce sens, édifiant, après la période des «puristes»
est venue celle des greco-latinistes». Aujourd’hui, les
académiciens réalisent qu’ils ont trop emprunté et la tendance
est de nouveau de faire appel au génie propre à la langue
basque pour la création lexicale. C’est dire qu’il faut trouver
une voie médiane entre le purisme excessif des militants
activistes et les emprunts massifs des «universalistes ». Il est
vrai que ce deuxième courant n’est pour le moment pas
significatif, jusque là, le touareg a joué le rôle du latin et du
grec des langues européennes. Ceci dit, du point de vue de la
lexicologie générale, le berbère a côtoyé, depuis trois
millénaires, plusieurs langues dominantes et qui ont été, de
fait, pourvoyeuses d’emprunts aujourd’hui méconnaissables,
donc parfaitement intégrés.
L’idéologie se trouve dans le choix des termes, aussi bien au
niveau des médias lourds qu’au niveau de la presse et de la
jeune littérature berbère. Les textes, dans leurs majorités ont
été épurés des mots étrangers. L’apprentissage de ces termes
nouveaux se fait le plus souvent par osmose ; il s’agit d’un
apprentissage passif ou le mot est sans cesse ressassé dans les
interventions publiques des militants. Cette attitude, à travers
le lexique, vise à construire et à stabiliser une identité
nouvellement définie : l’identité berbère.

- 69 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

Dès le début du siècle, avec Boulifa, émergea une conscience


linguistique avec un besoin d’individuation de la langue
berbère qui donna naissance aux premiers pas dans le passage
à l’écrit. Cette période était, en effet, la réponse de l’autochtone
au berbérisant français. Il s’agissait d’afficher son identité
propre. La deuxième grande période accorde une place à un
début de normalisation linguistique. Cette étape est celle de la
création néologique qui vise à chasser les mots étrangers et à
les remplacer par des mots «purs» issus pour la plupart du
touareg, considéré comme «réservoir lexical ». Cette tendance
pan-berbère est sous-tendue, en fait, par une volonté implicite
de retrouver le «pays mythique » : la Berbérie historique.
Aujourd’hui la néologie, (encore peu importante), charrie déjà
des problèmes liés à la compréhension. Le discours est souvent
construit à l’aide de l’amawal avec pour résultat un texte
obscur et imperméable à la bonne réception. La diffusion de
ces nouveaux termes est d’autant plus lente que la production
culturelle berbère (non prise en charge par les institutions
étatiques) est pauvre. Il faut noter aussi que la néologie a
surtout touché les domaine qui ne sont pas spécialement les
secteurs de préoccupation quotidienne des populations (termes
techniques, vocabulaires juridiques, lexique des sciences de
l’éducation...). Tout se passe comme s’il fallait démontrer que le
berbère aussi peut être une langue d’élite. De plus, des
individus ou groupes auto-constitués se sont engagés, souvent
sans aucune formation préalable, dans la création lexicale. A
tous ces domaines, s’ajoute l’indifférence du locuteur moyen
pour qui la priorité est d’abord l’acquisition de la «langue du
pain». De nombreux facteurs sont donc en défaveur de
l’expansion néologique ; c’est pourquoi, les efforts des
«néologues» doivent surtout être orientés vers la création de
termes simples, d’usage courant, utilisable dans les médias et
lieux publics. Le vocabulaire spécialisé peut, pour encore un
temps, rester le domaine de l’emprunt en attendant que le
centre de terminologie soit véritablement opérationnel. Il nous
semble évident que ce travail purement linguistique n’a de sens
que s’il s’inscrit dans un contexte politique favorable car la
connaissance officielle de la langue peut mettre en place un
- 70 -
Centre de terminologie Amazighe - TerAma

marché d’échange linguistique suffisamment important pour


stabiliser et socialiser les néologismes.
La langue amazighe a, pour des raisons politiques évidentes,
pris un immense retard en matière de modernisation. Avril 80
a été le début d’une revendication linguistique et identitaire
soutenue ayant abouti à un certain nombre d’acquis : création
de départements amazighes, HCA et enseignement du
tamazight, Conseil Supérieur et académie, reconnaissance
constitutionnelle du statut de langue nationale.
Il s’agit, aujourd’hui, de mettre à profit ces structures et ce
statut pour concrétiser des actions à même de développer et de
diffuser le tamazight. Cela oblige à mettre des moyens
colossaux qui ne peuvent provenir que de l’Etat. Ce n’est,
effectivement, que justice que d’appliquer un coefficient de
réparation historique.
La reconnaissance effective et non plus symbolique permettra
une intégration politique des citoyens amazighophones et
garantira une stabilité sociale qui tarde à venir.

- 71 -
BIBLIOGRAPHIE

FARJI-HAGUET DEBORA, cours de Terminologie DESS, Jussieu,


2003, Paris.
HUMBLEY JOHN et DEPECKER LOÏC, Termcat, Présentation
générale, Barcelone, 1995.
KROMMER-BENZ et MANU ADRIAN, travail terminologique
dans les domaines de spécialité, Troisième symposium
d’infoterm, vienne, 12-14 novembre 1991.
LOUNAOUCI MOULOUD, Néologie et idéologie, le cas du
berbère, HCA, Université de Bejaia, 2006.
TABLE DES MATIERES :

AVANT-PROPOS

I- INTRODUCTION …………………...………………….. 7

II- LES QUESTIONS QUI SE POSENT ET LES TACHES A


REALISER …………………………………………. 8

III- LE CONCEPT DE TERMINOLOGIE ……………………13

IV- LES SUPPORTS TERMINOLOGIQUE …………………. 23

V- DOMAINES, ARBORESCENCES ET NOMENCLATURES.27

VI-LA FICHE TERMINOLOGIQUE ………………………... 30

VII-LES PHASES DU TRAVAIL TERMINOLOGIQUE


PONCTUEL ……………………………………………….. 30

VIII- LES PHASES DU TRAVAIL TERMINOLOGIQUE


SYSTEMATIQUE……………………………………32

VX- QUELQUES CONSEILS EN MATIERE DE DOMAINES,


LIENS ET ARBORESCENCES ………………………………. 45

X- CRITERES LINGUISTIQUES POUR LA TERMINOLOGIE.47

XI- POURQUOI UN CENTRE DE TERMINOLOGIE


AMAZIGH ? ………………………………………………. 51

XII- CONCLUSION GENERALE ………………………….. 69

BIBLIOGRAPHIE
Etude réalisée pour le compte du
Haut Commissariat à l'Amazighité

© Tous droits réservés

Dépôt Légal : 939-2008


ISBN : 978-9947-865-05-7
Achevé d’imprimer sur les presses de
Les Oliviers
Tizi-ouzou
Tel : 026-21-07-19
Fax : 026-21-95-40
Depuis toujours, l'homme s'est essayé à décrire
par des mots la réalité qui l'entoure, de décrire puis de
classer les éléments qui font son environnement avant
d'établir entre eux des corrélations. Pour pouvoir
échanger ou commercer avec d'autres communautés il a
été amené à étudier, comprendre et comparer les
dénominations qui ne sont pas les siennes avec son
propre lexique. Ce qui lui a permis d'emprunter des mots
ou de les créer pour nommer des objets qui ne font pas
partie de son monde. La recherche terminologique est un
besoin constant pour toutes les langues. La modernité, la
technologie, la recherche scientifique créent
continuellement de nouveaux besoins qu'il faut
satisfaire
La société berbère de tradition orale, si l'on ne tient pas
compte des quelques écrits antiques, a un retard
lexicologique important à combler. Il y a donc lieu de
moderniser la langue et développer son lexique .La
recherche terminologique s'avère d'autant plus
importante que s'accélèrent les changements sociaux.
Mais la création d'un tel centre nécessite des moyens
matériels, financiers et humains très importants et
l'intervention de l'Etat est quasi-obligatoire.
Parmi les réalisations urgentes en matière de
normalisation linguistique, la création d'un centre de
terminologie est une véritable priorité. Ce centre aura
pour tâche de répertorier et regrouper les néologismes
déjà existants, de coordonner et d'initier des travaux de
recherche terminologiques ainsi que d'assurer la
diffusion de nouveaux termes. Il pourrait également, à
côté d'une structure spécialisée chargée de
l'aménagement, légiférer sur la «valabilité» d'un mot
nouvellement créé.

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