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Les glycogénoses
Roseline Froissarta,*, Christine Vianey-Sabana, Monique Pirauda
RÉSUMÉ SUMMARY
Les glycogénoses sont des maladies héréditaires rares dues à une anoma-
lie du métabolisme du glycogène, affectant sa synthèse, sa dégradation, Glycogen storage diseases
son utilisation dans la glycolyse, ou bien son métabolisme lysosomal. Glycogen storage diseases are rare inherited disor-
Le glycogène étant présent essentiellement dans le foie et les muscles, ders due to a dysfunction of an enzyme involved
il en résulte des glycogénoses à expression hépatique ou musculaire, in glycogen metabolism (glycogen synthesis and
parfois affectant ces deux tissus. Cliniquement, ces pathologies sont très degradation, its use in glycolysis, and lysosomal
hétérogènes, y compris à l’intérieur d’un même type. Les glycogénoses degradation). As glycogen is mostly found in liver
hépatiques les plus fréquentes sont les déficits du système de la glucose- (where it plays a key role in glucose homeostasis),
6-phosphatase (type I) et les déficits du système de la phosphorylase (types and in skeletal muscles (where it is needed for energy
VI et IX). Les glycogénoses à expression musculaire les plus fréquentes production), glycogen storage diseases will affect
sont le déficit en myophosphorylase (type V, maladie de McArdle) et la either liver or muscle or both. These pathologies
maladie de Pompe (déficit en maltase acide lysosomal, type II), qui est are clinically heterogeneous, even within a same
particulièrement sévère dans sa forme infantile. type. The most frequent hepatic glycogen storage
Un bilan clinique et biochimique de base permet d’orienter le diagnostic diseases are glucose-6-phosphatase defects (type I)
vers l’un ou l’autre type, en particulier pour les glycogénoses hépatiques, and phosphorylase system defects (types VI and
ainsi que l’étude histologique d’une biopsie (foie ou muscle) lorsqu’elle IX). The most frequent muscular glycogen storage
est réalisée. Le diagnostic se fait par la mesure de l’activité enzymatique diseases are myophosphorylase deficiency (type V,
impliquée dans les cellules sanguines pour certains types, et/ou dans une McArdle disease) and Pompe disease (lysosomal
biopsie tissulaire. Ces analyses spécialisées doivent être réalisées dans acid maltase deficiency, type II) which may present
des laboratoires expérimentés. in neonates as a very severe disease.
La biologie moléculaire est de plus en plus utilisée dans la démarche dia- Hepatic glycogen storage diseases are usually sus-
gnostique, et est d’une aide précieuse soit pour confirmer un diagnostic, pected in infants with hepatomegaly and hypoglycae-
soit pour l’établir d’emblée, permettant ainsi d’éviter le geste invasif d’une mia, and routine laboratory tests are useful to orientate
biopsie de foie ou de muscle. towards a particular type. Muscular glycogen storage
Certaines glycogénoses sont bénignes voire asymptomatiques mais pour diseases present with either exercise intolerance or
la plupart, les patients doivent bénéficier d’une prise en charge adaptée fixed weakness, and may be often suspected based
et d’un suivi multidisciplinaire. on a histochemical study of a muscle biopsy.
Biochemical diagnosis may be established in spe-
Glycogénose – hépatomégalie – hypoglycémie – myopathie métabolique – cialized laboratories. A few enzymatic defects may
thérapie enzymatique substitutive. be directly assessed in blood cells, but hepatic or
muscle biopsy is necessary in most cases. Mole-
cular biology is more and more used to confirm the
1. Introduction diagnosis, but is also useful to directly establish the
diagnosis, avoiding an invasive biopsy.
Les glycogénoses représentent un groupe de maladies Some glycogen storage diseases are benign, even
héréditaires du métabolisme caractérisées par l’accumu- asymptomatic, but most of the patients need a nu-
lation intracellulaire de glycogène de structure normale tritional and medical management.
ou anormale, en raison du déficit d’une enzyme ou d’un
Glycogen storage disease – hepatomegaly –
hypoglycemia – metabolic myopathy – enzyme
a Laboratoire des maladies héréditaires du métabolisme replacement therapy.
et dépistage néonatal
Centre de biologie et de pathologie Est
Groupement hospitalier Est
transporteur impliqué dans son métabolisme [1]. Ce groupe
Hospices Civils de Lyon
comprend les anomalies de dégradation (glycogénolyse)
59, bd Pinel
du glycogène, ainsi que les anomalies de l’utilisation de
69677 Bron cedex
son catabolite le glucose-1-phosphate (anomalies de la
glycolyse), et paradoxalement les anomalies de synthèse
* Correspondance
du glycogène (glycogénogenèse). Une anomalie de son
roseline.froissart@chu-lyon.fr
recyclage au niveau lysosomal est également respon-
article reçu le 17 septembre
septembre, accepté le 21 septembre 2010 sable de glycogénose (type II). Le glycogène étant présent
© 2010 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. essentiellement dans le foie et les muscles squelettiques,
PFK : phosphofructokinase ; PGM : phosphoglucomutase ; PGK : phosphoglycérate kinase ; PGAM : phosphoglycérate-mutase ; LDH: lactate-déshydrogénase.
du G6P par la G6PT. Le G6P doit entrer via le transporteur l’acide urique est diminuée du fait de la compétition avec
à l’intérieur du réticulum afin que la G6Pase (dont le site l’acide lactique.
actif est localisé sur la face luminale du réticulum) exerce
son action, puis le glucose libéré est transporté hors du 4.1.4. Présentation clinique et anomalies biologiques
réticulum par le même transporteur. Le début survient généralement dès les premiers mois
La G6Pase est codée par le gène G6PC et est exprimée voire les premières semaines de vie avec la découverte
principalement dans le foie et le rein et à un moindre degré d’une hépatomégalie molle très importante. La tolérance
dans l’intestin et le pancréas. La G6PT est une protéine au jeûne est très limitée. L’hypoglycémie à jeun est rapide
codée par le gène SLC37A4 et dont l’expression est ubi- (pouvant survenir dès 2 heures de jeûne) et sévère, sans
quitaire. L’existence d’autres transporteurs (phosphate ou cétose. L’hypoglycémie, activant la glycogénolyse et la
glucose) n’a jamais été confirmée. néoglucogenèse, augmente la production de lactates dont
la concentration plasmatique peut être très importante
4.1.2. Épidémiologie (jusqu’à 10 mmol/l). Les lactates peuvent servir de fuel au
Les glycogénoses de type I (Ia et Ib) ont une incidence cerveau en situation d’hypoglycémie, qui peut alors être
estimée à environ 1 cas sur 100 000 naissances. Elles relativement bien tolérée dans certains cas. Le foie norma-
représentent environ 25 % de toutes les glycogénoses lement consommateur de lactate devient donc producteur
et constituent la forme la plus sévère des glycogénoses de lactate. L’hypoglycémie sévère responsable de convul-
hépatiques. Elles sont transmises sur le mode autosomique sions et l’hyperlactacidémie, responsable d’une acidose
récessif. La glycogénose de type Ia est particulièrement métabolique, font la gravité initiale de cette glycogénose.
fréquente dans la population juive ashkénaze (environ L’épreuve au glucagon (injection de 1 mg/m2 de surface
1 cas sur 20 000 naissances). corporelle) permet d’explorer les réserves de glycogène
hépatique utilisable. Dans le type I, la réponse glycémique
4.1.3. Anomalies métaboliques est toujours nulle tandis que la lactacidémie augmente.
Les anomalies métaboliques observées sont le reflet de Une hyperuricémie est très fréquente (plus de 50 % des
l’impossibilité du G6P d’être transformé en glucose. Il est cas). L’hypoinsulinisme est de règle. L’hyperlipoprotéiné-
donc utilisé dans d’autres voies métaboliques. La glyco- mie est sévère de type mixte mais l’hypertriglycéridémie
lyse est augmentée avec production accrue de lactate est généralement plus marquée que l’hypercholestéro-
et formation d’acétyl-CoA en excès, ce qui stimule la lémie ; elle est responsable d’une stéatose hépatique.
lipogenèse de novo et la synthèse de cholestérol. Via la Les transaminases hépatiques peuvent être modérément
production de malonyl-CoA, la bêta-oxydation des acides augmentées. L’atteinte des fonctions plaquettaires, due
gras est inhibée, ce qui explique l’absence de cétose. L’hy- à la dyslipidémie, explique la tendance aux saignements.
peruricémie résulte d’une augmentation de la production Une anémie est fréquente.
d’acide urique, car la baisse de concentration hépatique Classiquement, les enfants atteints de glycogénose de
en phosphates et la déplétion en ATP stimulent la voie de type I présentent un faciès poupin, un abdomen protu-
dégradation des purines. De plus, la clairance rénale de bérant et des membres graciles. Les reins sont gros et
la population juive sépharade d’Afrique du Nord (préva- cytoplasme de matériel coloré par le PAS et sensible à la
lence 1/5 400). diastase. Une fibrose est souvent présente. Le glycogène
est très augmenté, environ 3 à 5 fois les valeurs usuelles.
4.2.3. Anomalies biologiques Dans le muscle, la surcharge est moins marquée.
Dans la glycogénose de type III, la production de glucose
à partir de glycogène est diminuée en raison du déficit 4.2.6. Diagnostic génétique
enzymatique. La symptomatologie et les anomalies bio- L’étude du gène AGL peut être réalisée d’emblée pour
logiques sont moins sévères que dans le type I, en raison établir le diagnostic, ce qui permet d’éviter le geste invasif
d’une certaine production de glucose grâce à l’action de la d’une biopsie de foie. Il peut permettre d’établir le sous-
phosphorylase sur la partie linéaire du glycogène et grâce type, car il existe deux mutations spécifiques du type IIIb.
à la néoglucogenèse qui est fonctionnelle. La tolérance au La plupart des mutations sont privées.
jeûne est assez bonne. L’hypoglycémie à jeun est variable,
avec production accrue de corps cétoniques. L’hyperlac- 4.2.7. Conseil génétique
tacidémie est absente à jeun, et augmente modérément Le diagnostic prénatal est possible par la recherche des
après les repas (< 3 mmol/l). Une épreuve au glucagon mutations identifiées chez le malade (plus fiable que l’étude
réalisée à jeun montre que la glycémie et la lactacidémie enzymatique), le plus souvent dans les villosités choriales
ne varient pas, tandis que 2 h après un repas riche en prélevées vers 10-12 semaines d’aménorrhée avec une étude
glucides, la glycémie augmente alors que la lactacidémie en direct. L’identification du génotype chez le malade permet
diminue. L’hypercholestérolémie est plus marquée que de proposer une recherche d’hétérozygotes dans la famille.
l’hypertriglycéridémie. L’uricémie est normale ou modé-
rément élevée. Les transaminases sont augmentées (une 4.2.8. Traitement
forte augmentation de l’alanine-aminotransférase (> 10 N) Le traitement est symptomatique et diététique. Afin d’éviter
est en faveur d’un type III). Les CK sont augmentées chez les hypoglycémies, les repas doivent être fréquents, avec
les patients ayant une atteinte musculaire et/ou cardiaque. ingestion d’amidon de maïs cru si besoin, en particulier
dans l’enfance. Certains patients peuvent développer
4.2.4. Présentation clinique une cirrhose. Des adénomes hépatiques peuvent excep-
La glycogénose de type III se présente dans l’enfance par tionnellement apparaître, et de rares cas de carcinomes
une symptomatologie hépatique (hépatomégalie, hypogly- hépatocellulaires ont été rapportés. Une transplantation
cémie, augmentation du cholestérol et des triglycérides, hépatique a été réalisée chez quelques patients. La fonc-
ainsi que des transaminases) et un retard de croissance. tion myocardique doit être surveillée régulièrement. Une
La présentation est rarement aussi sévère que dans le alimentation riche en protéines est recommandée car la
type I. L’hépatomégalie et l’atteinte hépatique s’améliorent néoglucogenèse est intacte et les protéines peuvent être
généralement avec l’âge et disparaissent spontanément utilisées comme source de glucose.
à la puberté. L’atteinte hépatique est parfois si modérée
qu’elle peut passer inaperçue dans l’enfance et la maladie 4.3. Glycogénose de type VI [1, 10]
peut n’être diagnostiquée qu’à l’âge adulte, au moment de
l’apparition des signes musculaires. L’atteinte musculaire, 4.3.1. Étiologie
rare chez l’enfant, peut se manifester par des douleurs et La glycogénose de type VI ou maladie de Hers est due à un
une fatigabilité anormale. Chez l’adulte, elle s’exprime par dysfonctionnement de la glycogène phosphorylase hépa-
une faiblesse musculaire à prédominance distale. Une car- tique, enzyme qui catalyse la phosphorolyse du glycogène
diomyopathie hypertrophique apparaît chez la plupart des en G1P. Les défauts d’activation de la phosphorylase peu-
patients (type IIIa) mais elle est souvent asymptomatique. vent également être responsables d’une glycogénose (cf.
Rarement, il peut y avoir une cardiomyopathie infantile déficit en phosphorylase b kinase, glycogénose de type IX),
aussi sévère que dans la glycogénose de type II ou la entraînant secondairement un déficit en phosphorylase a
maladie de Danon. Les patients avec atteinte musculaire active. La phosphorylase hépatique est codée par le gène
ont un risque accru d’ostéoporose. La présence d’ovaires PYGL (en 14q21.2) tandis que les isoenzymes musculaires
polykystiques est fréquente mais la fertilité reste normale. et cérébrales sont codées respectivement par les gènes
PYGM (cf. glycogénose de type V) et PYGB.
4.2.5. Diagnostic biochimique
Le diagnostic repose sur la mise en évidence du déficit de 4.3.2. Épidémiologie
l’activité amylo-1,6-glucosidase vis-à-vis d’une dextrine Les déficits du système de la phosphorylase/phosphorylase
limite obtenue par action de la phosphorylase sur du gly- b kinase (glycogénoses de type VI et IX) représentent au
cogène. L’activité enzymatique peut être mesurée dans les total environ 25 à 30 % de toutes les glycogénoses (soit
leucocytes et les fibroblastes cutanés en culture. Dans un environ 1 cas sur 100 000 naissances). La plupart sont
prélèvement sanguin, le glycogène mesuré à jeun dans les des déficits en phosphorylase b kinase. Cette fréquence
érythrocytes est toujours très élevé. est certainement sous-estimée car il s’agit d’une maladie
Chez les patients présentant une expression localisée (type généralement bénigne et pouvant passer inaperçue.
IIIb) ou atypique de la maladie, il est parfois nécessaire de
recourir à une biopsie de foie (ou de muscle), car l’acti- 4.3.3. Présentation clinique et anomalies biologiques
vité enzymatique peut être normale dans les leucocytes. La glycogénose de type VI se manifeste classiquement
L’histologie hépatique montre une accumulation dans le chez l’enfant ou l’adolescent par une hépatomégalie et
La sous-unité δ n’est pas mentionnée car son dysfonctionnement n’est pas associé à une glycogénose.
par le gène PFKM, alors que dans les érythrocytes il existe néonatales avec hypotonie généralisée et insuffisance
5 isoenzymes (M4, L4 et des formes hybrides). respiratoire ont été décrits. Le diagnostic est établi par
En cas de déficit en enzyme musculaire, un déficit complet mesure de l’activité enzymatique dans le muscle.
est observé dans le muscle, mais environ 50 % d’activité
dans les érythrocytes. 5.4. Autres glycogénoses par défaut
d’utilisation du glycogène musculaire
5.2.2. Épidémiologie D’autres glycogénoses musculaires exceptionnelles se
C’est une maladie très rare, surtout identifiée chez les manifestant par une intolérance à l’effort ont été décrites :
patients d’origine japonaise ou juive ashkénaze. - le déficit en phosphoglucomutase (PGM) [23] ;
- le déficit en aldolase A, qui se présente avec une fai-
5.2.3. Présentation clinique blesse musculaire progressive, une anémie hémolytique
Le tableau clinique est comparable à celui de la maladie et un retard mental ;
de McArdle, mais il n’y pas de phénomène de « second - le déficit en phosphoglycérate kinase (PGK) transmis
souffle » et la myoglobinurie est une complication moins sur le mode récessif lié à l’X. Il existe une anémie hémo-
fréquente. Au cours de l’évolution de la maladie, la fai- lytique ; des patients avec atteinte du système nerveux
blesse musculaire peut devenir permanente. Il peut exis- central ont été décrits ;
ter une anémie hémolytique (augmentation de la biliru- - le déficit en phosphoglycérate mutase (PGAM) ;
bine libre et des réticulocytes) du fait de l’expression de - le déficit en β-énolase ;
l’isoenzyme musculaire dans les érythrocytes. Les CK - le déficit en lactate déshydrogénase (LDH).
sont habituellement élevées. Il n’y a pas d’augmenta- Ces glycogénoses peuvent être suspectées lorsque l’étude
tion de l’acide lactique au test d’effort de l’avant-bras. histologique de la biopsie musculaire est évocatrice de
Exceptionnellement, la maladie peut se manifester chez glycogénose, et après avoir éliminé les glycogénoses
le très jeune enfant par une hypotonie, une myopathie musculaires les plus fréquentes (types V, VII et VIII). Si un
progressive, une insuffisance respiratoire conduisant au dysfonctionnement de la glycogénolyse et de la glycolyse
décès dans l’enfance. (étude biochimique sur le muscle) est mis en évidence, on
recherchera le déficit en cause par la mesure de l’activité
5.2.4. Diagnostic biochimique enzymatique sur le muscle.
Le diagnostic est suspecté à l’analyse de la biopsie de Le déficit en glycogène synthase musculaire avec into-
muscle. Il existe à l’histologie une surcharge en glycogène lérance à l’exercice et cardiomyopathie a également été
de structure normale mais également une faible proportion décrit [24]. Le déficit en protéine kinase activée par l’AMP,
de glycogène de structure anormale de type polyglucosan dû à une anomalie de la sous-unité γ2 de la protéine kinase
semblable à celui observé dans la glycogénose type IV. activée par l’AMP (gène PRKAG2), peut se manifester par
La mise en évidence du déficit de l’activité phosphofruc- une cardiomyopathie hypertrophique [25].
tokinase dans le muscle permet d’établir formellement le
diagnostic, mais l’enzyme étant très labile, il faut s’assurer 5.5. Glycogénose de type II [26, 27, 28]
d’être dans des conditions de conservation parfaites. La
spectroscopie RMN du 31P est caractéristique (accumu- 5.5.1. Étiologie
lation de sucres phosphatés). La glycogénose de type II ou maladie de Pompe (du nom
du médecin néerlandais qui l’a décrite en 1932 chez le
5.2.5. Diagnostic génétique nourrisson) est aussi une maladie de surcharge lysosomal.
L’étude du gène PFKM permet de confirmer le diagnostic. Il s’agit d’un dysfonctionnement de l’α-1,4-glucosidase
Environ 17 mutations différentes ont été identifiées dans acide ou maltase acide, qui a pour rôle de dégrader le
le gène PFKM ; certaines sont plus fréquentes chez les glycogène apporté par autophagie présent dans le lyso-
juifs ashkénazes. some. Le déficit est ubiquitaire mais la surcharge n’est
exprimée que dans certains organes, muscles squelet-
5.2.6. Traitement tiques et cœur surtout, dans lesquels le glycogène non
Il est similaire à celui de la maladie de McArdle. Les patients dégradé s’accumule.
doivent éviter tout effort intense. L’apport de glucides
aggrave l’intolérance musculaire. 5.5.2. Épidémiologie
La fréquence de la glycogénose de type II est d’environ
5.3. Déficit en phosphorylase b kinase 1 cas sur 40 000 naissances, la forme sévère infantile
musculaire (type VIII) représentant environ 1/3 des cas. Chez l’adulte, c’est la
La phosphorylase b kinase (voir glycogénose type IX) est glycogénose à présentation musculaire la plus fréquente.
déficitaire dans le muscle uniquement. Ce déficit est lié à
un défaut du gène PHKA1, transmis sur le mode récessif 5.5.3. Présentation clinique
lié à l’X. Il n’a jamais été rapporté de mutations du gène En fonction de l’âge d’apparition des symptômes, sont
PHKG1. L’atteinte musculaire, généralement modérée, distingués classiquement :
se révèle à l’adolescence ou à l’âge adulte. Les patients - la forme infantile sévère (environ 1/3 des cas), qui se
présentent généralement une intolérance à l’exercice avec manifeste dès les premières semaines de vie par une
parfois myoglobinurie. Mais une augmentation isolée de CK très grande hypotonie (absence de tenue de tête) et une
peut être le seul symptôme [22]. De rares cas de formes cardiomyopathie hypertrophique sévère, conduisant au
6.2. Maladie de Lafora [38] invasif d’une biopsie. Pour les glycogénoses hépatiques, un
La maladie de Lafora, caractérisée par une épilepsie, des bilan biologique de base (glycémie, lactates à jeun et après
myoclonies et une démence, débute vers l’adolescence. repas, cholestérol, triglycérides, acide urique,..) confronté à
Des corps de Lafora (polyglucosan, cf. glycogénose de la clinique doit permettre une orientation vers un type précis.
type IV) sont retrouvés dans le cortex, la substance grise Pour les glycogénoses musculaires, la biopsie de muscle
ainsi que dans le muscle, le foie, la peau, la rétine… Le reste souvent la première étape du diagnostic, même pour
gène EPM2A code pour la laforine, qui joue un rôle dans les plus fréquentes. En revanche, la glycogénose de type II
le système de phosphorylation/déphosphorylation régulant lysosomale est généralement diagnostiquée par la mise en
le métabolisme du glycogène. évidence du déficit dans le sang. Ces maladies sont proba-
blement sous-diagnostiquées. L’avancée des connaissances
7. Conclusion et des moyens diagnostiques permet de mettre en évidence
de plus en plus de cas, parfois sévères, parfois bénins voire
Les glycogénoses sont des maladies rares dont le diagnostic asymptomatiques, rendant ainsi le diagnostic plus efficace,
peut parfois être réalisé par la mise en évidence du déficit ce qui est indispensable pour une meilleure prise en charge
enzymatique dans le sang. Mais le diagnostic se fait encore des patients. L’intérêt d’un diagnostic précoce afin de limiter
fréquemment par l’étude du tissu atteint (biopsie de foie ou l’atteinte des organes prend toute son importance dans la
de muscle). Le développement de la biologie moléculaire forme infantile sévère de la maladie de Pompe.
a permis d’apporter une aide précieuse, pour établir ou
confirmer le diagnostic. Elle permet ainsi d’éviter le geste Conflit d’intérêt : aucun.
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