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UNIVERSITE EVANGELIQUE EN AFRIQUE


CERCLE DE RECHERCHE DES ETUDIANTS
EN GESTION ET ECONOMIE
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Croissance économique et rente sur les ressources naturelles dans les pays sous-développés

Par Jean Budurham étudiant en L2 Economie de l’environnement

CROISSANCE ECONOMIQUE ET RENTE SUR LES RESSOURCES NATURELLES


DANS LES PAYS SOUS DEVELOPPES

De nos jours, il est admis que l’Etat en tant qu’agent économique est aussi rationnel. Le pays
qui exploite les ressources suivra une trajectoire d’extraction optimale c’est-à-dire suivant la
Règle de Hotelling. Selon son modèle : « le prix d’une ressource à l’optimum doit être
déterminé à partir du stock de ressources non exploité, c’est-à-dire du coût d’opportunité de
l’exploitation. Ainsi, plus la ressource est rare, plus son prix augmente et cela sans prendre en
compte le prix réel de l’exploitation »[ CITATION Hot31 \l 1036 ].

Ainsi, l’Etat vise à maximiser le bien-être de sa population. Il cherche aussi à léguer aux
générations futures un droit de jouissance de ses ressources en investissant une partie de la
rente issue des ressources dans d’autres formes de capitaux ; c’est-à-dire en respectant la
Règle d’Hartwick[ CITATION Har77 \l 1036 ]. Tout en envisageant une augmentation du niveau
de consommation dans l’avenir et pour les générations futures[ CITATION Kir06 \l 1036 ].

Dans les paragraphes qui suivent, nous serons en train de démontrer le comportement des
pays sous-développés en vue de comprendre les mécanismes de fonctionnement de leurs
économies.

Nous pouvons distinguer comme suit les composantes de la rente économique : la rente pure
(rente Ricardienne), le coût d’opportunité (la rente de rareté, ou rente de Hotelling) et le
paiement des royalties à l’État propriétaire. Tout en gardant à l’esprit que la rente économique
est le bénéfice réalisé après avoir payé les coûts d’extraction des ressources et un rendement
du capital investi. La rente de Ricardo est une rente différentielle entre les productivités de
deux mines. Quant à la rente de Hotelling, elle est une rente différentielle entre le prix de
vente et les coûts marginaux pour une mine. C’est alors que la rente de Hotelling ou de rareté
peut être utilisée pour mesurer la dépréciation (épuisement dans notre cas) du capital
naturel[ CITATION Can12 \l 1036 ].
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De façon mathématique ces différentes composantes de la rente (R) peuvent être lues dans la
partie droite de l’égalité ci-après :

R=R 0 +r (i ) +r ( t ) (1)

Où :

R0 représente la Rente Ricardienne

r ( i ) la rente de Hotelling

Et r ( t ) le Royalty

Considérons à présent que l’Etat exploite lui-même ses ressources naturelles et n’accorde pas
des droits d’exploitation aux entreprises privées. Dans ce cas les royalties qui sont considérés
comme des impôts payés par les exploitants privés à l’Etat concessionnaire n’auront plus de
raison d’être et ferons partie de la rente autonome ; car l’Etat les verse dans son propre
compte du trésor public. Ainsi (1) doit être réécrite de la façon ci-après :

R=R 0 +r (i ) ( 2 )

Dans la formulation Keynésienne de la demande globale, le revenu ou la production est égale


à la somme de demandes globales. Considérant une économie à trois secteurs (l’Etat, les
entreprises et les ménages) :

Y =C + I + G(3)

Où Y représente le revenu ; C la fonction de consommation et G les dépenses publiques de


l’Etat. Dans la mesure où le pays est dépendant de ses ressources naturelles, les dépenses
publiques sont en un premier temps couvertes par la rente sur les ressources naturelles et

G=R (4)

D’où

Y =C + I + R(5)

La fonction d’investissement I peut être écrite de la façon ci-après :

I =I 0−i [ r ( i ) ] (6)

La variation du taux d’intérêt aura dans ce cas deux effets adverses. En effet, dans cas d’une
augmentation du taux d’intérêt, la préférence pour le présent du gouvernement en place à
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détenir le flux de revenu rente issu de l’extraction augmente et accélère de ce fait l’extraction
de la ressource tout en augmentant le niveau de revenu dans l’économie. Cependant,
l’augmentation du taux d’intérêt décourage les investissements et se traduira par la baisse du
revenu. Les deux effets se compensent de façon à réduire l’effet du taux d’intérêt sur la
décision d’investissement dans l’économie.

Nous ne pouvons pas nous donner le plaisir de penser un Etat sans impôt et où les citoyens ne
payent pas l’impôt sur la consommation. L’impôt récolté par l’Etat est autonome c’est-à-dire
qu’on n’applique pas un taux d’imposition sur le revenu. Toute fois l’Etat s’engage à
recouvrer la rente autonome ou Ricardienne qu’elle dépense pour couvrir ses dépenses au
préalable. On aura donc une fonction de consommation pareille :

C=C 0+ c ( Y −R0 ) ( 7 )

En remplaçant (2), (6) et (7) par leurs valeurs dans (5) on aura ce qui suit :

Y =C 0 +c ( Y )−c ( R0 ) + I 0−i [ r ( i ) ] + R0 +r ( i )( 8 )

En réarrangeant (7) on a :

Y −c ( Y ) =C0 + I 0 + R0−c ( R0 ) + r ( i )−i [ r ( i ) ] ( 9 )

Y ( 1−c )=C 0 + I 0+ R 0 ( 1−c )+ r (i ) ( 1−i )( 10 )

Ainsi on trouve :

C 0+ I 0 ( 1−c ) (1−i)
Y= + R0 +r ( i ) ( 11 )
1−c 1−c 1−c

Selon la règle de Hotelling, après chaque période (année) d’exploitation, la rente sur les
ressources augmente par suite de la rareté croissante de la ressource. Nous supposons à
présent que l’Etat investisse cette rente pour couvrir l’augmentation de la consommation
future et non pas au regard du taux d’intérêt en vigueur dans l’économie. Ainsi nous aurons
une égalité telle que ( 1−i )= (1−c ) . Et l’équation (11) peut être réécrite de la sorte :

C 0+ I 0
Y= + R0 +r ( i )( 12 )
1−c

Ce dernier résultat expliquerait le comportement des pays dépendants des ressources


naturelles (tel les pays en voie de développement). En effet, les pays sous développer dont les
économies reposent en grande partie à l’exportation des matières premières ont souvent
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tendance à développer leurs exploitations minières pour en faire des moteurs de la croissance
économique. C’est ainsi que ces pays observent des taux de croissance économique souvent à
peu près égales à l’augmentation de la rente tirées des ressources, comme pour le théorème de
Haavelmo selon lequel pour un budget équilibré, toute augmentation de la dépense publique
ou de toute autre composante autonome de la demande globale, entraine une augmentation
proportionnelle du niveau de revenu [ CITATION Haa45 \l 1036 ].

Ces pays sont le plus souvent caractérisés par l’instabilité économique et trop vulnérables aux
chocs externes suite à l’instabilité du cours des matières premières. Ils connaissent des guerres
à répétition pour des raisons de faible contrôle des ressources et des exploitations illicites et
artisanales favorisant ainsi des évasions fiscales ; qui à leur tour conduisent au déséquilibre du
budget de l’Etat. Et ces économies se trouvent donc dominées par le secteur informel qui
s’avère créateur d’emploi pour les jeunes cherchant à contourner le chômage.

En conclusion, nous avons démontré dans peu de lignes le comportement caractérisant les
économies des pays sous-développés riches et dépendantes des ressources naturelles. Ce
comportement se résume en la recherche de la rente des ressources naturelles pour assurer la
croissance de leurs économies. Ainsi ces Etats se retrouvent dans la situation où leurs
économies ne croissent qu’au rythme de la rente sur les ressources naturelles et deviennent
vulnérables aux instabilités des cours des matières premières sur le marché international et
aux chocs externes.
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Cas de la RDC de 1994-2017

Source : de l’auteur sur base des données de la banque mondiale (WDI).

Références
1. Cantuarias-Villessuzanne, C. (2012). La mesure économique de la dépréciation du
capital minier au Pérou. Thèse de doctorat, Université Montesquieu - Bordeaux IV,
Etudes de l’environnement.

2. Haavelmo, T. (1945). Multiplier effects of a balanced budget. Econometrica, 12(4),


311-318.

3. Hamilton, K., Ruta, G., & Tajibaeva, L. (2006). Capital Accumulation and Resource
Depletion : A Hartwick Rule Counterfactual. Environmental and Resource Economics,
517-533.

4. Hartwick, J. M. (1977, Decembre). Intergenerational Equity and the Investing of Rents


from Exhaustible Resources. The American Economic Review, 67(5), 972-974.
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5. Hotelling, H. (1931). The economics of exhaustible resources. Journal of political


economy, 39(2), 137-175.

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