Vous êtes sur la page 1sur 18

Clause compromissoire

PLAN
1. Définition:

2. Désignation des arbitres à l’avance:

3. Procédure en cas de refus de désignation:

4. Les effets de la clause compromissoire

5. La vigilance lors de la rédaction d’une clause


compromissoire
Définition
Le législateur marocain n’a pas donné de définition légale à la
clause compromissoire.

Selon la doctrine marocaine: « C’est la convention par laquelle les


parties stipulent à l’avance, dans un contrat, qu’un litige éventuel
et futur sera soumis à l’arbitrage ». (Jean Paul Razon)

En effet, la clause compromissoire est un acte juridique dont


l’objet et de soustraire le litige, qui peut être né, aux juridictions
de droit commun pour en confier le règlement à un ou plusieurs
arbitres investis par les parties de la mission de les juger.
Définition
Selon l’article 1442 CPC français, la clause compromissoire est:
« La convention par laquelle les parties à un contrat s’engagent à
Soumettre à l’arbitrage les litiges qui pourraient naître relativement à
ce contrat ».

Comparaison: (entre le droit marocain et le droit français)


Si la clause compromissoire est admise au droit marocain quelle que
soit la nature du litige, en France par contre, la clause n’est pas
admise en matière civile.

C’est dans ce sens que l’article 2061 du Code civil français stipule
que:
Définition
« Sous réserve des dispositions législatives particulières, la clause
compromissoire est valable dans les contrats conclus à raison d’une
activité professionnelle ». (la loi du 15 mai 2001)

La nouvelle formulation de l’article n’a fait qu’élargir le domaine


d’application de la clause compromissoire aux activités professionnelles.
Désignations des arbitres à l’avance
L’article 309 du CPC donne la possibilité aux parties de désigner à
l’avance le ou les arbitres appelés à trancher le litige qui pourrait naître
mais à charge par elles de respecter deux conditions:

La première: Le contrat doit être un acte de commerce (ici la qualité des


intervenants n’est pas le critère)

La deuxième: La clause compromissoire doit être écrite à la main et


spécialement approuvée par les parties à peine de nullité.

Sur ce dernier point, il est à souligner que l’exigence du caractère


manuscrit de la clause compromissoire qui désigne à l’avance les arbitres
n’est plus requise après la ratification par le Maroc de la convention
Désignations des arbitres à l’avance
de New York du 10 juin 1958 sur la reconnaissance et l’exécution
des sentences arbitrales étrangères.

Dans ce sens, la jurisprudence est unanime à considérer que c’est la


convention de New York et non l’article 309 qui doit recevoir
application.
Procédure en cas de refus de
désignation
L’article 309 alinéa 3 du CPC dispose que si une partie refuse de
procéder à la désignation d’arbitres, celle-ci se fera par ordonnance du
président de la juridiction qui sera amené par la suite à rendre
exécutoire la sentence arbitrale, lequel sera saisi sur requête de la
partie adverse.

1- Le refus:
Il peut être explicite ou implicite (résulte de l’attitude d’une partie qui
par exemple reçu une mise en demeure aux fins de procéder à ladite
désignation et qui n’y a pas fait suite)

2- Compétence territoriale pour désigner les arbitres:


C’est le président du tribunal dans le ressort duquel la sentence va être
rendue.
Procédure en cas de refus de
désignation
Or, dans certain cas, le siège de l’arbitrage n’est pas encore connu et on
ne pourra donc ni déterminer la juridiction dans le ressort de laquelle va
être prononcée la sentence arbitrale ni la juridiction compétente pour
désigner le ou les arbitres en cas de refus.

Selon la jurisprudence, si le siège de l’arbitrage n’est pas encore connu,


la compétence revient au président du tribunal dans le ressort duquel
réside le défendeur (rejoignant ainsi la législation française dans
l’article 1457 du CPC français).(Ordonnance rendue par le président du tribunal de
première instance de Aïn Sebaa Hay Mohammadi de Casablanca le 28 décembre 1993)

3- Possibilité de recours si l’ordonnance refuse la désignation:


L’article 309 a expressément interdit que l’ordonnance désignant le ou
les arbitres fasse l’objet d’un quelconque recours.
Procédure en cas de refus de
désignation
En ce qui concerne l’ordonnance refusant cette désignation et au sujet
de laquelle ledit article est resté muet, rien ne semble interdire de
relever appel de cette ordonnance, et ce conformément aux dispositions
de l’article 134 du CPC qui stipule que L’appel est de droit dans tous
les cas qui ne sont pas formellement exceptés par la loi.

L’article 1457 du CPC français stipule quant à lui et d’une manière


expresse que l’ordonnance de refus de désignation d’arbitres peut être
frappée d’appel.
Les effets de la clause
compromissoire
Il est important de signaler que les effets que peuvent produire la clause
compromissoire est étroitement liés à la manière dont cette clause a été
rédigée.

Des clauses ambiguës ou une définition étroite des pouvoirs des arbitres
auraient notamment pour conséquence de limiter les effets de la clause
compromissoire.

Il convient d’abord d’illustrer ce cas de maladresse de rédaction de


nature à limiter la portée de la clause compromissoire par un arrêt de la
cour d’appel de Casablanca du 2 avril 1999 et dont voici la teneur:
Les effets de la clause
compromissoire
« Attendu que les arbitres tiennent leurs pouvoirs de la volonté communes des
parties exprimée dans la clause compromissoire et qu’ils ne peuvent transgresser les
limites fixées par cette clause;

Que leur compétence est ainsi limitée à un litige précis que les parties ont entendu
soumettre à la procédure d’arbitrage;

Qu’en l’espèce, la clause compromissoire insérée dans le contrat de vente stipule que
tout litige ayant trait à l’interprétation et à l’exécution des contrats conclus entre les
parties doit être réglé par voie d’arbitrage conformément aux dispositions de l’article
307 du code de procédure civile.

Qu’il s’ensuit qu’en vertu de cette clause, les pouvoirs des arbitres sont confinés
dans l’interprétation et l’exécution des conventions et ils ne peuvent sous aucun
prétexte trancher d’autres points telles que la nullité, l’annulation ou la résolution
des contrats sous peine de violation des dispositions contenues dans la clause
Les effets de la clause
compromissoire
Qu’il ressort de la sentence arbitrale que les arbitres ont tranchés les litiges relatifs à la
résolution des contrats qui lient les parties et les sommes dues à l’intimée à raison de
cette résolution;

Que les arbitres ont donc dépassé les limites des pouvoirs à eux conférés;

Qu’en conséquence de quoi, la demande d’exequatur n’apparaît pas justifiée et il y a


lieu de la rejeter et d’infirmer l’ordonnance entreprise. »
Les effets de la clause
compromissoire
Il convient ensuite d’étudier le cas où l’une des parties décide de
saisir les juridictions étatiques et ceci malgré la présence d’une clause
compromissoire:

La réponse paraît claire en ce sens que si la partie adverse se prévaut


de l’existence d’une clause compromissoire, le tribunal ne pourra
connaître du litige qui lui est soumis.

Cependant, c’est la nature de cette exception qui suscite quelques


interrogations; s’agit il d’une exception d’incompétence ou d’une fin
de non recevoir.
Les effets de la clause
compromissoire
La jurisprudence est unanime à considérer que l’existence d’une clause
compromissoire constitue une fin de non recevoir, ainsi qu’il résulte de
l’arrêt de la Cour d’appel de Casablanca en date du 24 novembre 1987
et dont voici la teneur:

« Attendu que la partie qui doit prendre l’initiative pour désigner l’arbitre se trouve
être le bailleur, ce dernier qui n’a pas procédé à cette désignation;

Que ce bailleur a en outre saisi le tribunal malgré la présence d’une clause


compromissoire;

D’où il suit que la demande est irrecevable, qu’il y a lui d’infirmer le jugement
entrepris et statuant à nouveau de déclarer la demande irrecevable conformément à la
jurisprudence constante de cette Cour … »
Les effets de la clause
compromissoire
Il convient enfin de signaler que la partie qui entend se prévaloir de
l’existence d’une clause compromissoire est tenue de l’invoquer
in limine litis car elle ne revêt pas un caractère d’ordre public et les
tribunaux ne peuvent la soulever d’office, ainsi qu’il résulte d’un arrêt de
la Cour d’appel de Rabat en date du 27 avril 1940 et dont voici la teneur:

« Attendu que les parties peuvent abandonner le bénéfice d’une clause compromissoire
et faire juger leurs différends par les tribunaux;

Qu’en l’espèce la SMD y a renoncé expressément en assignant Parrain devant le


tribunal de Casablanca; que le défendeur y a renoncé tacitement en ne soulevant pas
« in limine litis » l’exception d’irrecevabilité;
Les effets de la clause
compromissoire
Qu’en effet, il l’a invoquée pour la première fois dans son mémoire du 8 mars 1939
alors que ses conclusions du 28 novembre 1938 comportaient sans réserve une
discussion au fond;

Qu’il est donc mal venu à décliner actuellement la compétence des tribunaux. »
La vigilance lors de la rédaction d’une
clause compromissoire
1- Définir les litiges que l’on entend soumettre à l’arbitrage:

La meilleure solution consiste à viser « tous les litiges nés à l’occasion du présent
contrat » ou « tous différends qui peut découlant du présent contrat en relation avec
celui-ci », plutôt que de tenter d’énumérer les types de contestations susceptibles de
survenir.

2- Prévoir les modalités de constitution du tribunal arbitral:


Un arbitrage institutionnel (organisé par un centre d’arbitrage) est préféré à un
arbitrage ad hoc.
En effet, l’une des principales missions de ces centres d’arbitrage est de pourvoir à la
désignation des arbitres.
Lorsque la clause compromissoire lie trois parties ou plus, la solution la plus simple
consiste à prévoir que tous les membres du tribunal arbitral soient désignés par une
autorité extérieure. (par exemple: le président du tribunal de commerce)
La vigilance lors de la rédaction d’une
clause compromissoire
3- Fixer le siège de l’arbitrage:

En fixant le siège de l’arbitrage dans telle ville ou tel pays que les parties choisissent
surtout l’environnement juridique de l’arbitrage. C’est, en effet, selon le droit en
vigueur au siège de l’arbitrage et auprès des tribunaux de ce siège que les parties
pourront chercher l’assistance du juge pour la mise en place du tribunal arbitral et le
bon déroulement de la procédure.

4- Veiller aux recours ouverts contre la sentence:

Selon le droits des pays la sentence arbitrale peut faire l’objet de recours auprès des
tribunaux étatiques.
Il est préférable, si la loi applicable le permet, de renoncer à ce droit d’appel.

Vous aimerez peut-être aussi