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Département des Sciences Economiques et Gestion

Licence professionnelle

Management Bancaire et finance participative

Projet de fin d’étude

Thème :

L’IMPACT DE LA FINANCE ISLAMIQUE SUR LES


PME

REALISE PAR : ENCADRE PAR :


Mohamed Réda Tiyali Mme.Magdoud
Ayoub Driouiche

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2019-2020


Remerciements
Au terme de ce travail, nous tenons à remercier très sincèrement tous ceux qui nous ont
soutenus tout au long de la préparation de notre projet de fin d’étude .

Nous tenons avant tout à exprimer notre profonde gratitude et nos chaleureux
remerciements au professeur Mme Magdoud Amina, pour l’aide et le temps qu’elle a bien
voulu nous consacrer et sans qui ce mémoire n’aurait jamais vu le jour.

Nous remercions infiniment toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la
réalisation de ce mémoire.

Nos dernières pensées iront vers nos proches, nos familles spécialement nos parents à qui
aucun remerciement ne saurait traduire la profondeur des sentiments d’affection,
d’estime et de respect que nous vous portons. Que Dieu, le tout puissant, vous préserve
et vous procure santé et longue vie.

MOHAMED REDA TIYALI

AYOUB DRIOUICH

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Plan du PFE
− Dédicace
− Remerciements
− Introduction générale

Chapitre 1 : Historique et concept de la finance Islamique

➢ Section 1 : Histoire et évolution de la finance Islamique


➢ Section 2 : Les principes de base de la finance Islamique et le débat sur le taux
d’intérêt
➢ Section 3 : Les produits de la finance Islamique
A. Les produits de financement
B. Les produits participatifs
C. Les produits non bancaires

Chapitre 2 : Le cadre réglementaire de la finance islamique

➢ Section 1 : Le droit musulman « Sharia »


➢ Section 2 : Le cadre juridique de la finance Islamique au Maroc
• La loi bancaire
• La loi de titrisation
➢ Section 3 : Mode de fonctionnement à relation banques Islamiques banque centrale

Chapitre 3 : Les PME et la finance islamique au Maroc :

➢ Section 1 : Les caractéristiques générales des PME


➢ Section 2 : L’importance des PME dans développement économique et sociale du
Maroc

Chapitre 4 : Présentation des instruments de financement islamique susceptibles


d’intéresser les PME

➢ Section 1 : Conditions générales du financement Islamique


➢ Section 2 : Les instruments du financement par participation
➢ Section 3 : Les avantages et les inconvénients du financement Islamique pour PME

Chapitre 5 : le feedback des PME face au lancement des produits de financement


islamique :

− Conclusion générale
− Webographie

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Introduction:
Aujourd’hui, le monde musulman est traversé par un mouvement qui manifeste un désir
profond des sociétés musulmanes de se conformer aux valeurs fondamentales de l’Islam.
Dans le domaine de l’économie, la conception et la mise en œuvre d'un système bancaire et
financier débarrassé du Riba prohibé, sont au cœur des efforts déployés en vue de rendre le
fonctionnement du système économique, dans son ensemble, guidé par les principes de
l'islam.

Ces dernières années, le monde s’est intéressé de plus en plus par la finance islamique qui a
montré une forte solidité, face aux crises. C'est d'où les analystes financiers ont constaté
que seul le système financier éthique pouvait résister aux problèmes économiques actuels.

Alors, en s'inspirant des systèmes financiers islamiques des pays leaders dans ce domaine,
le Maroc s'apprête dans un avenir proche, à enrichir son système de financement et
d'assurance. Ainsi, le gouvernement marocain espère que loi sur la finance islamique
permettra un plein essor de ce secteur.

Donc la tendance serait de lancer un nouveau système tout en sauvegardant l'équilibre du


système financier marocain et en consolidant sa place de leader aussi bien sur le plan arabe
qu'africain. En outre, Le Maroc s’est toujours intéressé aux petites et moyennes entreprises,
qui représentent un élément indispensable pour la croissance économique du pays qui
constitue un indice de son développement.

Malgré les efforts déployés pour le développement de ce type d’entreprises et les aides
financières octroyées aux entrepreneurs pour les encourager à entreprendre, ces derniers
ont toujours des difficultés en matière du financement, soit au démarrage soit au cours de
l’activité. Car les aides ne sont pas accessibles à tous les entrepreneurs.

A son tour, le système financier classique propose de plus en plus des offres de financement
aux entreprises. Pourtant, cela reste insuffisant et ne répond pas aux différents besoins des
entrepreneurs. En raison des facteurs précités, le Maroc a emboîté le pas d’un grand
nombre de pays en décidant de mettre en place un système financier islamique et en
espérant qu’il contribuera à la croissance du pays sur les différents plans économiques et
sociaux.

Dans le cadre de ce mémoire, nous allons aborder la problématique du financement des


PME au Maroc via le financement islamique, afin de savoir si les entrepreneurs marocains
sont intéressés par le financement islamique pour financer leurs investissements. Et si la
finance islamique propose aux entrepreneurs des produits adéquats à leurs besoins.

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Chapitre 1 : Historique et concept de la finance Islamique
➢ Section 1 : Histoire et évolution de la finance Islamique

Au cours des années 1900, le monde a vécu la seconde guerre mondiale, qui était le début
de l'indépendance des pays musulmans et de l'émergence de la finance islamique. La fin du
colonialisme et l'expression de la religiosité ont largement contribué à ce phénomène.

Les principes théoriques de la finance islamique ont été formulés en grande partie par le
théologien pakistanais Sayyid Abul Ala Maududi en 1940. Ce dernier a contribué à
l'islamisation progressive du système bancaire pakistanais. Ce qui permettait au Pakistan en
1979 d’être le premier pays d’avoir un système financier islamique.

Après le Pakistan, L'Iran emboita le pas et profita de sa révolution islamique pour islamiser
une fois pour toute, toutes les banques présentes sur son territoire.

Mais la création de la première institution de la finance islamique remonte aux années 60,
exactement en 1963, en Egypt. Ahmed AL-Najjar a pu fonder « MitGhamr Saving Bank »
dans la bourgade agricole de MitGhamr située dans le delta du Nil. Cette institution était
agricole du nord de l’Egypt. L’objectif de leur fondateur était d’assurer l’intermédiation de
ressources financières entre épargnants et petits investisseurs locaux, mais cette
expérience a duré seulement 4 ans.

En 1963, connut l’émergence d’une autre institution financière dans un autre pays, plus
précisément en Malaisie. « Priligrims Administration and Fund» était financée par les
autorités publiques Malaisiennes, et mise en place pour investir les ressources collectées
auprès d’un grand nombre de petits épargnants dans des grands projets industriels,
agricoles ou de constructions.

A partir les années 1970 et dans l’envol des prix du pétrole et d’embargo-pétrolier arabe,
les pays musulmans ont commencé à développer leur collaboration, et grâce à
l’organisation de la conférence islamique à Lahore au Pakistan, on a décidé de créer la
banque islamique du développement en 1973, à Djeddah en Arabe Saoudite et en mettant
en place un système d'entraide fondé sur des principes islamiques.

La banque islamique de développement (BID) est une organisation multilatérale


comprenant 56 pays membres, à pour objectif d'aider au développement des pays en voie
de développement (PVD) et des pays moins avancés (PMA), avec des techniques de
financement islamique, qu’il s'agisse de financer le commerce extérieur, de lutter contre la
pauvreté, de financer certaines infrastructures (routes…) et certains projets sociaux comme

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la construction des écoles ou des centres de santé. Lors de sa création, la banque islamique
de développement disposait d'un capital de plus de 2.270 millions dollars.

En 1975, la première banque commerciale islamique au monde arabe, Dubaï Islamic Bank,
a ouvert ses portes. Par suite, d’autres banques islamiques en différents pays tel que
Finance House et la Bahreïn Islamic Bank, ont vu le jour. Dans les premières années, les
produits proposés restaient basiques et finalement assez proches des produits bancaires
classiques. Mais depuis peu, la finance islamique a commencé à connaitre un fort
développement dans de nouveaux produits et services.

La création des banques islamiques dans les pays du golf, va ainsi s'accélérer avec
l'apparition des banques comme la Faysal Islamique Bank (FIB) au Caire en Egypte, la Faysal
Islamique Bank au Khartoum et la Jordan Islamic Bank of Finance and Investment. A ce
nombre important de banques, il faut ajouter la création de la puissante société holding
d'investissement nommée «Dar Al Maal Al Islami» (DMI) par le prince saoudien Mohamad
Al Faysal Al Saoud, dont le siège se trouve à Genève en Suisse et qui est un peu présent
partout dans le monde.

Ces dernières années, les institutions financières islamiques (banque, assurances, et même
des bourses de valeurs mobilières,…) se sont multipliées dans les pays majoritairement
musulmans, au Bangladesh, au Brunei, aux Emirats arabes unis, en Jordanie, en Malaisie, au
Sénégal, au Soudan et même la Turquie où l' attachement à la laïcité.

A partir des années 80, Les opérateurs se sont diversifiés sur le plan géographique, au
début en Asie du sud et puis en Afrique du nord.

Au cours des années 90, la croissance des actifs islamiques, largement alimentée par
l’explosion de la rente pétrolière s’est accélérée. Cette fois, l’accent est mis sur la recherche
de solutions concrètes permettant à la fois le respect des normes coraniques, la
rémunération des capitaux investis et de l’expertise de la banque. Ces années sont
également marquées par une extension de la banque de détail islamique et par un début,
même timide, de désintermédiation dans la finance islamique. Les règles de
fonctionnement des institutions financières islamiques deviennent plus raffinées et les
premières tentatives d’homogénéisation de ces normes, certes encore à l’échelle locale ou
régionale, ont lieu. Ainsi, en 1991, fut créée l’Accounting and Auditing Organization for
Islamic Finance Institution (AAOIFI). L’AAOIFI est une organisation à but non lucratif créée
pour promouvoir les principes de la sharia auprès des institutions financières islamiques et
des autres acteurs du secteur.

Les institutions financières islamiques ont aussi fait apparition dans les pays non
musulmans, où vit une minorité musulmane relativement importante et en expansion : au
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Danemark, aux Etats-Unis, particulièrement dans la région de détroit et en Californie, en
Grande-Bretagne, aux Philippines et aussi au Canada. Certaines des institutions financières
islamiques ont en outre choisi d’installer leur siège ou d’effectuer une partie de leurs
opérations dans des places financières internationales connues pour leur respect du secret
bancaire et leurs avantages fiscaux, comme les anglo-normandes, le Luxembourg et la
Suisse.

A la fin des années 90, l’université de Harvard, de son coté, a considéré le phénomène de la
finance islamique comme étant suffisamment important pour créer son « Islamic Finance
Information Program », qui permet la mise à la disposition de ses membres, d’une base de
données sur plus de 60000 transactions qui furent effectuées selon les règles de la finance
islamique.

Vers les années 2000, les autorités ont cherché à faciliter le développement de la finance
islamique au Royaume-Uni. Ainsi les premières demandes d’agrément de banques
islamiques se sont vues déposées et se sont créés plusieurs enseignes dédiées aux produits
islamiques, dont the Islamic Bank of Britten et l’Européen Islamic Investement Bank.

S’inspirant des modèles précurseurs de la banque Amanah aux Philippines et de la Citibank


au Bahreïn. Des banques occidentales n’ont pas hésité à ouvrir dans le monde musulman
des succursales où coexistent deux guichets de dépôt et d’emprunt : l’un conventionnel et
l’autre islamique.

En tant que signe de respectabilité, la finance islamique a ses propres revues scientifiques :
depuis plusieurs années, le journal of Islamic Banking and Finance (depuis 1999),
L’international journal of Islamic Financial Services, dont le contenu est disponible sur la
toile.

Au début des années 2000, plusieurs agents ont eu une incidence prépondérante sur le
développement de cette finance bien particulière. Parmi les incidences on trouve : la
variation de la somme allouée aux capitaux investis à l’étranger par les pays exportateurs de
pétrole suite aux attentats du 11 septembre 2001 et à la politique étrangère américaine qui
en découle. Par la suite, les investisseurs du Moyen-Orient ont rapatrié une grande partie
des capitaux investis au Etats-Unis, afin de les redistribuer en Europe et dans les pays
émergents. D'autre coté, les investissements directs et les investissements en bourse
représentaient prés de la moitié de l’excédent du compte courant des pays producteurs de
pétrole.

Depuis 2003, le nombre de fonds islamiques dans le monde a explosé, passant d’environ
200 en 2003 à presque 700 en 2009. On assistait à l’ouverture de nouvelles banques
islamiques comme Al Anma Bank d’Arabie Saoudite créée en 2006, doté d’un capital de
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presque trois milliard de dollars et la Noor Islamic Bank de Dubaï créé en janvier 2008 et
pourvue d’un capital de un milliard de dollars. Le taux de croissance des banques islamiques
– de plus de 15% par an – est trois fois supérieur à celui des banques conventionnelles.
Cette expansion est alimentée par la conjonction de plusieurs facteurs, dont les placements
financiers des monarchies pétrolières dans les pays développés, le développement des
communautés musulmanes dans les pays occidentaux, la progression du microcrédit dans
les pays en développement, et aussi, la réaction contre le capitalisme financier international
et la résurgence du fondamentalisme musulman.

Parler de la finance islamique au Maroc remonte à 1969. Le Maroc a été l’un des pays
fondateurs de l’Organisation de la Coopérative Islamique (OCI) : l’assemblée constitutive de
cette organisation intergouvernementale a eu lieu à Rabat (le 2 septembre 1969) sous la
présidence de feu Hassan 2. Lequel a été le premier chef d’Etat musulman à lancer l’idée
d’une rencontre au sommet des chefs d’Etats des pays islamiques.

Depuis le début des années 1980, plusieurs institutions financières islamiques approchent
les autorités monétaires marocaines dans la perspective d’une implantation au Royaume.
On se rappelle d’une tentative de création d’une banque islamique locale, initiée en 1985,
par Attijari Wafa Bank

. Ce n’est qu’en septembre 2007, que Bank-AL Maghreb a publié la première directive
(directive n° RN33/G/2007) relative aux produits islamiques officiellement nommés «
alternatifs ». En effet, trois nouveaux produits bancaires se sont autorisés à être
commercialiser par les banques marocaines, ces produits sont parmi les produits plus
répondus de la finance islamique, il s’agit de Murabaha pour le financement du commerce,
Mucharaka et Ijara pour les entreprises, ces produits que nous aurons l’occasion de les
expliquer dans les développements qui suivent. Différemment, la démarche adoptée par
BankAL Maghreb est la commercialisation de ces produits par les banques déjà agrées, donc
il n’y a pas un besoin de créer des banques spécialisées (islamiques).Le 16 Janvier 2014, le
gouvernement marocain vient de faire un pas important dans le développement de la
finance islamique. Il a adopté un projet de loi relatif aux établissements de crédits, ce projet
de loi définit le statut des banques participatives, les produits, les organes de contrôle et un
fond de garantie. Suite à l’adoption de ce projet de loi et à la modification de la loi bancaire
marocaine, les premières banques participatives devraient voir le jour au second semestre
de l’année en cours.

En novembre 2014, les députés adoptaient la loi autorisant la création de banques


islamiques (les Marocains ont préféré le terme de « participatives ») et l’émission par les
entreprises privées d’obligations conformes à la charia.

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En janvier 2017, Bank Al-Maghrib (BAM) accordait son agrément à cinq établissements.
Après un démarrage en demi-teinte au cours du second semestre de 2017, ces derniers
voient leurs activités décoller.

➢ Section 2 : Les principes de base de la finance Islamique et le débat sur le taux


d’intérêt

Avant de commencer notre étude qui porte sur les IFI, dans la première partie nous
commencerons par voir les différentes positions (classique et musulmane) et réflexion sur
l’intérêt qui est le point de départ des divergences entre la finance classique et islamique.

A. Le concept traditionnel du taux d’intérêt

De nos jours, le prêt à intérêt est une pratique très courante à tel point que le taux d’intérêt
se trouve être l’un des principaux piliers de la politique monétaire des Etats laïques à
travers la politique d’open market des banques centrales. D’ailleurs la presque totalité des
Etat islamiques continuent de recourir aux prêts à intérêt à travers les opérations
financières internationales dans le cadre d’opérations de compensation entre banques
centrales, les crédits accordés par le FMI, la banque mondiale ou par d’autres Etats. Aussi il
faut souligner que dans les Etats laïques la distinction est nettement faite entre l’usure et
l’intérêt. La réglementation de l’usure dans les pays de l’UEMOA après plusieurs reformes
fixa le taux usuraire au double du taux d’escompte de la BCEAO. En 1997 le conseil des
ministres de l'UEMOA modifia la loi uniforme portant réglementation de l'usure adoptée en
1993 libéralisant ainsi la fixation du taux d’intérêt et fixant le taux de l’usure sans aucun
taux de référence sur le marché monétaire. Cette réforme a fixé le 3 juillet 1997 le taux de
l’usure à 18% pour les banques et à 27 % pour tous les autres acteurs de la vie économique
(dont les établissements financiers, les coopératives d'épargne et de crédit, les particuliers).
Concernant l’usure, la loi uniforme prévoit des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à cinq
ans d’emprisonnement et une amende de 15.000.000 de francs CFA, cependant chaque Etat
membre peut décider de la sanction selon sa propre législation, c’est le cas du Burkina Faso
qui prévoyait une sanction de six mois d'emprisonnement et 150.000 francs CFA d'amende.
Tout cela pour montrer à quel point le taux d’intérêt est aujourd’hui indispensable et
combien il est difficile de s’en passer.

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B. La vision islamique du taux d’intérêt

Après avoir faire une revue succincte de la pensée conventionnelle de l’intérêt et de son
usage dans les opérations financières, nous allons aussi voir le point de vue de l’Islam dont
les lois fixent les conditions de fonctionnement des institutions financières islamiques.

1) La définition du Riba (l’usure)


La finance islamique a pour fondement principal la prohibition de l’intérêt considéré comme
l’usure communément dénoncé sous le nom de Riba. La force et la vigueur avec lesquelles
la Sharia'a interdit le Riba attirent l’attention sur la nature et le sens de ce mot

Le Riba est un mot qui a plusieurs significations. Le terme Riba ne signifie pas seulement
l’usure au sens de la définition occidentale mais aussi l’accroissement de toute chose par la
simple application d’un taux d’intérêt. Littéralement, le mot Riba en arabe veut dire un
accroissement, et en tant que racine, cela renvoie au processus d’accroissement (7). Les
spécialistes de la Sharia'a donnent trois sens à la signification du mot Riba. Le premier sens
indique toute addition en nature ou en numéraire au principal d’un prêt. L’allusion ici à
l’usage du taux d’intérêt ne fait aucun doute, c’est ce genre de Riba qui est formellement
interdit dans le Coran. Et l’expression arabe désignant ce Riba est "Riba al-qard"(8) ou "Riba
al nasa"(9), il est au fait lié à l’écoulement du temps. L’Islam considère qu’une récompense
ne peut être attribuée sur l’idée de l’écoulement du temps qui n’appartient qu’Allah. Les
deux autres sens du Riba sont liés aux activités commerciales et sont connus sous le nom de
"Riba al bouyou" (Riba associé aux ventes) (10) ou "Riba al fadhl"(11) . Ces termes font
allusion à tout surplus de profit qu’un marchant peut tirer d’un échange commercial avec
autrui. En somme, le Riba est défini comme toute chose grande ou petite stipulée dans un
contrat de prêt et faisant l’objet de paiement en plus du principal.

2) L’interdiction du Riba par l’Islam


Pour comprendre les raisons de l’interdiction du Riba, il faut remonter à l’ère préislamique
dans l’Arabie de l’époque. L’activité économique principale des arabes étant jadis le
commerce, faisait de la Mecque la plaque tournante des affaires. A cette époque la seule
règle des affaires était la réalisation de profit et toujours plus de profit. Ce qui conduisait les
habitants de la Mecque surtout les Qoraichs, les Tuquaifs et les Juifs à pratiquer des
activités usuraires. L’une de ces pratiques consistait à doubler le montant d’un prêt si le
débiteur n’arrivait pas à payer sa dette à l’échéance. Cette pratique porte le nom de "Riba
Al-jahiliya" ou Riba de la période de l’ignorance c’est-à-dire la période préislamique. Des
personnes se trouvaient ainsi par le mécanisme du doublement de la dette dans une

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situation de totale insolvabilité vis-à-vis de leurs créanciers, ce qui avait des conséquences
sur le plan social. C’est la raison pour laquelle plusieurs versets coraniques formulent
simplement et purement la condamnation du Riba sous toutes ses formes.

Le verset 130 de la sourate 3 (chapitre 3 : la famille d’Imran) déconseille fortement la


pratique de l’usure :

130 Ô les croyants ! Ne pratiquez pas l’usure en multipliant démesurément votre capital.
Et craignez Allah afin que vous réussissiez !

Les versets 278 et 279 de la Sourate 2 (chapitre 2 : la vache) mettent en garde toutes les
personne ayant recours à l’usure, contre la colère d’Allah :

278 Ô les croyants, craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous
êtes croyants.

279 Et si vous ne le faites pas, alors vous recevrez l’annonce d’une guerre de la part
d’Allah et de son prophète. Et si vous vous rependez, vous aurez vos capitaux. Vous ne
lèserez personne, et vous ne serez point lésés.

Ces versets montrent clairement la volonté d’Allah d’éliminer la pratique du Riba dans la vie
quotidienne des musulmans. A cela, il faut ajouter les nombreux Hadith qui viennent
renforcer la prohibition de l’intérêt tel formulé dans le Coran.

C. Les principes de base de la finance islamique

Avant d’entamer cette partie, nous précisons que le premier principe de la finance
islamique est et reste la prohibition du taux d’intérêt calculé à partir du capital prêté. Et
l’application de cette interdiction doit être effective dans toutes les transactions financières
dites "halal".

1) Le principe de la coparticipation ou du partage des profits et des risques (3P)

L’islam proscrit tout enrichissement sans cause, en d’autres termes l’accroissement de


valeur sans contrepartie légitime (due au travail intellectuel ou physique) de la chose objet
de l’échange. Selon ce principe, les deux parties dans une relation financière doivent être
impliquées et exposées aux risques de manière plus ou moins égale. De même une partie
ne peut prétendre s’approprier tous les profits de cette collaboration au détriment de
l’autre ou attribuer à cette dernière toutes les pertes sous peine d’annuler l’opération. Ainsi
lorsque le banquier "islamique" doit participer au financement d’un projet, il a l’obligation
de le faire sans au préalable fixer de taux d’intérêt par rapport au capital investi mais, de
discuter avec l’entrepreneur (son associé) des modalités de partage des bénéfices futurs.

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On remarque ici une petite confusion liée au fait que les bénéfices de la banque sont
calculés selon la même formule que l’intérêt classique. L’Islam ne condamne pas les
formules de calcul basées sur un intérêt, seulement ici, la différence est que le prêt n’est
pas rémunéré en fonction du temps écoulé mais selon un mode de répartition des profits
réalisés. Cependant, l’entrepreneur reste propriétaire de son projet sauf s’il décide de cédé
son droit de propriété à la banque et devenir un simple participant au projet. Dans ce cas la
rémunération de l’associé et sa responsabilité en cas de faillite seront en fonction de sa
participation. Si l’entrepreneur décide de garder tous ses droits sur le projet, en cas d’échec
il n’aura perdu que son temps et son énergie et la banque le capital investi. Et cela
seulement si aucune négligence ou faute de gestion de la part du promoteur n’est prouvée.
Parce que dans la finance islamique on considère qu’en dehors d’Allah, personne ne peut
savoir avec certitude ce qui se passera dans le futur. Ce qui met l’entrepreneure à l’abri des
risques naturels (intempérie…) et des conjonctures économiques. Dans le cas contraire si la
faute du promoteur est prouvée, il devra assumer les pertes au prorata de sa part de
bénéfice. Si l’on n’enregistre aucun bénéfice, l’entrepreneur ne recevra rien de la part de la
banque. Nous pouvons bien constater la grande différence entre cette opération et
l’opération financière conventionnelle qu’est le crédit comme pratiqué par les autres
banques. En effet le banquier "classique" fixe dès le départ le taux d’intérêt avant de libérer
les fonds. Et l’entrepreneur est seul responsable des fonds donc assume seul tous les
risques mais aussi garde tout le bénéfice excepté la partie destinée au paiement des
intérêts. Le principe du partage des risques ou le principe des 3P (participation, profit,
perte) est le plus souvent appliqué grâce au contrat de Moudaraba et de Mousharaka. Nous
ferons une analyse détaillée de ces contrats plus loin dans ce document.

2) Le principe du respect de la Sharia'a

La finance islamique se doit de respecter les règles de la Sharia'a à toutes les étapes du
déroulement de ses opérations financières. Le respect des interdictions de la Sharia'a dans
les opérations financières commence par la recherche du Riba de manière rigoureuse dans
chacune des opérations effectuées. D’où le rôle des conseils de la Sharia'a au sein des
banques islamiques. En vertu de ce principe les banques islamiques contrairement aux
banques ne rémunèrent pas sur la base du capital emprunté ou déposé par les clients.
Cependant en fonction de certains types d’opérations, les comptes à terme par exemple, les
déposants peuvent être considérés comme associés de la banque et voir leur dépôt
rémunéré en fonction des bénéfices réalisés sur les différents projets financés par la
banque ou imputé des pertes. Dans ce cas les clients peuvent aussi bénéficier gratuitement
de services tels que l’acceptation des traites, les lettres de crédit, les certificats de
domiciliation… La distinction du Riba dans certaines opérations financières peut être très
délicate, tel est le cas de la vente à crédit. En effet, dans l’absence de simultanéité et avec la

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possibilité de fluctuation des cours dans le cas des opérations sur les matières premières ou
des produits pétroliers on s’expose facilement au Riba.

3) Le principe de la solidarité

Ce principe stipule que toutes les activités de la banque islamique doivent avoir un impact
positif dans la vie sociale. Ainsi les banques islamiques accordent plus facilement leur
financement aux projets qui apportent des réponses aux problèmes économiques et
sociales contrairement à ceux qui ont un impact positif mais négligeable sur les conditions
de vie des citoyens. La finance islamique opte pour une distribution équitable de la richesse
et des revenus et cela selon les recommandations de la Sharia'a qui condamne la
thésaurisation, le gaspillage et l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans cette même
optique, les banques islamiques ont l’obligation de créer et de gérer des caisses de
solidarité appelées caisses de la Zakat. La Zakat ou aumône obligation que doit s’acquitter
tout musulman ayant les moyens c’est-à-dire disposant de richesse et des possibilités
d’accroitre cette richesse. La Zakat représente un prélèvement de 2,5 % par an sur le revenu
de la personne, excepté le revenu affecté à la consommation. Les banques islamiques
collectent les fonds destinés à la Zakat et les emploient pour lutter contre les inégalités
sociales. Grâce à ces fonds la banque participe à des activités non lucratifs, assiste les
personnes indigentes comme prescrit par la Sharia'a et accorde des prêts sans intérêt à
certains de ses clients. L’interdiction du Riba dans toutes les opérations financières des
musulmans a posé beaucoup de problèmes surtout dans les Etats arabes. En effet, la
Sharia'a, la loi islamique interdit le Riba sans pour autant offrir une solution de rechange.
Dans le passé, compte tenu des anciennes habitudes solidement ancrées dans les mœurs et
les gains faciles offerts par l’intérêt, les gens ont vite trouvé des solutions pour contourner
la loi à l’aide de subterfuges intelligemment planifiés. Cette action qui consistait à
contourner la Sharia'a pour pratiquer l’intérêt portait le nom de "Hyäl" en arabe c’est-à-dire
ruse. L’une d’elles était une vente à crédit où une personne A vendait un objet à une
personne B à 90 francs (comptant) par exemple. Puis au même instant A rachète à crédit
pour un délai d’un an l’objet vendu à B à 100 francs. A l’échéance, A payait à B les 100
francs et ce dernier gagnait donc 10 francs de bénéfice équivalant à un taux de 10% en
appliquant la formule de l’intérêt simple. Dans cette opération l’objet en question ne jouait
qu’un rôle purement fictif, à la fin on ne se souciait même plus de sa nature. Cette
opération portait le nom arabe de "bay ial- iīna" ou double vente. L’un des problèmes est
qu’avec l’interdiction du Riba les musulmans ne pouvaient ni demander de prêts aux
banques classiques ni y faire de dépôts. Sur ce dernier point ils s’exposent à beaucoup de
risques en gardant des sommes importantes, faute d’institutions pouvant collecter et gérer
ces fonds. La nécessité de surmonter ces difficultés imposait la création d’institutions
financières viables, capables d’offrir des solutions à ces différents problèmes. D’où la

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création de banques islamiques et des autres institutions financières islamiques dans les
Etats concernés avec l’appui de la banque islamique de développement (BID).

➢ Section 3 : Les produits de la finance Islamique


A. Les produits de financement
✓ Al Murabaha :

« La Murabaha ou « Bay Al Moajjal », dans la littérature classique du fiqh, se réfère à une


vente contre un paiement différé (soit en une seule fois, soit à tempérament). Et donc, c’est
un contrat par lequel une banque participative acquiert un bien meuble ou immeuble en
vue de le revendre à son client à son coût d’acquisition plus une marge bénéficiaire
convenue d’avance » 28. Le règlement par le client est effectué selon les modalités
convenues entre les parties. Dans cette opération, la banque supporte les risques liés à la
détention de l’actif et ceci constitue la principale justification de sa marge. Par ailleurs, le
créancier se rémunère par le biais d'une majoration du prix d'achat du bien. Le montant de
la marge bénéficiaire ne varie pas dans le temps : il est fixé au préalable et ne varie pas
pendant la durée du financement. À la différence du système conventionnel, la Mourabaha
prévoit une double cession au lieu d’un emprunt avec intérêt.

✓ Al Ijara :

C’est tout contrat selon lequel une banque participative met, à titre locatif, un bien meuble
ou immeuble déterminé, identifié et propriété de cette banque, à la disposition d’un client
pour un usage autorisé par la loi.29 L’Ijara peut revêtir l’une des deux formes suivantes :

• Al Ijara tachghilia : consiste en une location simple ;


• Al Ijara wa l’Iqtinae : est l’équivalent du contrat crédit-bail. Toutefois, ce qui le
diffère au crédit bail, c’est l’absence de pénalité en cas de non paiement mensuel ou
en cas de retard car la sharia réfute de pénaliser un débiteur de bonne foi déjà en
difficulté. Cette technique est souvent utilisée, à moyen ou à long terme, par la
banque pour le financement de biens de consommation durables ;
• L’Ijara Mawsufah Fi Al Dhimmah : Cette technique permet aux financiers d’être
rémunérés (par le versement de loyers anticipés) avant même qu’un actif ne soit
disponible à la location au titre d’un crédit-bail, d’une location ou d’une vente. Les
financiers islamiques ont donc la possibilité de participer au financement ou au
développement de projets en leur fournissant une rémunération pendant la période
de construction. Les loyers anticipés sont pris en compte lors du calcul du montant
des loyers perçus pendant la phase de location. Techniquement, ces paiements
doivent être remboursés si le bailleur ne met pas les actifs à la disposition de son
client au jour de l’achèvement de la construction.

13
✓ Al Salam :

C’est une vente avec livraison différée qui consiste à ce que l’acheteur paie au comptant le
prix négocié à l’initiation du contrat. Le vendeur livre le bien à terme. Afin d’éviter toutes
confusions, le vendeur signe une promesse de livraison à l’acheteur en déterminant les
modalités de la vente (nature des marchandises, quantités, prix, délais et modalités de
livraison et/ou de vente).

Ce contrat est une exception, car la finance islamique interdit, en principe, la vente d'un
bien non-existant car celle-ci implique le hasard « Gharar ». Mais, pour faciliter certaines
opérations, notamment dans l'agriculture, des exceptions ont été accordées.

A l’époque du Prophète, le commerce saisonnier et l’agriculture constituaient les


fondements de l’économie islamique. Il était courant d’effectuer des contrats Salam. C’est
pour cela, le Prophète autorisait aux fermiers de vendre à terme leurs produits agricoles
non encore récoltés. Les fermiers pouvaient ainsi utiliser l’argent, payé par les acheteurs,
comme capital pour commencer à cultiver. À l’échéance, le fermier livrait la quantité
convenue de produits à l’acheteur.

L’avantage du Salam s’explique par le fait que les pourvoyeurs de fonds peuvent se
prémunir contre le risque d’inflation et s’assurer un approvisionnement en temps opportun.

✓ Quard Al Hassan « Bon prêt » :

C’est un prêt accordé à la seule condition de rembourser le montant nominal au moment


où le bénéficiaire en est capable. Il ne suppose aucun profit pour la banque et se limite à
des fins de consommation. La banque accorde ce prêt à des clients pour l’acquisition d’un
bien de consommation, ou tout simplement pour faire face à une dépense familiale
imprévue. On comprend que les banques islamiques n’accordent qu’exceptionnellement
des prêts à des fins de consommation.

✓ Al Istisnae :

Un contrat par lequel une partie demande à une autre de lui fabriquer un objet moyennant
un paiement, échelonné ou à terme. « A la différence du « Salam » qui porte uniquement
sur des marchandises dont le paiement intégral doit être effectué d’avance, l’Istisna est un
contrat utilisé pour la construction ou la fabrication de biens (conformément à un cahier
des charges précis) dont le prix est convenu à l'avance et payé graduellement tout au long
de la fabrication » 34. Les modalités concrètes du paiement sont déterminées par les
termes de l'accord passé entre l'acheteur et le vendeur.

14
B. Les produits participatifs :
✓ Al Mudharaba :

Un contrat qui représente "une association entre deux parties en fonction de laquelle l’un
des deux parties, l’agent (Al-Mudharib), s’applique entièrement à la fructification du capital
avancé entièrement par l’autre partie, le propriétaire (Rabb-Al-Maal), et dont les bénéfices
sont partagés dans des proportions définies". Cette association est basée sur le capital, le
travail, la confiance, le risque et la fidélité.

Il faut noter que le financement se fait par une seule partie, et l’autre partie fournit son
expertise et sa gestion.

✓ Al Mucharaka :

« Al Mucharaka » est la traduction de « association » Cette technique peut être décrite


comme l’équivalent d’un contrat de partenariat entre deux partenaires qui investissent
ensemble dans un projet. Les partenaires partagent les profits et les pertes selon des
proportions prédéfinies. Contrairement à Al Mudharaba, le capital appartient à tous les
partenaires. Il en découle que chacun peut participer à faire fructifier le capital et qu’aucun
d’eux ne peut prendre une décision sans avoir au préalable consulté les autres.

C. Les produits non bancaires :


✓ Les Sukuks :

Le « Sakk » est un produit financier adossé à un actif tangible et à échéance fixe qui confère
un droit de créance à son propriétaire. Celui-ci reçoit une part du profit attaché au
rendement de l’actif sous-jacent (qui doit être obligatoirement licite).

Les Sukuks sont ainsi des produits financiers, qui s’apparentent aux obligations. Ils sont
structurés de telle sorte que leurs détenteurs courent un risque de crédit et reçoivent une
part de profit et non un intérêt fixe.36 Les produits sous-jacents des Sukuks peuvent être
représentés par des contrats tels « l’Ijara », la « Mucharaka » ou la « Mudharaba ». Les
Sukuks sont donc soit des titres de créances (obligations), soit des titres de capital ou des
prêts indexés sur la performance de l’actif sous-jacent.

On distingue deux types d’émissions de Sukuks :

• Souverain : Emis par un Etat.


• Corporate : Emis par une société, banque.

15
Vu qu’ils sont adossés à des actifs, les Sukuks sont en mesure de financer le développement
des infrastructures, et de nombreux pays émergents envisagent de financer leurs projets
par l’émission des Sukuks.

✓ L’assurance Takaful :

Takaful dérive du verbe arabe « Kafalah » : garantir, c’est un concept d’assurance basé sur
la coopération et la protection et sur l’aide réciproque entre les participants. L’importance
de ce concept se manifeste clairement dans ce verset : « Entraidez-vous dans
l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché
et la transgression. Et craignez Dieu, car Dieu est, certes, dur en punition ».

D’un point de vue juridique, Takaful est un contrat par lequel une personne, l’assureur,
promet et s’engage, moyennant le paiement d’une prime ou cotisation, d’indemniser, une
personne, l’assuré ou un bénéficiaire tiers, en cas de réalisation d’un risque.

Dans l’assurance « Takaful », Il est obligé de séparer les fonds des actionnaires et des
participants. En effet, les actionnaires ne doivent ni profiter, ni réaliser de perte sur les
opérations d’assurance. Compte tenu à l’interdiction de la prise excessive de risque « Al
Gharar » et au paiement et réception d’intérêt « Al Riba », la prime d’assurance prend la
forme d’une donation « Tabarru » à la communauté des assurés pour leur intérêt mutuel.
Ces donations doivent couvrir l’ensemble des charges techniques et les frais de gestion.
L’opérateur n’est qu’un manager des contributions de la communauté des participants et
doit calculer toutes les charges d’exploitation et les faire supporter par le fonds.

La compagnie Takaful s’engage à redistribuer les bénéfices à ses participants. Il y a deux


options acceptables: distribuer à tous sans exception ou distribuer à ceux qui n’ont pas eu
de sinistres (similaire à un bonus). Les actionnaires ne peuvent pas percevoir une partie du
bénéfice technique. En cas de perte, ils doivent avancer un prêt sans intérêt au fonds des
participants, remboursable sur les profits techniques futurs.

Aux premiers temps de l’Islam, un ensemble de pratiques ayant pour objectif la


compensation ou l’indemnisation les pertes en les répartissant au sein du groupe :

▪ Marchands de La Mecque : fonds d’assistance aux victimes de désastres naturels ou


mésaventures des caravanes ;
▪ Daman Khatar Al-Tariq : garantie/caution pour couvrir les pertes durant les voyages
des caravanes de commerçants ;
▪ Aqila : pratique d’indemnisation à la famille de la victime d’un meurtre.

16
Tant que le contrat Takaful doit être conforme aux règles de la charia, il n’y a pas de place ni
pour l’intérêt (interdiction du Riba), ni pour les investissements illicites (Haram) d’autre part
on trouve le partage des profits et des pertes (Mudharaba) et la délégation de gestion par
contrat d’agence (Wakala). Il existe trois modèles de la mise en pratique du Takaful, la
principale différence entre les différents modèles étant le mode de détermination de la
rémunération de l'opérateur Takaful :

✓ Modèle de Moudharaba : dans un modèle Moudharaba, le


gestionnaire Takaful agit en tant que ‘Mudharib’ (entrepreneur)
et les participants comme ‘Rabb-Al-Maal’ (apporteurs de
capitaux). Le contrat précise comment les gains générés par le
placement et/ou les excédents de l’opération Takaful seront
répartis entre l’opérateur Takaful et les participants, après
déduction de toutes les charges techniques, frais de gestion et
autres frais généraux. Les pertes sont à la charge des seuls
participants en tant qu’apporteurs de capitaux ;
✓ Modèle de Wakala : Dans ce modèle, le gestionnaire Takaful ne
participe pas directement au risque supporté par le fonds ni à
aucun excédent/déficit du fonds. En revanche, l’opérateur agit en
tant que ‘Wakeel’ reçoit une commission fixe dite ‘Wakala’, qui
rémunère sa gestion de l’opération pour le compte des
participants, et représente généralement un pourcentage des
cotisations payées. le pourcentage des primes est décidé
annuellement ;

✓ Modèle hybride des deux : la combinaison des 2 modèles :

• Wakala pour la souscription.


• Moudharaba pour l’investissement.

Par ailleurs, pour garantir une conformité du contrat aux règles de la sharia, toute la
procédure est contrôlée par des structures dédiées, qui sont : la direction classique du
conseil d’administration et ses assistantes qui veillent à la gestion quotidienne de la société
et « la Sharia Board ».

17
Chapitre 2 : Le cadre réglementaire de la finance islamique
➢ Section 1 : Le droit musulman « Sharia »

Afin de comprendre les particularités de la finance islamique, il est nécessaire de connaitre


ses sources. La loi islamique ou Sharia est la justification des comportements acceptables
dans la vie du musulman en économie comme dans tout autre domaine, car « l’homme
n’est pas dans une position de distribuer les ressources de la façon qu’il veut. Il existe une
limitation morale sérieuse imposée par le Saint Coran et la Sunnah sur les pouvoirs des
individus imprégnés par les valeurs de l’islam ».

La sharia a l’habilité d’évoluer et de se développer pour résoudre et gérer les actualités du


monde musulman. Certes, les principes généraux sont les mêmes à travers le temps. Les
principes islamiques fondamentaux qui étaient valides hier, sont valides aujourd’hui et
seront valides demain.

Les quatre principales sources de la sharia sont, par ordre d'importance, les suivantes :

❖ Le Saint Coran : Il constitue la première source en termes de loi. Tout élément


tiré d'autres sources juridiques (ci-dessous) doit impérativement être en totale
conformité avec le Coran qui est le livre sacré qui représente la base du droit
musulman. Il contient les paroles de Dieu directement révélées au Prophète
Mohamed, en langue arabe, il est inimitable et ceci jusqu’à la plus petite sourate.
Il est transmis de génération en génération (Tawaatour)

❖ La Sunnah du Prophète Mohammed (pbsl) : Ce terme s'emploie pour désigner ce


qu'on a rapporté du Messager (paix et bénédictions d'Allah sur lui) comme parole,
acte ou approbation. La Sunnah vient immédiatement après le Coran en rang
dans les sources de la législation. Elle comporte l'explication de ce qui y est
concis, l'élucidation de ce qui y est vague, la restriction de ce qui y est absolu et
traite ce qui n'y est pas évoqué. La Sunnah est donc une source indépendante de
la législation qui comporte des préceptes et des règles qui ne sont pas
nécessairement évoqués dans le Coran. La distinction entre la Sunnah et le hadith
est que ce dernier est narratif, rapportant ce que le prophète a dit, fait, approuvé
ou désapprouvé. Alors que la Sunnah est la pratique du prophète (paix et salut
sur lui), c’est les normes comportementales

❖ L’Ijmaa : C’est l’unanimité des érudits de la religion, sur une règle légale islamique
précise, à une époque donnée à partir des compagnons du prophète. Ce
consensus est la résultante de la compréhension, de l’interprétation et de

18
l’application du Coran et de la Sunnah. C’est un mécanisme permettant
d’entreprendre des législations collectives pour suivre les évolutions et les
changements. C’est la troisième source de législation se situant après la Sunnah.

❖ L’ijtihad : C’est le raisonnement et le jugement personnel par les savants de


l’Islam. Il englobe l’opinion (Ra’y) et l’analogie authentifiée (Qiyas). « Il consiste à
affecter, sur la base d'une caractéristique sous-jacente commune, la règle
juridique d'un cas existant trouvée dans les textes du Coran, de la Sunnah et/ou
de l'Ijmaa à un nouveau cas dont la règle juridique n'a pas pu être clairement
identifiée. C’est un élément important qui assure la dynamique de la Sharia »

➢ Section 2 : Le cadre juridique de la finance islamique au Maroc :

Conscient de l’importance de la mise en place d’un cadre légale régissant la finance


islamique, le Maroc a procédé à la refonte de la loi bancaire et des lois de titrisation pour
pouvoir répondre à ce besoin latent qui permettra de favoriser l’émergence d’un marché
financier islamique au Maroc.

• La loi bancaire :
✓ Historique et évolution du secteur bancaire Marocain

L’ouverture des premiers guichets bancaires au Maroc date de la deuxième moitié du


19éme siècle. L’acte d’Algésiras, signé en 1906 par les délégués de douze pays européens,
des Etats Unis d’Amérique et du Maroc, a institué la Banque d’Etat du Maroc qui sera
effectivement créée, à Tanger, en 1907 sous forme de société anonyme, dont le capital était
réparti entre les pays signataires, à l’exception des Etats Unis. Outre les opérations à
caractère commercial, la Banque d’Etat du Maroc disposait du privilège de l’émission de la
monnaie fiduciaire sur tout le territoire du royaume et assumait le rôle d’agent financier du
gouvernement marocain. Avec l’avènement du protectorat français en 1912, de
nombreuses filiales de grandes banques commerciales européennes, notamment
françaises, de banques d’affaires et de groupes financiers étrangers se sont installées au
Maroc. De même, ont vu le jour des institutions financières marocaines remplissant des
fonctions spécifiques et intervenants dans des domaines particuliers.

L’exercice de l’activité bancaire qui n’était régi par aucun texte particulier, a été organisé
pour la première fois en 1943, suite à la promulgation du dahir du 31 mars relatif à la
réglementation et à l’organisation de la profession bancaire. Les modalités d’application de
ce dahir ont été fixées par l’arrêté du directeur des finances de la même date, puis
modifiées par les arrêtés du 15 janvier 1954, du 17 janvier et du 16 avril 1955. Le champ
d’application des textes des documents susvisés qui ne concernait que la zone territoriale

19
sous protectorat français, a été étendu par les arrêtés du 14 août 1958 et du 31 mars 1960
respectivement à la zone sous occupation espagnole puis à la province de Tanger qui
disposait d’un statut particulier.

Le lendemain de l’indépendance du Maroc en 1956, les bases d’un système bancaire


national ont été mises en place. Ainsi, la banque du Maroc a été instituée par le dahir n 1-
59233 du juin 1959 pour se substituer à la Banque d’Etat du Maroc et assurer la fonction de
Banque Centrale. Créée sous forme d’établissement public doté de la personnalité civile et
de l’autonomie financière, cette institution s’est vue confier le privilège de l’émission de la
monnaie fiduciaire, ainsi que la mission de veiller à la stabilité de la monnaie et d’assurer du
bon fonctionnement du système bancaire. D’autre part et afin de répondre aux objectifs de
développement et aux besoins de financement spécifiques à des secteurs économiques
jugés prioritaires, l‘Etat a procédé à la création d’organismes financiers spécialisés et à la
restructuration de certains institutions existantes. Ainsi, furent créés, en 1959, la Caisse de
Dépôt et de Gestion « CDG », le Fonds d’Equipement Communal « FEC », la Caisse
d’Epargne Nationale « CEN », la Banque National pour le Développement Economique
« BNDE » et la Banque Marocaine du Commerce Extérieur « BMCE ».

L’année 1961 a vu la restauration du Crédit Agricole et du Crédit Populaire. Le crédit


immobilier et hôtelier, qui a succédé en 1967 à la Caisse de Prêts Immobiliers du Maroc, a
été réorganisé conformément aux dispositions du décret royal portant loi du 17 décembre
1968. Cette période s’est caractérisée également par la réduction du nombre des banques,
qui a été ramené de 69 à 26 entre 1954 et 1961, sous l’effet conjugué de la fusion et de la
disparition de certains établissements.

La seconde étape importante de la mise en place de la consolidation du système bancaire


marocain a débuté avec la promulgation du décret royale N 1-67-66 du 22 avril 1967
portant loi relatif à la profession bancaire et au crédit, dont les principaux apports
consistent en une définition plus précise de l’activité des banques, la délimitation des
attributions des autorités de tutelle et de surveillance et l’institution d’une réglementation
plus appropriée. Cette loi établissait une distinction très nette entre les banques
commerciales ou de dépôts, et les organismes financiers spécialisés (OFS).

Afin de rapprocher encore d’avantage la législation nationale des standards internationaux,


la loi 76-03, portant statut de Bank Al Maghrib et la loi 34-03 relative aux établissements de
crédit et organismes assimilés, ont été promulgué.

Encore une fois la loi relative aux établissements de crédits et organismes assimilés va être
promulguée afin de permettre l’instauration du système financier islamique. Le 16 janvier
2014, le conseil de gouvernement marocain a adopté le projet de loi. Après près de trois

20
mois, le débat sur ce projet a débuté au Parlement pour, ensuite, passer au vote
parlementaire.

✓ . Projet d’amendement de la loi bancaire :

Après des années d’hésitation et de pression du lobby bancaire marocain, la banque


centrale marocaine autorise les banques islamiques au Maroc sous l’appellation de banques
participatives

Le projet de la loi précise, dans l’article 50, que les banques participatives sont des
personnes morales habilitées à exercer à titre de profession habituelle en conformité avec
les préceptes de la Sharia, les activités suivantes :

❖ la réception de fonds du public ;


❖ les opérations de crédit ;
❖ la mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement, ou
leur gestion.

Outre ces activités réservées aux établissements de crédit, ‘les banques participatives sont
également habilitées à réaliser les opérations commerciales, financières et
d’investissement, à l’exclusion de toute opération impliquant la perception et le versement
d’intérêt.

Deux éléments retiennent l’attention dans les dispositions de ce projet de loi :

❖ la conformité des activités aux préceptes de la Charia ;


❖ la réalisation des opérations commerciales, financières et
d’investissement.

Le premier élément renvoie à l’identité islamique de ces banques qui s’abstiennent de


percevoir ou de verser les intérêts assimilés au Riba prohibé par la Sharia. Le deuxième
élément renvoie, quant à lui, à la nature de ces banques qui sont assimilables à des banques
d’affaires.

L’article 56 précise la nature participative de ces banques : «Les banques participatives sont
habilitées à recevoir du public des dépôts d’investissement dont la rémunération est liée aux résultats
des investissements convenus avec la clientèle». Il ne s’agit donc pas des classiques dépôts à
terme rémunérés à base d’intérêt, mais de dépôts rémunérés selon le principe de la
Moudaraba que l’article 58 définit comme étant «tout contrat mettant en relation une banque
participative (Rab El Mal) qui fournit des fonds et un entrepreneur (Moudarib) qui fournit son travail en
vue de réaliser un projet».

21
Au sens de l’article 58, la responsabilité de la gestion du projet d’investissement repose
entièrement sur l’entrepreneur (la banque). Les bénéfices réalisés sont partagés selon une
répartition convenue entre les deux parties et les pertes sont assumées exclusivement par
Rab El Mal (le client) sauf en cas de fraude commise par le Mudharib (la banque).

Notons que la banque peut être un investisseur direct ou confier elle-même les fonds ainsi
collectés à un autre investisseur et se transformer ainsi en Rab El Mal à son tour.

Outre les dépôts d’investissements à base de Mudharaba qui concerne la réception des
fonds du public et sa gestion, la banque participative peut procéder au financement de la
clientèle à travers notamment : la Murabaha, l’jara et la Mucharaka (article 56).

De même, il consacre la mise en place d’un fonds de garantie pour sauvegarder les intérêts
des clients en cas de déconvenue d’une banque participative. Ainsi, le texte indique que «la
conformité des produits participatifs à la Sharia est du ressort du Conseil Supérieur des
Oulémas».

S’il est entériné par le parlement, ce projet de loi devrait constituer une bonne et due
forme, de la finance islamique au Maroc et baliser le terrain à l’entrée de nouveaux acteurs
dans le marché financier marocain. Ceci devrait contribuer amplement à la concrétisation
de l’ambition des pouvoirs publics de faire du Maroc le premier hub financier et
économique dans la région de l’Afrique du Nord et de l’Ouest

• Les lois de titrisation :


✓ Focus sur le concept de la titrisation :

" La Titrisation est une technique financière permettant à un établissement cédant de


vendre une partie de ses créances en les transformant en titres liquides et négociables
(Certificats de dépôts, Bons de sociétés de financement, Billets de trésorerie).
L’établissement cédant, vend un lot de créances à une structure appropriée : Au Maroc, le
Fonds de Placements Collectifs en Titrisation (FPCT). ʺ

22
Schéma : L’ensemble des intervenants dans la technique de titrisation

L’initiateur (ou cédant) : tout établissement (banque, établissement de crédits, entreprise


commerciale ou industrielle…) souhaitant réaliser des opérations de financements ou
répartir les risques liés aux créances.

L’établissement gestionnaire (ou l’arrangeur) : C’est effectivement l’entité ou société


chargée de la gestion du FPCT. L’arrangeur, comme son nom le stipule, se charge de
l’opération du placement des titres émis sur le marché en analysant les besoins des
établissements cédants et en faisant la structuration de l'opération de Titrisation de
manière à atteindre les objectifs des cédants et des investisseurs. Au Maroc, c’est
généralement MAGHREB TITRISATION

Le FPCT (Fond de placement collectif de Titrisation du Maroc): plus connue sur la scène
internationale anglo-saxonne par SPV ou encore en France par FCC, le FPCTn’as pas de
personnalité morale et son but exclusif est d'acquérir des créances et d'émettre des titres
représentatifs de ces créances.

L’Etablissement dépositaire : Il a pour principal tâche la garde et assure la validité des actifs

L’investisseur : Tout bailleur de fonds sur le marché telles que les institutions financières,
les assurances, entreprises, particuliers…

Autorité de marché : Son rôle est la surveillance des démarches des opérations. Au Maroc,
l’autorité du marché est le CDVM (Conseil Déontologique aux Valeurs Mobilières) qui est de
sa part régit par la Ministère de la Finance.

Actif du FPCT : comprend les créances acquises auprès du Cédant et leurs accessoires, les
flux de paiement qui s'y rapportent ainsi que les produits de placement de la trésorerie.

Les titres émis par le Fonds : sont des obligations négociables émises par le FPCT sur le
marché. Elles peuvent être de plusieurs catégories et comporter des niveaux de risque
différents.

23
➢ Section 3 : Mode de fonctionnement à relation banques Islamiques banque
centrale

Les banques islamiques comme les autres banques sont soumises au respect de la
réglementation et au contrôle de la banque centrale des pays dans lesquels elles se
trouvent. De cette relation entre banques centrales et banques islamiques ressortent des
problèmes qu’il serait intéressant d’étudier. Selon la réglementation bancaire les banques
sont tenues de fournir régulièrement à la banque centrale des informations sur leurs
activités et de respecter les ratios techniques définis par cette dernière. Au niveau des
banques islamiques on rencontre des difficultés dans le calcul de certains ratios et cela est
dû à la nature des opérations effectuées par ces banques.

En effet, au niveau de l’actif du bilan des banques islamiques on trouve des opérations
comme le Mosharaka, le Modaraba et le Morabaha, ces dernières ne peuvent être
totalement considérées comme des opérations de prêt à cause de l’application du système
des 3P. Certains auteurs les considèrent comme des investissements directs ou des quasi-
fonds propres. Donc des problèmes de classement de ces opérations au niveau du bilan se
posent et il en résulte des difficultés dans le calcul du ratio de Cook. Ce ratio est égal au
rapport des fonds propres par les actifs auxquels on ajoute les éléments hors bilan
pondérés en fonction du niveau de risque qu’ils présentent. Selon la réglementation
bancaire de l’UEMOA ce ratio doit être supérieur ou égal à 8 %. Les comptes
d’investissement et épargne islamiques présentent les mêmes problèmes de classement
parce que ces derniers sont soumis également aux règles du système des 3P.

Concernant les réserves obligatoires, les banques islamiques sont plus ou moins pénalisées
par rapport aux autres banques. Ces réserves obligatoires qui sont constituées auprès de la
banque centrale en fonction d’un pourcentage des dépôts détenus par les banques, font
l’objet d’une rémunération de la part des banques centrales sur la base d’un taux d’intérêt.
Les banques islamiques ne peuvent donc pas bénéficier de cette rémunération à cause du
taux d’intérêt or elles sont contraintes de constituer ces réserves obligatoires auprès des
banques centrales. Certaines banques centrales pour résoudre ce problème ont tout
simplement modifié la proportion des réserves obligatoires uniquement pour les banques
islamiques. Par exemple en Jordanie dans les années 1970, ce ratio était de 25 % pour les
banques islamiques et de 30 % des dépôts pour les autres banques. La Jordan Islamic Bank a
même été autorisé à inclure dans ses liquidités ses participations dans les entreprises
publiques et parapubliques. Quant au ratio de crédit il a été fixé à 75 % pour les banques
islamiques alors qu’il était de 67,54 % des dépôts pour les autres banques. Aussi la politique
des réserves obligatoires pourrait avoir d’autres conséquences liées aux pénalités prévues
dans le cas où les banques ne respectent pas la réglementation. Ces pénalités qui sont des

24
paiements d’intérêt sur la base des sommes dues sont contraires à la philosophie des
banques islamiques. Lors d’un entretien, un responsable de la BIS nous a affirmé que la BIS
n’avait aucun problème sur ce point car elle est dans un environnement qui ne la permet
pas de fonctionner strictement comme une banque islamique en respectant tous les
principes de base de la finance islamique. Donc ici la BIS agit comme les autres banques
puisque les dérogations dont elle jouit ne couvrent pas cet aspect de l’activité bancaire. Et
la maison mère (la DMI) ne s’oppose pas à cette pratique de la BIS car elle comprend la
situation dans laquelle se trouve sa filiale.

Dans le système conventionnel, les banques centrales agissent comme prêteurs de derniers
recours pour les banques commerciales en accordant des prêts à des moments de crise de
liquidité. Les banques islamiques pour résoudre leurs problèmes de liquidité immédiate ne
peuvent pas solliciter ces facilités car ces fonds sont habituellement accordés avec des
intérêts. Pour rendre les refinancements de la banque centrale accessibles aux banques
islamiques, le conseil Pakistanais de l’idéologie islamique a proposé un mécanisme de
partage des profits entre la banque centrale et les banques islamiques comme dans les
opérations de Modaraba. Certains ont proposé un "pool commun" des banques islamiques
sous la supervision de la banque centrale pour accorder de manière coopérative une aide à
celles d’entre elles qui auraient besoin de liquidité.

Dans les pays où la banque centrale mène des opérations d’open market, les banques
islamiques ne peuvent pas participer à ces opérations car l’achat et la vente de ces titres se
fait sur la base de taux d’intérêt. Nous avons également appris aussique la BIS a eu à
recourir aux refinancements de la BCEAO et à des achats de titres obligataires émis par les
Etats. La preuve, les créances détenues par la BIS sur ICS sont des souscriptions de billets de
trésorerie. Dans les pays comme le Soudan et l’Iran ces problèmes entre la banque centrale
et les banques islamiques n’existent pas parce que le système est entièrement islamisé.

25
Chapitre 3 : Les PME et la finance islamique au Maroc :

➢ Section 1 : Les caractéristiques générales des PME

• La définition des PME

Il n'existe pas de définition unique de la PME, en effet la pme fait l'objet de plusieurs
tentatives de définition et de redéfinition, celle-ci continue toujours d'être une
problématique.

En réalité, la PME est un être multiforme caractérisé par une extraordinaire diversité, ce qui
rend difficile la définition universelle de cette entité. De même, cette définition diffère d'un
pays à l'autre à cause de non-conformité de la taille de l'économie à l'échelle internationale.

Avant d'aborder le problème de la définition tel qu'il se pose au Maroc, il nous parait
pertinent de présenter quelques définitions adoptées ailleurs, et cela non pas pour faire
une comparaison, mais pour démontrer que derrière toute définition se cache en fait des
réalités et des stratégies très différentes

✓ La définition de la PME aux USA :

La PME est définit comme une entreprise à propriété indépendante non dominante dans un
secteur d'activité. Une petite et moyenne entreprise est celle qui emploie moins de 500
salariés, mais ce seuil est porté à 1500 dans l'industrie manufacturière. Le chiffre d'affaires
annuel doit être inférieur à 50 millions de Dollars dans les services, à 13,5 millions Dollars
dans le commerce et à 17 millions Dollars dans la construction

Les Etats-Unis d'Amérique retiennent plusieurs critères à savoir l'emploi, la taille et le


chiffre d'affaires. Les PME représentent plus de 99,5% des entreprises qui exportent
directement les marchandises à l'étranger et contribuent pour une bonne part non
seulement à la croissance économique mais aussi à la création d'emploi (53% d'emploi sont
créé par les PME).

✓ La définition de la PME à l’Union Européen :

La PME est définie dans l'UE « comme une entreprise qui occupe moins de 250 salariés et
dont le chiffre d'affaire annuel n'excède pas 50 millions d'Euros ou le total du bilan annuel
n'excède pas 43 millions d'Euros»

26
Cette définition distingue trois catégories d'entreprises différentes, cette distinction a pour
objectif l’obtention d’une image claire de la situation économique des entreprises et exclure
celles qui ne sont pas de véritable PME

✓ La définition de la PME au Maroc :

On entend par PME : « toute entreprise gérée et/ou administrée directement par les
personnes physiques qui en sont les propriétaires, copropriétaires ou actionnaires, et qui
n'est pas détenue à plus de 25% du capital ou des droits de vote par une entreprise ou
conjointement par plusieurs entreprises ne correspondant pas à la définition de la PME. »

En outre, les PME doivent répondre aux conditions présentées dans le tableau suivant :

Les entreprises existantes :

Les entreprises nouvellement créées :

On distingue deux types de critères de définition des PME. D'une part, les critères
quantitatifs qui portent sur les différents éléments constitutifs de l'activité de l'entreprise à
savoir l'effectif, le chiffre d'affaires, le capital social, la valeur ajoutée, la montant des
investissements engagés, le total bilan, la part du marché... D'autre part, des critères
qualitatifs à titre d’exemple : style de direction, l’organisation et la gestion, indépendance
du chef d’entreprise… Ces critères sont utilisés non seulement pour compléter les premiers,
mais aussi pour rendre compte des spécificités managériales et organisationnelles des PME.
Ces critères donnent une idée précise sur la réalité des PME, puisqu'ils renseignent sur sa
structure interne, son organisation et ses méthodes de gestion.

En bref, après ces différentes définitions on constate, d’une part, une absence de définition
légale et unifiée de la PME au Maroc. D’autre part, les définitions proposées ont pris en
considération les critères quantitatifs plus que ceux qualitatifs.

27
• Les caractéristiques des PME
✓ De point de vue organisationnel

Diverses caractéristiques permettent de dresser un profil organisationnel de la PME :

- Petite taille.

- Centralisation et personnalisation de la gestion autour du propriétaire dirigeant.

- Faible spécialisation du travail.

- Stratégie intuitive ou peu formalisée, forte proximité des acteurs.

- Système d'information interne simple, peu formalisé et externe simple basé sur les
contacts directs.

- La proximité entre patron et employés.

- La faible formalisation. - Le recours à l'écrit n'est pas primordial, du fait de l'importance de


l'ajustement mutuel.

- Une structure plate. - Quasi absence de niveaux hiérarchiques.

- Les réseaux de PME se structurent avec d'autres PME. Une répartition des tâches s'opère
(recherche, production, commercialisation....).

Il en résulte que les PME sont caractérisées par l'unicité de la direction. En effet, celui qui
possède le contrôle exerce lui-même la direction d'où la corrélation entre la démarche de
l'entreprise et la nature de son chef.

Les PME possèdent une capacité d'adaptation rapide aux événements et aux fluctuations de
l'environnement économique grâce à la simplicité de leurs structures et la faiblesse de leurs
engagements.

✓ De point de vue juridique :

Au Maroc, différents types de sociétés commerciales sont possibles, mais en dehors de la


société individuelle, les plus répandus sont la Société Anonyme(SA) et la Société à
Responsabilité Limitée(SARL). Les autres formes sociales prévues par la loi restent peu
usitées dans la pratique sauf pour des montages complexes ou pour l’ingénierie
patrimoniale.

28
✓ De point de vue financier :

Le financier doit trouver les sources de financement et évaluer la rentabilité de chaque


investissement en le comparant au coût global de son financement.

• Le financement interne des PME :


• Le financement externe des PME :
• Le financement bancaire : On distingue entre :

- Des crédits à court terme.

- Des crédits à moyen et à long terme.

• Autres moyens de financement :

- Le crédit-bail

- Le capital risque

➢ Section 2 : L’importance des PME dans développement économique et


sociale du Maroc :

Que ce soit dans les pays en développement ou bien les pays développés les PME occupent
une place importante. En effet, personne ne peut contester aujourd'hui, le rôle primordial
que peuvent jouer les PME dans les pays en voie de développement. En effet, les PME
constituent l'un des éléments les plus dynamiques de la croissance économique et sociale
dans la stratégie du développement de chaque pays.

• . Sur le plan économique

Selon la direction des statistiques, la PME est présente dans tous les secteurs d'activité
économique avec un taux de 98% : l'industrie, l'artisanat, les commerces et enfin les
services qui englobent le tourisme, les communications, le transport, les services financiers.
D'après le graphique ci-dessous, la part des PME est de plus de 90% dans toutes les
branches d'activité sauf celle de la production et de la distribution d'électricité, gaz et eau,
où cette participation est uniquement de 50%.

29
Figure 1 : les secteurs d’activité économiques marocaines

Cependant la participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale est de
21%.Cette participation est très variable allant de 0.2% pour la branche de la production et
de distribution d'électricité, gaz et eau, à 73% pour la branche de l'immobilier et des
services et de 20% dans le cas des industries manufacturières comme présente le graphique
ci-dessous.

30
Figure 2 : la création de la valeur ajoutée par secteur d’activité

En termes d'exportation, les industries textiles et cuir viennent également en tête (46%),
suivies, cette fois-ci par les industries agro-alimentaires (39%), et les industries chimiques et
para chimiques (10%). Par contre en terme d'investissement, ce sont les industries
chimiques et para chimiques qui viennent en têtes (34%), suivies des industries agro-
alimentaires (30%), et des industries textiles et cuir (21%).

31
• Sur le plan social :

Auparavant, le rôle de l'entreprise était limité à la simple production des biens et services
pour réaliser un profit et par conséquent participer à la croissance économique nationale, le
nouveau concept de développement durable met à sa charge des nouvelles responsabilités
vis-à-vis de son environnement notamment social et écologique.

En effet, pour s'inscrire efficacement dans le processus de développement, les entreprises


aujourd'hui, doivent prendre en compte d'autres objectifs, dans leurs stratégies, en plus de
l'efficacité économique pour être un « bon citoyen » qui est socialement responsable.

Le principe de responsabilité sociale définit l'entreprise comme une communauté de


recherche des profits qui ne doit pas occulter l'engagement social et environnemental. Ce
principe encourage une éthique et un souci que doit avoir l'entreprise volontairement et
l'oriente aux bonnes relations avec ses employés, clients, médias, Etat, société civile...etc.

Dans une économie en voie de développement comme celle du Maroc, la PME occupe
certainement une place de grande importance en vue de sa participation efficace à la
promotion de dimension sociale.

La création d'emploi constitue un problème du premier ordre dans le monde entier. C'est
dans ce cadre que les PME jouent le rôle de stimulateur continu de la création d'emploi. 59
Elle permet la création du maximum d'emplois, stables et rémunérateurs, dans les plus
brefs délais. La main d'œuvre recrutée n'étant pas nécessairement d'une grande
spécialisation.

On estime que les PME emploient plus de 80% de la population active repartie ainsi :

Les PME sont un moteur de développement régional

Un développement économique équilibré pour une nation n'est atteint que lorsque chaque
citoyen peut disposer des moyens de faire carrière dans sa région ou dans sa localité sans
être dans l'obligation de s'expatrier vers quelques grands centres urbains. Cet objectif qui
32
est celui de toute politique d'aménagement du territoire ne peut être atteint qu'avec le
concours actif des PME dont l'intégration à un tissu économique préexistant est plus facile
que celle de la grande entreprise. L'implantation dans les différentes régions du Maroc
contribuera efficacement à la valorisation des richesses et des potentialités et à
l'amélioration des conditions de vie des populations locales. Les données de la direction de
statistique se présentent comme suit

Figure 3 : la répartition régionale des PME au Maroc

Chapitre 4 : Présentation des instruments de financement islamique


susceptibles d’intéresser les PME
➢ Section 1 : Conditions générales du financement Islamique

Avant d’entamer cette partie, nous avons jugé bon de faire une présentation des conditions
générales des banques islamiques pour les demandes de financement.

Les banques islamiques accordent des financements pour toutes les activités excepté celles
liées à l’alcool, à l’élevage de porc, à la production d’armes, à la spéculation financière et
toutes autres activités illicites ou prohibées par la Charia. En sus de ces activités écartées du
financement islamique, la BIS jusqu’en 2006 pour des raisons stratégiques n’intervenait pas
non plus dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche. En plus des conditions classiques
de prêt qui sont : la rentabilité financière, la solvabilité, les banques islamiques tiennent
beaucoup à la valeur sociale du projet surtout en termes de création d’emploi, d’impacts

33
économiques... pour instruire une demande de prêt les banques islamiques exigent aussi la
présentation de documents certifiés allant du bilan au business plan mais aussi des
garanties quelques fois. Concernant les garanties, elles ne diffèrent pas beaucoup de celles
des autres banques seulement que la demande de garanties n’est pas en général
systématique au niveau des banques islamiques. C’est souvent les relations banque-clients
qui priment. Les banques islamiques tiennent surtout à la rentabilité des projets présentés
car leur rémunération dépend de cette rentabilité. Elles exigent souvent des taux de
rentabilité très élevés pouvant atteindre 25 %. D’où l’exigence d’un dossier de demande de
crédit très solide renforcé par une étude de projet complet. Dans le cadre de financement
de projets, la rémunération de banque est fixée par négociation entre le promoteur et le
banquier et porte sur la répartition du bénéfice futur. Les crédits octroyés sont en général
du court ou moyen terme et rarement du long terme.

➢ Section 2 : Les produits islamiques susceptibles d’intéresser les PME :

• . Al Murabaha

La Murabaha est le contrat de vente le plus courant dans les banques islamiques, il se fait
entre la banque islamique et son client. ‘Le client s’adresse à la banque islamique pour
obtenir un financement. Cette dernière achète la marchandise demandée par le client,
celui-ci est informé du coût pour la banque, et accepte un prix d’achat qui inclut la marge
bénéficiaire de la banque et qui est communiquée au client87’. Cette marge est déterminée
à la suite de négociations entre la banque et le client donneur d’ordre. L’intervention du
financier en tant que négociant dans l’achat et la vente permet de légitimer l’opération de
crédit aux yeux de la loi islamique dans le contexte bancaire. Contrairement à un prêt
conventionnel, le financier assume ici parfois certains risques entre l’achat et la vente,
parce que si le client constate un défaut, il a le droit de rejeter la marchandise ou d’en
renégocier le prix.

Après la signature du contrat, la banque se charge de toutes les opérations liées à


l’acquisition et au transfert du bien au donneur d’ordre. Après la livraison, le bien devient la
propriété exclusive du donneur d’ordre. Ce dernier a la possibilité de payer comptant le
bien après la livraison ou opter pour un paiement différé. Dans ce dernier cas, le paiement
peut être sous forme de loyers avec un échéancier bien défini que le client doit s’engager à
respecter. En cas de défaut de paiement, la banque ne peut pas – selon les règles de la
Charia – appliquer une pénalité pour couvrir le coût du financement en cas de
remboursement tardif mais elle se protéger contre ce risque en exigeant des garanties qui
en principe doivent être en fonction des moyens du client.

34
Elle peut aussi prendre le bien vendu comme gage, tout dépend des termes du contrat.
Donc, cette technique peut être très utile aux PME, qui à cause de leur faiblesse sur le plan
financier et commercial ont des difficultés à accéder à certains marchés contrairement aux
grandes entreprises. Pour les PME le Murabaha pourrait être un excellent moyen pour
importer des marchandises, des matières premières ou des équipements et outils
industriels.

• Al Ijara :

Dans le contrat d’Ijara le client choisit lui-même le bien, et négocie le prix avec le
fournisseur et ensuite informe la banque, à laquelle il donne mandat pour l’acquisition du
bien. Le matériel reste une propriété de la banque pendant toute la durée du contrat. En
d’autres termes l’établissement de crédit garde la nue-propriété du bien et ne transfert au
client que l’usufruit. Le contrat d’Ijara ne concerne que les biens durables et répond à un
standard défini par la banque.

Dans cette opération, l’institution de crédit islamique et le locataire se mettent d’accord


sur les loyers. Ceux-ci sont en général fixés en fonction des moyens du locataire et servent à
la fois de rémunération et de marge bénéficière à la banque.

En effet les banques islamiques sont en principe plus sensibles aux difficultés d’ordre
économiques et financières auxquelles peuvent être confrontés les locataires et qui sont
indépendant de ces derniers. En général dans ces cas, les banques islamiques accordent un
délai supplémentaire pour permettre aux locataires d’améliorer leur position de trésorerie.
Ce mode de financement peut permettre aux entreprises d’obtenir des équipements ou des
immobilisations qu’ils ne peuvent acheter directement. Ce type de financement doit être
privilégié par les PME à cause des avantages du système des amortissements et du fait que
les loyers payés sont considérés comme des charges sur le plan comptable.

• Al Salam :

Il s’agit d’un contrat à terme personnalisé, négocié en privé et portant sur des matières
premières, agricoles ou minérales. Ce contrat peut être utilisé pour le financement du
commerce, des opérations en amont de l’extraction/de la plantation des matières
premières. Ainsi, les vente de type Salam peuvent porter sur toute matière première à
l’exception de l’or, de l’argent ou des devises. « La vente al Salam repose sur un paiement
anticipé de 100% du prix convenu contre livraison à terme de la matière première visée. La
date de livraison peut être approximative.

La qualité et la quantité sont précisées dans le contrat de Salam. Toute variation de qualité
ou de quantité est susceptible d’entraîner une renégociation ou une annulation du contrat

35
si la qualité ou la quantité livrée est inférieure à celle prévue dans le contrat. En cas de
livraison anticipée, le contrat ne peut être révisé. Cependant, en cas de livraison tardive, le
contrat peut être résilié et l’argent déjà versé restitué. En plus d’être un moyen de
financement, le contrat de vente Salam constitue une couverture qui permet au
fournisseur/vendeur d’être certain du prix et de la vente. L’acheteur est lui aussi certain du
prix et de la quantité »

Le contrat de Salam est un moyen efficace d’obtenir un financement pour les PME qui
travaillent beaucoup avec des produits primaires ou des matières premières transformées.

• Al Mucharaka :

La Mucharaka est un contrat aux termes duquel les bénéfices dégagés seront partagés selon
une clé de répartition donnée entre les partenaires. Les éventuelles pertes sont subies
proportionnellement au montant investi. « La Mucharaka est souvent utilisée pour le
financement du commerce, de projets, pour l’obtention de liquidités et pour l’achat de
biens immobiliers ».

Cette structure présente une grande souplesse en termes d’organisation des intérêts
commerciaux des différents partenaires. En règle générale, quel que soit le type de
Mucharaka, la règle de base veut que le capital soit quantifié et précisé, et que la clé de
répartition des bénéfices soit déterminée au préalable.

« La Mucharaka moderne est utilisée essentiellement pour les sociétés à responsabilité


limitée », le concept sous sa forme traditionnelle peut s’appliquer pour les PME en
générale. Et donc cette méthode permet à l’entrepreneur d’accéder au capital dont il a
besoin pour financer ses projets.

• Al Mudharaba :

Le concept de la Mudharaba se rapproche de celui de la Mucharaka. Dans ce type de


financement, Rab al mal (ou l’investisseur) apporte un capital et s’engage à dédommager un
entrepreneur ou un gérant (le Mudharib) en partageant les bénéfices. Le financier finance
l’entreprise et l’entrepreneur apporte ses compétences. Dans ce type de partenariat, le
bailleur de fonds supporte le risque financier et l’entrepreneur investit son temps et ses
efforts.

La Mudharaba est communément utilisée pour alimenter la trésorerie d’une entreprise, le


Moudharib s’adresse à la banque pour obtenir un financement. Au terme d’une vérification
approfondie de la situation de l’entreprise, la banque consent un investissement
compatible avec la charia dans l’entreprise du client. Les profits sont partagés suivant une

36
clé de répartition convenue dès la signature du contrat. En cas de perte, la banque en sa
qualité de Rab al mal perd son argent et le client, en tant que Moudharib, perd le temps et
les efforts investis. À l’échéance du contrat de Mudharaba, les mêmes règles de partage des
profits et des pertes s’appliquent. La Mudharaba peut être continue ou limitée dans le
temps.

• Al Istisnae :

L’istisnae ou la sous-traitance peut être considéré comme un contrat selon lequel, une
partie appelée Moustasnie demande à une deuxième partie, Sanie, de lui fabriquer ou
construire un ouvrage en contre partie d’une rémunération payée d’avance. Le paiement
peut se faire d’un seul coup ou de manière fractionnée. C’est à ce point là que l’istisnae se
différencie du Salam.

Pour ce type de financement, la banque peut jouer le rôle d’un fournisseur qui entreprend
pour lui-même ses propres projets d’investissement et gère ses activités de production.
Cependant ce produit est rarement proposé parmi les produits de la banque parce qu’il est
difficile pour une banque de financer et de gérer tout un processus de fabrication qui est en
principe la mission des entreprises mais cela n’empêche que les entreprises l’utilisent entre
eux.

➢ Section 3 : Les avantages et les inconvénients du financement islamique des PME

• Quelques avantages du financement islamique pour les PME :

Les financements islamiques offrent beaucoup d’avantages aux PME surtout à cause du
caractère plus social des banques islamiques par rapport aux banques classiques. En
général, les banques islamiques tiennent compte des éléments indépendants des actions et
de la volonté de l’entrepreneur.

L’absence de taux d’intérêt constitue aussi un avantage pour les PME car en lieu de l’intérêt
les banques islamiques optent pour un partage des profits et des pertes. ‘Ce partage ne
concerne que les résultats après déduction de toutes les charges. En plus la clé de
répartition n’est pas imposée par la banque mais plutôt déterminée par négociation entre
les parties prenantes.

Dans les financements islamiques les banques assument autant de risques que leurs clients
dans les projets. Les banques islamiques agissent ainsi sauf si les pertes sont dues à des
fautes de gestion de l’entrepreneur (négligence, mauvaise foi…).

37
Aussi la nature de certaines opérations financières islamiques peut être d’un grand intérêt
pour les PME. Comme nous l’avons vu, les opérations de Mudharaba, Mucharaka ou
Murabaha peuvent être très utiles aux PME. Les financements islamiques peuvent être
aussi utiles aux entrepreneurs débutants ou ceux qui veulent exploiter de nouveaux
marchés et cela grâce aux instruments de participation comme le Mudharaba et le
Mucharaka.

Et aussi les opérations d’Ijara, d’Istisnae et de Salam sont des instruments très adaptés au
financement du haut du bilan que les PME peuvent intégrer dans leur plan
d’investissement. Au niveau des garanties, les banques islamiques demandent souvent
presque les mêmes que les banques classiques. Mais au niveau des banques islamiques ces
garanties peuvent être allégées ou même abandonnées au profit de la réputation du
promoteur, de l’impact social du projet et la qualité des relations entre l’entrepreneur et la
banque.

• Quelques inconvénients du financement islamique pour les PME :

Le premier des inconvénients liés aux financements islamiques est que les banques
islamiques refusent de financer les activités dont la licéité du point de vue de la Sharia n’est
pas prouvée. Certains projets doivent obtenir l’approbation du comité de Sharia pour
bénéficier du financement des banques islamiques.

Il peut arriver que l’activité financée soit « halal » mais engendre indirectement ou
directement une autre activité qui ne respecte pas la Sharia. Tout ceci fait que les montages
financiers comprenant une part islamique sont très difficiles à mettre en œuvre, nécessitant
souvent l’intervention de spécialistes du droit islamique et des financements islamiques. Ce
qui peut avoir pour conséquence une augmentation du coût final du projet.

Dans le cadre de financement de projets les banques islamiques exigent souvent la preuve
de rentabilité prévisionnelle très élevée avant d’accorder leur financement. Et si le projet
est jugé risqué ou si la banque n’a pas une excellente relation et qui datent de plusieurs
années avec l’entrepreneur, les garanties peuvent être très élevés (hypothèque en général).
Etant donné que les banques islamiques prennent plus de risques que les banques
classiques, elles exigent un dossier solide de l’expérience et la maîtrise de son domaine
d’activité.

Aussi en recourant aux financements islamiques, les PME peuvent courir le risque
d’ingérence de la banque dans leurs affaires. C’est le cas des opérations de Mudharaba et
de Mucharaka où l’entreprise peut difficilement apporter des modifications dans la
conduite du projet sans l’autorisation de la banque.

38
Chapitre 5 : ETUDE DE CAS

Finance participative: Intéressées les PME?

Le marché de la PME recèle un important potentiel pour le développement de la finance


participative au Maroc. Selon le rapport 2017 «la finance participative à la PME», réalisé par
Finéopolis(1) consulting, 32% des petites entreprises de la région Mena sont exclues du
circuit bancaire. La «non-conformité des produits proposés à la Sharia» en serait en partie la
cause. Les résultats de l’étude de Thomson Reuters parue en 2014 permettent d’appuyer
cette explication pour le cas marocain.

Elle montre que plus de 20% des PME du royaume attachent de l’importance à la
conformité des produits financiers à la Sharia. Autre motif saillant, environ 93% des PME au
Maroc acceptent d’envisager de travailler avec des banques participatives. Dans les pays
musulmans, il est plus souvent observé que plus la taille de l’entreprise est petite, plus ses
décisions de financement sont sensibles aux principes religieux, précisent les auteurs.

Ils donnent deux explications à la tendance constatée. La première est que le pouvoir de
décision est entièrement entre les mains de l’entrepreneur. La seconde réside dans l’agilité
face aux contraintes économiques (petite masse salariale, petite taille des marchés ouvrant
à des moyens de financements alternatifs).
Le segment PME ne doit donc absolument pas être négligé par les nouvelles banques
«islamiques». Le potentiel que représentent les petites entreprises pour ces nouveaux
bailleurs de fonds, estimé par la société financière internationale (SFI), est entre 1,9 et 2,2
milliards de DH en ce qui concerne le financement participatif. Et pour les dépôts, la SFI
estime que cette capacité est entre 2,07 et 4,06 milliards de DH.

Le cabinet a également procédé à un Benchmarking des produits financiers


proposés par les banques islamiques dans la région Mena et Asie.
Curieusement, les produits basés sur l’endettement (Ijarah ou leasing,
Mourabahah, Salam ou contrat à terme, Istisnaa) dominent ceux qui sont
basés sur le capital (Mousharakah, Moudharabah). Les produits basés sur la
dette sont assez similaires, pour ne pas dire identiques, aux offres
conventionnelles.

39
Conclusion : De ce fait, ils n’apportent rien de plus à la PME hormis peut-être de jouer sur la
psychologie de l’entrepreneur. Les produits basés sur le capital constituent quant à eux une
véritable alternative. À titre d’exemple, la Moudharabah permet à un individu de créer son
entreprise en n’investissant aucun capital monétaire, mais uniquement son idée, son
expertise et ses efforts. Le capital, lui, est fourni par la banque. Il reste donc à savoir
pourquoi une telle tendance a été décelée. L’autre question est de savoir si les indicateurs
liés au financement des PME se sont améliorés depuis le démarrage de l’activité des
banques participatives dans ces pays.

40
Le feedback des PME face au lancement des
produits de financement islamique :
• Présentation :
Notre étude s’intéressera en particulier aux entrepreneurs et dirigeants des petites et
moyennes entreprises

Cette enquête nous permettra de savoir ce que les PME pensent concernant le
financement islamique. Cette enquête à pour objectif d’anticiper la réaction des PME à la
création des organismes de financement islamique création

Le recueil de l’information est basé sur l’administration d’un questionnaire comprenant 15


questions fermées à choix multiples (à réponse unique ou multiple), qui ont été adressées à
30 petites et moyennes entreprises choisies au hasard

• Analyse des résultats :


❖ Analyse de la première partie « l’identification de l’entrepreneur »

(1)Etes-vous ?

La majorité des entrepreneurs interrogés sont des hommes (63.3%) et 36.6% sont des
femmes.

41
(2)Dans quelle tranche d’âge situez-vous ?

36,7% des entrepreneurs ont l’âge limité entre 31 et 40, 33.3% ont un âge entre 21 et 30
ans, 26,7% ont un âge entre 41 et 50 et 3,3% ont un âge plus de 51 ans.

(3)Quelle est votre niveau d’étude ?

26,7% des entrepreneurs interrogés ont un niveau d’étude de ’BAC+3 ou 4’, 23,3% ont un
niveau ‘BAC+2’, 16,7% ont un ‘BAC+5’, 16,7% ont un diplôme technique et 13,3% ont
seulement un baccalauréat et le reste des entrepreneurs interrogés n’ont aucun diplôme.

42
(4)Depuis quant vous avez créé votre entreprise ?

La majorité des entrepreneurs ont récemment créé leurs entreprises (50%), 23,3% ont créé
leurs entreprises ça fait 6 à 10 ans, 20% sont des entrepreneurs ça fait 11 à 15 ans et
seulement 6,7% sont des entrepreneurs depuis plus de 20 ans.

(5)Quel est le secteur de votre activité principale ?

Les entreprises dont l’activité principale est le commerce représentent un pourcentage très
important (70%). Seulement 3,3% des entreprises interrogées travaillent dans le secteur

43
industriel et pour le reste des entreprises, « les services » est le secteur de leur activité
principale.

6) Comment avez-vous financé votre activité au démarrage ?

La plupart des entrepreneurs (56,7%) disent qu’ils ont financé leur activité au démarrage
par leur propre épargne, 43,3% ont pu créer leurs entreprises par l’appui de leurs familles,
26,7% par un crédit bancaire, 10% par l’investissement de leurs associés et seulement 3,3%
ont procédé à obtention d’aide de leurs amis. Il faut noter qu’il y avait des entrepreneurs
qui on procédé au plusieurs modalités de financement

❖ Analyse de la deuxième partie « la situation actuelle » :

44
(1)Êtes-vous satisfaits des produits bancaires actuels ?

On constate que la majorité des répondants (50%) sont peu satisfaits des produits bancaires
actuels, tandis que 23,3% sont satisfaits et le reste des entrepreneurs interrogés ne sont pas
du tout satisfaits

(2)Avez-vous déjà pris un prêt bancaire dans le cadre du financement de votre activité ?

53,3% des entrepreneurs ont déjà pris un prêt dans le cadre du financement de leurs
activités et 47,7% ne l’ont jamais pris

(3)Connaissez-vous la finance islamique ?

45
La plupart des entrepreneurs interrogés connaissent la finance islamique (56,7%) et les
autres n’ont jamais entendu ce concept.

(4)Quels sont les produits islamiques que vous connaissez ?

La majorité des enquêtés (56,7%) ne connaissent aucun produit islamique alors que 36,7%
connaissent la Murabaha, 26,7% connaissent la Mucharaka, 13,3% connaissent la
Mudharaba et seulement 6,7% des entrepreneurs sachent ce qu’on veut dire par Ijara.

(5)Pensez-vous que les produits islamiques seront conformes à la sharia ?

46
73,3% des entrepreneurs pensent que les produits islamiques seront conformes à la Sharia
alors que seulement 26,7% ne le pensent plus.

(6)La finance islamique rendra plus facile le financement des entreprises :

La majorité des entrepreneurs interrogés pensent que la finance islamique rendra plus
facile le financement des entreprises même si le choix de cette réponse s’est marqué par
une certaine hésitation. Alors que 6,7% pensent qu’elle ne facilitera pas le processus de
financement et 6,7% sont tellement convaincus que la finance islamique ne résoudra pas les
problèmes de financement chez les entreprises.

(7)J’emploierai le financement islamique :

47
La plupart des entrepreneurs interrogés ont l’intension d’employer les produits du
financement islamique. Alors que 13,3% ne pensent pas qu’ils vont les employer et 6,7%
n’ont aucune intention de les employer.

8) J’emploierai le financement islamique même si le coût globale d’obtenir un financement


basé sur l’intérêt serait relativement plus léger que celui du financement islamique:

50% des répondants emploieront les produits de financement islamiques même si leur
choix s’est marqué par une certaine hésitation, 6,7% ont confirmés qu’ils vont surement Pas
d'accord du tout 6,7% Pas d'accord 13,3% D'accord 70,0% Tout à fait d'accord 10,0% Q14
Pas d'accord du tout 13,3% Pas d'accord 30,0% D'accord 50,0% Tout à fait d'accord 6,7%
Q15 75 choisir le financement islamique même s’il coutera alors que 30% ont exprimé leur
refus à cause du coût et 13,3% ont insisté sur l’impossibilité d’employer ces financements
tant que leur coût est élevé.

48
• Conclusion et recommandations :
En conclusion de cette partie empirique, on constate que la majorité des entrepreneurs ont
entendu par le concept de la finance islamique sans vraiment savoir les produits offerts et
ils sont peu ceux qui ont une idée sur les différents produits islamiques. Pourtant, la
majorité des enquêtés sont pour la finance islamique au Maroc.

La finance islamique, comme l’indique son nom, est conforme à la Sharia. Mais des
entrepreneurs pensent qu’elle ne le sera pas. Alors, c’est là où apparaît le rôle du Conseil
Supérieur des Oulémas qui peut changer plein d’avis s’il fera des déclarations aux Médias.

La plupart des entrepreneurs ont manifesté leur intention de procéder à ce type


financement, même si leur choix s’est marqué par une certaine hésitation quand nous
l’avons demandé s’ils ne changeront pas leurs avis si les coûts d’obtention de ces
financements sont plus élevés que ceux des produits des banques classiques. Alors, la
demande des produits de financement islamique dépendra principalement de leurs coûts,
d’où la nécessité de proposer des offres concurrentes aux celles du banques
conventionnels.

En général le feedback des entreprises face à des produits islamiques nous apparait
positive même s’ils ne mais cela nous n’a pas empêché de faire cette étude pour savoir ce
que pensent les entrepreneurs de ce mode de financement. Les résultats étaient comme
nous l’avons prévu. Les entrepreneurs espèrent que le financement islamique répandra à
leurs besoins.

49
CONCLUSION :
Aujourd’hui la finance islamique après trente années présente un taux de croissance très
élevé presque partout dans le monde entier. Cette croissance est la preuve que l’efficacité
de la finance islamique n’est plus une question à l’ordre du jour. Malgré cette croissance, la
finance islamique fait encore face à de nombreux obstacles qui constituent pour elle un
véritable frein à son évolution dans la plupart des pays. Ce sont des obstacles liés à la
réglementation bancaire, à la fiscalité, à sa connotation religieuse et à une répartition des
risques au niveau des banques islamiques qui laisse encore à désirer.

Le Maroc, comme tous les autres pays du monde, a pris conscience des avantages que
présentera la finance islamique à son économie. En effet le gouvernement marocain a
donné une place considérable dans ses orientations stratégiques, à l'élaboration d'une loi
qui encadre les activités des banques islamiques, ceci se manifesté par les modifications
apportées à la loi bancaire, ainsi que les lois de titrisation. Pourtant, ces changements
restent toujours insuffisants vus le mystère qui entoure le processus de contrôle de
conformité à la Sharia et spécifiquement celui qu’effectuera le Conseil Supérieur des
Oulémas.

La finance islamique souffre d'un autre problème d’un différend genre, ‘un problème
d'image’. Celui-ci est lié au fait que les Marocains ont une certaine crainte envers le
financement islamique vu sa cherté par rapport au financement classique.

De ce fait, la banque islamique devra maîtriser le marketing dans une acceptation beaucoup
plus riche du métier. Donc l'effort de la banque islamique doit être orienté vers la
découverte des attentes des consommateurs qui influencent la satisfaction des clients.
50
Après la connaissance des besoins et attentes du marché et l'évaluation des moyens
humains, financiers et techniques dont elle dispose, la banque sélectionne la clientèle cible
et formule des objectifs commerciaux.

Pourtant les banques islamiques peuvent jouer un rôle très important dans la croissance
économique des Etats en s’investissant davantage aux cotés des PME/PMI. Les banques
islamiques dans les pays de la zone UEMOA, doivent profiter des dérogations qui leur sont
offertes sur le plan de la réglementation bancaire pour amplifier leur coopération avec les
PME. En effet les PME traversent une situation économique très difficile aujourd’hui, donc
toutes les sources de financement doivent être exploité par ces dernières y compris les
financements islamiques, qui d’ailleurs bien qu’un peu compliqués offrent beaucoup
d’avantages.

• Bibliographie :
La charte de la PME/PMI de 2002, Dahir n° 1-02-188, Loi n° 53.

• Direction de la politique économique générale « les PME au Maroc éclairages et


propositions » document de travail N° 50.

• Rapport d’information sur la finance islamique N°329, Sénat session ordinaire, 2007/2008

www.institut-numerique.org.

www.lamicrofinance.org.

www.lesechos.fr.

www.leseco.ma.

www.finance-muslim.com.

www.doctrine-malikite.fr.

www.ifsb.org.

www.lescahiersdelislam.fr.

fr.financialislam.com

www.leconomiste.com.

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ABREVIATIONS :

Fonds monétaire international : FMI

Union économique et monétaire ouest-africaine : UEMOA

Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest : BCEAO

Banque islamique de développement : BID

Pays moins avancés : PMA

Dépôt et de Gestion : CDG

Le Fonds d’Equipement Communal : FEC

Caisse d’Epargne Nationale : CEN

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