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LES FEMMES ENTREPRENEURES EN ALGÉRIE : SAVOIR, VOULOIR ET

POUVOIR !

Fatima Tahir Metaiche, Abdeslam Bendiabdellah

L'Harmattan | « Marché et organisations »

2016/2 n° 26 | pages 219 à 240


ISSN 1953-6119
ISBN 9782343092515
DOI 10.3917/maorg.026.0219
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-marche-et-organisations-2016-2-page-219.htm
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LES FEMMES ENTREPRENEURES EN ALGERIE : SAVOIR,
VOULOIR ET POUVOIR !

Fatima TAHIR METAICHE


Maitre-assistant (A)
Ecole Préparatoire en Sciences Economiques, Commerciales et Sciences de Gestion
Université de Tlemcen, Algérie
metaichefatima@gmail.com

Abdeslam BENDIABDELLAH
Professeur
Directeur du Laboratoire Management des Hommes et des Organisations
Université de Tlemcen, Algérie
a_bendiabdellah@yahoo.fr

INTRODUCTION

L’intérêt que les chercheurs portent aux problématiques liées à


l’entrepreneuriat féminin est un phénomène relativement récent (Leger-
Jarniou, 2013 ; Onana, 2009). Cet intérêt, qui a connu une évolution
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certaine depuis la fin des années 80, est justifié par le rôle que joue ce
type d’entreprise dans le développement de l’économie mondiale
(Verheul, 2005). D’ailleurs, la phrase très significative de Winn (2005)
« Women are changing the face of modern business » résume bien cette nouvelle
perception de la place actuelle des femmes dans le développement de
l’entrepreneuriat. En effet, une bonne partie de la littérature
contemporaine produite en entrepreneuriat, s’intéresse de près aux
entreprises appartenant à des femmes. Cette catégorie d’entrepreneurs
prend une part croissante dans le monde économique. L’OCDE (2012)
montre que les femmes constituent selon, les pays, entre 20 et 25 % des
créateurs d’entreprises. Le même rapport note une certaine diminution
dans le nombre des nouvelles créations d’entreprises féminines pendant
la crise économique, diminution qui reste toutefois moindre que celle des
hommes. Les données du Global Entrepreneurship Monitor GEM
(2012) révèlent, en outre, que les femmes représentent 25 % à 33 % de
l'économie formelle et sont susceptibles de jouer un rôle encore plus
important dans les secteurs informels.

219
Malgré ces données intéressantes et stimulantes de la réalité du genre
à l’échelle mondiale, le phénomène en soi reste encore mal cerné en
Algérie. Ceci reflète l’idée que l’activité des femmes entrepreneures
identifiées formellement en tant que telles, est récente. La littérature
algérienne pointe le doigt sur la rareté des études académiques relatives à
l’entrepreneuriat féminin en Algérie (Gillet, 2007 ; Ghiat, 2014). Les
auteurs1 critiquent, l’absence quasi-totale de statistiques incluant la
dimension genre dans le monde de l’entrepreneuriat. Aussi, les données
officielles relatives aux effectifs des femmes entrepreneures sont rares et
peu précises, à l’exception de quelques articles dans la presse
journalistique, où le consensus est de mise quant à l’idée qu’il y a très peu
de femmes entrepreneures en Algérie. Il s’avère en conséquence très
difficile d’avoir des statistiques assez précises concernant le nombre
exact de femmes chefs d’entreprises2.
Pour tenter de comprendre cette faible présence des femmes dans les
projets entrepreneuriaux algériens, nous avons mené en 2010 une étude3
auprès de 36 entreprises créées et gérées par des femmes algériennes et
réparties à travers le territoire national, étude qui nous a permis de
recueillir une somme d’informations riches en enseignements.
Dans le présent article, nous analysons et interprétons une partie des
résultats qui découlent de cette enquête. Nous nous focalisons sur 5
interviews, en effectuant d’autres croisements de variables permettant de
décrire d’autres facettes de l’expérience entrepreneuriale féminine en
Algérie. L'article est organisé comme suit. La première section aborde
brièvement le concept de l’entrepreneuriat féminin en tentant de repérer
sa spécificité et sa singularité. La deuxième section montre l'image des
femmes entrepreneures algériennes à travers la présentation de quelques
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chiffres clés. La troisième section présente dans le détail l'étude
exploratoire menée en précisant au passage la démarche méthodologique
retenue. La quatrième section dresse le profil de la femme entrepreneure
algérienne au travers du triptyque savoir, vouloir et pouvoir.

1 C’est également le résultat de certains de nos travaux (Voir Metaiche (2013)).


2 Le bulletin n°21 (2012) publié par le Ministère des PME n’affiche que 17.42% des
femmes sur l’ensemble des entrepreneurs algériens. Le taux de féminité des projets
financés par l’ANSEJ (l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes) est de 10%
et celui des projets financés par le CNAC (la caisse nationale d’assurance chômage) est
de 11%.
3 L’étude en question est le sujet d’une publication en cours traitant le profil de

l’entrepreneuriat féminin en Algérie. Le questionnaire est disponible sur l’adresse


électronique www.f-kar.com/form-seve.htm.

220
1. CADRAGE THEORIQUE

1.1. L’entrepreneuriat féminin : entre rareté des études et écueils


méthodologiques

La recherche en entrepreneuriat féminin s’affirme, aujourd’hui,


comme une spécialisation singulière dans le champ de l’entrepreneuriat
(Filion, 1997). Les écrits théoriques et travaux empiriques se multiplient
progressivement autour de cette thématique depuis la fin des années 80.
Jennings et al. (2013) identifient plus de 600 articles académiques sur ce
thème. La plupart des travaux de recherche effectués sur le sujet
proviennent de pays développés (Orser, 2007) et, plus particulièrement,
des Etats-Unis et du Canada4. En ce qui concerne la France, et comme
l’attestent Chabaud et Lebegue (2013), très peu de travaux ont été menés
sur cette question. Cette évolution5 révèle le rôle de plus en plus sérieux
que jouent ces femmes dans le développement socioéconomique. Elles
constituent l’une des principales ressources inexploitées de
l’entrepreneuriat (OCDE, 2012). Les femmes entrepreneures créent de
nouveaux créneaux pour l’entreprenariat et contribuent à la création de
richesse, à la diversification économique, à l’innovation et à
l’amélioration de bien-être social (Verheul et al., 2005).
Selon De Bruin et al. (2007), le classement des études sur
l'entrepreneuriat au féminin, à travers le monde, permet d’identifier trois
grands thèmes de recherche : les sources du financement des projets
portés par des femmes, la gestion des réseaux et du capital social de la
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femme entrepreneure et la mesure de la performance. De son côté,
Leger-Jarnio (2013) opère une classification chronologique qui retrace
l’évolution de ce champ de recherche, précisant que la période la plus
récente indique une plus grande diversité dans les sujets de recherche,
notamment ceux centrés sur les femmes.
Néanmoins, malgré cette apparente diversité, les études en
entrepreneuriat féminin ne permettent pas encore de cerner la réalité du
phénomène, en raison d’une « friabilité méthodologique »6 révélée dans de
nombreux travaux de recherche (De Bruin et al., 2007) qui viennent
s’ajouter à la « rareté » précédemment abordée. De Bruin et al. (2007)
réaffirment qu’une des explications de la relative rareté des études sur

4Et très récemment, mais dans une proportion moindre, d’Europe, notamment la
Finlande, l’Espagne, la Suisse et la Suède.
5Les indicateurs clés de l'expansion rapide de ce champ de recherche selon Hughes et

al.(2012), comprennent le nombre de conférences, des numéros spéciaux, des revues


spécialisées…etc.
6Brush (1992) souligne, de son coté, et ce dès le début des années 90, un manque

d'appui théorique dans les articles publiés.

221
l'entrepreneuriat au féminin pourrait reposer sur la perception sociale de
la place de la femme, ce qui rend cette catégorie d’entrepreneurs moins
visible et moins étudiée. Les auteurs insistent sur la nécessité d'envisager
les questionnements relatifs à la recherche sur les femmes entrepreneures
différemment, et estiment qu’une nouvelle phase dans la recherche sur
l’entrepreneuriat féminin est indispensable pour engendrer de nouvelles
perspectives (Ahl, 2006 ; De Bruin et al., 2007). Cependant, Hughes et al.
(2012), se déclarent optimistes envers les futures recherches quand elles
affirment que « we are confident that future researchers will produce even richer and
more robust understandings of female entrepreneurs and their endeavors. This is
especially so given the growing maturation of the field that offers a growing array of
questions, tools, and frameworks with which to work».”
Pour l’Algérie, (Abedou, 2007) du CREAD7 témoigne, après une
vaste enquête, que : «Dans les pays du Sud et particulièrement au Maghreb, la
recherche sur les PME n'est qu'à ses débuts». Gillet (2007) atteste, de son côté,
que peu de travaux de recherche portent sur les entrepreneurs algériens.
Elle confirme qu’ « aucune recherche ne traite spécifiquement de l’entrepreneuriat
féminin en Algérie ». Cependant, l’analyse de « l’émergence du travail des femmes
algériennes dans le secteur de l’entrepreneuriat est un objet de recherche nouveau qui
traverse quatre champs principaux de recherche : l’entrepreneuriat, le travail des
femmes, la condition féminine et les rapports sociaux de sexe en Algérie » (Gillet,
2002). Cette affirmation est validée par Ghiat (2014) qui estime que
l’entrepreneuriat est insuffisamment étudié en Algérie. Nous pouvons
également soutenir que, ce thème est pratiquement très peu exploré par
les universitaires et chercheurs algériens. Les statistiques afférentes à
cette catégorie d’entrepreneurs sont peu précises. Par ailleurs, les analyses
des spécialistes ne s’appuient pas toujours sur le même type de données
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et peuvent tirer des conclusions totalement contradictoires sans préciser
la nature des données utilisées (GEM, 2011). Ceci explique en partie, les
difficultés rencontrées lors de notre recherche.

1.2. Définition et concept

Au-delà de la rareté des études et de ces critiques méthodologiques,


l’entrepreneuriat féminin à l’instar de son aîné l’entrepreneuriat, a connu
une grande divergence au niveau de sa définition. L’évolution historique
du champ de recherche de l’entrepreneuriat montre que l’opposition ou
la complémentarité des approches ou des paradigmes ne permet pas de
définir clairement la femme entrepreneure, ni le domaine de recherche
dans lequel elle s’inscrit. Plusieurs auteurs ont essayé de définir ce
concept selon plusieurs angles de vue : le style de management, le type de
leadership, le contrôle, mais toujours est-il qu’on relève une absence de

7 Centre de Recherche en Economie Appliquée au Développement- Alger.

222
consensus au niveau de la définition. Ce terme est ambigu et peut parfois
porter à confusion (Cornet et Constantinidis, 2004).
Cependant, à travers une littérature de plus en plus abondante dans
les pays occidentaux, nous avons pu entrevoir que la notion de
l’entrepreneuriat féminin ou de la femme entrepreneure a connu
plusieurs définitions. Belcourt et al. (1991) décrivent la femme
entrepreneure, comme : «cette femme qui recherche l'épanouissement personnel,
l'autonomie financière et la maîtrise de son existence grâce au lancement et à la gestion
de sa propre entreprise ». La femme est donc entrepreneure « dans la mesure où
elle change de statut et/ou de métier et/ou d’organisation afin de créer une nouvelle
richesse » (Arasti, 2008). De même, Adrien et al. (1999) proposent la
définition fonctionnelle suivante : « a person who takes financial risks, in order
to start up or to acquire a business, and who directs it in an innovative and creative
way by developing new products and conquering new markets ». Autrement dit, ces
femmes assument, seules ou en partenariat, tous les risques et
responsabilités financières, administratives et sociales liés au
développement de leurs activités (Cornet et al., 2004). Pour
Lavoie(1988), la femme entrepreneure c’est : « la femme qui, seule ou avec un
ou des partenaires, a fondé, acheté ou accepté en héritage une entreprise, qui en assume
les risques et les responsabilités financières, administratives et sociales et qui participe
quotidiennement à sa gestion courante ».
Quant à la tentative de définir l’entrepreneuriat féminin dans le
contexte algérien, elle s’avère plus délicate encore. D’abord, il y a une
absence quasi-totale de statistiques incluant la dimension genre dans le
monde de l’entrepreneuriat algérien. Les rares documents existants
souffrent d'imprécision des chiffres officiels relatifs aux effectifs des
femmes entrepreneures. En outre, une confusion conceptuelle entre
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l’entrepreneur et les autres acteurs économiques est à relever, confusion
engendrée par le désordre institutionnel au niveau des tutelles. A ces
facteurs vient se rajouter la carence de la littérature académique
algérienne qui traite le sujet des femmes entrepreneures.
Il semble donc inopportun, dans ces conditions, de tenter d’adopter
une définition pertinente de l’entrepreneuriat féminin et/ou de la femme
entrepreneure. À la lumière de ces dernières précisions, nous retenons
dans la présente étude, comme définition de la femme entrepreneure, « la
femme qui seule ou en équipe a créé et gère une entreprise pour son propre compte ».
Cela signifie qu’elle est entrepreneure dirigeante et propriétaire de son
entreprise.

2. FEMMES ENTREPRENEURES EN ALGERIE. QUELQUES


CHIFFRES

L’entrepreneuriat féminin est considérée comme un facteur favorisant


la croissance et la diversification économiques (Verheul et al., 2005).

223
Partant de cette idée, plusieurs gouvernements et organisations sociales
travaillent afin de stimuler son développement en tant que moyen pour
renforcer les économies locales dans différentes régions du monde.
L’explication évidente de cette nouvelle orientation, selon Karlsson et
Anderson (2009), est que la mondialisation rapide ces dernières années, a
fondamentalement changé les avantages concurrentiels dans les pays et
les régions. Cette évolution se traduit par une forte hétérogénéité des
dispositifs d’accompagnement existants (Culliere, 2005).
L’Algérie, n’est pas en reste. Les stratégies de développement
adoptées aujourd’hui s’inscrivent dans une logique de diversification des
économies. Les orientations politiques prennent en compte la nécessité
de multiplier les programmes et politiques visant à la promotion de
l’entrepreneuriat féminin. Cet ensemble d’indicateurs témoigne d’une
émergence progressive de l’entrepreneuriat féminin en Algérie et
confirme la tendance d’un développement de l’esprit entrepreneurial
comme outil d'intégration socioéconomique de la femme algérienne.
Concrètement, le potentiel qu’offrent les femmes algériennes dans la
promotion de l’entrepreneuriat est encore largement inexploité. Les
statistiques algériennes8 n’affichent que 17.42 % des femmes sur
l’ensemble des entrepreneurs algériens. Le taux de féminité des projets
financés par l’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes
(ANSEJ) est de 10 %. C’est presque la même moyenne de féminité des
projets financés par la Caisse Nationale d’Assurance Chômage (CNAC),
se situant autour de 11 % des financements dédiés aux femmes.
Toutefois, l'ANSEJ avance qu’elle soutient annuellement la création
d’environ 1200 micro-entreprises créées par des femmes sur les 8500
créations à travers le pays (soit près de 14 %). Jusqu’au 30 juin 2012, sur
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les 223437 projets dont elle a soutenu financièrement, près de 23302 ont
été affectés aux femmes (soit 10 %)9. D’un autre côté, les données
afférentes à la CNAC, montrent que ce dispositif a financé à la même
époque, 3689 projets destinés aux femmes contre 51622 aux hommes,
soit un taux de féminité de 11 %. Les professions libérales féminines
sont toujours dominantes (46 %), suivies par les services (22 %) et
l’industrie (19 %).
Par ailleurs, les résultats de l’enquête10 pilotée par le CRASC11,
montrent que sur un échantillon de 85 femmes entrepreneures12 (dans la

8Bulletinn°21 (2012) publié par le Ministère des PME.


9Lestaux de féminité les plus élevés sont dans le secteur des professions libérales avec
43%, suivi par le secteur des services 19%, l’artisanat avec 18% et 10% pour l’industrie.
10Cette enquête est signalée comme première du genre par la première conférence
nationale sur « la promotion de l’entrepreneuriat féminin en Algérie» organisée par
l’Association de femmes-cadres algériennes (AFCAR) et l’Association des algériennes
managers et entrepreneurs (AME) en partenariat avec l’Agence de coopération
technique Allemande (GTZ), Juin 2009, selon les quotidiens nationaux de 16 juin 2009

224
région ouest du pays), 51,8 % d'entre elles ont affirmé que l'idée du
projet leur est venue de la formation qu'elles ont suivie et de l'expérience
acquise au cours de leur carrière. Plus de deux tiers affirment n’avoir
perçu aucune aide d’un quelconque organisme public. L’étude révèle
également que pour 28,2 % des femmes entrepreneures enquêtées, le
montage financier de leur entreprise a été réalisé grâce au soutien
familial, contre 16,5 % qui ont bénéficié d’un crédit bancaire en plus du
fonds propre apporté (Benghabrit et Rahou, 2006).
Sur un autre registre, les données de l’enquête GEM Algérie (2011),
menée en partenariat avec le CREAD, montrent que l’activité
entrepreneuriale reste encore dominée par les hommes, même si les
femmes ont enregistré une progression significative ces dernières années.
Le taux d’activité entrepreneuriale féminine moyen national est de 5.7,
comparativement au taux masculin qui est de l’ordre de 12.3. S’agissant
des phases de développement de l’activité entrepreneuriale, la même
enquête enregistre un taux d’activité entrepreneurial très important dans
la phase de démarrage, puis il diminue dans les phases de
l’entrepreneuriat naissant et dans l’entrepreneuriat établi (GEM, 2011).Si
ces chiffres semblent bien indiquer l’existence d’un potentiel de
développement de l’entrepreneuriat féminin en Algérie, cela ne doit pas
faire illusion. En effet, comparé à ceux des autres pays, l’entrepreneuriat
féminin en Algérie de par sa marginalité reste un épiphénomène. Au
Maroc, en Tunisie et dans bien d’autres pays de la région MENA13, ce
phénomène semble avoir connu une évolution autrement plus favorable
qu’en Algérie, ce qui explique le stade avancé de son développement
dans ces pays. Le rôle marginal dû à l’absence des dispositifs et système
d’appui spécifiques, expliquent les raisons empêchant son évolution en
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Algérie.

3. L’ENTREPRENEURIAT FEMININ EN ALGERIE : ETUDE


EXPLORATOIRE

3.1. La démarche méthodologique

La rareté des études portant sur les entrepreneures et l’effectif limité


de ces dernières dans la région ouest du pays (champ de nos
investigations), nous prive de données pertinentes, ce qui complique les
conditions d’accomplissement de la présente étude. Aussi, dans le but

11Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle – Oran (Algérie)


1272% sont issues d'un milieu urbain, 44,7% sont mariées et 81,2% d'entre elles sont
diplômées (dont 24,7% ont un niveau d'instruction supérieur).
13Appellation anglaise faisant référence aux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du

Nord.

225
d’accroître la crédibilité de nos résultats et permettre d'obtenir un
nombre d’enquêtées représentatif, nous avons sollicité la collaboration de
certains acteurs qui, à des degrés divers, se sont directement impliqués. Il
s’agit, notamment, de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la
TAFNA14 et de l’association des femmes d’affaires algériennes (la
SEVE)15.
Pour la construction d'objet de recherche, nous avons tout d’abord
procédé à une revue de la littérature existante, ce qui nous a aidés à
mieux affiner les contours du phénomène étudié, et à formuler notre
question de recherche. Cette revue de littérature nous a permis
d’identifier certains facteurs susceptibles de façonner le phénomène de
l’entrepreneuriat féminin. Pour cela nous nous sommes appuyés sur les
travaux empiriques réalisés par l’OCDE, GEM et la Banque mondiale,
travaux qui couvrent diverses régions du monde (USA, Canada, Europe
et région MENA). Quant aux textes de référence, nous nous sommes
intéressés particulièrement aux écrits de (Brush et aI., 1991 ; Brush,
1992 ; Ahl, 2006 ; Carrier et aI., 2006 ; Orser, 2007 ; Verheul, 2005 ;
Cornet et aI., 2004). Ces travaux partagent l'hypothèse que les femmes
entrepreneures ont presque les mêmes difficultés à travers le monde.
En parallèle, des entretiens ont été menés en face-à-face avec un petit
échantillon de femmes d’affaires de la wilaya de Tlemcen, ce qui nous a
permis de mieux cerner notre problématique. Menées donc de façon
concomitante avec la recherche bibliographique, ces rencontres avec les
femmes entrepreneures16, nous ont mené à identifier les facteurs
particuliers au contexte algérien. Les premiers résultats n’ont fait que
confirmer les fondamentaux de la littérature sur les grandes
caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin, à savoir, que les besoins de
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formation et de financement et le manque d’information, sont autant
d’entraves d’ordre socioéconomiques auxquelles les femmes
entrepreneures algériennes doivent faire face au quotidien pour réussir
leurs projets.
En vue d’accroître la fiabilité des informations analysées, nous avons
combiné les méthodes quantitatives et qualitatives17. Il s’agit de procéder,
en premier lieu, à une série d’entretiens en face-à-face avec un
échantillon de femmes entrepreneures dans les wilayas (département) de

14 Pour en savoir plus, prière visiter le site web : www.ccilatafna.com


15Ces deux institutions nous ont apporté un concours précieux pour la réussite de notre
recherche.
16 Nous sommes originaires et résidants à Tlemcen, ceci constitue un avantage pour

mener à bien les rencontres en utilisant les réseaux relationnels (familiaux et


professionnels), outre les divers privilèges de la proximité des PME de la wilaya.
17Cette approche permet de combiner les avantages des deux méthodes pour

contrecarrer les limites de chacune (Dumez, 2013)

226
Tlemcen, d’Oran et de Sidi Bel Abbes. Cette démarche qualitative nous a
permis, de recentrer notre objet de recherche et de préparer l’élaboration
de notre questionnaire. Cette étape a été l’occasion de découvrir de
nouvelles dimensions du phénomène étudié. Autrement dit, valider les
variables sélectionnées d'après la littérature et en identifier de nouvelles.
Cette phase a permis également d’obtenir des récits et explications
fondés sur l’expérience personnelle des interviewées.
Dans une telle perspective, nous avons profité de plusieurs rencontres
organisées au sein de la Chambre de Commerce de la wilaya de Tlemcen
(CCI-TAFNA)18. Nous avons mené des entretiens semi-directifs
qualitatifs auprès de cinq de ces femmes19. Nos interrogations ont été
portées sur les point suivants : dans un premier temps, nous avons
interrogé les sujets, sur le profil de leur entreprise (âge, taille, secteur
d’activité, etc.), ainsi que sur les raisons ayant motivé leur création. Puis,
nous nous sommes intéressés à leurs expériences entrepreneuriales,
notamment les problèmes qu’elles ont rencontrés et les supports dont
elles ont bénéficié lors de la création et pendant le développement de
leurs entreprises. Des discussions ont été également conduites sur leur
état de connaissance par rapport à quelques fondamentaux, tels que les
notions de risque, de stratégie, d’innovation, la RSE, etc.
Pour l’administration du questionnaire, nous avons utilisé plusieurs
formules, tout en privilégiant celle qui consiste à automatiser la
procédure sous forme de formulaire électronique, autant pour ses
avantages (notamment la facilité d’administration et l’économie des
déplacements) que pour les inconvénients découlant des autres
méthodes, compte tenu de nos contraintes. La structuration du
formulaire, malgré sa simplicité, a nécessité plusieurs tests pour en
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vérifier les liens et afin d'assurer que les réponses iront automatiquement
à l’adresse électronique programmée. Quant à la population de départ,
elle se compose de toute femme algérienne qualifiée de femme entrepreneure,
selon la définition retenue à la lumière des orientations théoriques
abordées précédemment. Et qui sont généralement membres de
l’association des femmes chefs d’entreprise SEVE20.
Nous avons aussi, pu réunir les cordonnées de quelques femmes
d’affaires de la région ouest du pays (Oran, Sidi bel Abbes et Tlemcen),
et ce grâce aux visites effectuées auprès des Chambres du Commerce de
ces villes, ainsi qu’auprès des directions de PME de la région. D’autres
données ont pu être rassemblées grâce aux réseaux relationnels des

18Notons l’appui conséquent du Conseiller de NUCLEUS des entrepreneurs.


19Les 5 interviewées ont été sélectionnées sous le critère suivant : femme entrepreneure
qui a créé et dirige son entreprise depuis plus de cinq ans.
20La majorité de ces adhérentes ont une adresse email, l'usage d'Internet étant devenu

habituel chez les femmes d’affaires algériennes, comme nous l’ont certifiées plusieurs
interviewées lors de l’étude préliminaire.

227
femmes entrepreneures elles-mêmes qui ont accepté de nous
communiquer les e-mails de leurs collègues. Suite aux précautions
d’usage, de forme et de fond, prises pour optimiser le nombre de
réponses, nous avons finalement reçu 36 réponses, par le biais du
formulaire web21 et confirmer nos résultats au moyen d’entretiens en face
à face.

3.2. Analyse et interprétation des résultats

Rappelons que la présente contribution est inspirée des résultats d’une


étude plus large sur la réalité de l’entrepreneuriat féminin en Algérie. Ici,
nous focalisons nos préoccupations sur les entretiens confirmatoires
dont les récits et les explications sont fondés sur l’expérience
personnelle. Il s’agissait en premier lieu, de décrire les qualités et les
capacités de ces femmes en matière des savoir-faire managérial et
entrepreneurial, d’exposer ensuite leurs raisons d’entrer en affaire, et les
secteurs d’activité qu’elles ont choisis pour attester leur volonté de
réussir. Il s'agit ensuite de cerner leurs contraintes face à leur
environnement et d’identifier les difficultés et les obstacles au
développement de l’entrepreneuriat féminin en général. Le point suivant
expose brièvement le profil des femmes entrepreneures enquêtées et
celui de leurs entreprises, à partir des données issues de l’étude
quantitative.

a) Profil sociodémographique des femmes entrepreneures

Les rencontres effectuées avec quelques femmes entrepreneures, ont


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permis de dégager un certain nombre d’observations qualitatives riches
d’enseignements que nous avons systématiquement rapportées à la grille
d’analyse inspirée de la littérature. Il en est ressorti, une diversité22 de
profils sociodémographiques des enquêtées.

21Pour une partie de l’enquête, la vice-présidente de l’association SEVE a diffusé le

questionnaire à toutes les adhérentes et aux déléguées régionales de son association au


niveau national. Nous la remerciions ici, pour avoir bien voulu se charger
gracieusement de l’administration de l’enquête. Les e-mails de rappels effectués par la
vice-présidente de l’association, ont par ailleurs créé un frémissement dans la courbe
des retours de réponses pendant quelques jours. Cette expérience nous a montré aussi
que plus le temps passait, moins les sujets remplissaient le formulaire. Toutefois les
relances récurrentes et la notoriété de la Vice-présidente de l’association, ont
pleinement servi à réactiver l’enquête.
22La diversité des profils est souvent révélée par les études portants sur les

entrepreneurs algériens (généralement de sexe masculin), notamment celle de Gillet


(2002) qui appui ce constat par plusieurs logiques entrepreneuriales, basées sur leurs
trajectoires personnelles et socioprofessionnelles et leurs motivations à créer
l’entreprise. Cinq types principaux sont observés : l’entrepreneur « cadre », l’entrepreneur

228
• La moyenne d’âge des femmes entrepreneures était de 40 à 55
ans : celles de 40 à 50 ans sont clairement plus nombreuses (83 %),
contre 6 % pour les plus de 50 ans. Toutefois, les deux tranches d’âge se
réfèrent à un âge auquel les femmes sont relativement libérées des
responsabilités matrimoniales et d’éducation de leurs enfants. Ainsi,
seulement 17 % d’entrepreneures femmes actives a un âge compris entre
27 et 39 ans, âge correspondant globalement aux périodes des maternités
et d’éducation des enfants. Par ailleurs, on note qu’aucune femme
entrepreneure, dans l’échantillon, n’a moins de 25 ans. Or, 75 % de la
population algérienne est composée de jeunes de moins de 25 ans. Ceci
confirme, a priori, l’idée que la catégorie sociale des entrepreneurs et
chefs d’entreprise reste plutôt fermée aux jeunes, en général, et aux
jeunes femmes, en particulier, conclusion qui rejoint notamment celle
faite par (Gillet, 2007).
• Au sujet de la situation matrimoniale, nous constatons que 80.6
% de l’échantillon sont mariées (29 femmes) contre 8.3 % divorcées et
5.6 % veuves. Les chefs d’entreprise célibataires représentent 5.6 % de
l’échantillon.
• Quant aux raisons de se lancer dans les affaires, la forte majorité,
78.1 %, provient essentiellement des femmes diplômées ayant connu une
longue période d’inactivité, expliquant leur accès aux affaires comme une
forme de délivrance du train-train domestique. D’autres créatrices
d’entreprises ont par contre choisi de légaliser leurs activités, après un
passage par le secteur informel, en vue de bénéficier de l’accès au crédit
bancaire. Le motif d’autonomie financière est également naturellement
présent, que ce soit à l’égard de la famille ou du conjoint. Celui de la
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réalisation de soi, est aussi fortement corrélé.
• Par rapport au niveau d'étude, il convient de remarquer que les
femmes entrepreneures enquêtées sont majoritairement universitaires
(80.6 %). Celles ayant le niveau secondaire et moyen représentent
respectivement 16.7 % et 2.8 %.

b) Le profil des entreprises

L’analyse de la répartition géographique des 36 entreprises enquêtées


indique un certain déséquilibre, puisqu’elles sont majoritairement
concentrées autour des centres urbains. Les données témoignent de cette
prédominance dans les grandes agglomérations du nord du pays à savoir
Alger 47 %, Annaba 11 %, Oran 11 %, et Tlemcen 8 %.On retient aussi,
que la forme juridique majoritaire dans notre échantillon est la forme
SARL (Société à responsabilité limitée), type de société à création plus

« héritier », l’entrepreneur «migrant », l’entrepreneur d’« anciennes PME», l’entrepreneur «


ouvrier ».

229
facile par rapport aux EURL. Outre les limites de l’épargne personnelle,
les difficultés de mobiliser des ressources financières en vue de la
création d’entreprise ont poussé 65 % des femmes interrogées à partager
la propriété avec le mari, un membre de la famille, ou même un ami. Seul
un tiers des femmes se déclarent propriétaires uniques.
La répartition des entreprises révèle la prédominance du secteur
tertiaire, représentant presque la moitié des activités 44.4 %. Ainsi, les
femmes enquêtées sont davantage présentes dans les prestations de
service (Informatique-Internet-Télécom, Communication, Relation
presse, Juridique-Fiscal, Audit-Conseil-Consulting...) que dans l’industrie
(ex : Electronique, Mécanique) laquelle n’occupe que 13.9 %. Le secteur
agroalimentaire occupe quant à lui, le deuxième rang avec 22 %. Même si
l'enquête a révélé une faible présence de la branche industrielle, il semble
que la tendance va de plus en plus vers la diversification des activités.
Ainsi, les femmes activent non seulement dans les secteurs qui leur sont
traditionnellement réservés (à l’exemple du textile), mais aussi dans
d’autres secteurs investis ordinairement par leurs homologues masculins :
notamment dans les TIC, l’agroalimentaire et la chimie plastique. Plus de
la moitié de l’effectif global des femmes qui ont répondu à l'enquête
(52.8 %) ont embauché entre 10 et 49 employés, c.-à-d., qu’elles sont de
type « petite entreprise » tandis que les 8.3 % suivantes sont de type
« moyenne entreprise » et 5.6 % sont de type « grande entreprise »
puisqu’elles emploient plus 250 personnes. Cette proportion est
remarquable par rapport à notre échantillon de 36 enquêtées.
Dans l’échantillon, les TPE sont relativement moins nombreuses, leur
proportion de 33.3 % n’est pas significative, alors que des études
algériennes tendent à affirmer la prédominance de la très petite
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entreprise (Bouyakoub et Madaoui, 2003)23. Cet aspect ne semble pas
propre à l’économie algérienne. De nombreux pays développés affichent
les mêmes données concernant le poids de la Très Petite Entreprise
comme en France, à titre d'exemple, où les moins de dix salariés
représentent également 93,5 %. C’est peut-être ce point critique qui
marque la friabilité de notre échantillonnage révélant ainsi une non-
représentativité. En termes de durée de vie de l’entreprise, on constate
qu’un nombre significatif de femmes enquêtées (39 %) déclarent diriger
leurs entreprises depuis plus de cinq ans, et environ 20 %, depuis plus de
10 ans. On peut ainsi penser que ces femmes réalisent des performances
assez motivantes pour assurer la pérennité de leurs affaires. De plus, le
fait que leurs entreprises aient dépassé le seuil critique des cinq ans pour
la consolidation des activités, témoigne d’un certain succès de leurs
projets. Quant aux 41 % qui dirigent leurs entreprises depuis moins de
cinq ans, ce constat peut s’expliquer positivement dans la mesure où il
traduit l’orientation des femmes algériennes à rejoindre le monde de

23Ces derniers constatent que 93,2 % des PME algériennes ont moins de dix salariés.

230
l’entrepreneuriat. Le taux de 19.4 % (moins de 2 ans) souligne la
croissance du nombre de nouvelles créations dans les deux dernières
années (2009 et 2010).

4. LES FEMMES ENTREPRENEURES EN ALGERIE :


SAVOIR, VOULOIR ET POUVOIR !

Rappelons que l'intérêt de la présente contribution est porté sur


l’étude qualitative descriptive basée sur des entretiens confirmatoires
menés avec 5 femmes entrepreneures. Ces femmes qui ont déjà participé
à l’enquête quantitative (résumée ci-dessus), dirigent leurs entreprises
depuis plus de cinq ans pour certaines, et plus de 10 ans pour d’autres.
Notre focus consiste à vérifier auprès d’elles, ces trois piliers que sont
« le savoir, le vouloir, et le pouvoir » pour décrire le phénomène de
l'entrepreneuriat.

4.1. Savoir entreprendre

En termes de savoir-faire managérial ou de connaissances


entrepreneuriales, nous avons pu dégager la leçon suivante : les femmes
interviewées possèdent des qualités particulières d’initiative, de prise de
risque, de courage et de créativité. Cependant, malgré ces valeurs, elles
semblent souffrir de manque d'expérience en gestion, de formation
technique initiale, et de difficultés d’accès aux formations continues. Ces
femmes ont conscience que ces manques les handicapent dans la gestion
quotidienne de leurs activités et fragilisent leur potentiel de
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développement. Il n’empêche qu’avec une telle longévité de leurs
affaires, elles semblent être arrivées à combler le manque de culture
managériale ou le manque de qualification, par un certain volontarisme
qui est couronné de succès. Il convient d’exposer ci-après les clés de
réussite dans telles circonstances.
- Elles ont des connaissances linguistiques intéressantes. En
étendant l’analyse à l’aspect linguistique des enquêtées, on découvre que
la majorité d’entre elles maîtrisent le français et certaines se débrouillent
en anglais. Celles qui ont un manque dans ce sens, disent suivre ou
désirer suivre des cours de perfectionnement en langues étrangères. Elles
ont conscience que la langue est désormais un outil primordial de
communication des femmes entrepreneures.
- Elles sont porteuses d’innovations en matière d’organisation du
temps. Avec une capacité multi-tâches remarquable, la fameuse
relation « conciliation vie privée – vie professionnelle » semble
parfaitement bien assumée. La moyenne d’heures travaillées par semaine,
dépasse les 50 heures voire plus de 60 chez la totalité des femmes
enquêtées. Or,si ce temps de travail très important atteste d’une

231
accumulation certaine de savoir-faire entrepreneurial, il peut aussi
s’expliquer par l’insuffisance en ressources humaines internes se
rapportant aux compétences managériales et opérationnelles.
- Elles sont conscientes des changements évolutifs de
l’environnement. Le climat entrepreneurial défavorable dans lequel elles
activent, est contrebalancé par un grand engouement à rencontrer de
nouvelles contingences, et à s’inscrire dans l’économie moderne, celle du
savoir et de l’entreprise performante. Elles s’intéressent à apprendre et
s’accommoder. En effet, la progression des nouvelles technologies de
l’information (NTIC) et l’extension de l’usage d’Internet, ont
certainement contribué à l’amélioration voire la consolidation du système
relationnel entre les femmes entrepreneures algériennes.
En réponse à la question : « Participez-vous à des activités de réseautage ? »,
la forte majorité (95 %) a répondu positivement. En plus, elles le font
souvent par le moyen de la messagerie électronique (e-mailing). Certaines
profitent des réunions ou des rencontres souvent à travers des groupes
relationnels, profitant de l’avantage de la proximité. Il apparaît donc
clairement que, la progression des NTIC et l’extension de l’usage
d’Internet, ont contribué à l’amélioration, voire, la consolidation du
système relationnel entre les femmes entrepreneures (2 % d’entre elles
participent à des forums et des conférences). D’ailleurs, l’ensemble des
interviewées insistent sur l’importance de l’aspect relationnel comme
moyen de pérenniser le rapprochement entre les femmes entrepreneures,
contribuant ainsi à étendre leur potentiel dans le développement
économique national. L’approche de réseautage qui sert à la circulation
de l’information (transmission de connaissances), pourrait effectivement
maintenir la diffusion des connaissances et des expériences de manière à
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améliorer ou faciliter les efforts entrepreneuriaux des femmes algériennes
chefs d’entreprise.
- Elles sont soucieuses des responsabilités sociales. Plusieurs
recherches montrent une attention particulière des entrepreneures envers
autrui et une sensibilité à ce que pensent les autres (Paradas, 2013). Les
entrepreneures interviewées se soucient de responsabilité sociale, elles
contribuent ainsi à améliorer la situation professionnelle et sociale
d’autres personnes, spécialement d’autres femmes. Elles valorisent les
dimensions éthiques dans leurs relations avec leurs subordonnés. Une
autre forme de responsabilité sur le plan social se révèle dans les aides
financières attribuées aux travailleurs chaque année par le biais de
l'aumône (la zakat)24. Toutes les interviewées déclarent que les employés

24La zakat constitue un aspect d’équité très important dans la finance islamique. Le
musulman possédant le minimum imposable est tenu de calculer chaque année lunaire
une taxe sur le capital (2.5%) et de le donner aux plus pauvres dans sa région de
résidence.

232
sont prioritaires en termes d’acquisition de la zakat. Ceci engendre en
conséquence un climat de travail dynamique régi par la confiance
interpersonnelle, stabilise le différentiel de turn-over du staff et contribue
implicitement à la cohésion sociale. Cette stabilité aide ces femmes
entrepreneures à prouver plus de créativité et à prendre des décisions
plus innovantes. Selon Verheul et al. (2005), cet aspect inventif peut
mener alternativement à une qualité plus élevée de l’entrepreneuriat.

4.2. Vouloir entreprendre

L’entrepreneuriat féminin est devenu un excellent dispositif


d’intégration de la femme dans la vie active, en lui offrant un statut social
très important. En effet, nos rencontres avec ces femmes nous ont
permis de déceler une forte personnalité chez elles et une grande
disponibilité à faire face aux défis quotidiens. Le nombre élevé d’heures
consacrées au travail, comme noté précédemment, va dans le même sens,
même s’il pose en parallèle la question de la conciliation vie privée vie
professionnelle. Une interviewée a fait une déclaration riche
d’enseignement : « tout le travail managérial est effectué par moi-même ; je
m’appuie sur des perceptions ou des intuitions personnelles pour gérer mes projets. Je
passe des nuits à travailler pour pallier à la défaillance managériale ou au manque de
qualification de mes subordonnés. Les diplômés de l’université ou même des instituts
de formation professionnelle que j’ai embauchés, ne sont pas qualifiés ; ils n’ont que
des connaissances théoriques, et ne disposent d’aucune compétence professionnelle ».
Seulement lorsque nous l’avons interrogée sur la possibilité de
programmer des formations pour son personnel, sa réponse a été
négative justifiant cela par un seul argument, le coût de la formation.
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Cette réalité est d’ailleurs révélée par une étude de Tabet-Aoual et
Bendiabdellah (2010). En cherchant à découvrir les sources de
recrutement des salariés (universités, Centre de formation, concours,
famille et entourage), cette étude a conclu par l’échec des canaux
classiques de prospection des ressources humaines sur le marché de
l’emploi algérien. Cette défaillance du marché du travail traditionnel, tend
à pousser les dirigeants à recourir à des réseaux sociaux, pour pallier la
faible qualification des nouveaux diplômés. Toutes ces femmes
s’entendent sur un objectif unique « la réussite » dans leur expérience
entrepreneuriale. Elles ont une insistance récurrente pour atteindre ce
but.
- Elles participent à la diversification des secteurs d’activité. Les
transformations socio-économiques que subissent profondément les
organisations dans un contexte de mutation vers la société du savoir et
vers l’économie numérique, incitent les femmes d’affaires algériennes à
franchir des secteurs réservés apparemment aux hommes. Elles jouent
un rôle de plus en plus actif dans la diversité des secteurs d’activités (ex :
textile, agroalimentaire, chimie plastique, Electronique, Mécanique,

233
Informatique-Internet-Télécom, Communication-Relation presse,
Juridique-Fiscal, Audit-Conseil-Consulting, etc.). Elles contribuent ainsi à
la diversité de l'entrepreneuriat.
- Elles adoptent des stratégies multiples. La compétitivité de leurs
entreprises est parfois mise à mal, du fait de l’envahissement, sur leur
marché, de la contrefaçon spécialement chinoise, et en raison de
l’augmentation des coûts de production, consécutive au recours à des
matières premières ou des équipements de qualité importés le plus
souvent de l'étranger. Pour diminuer ces coûts, quelques femmes chefs
d’entreprises recourent généralement à l’externalisation d’une partie de
leurs activités vers l’informel25 (généralement des femmes au foyer).
D’autres femmes considèrent que l’innovation en termes de produit ou
de service, est la meilleure stratégie pour acquérir une part de marché. En
général, ces femmes se comportent différemment des hommes,
notamment face aux risques. Il semble qu’elles mettent en œuvre des
stratégies moins audacieuses. La majorité des femmes rencontrées ont
par ailleurs tendance à prendre des décisions moins risquées.
- Très ambitieuses, elles expriment la volonté d’être seul maître de
leur activité professionnelle. Même si l’idéologie dominante liée au
contexte socioculturel national, tend encore à faire de l’entreprenariat
une activité d’abord masculine et donc un domaine réservé en priorité
aux hommes, il semblerait que l’environnement des affaires et le climat
social en Algérie sont bien moins discriminatoires qu’on a tendance à le
croire. Nos résultats d’ordre quantitatif sont surprenants à ce propos,
dans la mesure où la plupart des répondantes à notre enquête (72 %) ont
avoué n’avoir jamais ressenti une quelconque discrimination dans leurs
activités, que ce soit de la part des différentes administrations, des
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banques ou de la part de leurs fournisseurs ou clients.
Citant un exemple d'une femme enquêtée. Issue d’une situation de
chômage, elle a été à l'origine un médecin généraliste, célibataire, elle a
débuté l’aventure entrepreneuriale depuis plus de 15 ans dans le domaine
du textile (habillements des enfants) avec succès. Ayant un père
fonctionnaire et une mère femme au foyer, le riche entretien mené avec
elle a dévoilé entre autres que son grand-père était également un
entrepreneur. Très ambitieuse, attirée par un désir d’autonomie et
d’indépendance, elle estime avoir acquis un statut dans la société, et
apprécie toujours le bon accueil en tant que femme chef d’entreprise.
Ainsi, les femmes entrepreneures montrent une importance
particulière accordée à la reconnaissance de leur travail. Elles sont
davantage préoccupées par la réussite professionnelle et par le

25(Kerzabi et Tabet, 2009) ont clairement révélé ce constat quand ils arguent qu’une
partie des activités de l’entreprise algériennes se pratique dans l’informel (financement,
production, commercialisation, approvisionnement).

234
développement de leur activité. Elles démontrent un attachement
qualitatif au travail, permettant la reconnaissance et la réalisation de soi.

4.3. Pouvoir entreprendre

« La création d’entreprises est devenue depuis une trentaine d’années, la pierre


angulaire des politiques publiques des pays développés. Elle doit à la fois permettre de
créer des emplois, d’innover, lutter contre la pauvreté, réduire les inégalités sociales et
restructurer les régions en déclin » (Boutillier et Uzinidis, 2012). Les femmes
sont plus nombreuses que les hommes à se lancer par nécessité dans la
création d’entreprise. Cette situation peut être qualifiée parl e terme
« entrepreneuriat de nécessité », par opposition à l’« entrepreneuriat de croissance »,
plus répandu chez les hommes (OCDE, 2012 ; GEM, 2010). Ce constat
a conduit les chercheurs et les décideurs à définir des programmes et des
politiques pour la promotion de l’entrepreneuriat en tant que moyen
pour renforcer les économies et améliorer le bien-être de la femme
(Karlsson et Andersson, 2009). Cependant, Levy-Tadjine (2004) précise
que ces politiques sont pensées trop souvent pour les hommes, et
oublient les besoins spécifiques des femmes entrepreneures. Selon
l'auteur, cette spécificité fait que les programmes de soutien actuels à
l'entrepreneuriat dans différents pays, influencent la tendance
internationale de ce phénomène, vu le potentiel humain pendant
longtemps négligé que représentent les femmes.
Dans un contexte entrepreneurial algérien encore en transformation,
marqué par plusieurs contraintes inhibant la contribution de
l’entrepreneuriat à la croissance économique, la possibilité de développer
des entreprises gérées par des femmes, est entravée par plusieurs
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facteurs. Les femmes entrepreneures interviewées se plaignent avant
tout, d’un climat défavorable, indépendamment du genre, notamment en
matière de lourdeur bureaucratique et de charges fiscales
insupportables26. Parmi les autres contraintes identifiées par notre
enquête, on trouve le besoin d’accès au financement comme question
cruciale dans la création ou la croissance des entreprises. Les femmes
entrepreneures cumulent d’autres handicaps sur ce point crucial de la
création. Elles estiment que le financement initial est insuffisant, marqué
par une faiblesse des ressources propres, une impuissance d’accès au
crédit bancaire, et un moindre recours aux réseaux d’accompagnement.
Une bonne partie d’entre elles, font recours aux mécanismes
traditionnels de financement (le capital investi est une épargne
personnelle ou parfois le fait du réseau familial et amical).

26Ceci rejoint les résultats de BENGHABRIT et RAHOU(2006), qui montrent qu’un

grand nombre de femmes entrepreneures dénoncent parmi les grands problèmes


auxquels elles sont confrontées, ceux liés à la lourdeur des charges professionnelles et
fiscales.

235
L’étude a aussi dévoilé une insuffisance de formation appropriée et un
manque de ressources humaines qualifiées. D’où la nécessité de faciliter
l’accès à des formations spécifiques pour les femmes entrepreneures afin
de combler leurs carences en connaissances managériales dans la gestion
quotidienne de leurs affaires. Notons également l’absence de systèmes
d’information pour que la femme entrepreneure soit formée et informée
en vue de pouvoir s’adapter à un environnement complexe : les marchés,
le climat politique, les conditions économiques. Mais plus encore, les
interviewées expriment un fort sentiment d’isolement dû au manque de
contacts, d’intégration et de rattachement à des réseaux professionnels,
compte tenu du nombre réduit de réseaux d'entraide et des difficultés à
s'intégrer dans les réseaux existants. Étant donné que ces femmes
semblent avoir investi un domaine nouveau, face à un environnement
incertain et évolutif fait d’ouverture et de mondialisation, elles ont
souvent besoin d’échanges mutuels d'expériences, d'informations et de
connaissances pertinentes en vue de saisir des opportunités ou trouver
des solutions aux problèmes de la gestion de leur entreprise. A ces fins,
elles s’orientent généralement vers leur entourage proche (collègues,
amis, familles). C’est le cas d’une entrepreneure « aventurière » de 40 ans,
titulaire d’un ingéniorat en microbiologie et qui gère son entreprise
depuis plus de seize ans. Elle nous a raconté son aventure
entrepreneuriale en mettant l’accent sur l’appui de son conjoint : « En
créant mon entreprise, j’ai cassé les habitudes et la routine de ma vie
quotidienne. C’était très stimulant, mais cette aventure était un facteur déstabilisant
pour le couple et pour l’ensemble de ma famille. Sans l’adhésion de mon conjoint
depuis le début, la situation risquait d’être beaucoup plus dure à assumer
matériellement et psychologiquement […]. Actuellement nous partageons, à deux, mes
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préoccupations professionnelles. Les échanges de nos points de vue ont souvent aidé à
lever de nombreux blocages, notamment, dans la gestion quotidienne de mon entreprise
[…] Mon projet étant bien réussi, je continue à lutter pour maintenir un équilibre
entre mes responsabilités en tant que mère, épouse et femme-entrepreneure ».Ce récit
confirme les écrits qui mettent clairement en évidence le rôle important
du conjoint, sans nécessairement devenir codirigeant. Ce que confirme
Kirkwood (2009) qui note que la femme consulte son conjoint avant
toute décision de nature entrepreneuriale.

CONCLUSION

Le phénomène de l’entrepreneuriat féminin reste encore mal cerné en


Algérie. Le manque de données officielles et l’indisponibilité de
recherches académiques sur la question, nous ont empêchés de dresser
un portrait réel de l’entrepreneuriat féminin et de décrire de façon plus
précise la nature et les types d’entreprises créées par les femmes
algériennes. Dans une telle situation, il ne nous a pas été possible de

236
dresser un historique mettant en relief les grandes lignes de tendance de
ce phénomène, de faire un bilan et de tracer les perspectives de ce champ
émergent dont la réalité profonde reste à décrypter.
L’objectif de notre étude consistait pour l’essentiel à livrer un état
statique de l’image réelle de l’expérience entrepreneuriale féminine en
Algérie. Au terme de ce travail sur un champ d’étude encore peu exploité
en Algérie, nous pouvons dire que les femmes rencontrées font, dans
leur ensemble, preuve de beaucoup d’amour du métier d’entrepreneur, et
c’est peut-être l’une des clés de leur réussite. Notre expérience avec ces
femmes, nous a permis également de conclure qu’être femme et
entrepreneure, c’est mettre en avant des valeurs de persévérance et
d’engagement personnel, de même qu’il faut avoir une volonté affirmée à
franchir ce domaine réservé traditionnellement aux hommes, permettant
ainsi la réalisation de soi et la reconnaissance des autres. Ceci confirme
les apports de Ekinsmyth (2011) qui qualifie l’entrepreneuriat féminin
comme : «une forme d’entrepreneuriat essentiellement motivé par le désir d’atteindre
une harmonie entre vie professionnelle et vie privée, à travers une orientation identitaire
qui brouille les frontières entre les rôles de mère et de femme d’affaires ».

Nous ne terminerons pas cette étude sans évoquer un aspect porteur


de beaucoup d’espérance, en l’occurrence, l’émergence des associations
des femmes entrepreneures de haut niveau, notamment les associations
des femmes-entrepreneures algériennes la SEVE27 depuis 1993, AME28
depuis 2005 et plus récemment, le projet national de réseautage en cours
« HAWA » (Eve), qui à elles trois, semblent ouvrir des perspectives
encourageantes pour impulser et assurer la propagation de cette
trajectoire entrepreneuriale nouvelle.
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BIBLIOGRAPHIE

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Relations sociales France-Maghreb, L'Harmattan, Paris.
AHL, H., 2006, “Why Research on Women Entrepreneurs Needs New
Directions", Entrepreneurship Theory and Practice 30: pp595–621, USA.
ARASTI, Z., 2008, « l’entrepreneuriat féminin en Iran : les structures
socioculturelles », Revue Libanaise de Gestion et d’Economie, Vol. 1.

27 L’association des femmes algériennes chefs d’entreprises, Pour plus d’information sur
ces objectifs, sa mission, et ses activités voire le site web de: http://www.seve-
algerie.org/
28 AME ( Algerian women managers and entrepreneurs) pour en savoir plus visiter leur

site http://www.ame-dz.com

237
BENGHABRIT, N., RAHOU Y., 2006, « Itinéraires de femmes
entrepreneures en Algérie: cas d’Oran », Colloque International : Création
d’entreprises et territoires, 03 et 04 Décembre, Tamanrasset.
BELCOURT, M, BURKE, R-J., LEE-GOSSELIN, H., « Une cage de
verre : les entrepreneurs au Canada », Conseil consultatif canadien sur la
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Series Research in Management, Erasmus University Rotterdam,
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