Vous êtes sur la page 1sur 13

DROIT DES PERSONNES

INTRODUCTION

● définition de la personne en droit d’une double manière :

➢ manière négative : en l’opposant à la chose

- opposition chose / personne fondamentale en droit

- classification binaire : tout ce qui est personne n’est pas chose, et

tout ce qui est chose n’est pas personne

➢ manière positive :

- pas de définition précise de la personne dans le CC et les lois

● étymologie du mot “personne” : persona (“masque de théâtre”)

➢ notion juridique de la personne renvoie à un rôle social plutôt qu’à

un être humain concret

➢ personne juridique et personne humaine pas synonymes : en droit,

personne = sujet de droit et renvoie à la personnalité juridique

(aptitude à être titulaire de droits et assujetti à des obligations)

- personnes juridiques humaines = personnes physiques ;

personnes juridiques non humaines = personnes morales


PARTIE 1 : Les personnes physiques

Livre 1 : L’attribution de la personnalité juridique

Titre 1 : Les frontières certaines de la personnalité

juridique

● cas d’êtres humains vivants et viables pas considérés comme des

personnes juridiques dans le passé :

➢ les esclaves : jusqu’à l’abolition de l’esclavage par un décret du 27

avril 1848, les esclaves n’étaient pas des personnes juridiques

mais des choses

➢ la mort civile : réservée aux peines les plus graves, privait le

condamné de sa personnalité juridique car jugé indigne d’avoir des

droits, abolie par une loi du 31 mars 1804

Chapitre 1 : Le début de la personnalité juridique

Section 1 : La naissance

I. La naissance d’un être humain vivant et viable


● commencement de la personnalité juridique des personnes

physiques à la naissance

● selon les Romains, l’enfant = morceau des entrailles de sa mère

● si la naissance est nécessaire, pas suffisante pour conférer la

personnalité juridique : attribution réservée aux êtres humains nés

vivants et viables

➢ être né vivant : si l’enfant respire

➢ être viable : naître doté des organes nécessaires et suffisamment

constitués pour survivre

- de grands prématurés considérés comme non-viables il y a 30 ans

peuvent désormais être considérés comme viables grâce à la

médecine

- caractéristiques d’un enfant non-viable : être si peu développé ou

atteint d’une malformation si grave que l’espérance de vie est

comprise entre quelques minutes à quelques heures, voire quelques

jours

● 3 catégories d’être humains privés de la personnalité juridique :

- embryons et foetus (pas nés)

- enfants morts-nés ou morts au cours de l’accouchement (pas nés

vivants)

- enfants nés non-viables (manque la condition de viabilité)


II. La déclaration de naissance

● doit être effectuée auprès de l’état civil du lieu où la naissance est

intervenue (art. 55 du CC).

● doit être faite dans les 5 jours suivant l’accouchement

● art. 56 du CC : la charge de la déclaration incombe au père ou, à

défaut, au médecin, à la sage-femme, ou encore aux tiers qui

auraient assisté à l’acccouchement ou chez qui l’accouchement se

serait déroulé.

➢ obligation pas imposée à la mère, même si la jurisprudence précise

qu’elle peut procéder à la déclaration

● une fois la déclaration faite, l’officier d’état civil procède à l’acte de

naissance, premier acte juridique concernant la personne

➢ comporte diverses mentions énumérées à l’art. 57 du CC : lieu et

moment de la naissance, nom et prénom de l’enfant…

● si enfant “trouvé”, procédure particulière à l’art. 58 du CC : la

personne qui l’a trouvé doit faire une déclaration devant l’officier

d’état civil du lieu de découverte de l’enfant

➢ l’officier d’état civil procède alors à un procès verbal de découverte

avec les circonstances dans lesquelles l’enfant a été trouvé et des


indices sur l’enfant (sexe, âge vraisemblable, particularité servant à

l’identifier)

- est dressé ensuite un acte provisoire de naissance indiquant sexe,

nom et prénom donnés par l’officier d’état civil, date de naissance

plausible, lieu de l’endroit où a été trouvé l’enfant ; acte fait en cas

d’accouchement sous X

Section 2 : La conception de l’enfant

I. Le principe de l’absence de personnalité

juridique de l’embryon et du foetus

● embryon = être humain de 0 à 8 semaines de grossesse

● fœtus = au-delà et jusqu’à la fin de la grossesse

a) La qualification juridique de l’embryon et du foetus

● embryon et fœtus = pas des personnes juridiques, en dépit de leur

appartenance au genre humain, car pas encore nés


● comité national consultatif d’éthique pour les sciences de la vie

et de la vie (reconnu par la loi bioéthique du 29 juillet 1994) n’a

pas remis en cause ce choix du droit

➢ rôle = donner des avis sur les problèmes éthiques et les questions

de société soulevés par les progrès de la connaissance dans le

domaine de la biologie, la médecine et la santé

➢ a été interrogé sur la qualification appliquée à l’embryon : avis du

23 mai 1984 → a estimé que l’embryon était une “personne

potentielle”

b) Le régime juridique de l’embryon et du foetus

● pas aptes à avoir des droits subjectifs car pas des personnes ; ne

peuvent donc pas invoquer le droit à la vie ou le droit au respect à

la vie privée

➢ droit à la vie garanti à l’art. 2 alinéa 1 de la CEDH (“le droit de

toute personne à la vie est protégé par la loi”) et l’art. 2 alinéa 2

de la CEDH (“la mort ne peut être infligée à quelconque”)

➢ droit au respect de la vie privée garanti par l’art. 8 de la CEDH et

par l’art. 9 du CC

● L’embryon et le fœtus peuvent-ils être victimes d’un homicide

volontaire ?
➢ ex. 1 : Une personne en état d’ivresse au volant cause un accident

impliquant une femme enceinte de 8 mois, qui est blessée et fait

une fausse couche. L’auteur de l’accident va-t-il être poursuivi pour

blessures involontaires sur la femme enceinte ou pour homicide

involontaire de l’enfant à naître ?

➢ ex. 2 : À l’occasion d’une intervention chirurgicale bénine sur une

patiente enceinte, le chirurgien commet une grave erreur

provoquant une fausse couche. Y a-t-il eu homicide involontaire de

l’enfant à naître ?

➔ la loi pénale qui sanctionne l’homicide involontaire punit-elle le fait

de mettre fin à la vie humaine ou de mettre fin à la personnalité

juridique ?

- 1e hypothèse : il peut y avoir homicide involontaire de l’enfant à

naître car c’est un être humain vivant

- 2e hypothèse retenue par la Cour de cassation : dès lors, le fait de

provoquer la fausse couche d’une femme enceinte ne saurait

constituer un homicide involontaire de l’embryon ou du foetus

(arrêt de la chambre criminelle du 30 juin 1999 + arrêt de

l’Assemblée plénière du 29 juin 2001)

II. La règle infans conceptus

● vient du droit romain


● fiction juridique, mensonge de la loi

● considère l’enfant simplement conçu comme déjà né s’il en va de

son intérêt

➢ fait rétroagir le début de l’acquisition de la personnalité juridique au

moment de la conception de l’enfant

● 2 conditions cumulatives :

➢ l’enfant doit être né vivant et viable

- ex : pour la jurisprudence, l’enfant simplement conçu peut être

reconnu par son père avant la naissance → règle dégagée sur le

fondement de la règle infans conceptus et garantie à l’art. 316

alinéa 1er du CC

➢ l’enfant doit y trouver un intérêt : en effet, règle faite uniquement

pour conférer des droits à l’enfant et non des devoirs

- ex : le père d’un enfant simplement conçu décède avant sa

naissance, l’enfant peut-il hériter de son père ?

➔ Si la personnalité juridique de l’enfant ne lui était acquise qu’à la

naissance, il ne pourrait pas hériter de son père car il faut être né

vivant et viable au moment du décès pour hériter. Grâce à la règle

infans conceptus, l’enfant peut hériter de son père alors qu’il n’était

qu’un embryon ou foetus au moment de son décès.


● l’enfant simplement conçu peut obtenir réparation d’un préjudice

moral

➢ arrêt 2e Ch. civ. de 1927 : Une femme est enceinte, le père

décède d’un accident de travail pendant sa grossesse, la veuve

exerce une action en responsabilité civile contre l’employeur de son

défunt mari et demande réparation de 2 préjudices, celui qu’elle a

subi du fait de la mort de son mari et celui de son enfant

simplement conçu au moment du décès.

- pour les juges, l’enfant simplement conçu a droit à la réparation du

préjudice moral causé par le décès de son père avant sa naissance

- pour la doctrine, cet arrêt = application de la règle infans conceptus

Chapitre 2 : La fin de la personnalité juridique

● cause principale de la disparition de la personnalité juridique des

personnes physiques = mort.

➢ en générale certaine mais peut être incertaine, quand on ne dispose

pas du cadavre de la personne

Section 1 : La mort certaine


● la mort produit des événements juridiques : met fin à la

personnalité juridique de la personne

➢ entraîne 2 conséquences liées à la fin de la personnalité juridique :

dissolution du mariage + ouverture de la succession du défunt

(biens transmis à ses héritiers)

I. Le moment de la mort

a) Le constat de la mort

● évolution de la définition de la mort en 2 temps :

➢ pendant longtemps, mort identifiée comme la fin de l’activité

cardiaque

- grâce aux progrès de la médecine, on peut maintenir les organes

vitaux de manière artificielle pendant une durée indéterminée alors

que sont déjà morts d’autres organes essentiels

➢ nouvelle définition de la mort par le droit

- a pour but de permettre le prélèvement d’organes

- inscrite aux art. R1232-1 et suivants du Code de la santé publique

- mort désormais définie comme l’absence d’activité cérébrale, et ce

même si le coeur peut être maintenu en activité


b) La déclaration de la mort

● mort officiellement constatée par un certificat de décès délivré par

un médecin

➢ doit ensuite être déclarée, soit par un parent du défunt, soit par un

tiers (art. 78 du CC)

➢ l’officier d’état civil du lieu du décès dresse après un acte de décès,

qui doit contenir un certain nombre de mentions précisées aux art.

70 et suivants du CC

➢ publicité ensuite assurée sous la forme d’une mention sur l’acte de

naissance du défunt

● en cas de décès d’un enfant avant la déclaration de sa naissance, 2

hypothèses envisagées :

➢ 1e hypothèse : art. 79-1 alinéa 1er du CC

- 2 actes établis par l’officier d’état civil : acte de naissance + acte de

décès → établis sur production d’un certificat médical indiquant que

l’enfant est né vivant viable et précisant le jour et l’heure de sa

naissance et de son décès

➢ 2e hypothèse : art. 79-1 alinéa 2 du CC → à défaut du certificat

médical prévu à l’alinéa 1er, l’officier d’état civil établit un acte

d’enfant sans vie

- sans certificat médical, enfant considéré comme pas né vivant et

viable
- sont considérées 2 catégories d’êtres humains : êtres humains pas

nés vivants + êtres humains nés vivants mais non-viables

- pour qu’un acte d’enfant sans vie soit dressé, il faut avoir un

certificat médical précisant l’intervention de l’accouchement à partir

de la 13e semaine de grossesse

- acte d’enfant sans vie # acte de naissance car produit des effets

plus limités : ne constate pas la personnalité juridique, ce qui

entraîne 2 conséquences → n’établit pas la filiation de l’enfant + ne

permet pas à l’enfant de se voir reconnaître la qualité d’héritier ;

produit 2 effets modestes → permet aux parents de donner à

l’enfant un prénom et un nom (qui peuvent être inscrits sur le livret

de famille) + organiser les obsèques de l’enfant

II. Le statut des morts

a)Les funérailles

● loi du 15 novembre 1987 sur la liberté des funérailles → toute

personne peut choisir son mode de sépulture, les conditions de ses

funérailles, et le caractère religieux ou civil de ses funérailles

➢ principe limité : on ne peut choisir qu’entre 2 modes de sépulture →

inhumation ou crémation
- arrêt Consorts Leroy du Conseil d’1tat du 29 juillet 2002 : la

conservation du cadavre par un procédé de congélation est interdite

b) Le sort du cadavre

● Le cadavre est-il une chose ou une personne ?

➢ ne peut pas être une personne juridique même s’il est humain, car

fin de la personnalité juridique à la mort : chose sur laquelle on

peut effectuer un prélèvement d’organes

➢ chose particulière car humaine et protégée au-delà de la vie

- art. 16-1-1 du CC : “le respect dû au corps humain ne cesse pas

avec la mort, les restes des personnes décédées, y compris les

cendres, doivent être traités avec respect, dignité et décence”

- art. 225-17 alinéa 1er du CP : est sanctionnée toute atteinte à la

dignité du cadavre par quelque moyen que ce soit

- art. 225-17 alinéa 2 du CP : est sanctionne la violation ou la

profanation de tombeaux ou sépultures

Section 2 : La mort incertaine

Vous aimerez peut-être aussi