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Economie monétaire et financière

2ème séance

Pr D. Assi
II- Economie d’endettement et économie
de marchés financiers ou de capitaux
• Traditionnellement, le système financier est qualifié
en fonction de la modalité de financement dominante
dans une économie. On peut donc distinguer deux
types de systèmes financiers:
- Un système de type « anglo-saxon ». basé sur la
banque ( économie d’endettement )
- Un autre système, essentiellement développé en
Europe (notamment en Allemagne) et au Japon, basé
sur le marché financier (économie de marchés
financiers).
Critères de distinction

• La référence à deux types d’économie en


matière de financement remontre à une
distinction établie en 1974 par l’économiste
anglais John Richard Hicks.
• Trois critères principaux sont pris en compte
pour distinguer l’économie d’endettement de
l’économie de marchés financiers : le mode de
financement de l’économie prédominant, les
modalités de fixation des taux d’intérêt et le
rôle de la banque centrale.
L'économie d'endettement
• Le mode de financement: l'économie
d'endettement est un système financier où
prédomine la finance indirecte, sous la forme d'un
financement par le crédit. cad, L’endettement
auprès des banques commerciales est la principale
source de financement de l’activité économique.
Même lorsque les entreprises ont par leur dimension
un accès au marché financier, la faiblesse du taux
d'autofinancement implique le recours
complémentaire au crédit.
• les modalités de fixation des taux d’intérêt : une
des caractéristiques principales du marché du crédit
dans les économies d’endettement est la rigidité
des taux d’intérêt. Dans ce type d’économie les
banques se refinancent essentiellement auprès de
la banque centrale, le taux de refinancement (le
taux de réescompte) est fixé administrativement
par la banque centrale. En fixant ce taux, la
banque centrale s’engage par le fait même, à
satisfaire la demande qui s’exprime à ce taux.
• le rôle de la banque centrale : dans une économie
d’endettement, Les banques sont structurellement endettées
auprès de la banque centrale . La banque centrale est un
prêteur de dernier ressort contraint. Comme on l’a précisé dans
le point précédent, en fixant le taux de refinancement, la banque
centrale s’engage par le fait même, à satisfaire la demande des
banques en monnaie centrale. Dans un tel cas, la banque
centrale ne peut contrôler la liquidité des banque qu’a
posteriori.
• Dans ce type d’économie, les banques n’ont pas besoin de
détenir des réserves excédentaires pour accorder des crédits.
Elles accordent des crédits puisqu’elles savent d’avance qu’elles
peuvent se refinancer auprès de la banque centrale. Donc, le
sens de causalité va de la masse monétaire à la base monétaire,
l’offre de monnaie est endogène.
Dans une économie d’endettement: l’insuffisance de
l’épargne par rapport à l’investissement désiré )
implique l’endettement à 2 niveaux :
- les entreprises s’endettent auprès des banques
commerciales
- les banques commerciales endettées auprès de la BC
(la BC joue le rôle de prêteur en dernier ressort)
L'économie d'endettement ne doit pas être
confondue avec l'économie endettée. Il n'est pas
incompatible qu'une économie de marchés
financiers réalise son équilibre par l'endettement
extérieur.
L'économie de marchés financiers

• Le mode de financement: Dans ce type d’économie, les


agents économiques se procurent leurs ressources de
financement en émettant des titres sur des marchés. La
place de l’autofinancement et des ressources propres est
importante. Ce système privilégie donc la finance directe.
Le crédit bancaire n’est supposé jouer qu’un rôle
secondaire dans le financement de l’activité des
entreprises

• L'activité des marchés permet à l'offre et à la demande


de capitaux de se rencontrer directement sans passer par
un intermédiaire financier.
Les modalités de fixation du taux d’intérêt : le taux d’intérêt est
libre (flexible). Il varie selon l’offre et la demande des fonds
prêtables:
- élevé si demande est supérieur à l'offre
- faible si offre est supérieur à la demande
Les banques se refinancent sur le marché monétaire selon un taux
déterminé librement sur ce marché .
le rôle de la banque centrale : les banques se refinancent sur le
marché monétaire, La banque centrale n’est pas obligée d’intervenir
sur le marché interbancaire, elle est un prêteur de dernier recours
discrétionnaire (non contraint). Elle peut mener une politique
expansionniste ou restrictive.

L’offre de monnaie est exogène. Le sens de causalité dans ce cas va


de la base monétaire à la masse monétaire. Elle contrôle la masse
monétaire à travers le contrôle de la base monétaire, elle exerce
La différence majeure entre une économie
d'endettement et une économie de marché financier
est que, dans la première, la Banque Centrale est un
prêteur en dernier ressort contraint d'assurer le
bouclage du financement de l'économie alors que, dans
la seconde, l'intervention du prêteur en dernier ressort
reste discrétionnaire.
Comment vérifie -t- on un développement
d'économie de marchés financiers ?

- par l'évolution des tx d'autofinancement


- par l'évolution des titres de créances
- par l'évolution des crédits bancaires
• Le Maroc est une économie d’endettement :
l’essentiel du financement de son économie
est couvert par les crédits.
• Les crédits proviennent d’un système
d’intermédiation financière composé des
institutions bancaires (les banques
commerciales) et des institutions non
bancaires (les sociétés de financement).
• Ces deux systèmes de financement sont plus complémentaires que
concurrents. Aujourd’hui, on peut parler de modèle mixte :

 Les grandes entreprises ont pris l’habitude de se financer par émission


de titres sur les marchés de même que les ménages, notamment par les
OPCVM, ont réorienté une partie de leur épargne vers les marchés.
 Le canal de la finance intermédiée reste toutefois important :
– Peu d'entreprises ont un accès direct au marché financier.
– Le financement des PME reste pour l’essentiel un financement sous
forme de crédit bancaire 
– Suite à l'évolution récente, les Banques ont diversifié leurs activités:
rôle de courtier
• Elles sont devenues des intermédiaires importants entre agents
individuels (ménages, entreprises) et le marché financier, en
jouant sur un meilleur accès à l'information.
III- L’évolution du système de financement: D’une
économie d’endettement à une économie de marché
financier
• Jusqu’à la fin des années 70, le système financier est dominé
par la finance indirecte qui privilégie l'intermédiation des
banques. Il fonctionne selon les principes d'une économie
d'endettement.

• A partir des années 1980, les marchés de capitaux vont


devenir partout dans les grands pays capitalistes un mode de
financement privilégié. Ce qui se traduit par une baisse de
l'importance des crédits bancaires dans le financement
global de l'économie (désintermédiation)
A – L’apparition d’une économie d’endettement
• De 1945 jusqu’au début des années 70 ( les 30 glorieuses,) les capacités
de financement de l’économie deviennent insuffisantes pour 2 raisons
complémentaires :

1- Après la deuxième guerre et dans un contexte de reconstruction


(croissance économique très rapide), l’effort d’investissement devient
considérable.

2- Mais les ménages préfèrent consommer plutôt qu’épargner. Dès


lors , pour couvrir leurs besoins de financement, les agents
économiques ont de plus en plus recours au crédit qui est facilité
par des taux d’intérêt peu élevés et une inflation élevée, car l’Etat (la
banque centrale) répond aux besoins de l’économie en injectant de la
monnaie afin de perpétuer le mouvement de croissance économique .
• Cette politique d’injection de monnaie dans
l’économie génère une inflation rampante ,
c’est-à-dire une hausse des prix , mais qui
reste modérée . Dès lors ,les agents
économiques anticipent que l’inflation va
faciliter leur remboursement en diminuant la
valeur de la monnaie, car elle allège leurs
charges financières . C’est donc une forte
incitation à demander de nouveaux
emprunts
• Les entreprises qui constatent que le taux
d’intérêt , c’est-à-dire le coût de l’endettement
, est inférieur à leur taux de profit, c’est-à-dire
le rendement de leur investissement , ont de
plus en plus recours à l’endettement pour
financer leur  investissement
B- LES REPERCUSSIONS D’UNE ECONOMIE
D’ENDETTEMENT
 1 - L’économie d’endettement est inflationniste
• Si L’endettement auprès du système bancaire a eu des
conséquences très positives à court et moyen terme ( une forte
croissance économique , un effort d’investissement et de
modernisation considérable) , cela a fini par générer des effets
pervers :

- L e financement des dépenses sociales de l’Etat providence


s’est opéré par une création de monnaie qui a gonflé la masse
monétaire , ce qui , dans une situation proche du plein emploi , a
eu tendance à générer des tensions inflationnistes .

- les entreprises , pour rembourser leurs dettes et leurs frais


financiers , ont tendance à augmenter leur prix
2 – Le surendettement des agents économiques

• A force d’emprunter , de nombreux agents


économiques se sont retrouvés lourdement endettés:

- Pour les entreprises, le surendettement finit par


inquiéter les banques qui hésitent à accorder de
nouveaux crédits , ce qui limite leurs investissements ,
d’autant plus qu’à terme la spirale inflationniste se
traduit par une forte augmentation des taux d’intérêt
qui réduit l’incitation à investir des entreprises et leurs
capacités à rembourser leurs dettes
- les ménages : ils sont aussi victimes puisque , en
raison de la crise d’inflation , leur pouvoir d’achat
ralentit et même quelquefois s’effondre en raison du
chômage , alors que le coût de leur remboursement
ne cesse de s’accroître en raison de l’augmentation
des taux d’intérêt

- l’Etat, en financant ses dépenses par le recours à


l’endettement, son déficit s’accroît, entrainant une
aggravation de la dette publique surtout avec
l’augmentation du taux d’intérêt
II – Le début des années 80 et le passage à une
économie de marché financier

• Depuis le début des années 1980, les systèmes


financiers ont connu de grands bouleversements. Ces
transformations vont dans le sens d’un plus grand
libéralisme économique. Le financement des
économies tendra à se faire davantage par l’appel au
marché des capitaux alors qu’il se faisait jusque là
plutôt par l’endettement auprès des banques.
• Conséquence: à priori passage d’une
économie d’endettement à une économie de
marchés financiers
Perte du monopole de financement de
l’activité économique par les banques
A – Les raisons expliquant le passage à une
écconomie de marché financier

• Plusieurs causes sont à l’origine de cette


évolution, dont la principale est le
mouvement de libéralisation financière
caractérisée par les "3D" (déréglementation,
décloisonnement, désintermédiation)
• - La déréglementation: Libéralisation des taux d'intérêt;
suppression des contrôles des taux d'intérêt C'est aussi la
libéralisation des mouvements de capitaux .
 
-  Le décloisonnement correspond à la fois à l'ouverture des
marchés nationaux et à l'élimination des barrières cloisonnant les
différents marchés nationaux de capitaux.

• - La désintermédiation: La désintermédiation correspond au recul


de l'économie d'endettement au profit de l'économie de marché
financier ; en clair, les entreprises se financent directement sur les
marchés financiers (en émettant des obligations, des actions, etc.)
au lieu de s'endetter auprès des banques.
• Dans ce nouveau contexte, on peut se
demander si l’intermediation financière est
menacée ou si elle conserve sa raison d’être.

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