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Gohan Abolet L3

BCC1-UE1

1. Peut-on dire que Hume défend une conception relativiste du jugement de goût ?
Afin de répondre à la question il est bon de définir le goût, le goût désigne un ressenti, une
sensation, face à la beauté d’une œuvre d’art. Ce ressenti est à mettre en distinction avec le terme
esthétique qui lui, en est le jugement, ou l’étude. La question est donc de savoir si le jugement de
goût, est relativiste ou non selon Hume. Être relativiste sur la question du jugement de goût signifie
que l’on considère que la beauté d’une chose dépend du point de vue de chaque individu. La
distinction faite entre le jugement de goût et le goût en lui même est importante pour Hume, car
bien que celui-ci considère la beauté d’une œuvre comme subjective, il n’est pas relativiste pour
autant puisque celui-ci considère le jugement de goût comme objectif d’une certaine manière. Selon
lui, il existe une norme du jugement de goût déterminée par des facteurs sensoriels, une
prédisposition mentales aidées par la pratique permettant de juger de manière compétente en
matière de goût. Ainsi Hume n’est pas relativiste sur la question du jugement de goût, considérant
que certains sont plus aptes à juger une œuvre, impliquant ainsi un consensus, une norme.

2. Pouvez-vous expliquer la citation suivante : « Contre l’idéologie charismatique qui oppose


l’expérience authentique de l’œuvre d’art comme "affection" du cœur ou compréhension immédiate
de l’intuition aux démarches laborieuses et aux froids commentaires de l’intelligence, en passant
sous silence les conditions sociales et culturelles qui rendent possible une telle expérience et en
traitant du même comme grâce de naissance la virtuosité acquise par une longue familiarisation ou
par les exercices d’un apprentissage méthodique, la sociologie établit, à la fois logiquement et
expérimentalement, que l’appréhension adéquate de l’œuvre culturelle, et en particulier de l’œuvre
de la culture savante, suppose, au titre d’acte de déchiffrement, la possession du chiffre selon lequel
l’œuvre est codée. » (Pierre Bourdieu, Alain Darbel, L’Amour de l’art, Paris, Editions de Minuit,
1966, p. 108)
Ici Bourdieu fait une critique de la norme du goût vue chez Hume par le terme d’idéologie
charismatique, qui définit la capacité à juger l’art comme instinctive, affection du cœur, déterminée
à la naissance, et écartant toute dimension et détermination sociale. Nous avons étudié en cours la
relation entre cette dimension sociale et la capacité à juger une œuvre au travers d’enquêtes
sociologiques sur le niveau d’étude, la fréquentation précoce des musées et l’étude par
questionnaires menée par Bourdieu corrélant ainsi la capacité d’un individu à émettre un jugement
esthétique avec ces différentes expériences écartant ainsi l’hypothèse selon laquelle la
compréhension de l’art résulterait d’un don inné, ou autre prédisposition mentale comme le pensait
Hume. Dans cette citation l’utilisation de « culture savante » sous entend l’art académique établis
comme relevant de codes historiques, de techniques et de pratiques plastiques établies, codes et
symboles qui demandent une maîtrise du registre, un savoir qui peut s’acquérir par l’apprentissage.
3. En quoi la peinture et la sculpture ont-elles changé de statut entre le Moyen-âge et le 18e siècle ?
Pour répondre à la question il est important de rappeler certaines définitions historiques. Au Moyen
Age le concept d’art divise deux familles regroupant grammaire, dialectique, rhétorique
arithmétique, musique, géométrie, et astronomie pour les arts dit libéraux, et la peinture, sculpture,
architecture parmi les arts serviles/mécaniques considérés comme utiles et dit inférieurs aux arts
libéraux. Il y a donc une hiérarchisation entre les arts, regroupant par ailleurs des domaines
théoriques tels que l’arithmétique ou l’astronomie comme cité précédemment. Ces arts dit utiles
sont généralement perpétués au sein de corporations ou par tradition dans un groupe local, familial.
Ce n’est qu’à l’arrivée de la renaissance que ces corporations généralement gérées de manière
autonomes ont laissé place à des académies gérées ici par des villes et autorités. Concernant la
peinture et la sculpture, avec l’apparition d’académies de peinture et de sculpture, ces deux
disciplines ont vu leur statut d’art utile et servile s’élever au rang d’art libéral, supérieur, permettant
aux artistes peintres et sculpteurs d’être enfin reconnus.

4. Selon vous, est-il possible d’avoir tort ou raison lorsqu’on juge une œuvre d’art ?

Pour répondre à cette question il convient de rappeler les deux grandes idées étudiées lors de ce
semestre qu’implique le jugement d’une œuvre. D’un côté Hume nous émet un jugement non
relativiste, en d’autres termes un concept objectifs sur la question, bien qu’il semble considéré le
beau en tant que tel comme subjectif. Cela implique qu’il considère que certains sont plus aptes à
juger une œuvre. Selon Bourdieu juger une œuvre d’art est une aptitude qui se travail par
l’expérience, l’étude et la pratique, et en un sens cela permet de s’approcher d’une forme de vérité
lorsque nos connaissances nous permettent de contextualiser l’œuvre, y voir les codes et règles qui
régissent les formes, couleurs, représentations. En un sens étudier un Géricault paraîtra une tâche
insurmontable pour un néophyte que pour un initié au travail de l’artiste et au contexte historique de
création des œuvres qu’il propose. Cela dit, est-ce que pour autant l’un domine forcément l’autre
par la connaissance et la maîtrise ? L’ignorant peut-il avoir raison sur le critique d’art ? Je pense
qu’il n’est pas question d’avoir tort ou raison, je crois qu’il est question de séparer deux disciplines
entre elles. Selon moi certaines personnes sont mieux qualifier pour juger une œuvre d’art, et je
classe ces personnes dans une catégorie « professionnelle », à distinguer d’un jugement amateur qui
selon moi est un autre registre beaucoup plus personnel et intéressé. Dans le premier cas de figure
ces spécialistes vont juger l’œuvre de manière à cerner au plus près la volonté de l’artiste et en cela
ceux-ci s’approchent d’un regard objectif de l’œuvre et arrivent à en extraire les idées majeures.
Pour ce qui est du second cas la critique du néophyte est influencé par son propre milieu social-
culturel-familial, il n’a pas nécessairement les connaissances requises pour comprendre toutes les
strates de réflexions que composent un Beksinski ou un Rembrandt. Cependant il peut en apprécier
les formes, couleurs, sensations, et en cela créer sa propre norme de goût subjective qui ne sera
jamais aussi fidèle et complexe qu’une analyse d’un historien de l’art. Selon moi un spécialiste en
réalité ne juge pas une œuvre, il l’étudie, par l’analyse, un néophyte quant à lui juge par le ressenti.
Bien sur ce raisonnement est assez manichéen, la réalité est bien plus nuancée, c’est pourquoi il faut
arriver à faire la part des choses entre étude/analyse pure, qui rentre selon moi dans le domaine de
l’esthétique de l’art, cherchant une forme d’objectivité, et ressenti de goût personnel qui fait appel à
une subjectivité et qui est purement individuel.

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