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3/ Les encaissements documentaires


Par Christine Gilguy

Publié il y a 11 ans

Temps de lecture : 8 mins read

3.1 La remise documentaire

La remise (ou encaissement) documentaire est soumise aux Règles


uniformes pour les encaissements (RUU) publication 522 de la
Chambre de commerce internationale (ICC).
Elles sont à éviter car elles n’offrent strictement aucune sécurité
pour l’exportateur :
– pas d’engagement de payer de la part de la banque de l’acheteur,
contrairement au crédit documentaire ;
– exposition au risque de non-transfert ;
– compte tenu du risque de corruption dans certains services
douaniers, possibilité pour l’acheteur de retirer les documents sans
les documents…

Le conseil de Jean-Claude
Seule garantie possible : négocier une remise documentaire liée à la
présentation d’une traite avalisée par une banque de premier rang.

3.2 Le crédit documentaire (crédoc)


Le crédit documentaire (ou crédoc), appelé aussi abusivement «
lettre de crédit », se différencie essentiellement de la remise
documentaire du fait de l’engagement irrévocable des banques.

Repère
Définition du crédoc
Il s’agit d’une opération par laquelle une banque dite « banque
émettrice », s’engage à la demande de son client appelé « donneur
d’ordres », à régler à un vendeur dit « bénéficiaire » un certain montant,
à un terme convenu, avant une date déterminée, contre remise de
documents conformes prouvant la bonne exécution de la livraison ou
des prestations.
Le crédit documentaire est transmis par une banque dite
« notificatrice » qui n’est pas obligatoirement celle du bénéficiaire.
À l’exception notable du virement Swift accompagné d’une lettre de
crédit standby, le crédoc est le seul moyen de paiement
garantissant à l’exportateur une certitude quasi totale de bonne fin
d’encaissement, à condition bien entendu d’en respecter les règles.

Pour optimiser la gestion des crédits documentaires, il importe d’être


très directif et non passif, et par suite d’inclure dans les contrats commerciaux des
instructions d’ouverture précises qui deviendront ainsi partie intégrante du
contrat.
Pour être encore plus efficace, le crédit documentaire peut être confirmé. La
banque notificatrice ou une tierce banque (désignée de préférence
par le bénéficiaire ou, par défaut, par la banque émettrice) apporte
ainsi un double engagement. La confirmation est, de plus, un
engagement de paiement sans recours.
Repère
La confirmation
La confirmation garantit contre les risques de non-transfert,
d’insolvabilité de la banque émettrice ainsi que contre le risque
pays. Le plus souvent, elle est apportée dès l’ouverture du crédit
documentaire. Mais, parfois, elle peut être donnée a posteriori. On la
qualifie alors de « silencieuse, muette, à l’insu ». Dans ce cas, elle
ne relève plus de l’application des Règles et usances uniformes
(RUU 600) de la CCI.
Attention ! L’anglais étant la langue des affaires, le crédit
documentaire est souvent appelé abusivement « lettre de crédit ».
C’est une grossière erreur qui, hélas, est devenue universelle. Et les
banques n’ont rien fait pour la corriger, encourageant même par
leurs pratiques cette confusion.
Pour information, la lettre de crédit est une invention des banquiers
anglo-saxons vers la fin de la première moitié du XIXe siècle. C’est
une opération tripartite (vendeur-acheteur-banque de l’acheteur) qui
est une technique de financement d’importation. Le bénéficiaire est
payé cash, à la présentation des documents et en fonction des
accords avec son client donneur d’ordres. Ce dernier est débité soit
immédiatement, soit bénéficie d’un crédit sur plusieurs mois.

Notons que la vraie lettre de crédit est révocable. Pour éviter les
fraudes, il est donc essentiel de toujours vérifier « le champ 40 E »
d’un message Swift de crédit documentaire et de s’assurer que le
crédit est bien soumis aux RUU de l’ICC. En effet, l’ICC ne reconnaît
pas les lettres de crédit. Par conséquent, un crédit qui
mentionnerait « Other » dans ce champ serait très
vraisemblablement une lettre de crédit révocable.

Fondements juridiques
Au début du XXe siècle, de nombreux pays avaient leur propre
réglementation en matière de crédit documentaire : en France, par
exemple, « Les Clauses et modalités applicables aux ouvertures de
crédits documentaires » (Union syndicale des banquiers de Paris et
de province, 1924).
C’est en 1933 qu’apparaissent pour la première fois les Règles et
usances uniformes relatives aux crédits documentaires (RUU) de la
Chambre de commerce internationale (ICC).
À ce jour, le crédit documentaire est réglementé par les RUU
publication 600 de l’ICC, entrées en vigueur le 1er juillet 2007.
Attention toutefois, quelques pays ont inséré dans leur Code de
commerce un certain nombre d’articles traitant du crédit
documentaire (Égypte, Tunisie, Russie, par exemple) certains de ces
pays font référence aux RUU dans les articles en question, d’autres
non.
Attention également à la Chine : « The Provisions of the Supreme
People’s Court on Some Issues Concerning the Trial of Cases of
Disputes over Letter of Credit », promulguées le 24 octobre 2005,
sont entrées en vigueur le 1er janvier 2006 et sont dans certains
aspects incohérentes avec les RUU 600 de l’ICC. Par exemple,
l’article 1, champ d’application, autorise la révocation du crédit
documentaire, ce qui est en contradiction avec les RUU 600 qui
rendent ceux-ci irrévocables.

Principes essentiels (articles essentiels des RUU 600)


Ce qu’il faut retenir ici est qu’en plus du principe très important
d’irrévocabilité de l’engagement de la banque émettrice d’un crédit
documentaire (un crédoc RUU 600 de l’ICC est donc d’entrée
irrévocable), les RUU 600 ont posé deux autres principes
fondamentaux : celui de l’autonomie du crédit documentaire par
rapport au contrat commercial (article 4) et celui de la primauté des
documents sur les marchandises et les services (articles 5 et 34).
Notons aussi que le délai d’examen des documents a été ramené de
7 à 5 jours ouvrés suivant le jour de présentation (article 14).

Chronologie du déroulement d’un crédit documentaire (voir schéma en


PDF ci-dessous)
Phase d’ouverture
– Consultation par l’importateur.
– Offre / négociation proposition paiement par crédit documentaire.
– Commande.
– Accusé de réception de commande ou contrat : pro forma avec instructions
d’ouvertures précises.
– L’acheteur transmet la proforma ou le contrat à la banque
émettrice.
– La banque émettrice ouvre le crédit documentaire et le
télétransmet à la banque notificatrice (Swift de préférence).
Phase de traitement
– Notification du crédit, éventuellement confirmation.
– Vérification du crédit reçu : par rapport à la commande et aux instructions
d’ouverture.
– Éventuellement demande de modifications (si les instructions
d’ouverture étaient suffisamment précises, les frais d’amendement
sont alors à la charge du donneur d’ordres).
– Traitement de la commande.
– Collecte des documents requis.
– Check-list avant remise en banque.
Paiement
– Remise en banque.
– Contrôle des documents par la banque désignée.
– Paiement si conformité.
– Sinon, réserves.
– Traitement et levée des réserves.
– Transmission des documents à la banque émettrice.
– Transmission des documents a importateur.
Débit du compte de l’acheteur selon accords avec sa banque.

Les documents à fournir


Attention à l’inflation des documents ! Il est en effet impératif de
lister précisément les documents que l’exportateur acceptera de
fournir et de s’en tenir aux essentiels :
– facture commerciale (conforme aux obligations légales locales du
pays de l’importateur) ;
– documents liés à l’Incoterm stipulé dans le contrat ;
– documents exigés à l’importation dans le pays de l’acheteur ;
– documents spécifiques au secteur d’activité des deux entreprises.

Et c’est tout en matière de documentation ! Le risque de fournir des


documents non conformes à ce qui est prévu est déjà assez grand
sans vouloir l’aggraver en acceptant de fournir une multitude
d’autres documents.
Les réserves
Attention aux réserves ! Depuis quelques années et plus
particulièrement ces derniers mois, on constate une « explosion »
des réserves soulevées par les banques lors d’opérations par crédit
documentaire et ceci est particulièrement préoccupant.
Repère
Les réserves, définition et conséquences
Qu’est-ce qu’une réserve ? Une irrégularité.
Exemples :
– réserves majeures : non-respect des RUU 600 de la CCI ;
– réserves locales : réserves non fondées selon les critères
d’examen des documents de la CCI ;
Qu’implique une réserve ? D’éventuels retards de paiement.
Pourquoi autant de réserves soulevées par les banques ? On peut
avancer différentes hypothèses :
– manque de formation et d’information dans les entreprises comme
dans certaines banques parfois débordées par le nombre élevé de
crédits à traiter. Nous considérons les banques au niveau mondial,
et non uniquement en France ;
– souci des banquiers de protéger leurs clients donneurs d’ordres ;
– interprétation erronée des documents ;
– rejet des documents par culture, car cela correspond à une
pratique locale. Ainsi, certains pays cherchent systématiquement
l’irrégularité et font même tout pour la créer ;
– incohérences dans les documents. Exemple : l’Incoterm EXW
(départ usine) est stipulé dans le contrat mais on présente un
connaissement ou encore, récemment vu au Pakistan, emploi de
l’Incoterm FOB avion (FOB, franco bord, étant un Incoterm
maritime).
L’incohérence entre les documents est souvent générée par les différents contrats
qu’implique le crédit documentaire :
– contrat commercial entre le vendeur et l’acheteur ;
– contrat financier entre l’acheteur et son banquier (banque
émettrice du crédoc) ;
– contrat juridique entre toutes les parties (RUU 600 de la CCI) ;
– contrat de transport selon l’Incoterm retenu ;
– contrat d’assurance selon l’Incoterm retenu.
Soit au total, 5 contrats en 1.
En dehors des risques de réserves, deux grands principes du crédit
documentaire sont sources de litige entre vendeur et acheteur et
entre acheteur et banque émettrice, voire aussi source de fraude :

– l’autonomie du crédit documentaire par rapport au contrat


commercial (art. 4 des RUU 600). Ceci implique que le paiement
s’effectuera ou pas sans tenir compte du contrat commercial lui-
même ;
– la primauté des documents sur les marchandises et les services
(art. 5 et 34) : autrement dit, le banquier se contentera de vérifier la
conformité des documents, il n’ira pas sur place vérifier si la
marchandise est bien arrivée, et en bon état.

Le conseil de Jean-Claude
Entre les risques de réserves et les risques de litiges, il est
essentiel, pour l’exportateur/vendeur, de se doter d’outils de gestion
efficaces. On ne le répétera jamais assez : en matière de crédit
documentaire,
il faut être très directif.

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