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BERNAS VERONIQUE
02/12/2008
Agitation. Mélange
Concepts théoriques de base
par Michel ROUSTAN
Ingénieur INSA (Institut national des sciences appliquées de Toulouse)
Professeur de génie chimique − INSA Toulouse
Jean-Claude PHARAMOND
Ingénieur INSA
Dosapro Milton Roy
et Alain LINE
Ingénieur INPT (Institut national polytechnique de Toulouse)
Professeur de mécanique des fluides − INSA Toulouse
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Notations et symboles
Symbole Unité Définition
b b
a, a’ ............................ coefficients
ai m2 /m3 de liquide aire interfaciale volumique d’échange
A ............................ facteur définissant le degré de mélange
b m largeur des chicanes
b’ m distance d’une chicane décollée de la paroi à la paroi b'
C1-C2 mol/m3 gradient de concentration (ou facteur de potentialité) w H
d m diamètre du mobile d’agitation
D m diamètre de la cuve agitée Y
Fr ............................ nombre de Froude d
g m/s2 accélération de la pesanteur
G m , G m′ s−1 gradient de vitesse (ou taux de cisaillement) moyen D
H m hauteur de la solution dans la cuve
Figure A - Cuve agitée
H∗ m hauteur théorique créée par le mobile d’agitation
k ............................ constante
k’ ............................ constante
km ............................ constante
′
km ............................ constante
kL m/s coefficient de transfert de matière côté film liquide
K ............................ constante
œ m longueur des pales
L m dimension caractéristique
nc ............................ nombre de chicanes collées contre la paroi
n c* ............................ nombre de chicanes décollées de la paroi
np ............................ nombre de pales du mobile d’agitation
N s−1 fréquence de rotation du mobile d’agitation
N° mol/(m3 · s) débit de matière transférée par unité de volume
(ou taux de transfert de masse)
NP ............................ nombre de puissance
NP0 ............................ nombre de puissance en régime turbulent
NQc ............................ nombre de circulation
NQp ............................ nombre de pompage
p m pas de l’hélice
P W puissance d’agitation
Qc m3 / s débit de circulation
Qe m3 / s débit d’entraînement
Qp m3/s débit de pompage du mobile d’agitation
Re ............................ nombre de Reynolds
tc s temps de circulation : tc = V/Qc
tM s temps de mélange
tp s temps de pompage : tp = V/Qp
U m/s vitesse d’écoulement
Ux m/s vitesse instantanée du liquide dans une direction Ox
Ux m/s vitesse moyenne du liquide dans une direction Ox
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Notations et symboles
Symbole Unité Définition
U z* .............................. vitesse adimensionnelle
ux m/s fluctuation de vitesse dans une direction Ox
u x′ m/s valeur quadratique moyenne de la fluctuation de
vitesse dans une direction Ox
V m3 volume de liquide contenu dans la cuve
Vp m/s vitesse périphérique du mobile d’agitation
w m largeur (ou hauteur) des pales
We ............................ nombre de Weber
Y m élévation du centre du mobile d’agitation par rapport
au fond de la cuve
γ kg/s2 ou N/m tension superficielle
ε W / kg puissance dissipée par unité de masse
η Pa · s viscosité dynamique de la solution agitée (η = ρν)
λ m dimension caractéristique d’un petit tourbillon
ν m2/s viscosité cinématique de la solution agitée
ρ kg/m3 masse volumique de la phase liquide agitée
τ Pa contrainte de cisaillement
Φ ............................ N
Φ = -------P-
Fr y
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maintenir une suspension uniforme de toutes les particules quelle d’hydrogénation, d’ozonisation, etc. Le rôle de l’agitateur est, du
que soit leur taille (figure 1 c). Il faut savoir que, pour une popula- point de vue physique, de créer une dispersion et, du point de vue
tion donnée de solides, une suspension uniforme peut nécessiter chimique, de créer une absorption.
jusqu’à 25 fois plus de puissance qu’une suspension partielle.
Un autre aspect important de la définition de l’opération à accom-
plir présente des incidences sur le plan mécanique. Il s’agit de la 1.2.1 Dispersion du gaz
possibilité ou non de démarrer l’agitateur dans les solides sédi-
mentés. Suivant la quantité totale de solides, l’élévation au-dessus Deux sources d’énergie participent à la dispersion du gaz dans le
du fond de la turbine inférieure et suivant surtout la nécessité d’une liquide : la première est l’énergie propre du gaz traversant le liquide,
telle possibilité, la conception mécanique de l’appareillage devra la seconde est l’énergie fournie par la turbine. Suivant la balance
être revue. entre ces deux énergies, on obtiendra un type de dispersion ou un
autre et le régime hydrodynamique dans la cuve sera gouverné par
l’expansion du gaz (figure 2 a) ou par la décharge de la turbine
1.1.2 Aspect chimique (figure 2 b).
Exemple : si on maintient dans une cuve donnée un débit d’injec-
Il doit être considéré dans le cas des dissolutions, des lixiviations tion de gaz constant et si on augmente progressivement la puissance
ou des cristallisations et il faut faire appel aux notions de transfert d’agitation (par exemple en augmentant la vitesse de rotation de la tur-
de matière. bine), on obtient les résultats résumés dans le tableau 2.
D’une façon générale, la quantité transférée s’exprime par :
N° = kL ai (C1 − C2) (1)
avec N° [mol/(m3 · s)] débit de matière transférée, Tableau 2 – Dispersion du gaz à débit de gaz constant
kL (m/s) coefficient de transfert de matière et puissance d’agitation croissante
côté film liquide,
Puissance Aspect
ai (m2/m3 de liquide) aire interfaciale volumique d’agitation de la surface
Dispersion Résultats
d’échange,
C1 − C2 (mol/m3) gradient de concentration ou Faible Bouillonnement Libre montée Mauvaise
facteur de potentialité. du gaz dispersion
(On peut tout aussi bien donner cette formule en unité de masse.) Dispersion Dispersion
du gaz vers
Lorsque tous les solides sont suspendus, l’aire volumique les parois moyenne
d’échange n’est pas affectée par l’intensité de l’agitation. Le gradient Surface
Moyenne uniforme Régime
de concentration moyen est lui aussi indépendant de l’agitation
mais, par contre, le coefficient de transfert kL est dans certains cas hydraulique Dispersion
de la turbine améliorée
fortement influencé par l’agitateur. C’est notamment le cas lorsque dominant
la concentration saturante est très élevée par rapport à la concentra-
tion moyenne dans la cuve et qu’il se crée autour de chaque parti- Surface Teneur en gaz Très bonne
cule solide en cours de dissolution une sorte de couche saturée ou Forte uniforme maximale dispersion
sursaturée. On doit alors avoir recours à des essais pilotes pour uniforme
déterminer les variations de kL (exprimé, par exemple, sous forme
du nombre de Sherwood) en fonction des conditions de l’agitation.
L’extrapolation ne pourra cependant pas être géométrique, la taille
1.2.2 Absorption du gaz
des particules n’étant généralement pas multipliée par le facteur
d’extrapolation (§ 7).
Selon la théorie du double film de Whitman (cf. article Distillation.
Absorption : 4. Colonnes garnies [J 2 626], le transfert de masse d’un
gaz à un liquide se heurte à plusieurs résistances : diffusion à travers
1.2 Mélanges liquide-gaz le film gazeux, à travers le film liquide entourant la bulle de gaz,
transfert dans le liquide et, suivant les cas, résistance de réaction ou
d’absorption de la molécule d’origine gazeuse par le liquide ou un
Ce type d’application se rencontre par exemple dans les procédés solide. De ces différentes résistances dépend la cinétique globale du
de fermentation, d’aération d’eaux résiduaires, d’oxydation, système. Le plus souvent l’étape limitante est constituée par le
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10 Puissance
8
kL ai 6 2 2
4 Pu
iss
1,5 an 1,5
ce
2 (u
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8 1 ai air 1
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9
6
arb
4 8 té 8
i
7 ( un 7
2 p le
ou
6 6
C
10–1 5 5
10–1 2 4 6 8 1 2 4 6 810 2 4 6 8 102
Niveau de puissance 4 4
10–1 2 3 4 5 6 7 8 9 1
ai aire interfaciale volumique d'échange d/D
kL coefficient de transfert de matière côté film liquide d diamètre de la turbine
Unités arbitraires sur les deux axes D diamètre de la cuve agitée
Figure 3 – Produit kL ai en fonction du niveau de puissance Figure 4 – Puissance consommée et couple d’agitation
appliqué à l’agitateur en fonction du rapport d/D pour un résultat identique
(même temps et même qualité de mélange)
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Ces mobiles créent un mouvement des fluides dans une direction 2.3 Turbulence et pompage
axiale (vers le haut ou vers le bas). Ils assurent une circulation du
fluide importante (figure 6 a). Cependant, certains mobiles présen-
En général, on peut dire que deux actions bien distinctes sont
tent, en plus de la composante axiale prépondérante, une compo-
demandées à un mobile d’agitation :
sante radiale.
— une action de pompage ;
— une action de turbulence.
Les caractéristiques des principaux types de mobiles à débit Suivant la forme et le type du mobile, les proportions relatives de
axial ont été rassemblées dans l’article [Form. J 3 802], rédigé turbulence et de débit de pompage peuvent varier considérable-
avec des données techniques fournies par la littérature ou par ment. On verra paragraphe 3 comment évaluer ces deux actions.
les fabricants eux-mêmes. Mais à titre de comparaison, on a représenté (figure 9) la proportion
entre débit de pompage et turbulence pour différents types d’agita-
teurs consommant une puissance donnée.
2.1.2 Mobiles à débit radial Chaque mobile crée dans sa zone d’action des formes de cisaille-
ment plus ou moins grandes (§ 3.4), qui peuvent être déterminantes
Ces mobiles fournissent un débit perpendiculaire à l’arbre d’agita- pour certaines applications spécifiques (dispersion, agitation de
tion. Ils créent des effets de cisaillement relativement importants. Ce produits non newtoniens). Ces forces sont faibles dans le cas de
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Vortex
mobiles à débit axial mais peuvent être très importantes pour des
mobiles à débit radial.
Les deux notions, pompage et turbulence, vont conditionner la
sélection d’un mobile d’agitation en fonction de l’opération de
Agitateur à ancre
mélange à réaliser (§ 6).
Turbine hélicoïdale
Débit de pompage Turbulence 2.4 Géométrie d’un système d’agitation
Hélice
Lors de ses travaux sur l’agitation, Rushton [1] a défini une cuve
Turbine à pales inclinées dite standard.
Turbine à pales droites ou incurvées Les dimensions de cette cuve standard sont :
— diamètre de la cuve = hauteur du liquide, soit D = H ;
— diamètre du mobile d’agitation d = D/3 ;
Mobile de dispersion
— hauteur du mobile par rapport au fond de la cuve
Y = d = D/3 ;
— chicanes de largeur b = 10−1 D collées ou décollées de la
paroi avec b‘ = 2 x 10−2 D.
Figure 9 – Proportion entre débit de pompage et turbulence (Se reporter à la figure du tableau des notations en début
suivant le mobile d’agitation d’article.)
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1,5d
2d
0,5d
2d
H = 2D
3d
2d
H=D
2,5d
2d
2d
1d
1d
d
0,5d
0,5d
0,5d
D
En réalité toutes les cuves ne sont pas standard ; en particulier les d’agitation. Le seul mélange qui puisse se faire entre les couches
rapports d/D s’écartent plus ou moins de la valeur 1/3 et les rapports parallèles au courant est dû uniquement à la diffusion moléculaire
H/D peuvent être supérieurs à 1. Si H/D > 1, plusieurs mobiles d’agi- et est indépendant de la puissance fournie qui, d’ailleurs, est dissi-
tation peuvent être placés sur l’arbre (figure 10). pée sous forme de chaleur.
Le régime turbulent se caractérise par des mouvements dans tou-
tes les directions et donc par un bon mélange des filets fluides.
2.5 Régimes d’écoulement Pour caractériser le niveau de turbulence, il faut analyser en un
point donné M de la cuve le vecteur vitesse instantanée. Celui-ci
subit des variations incessantes et désordonnées, mais sa valeur
Se reporter aux articles de Mécanique des fluides, dans le traité moyenne reste en général constante si le régime d’écoulement est
Sciences fondamentales. permanent. La figure 11 représente un enregistrement type de la
En mécanique des fluides, l’écoulement d’un fluide de vitesse U vitesse en un point M en considérant une seule direction : Ox, par
(m/s), de masse volumique ρ (kg/m3), de viscosité dynamique η exemple.
(Pa · s), dans un tube de diamètre d, est caractérisé par le nombre de À un instant donné, on peut poser :
Reynolds défini par :
Ux = U x + ux (4)
Udρ Ud
Re = ----------- = -------- (2)
η ν avec Ux vitesse moyenne du liquide,
avec U vitesse d’écoulement, ux fluctuation de vitesse du fluide en M.
ν viscosité cinématique : ν = η / ρ, Les valeurs moyennes de ux dans le temps sont nulles. On utilise
d diamètre de la conduite. souvent u x′ , la valeur quadratique moyenne de la fluctuation de
Pour un mobile d’agitation de diamètre donné d, tournant à une vitesse :
vitesse N, la vitesse périphérique est proportionnelle à Nd.
Le nombre de Reynolds de l’agitateur se définira par : u x′ = u x2 (5)
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Cependant, pour des agitateurs classiques, il existe quelques cor- L’expression de la puissance peut également s’écrire s’il n’y a pas
rélations pratiques permettant de calculer un temps de mélange de vortex et si on est en régime turbulent :
(tableau 5).
P = Np ρ N 3 d 5
d’où : Qp ρ g H ∗ = NP ρ N 3d 5.
Tableau 5 – Calcul du temps de mélange En remplaçant Qp par NQp Nd 3, d’après (24), il vient :
par deux formulations (1)
NP ρ N 3 d 5 NP
Mobile Formulation 1 (2) Formulation 2 (3) H * = -------------------------------------
- = ---------------- N 2 d 2 (30)
N Qp N d 3 ρ g N Qp g
Hélice marine Nt = 6 (D/d)2 (N/K) (d/D)2 = 0,90
(repère A1, [J 3 802]) n M Y = D/2 ; nc = 4 ; La vitesse périphérique Vp est :
p=d c = 3 ou 4
Re > 104 b = (1/10)D
0,10 < d/D < 0,45 ; Vp = π Nd (31)
Re > 104 d’où NP
In ( A /2 ) H ∗ = ------------------------- V p2 (32)
K = ----------------------- N Qp g π 2
–tM
Turbine disque H • est donc proportionnel au carré de la vitesse périphérique du
NtM = 4 (D/d)2 (N/K) (d/D)2,3 = 0,5
à six pales droites Y = D/2 ; nc = 4 ; mobile d’agitation.
nc = 3 ou 4
(repère R1, [J 3 802])
Re > 104 b = (1/10)D L’utilité principale de la hauteur théorique H ∗ est sa relation avec
W/d = 0,20 0,23 < d/D < 0,43 ;
œ /d = 0,25 la turbulence créée au sein de la solution agitée. Il est intéressant de
Re > 2 x 103 calculer le rapport Qp / H∗, qui permet de comparer les performances
In ( A /2 ) des divers mobiles d’agitation et de dire si un mobile a une action
K = ----------------------- de pompage ou de turbulence plus ou moins grande (§ 5.4, § 5.6).
–tM
(1) Un exemple numérique est donné § 5.3.
(2) Les corrélations proposées correspondent en général à un degré de
mélange supérieur à 99 %. 3.4 Gradient de vitesse
(3) A représente l’amplitude admissible des variations de la concentration
par rapport à la concentration échelon.
A peut être calculé par :
Le liquide quittant le pale de l’agitateur crée des effets de cisaille-
100 – ( degré mélange souhaité en % )
A = ------------------------------------------------------------------------------------------------------- ment dans le liquide. La figure 13 représente un profil de vitesse
100 autour d’une turbine à six pales droites (repère R1, [Form. J 3 802])
La signification des symboles est donnée en début d’article. tournant à trois vitesses différentes.
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dUx dUx
y (mm) (s –1) (unité arbitraire)
dy dy
40
30 4
20 200
3
10
al
Disque im
0 w 100 2 ax
al
M
im
66 131
ax
– 10 60
M
250 min–1
40
en
– 20
oy
30
M
– 30 Moyen
20 1
– 40
0 50 100 150 200 10 0,75
Ux (cm/s) 20 40 60 100 200 400 600 100 150 200
d = 150 mm N (min–1) d (mm)
y position du point de mesure par rapport au disque de la turbine
a en fonction de la vitesse b en fonction du diamètre
(Oy : axe vertical)
de la turbine (d = 150 mm) de la turbine (N = Cte)
Ux vitesse moyenne du liquide dans la direction horizontale Ox
w largeur (ou hauteur) de la pale Turbine : repère R 1, [Form. J 3802]
Figure 13 – Profil de vitesse autour d’un mobile à débit radial Figure 14 – Gradients de vitesse moyen et maximal
pour une turbine disque à 6 pales droites
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R 0,05
Q p = 2π
∫ 0
U z ( r ) r dr 0
– 0,05
On trouve un débit de pompage de l’ordre de 0,006 m3 · s−1. On – 0,1
en déduit un nombre de pompage de 0,54 alors que Weetman et – 0,15
Oldshue [16] proposaient une valeur de 0,56 par mesure LDA.
– 0,2
– 0,25
– 0,3
4.2 Techniques numériques 0 0,5 1 1,5 2 2,5 3
r/R
Compte tenu des performances des outils et des moyens de cal- Cuve cylindrique de diamètre 0,45 m, pour un agitateur axial A310
cul, il est désormais tout à fait réaliste de simuler numériquement de 0,15 m de diamètre, pour une vitesse N = 3,3 s–1, dans un plan situé
un grand nombre de géométries ou de conditions de fonctionne- 5 x 10–3 m sous l'agitateur.
ment en cuve agitée, en régime laminaire ou turbulent, en milieu
monophasique ou diphasique, pour les cuves aérées. Figure 16 – Profil radial de vitesse axiale sous l’agitateur
en régime turbulent mesuré par la PIV (S. Bugay, [15])
Compte tenu de la complexité de la géométrie des cuves agitées,
il n’y a pas de solution analytique au problème et la seule voie de
résolution locale est numérique. Pour un fluide newtonien, les écou-
lements sont régis par les équations de Navier-Stokes. Ces équa- sur les contours, aux entrée(s) et sortie(s) de la cuve. Ces deux opé-
tions peuvent être directement résolues en régime laminaire. En rations sont déterminantes quant à la qualité du résultat de la simu-
régime turbulent dans ces géométries complexes, on résout les lation. Pour la discrétisation du domaine de calcul, il est clair que le
équations de Reynolds. maillage doit être raffiné dans les zones où les grandeurs varient,
Si l’ingénieur dispose d’un code de calcul d’écoulement en régi- c’est-à-dire à proximité des parois, des obstacles (baffles), de l’agita-
mes laminaire ou turbulent en géométrie complexe, il lui incombe, teur, voire de l’injecteur pour les cuves aérées. Pour déterminer les
dans chaque traitement de cas, la responsabilité de discrétiser le conditions à la limite, la connaissance d’informations expérimen-
domaine d’écoulement et de déterminer les conditions aux limites tales locales s’avère encore incontournable.
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4.2.1 Régime laminaire Sans entrer dans le détail des théories de la turbulence, on dis-
pose de plusieurs modèles pour représenter la diffusion turbulente
En régime d’écoulement laminaire pour un fluide newtonien, les de quantité de mouvement, de matière et de chaleur. Une hypothèse
équations de Navier-Stokes permettent de calculer les distributions admise dans les codes de calcul actuellement disponibles consiste à
spatio-temporelles de la vitesse et de la pression dans le fluide. Tous exprimer la diffusion turbulente de quantité de mouvement, de
les codes de calcul industriels actuels permettent de résoudre ce matière ou de chaleur en terme de diffusivités turbulentes de quan-
type d’écoulement. En général, on calcule des champs de vitesse et tité de mouvement (viscosité turbulente), de température (diffusi-
de pression stationnaires en filtrant l’instationnarité réelle de l’écou- vité turbulente thermique), de matière (diffusion turbulente
lement induite par le mobile d’agitation. Il suffit alors de résoudre d’espèce) qui sont des propriétés locales de l’écoulement considéré.
l’écoulement dans la cuve, en dehors de la région occupée par le Dans les modèles de turbulence les plus utilisés, appelés modèles
mobile, en imposant aux limites géométriques de cette région des (k, ε) et basés sur les deux équations de transport de l’énergie ciné-
profils de vitesse stationnaires équivalents à la moyenne temporelle tique turbulente k et de son taux de dissipation ε, la diffusion turbu-
de la vitesse induite par l’agitateur, moyenne obtenue sur un grand lente est calculée en chaque point en fonction de k et de ε.
nombre de périodes de rotation de l’agitateur. Cette approche est
largement utilisée. Elle présente l’avantage de nécessiter des Dans les codes de calcul actuellement utilisés en régime turbulent
moyens de calcul raisonnables. Elle présente l’inconvénient d’intro-
en cuve agitée, on ne résout pas l’écoulement dans la zone occupée
duire une information empirique relative au profil de vitesse
par le mobile d’agitation. Par conséquent, le choix des conditions à
moyenne sous l’agitateur.
la limite autour de l’agitateur est important. On peut accéder expéri-
On a reporté sur la figure 17 un champ de vitesse moyenne mentalement aux profils de vitesse moyenne et de l’énergie cinéti-
simulé en écoulement axisymétrique avec le code Fluent. que turbulente. En revanche, on ne peut pas mesurer directement le
Dans ces simulations, il est possible de calculer la puissance profil de taux de dissipation d’énergie cinétique turbulente que l’on
consommée par le système d’agitation soit par intégration spatiale doit pourtant imposer. Cependant, surestimer ou sous-estimer ce
de la dissipation visqueuse d’énergie dans tout le domaine, soit par taux de dissipation aura d’importantes conséquences sur la distri-
intégration de la distribution des puissances des contraintes de bution de la turbulence dans toute la cuve.
cisaillement sur le contour de l’agitateur. Tatterson [17] recommande
la première méthode qui donne, en laminaire, de très bons résultats. Pour accéder au taux de dissipation de l’énergie cinétique turbu-
Pour des fluides non newtoniens, la simulation numérique est lente, on l’exprime en fonction de l’énergie cinétique turbulente et
envisageable à condition de connaître la loi rhéologique du fluide. d’une macroéchelle de longueur, caractéristique des tourbillons
contenant l’énergie :
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π D2 π
V = ----------- H = --- ( 0,9 ) 2 × 0,9 = 0,572 m 3 tM 9 tM 9
4 4 ------ = --------- = 1,4 et ------ = -------- = 2,5
tp 6,4 tc 3,6
La puissance dissipée par unité de volume est :
■ Formulation 2
P/V = 233 / 0,572 = 410 W/m3
■ La vitesse périphérique du mobile d’agitation est, d’après la for- (N/K) (d/D)2 = 0,90 ; Re > 104
mule (31) :
D/d = 3 d’où N/K = 8,1
Vp = π Nd = π x 6 x 0,3 m/s = 5,6 m/s
In ( A ⁄ 2 )
K = -----------------------
– tM
5.2 Calcul des débits de pompage
Si le degré de mélange est 99 % :
et de circulation
100 – 99
A = ---------------------- = 0,01
100
On reprend les données du paragraphe 5.1 pour calculer le
débit de pompage, le temps de pompage, le débit de circulation
et le temps de circulation. NtM = 43 ; comme N = 6 s−1, tM = 7,2 s
D’où Qp = 0,55 x 6 x 0,33 = 89 x 10−3 m3 /s. Pour le système d’agitation étudié tc = 3,6 s et tM /tc ≈ 3.
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5.4 Comparaison d’une hélice marine Tableau 7 – Résultats obtenus avec différents mobiles
et d’une turbine disque à six pales dissipant même puissance
droites
Hélice marine Turbine disque à 6 pales
Paramètre
d = 0,10 m d = 0,10 m d = 0,15 m
On considère deux mobiles d’agitation, hélice marine
(repère A1, [Form. J 3 802]) et turbine disque à six pales droites P ................ (W) 50 50 50
(repère R1, [Form. J 3 802]), dissipant la même puissance Np (1)................ 0,37 5,5 5,5
P = 50 W dans une cuve (D = 0,3 m ; d/D = 1/3 ; nc = 4 ; H = D ; N .............. (s−1) 24 9,7 4,9
b/D = 1/10) contenant de l’eau (ρ = 1 000 kg/m3, ν = 10−6 m2/s).
On calcule les grandeurs suivantes : N, Re, Vp, Qp, H * ,Q p ⁄ H * . Re .................... 2,4 x 105 0,97 x 105 1,1 x 105
Vp ............(m/s) 7,5 3 2,3
NQp (1)............. 0,55 0,80 0,80
On notera que :
Qp ......... (m3/s) 13,2 x 10−3 7,8 x 10−3 13,2 x 10−3
— le débit de pompage Qp est supérieur pour l’hélice marine ;
— le niveau de turbulence (caractérisée par H * ) est plus grand H * ............. (m) 0,39 0,65 0,38
avec la turbine disque à six pales droites ; Qp ⁄ H* ..(m2/s) 0,034 0,012 0,035
— l’hélice marine conduit à des valeurs de Q p ⁄ H * plus impor- Hélice marine : repère A1, [Form. J 3 802].
tantes ; Turbine disque à 6 pales : repère R1, [Form. J 3 802].
— à puissance dissipée identique, l’hélice marine favorise le La signification des symboles est donnée en début d’article.
pompage et donc la circulation, tandis que la turbine disque à six (1) Les valeurs de NP et NQp sont dans [Form. J 3 802] ; NP = 5,5 est une
pales droites favorise la turbulence. La puissance dissipée n’est valeur moyenne.
donc pas un critère suffisant pour caractériser un mobile d’agita-
tion.
Le rapport d/D sera donc choisi en fonction de l’action (pompage
Les résultats sont regroupés dans le tableau 7.
ou turbulence) à privilégier, c’est-à-dire en fonction de l’opération à
réaliser dans la cuve agitée.
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On notera que :
— en augmentant le diamètre du mobile d’agitation (à P = Cte), la Étape 1 Type d'opération de mélange à réaliser
vitesse de rotation diminue mais le débit de pompage augmente ;
— par contre, le degré de turbulence lié à H * diminue ;
— à même puissance dissipée, la circulation sera beaucoup plus Étape 2 Grandeurs nécessaires pour définir le procédé
favorisée avec un mobile de rapport d/D plus grand ;
— en jouant sur le rapport d/D, il est donc possible d’augmenter
ou de diminuer les actions de pompage ou de turbulence du mobile. Étape 3 Caractéristiques générales du mobile d'agitation
Cela démontre une fois encore que la puissance dissipée n’est pas
un critère suffisant pour caractériser l’action d’un mobile d’agita-
tion.
Étape 4 Sélection des mobiles
d’agitation
Conditions Conditions
Le choix du type de mobile d’agitation est déterminant pour l’éco- opératoires économiques
nomie d’une opération d’agitation à réaliser. Il est évident que le
type de mobile doit être adapté à l’opération d’agitation à réaliser.
Pour cela il faut bien définir ce que l’on veut réaliser dans la cuve. Figure 18 – Choix définitif du mobile d’agitation
Pour orienter le choix du matériel nous vous proposons la démarche
suivante.
■ Gaz :
— nature ;
— débit ;
6.1 Types d’opérations à réaliser — pression ;
— solubilité.
Il s’agit des opérations suivantes :
— mise et/ou maintien en suspension ;
— dissolution, cristallisation ; 6.3 Caractéristiques générales
— extraction liquide-solide ;
— dispersion ;
du mobile d’agitation
— émulsion ;
— mélange ; Il s’agit des caractéristiques suivantes :
— homogénéisation, circulation ;
— transfert thermique ; — cisaillement fort, moyen, faible ;
— dilution ; — turbulence forte, moyenne, faible ;
— neutralisation ; — pompage fort, moyen, faible.
— réaction chimique ;
— extraction liquide-liquide ;
— absorption, désorption ; 6.4 Sélection des mobiles
— fermentation, etc.
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Mélange liquide-solide
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Échelle industrielle
Grandeur invariante
Grandeur
Pilote
caractéristique Vp = π Nd Vp = π Nd
N P/V Re Fr P/V
Gradient de vitesse
maximal .... (unité arbitraire) 1 4 1 1,6 0,25 2 1 1,2
La 4e colonne indique un même nombre de Reynolds, ce qui a de l’ordre de 70 m3. Le tableau 11 résume tous les résultats numéri-
pour effet de diminuer fortement la vitesse de rotation N et donc la ques, tous calculs faits, de ce problème. La première extrapolation
puissance dissipée. utilise un débit de gaz par unité de volume de liquide constant. La
La 5e colonne montre que, pour conserver le nombre de Froude puissance requise pour satisfaire l’absorption gaz-liquide seule est
constant, il faut une vitesse de rotation relativement importante. trop faible pour donner une bonne dispersion physique du gaz, en
raison de la vitesse de passage du gaz qui est trop élevée dans la
■ Similitude non géométrique d/D = 0,50 cuve en vraie grandeur. La concentration du gaz à la sortie de la cuve
Dans le cas où le procédé est sensible au cisaillement (catalyseur, montre que la quantité de gaz introduite par unité de volume (VVM)
solide, micro-organisme, bactéries, etc.), il n’est plus possible peut être réduite lors de l’extrapolation tout en permettant à
d’extrapoler avec une similitude géométrique. Afin de diminuer le l’absorption du gaz actif de rester dans des limites raisonnables. On
gradient de vitesse maximal au voisinage de la turbine, on est est alors conduit à une seconde extrapolation, dont le niveau de
amené à prévoir un mobile d’agitation de rapport d/D supérieur. puissance est plus élevé et la vitesse de passage du gaz plus faible,
Si, de plus, on veut conserver la puissance dissipée par unité de façon à améliorer la dispersion physique du gaz. Il est bon de
de volume (7e colonne, P/ V = Cte), il faudra prendre un rapport noter que cette extrapolation a été conduite suivant des règles de
d/D = 0,50 pour obtenir un gradient de vitesse maximal (1,2) voisin similitude géométrique, et que le gradient de vitesse maximal au
de celui obtenu sur le pilote. Avec ce même rapport d/D = 0,50, si la voisinage de la turbine s’est trouvé ainsi environ 70 % plus impor-
vitesse périphérique doit être gardée constante (6e colonne, tant à l’échelle industrielle qu’à l’échelle pilote. En fait, dans ce cas
Vp = Cte), l’extrapolation conduit à une puissance plus grande qu’en précis, d’autres essais pilotes avaient montré que le procédé n’était
utilisant un rapport d/D = 0,33 (2e colonne, Vp = Cte) (donc à un cou- que peu sensible à la contrainte de cisaillement, et que l’on pouvait
ple supérieur au niveau du réducteur), mais un gradient de vitesse très bien s’accomoder d’un gradient de vitesse (taux de cisaille-
pratiquement identique à celui obtenu sur le pilote. ment) élevé à l’échelle industrielle.
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Tableau 11 – Exemple : résultats de l’extrapolation d’un procédé d’absorption en continu, d’après [19]
Échelle industrielle
Grandeurs caractéristiques Pilote
1re extrapolation 2e extrapolation
VVM (1) = Cte VVM (1) est réduit
Pression ................................................................................ (bar) 0,3 1 1
Diamètres de cuve D ............................................................... (m) 0,46 3,6 3,6
Puissance (milieu gazeux) .................................................... (kW) 0,0145 38 66
Diamètre de turbine d ......................................................... (mm) 150 1 220 1 220
Nombre de turbines ..................................................................... 1 2 2
Hauteur de liquide (milieu gazeux) ........................................ (m) 0,46 6,7 6,7
Volume (milieu gazeux) ............................................................(L) 75 70 000 70 000
Volume (milieu non gazeux) .................................................... (L) 68 57 000 57 000
Débit de gaz par unité de volume ..................................[VVM (1)] 1,6 1,6 0,7
Débit de gaz ......................................................................... (m3/ 7,1 6 000 2 700
h)
Vitesse du gaz .................................................................. (m/min) 0,55 4 1,8
Taux de transfert de masse (2) .................................................... 1 1 1
Coefficient de transfert kL ai (2) .................................................... 1 0,6 0,8
Gradient de concentration (2) ....................................................... 1 1,6 1,2
Gradient de vitesse maximal (2) .................................................. 1 1,4 1,7
(1) VVM : volume de gaz/(volume de liquide x temps en min).
(2) Unité arbitraire : 1 pour le pilote.
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