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Complications neurologiques de l’alcool


C. Ewenczyk

Les complications neurologiques de l’alcoolisme peuvent résulter des effets toxiques propres de l’alcool,
des carences associées, des conséquences indirectes par atteinte d’autres fonctions (hépatique,
cardiaque, coagulation), ou encore de troubles induits (traumatismes, accidents). Elles touchent aussi
bien le système nerveux central que neuromusculaire périphérique. Le risque inhérent à l’alcoolisme
chronique est l’apparition d’un syndrome cérébelleux, d’une altération cognitive insidieuse et progressive,
d’une atteinte des petites fibres nerveuses périphériques responsable de douleurs, de troubles cutanés,
digestifs, et enfin d’une atteinte musculaire pouvant aboutir à un déficit moteur. Une complication
dramatique de l’alcoolisme est l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke (EGW), liée à une carence en
thiamine (vitamine B1), mettant en jeu le pronostic vital du patient et ayant comme principale
conséquence le syndrome de Korsakoff. Le diagnostic d’EGW doit être suspecté chez tout patient
alcoolique dénutri, ou en situation d’hypermétabolisme (situation aiguë, réanimation, maladie
chronique), et ce quelle que soit la présentation neurologique. Le traitement repose sur la vitamine B1 à
forte dose par voie parentérale. Il faut rechercher une carence en magnésium associée et la traiter le cas
échéant, sans quoi le traitement par vitamine B1 peut être inefficace. Ces complications (EGW et
Korsakoff) doivent être prévenues en assurant un complément en vitamines, notamment B1, chez tout
patient alcoolique et dénutri.
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Mots clés : Alcool ; Système nerveux ; Encéphalopathie de Gayet-Wernicke ; Thiamine ; Vitamine B1 ;


Syndrome de Korsakoff

Plan ■ Effets de l’alcool sur le système


¶ Effets de l’alcool sur le système nerveux central 1
nerveux central
Intoxication alcoolique aiguë 1
Intoxication alcoolique chronique 2 Intoxication alcoolique aiguë
Syndrome de sevrage 2
En aigu, dans le système nerveux central (SNC), l’alcool
¶ Effets de l’alcool sur le système neuromusculaire périphérique 3
inhibe la transmission glutamatergique (excitatrice) et potenti-
Neuropathie alcoolique chronique 3
alise la transmission gabaergique (inhibitrice), ce qui provoque
Autres formes cliniques de neuropathies 3
des troubles de la vigilance, une confusion (effet sur la réticulée
Myopathie éthylique 3
du tronc cérebral), des troubles comportementaux, de l’équilibre
¶ Encéphalopathies carentielles 3 (effets sur le cortex sus- ou sous-tentoriel), des « trous noirs »
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke 3 (inhibition de processus de mémorisation à long terme dans
Encéphalopathie pellagreuse 6 l’hippocampe).
¶ Pathologies neurologiques liées aux dysfonctions secondaires L’ivresse banale associe jovialité, hypomanie (parfois tristesse),
à l’alcoolisme chronique (hors carences vitaminiques) 6 propos incohérents et dysarthrie, troubles cérébelleux et
Encéphalopathie hépatique 6 vertiges. L’ivresse pathologique associe troubles du comporte-
Complications vasculaires cérébrales 6 ment, agressivité, violences, dangerosité, actes clastiques. Elle est
Myélinolyse centropontine 6 parfois associée à des hallucinations et délires. Le diagnostic
Maladie de Marchiafava-Bignami 7 repose sur l’alcoolémie et sur un sevrage en milieu médical, avec
hyperhydratation et recharge vitaminique. Le coma éthylique
est l’ultime niveau de gravité, avec obnubilation, stupeur puis
coma. Le pronostic vital est engagé, avec risque de dépression
respiratoire, hypotension, hypothermie. Il s’agit d’une urgence
médicale. Le traitement se fait en milieu réanimatoire, avec
prise en charge des défaillances vitales et des complications
potentielles métaboliques (hypoglycémie, acidose, dysnatrémie),
ou neurologiques (hématome intracérébral ou sous-dural).

Traité de Médecine Akos 1


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Intoxication alcoolique chronique de la potentialisation gabaergique (cf. « Intoxication alcoolique


aiguë ») avec augmentation compensatrice de la fonction
La présence chronique d’alcool dans le cerveau provoque un glutamatergique et hyporégulation de la fonction gabaergique.
« stress cellulaire » avec accumulation de produits toxiques, L’abstinence brutale démasque l’hyperfonctionnement des
provoquant une altération de la fonction mitochondriale récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA) excitateurs et la
(centrale énergétique de la cellule), dégradation des protéines défaillance quantitative et fonctionnelle gabaergique, d’où une
membranaires et du cytosquelette, activation des programmes libération excessive de glutamate, avec comme conséquence une
d’apoptose, ayant pour effet final la mort neuronale. Celle-ci est hyperexcitabilité neuronale, qui peut se traduire cliniquement
responsable d’une atrophie corticale sus- et sous-tentorielle par le syndrome de sevrage et les crises d’épilepsie.
(démence, syndrome cérébelleux), ainsi que de lésions neurona-
les périphériques. Sevrage alcoolique

Atrophie cérébelleuse alcoolique Il est défini par l’association d’au moins deux des critères
suivants : hyperactivité végétative (sueurs, tachycardie) ;
Elle touche 27 % à 42 % des alcooliques chroniques, liée à tremblement des mains ; insomnie ; nausées ou vomissements ;
l’effet combiné des carences et de l’effet toxique direct de hallucinations ou illusions transitoires visuelles, tactiles ou
l’alcool. Cette atteinte associe des lésions du vermis et une perte auditives ; agitation psychomotrice ; anxiété ; crises
en cellules de Purkinje. L’atrophie vermienne est visible au tonicocloniques.
scanner ou en imagerie par résonance magnétique (IRM) [1]. Elle Pour prévenir le sevrage, il est nécessaire d’estimer la
peut être asymptomatique. Le degré de l’atrophie cérébelleuse consommation d’alcool journalière (types d’alcool, quantité,
n’est pas proportionnel à l’importance de l’intoxication alcoo- fréquence), s’il existe une dépendance (consommation quoti-
lique et il semble exister des susceptibilités individuelles. Un dienne, en journée, complications médicales antérieures dues à
syndrome cérébelleux statique domine, avec une dysarthrie. Le l’alcoolisme) et s’il existe un retentissement social de la
syndrome s’améliore parfois après traitement vitaminique (et consommation (domestique, financier, légal).
rééducation), mais reste le plus souvent stable. Le traitement repose sur l’hyperhydratation orale ou intravei-
neuse si nécessaire et l’administration de benzodiazépines. En
France, le diazépam (Valium®) est souvent prescrit, mais d’autres
Démence
benzodiazépines de durée d’action plus courte sont également
Une démence liée à la consommation chronique d’alcool est utilisables (lorazépam-Temesta ® , oxazépam-Seresta ® ), plus
le plus souvent la conséquence de l’association de facteurs maniables en cas d’insuffisance hépatique. Il n’y a pas de
multiples : effet toxique propre, carences induites, traumatismes consensus quant à l’utilisation d’autres antiépileptiques. Les
répétés, crises comitiales ayant entraîné des épisodes anoxiques, bêtabloquants et la clonidine peuvent être utilisés en traitement
accidents vasculaires, effet du vieillissement, possible pathologie adjuvant pour baisser la pression artérielle. Y est associée une
dégénérative associée. L’imagerie cérébrale montre une atrophie supplémentation vitaminique « de principe » : thiamine intra-
diffuse, mais pas de corrélation entre imagerie et signes clini- veineuse ou intramusculaire à 250 mg/j pendant 3 à 5 jours.
ques (association fréquente avec une atrophie cérébelleuse).
Plusieurs études épidémiologiques on montré qu’une Crise d’épilepsie
consommation légère de vin (1 à 3 verres par jour) était associée
à une mortalité plus faible, une morbidité coronarienne plus Lors du sevrage, le seuil épileptogène est abaissé et les crises
faible et des lésions de la substance blanche moins importan- surviennent dans les 7 à 48 heures suivant l’arrêt de l’ingestion
tes [2]. Une étude plus récente confirme un effet protecteur léger alcoolique. Habituellement, ce sont des crises généralisées
d’une consommation modérée d’alcool sur le risque de tonicocloniques. Les crises partielles sont possibles, révélant
démence [3, 4]. Ces résultats doivent être cependant interprétés alors une pathologie cérébrale associée (souvent un traumatisme
avec prudence, car ces études populationnelles sont soumises à crânien), et imposent de réaliser une imagerie cérébrale. Elles se
de nombreux biais [5]. Ainsi, à l’inverse, une étude rétrospective répètent volontiers sous forme de salves. Les états de mal
radiologique récente a montré qu’une consommation d’alcool représentent jusqu’à 8 % des cas. Un taux d’alcoolémie à
modérée était corrélée à une diminution du volume cérebral l’entrée inférieur a 100 mg/dl serait le seul facteur prédictif de
total [6]. récidive des crises en service d’urgence, confirmant bien le rôle
du sevrage [8].
S’il s’agit d’une crise unique, il est recommandé d’administrer
Neuropathie optique alcoolotabagique des benzodiazépines (diazépam per os ou en intraveineuse) en
Son mécanisme est mal connu. Elle s’observe chez les association avec une hyperhydratation, charge vitaminique et
patients ayant une consommation alcoolique et tabagique surveillance neurologique. Si les crises se répètent, un traitement
importante. Elle est plus fréquente chez l’homme et prend intraveineux par benzodiazépines est recommandé, et en cas
l’aspect d’une neuropathie optique rétrobulbaire bilatérale et d’état de mal épileptique, le traitement a lieu en réanimation.
progressive, caractérisée par un scotome cæcocentral. Elle se En l’absence de lésion intracérébrale associée et si la crise est
manifeste par une baisse bilatérale de l’acuité visuelle, une unique, le traitement antiépileptique au long cours n’est pas
dyschromatopsie (axe rouge-vert), un scotome central, une recommandé.
pâleur papillaire tardive.
Delirium tremens
Syndrome de sevrage Le delirium tremens (DT) est le résultat de l’absence ou de
l’insuffisance de traitement des signes de sevrage. Il en est la
Le syndrome de sevrage [7] est un ensemble de symptômes complication la plus sévère. Il est caractérisé par l’apparition
survenant dans les 24 à 48 heures après le dernier verre chez un rapide d’un syndrome confusionnel avec agitation, propos
buveur chronique dépendant. Il fait suite à une abstinence incohérents, délire onirique, hallucinations multiples, en
volontaire (désintoxication) ou non, par exemple lors d’une particulier visuelles avec zoopsie, scènes d’agression. Le syn-
admission à l’hôpital. Bien que le sevrage alcoolique soit drome physique associe des troubles dysautonomiques : fièvre,
fréquent, et la plupart du temps peu sévère, il peut aboutir au sueurs, déshydratation, modification de la pression artérielle,
delirium tremens et aux crises d’épilepsie, engageant alors le tachycardie, troubles du rythme. Des crises d’épilepsie, un état
pronostic vital. de mal peuvent survenir (signe de gravité). Les complications
Lors d’une intoxication alcoolique chronique, il se développe potentielles sont multiples, pouvant être conséquentes de
un processus compensateur de l’inhibition glutamatergique et l’agitation du patient (blessure du patient ou de son entourage)

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ou médicales (pneumopathie d’inhalation, arythmie cardiaque, mois, son début peut être moteur dans 50 % des cas. Les signes
infarctus du myocarde). Des études anciennes (1975) rapportent moteurs sont au premier plan dans 85 % des cas, touchant
une mortalité de 20 %, mais ce chiffre peut aujourd’hui également les membres supérieurs. Le déficit perturbe la marche
atteindre 1 % avec une reconnaissance précoce des symptômes dans plus de 85 % des cas et les douleurs sont au second plan.
et un traitement adapté [9]. Tous les intermédiaires sont possibles entre la neuropathie
Le traitement repose sur les benzodiazépines (diazépam ou chronique alcoolique et la neuropathie par carence en thiamine
lorazépam). Les neuroleptiques peuvent être utilisés en adju- chez des patients alcooliques et dénutris. On comprend ainsi
vants, mais jamais en monothérapie, car cela augmente le taux que la recharge vitaminique puisse nettement améliorer la
de complications et de mortalité [10] . La chlorpromazine neuropathie si une carence y est associée.
(Largactil®) est contre-indiquée, car proépileptogène. Dans les
cas les plus graves, une intubation et une ventilation mécanique
sont nécessaires pour obtenir une sédation adéquate. Myopathie éthylique
C’est une pathologie extrêmement fréquente et pourtant
presque ignorée. Elle affecte 40 % à 60 % des patients alcooli-
■ Effets de l’alcool sur le système ques [13] , et est plus fréquente que la cirrhose (20 %), les
neuropathies (30 %) ou les cardiomyopathies (15 %-35 %). Il en
neuromusculaire périphérique existe deux formes, dont la plus fréquente est une myopathie
chronique lentement progressive, indolore, se manifestant par
La physiopathologie des neuropathies éthyliques reste mal
un déficit moteur proximal prédominant aux membres infé-
comprise. Les trois facteurs principaux susceptibles d’entraîner
rieurs. Elle s’améliore à l’arrêt de l’intoxication éthylique et à la
une neuropathie chez un patient alcoolique sont un déficit
renutrition. Elle est liée à la dose totale d’alcool ingéré et est
vitaminique en thiamine, un effet toxique de l’alcool et la
aggravée par la dénutrition.
malnutrition associée.
La myopathie alcoolique aiguë est beaucoup plus rare (5 %
La dose totale absorbée d’alcool semble être un facteur
des cas) et se manifeste lors d’ingestion massive, par une
déterminant, et une consommation supérieure à 100 g/j est
faiblesse musculaire généralisée à prédominance proximale dans
nécessaire au développement d’une neuropathie.
un contexte myalgique avec rhabdomyolyse (élévation des
L’âge moyen de développement d’une neuropathie est
créatine phosphokinases [CPK]), myoglobinurie, risque d’insuf-
d’environ 45 ans. Elle est constante en cas d’atteinte du système
fisance rénale.
nerveux central liée à l’alcool.

Neuropathie alcoolique chronique ■ Encéphalopathies carentielles


Elles surviennent dans environ 30 % des cas. Elle est asymp-
tomatique dans 40 % des cas. Lorsqu’elle devient clinique, c’est Encéphalopathie de Gayet-Wernicke
d’abord une neuropathie douloureuse dans 97 % des cas
(syndrome des pieds brûlants). Les douleurs sont continues, L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke (EGW) [14] est un
parfois paroxystiques, favorisées par le frottement des draps ou syndrome aigu, caractérisé par une encéphalopathie, des
des vêtements. L’examen clinique peut être initialement pauvre, troubles oculomoteurs, une ataxie, bien que cette triade ne soit
avec préservation des réflexes ostéotendineux. À un stade plus complète que dans 16 % des cas [15].
évolué, le tableau est celui d’une polyneuropathie longueur-
dépendante, avec troubles de la sensibilité thermoalgique
remontant en chaussettes, puis atteinte distale des membres
supérieurs. Les signes moteurs sont toujours au second plan,
présents dans moins de la moitié des cas. La neuropathie ne
perturbe la marche que dans 25 % des cas. Prédominante sur les
“ Point important
petites fibres, l’atteinte nerveuse s’associe à des troubles
Encéphalopathie de Gayet-Wernicke : triade
trophiques (anomalies cutanées ou de la pilosité, hypersudation,
parfois maux perforants) et peut toucher le système nerveux clinique
autonome cardiaque ou digestif (24 %). Il existe un effet-dose La triade classique est caractérisée par l’apparition aiguë
entre la dose d’alcool ingérée cumulée et la sévérité de la de :
neuropathie [11]. • troubles oculomoteurs : nystagmus et/ou paralysie
La présence d’une neuropathie chez un patient alcoolique ne oculomotrice horizontale ;
doit pas faire oublier la recherche d’un facteur aggravant : • ataxie cérebelleuse ;
diabète ou intolérance au glucose, traitements neurotoxiques, • encéphalopathie : confusion, ralentissement psy-
insuffisance rénale, etc. chique, apathie, troubles de la concentration, ou troubles
Le traitement associe vitaminothérapie en intraveineuse, de la vigilance pouvant aller jusqu’au coma et au décès.
renutrition, antalgiques, soins locaux, rééducation, orthèses. La
récupération est lente, souvent incomplète.

Autres formes cliniques de neuropathies Ce syndrome résulte d’une carence intracérébrale en thiamine
(vitamine B1), coenzyme essentielle à de nombreuses voies
Les neuropathies par compressions nerveuses focales sont métaboliques dans le cerveau. Carl Wernicke a décrit en
fréquentes chez l’alcoolique dénutri. L’atteinte du nerf récur- 1881 une encéphalite aiguë hémorragique chez deux hommes
rent, nerf laryngé, responsable d’une dysphonie caractéristique, alcooliques et chez une jeune femme ayant des vomissements
est fréquente. itératifs sur sténose du pylore, après ingestion d’acide sulfuri-
Par ailleurs, des cas de polyneuropathie axonale aiguë ont été que [16]. Ces trois patients sont morts dans les deux semaines
décrits [12]. suivant le début des manifestations neurologiques. Le lien avec
Enfin, on distingue la neuropathie par carence en thiamine. le rôle de la dénutrition et de la vitamine B1 est soulevé en
Pure, elle survient par déficit secondaire à un trouble de 1941 [17]. Les besoins en thiamine sont liés à l’apport calorique
l’alimentation ou une chirurgie du tube digestif. Elle est plus global et à la proportion de carbohydrates. L’apport moyen
rapidement agressive que la neuropathie alcoolique classique. recommandé pour un adulte sain est de 1,4 mg/j ou 0,5 mg de
Elle survient en quelques jours, 50 % du temps en moins d’un thiamine pour 1 000 kcal consommées. Les besoins sont

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majorés chez l’enfant, dans les conditions de stress aigu, • le transport intestinal de la thiamine est diminué ;
pendant la grossesse et la lactation. La thiamine est absorbée • il existe une diminution des capacités de stockage du foie.
dans le duodénum et est transportée de façon active et passive D’autres causes sont possibles : consommation exclusive de
dans le SNC. riz blanc (pays asiatiques), vomissements profus, anorexie
Bien qu’abondamment documentée dans la littérature mentale, hémodialyse, alimentation parentérale prolongée,
récente, l’EGW est encore sous-estimée. Elle fait courir au syndrome de malabsorption, etc. Chez les patients ayant une
patient un risque vital ; la mortalité est estimée à 17 % [18] et un faible réserve en thiamine, une EGW peut être déclenchée par
risque de séquelles sévères, au premier rang desquelles figure le une charge en hydrates de carbone.
syndrome de Korsakoff (SK), qui survient chez 80 % des
survivants [18] . Elle est pourtant curable, pour peu qu’un Lésions neuropathologiques
traitement parentéral par vitamine B1 soit entrepris. Les lésions de l’EGW sont bilatérales, symétriques hémorragi-
ques et/ou nécrotiques. Elles touchent le thalamus médian et
dorsal (100 % des cas), les corps mamillaires, la substance grise
périaqueducale, le plancher du IV e ventricule et le vermis

“ Points forts
cérébelleux (30 % des cas). Le cortex peut également être
touché [18].

Encéphalopathie de Gayet-Wernicke (EGW) Aspects cliniques


• Tout état de malnutrition durant plus de 2-3 semaines Le diagnostic est clinique ; il n’y a pas de test sanguin
est susceptible de provoquer une EGW. spécifique de routine, d’anomalie à l’électroencéphalogramme
• Ne pas administrer de soluté glucosé sans adjonction de (EEG), à l’IRM ou dans le liquide céphalorachidien (LCR)
vitamine B1 : cela peut précipiter un patient alcoolique permettant d’asseoir le diagnostic. Les premiers symptômes
chronique, ayant a priori de faibles réserves de thiamine peuvent être difficiles à détecter, car aspécifiques : céphalées,
vers l’EGW. fatigue, irritabilité, gêne abdominale. Des troubles visuels avec
œdème papillaire et hémorragies rétiniennes sont possibles.
• Rechercher une carence en magnésium associée et la
La triade classique est caractérisée par l’apparition aiguë de :
traiter le cas échéant. Sinon, le traitement par thiamine
• troubles oculomoteurs dans 29 % des cas : nystagmus et/ou
peut être inefficace. paralysie oculomotrice horizontale [18] ;
• L’EGW doit être suspectée chez tout patient alcoolique • ataxie cérebelleuse dans 23 % des cas ;
dénutri ayant des troubles neurologiques, et ce, quelle • encéphalopathie : confusion, ralentissement psychique,
que soit la présentation neurologique. apathie, troubles de la concentration ou troubles de la
vigilance, pouvant aller jusqu’au coma et au décès.
Caine et al. [21] ont proposé des critères en montrant que
ceux-ci avaient de meilleures spécificité et sensibilité ; le
Épidémiologie diagnostic repose sur deux des quatre signes suivants : un déficit
nutritionnel, des anomalies oculomotrices, un syndrome
Sa prévalence est inconnue. Les séries anatomiques suggèrent cérébelleux, une altération de l’état mental ou un trouble
que l’affection est probablement sous-estimée par les cliniciens : mnésique d’intensité modérée.
0,8 % à 2,8 % contre 0,04 % à 0,13 % cliniquement. Dans les Des hallucinations, des troubles de la personnalité, du
pays occidentaux, la première cause est l’ingestion d’alcool. Le comportement sont possibles, mimant ainsi un trouble psycho-
ratio homme/femme est de 1,7/1. tique aigu [22] . Des troubles neurovégétatifs (hypothermie,
hypotension, tachycardie) et des crises épileptiques sont
Pathophysiologie également rapportés. Dans les formes les plus graves, sont
rapportés une atteinte pyramidale, dysautonomique, une rigidité
L’EGW traduit une carence aiguë en thiamine par diminution
extrapyramidale, des mouvements anormaux et des troubles de
de son apport, de son absorption, ou par un surcroît d’utilisa-
la vigilance sévères (coma).
tion avec des réserves faibles.
Dans les services d’urgences, ces symptômes sont difficiles à
À l’intérieur des cellules, la forme active de la thiamine est un
différencier d’une intoxication aiguë, ce qui concourt à la
cofacteur pour des enzymes cytosoliques ou mitochondriales
grande difficulté diagnostique [23]. Le tableau peut être incom-
impliquées dans le métabolisme des carbohydrates, des lipides
plet, voire paucisymptomatique ; il ne faut pas attendre une
(production et maintenance de la myéline), la production
forme complète pour faire le diagnostic. Le diagnostic d’EGW
d’acides aminés et de neurotransmetteurs dérivés du glucose
doit être suspecté chez tout patient ayant une dénutrition ou
(acide glutamique, acide gamma-aminobutyrique [GABA]). Le
bien en situation d’hypermétabolisme (situation aiguë, réani-
magnésium a un rôle important dans le métabolisme de la
mation, maladie chronique), ou encore ayant un trouble de
thiamine. Le traitement bien conduit par vitamine B1 peut être
l’absorption et ce, quelle que soit la présentation neurologique.
complètement inefficace en cas de carence sévère en
magnésium [19]. Imagerie
La carence en thiamine provoque des lésions cérébrales en 2
à 3 semaines, dans des zones particulièrement vulnérables [20]. L’IRM est le meilleur examen permettant de confirmer le
Les stocks de thiamine ne sont en effet suffisants que pour diagnostic d’EGW. Elle met en évidence des hypersignaux en
18 jours. Tout état de malnutrition durant plus de 2 à 3 semai- séquence T2 et T2-Flair, dans les régions thalamiques paraven-
nes est susceptible de provoquer une encéphalopathie de triculaires, les corps mamillaires, la région mésencéphalique
Wernicke. Chez des patients ayant des réserves faibles en périaqueducale, le plancher du IV e ventricule. En T1 avec
thiamine et un régime comportant beaucoup d’hydrates de injection de gadolinium, une prise de contraste peut être
carbones (typiquement chez l’alcoolique chronique), observée dans un cas sur deux. Le pattern typique est observé
l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke peut survenir plus tôt. dans environ 60 % des cas [24] . À la phase chronique, ces
L’alcoolisme chronique est la première cause de carence en anomalies peuvent laisser place à une atrophie des régions
thiamine dans les pays occidentaux. Les raisons de la carence en atteintes, en particulier des corps mamillaires et du vermis
thiamine chez les patients alcooliques chroniques sont les cérébelleux (Fig. 1) [1].
suivantes :
• non seulement l’alcool contient peu de thiamine (carence
Autres examens complémentaires
d’apport), mais, de plus, sa métabolisation en requiert Le dosage de la vitamine B1 n’est pas réalisé en situation
beaucoup ; d’urgence. Il serait d’un faible apport lorsque la clinique et

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Figure 1. Encéphalopathie de Gayet-Wernicke. Les lésions prédominent autour du IIIe ventricule (flèches), de l’aqueduc de Sylvius (tête de flèche rouge).
L’atteinte des corps mamillaires (tête de flèche verte) est caractéristique. Ces lésions sont en hypersignal T2, en diffusion et FLAIR : fluid-attenuated inversion
recovery.

l’imagerie sont évocatrices et, de toutes façons, le doute conduit On recommande une injection intramusculaire de 250 mg de
à la supplémentation. Il est possible de demander une mesure thiamine par jour pendant 3 à 5 jours consécutifs chez tout
de l’activité transcétolasique érythrocytaire. Le dosage de la patient en sevrage alcoolique, ou tout patient malnutri ou ayant
thiamine peut à présent être réalisé par chromatographie liquide des troubles de l’absorption digestive [26].
à haute performance. Il se fait sur sang total et prend en compte
la thiamine circulante et sa forme intracellulaire
phosphorylée [25].
Il faut doser la magnésémie, car une carence en magnésium
peut aggraver les conséquences du déficit en thiamine.
L’examen du LCR n’est pas contributif (normal ou “ Points importants
hyperprotéinorachie).
L’EEG peut être normal ou montrer des ondes lentes diffuses. Encéphalopathie de Gayet-Wernicke (EGW) :
traitement curatif et préventif
Traitement • Curatif : 500 mg d’hydrochloride de thiamine (dissout
dans 100 ml de sérum physiologique) en intraveineuse sur
Traitement curatif 30 minutes, trois fois par jour, soit 1 500 mg par jour,
C’est une urgence thérapeutique. L’absorption de la thiamine pendant 3 jours. En cas de réponse, poursuivre à raison de
par voie orale est insuffisante pour corriger une carence sévère. 250 mg par jour en intraveineuse ou intramusculaire
Il est recommandé d’administrer immédiatement, dès le dia- jusqu’à ce qu’on n’obtienne plus d’amélioration.
gnostic suspecté, la vitamine B1 par voie parentérale, intravei- Poursuivre per os à raison de 30 mg deux fois par jour
neuse ou intramusculaire. Il n’y a pas de dose optimale validée pendant plusieurs mois.
par des études cliniques. • Préventif : on recommande une injection
De façon empirique, on administre 500 mg d’hydrochloride intramusculaire de 250 mg de thiamine par jour pendant
de thiamine (dissout dans 100 ml de sérum physiologique) en
3 à 5 jours consécutifs chez tout patient en sevrage
intraveineuse sur 30 minutes, trois fois par jour, pendant
alcoolique ou tout patient alcoolique malnutri.
3 jours. Des ampoules de 100 mg sont disponibles en France. La
thiamine est un traitement très bien toléré.
En l’absence de réponse, le traitement est interrompu. En cas
de réponse, il est poursuivi à raison de 250 mg par jour en
intraveineuse ou intramusculaire jusqu’à ce qu’on n’obtienne
Évolution
plus d’amélioration. Il faut compenser une éventuelle carence
en magnésium associée [23]. L’évolution de l’EGW est variable sous vitaminothérapie, mais
La supplémentation doit ensuite être poursuivie pendant peu de séries importantes ont été publiées. Dans la grande série
plusieurs mois à raison de 30 mg deux fois par jour per os. de Victor et al., la mortalité de la phase aiguë était d’environ
Du fait de la présentation initiale parfois atypique, il est 20 %, et 85 % des survivants évoluaient vers un syndrome de
admis qu’il faut traiter (après prélèvement sanguin) tout patient Korsakoff [18].
se présentant avec un coma, une hypo- ou une hyperthermie, En cas de traitement adapté, l’ophtalmoplégie régresse en
une tachycardie ou une hypotension de cause indéterminée. quelques heures, l’ataxie en quelques jours, mais parfois de
façon incomplète. Les troubles neuropsychologiques s’amélio-
Traitement prophylactique
rent en 2 à 3 semaines [18].
Dans tous les cas, l’essentiel du traitement est préventif, Le SK est le plus souvent la conséquence d’une EGW, plus
reposant sur la supplémentation en B1 des sujets alcooliques à rarement développé d’emblée. Il traduit l’atteinte des hippo-
risque de carence vitaminique ou en cas d’administration de campes [27] des corps mamillaires, des noyaux dorsomédians du
soluté glucosé chez un patient dénutri ou éthylique. thalamus, du trigone, du gyrus cingulaire. Cette lésion du

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circuit hippocampo-mamillo-thalamique et l’atteinte frontale


associée sont responsables du syndrome amnésique combiné à
des signes frontaux.
Le syndrome de Korsakoff associe des troubles de la mémoire
antérograde d’installation concomitante au début des troubles,
s’étendant sur une période plus ou moins longue selon la
gravité. Il existe également une désorientation temporelle et à
un moindre degré spatiale, reflet du trouble mnésique épisodi-
que, et des fausses reconnaissances (méconnaissance de sujets
connus et reconnaissance erronée de sujets inconnus), principa-
lement à la phase précoce. Contrairement à cette atteinte
dramatique de la mémoire, les autres fonctions cognitives sont
préservées chez la plupart des patients. Il est possible d’observer
des troubles psychocomportementaux, comme des changements
émotionnels, une apathie ou, inversement, une euphorie,
pouvant être mis sur le compte de l’atteinte frontale [28]. Enfin,
les patients sont anosognosiques de leur déficit.
L’IRM démontre essentiellement une atrophie corticale
diffuse, prédominant en frontopariétal, une atrophie des noyaux
gris et des corps mamillaires [1]. Une atrophie de la substance
blanche est notée en périventriculaire et au niveau du splénium
du corps calleux.
Si le traitement vitaminique parentéral prévient l’EGW, il est
peu ou pas efficace dans le SK. Les conséquences sociales sont
majeures, avec la présence constante d’une tierce personne ou
la nécessité d’un placement en institution.

Encéphalopathie pellagreuse
Cette encéphalopathie est liée à des lésions neuronales du
tronc cérébral par carence en vitamine PP. Le diagnostic est
évoqué systématiquement en présence d’une confusion chez un
patient dénutri. Les autres signes sont une hypertonie extrapy-
ramidale, des troubles digestifs, des signes cutanéomuqueux
Figure 2. Myélinolyse centropontique. Anomalie de signal protubé-
(glossite, desquamation) très inconstants. Le traitement est la
rantielle en hyposignal en séquence pondérée en T1 (A), hypersignal en
vitamine PP parentérale (500 mg/j). Le traitement est préventif
séquence pondérée en T2 (B).
par la prescription systématique de vitamine PP à tout patient
alcoolique dénutri.

Complications vasculaires cérébrales


■ Pathologies neurologiques liées
Une consommation alcoolique chronique modérée au-delà de
aux dysfonctions secondaires « trois verres standards » quotidiens favorise la survenue
à l’alcoolisme chronique d’hématomes intracérebraux par hypertension artérielle et
troubles de l’hémostase. Le risque d’hémorragie sous-
(hors carences vitaminiques) arachnoïdienne est multiplié par deux et le pronostic est
médiocre.
Les hématomes sous-duraux aigus et chroniques sont une
Encéphalopathie hépatique complication classique chez l’alcoolique chronique, du fait de
l’association de trois facteurs de risque : l’atrophie cérébrale, les
Cette encéphalopathie est secondaire à l’insuffisance hépati-
troubles de l’hémostase et les traumatismes crâniens répétés.
que (cirrhose, shunts portocaves), mais le mécanisme de la
Pour des consommations supérieures à trois verres par jour,
toxicité encéphalique reste inconnu. Les circonstances déclen-
le risque d’ischémie cérébrale augmente également.
chantes sont un saignement, un apport protidique, une prise de
benzodiazépines, une infection, un trouble métabolique.
Le diagnostic associe des troubles du comportement, de la Myélinolyse centropontine
vigilance, un asterixis, des signes extrapyramidaux, parfois des
crises d’épilepsie. Il s’agit d’une complication rare, favorisée par la correction
L’EEG montre des signes (non spécifiques) évocateurs d’une trop rapide d’une hyponatrémie, fréquente chez les buveurs de
encéphalopathie : ralentissement du rythme et diffusion du bière. Elle se caractérise par une démyélinisation du pied de la
rythme de fond, ondes triphasiques. L’IRM démontre un signal protubérance, mais les lésions sont parfois plus étendues et on
hyperintense bilatéral et symétrique sur les séquences T1 au parle alors de myélinolyse extrapontique. Elle se manifeste par
niveau des thalamiques, des noyaux rouges, des régions capsu- un coma initial ou des troubles de la vigilance, avec tétraplégie
laires ou pédonculaires. En séquences T2, les structures appa- et signes pseudobulbaires. Le pronostic est le plus souvent
raissent avec un signal normal. L’hypersignal T1 des noyaux péjoratif (coma, mutisme akinétique, décès). Le diagnostic
gris, lié au dépôt anormal de manganèse, apparaît avant les repose sur l’IRM : elle démontre des anomalies de signal
signes cliniques de l’encéphalopathie et est proportionnel à la protubérantielles médianes, paramédianes, symétriques, tou-
sévérité de l’atteinte hépatique. chant presque la totalité du tronc, sous la forme d’un hyposi-
L’évolution dépend du stade de la maladie, des causes gnal T1 et hypersignal T2 et T2-flair (Fig. 2, 3) [1]. Des
intercurrentes. Les anomalies IRM sont réversibles, notamment localisations extrapontiques sont observées dans 50 % des cas
après transplantation hépatique ou suppression d’un shunt avec possibilité de lésions cérébelleuses, de la substance blanche
portocave. sous-corticale, putaminales, caudées et thalamiques [1].

6 Traité de Médecine Akos


Complications neurologiques de l’alcool ¶ 5-0951

On distingue deux sous-types clinicoradiologiques :


• le type A est caractérisé par des troubles aigus ou subaigus de
la vigilance, un syndrome pyramidal, des anomalies de signal
précoces de l’ensemble du corps calleux (hypersignal T2 ou
hypodensité au scanner). Le pronostic est défavorable, la
mortalité estimée à environ 20 %. Plus tardivement, les
séquelles sont essentiellement cognitives, avec signes de
disconnection calleuse. L’IRM met en évidence un hyposignal
T1, signant une nécrose. Des lésions extracalleuses sont
rapportées, notamment dans la substance blanche périventri-
culaire ou les ganglions de la base ;
Figure 3. Myélinolyse centropontine (flèches). • le type B est caractérisé par l’absence de trouble de la
A. Imagerie par résonance magnétique, coupe sagittale pondérée en T1. vigilance initial, mais par l’apparition aiguë ou subaiguë de
B. Coupe axiale pondérée en T2. troubles cognitifs, dysarthrie, troubles de la marche et signes
de disconnection interhémisphérique. À l’IRM, les lésions du
corps calleux sont moins étendues et le pronostic est plus
favorable [29].
.

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Traité de Médecine Akos 7


5-0951 ¶ Complications neurologiques de l’alcool

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C. Ewenczyk, Neurologue, chef de clinique (claire.ewenczyk@psl.aphp.fr).


Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Fédération des maladies du système nerveux, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Ewenczyk C. Complications neurologiques de l’alcool. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Traité de
Médecine Akos, 5-0951, 2010.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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