Aj - 481 - 0096 (7) Arianizacion

Les gagne-petit du Marais à travers les sources de
l’Occupation : précarité, expédients et lendemains

incertains
Jean Laloum
Dans Archives Juives 2015/1 (Vol. 48), pages 96 à 108
Éditions Les Belles lettres
ISSN 0003-9837
ISBN 9782251694405
DOI 10.3917/aj.481.0096
© Les Belles lettres | Téléchargé le 05/11/2023 sur www.cairn.info (IP: 99.239.218.99)
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https://www.cairn.info/revue-archives-juives1-2015-1-page-96.htm
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MÉLANGES
�
Les gagne-petit du Marais

à travers les sources de l’Occupation :
précarité, expédients et lendemains incertains
Jean Laloum
était un réfugié russe. Il vendait sur les

routes et sur les marchés de petits lots de
marchandises qu’il se procurait. Il avait
une valise, il partait le matin et rentrait le
soir. C’était un gagne-petit n’ayant laissé
ni comptabilité, ni matériel, ni marchan-
dises. La chambre qu’il occupait est un

local infect, d’une saleté repoussante et le
gérant de l’immeuble désirerait pouvoir en
reprendre possession1.
Ces lignes, datées du 25 avril 1942,

sont d’A. J. Ergal, domicilié à Bougival
en Seine-et-Oise, dans l’Ouest parisien.
Administrateur provisoire de biens
juifs2, il est l’une des chevilles ouvrières
de l’« aryanisation économique », c’est-
à-dire de l’élimination de l’influence
Léon Goldberg travaillant à sa machine à coudre (années 1930). juive dans l’économie française voulue
© Mémorial de la Shoah/ coll. Mémoire juive de Paris.
par l’occupant allemand et le régime
de Vichy3. Cette mission conduit A. J.
Ergal à fréquenter très régulièrement
CRUSZKO. Célibataire, au camp de
Pithiviers depuis le 14 mai 1941, occu- le quartier parisien du Marais. Dans le
pait au 5bis de la rue des Rosiers une département de la Seine, le commis-
petite chambre d’un loyer annuel de 1 000 sariat général aux Questions juives
francs impayé depuis 18 mois. Cruszko (CGQJ), organisme créé par Vichy
96 – M é la n g e s
notamment pour piloter l’opération au Saddier, avec leurs descriptions méti-
plan national, a compartimenté l’éco- culeuses des entreprises de brocante
nomie juive en diverses sections en vue d’importance moyenne qui sont sa
de son aryanisation. La plupart des spécialité, en est un bon exemple. Nous
brocanteurs, marchands forains, tail- y reviendrons. C’est aussi que, dans son
leurs en chambres, confectionneurs, Instruction générale & Memento-guide
chapeliers et casquettiers relèvent à l’usage des administrateurs provi-
ainsi de la section IC4. Nechemyé soires, le CGQJ leur prescrit dans le
Cruszko, marchand forain et brocan- détail la marche à suivre pour recueillir
teur ambulant, est l’un de ses nombreux les informations et les ordonner :
« administrés ». nom du ou des propriétaires ; condi-
Certes, avec la section IB, la tions d’exploitation (locaux, maté-
section IC réunit essentiellement les riel, marchandises, personnel)7. Les
sans grade et les plus démunis, mais renseignements ainsi collationnés sont
ces deux ensembles abritent une très d’ordre économique et comptable, mais
grande disparité de situations. Les ils laissent aussi deviner à l’occasion
termes mêmes utilisés pour désigner certains traits à caractère social, fami-
les activités touchant à la fripe, à la lial qui restituent à leurs « administrés »
remise à neuf, au chiffon ou à l’occa- une part d’humanité.
sion recouvrent des réalités des plus
contrastées. Dans cette classification, La rue des Rosiers
pourtant censée permettre de voir clair Dans certains quartiers comme
dans cette nébuleuse composite de celui de la rue des Rosiers – lieu géomé-
petits métiers, les frontières se révèlent trique traditionnel de l’immigration

8
parfois floues. Ainsi, c’est paradoxale- juive, selon Pierre Paraf –, la précarité
ment à la section IC et non à la section de nombre de petits métiers ressort
VIII qu’est répertoriée la marchande de leurs conditions d’installation et
ambulante Fanny Wilk5 ; sans magasin d’exploitation : au 2, rue des Rosiers,
ni remise, elle écoulait ses poissons sous l’échoppe de cordonnerie de Kiwa
la porte cochère de l’immeuble du 32, Wolpin se greffe sur le Bar & charbon
rue des Rosiers, moyennant une rede- de M. Pelat, à qui il verse un loyer
vance mensuelle de 100 francs versée à annuel de 1 000 francs9. Au premier
la concierge6. étage du 3bis, Moïse Grochytz, artisan
Les rapports que les commissaires- casquettier, travaille à façon dans son
gérants adressent régulièrement au appartement, un trois pièces dont l’une
Service du contrôle des administrateurs fait fonction d’atelier10. Au n° 14 de la
provisoires (SCAP), leur autorité de rue, le tailleur à façon Moszek Knobler,
tutelle directe, donnent une idée précise marié et père de deux enfants, travaille
de l’environnement socio-économique pour le compte de différentes maisons
dans lequel vivent et travaillent, en ce dans l’une des deux pièces du foyer
début des années 1940, nombre de tout familial11. Un régime d’encadrement
petits commerçants et d’artisans façon- salarial est censé assurer à ces artisans
niers de la capitale. Ceux de Gaston confectionneurs un revenu minimum
Le s g a g n e -p e t i t d u M ar a i s à t raver s l es s ou rc es de l ’ Oc c u pat i on – 97
certifié par l’employeur. Le tailleur à redevance annuelle de 2 000 francs16.
façon pour dames Nusyn Rajner, établi Celle de Gerszen Farbiaz, au numéro
24, rue des Rosiers, a pu, un temps 35, à quelques mètres de la précédente,
seulement, en bénéficier : se carre dans la même superficie. Plus
Je soussigné Bernard Hérenstein déclare de la moitié de ces réduits malpropres
que Rajner Nusyn, demeurant 24, rue des et malsains sont enchâssés dans d’autres
Rosiers à Paris, de nationalité polonaise, locaux ou des entrées d’immeubles,
travaille pour le compte de mon établis-
souligne René Richard de Loménie,
sement depuis 1930 en qualité de tailleur
à domicile. Cet ouvrier à domicile recevra l’administrateur provisoire de ce
le salaire prévu pour sa catégorie par la dernier ; il faudrait proscrire, selon lui,
convention collective du travail en vigueur, cette pratique aux propriétaires, mais il
ou à défaut, le salaire normal et courant de la admet l’utilité – toute provisoire – de
catégorie pour la profession et la région. En
ces commerces minuscules en dépit de
conséquence, ce travailleur recevra des prix
de façon lui permettant un gain minimum leur nombre pléthorique :
de Frs 292, – pour un travail effectif de la Ces artisans, israélites de nationalités
durée de la semaine légale, à condition étrangères, consigne-t-il dans son rapport
d’avoir ses papiers en règle12. du 25 janvier 1941, n’occupent pas de
personnel et travaillent eux-mêmes. Il
Même environnement pour l’ou- n’y a pas de stock. Leur gain journalier
vrier en chambre Méer Halatnikow. peut varier entre 15 et 60 francs par jour,
L’une des deux pièces de son logement selon le travail. Je propose, en conclu-
du 17, rue des Rosiers est consacrée à sion, de laisser ces ouvriers à satisfaire
son activité. Deux tables de coupe, un la clientèle, tant pour le travail en cours
que pour celui à venir. Les concurrents
casier, quatre chaises et deux machines aryens voisins, consultés, déclarent ne
à coudre, le tout en assez mauvais pas être gênés dans leur métier par cette

état, composent son matériel13. Un coexistence, à condition toutefois que soit
peu plus loin, au numéro 19, Abram respecté le tarif syndical de vente ; […]
Dzwonkowski, marié et père d’un le public ne pouvant renouveler comme
autrefois ses chaussures sera amené à
garçon de 22 ans, exerce la profession de les faire réparer plus longtemps et plus
chineur en chiffons qu’il ramasse dans souvent ; d’autant plus qu’il use davan-
les rues14. Au 25, le commerce d’épi- tage. Il y a donc intérêt momentanément
cerie-fromage de Rosa Lesselbaum, à laisser ces artisans exercer leur métier de
d’abord installé sous la porte cochère première utilité17.
de l’immeuble, gagne dans un second Georges Kriguer, domicilié 32, rue
temps le fond de la cour ; « cette remise des Rosiers, est « impotent » d’une
grande et claire, note le 3 février 1941 jambe. Son handicap l’a contraint à
l’administrateur provisoire Colas, se vivre d’un expédient : la vente de lacets
prête assez à cet usage, mais pas la sur la place de la Bastille. Les mesures
moindre installation, un vrai fouillis ; prises par l’occupant à l’encontre des
travaille tout de même avec des habi- Juifs lui interdisent d’exercer désor-
tués et pas seulement des juifs15. » mais ce commerce18, ce dont il se plaint,
L’échoppe de Joseph Fajgenbaum, le 29 septembre 1942, au président
réparateur de chaussures établi 27, rue de l’Union générale des Israélites de
des Rosiers, n’excède pas 2 m2 pour une France (UGIF) :
98 – M é la n g e s
Je suis âgé de 39 ans, suis de nationa- comptabilité. » Ces constats sans cesse
lité Française, né de parents Français ; à répétés figurent dans les dossiers relatifs
la suite d’un accident dans ma jeunesse, aux commerces de brocante de Maurice
j’ai été amputé de la jambe gauche et
ne touche aucune pension et pourtant Lheizard 4, rue des Blancs-Manteaux,
jusqu’au 1er juillet 1941 j’ai toujours d’Israël Guttman 17, rue Charlemagne,
gagné ma vie, la Préfecture de Police d’Abraham-Beer Scherzer et de Judko
m’ayant accordé l’autorisation de vendre Berr, respectivement aux 4 et 14, rue
des articles de Paris dans les artères pari- des Écouffes, ou encore de Mosjzief
siennes, ladite autorisation étant accordée
Branstein au 22 de cette même rue20.
qu’à des personnes dans mon cas, or vu
l’ordonnance allemande du 25 avril 1941, Même observations dans les comptes
cette autorisation m’a été enlevée en tant rendus relatifs à « l’entreprise » de
qu’Israélite et du jour au lendemain je me Feliks Erdtrachter 14, rue Ferdinand-
suis trouvé sans travail. J’ai vécu jusqu’ici Duval, à celles exploitées respective-
grâce aux petites économies que j’avais pu ment aux 6 et 10, rue du Figuier, par
avoir et sachant qu’il existe rue Copernic
un bureau de Placement, je m’y suis rendu Wolf Bourschtein et Maurice Grizivolz,
et ai exposé mon cas, mais vu mon infir- par Salomon Rosenpik et par Anna
mité cela n’est pas facile et l’on envisageait Arnstein, respectivement au 17 et 24
bien de me placer dans votre organisa- de la rue des Jardins-Saint-Paul, ou
tion en tant qu’huissier ou autre emploi par Icek Szymkowicz sise 20, rue des
similaire, mais j’ai cru comprendre que
Nonnains-d’Hyères21.
votre assentiment était indispensable et
c’est pourquoi je m’adresse à vous. Il me L’organisation de la journée de
semble qu’à l’UGIF je serais susceptible travail et leurs méthodes de vente sont
de rendre de grands services, vu l’habi- parfois évoquées. Icek Mesyeg et Srul
tude que j’ai de la foule et malgré mon Smiliansky, qui habitent tous deux 10,

amputation je suis très alerte et possède rue des Deux-Ponts, sur l’île Saint-
une instruction moyenne. D’ailleurs pour
de plus amples informations je me tiens à Louis, louent l’un et l’autre une pous-
votre disposition19. sette pour 3 francs et vendent chaque
jour leurs achats de la journée22. Feliks
Les commerces ambulants
Erdtrachter ramasse, lui, les chiffons
Nombre d’activités pratiquées
dans les poubelles23, puis cède son
par les petits artisans et commerçants
butin quotidien à d’autres brocanteurs,
domiciliés dans le Marais sont à carac-
spécialisés dans la récupération de chif-
tère itinérant. Cela concerne toutes
fons et de vêtements usagés. Noël, dit
sortes de métiers : ceux de la brocante, Nathan Broido, domicilié au 23, rue des
de la remise à neuf ou de la transforma- Rosiers, est l’un d’eux. Son commis-
tion de vieux vêtements ou encore le saire-gérant, Gaston Saddier, que nous
commerce de certaines denrées alimen- avons déjà mentionné, explique préci-
taires. Les rapports des administrateurs sément le fonctionnement de l’activité
provisoires soulignent, unanimes, le de son « administré » dans un compte-
caractère à la fois anachronique, misé- rendu daté d’octobre 1941 :
rable et incertain de la plupart de ces Cette maison […] achète aux brocan-
« entreprises » dont il leur faut assurer teurs ambulants les chiffons et les vête-
la gestion : « pas de magasin, pas de ments usagés. Les chiffons sont revendus
marchandise, pas de matériel, pas de à des grossistes parisiens. Quant aux
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vêtements usagés qui étaient achetés sur par un colportage à la poussette, ce qui
une assez grande échelle, ils étaient, après la protège de l’assistance publique26.
réparation, exportés en gros en Algérie.
Chaïa Beauch, elle aussi marchande
Par suite des difficultés de transport et
de correspondance, ces exportations ont ambulante de gâteaux, toujours rue des
complétement cessé et de ce fait la maison Jardins-Saint-Paul, les vend au panier
subit une crise, les loyers et les contribu- pour sa part, les jours de marché ; elle
tions étant trop élevés pour le chiffre d’af- achète et revend sa marchandise pour
faires en petite brocante. Cette situation
ne doit être que passagère car il semble un bénéfice journalier d’une centaine
certain que les exportations vers l’Algérie de francs27. C’est armé de deux grosses
reprendront dès la fin de la guerre24. valises qu’Ayache Suissa, natif de Salé
Ce même commissaire-gérant, qui au Maroc, domicilié rue Charlemagne,
gère une seconde entreprise dans le commerçant ambulant en thé, épices
Marais, 3, rue Simon-le-Franc, à proxi- et condiments, dispense ses produits
mité des Halles, fournit moult précisions aux populations arabes de la proche
sur les circuits de cette activité : la récu- banlieue parisienne28. Quant à l’Ora-
pération de la marchandise, son condi- naise Julie Baruchel, elle cuit, sur son
tionnement, les modes de transaction petit fourneau ambulant au charbon de
avec les grossistes du secteur. Surtout, bois, des merguez qu’elle vend à l’heure
il souligne combien ce commerce est de l’apéritif dans les cafés restaurants
essentiel à la survie des plus démunis au de la rue François Miron fréquentés
quotidien : par des Juifs originaires d’Afrique du
Cette entreprise, située dans le voisi- Nord. « […] Elle se postait juste devant
nage des Halles, achète aux chiffonniers l’entrée du café, se remémore une
et aux « clochards » leur collecte de vieux amatrice, Lucienne Bibi-Roubi, et les

papiers, chiffons, métaux, etc. Après tri et gens buvaient une anisette et puis alors,
conditionnement, elle revend ces matières
premières aux grossistes. Le propriétaire
les merguez, ça défilait, et elles étaient
israélite a été éliminé. Il est remplacé par bonnes29 ! » Simon Halali, natif de
un employé aryen aidé de deux ouvriers Bône et domicilié rue François Miron,
opérant le tri des matières et confection- a commencé par vendre à la clientèle
nant les balles de papier ou de chiffon. de ces mêmes cafés des bistils, sorte
Cette affaire est viable, demande très peu
de capitaux pour son exploitation car les de bouchées consommées en entrées
marchandises ne sont pas stockées, mais ou pour l’apéritif que cuisinaient sa
enlevées et payées aussitôt par les gros- mère Marie dite Chelbiah, avant que la
sistes plusieurs fois par semaine. Elle peut chanson judéo-arabe ne le fasse accéder
donner de 6 à 8 000 francs de rapport
à la notoriété sous le pseudonyme de
par mois à un acquéreur l’exploitant lui-
même. […] Cette entreprise assure la Salim Halali30.
nourriture d’une centaine de clochards Certains commerçants obtiennent
venant y vendre les papiers qu’ils ont pu néanmoins l’autorisation, délivrée
ramasser aux Halles25. par la Préfecture de police, d’occuper
Certaines denrées alimentaires sont régulièrement un emplacement sur les
aussi vendues de façon itinérante : Mme marchés. Une médaille profession-
Arnstein, 78 ans, domiciliée 24, rue des nelle de brocanteur ou de marchand
Jardins-Saint-Paul écoule ses gâteaux forain leur est alors délivrée. Logé au
100 – Mélanges
51, rue des Archives, le forain Adolphe
Kochinski, vend des casquettes sur les
marchés du nord-est de Paris, à Poissy
et à Persan-Beaumont31. Abraham
Niesenbaum, qui habite au n° 92 de
la rue, écoule des articles de lingerie
défraîchis et de la bonneterie en solde
sur plusieurs marchés du département
de la Seine32. Rachmil Messer, brocan-
teur de meubles et d’objets divers, tient
un stand au marché Vernaison, à Saint-
Ouen33. Domiciliée 10, rue des Jardins-
Saint-Paul et détentrice d’une patente
d’indigente fournie par la mairie du 4e
arrondissement, Fanny Hiller tient un
commerce de vieux vêtements sur le
marché de Bicêtre où elle occupe une
place numérotée34. Rachel Waingarten
et Maurice Wald exercent leurs activités
sur le marché des Grandes Carrières, Quartier du Marais à Paris (1937) :
à Clichy35. Rubin Feldman, en France Marchande de bretzels officiant à l’entrée d’une épicerie
depuis 1909 et forain en bonneterie, a signalée par l’affiche publicitaire en yiddish à l’arrière-plan.
son abonnement au marché de Vitry36. Photo par Fred Stein (1909-1967). Agence Photo rue des Archives.
Établi rue des Rosiers, Isaak Nolsmann

vend, lui, sur plusieurs marchés de vivent, pour plusieurs d’entre eux, dans
banlieue37. Ce mode de commercia- des hôtels meublés misérables. Les admi-
lisation vaut aussi, nous l’avons dit, nistrateurs provisoires mettent régu-
pour les denrées alimentaires. Deux lièrement l’accent, dans leurs rapports,
fois par semaine, Mme Arnstein se rend sur l’insalubrité de leurs logements : « il
sur le marché de Creil pour y vendre occupait une pièce dans un immeuble
ses gâteaux, tandis que Sélig Gottfried d’une vétusté remarquable », dit Serge
– dont l’immatriculation du registre Pesques du ramasseur de chiffons Feliks
du commerce a été déposée le 31 mars Erdtrachter dans le compte-rendu de
1933 – propose œufs et fromages sur la visite domiciliaire qu’il effectue chez
les marchés de Nanterre, Suresnes et ce dernier 14, rue Ferdinand-Duval40.
Rueil38. Guitta Zenftmann dispose Gravement malade, Salomon Rosenpik,
d’un stand de volailles à la place 114 domicilié 17, rue des Jardins-Saint-Paul,
du marché alimentaire du « Carreau du décède le 4 juillet 1942 à l’Hôtel-Dieu.
Temple »39. Le commissaire-gérant Marcel Cornet,
Le caractère anachronique et précaire rendant compte du déménagement de
de ce genre d’« entreprises » va de pair son mobilier par le Secours national pour
avec l’état dégradé et très rudimentaire le compte de sa famille, mentionne le
des logements de leurs administrés qui « peu de meubles et les quelques hardes »
Le s g a g n e -p e t i t d u M ar a i s à t r aver s l es s ou rc es de l ’ Oc c u pat i on – 101

qui le compose41. Non loin de là, au et des deux machines à coudre chez le
numéro 24, Lucien Clapier signale la casquettier Méer Halatnikow au 17,
misère du logis de la vendeuse de gâteaux rue des Rosiers, est relevé lui aussi45.
Anna Arnstein, perché au 5e étage42. Les deux machines mentionnées dans
l’inventaire de l’entreprise de confection
La machine à coudre, pour dames à façon de Moszek Papiernik
l’outil de travail par excellence et Cie, implantée 54, rue de Sévigné, sont
de l’immigré qualifiées d’« usagées » par le commis-
La machine à coudre a largement saire-gérant46. Nombreux sont les arti-
été, pour les immigrés, un moyen sans façonniers qui ne possèdent pas leur
d’accès relativement aisé au monde du outil de travail.
travail. Sa location ou son acquisition à Dans ce secteur d’activité, « la liqui-
crédit, tout comme son installation ne dation est la règle, la vente l’excep-
présentent aucune difficulté. Sa maîtrise tion47 », commentent les agents de la
ne nécessite pas un long apprentissage, politique d’aryanisation économique.
en tout cas pour les travaux les plus À ceux qui postulent à la gestion d’en-
courants. Chez les artisans et façon- treprises juives de cette dimension, le
niers immigrés, et plus particulièrement SCAP propose des lots de plusieurs
parmi les originaires d’Europe centrale dizaines d’unités. Ainsi, cette offre faite
et orientale yiddishophones, elle a faci- à la fin de l’année 1941 à l’un d’eux,
lité l’entrée d’un très grand nombre Raymond Toussaint :
d’entre eux dans une gamme de métiers Vous avez, il y a quelque temps, posé
très diversifiés : apiéceurs, confection- votre candidature à un poste d’Adminis-
neurs, tailleurs (à façon ou en chambre), trateur Provisoire d’entreprises juives. La

presque totalité de ces entreprises étant déjà
couturières, casquettiers, chapeliers,
pourvues d’un Commissaire-Gérant, il n’a
culottiers, cordonniers, maroquiniers, pas été possible jusqu’ici de donner une
gantiers et fourreurs. suite favorable à votre requête. Toutefois,
Rues des Rosiers, des Écouffes et il reste actuellement un nombre important
Ferdinand-Duval, au cœur de l’espace de petites industries en chambre, privées de
toute activité par suite des circonstances et
yiddishophone parisien, dominent large-
qu’il convient de liquider sans retard. Elles
ment les commerces de bouche, mais vont être confiées, par groupes de cent
ces professions y sont aussi présentes à cent cinquante, à des Administrateurs
de manière significative43. C’est une Provisoires qui, ne pouvant trouver dans
nouvelle fois le caractère sommaire, voire ces affaires la source de leur rétribution,
recevront leurs émoluments de la Caisse
l’indigence de leurs installations profes-
de Compensation, par l’intermédiaire du
sionnelles que pointent nombre d’admi- Commissariat Général [aux Questions
nistrateurs provisoires. « L’installation juives].
ne comprend qu’une table de coupe, une Je vous serais obligé de bien vouloir
machine à coudre et quelques rayon- me faire connaître si, éventuellement, une
nages, le tout en mauvais état », signale telle mission vous conviendrait48.
celui qui s’occupe de la fabrique de L’appétit des administrateurs provi-
casquettes de Salomon Micner et de ses soires et leur propension à vouloir
deux fils44. L’état défectueux du matériel liquider au plus vite des pans entiers
102 – Mélanges
de micro-entreprises familiales boule- Je vous écris ma dernière carte avant
versent parfois les règles de la bienséance de partir pour une destination inconnue.
commerciale. Au cours de la procé- Je pars demain lundi matin. Je vous
remercie pour les bonnes nouvelles que
dure de liquidation, certaines machines vous m’avez envoyées par ma concierge.
à coudre sont accaparées par eux à des Ne vous faites pas de mauvais sang pour
fins de cession, malgré le contrat de loca- moi. Je suis très heureuse de savoir que
tion qui les lie aux grandes firmes qui Henri est chez vous. Embrassez-le bien
en sont les propriétaires. Les fabricants pour moi. Vous serez bien gentille d’écrire
à ma concierge pour qu’elle vous donne
des machines, soucieux de préserver ma fourrure pour la vendre. Vous aurez
leurs intérêts, n’hésitent pas à formuler de l’argent pour Henri. Mme Pera vous
leur revendication auprès des services donnera la machine à coudre. Vous la
du CGQJ, à l’instar, courant avril 1943, vendrez aussi. […] Embrassez mon petit
de l’entreprise PFAFF : « Nous vous Henri. Je vous embrasse de tout cœur.
Mme Raszewski50.
serions très obligés de bien vouloir
nous faire connaître les noms et adresses Animés d’une volonté de main-
des Commissaires-Gérants qui se sont mise sur cet outil de travail, les services
occupés de la gérance des biens des ressor- du CGQJ vont jusqu’à suspecter
tissants juifs dont nous vous donnons la maison parisienne de machines à
une liste ci-jointe ». Et de soumettre une coudre SINGER, située 27, avenue de
liste de 138 personnes parmi lesquelles l’Opéra, d’être une entreprise juive non
nombreuses sont celles qui habitent le déclarée51. L’UGIF propose aux déten-
Marais. « Nous vous demandons ce teurs de ces machines de travailler à
renseignement dans le but de faire valoir domicile, puisque ce type d’emplois est
nos droits concernant les machines à l’un des rares à échapper aux mesures

coudre que nous leur avons fournies en d’interdictions professionnelles52.
location49. »
En ces temps de pénurie, la machine C’est ce petit monde des artisans, des
à coudre est un bien particulièrement petits métiers de proximité, des brocan-
recherché. Utile dans la sphère profes- teurs, des marchands forains, des tail-
sionnelle bien sûr, elle l’est également leurs en chambre, des confectionneurs,
dans l’espace domestique et familial des chapeliers et des casquettiers qui va
où les vêtements sont ainsi plus aisé- fournir la première cohorte des internés
ment raccommodés, retournés et remis aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-
à neuf. Durant l’Occupation, sa valeur Rolande après les vagues d’arrestations
comme monnaie d’échange et son du 14 mai 1941. Ils vont être également
caractère inappréciable sont illustrés parmi les premiers déportés de France
de façon tragique dans le courrier de vers le camp d’extermination d’Au-
Cypa Raszewski qui, sur le point d’être schwitz. Les listes qui récapitulent l’état
déportée, adresse le 26 juillet 1942 à civil des déportés des convois nos 4, 5 et
une voisine, Mme Conchois, les ultimes 6 au départ des deux camps du Loiret
recommandations à celle qui va désor- sont là pour le rappeler. La réalisation
mais prendre soin de son enfant Henri, de la première consigne donnée aux
futur petit orphelin : administrateurs provisoires : « éliminer

définitivement l’influence juive dans Désormais, l’apprentissage ou le reclas-
l’économie française, les biens des Juifs sement professionnel débouchant sur
dans leur ensemble »53, va être suivie, l’acquisition d’un métier manuel devient
quelques mois plus tard, de l’extermi- essentiel dans un pays à reconstruire et
nation d’un grand nombre d’entre eux. une économie à relever. Financeurs et
Au lendemain de la guerre, diverses organisations dispensant l’aide sociale
initiatives se donnent pour but de s’accordent sur un même objectif, celui
reconstruire le tissu de la confection d’assurer aux populations fragilisées
juive dans la capitale. Aux efforts des une intégration sur le marché du travail
organisations juives françaises et améri- afin de les rendre indépendantes dans
caines pour distribuer des machines à les meilleurs délais. Aussi prévoient-
coudre aux survivants, aux programmes ils, outre des aides financières, des
de formation de la jeunesse juive aux équipements techniques et mettent
métiers du textile, s’ajoutent ceux, à leur disposition machines et outils.
moins connues, de l’Office national des L’État encourage, et même accompagne
Anciens Combattants et Victimes de certains organismes juifs de formation
guerre (ONACVG) pour mettre des et de reclassement dans cette orienta-
machines à coudre à la disposition de tion, comme l’ORT-France. Comme l’a
l’une des populations les plus fragiles de souligné Laure Fourtage, « les actions
la Nation – les veuves de guerre. Leur entreprises pour secourir les anciens
prêt est conditionné à la présentation déportés juifs ont constitué une sorte de
du bulletin du décès du mari portant laboratoire où fut élaborée la quasi-tota-
la mention « Mort pour la France », de lité des dispositifs mis en place à l’inten-
celui de naissance des enfants, d’une tion de l’ensemble des populations

copie du titre de pension ou d’une juives vulnérables d’après-guerre »56.
attestation faisant foi, de l’indication de Il n’en demeure pas moins que dans
la profession et des ressources, d’une ce quartier du Marais particulièrement,
pièce enfin attestant que l’intéressée ne ce sont des pans entiers de ce monde
possède pas déjà une machine54. Peu bigarré de gagne-petit évoqué ici, des
après, l’offre, élargie, devient une attri- Julie Baruchel, Wolf Bourschtein,
bution gracieuse, sous conditions : Abram Dzwonkowski, Feliks
Une machine à coudre peut être attri- Erdtrachter, Moïse Grochytz, Rachmil
buée gratuitement aux veuves de guerre Messer, Abraham Niesenbaum, Nusyn
pensionnées (guerre, hors guerre ou Rajner, Abraham Scherzer, Srul
victimes civiles) peu fortunées, ayant au
Smiliansky, Rachel Waingarten et de
moins 3 enfants de 16 ans à charge ; la
machine devient la propriété de la veuve tant d’autres, tous déportés, qui ont bel
cinq ans après l’attribution. et bien disparu en 1945. Ces dispari-
Adresser la demande à l’Office dépar- tions tragiques préludent à l’effacement
temental des Anciens Combattants et des rues de la capitale, à court terme,
Victimes de la Guerre 105, rue Réaumur,
des activités de récupération, ainsi que
Paris55.
de celles, à domicile, de fabrication ou
L’assistance caritative conçue comme de transformation des vêtements, tradi-
une œuvre de bienfaisance n’est plus tionnelles pour la plupart.
de mise au sortir de l’Occupation.
104 – Mélanges
NOTES
1. Archives nationales, Paris (ci-après : l’appellation générique de « commerce

AN), AJ38 1868 dossier 18 021 (section IC intérieur » (hôtellerie, pension de famille,
NR), dossier d’aryanisation établi au nom clinique, bijouterie, orfèvrerie, horlo-
de Cruszko Nechemyé, marchand forain, gerie, bimbeloterie, articles de sport, jeux,
5 bis, rue des Rosiers, Paris (4e). jouets, livres, musique, publicité, trans-
2. Les appellations « administrateur provi- ports, voyages, commerce d’importation
soire » et « commissaire-gérant » sont et d’exportation). Elle regroupe également
utilisés indifféremment, même si l’emploi les activités relatives à l’alimentation et les
de la première désignation est beaucoup commerces de bouche (restaurants, débits
plus fréquent dans les archives. de boisson, boucheries, charcuteries,
3. Parmi les nombreuses études menées poissonneries, boulangeries). Parmi les
sur l’aryanisation économique, citons 26 916 dossiers ouverts par le CGQJ pour
trois recherches doctorales publiées : le département de la Seine et conservés
Philippe Verheyde, Les Mauvais comptes aujourd’hui aux Archives nationales, la
de Vichy. L’aryanisation des entreprises section VIII en compte 2 961 (soit 11 %).
juives, coll. « Terre d’histoire », préface 6. AN, AJ38 1890 dossier 33 255 (section
de Michel Margairaz, Perrin, 1999 ; Jean- IC NR), dossier d’aryanisation établi au
Marc Dreyfus, Pillages sur ordonnances. nom de Wilk Fanny, forain, 32, rue des
Aryanisation et restitution des banques Rosiers Paris (4e), rapport de l’adminis-
en France (1940-1953), préface d’Antoine trateur provisoire Raymond Toussaint en
Prost, Paris, Fayard, 2003 ; Florent Le Bot, date du 12 juin 1942.
La Fabrique réactionnaire. Antisémitisme, 7. Archives du Centre de documentation
spoliations et corporatisme dans le cuir juive contemporaine, Paris (ci-après :
(1930-1950), préface de Michel Margairaz, CDJC), XX-15, schéma du rapport à
coll. « Histoire », Paris, Presses de la adresser au Service du Contrôle dans
Fondation nationale des Sciences poli- le cadre d’une entreprise particulière.

tiques, 2007. Instruction générale & Memento-guide
4. Parmi les 26 916 dossiers ouverts par le à l’usage des administrateurs provisoires
CGQJ pour le département de la Seine et – Service du contrôle des administrateurs
conservés aujourd’hui aux Archives natio- provisoires –, 2e édition.
nales, la section IC en compte 5 129 (soit 8. L’Illustration, n° 4701 du 8 avril
19,1 %). Elle constitue la première section 1933, « Le ghetto de Paris » par Pierre
économique, en importance, du départe- Paraf, pp. 403-404. Né à Paris en 1893,
ment, suivie par la section immobilière Pierre Paraf fut à la fois auteur, éditeur
(VB) avec 4 949 dossiers (soit 18,4 %), et producteur. Diplômé en droit, il fut
celle du commerce intérieur (VIII) avec officier dans l’armée française durant la
2 961 dossiers (soit 11 %) – qui englobe Première Guerre mondiale puis, de 1930
notamment hôtellerie et commerces de à 1939, journaliste au quotidien parisien
bouche –, puis la section IB, avec 2 417 La République. En 1928, il fonde avec
entités, soit (8,9 %) désignant les activités Bernard Lecache la Ligue internatio-
du textile et de la fourrure. Marie-Thérèse nale contre l’antisémitisme (LICA). Il
Chabord et Jean Pouëssel, Inventaire des est notamment l’auteur de Quand Israël
archives du Commissariat général aux aima, Paris, La Renaissance du Livre, 1929
questions juives et du Service de resti- et de Israël 1931, Paris, Librairie Valois,
tution des biens des victimes des lois et 1931.
mesures de spoliation, Paris, 1998, pp. 9. AN, AJ38 2247, dossier 15 007 (section
91-162. IIA NR), dossier d’aryanisation établi au
5. La section VIII rassemble un nom de Wolpin Kiwa, cordonnier, 2, rue
certain nombre d’activités placées sous des Rosiers Paris (4e).

10. AN, AJ38 1853, dossier 13 370 (section nom de Fajgenbaum Joseph, réparation de
IC NR), dossier d’aryanisation établi au chaussures, 27, rue des Rosiers Paris (4e).
nom de Grochytz Moïse, casquettier, 3 17. AN, AJ38 2201 dossier 3 069 (section
bis, rue des Rosiers Paris (4e). IIA NR), dossier d’aryanisation établi au
11. AN, AJ38 1774, dossier 10 290 (section nom de Farbiaz Gerszen, chaussures, 35,
IC R), dossier d’aryanisation établi au rue des Rosiers Paris (4e). Les derniers
nom de Knobler Moszek, tailleur, 14, rue mots sont soulignés par leur auteur.
des Rosiers Paris (4e). 18. CDJC/YIVO - Comité de la rue
12. AN, AJ38 1848 dossier 10 292 (section Amelot MK 510.98/2, folio 637.
IC NR), certificat établi le 27 novembre 19. CDJC/YIVO-UGIF MK 490.30,
1941 par Bernard Hérenstein, Manufacture folios 978 et 979.
de manteaux pour dames, 2, rue du 20. AN, AJ38 1715 dossier 16 838 (section
Faubourg Poissonnière à Paris (10e). IB NR), dossier d’aryanisation établi au
Dossier d’aryanisation établi au nom nom de Lheizard Maurice, brocanteur, 4,
de Rajner Nusyn, tailleur à façon pour rue des Blancs Manteaux Paris (4e). Ibid.,
dames, 24, rue des Rosiers Paris (4e). AN, dossier 16 839 (section IB NR), dossier
F/9/5623, 5658, 5722 et 5768, fichiers d’aryanisation établi au nom de Guttman
« familial », « individuel », du camp de Israël, brocanteur, 17, rue Charlemagne
Drancy (adultes) de la Préfecture de police Paris (4e). Ibid., dossier 16 844 (section
de la Seine ainsi que le fichier des camps IB NR), dossier d’aryanisation établi au
de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. nom de Scherzer Abraham-Beer, brocan-
Le 16 juillet 1942, Rajner Nusyn, son teur, 4, rue des Écouffes Paris (4e). Ibid.,
épouse Perla et leur fille, Brucha sont dossier 16 845 (section IB NR), dossier
arrêtés le premier jour de la rafle du Vel d’aryanisation établi au nom de Berr
d’Hiv. Transférés au camp de Pithiviers le Judko, brocanteur, 14, rue des Écouffes
21 juillet, le père et la fille sont déportés à Paris (4e). Ibid., dossier 16 843 (section IB
Auschwitz le 31 juillet 1942 par le convoi NR), dossier d’aryanisation établi au nom
n° 13, puis la mère, le 7 août 1942, par le de Brandstein Mosjzief, brocanteur, 22,
convoi n° 16. Hersz-Ber Rajner, le fils de rue des Écouffes Paris (4e).

Nusyn et Perla, convoqué lors de la rafle 21. AN, AJ38 1715 dossier 16 847 (section IB
du « Billet vert » le 14 mai 1941, est trans- NR), dossier d’aryanisation établi au nom
féré au camp de Beaune-la-Rolande, d’où de Erdtrachter Feliks, brocanteur, 14, rue
il est déporté le 28 juin 1942 par le convoi Ferdinand Duval, Paris (4e). Ibid., dossier
n° 5, toujours à destination d’Auschwitz. 16 842 (section IB NR), dossier d’arya-
Toute la famille fut exterminée. nisation établi au nom de Bourschtein
13. AN, AJ38 1853, dossier 13 371 (section Wolf, brocanteur, 6, rue du Figuier, Paris
IC NR), dossier d’aryanisation établi au (4e). AN, AJ38 1843 dossier 8 571 (section
nom de Halatnikow Méer, casquettier, 17, IC NR), dossier d’aryanisation établi au
rue des Rosiers Paris (4e). Rapport de l’ad- nom de Grizivolz Maurice, brocanteur
ministrateur provisoire Grenier daté du 5 ambulant, 10, rue du Figuier, Paris (4e).
septembre 1941. AN, AJ38 1715 dossier 16 841 (section
14. AN, AJ38 1726, dossier 35 328 (section IB NR), dossier d’aryanisation établi au
IB NR), dossier d’aryanisation établi au nom de Rosenpik Salomon, brocanteur,
nom de Dzwonkowski Abram, chiffons, 17, rue des Jardins-Saint-Paul, Paris (4e).
19, rue des Rosiers Paris (4e). AN, AJ38 1849 dossier 10 834 (section IC
15. AN, AJ38 3176, dossier 692 (section NR), dossier d’aryanisation établi au nom
VIII NR), dossier d’aryanisation établi de Arnstein Anna, marchande ambulante,
au nom de Lesselbaum Rosa, épicerie- 24, rue des Jardins-Saint-Paul, Paris (4e).
fromage-fruiterie, 25, rue des Rosiers AN, AJ38 1800 dossier 18 754 (section IC
Paris (4e). R), dossier d’aryanisation établi au nom
16. AN, AJ38 2082 dossier 3 070 (section de Szymkowicz Icek, marchand forain,
IIA R), dossier d’aryanisation établi au 20, rue des Tournelles, Paris (3e).
106 – Mélanges
22. AN, AJ38 1792 dossier 16 290 (section 32. AN, AJ38 1843 dossier 8 129 (section
IC R), dossier d’aryanisation établi au IC NR), dossier d’aryanisation établi au
nom de Mesyeg Icek, forain, 10, rue nom de Niesenbaum Abraham, chemisier
des Deux-Ponts, Paris (4e). AN, AJ38 forain, 92, rue des Archives, Paris (3e).
1867 dossier 16 289 (section IC NR), 33. AN, AJ38 2894 dossier 3 413/275
dossier d’aryanisation établi au nom de (section VI NR), dossier d’aryanisation
Smiliansky Srul, forain, 10, rue des Deux- établi au nom de Messer Rachmil, brocan-
Ponts Paris (4e). teur, 9, rue du Figuier, Paris (4e).
IB NR), dossier d’aryanisation établi au IB NR), dossier d’aryanisation établi au
nom de Erdtrachter Feliks – brocanteur – nom de Hiller Fanny, chiffons, 10, rue des
14, rue Ferdinand Duval Paris (4e). Jardins-Saint-Paul, Paris (4e).
VI R), dossier d’aryanisation établi au IC R), dossier d’aryanisation établi au
nom de Broido Nathan, brocanteur, 23, nom de Waingarten Rachel, forain, 6, rue
rue des Rosiers Paris (4e). de Jouy, Paris (4e). AN, AJ38 1781 dossier
25. AN, AJ38 2849 dossier 19 220 (section 13 372 (section IC R), dossier d’aryanisa-
VI R), dossier d’aryanisation établi au tion établi au nom de Wald Moïse, chape-
nom de Groner Berek, brocanteur, 3, rue lier, 24, rue des Rosiers, Paris (4e).
Simon-le-Franc, Paris (4e). 36. AN, AJ38 1786 dossier 14 014 (section
26. Dossier d’aryanisation établi au nom IC R), dossier d’aryanisation établi au
de Arnstein Anna, op. cit. nom de Feldman Rubin, forain, 28, rue de
27. AN, AJ38 1844 dossier 8 939 (section Rivoli, Paris (4e).
IC NR), dossier d’aryanisation établi au 37. AN, AJ38 1712 dossier 16 132 (section
nom de Beauch Chaïa, marchande ambu- IB NR), dossier d’aryanisation établi au
lante de gâteaux, 33, rue des Jardins-Saint- nom de Nolsmann Isaak, chiffons, 26, rue
Paul, Paris (4e). des Rosiers, Paris (4e).
28. Entretien avec Mardochée Ohnona, 38. Dossier d’aryanisation établi au nom
Paris, 31 avril 2005. Jean Laloum, « Des de Arnstein Anna, op. cit. AN, AJ38 1786

Juifs d’Afrique du Nord au Pletzl ? dossier 14 015 (section IC R), dossier
Une présence méconnue et des épreuves d’aryanisation établi au nom de Gottfried
oubliées (1920-1945) », Archives Juives, Sélig, marchand ambulant, 29, rue de
revue d’histoire des Juifs de France, Turenne Paris (4e).
n° 38/2, 2e semestre 2005, pp. 53-54. 39. AN, AJ38 1766 dossier 8 928 (section
29. Entretien avec Lucienne Bibi-Roubi IC R), dossier d’aryanisation établi au
née Vidal, Paris, le 31 mai 2004. Jean nom de Zenftmann Guitta, volaille, 83,
Laloum, « Sociabilité et convivialité juives rue Vieille-du-Temple, Paris (3e).
nord-africaines dans les cafés du Marais », 40. Dossier d’aryanisation établi au nom
Les Cahiers du judaïsme, n° 26, 2009, p. 54. de Erdtrachter Feliks, op. cit.
30. Entretien avec Perlette Pons née Draï, 41. AN, AJ38 1715 dossier 16 841 (section
Juan-les-Pins, 16 novembre 2011. Les IB NR), dossier d’aryanisation établi au
bistils sont faits d’une fine pâte feuilletée nom de Rosenpik Salomon, brocanteur,
découpée et pliée en petits triangles farcis 17, rue des Jardins-Saint-Paul, Paris (4e).
de viande hachée épicée, additionnée de 42. Dossier d’aryanisation établi au nom
persil, d’oignon et d’œuf. Ces triangles de Arnstein Anna, op. cit.
sont alors passés à la friture, égouttés sur 43. Suivant le fichier topographique des
du papier absorbant, et servis citronnés, en entreprises juives du département de la
entrée ou à l’apéritif. Seine établi par le CGQJ, in AN, AJ38
31. AN, AJ38 1781 dossier 13 185 (section 1 192 à 1 222 (classement par nom de rue
IC R), dossier d’aryanisation établi au sans distinction entre Paris et la banlieue),
nom de Kochinski Adolphe, forain, 51, sont domiciliés rue des Rosiers, 5 casquet-
rue des Archives, Paris (3e). tiers et chapeliers, 5 confectionneurs et

tailleurs, 2 cordonniers ; rue des Écouffes, 49. AN, AJ38 431. Services généraux.
5 casquettiers et chapeliers, 9 confection- Minutes du courrier départ « Z » (à la
neurs et tailleurs ; rue Ferdinand-Duval, minute départ est parfois jointe la lettre
2 casquettiers, 6 confectionneurs, coutu- d’arrivée) : juin 1943.
rière et tailleurs. Installés hors de l’espace 50. CDJC, CMLXXXVI (13)-7. Fonds :
davantage voué aux commerces d’alimen- correspondances. Cypa Raszewski, née
tation, les artisans et de façonnniers dont le 14 juillet 1911 en Pologne, est déportée
la machine à coudre est l’outil de travail se depuis le camp de Drancy le 27 juillet 1942
sont multipliés au Marais. Rue du Temple, par le convoi n° 11 vers Auschwitz. Non
par exemple, travaillent 31 casquettiers et revenue.
chapeliers, 39 apprêteurs, confectionneurs, 51. AN, AJ38 417. Services généraux.
couturières et tailleurs, 23 cordonniers et Minutes du courrier départ « Z » (à la
maroquiniers, 13 fourreurs et 2 gantiers. minute départ est parfois jointe la lettre
44. AN, AJ38 1784 dossier 13 692 (section d’arrivée) : avril 1942. Pelures Vichy « T ».
IC R), dossier d’aryanisation établi au 52. Encart – rubrique « Offres d’em-
nom de Micner Salomon, chapeaux, 31, ploi » – inséré dans Informations Juives,
rue du Renard, Paris (4e). Bulletin de l’UGIF – zone occupée –,
45. Dossier d’aryanisation établi au nom hebdomadaire, n° 5, 1ère année, vendredi
de Halatnikow Méer, op. cit. 20 février 1942, p. 4.
46. AN, AJ38 1484 dossier 6 278 (section 53. CDJC, XX-15.
IA NR), dossier d’aryanisation établi au 54. Notre Volonté – Bulletin de l’Union des
nom de Papiernik & Cie, confection, 54, Engagés Volontaires Anciens Combattants
rue de Sévigné (4e). Juifs 1939-1945 –, n° 2 (5), bimestriel, mars
47. Florent Le Bot, La Fabrique réaction- 1948.
naire. Antisémitisme, spoliations et corpo- 55. Ibid., n° 5 (25), novembre-décembre
ratisme dans le cuir (1930-1950), préface 1950.
de Michel Margairaz, Paris, Presses de la 56. Laure Fourtage, « Les organisations
Fondation nationale des Sciences poli- juives d’aide sociale et l’insertion profes-
tiques, coll. « Histoire », 2007, p. 151. sionnelle dans l’immédiat après-guerre »,

48. AN, AJ38 413, lettre des services géné- Archives Juives, revue d’histoire des Juifs
raux du SCAP adressée le 30 décembre de France, n° 45/1, 1er semestre 2012,
1941 à Raymond Toussaint. Minutes du pp. 10-26.
courrier départ « Z ». Décembre 1941.
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