Vous êtes sur la page 1sur 40

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

3ème édition
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

3ème édition
5

PRÉFACE

A
l’instar des pays de la sous-région d’Afrique Centrale, la République Centrafricaine,
aspire promouvoir la stabilité et la cohésion sociale, gages de la valorisation de ses
énormes potentialités naturelles, en vue d’en tirer tous les dividendes de la paix et du
développement durable.

A cet égard, le pays a développé un plan d’urgence pour la relance socioéconomique aux fins
de jeter les bases d’une nouvelle ère de gestion de la politique économique et de la situation
post crise et de forger une résilience à la fois humaine qu’institutionnelle. De manière spéci-
fique, l’emploi représente autant un inducteur qu’une résultante de la croissance économique
dite « inclusive ». C’est dans ce cadre que le Gouvernement Centrafricain à travers le Ministère
de l’Economie, du Plan et de la Coopération a retenu l’approche à Haute Intensité de Main
d’Œuvre (HIMO) comme un moyen efficace de mobilisation sociale et de relance économique
dans le respect des principes et droits fondamentaux au travail. L’approche HIMO est une
technologie qui vise à combiner de façon optimale les ressources locales1 et les équipements
légers en vue de produire un bien d’aussi bonne qualité que s’il avait été produit en utilisant les
méthodes à Haute Intensité d’Equipements (HIEQ).

Le Guide THIMO RCA né en 2014 d’une initiative gouvernementale pour coordonner les ap-
proches des différents partenaires actifs dans la démarche HIMO en RCA vise à harmoniser
les pratiques des différents acteurs intervenant selon la méthode HIMO dans le pays, fort du
constat que la plupart des interventions ne disposent pas d’un socle conceptuel commun.

Aujourd’hui, sous le leadership du Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, en


collaboration avec le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de la
Protection Sociale ainsi que des Partenaires Techniques et Financiers en l’occurrence l’Agence
Française de Développement (AFD), le Bureau International du Travail (BIT) et les autres man-
dants tripartites, ont appuyé l’actualisation du nouveau Guide HIMO RCA. Il s’agit du fruit d’un
travail de capitalisation des pratiques HIMO en RCA enclenchées fin 2016 avec l’ensemble
des autres partenaires intervenant dans le domaine avec des approches différentes. Ce guide
s’applique ainsi à distinguer les champs d’applications pluriels de la méthode HIMO tout en
offrant un outil de compréhension et de dialogue entre acteurs de la démarche en République
Centrafricaine.

Le Ministre de l’Economie du
Plan et de la Coopération
Félix Moloua
GUIDE THIMO RCA

1
Le terme de ressources locales est ici entendu au sens large : main d’œuvre, matériaux locaux, savoir-faire local, équipements adaptés au
contexte local, ou encore capacité d’initiative et organisationnelle des populations et des entreprises à se mobiliser localement.
7

TABLE DES MATIÈRES


Contenu

I. NOTE INTRODUCTIVE ...................................................................................................... 9


1. Historique du guide ........................................................................................................ 9
2. Les différents types de travaux pouvant être réalisés en THIMO ................................ 10
3. Les avantages de l’approche HIMO ............................................................................. 10
4. Les différents types de THIMO selon les objectifs et les phases d’intervention .......... 11

II. LE THIMO « SOCIAL » ................................................................................................... 12


1. Objectif stratégique ...................................................................................................... 12
2. Mode opératoire ........................................................................................................... 12
a. Sélection des projets .............................................................................................. 12
b. Sélection des bénéficiaires .................................................................................... 13
c. Comité local de sélection et tirage au sort ............................................................. 15
d. Organisation du travail ........................................................................................... 17
e. Sécurité, santé et hygiène au travail ...................................................................... 19
f. Rôle et responsabilité des acteurs ......................................................................... 20
g. Gestion des plaintes et du dialogue social ............................................................. 21

III. LE THIMO INFRASTRUCTURE .................................................................................... 22


1. Objectif stratégique ...................................................................................................... 22
2. Mode opératoire ........................................................................................................... 22
a. Sélection des projets ............................................................................................. 22
b. Sélection des bénéficiaires .................................................................................... 22
c. Comité local de sélection et tirage au sort: ............................................................ 22
d. Recrutement des entreprises ................................................................................. 22
e. Accompagnement social ........................................................................................ 24
f. Organisation du travail ........................................................................................... 25
g. Sécurité, santé et hygiène au travail ...................................................................... 27
h. Rôle et responsabilité des acteurs ......................................................................... 28

IV. Aller plus loin. Pérennisation de l’approche HIMO ................................................... 31


1. Suivi et Evaluation ....................................................................................................... 31
2. Transferts de compétences, formation professionnelle et certification ........................ 31
3. Initiation à l’épargne et Activités génératrices de revenu ............................................ 33
4. Gestion et entretien des ouvrages ............................................................................... 34
5. Visibilité ........................................................................................................................ 35
6. Ancrage Institutionnel .................................................................................................. 35
GUIDE THIMO RCA

Annexes ............................................................................................................................... 36
8

GLOSSAIRE
ACFPE : Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi
FCFA : Francs CFA
HIEQ : Haute Intensité d’Equipements
HIMO : Haute intensité de main d’œuvre
MPME : Micro, Petites et Moyennes Entreprises
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONG : Organisations non gouvernementales
ONM : Office National du Matériel
PRCPCA : Plan de Relance et de la Consolidation de la paix en Centrafrique
PPTD : Programme Pays pour le Travail Décent
RCA : République Centrafricaine
THIMO : Travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre
GUIDE THIMO RCA
9

I. NOTE INTRODUCTIVE
1. Historique du guide
L’approche à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO) a été retenue par le Gouvernement Centrafricain
comme un moyen efficace de mobilisation sociale et de relance économique. La haute intensité de
main d’œuvre est une technologie qui vise à combiner de façon optimale les ressources locales21et
les équipements légers en vue de produire un bien d’aussi bonne qualité que s’il avait été produit en
utilisant les méthodes à Haute Intensité d’Equipements (HIEQ).

Les projets THIMO introduits en Centrafrique au début des années 2000 avaient pour premier
objectif d’améliorer les conditions de vie des populations par le biais de réalisations d’infrastructures
de voirie et de drainage. La crise de 2013-2014 a cependant ébranlé les structures économiques
du pays et recentré les priorités de l’aide vers des interventions plus rapides visant à redresser la
vulnérabilité des populations. La démarche THIMO appliquée au contexte Centrafricain a ainsi été
ajustée pour permettre une redistribution massive et large de moyens économiques, en matérialisant
les « dividendes de la paix ».

Le programme « THIMO-Bangui» est ainsi né en 2014 d’une initiative gouvernementale pour coor-
donner les approches des différents partenaires actifs dans la démarche HIMO en RCA. Ce premier
guide « THIMO Bangui », puis sa première réédition en 2015, s’appliquaient ainsi à harmoniser les
pratiques des différents acteurs intervenant selon la méthode HIMO dans le pays, fort du constat que
la plupart des interventions ne disposaient pas d‘un socle conceptuel commun.

Aujourd’hui, si l’objectif recherché dans tout projet THIMO demeure bien d’offrir aux jeunes et à
certaines populations vulnérables des opportunités d’accès à une source de revenus, les contextes
différentiés appellent aussi à diverses formes d’applications de cette méthode selon des temporalités
de projet spécifiques. Ainsi, certains contextes très fragiles appellent à des interventions d’urgence,
quand d‘autres justifient des approches plus progressives, sur un temps plus long.

Cette troisième édition du Guide, rebaptisée « THIMO-RCA » est le fruit d’un travail de capitalisation
sur les pratiques HIMO en RCA enclenché fin 2016 avec l’ensemble des partenaires intervenant
selon cette approche dans le pays. Ce guide s’applique ainsi à distinguer les champs d’applications
pluriels de la méthode HIMO tout en offrant un outil de compréhension et de dialogue entre acteurs
de la démarche en RCA.

En ligne avec les objectifs et les trois piliers PRCPCA, ce guide s’inscrit dans une volonté de relance
économique et de dialogue social, autant qu’il offre des outils pratiques pour le redéploiement des
activités de l’Etat et de ses partenaires sur l’ensemble du territoire Centrafricain.

Le guide n’a pas l’ambition de définir un cycle de projet « type » pour les chantiers HIMO mais se
concentre sur la phase de mise en œuvre de ces projets. A cet égard, il s’adresse aux multiples acteurs
qui y participent : institutions publiques centrafricaines, partenaires techniques et financiers, agences
spécialisées et bureaux d’études, entreprises, organisations non gouvernementales, partenaires
sociaux et société civile.

Loin de se poser comme un document figé, ce guide a vocation à évoluer de manière concertée,
en tenant compte de l’expérience du terrain et des évolutions du cadre légal. Les mises à jour sont
GUIDE THIMO RCA

effectuées par le Gouvernement centrafricain avec l’appui des partenaires précités, à travers un
comité de suivi du guide qui se réunit tous les trois mois.

1 Le terme de ressources locales est ici entendu au sens large : main d’œuvre, matériaux locaux, savoir-faire local, équipements adaptés au contexte
local, ou encore capacité d’initiative et organisationnelle des populations et des entreprises à se mobiliser localement.
10

2. Les différents types de travaux pouvant être réalisés en THIMO


La grande majorité des infrastructures de base peuvent être construites en HIMO, qu’il s’agisse
d’infrastructures productives ou d’appui à la production, comme d’infrastructures sociales. Les
secteurs de l’agriculture, de l’environnement et de la protection des ressources naturelles permettent
également une utilisation importante de main-d’œuvre et le recours à l’approche HIMO.
Le tableau ci-dessous liste de manière non exhaustive les types de travaux pouvant être réalisés en
HIMO. Les types de service pouvant faire l’objet de THIMO sont nombreux et variés, tant en milieu
urbain que rural.

Infrastructures et transports Eau et Assainissement


Construction/réhabilitation de routes en terre Systèmes de gestion des eaux pluviales
Pavage et entretien de routes, de voiries, de Approvisionnement en eau potable (adduction
pistes d’aéroport d’eau, puits, forages)
Constructions immobilières (logements, Barrages Installations sanitaires publiques
écoles, centres de santé, unités de stockage) Ramassage des déchets
Télécommunications Travaux d’assainissement urbain et de drainage

Agriculture et sécurité alimentaire Protection des ressources naturelles et de


Routes/pistes rurales, ponts l’environnement
Travaux d’aménagement hydro-agricoles Reboisement, aménagement de forêts
(systèmes d’irrigation et de drainage, ouvrag- Conservation des sols et des eaux
es de lutte contre les inondations, barrages, Protection de l’environnement (en milieu rural
terrasses) Constructions d’installations de mais aussi urbain)
stockage, de marchés Conservation des
eaux et des sols (terrassements, construc-
tions de digues, plantation d’arbres)

3. Les avantages de l’approche HIMO


Les travaux HIMO présentent de nombreux avantages par rapport à des programmes classiques
de création d’infrastructures ou de protection sociale. Outre le fait qu’ils participent, comme les
programmes classiques, à un meilleur accès aux services de base ou à un appui aux productions
locales, ou encore à une amélioration d’un socle de protection sociale, avoir recours à l’approche
HIMO permet de maximiser les impacts des financements en créant plus d’emplois, en renforçant
l’employabilité des personnes, en stimulant les économies locales et en appuyant le développement
des acteurs locaux institutionnels et privés.
La spécificité de la démarche HIMO réside donc dans ses effets démultiplicateurs en termes d’impacts
sur le développement local.

Domaine Avantages
Moindre coût du programme (composante travaux)
Augmentation du nombre d’emplois créés
Economique
Stimulation de l’économie locale
Développement du secteur privé
GUIDE THIMO RCA

Protection sociale
Cohésion sociale
Social
Prise en charge des populations vulnérables
Emploi et Travail décent
Renforcement des capacités des acteurs
Institutionnel
Bonne gouvernance (passation des marchés, échanges, communication
Techniques de construction moins polluantes et moins destructrices
Environnemental
Adaptation aux changements climatiques
11

4. Les différents types de THIMO selon les objectifs et les phases d’intervention
Afin d’assurer que les modalités d’utilisation de l’outil THIMO soient pertinentes et efficaces au regard
de la cible que le projet souhaite atteindre, il est important de définir en amont et de manière partagée
quel est le besoin auquel l’intervention peut répondre, en choisissant un objectif clair et atteignable.
En fonction de cet objectif et du contexte du projet, les modalités de mise en œuvre des travaux
THIMO devront adopter des méthodologies différentes.

Les expériences des différents partenaires actifs en THIMO en RCA depuis 2014, tendent à montrer
que deux grandes catégories d’objectifs se dégagent : les THIMO à vocation de redistribution sociale,
avec un ciblage sur les individus, qui seront dans ce guide qualifiés de THIMO Social, et les THIMO
à vocation de construction d’infrastructures publiques, avec un ciblage sur les territoires, qui seront
dans ce guide qualifiés de THIMO Infrastructures :
• Les THIMO à vocation sociale permettent de réaliser des travaux d’intérêt général ou
communautaires ayant une utilité directe et nécessitant un faible niveau de technicité. Ils peuvent
poursuivre l’objectif général de répondre aux besoins élémentaires et immédiats des personnes
affectées par un conflit ou une crise - approche d’urgence - ; ou l’objectif d’appuyer la réinsertion
économique et sociale de certaines catégories d’individus vulnérables pouvant à moyen-terme
contribuer à la relance d’une dynamique économique locale - approche de relèvement -.
• Les projets THIMO Infrastructures répondent à l’objectif général de réaliser des infrastructures
publiques durables. Il s’agit alors de mobiliser un volume optimal de main d’œuvre non qualifiée
afin de de réaliser les travaux infrastructures d’aussi bonne qualité que si on avait utilisé les
approches à Haute Intensité d’Equipements tout en assurant la réduction de la pauvreté et la
relance économique locale. Les THIMO Infrastructures s’inscrivent dans des cycles de projets
plus longs et répondent davantage à un impératif de développement. La faisabilité économique
et technique des travaux revêt ici une importance plus grande que pour les THIMO à vocation
sociale. Il est fait un usage flexible de la main-d’œuvre en tant que ressource prédominante, mais
sans négliger les aspects liés à la rentabilité et à la qualité des travaux.

Ces deux approches partagent l’objectif de création d’emploi en optimisant l’utilisation et la gestion
des ressources locales. Elles partagent aussi un objectif de paix et stabilisation en permettant à des
populations antagonistes de recréer du lien social à travers les chantiers et de réapprendre à « vivre
ensemble ».

Choix de la finalité et des objectifs du programme, quelques questions clés :

Dans quel contexte s’inscrit le programme ?


Quelle population le programme souhaite-t-il cibler ?
Quelle est la situation socio-économique de la zone d’implantation envisagée du programme ?
Quelle est la durée de mise en œuvre souhaitée du programme ?
Quels sont les financements disponibles ?
GUIDE THIMO RCA
12

II. LE THIMO « SOCIAL »


1. Objectif stratégique
L’objectif principal du THIMO Social est de répondre à un besoin immédiat de la population affectée par
une crise, et de lui offrir une source de revenu à travers un emploi de court terme pour qu’elle puisse
subvenir à ses besoins de base et minimiser les impacts de la crise ou du choc sur les populations, en
particulier les plus vulnérables. Ces programmes ont comme objectif secondaire la mise à disposition
d’infrastructures et/ou de services.

2. Mode opératoire
a. Sélection des projets
Le critère principal dans le choix d’un programme THIMO social est le nombre maximum de
bénéficiaires susceptibles d’être touchés. Cela peut répondre à un objectif de ciblage d’un groupe
vulnérable en particulier (jeunes, combattants démobilisés, personnes déplacées, réfugiés).

Les projets éligibles pour ce type de THIMO n’exigent pas d’études de faisabilité techniques
approfondies car de faible technicité en général. En revanche, elles requièrent au moins une analyse
des besoins et doivent être éclairées par une analyse fine des acteurs en présence. Il est ainsi conseillé
d’effectuer une analyse de la faisabilité sociale du projet, qui consiste à évaluer si les investissements
et leur conception sont socialement acceptables pour les collectivités où elles vont être effectuées.
Cette faisabilité sociale doit être accompagnée avec l’objectif de création d’emplois et de revenus à
court terme pour les groupes cibles. Il est possible de faire cette évaluation en se fondant sur deux
paramètres clés :
• Le coût estimé d’une journée de travail, soit le coût d’opportunité pour un individu de participer
à un chantier THIMO par rapport à une autre activité;
• Le coût estimé de la main d’œuvre par rapport aux coûts totaux en fonction du budget disponible
pour le projet.

Par ailleurs, il est nécessaire d’identifier des zones d’interventions complémentaires entre partenaires,
dans un souci d’équité territoriale et pour éviter la juxtaposition d’initiatives semblables sur un
territoire réduit. Le cas échéant, il est indispensable que plusieurs projets THIMO intervenant dans la
même zone se coordonnent dans leurs pratiques et méthodes, au risque de produire des écarts de
traitements entre les différentes populations cibles.

Enfin, il faut aussi noter que la demande de main d’œuvre varie en fonction de la saisonnalité,
notamment pour les zones où les activités agricoles et cynégétiques prédominent. La sélection du
projet HIMO doit tenir compte de cette saisonnalité. Il est ainsi conseillé d’établir le calendrier des
programmes THIMO de sorte qu’ils offrent une possibilité complémentaire d’emplois et de revenus
et non qu’ils agissent en substitution à d’autres activités génératrices de revenus ou moyens de
subsistance.

L’approche « ne pas nuire »

L’approche « ne pas nuire » accorde une importance première à l’analyse du contexte et des
dynamiques de conflit pour mener à bien une action efficace et identifier en amont les impacts
négatifs potentiels du projet et des solutions alternatives.
GUIDE THIMO RCA

Tout projet THIMO doit s’inscrire dans une approche « ne pas nuire », c’est-à-dire en maximisant
l’impact positif du projet et mettant tout en œuvre pour éliminer sinon réduire tout ce qui peut avoir
un effet négatif au sein du projet.
13

b. Sélection des bénéficiaires

Critères de sélection
On qualifie de bénéficiaires les personnes qui vont travailler directement dans les chantiers THIMO.
Le recrutement doit être volontaire : l’individu doit exprimer le désir de travailler et faire lui-même
acte de candidature. C’est là un principe fondamental du droit du travail consacré dans l’article 6 du
Code du Travail Centrafricain : « Toute personne peut librement exercer l’activité professionnelle ou
économique de son choix et/ou correspondant à ses aptitudes ». En outre, l’approche HIMO proscrit,
« de façon absolue et sous toutes ses formes, le travail forcé ou obligatoire » conformément aux
dispositions de l’article 7 du Code du Travail Centrafricain.

Le travail décent

Le travail décent peut se définir comme étant un travail productif pour les femmes et les hommes
dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité humaine. Le concept s’applique
pour tous les travailleurs, y compris ceux qui travaillent avec un contrat temporaire et/ou dans
l’économie informelle. La notion de travail décent repose sur le respect des quatre objectifs
stratégiques de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) : i) la création d’emplois pour tous,
ii) le respect des obligations des parties au contrat de travail (article 127 du Code du travail
Centrafricain), iii) le respect des principes et droits fondamentaux au travail (codes nationaux
et normes internationales), iv) l’existence et extension d’une protection sociale minimum pour
tous, v) l’instauration d’un dialogue social pour l’épanouissement de tous, à travers l’institution
des instances représentatives du personnel à l’instar de la délégation du personnel prévue aux
articles 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67 et 89 du Code du Travail Centrafricain.

La RCA, qui a adhérée à l’OIT depuis 1960, dispose d’un Programme Pays pour le Travail
Décent (PPTD). Par ailleurs, depuis 1960, la RCA a ratifié au total 46 conventions dont 43 sont en
vigueur. Ces conventions ont un caractère contraignant et énoncent les principes fondamentaux
de travail décent. Parmi ces conventions figurent les huit conventions fondamentales et trois
conventions dites prioritaires (convention n° 81 sur l’inspection du travail, 1947; convention n°
122 sur la politique de l’emploi, 1964 ; et convention n° 144 sur les consultations tripartites
relatives aux normes internationales du travail, 1976).

La sélection des bénéficiaires peut faire l’objet d’enquêtes et d’une analyse socioéconomique locale.
Il s’agit notamment de différencier la population en termes de niveaux de revenus, de besoins, de
mobilisations, et de priorités. Sans néanmoins porter atteinte au « principe d’égalité des chances
et de traitement dans l’emploi et dans le travail », tel qu’inscrit dans l’article 10 du code du travail
Centrafricain. Il s’agit également d’identifier les structures associatives et socioprofessionnelles
existantes, et de vérifier leur représentativité et leur capacité de mobilisation.

Les critères primaires de recrutement doivent être la vulnérabilité et l’état de validité des bénéficiaires
à retenir. La vulnérabilité peut se définir comme la prédisposition à subir des dommages. Toutefois,
d’autres critères pourraient être prévus pour répondre aux impératifs de diversité, de non-discrimination,
de protection d’un groupe cible ou d’une intégration intercommunautaire tels que :
• Les ménages avec une femme chef de ménage (la moitié de ce ménage appartient généralement
à la catégorie des « plus vulnérables ») ;
GUIDE THIMO RCA

• Les ménages ayant subis des pertes directes (pillages, destructions) lors de la crise ;
• Les ménages ayant accès à une petite parcelle de terre cultivable (moins de 1 ha) ;
• Les personnes n’ayant jamais été scolarisées ou ayant arrêté leur scolarité en primaire.

Les critères proposés ci-dessus ne sont ni exhaustifs et ni exclusifs les uns des autres.
Il peut être également décidé au moment du ciblage que seul un membre par foyer puisse participer
à un chantier, afin d’assurer l’accès à un revenu temporaire à un maximum de foyers en difficulté et
de permettre aux autres membres de la famille de continuer à exercer leurs activités quotidiennes.
14

De manière à impliquer au maximum ces groupes vulnérables et en particulier les femmes, une
grande campagne de sensibilisation doit précéder tout chantier THIMO et permettre une meilleure
compréhension de la nature (technique, physique…) des travaux qui seront réalisés, pour au besoin
astreindre certaines personnes de ces tâches si leur capacité physique ne le permettait pas.

Privilégier la main d’œuvre et les matériaux locaux

Les travaux HIMO ont vocation à représenter une opportunité pour les jeunes et les populations
vulnérables des quartiers, afin qu’ils aient accès à une source de revenus tout en participant
aux travaux dans leur quartier. L’existence de nombreux projets HIMO risque d’attirer plusieurs
personnes à venir profiter de ces opportunités dans des quartiers dont elles ne sont pas
originaires. Bien que naturelle, cette situation est de nature à créer des tensions au sein des
quartiers qui accueilleraient un nombre trop important de travailleurs extérieurs. Les bénéficiaires
doivent donc être prioritairement sélectionnés dans les zones d’exécution des travaux (quartier,
arrondissement ou commune). Si les bénéficiaires dans les zones d’intervention du projet ne sont
pas suffisants, il est conseillé que les bénéficiaires soient recrutés dans les sites environnants,
susceptibles d’être parcouru à pied en 20 minutes.

Les travaux HIMO reposent aussi sur la valorisation de ressources locales matérielles. Ainsi, le
recours aux matériaux locaux est essentiel pour maximiser l’impact des investissements car il
permet :
• Le développement des artisans locaux et la création d’emplois indirects ;
• De préserver l’environnement et de lutter contre le changement climatique ;
• De faire baisser les coûts de construction et d’entretien des infrastructures publiques.

Etapes préliminaires de la sélection


Dans un premier temps, on commence par déterminer le nombre d’adultes dans la tranche d’âge
allant de 18 à 50 ans. Il s’agit ensuite d’évaluer leur taux de participation potentiel, c’est-à-dire de
savoir combien de temps ils souhaitent être employés au sein du projet et ainsi comparer avec le
besoin global de main d’œuvre du projet.
Trois cas peuvent se présenter :
• Cas 1 : le nombre de bénéficiaire disponible est inférieur au besoin du projet
Î Il est nécessaire de compléter avec une main d’œuvre venant d’autres quartiers ou régions ou
de repenser le projet afin d’être en accord avec la main d’œuvre disponible.
• Cas 2 : le nombre de bénéficiaire disponible répond au besoin du projet (cas rare)
Î Toute la main d’œuvre disponible travaille durant toute la durée du projet.
• Cas 3 : le nombre de bénéficiaire est supérieur au besoin du projet
Î Il faut mettre en place des critères de sélection suffisamment précis pour écarter certains
candidats sur des bases objectives. Le nom des candidats supplémentaires est conservé pour
une mobilisation ultérieure éventuelle.

De manière générale, il est conseillé d’identifier en amont le volume d’hommes/jours disponible afin
d’identifier quels travaux sont réalisables.
Le recrutement, à proprement dit, doit être précédé d’une campagne de sensibilisation organisée
tant de la part des autorités locales (officielles et coutumières) que des communautés bénéficiaires.
Diverses stratégies peuvent être mises en œuvre notamment les réunions d’informations suivies
GUIDE THIMO RCA

de questions-réponses, des annonces avec mégaphones, des affiches ou encore des interventions
radiodiffusées à l’intention des bénéficiaires. Une campagne de sensibilisation bien ficelée pourrait
contribuer à faciliter une bonne appropriation du projet par les communautés ainsi que par les autorités
qui les représentent.
15

c. Comité local de sélection et tirage au sort


Afin d’éviter des cas de tension entre les bénéficiaires et les responsables de projets, il s’avère
indispensable de mettre en place un comité local pour la sélection des travailleurs. Ce comité
est composé des représentants des bénéficiaires, des autorités locales légales (chef de quartier,
mairie d’arrondissement,…) et coutumières (chef traditionnel, autorités religieuses, …) du projet
ainsi que des groupes de la société civile (associations des jeunes ou des femmes, …). Il convient
aussi d’intégrer une représentation adéquate des femmes et des groupes ethniques, sociaux,
économiques et politiques au sein de la communauté. Ce groupe doit s’arroger les principes d’équité
et d’indépendance vis-à-vis des bénéficiaires, ainsi que s’assurer d’une prise en compte entière des
spécificités locales. Le comité doit ainsi pouvoir interagir dans les deux langues nationales que sont
le français et le sango, et si besoin en d’autres langues locales si celles-ci sont parlées par au moins
la moitié des bénéficiaires concernés.

Il est recommandé de fixer le nombre des membres de ce comité à un nombre impair pour faciliter
la prise de décision. La participation dans les comités se fait de manière alternée et volontaire. Une
attestation sur l’honneur peut être signée par les membres de ce comité pour acter de sa constitution,
ainsi que clarifier ses règles de fonctionnement, notamment sur le caractère volontaire de cette
participation.

Ce comité local sera en charge principalement du choix des bénéficiaires et de la planification de la


main d’œuvre. Il pourra être en charge aussi de faciliter le dialogue entre tous les acteurs du projet.
Plus précisément, il a pour mandat de clarifier et d’assurer l’application des règles du recrutement,
d’engager la communauté dans la mise en œuvre du projet et d’assurer l’application des règles du
recrutement et, d’engager la communauté dans la mise en œuvre du projet. Une fois les critères
établis et acceptés par toutes les parties, il convient d’informer la population sur les objectifs du
programme et les conditions d’emplois.

Plusieurs méthodes sont possibles concernant le recrutement des bénéficiaires, mais la plus utilisée
et la plus transparente demeure le tirage au sort public, appelée aussi système de loterie. Cette
méthode se décline dans les étapes suivantes :
1. L’ouverture du recrutement est largement signalée par des affichages et annonces (radio ou
orales) ;
2. Une date et un lieu sont fixés pour le recrutement ;
3. Toutes les personnes désireuses d’avoir un emploi et ayant rempli les critères préétablis
inscrivent leur nom sur papier et tous les noms sont rassemblés dans une urne ;
4. Une personne neutre (ne faisant pas partie du comité de sélection) sort les papiers de l’urne
un par un et note les noms qui sont inscris dans l’ordre dans lequel ils ont été tirés ;
5. On propose enfin aux intéressés un emploi dans l’ordre où leurs noms ont été tirés, sous la
supervision du comité de sélection.

On peut aussi proposer la variante suivante :


Le nombre de travailleurs souhaité est déterminé à l’avance (A) et le nombre de demandeurs d’emplois
est comptabilisé (B). Les bulletins de sélection sont alors préparés de telle sorte que le nombre des
bulletins « OUI » est égal aux nombre de travailleurs souhaités et déterminé (A) et le nombre des
bulletins « NON » est égal à la demande comptabilisée moins l’offre d’emploi, soit B moins A. Les
bulletins sont alors pliés et placés dans une urne et les personnes ayant tiré un bulletin « OUI » sont
recrutées.
GUIDE THIMO RCA

Dans tous les cas, chaque acteur promoteur d’un projet THIMO devrait toujours savoir garder son
indépendance afin de prendre les décisions appropriées qui s’imposent par rapport au contexte
d’intervention. Il est en outre conseillé de garder la liste des personnes qui n’ont pas été retenues,
d’une part pour éviter toute réclamation, et d’autre part pour disposer d’une liste d’appui pour les
remplacements en cas de désistement ou de licenciement. De manière générale, il est recommandé
de limiter, pour l’ensemble du projet, le nombre de processus de sélection des bénéficiaires et
d’effectuer une liste globale et réutilisable dès le début du chantier.
16

Problèmes fréquemment rencontrés dans la phase de sélection :


Plusieurs problèmes peuvent surgir même dès l’étape de sélection des bénéficiaires. Il est
nécessaire de les évaluer en amont afin de ne pas entamer la conduite et la durabilité du projet.

Implication des groupes armés : Les interventions dans les quartiers où sont présents des
groupes armés montrent clairement une implication de ces groupes dans l’établissement des
listes de bénéficiaires. Il est par ailleurs également noté que le principal problème posé par des
interventions THIMO dans ce type de quartiers est celui de l’accès des bénéficiaires à la zone
des travaux. Cet accès pouvant être très limité à cause des conditions de sécurité insuffisantes.

Ce sujet doit faire l’objet d’une attention particulière des autorités locales et de l’entité mettant en
œuvre le projet. Il est recommandé en la matière :
• D’adopter un dispositif de sensibilisation spécifique à ces zones, notamment afin de
limiter le pouvoir de nuisance de ces groupes armés et de sensibiliser sur l’opportunité
que représentent ces travaux en termes d’accès à un statut social et à des ressources
économiques en dehors de la violence ;
• De conditionner l’emploi de bénéficiaires issus de groupes armés à leur désarmement
préalable et à leur engagement de cesser toute activité dans le cadre de groupes armés.

Mécontentement général sur le processus de recrutement des bénéficiaires : Ce


mécontentement est à certain égard inévitable car les outils de sélection reposent sur une logique
de hasard. Toutefois ce risque doit être mitigé par les porteurs de projet THIMO en utilisant des
méthodes de sélection des bénéficiaires transparentes et équitables, et en mettant l’accent sur
la communication en amont autour du processus de sélection.
Cas de fraude par l’intrusion de faux bénéficiaires : ce risque peut être contrebalancé par l’édition
des cartes de bénéficiaires frappées de la photographie de chacun ou encore dans des contrôles
opérés par un tiers. Le comité de gestion peut disposer d’outils de vérification tels que :
• La signature d’un code de conduite entre les bénéficiaires et le comité ;
• La mise en place d’une base de données des bénéficiaires retenus ;
• La confection de badges pourvus de photo d’identité pour chacun des bénéficiaires ;
• Le contrôle systématique de la présence par le truchement des badges, chaque jour, au
démarrage et à la fin des travaux ;
• La restitution systématique des badges en fin de journée ;
• La tenue régulière et obligatoire de fiches de pointage ;
• Un paiement en fin de rotation conditionné à la fiche de pointage et à la restitution des
badges.

Plaintes des populations riveraines : Les populations riveraines sont les premières bénéficiaires
des projets mais sont également impactées par les aménagements, à la fois pendant la période
des travaux (nuisances sonores, troubles de la circulation, déchets…) et après (emprises
foncières remises en cause par exemple). A cet égard, la sensibilisation de la population riveraine
doit permettre d’aborder, suffisamment en amont et pendant les travaux, des enjeux soulevés
par les travaux. Il est impératif de trouver des solutions négociées par les équipes techniques, la
communauté et les autorités locales sur le respect de l’emprise des travaux.

Les réseaux concessionnaires : Les sociétés opératrices de réseaux doivent être consultées
en amont du projet pour éviter des situations de blocage survenant pendant la phase travaux.
GUIDE THIMO RCA

Des plans de réseau peuvent par exemple être fournis au préalable par ces opérateurs afin de
permettre un impact minimal ou le cas échéant de produire un plan de déviation, et d’éviter à
terme tout ralentissement du projet.
17

d. Organisation du travail
Les conditions générales de travail devraient répondre aux critères prescrits par l’article 127 du Code
du travail Centrafricain, relatif aux obligations des parties au contrat de travail. Les chantiers THIMO
doivent à la fois, s’appuyer sur une main d’œuvre ayant l’âge minimum de travail et disposant de
toutes les facultés nécessaires (physique et technique) de réaliser les travaux, être inclusifs et être
accessibles à un nombre important de personnes. Nul ne peut être apprenti s’il n’est âgé d’au moins
quatorze (14) ans suivant l’article 166, alinéa 2 du Code du Travail Centrafricain. Cette tranche d’âge
correspond au sens de l’article 259 du Code du Travail Centrafricain, à l’âge minimum d’admission au
travail en République Centrafricaine.

L’importance du personnel et sa composition dépendront de l’envergure et de la nature du projet.


Pour faciliter la mise en œuvre des travaux, il est conseillé d’organiser la gestion de la main d’œuvre
de la manière suivante :
• La main d’œuvre recrutée est divisée en groupes de travail (ou équipes) de 10 à 20 travailleurs ;
• Chaque équipe est supervisée par un chef d’équipe, ce dernier étant chargé d’organiser les
travaux par équipe, de la qualité du travail et de la productivité sur le chantier. Il est conseillé que
ce chef d’équipe reçoive une formation d’au moins deux semaines en amont du chantier ;
• Chaque équipe est supervisée par un chef de de sécurité et hygiène, chargé de veiller à la bonne
application de ces normes sur le chantier et formé sur ces thématiques au moins deux semaines
en amont du chantier ;
• Désigner un ou plusieurs délégués des manœuvres qui auront pour fonction de représenter les
intérêts des manœuvres vis-à-vis des porteurs du projet.

Système de rotations et grilles de salaires standards


Il convient de rappeler qu’aux termes de l’article 247 du Code du travail Centrafricain est considéré
comme durée du travail, le temps pendant lequel la loi autorise l’employeur à occuper un travailleur.
Ainsi, la durée du travail des employés ou ouvriers travaillant à temps plein, à la tâche ou aux pièces,
ne peut excéder quarante (40) heures par semaine. Les heures effectuées au-delà de la durée
hebdomadaire fixée ci-dessus ou à la durée considérée comme heure supplémentaire, donnent lieu
à une majoration des salaires.

L’employeur a le libre choix de déterminer et de fixer l’organisation technique du travail (travail à


temps plein, travail à temps partiel, travail par roulement ou par rotation, temps de pause, temps de
travail par type d’activité, etc.) sans toutefois sortir de la fourchette légale de 40 heures par semaine.
Si des entreprises sont engagées dans le chantier, le porteur de projets THIMO doit établir un accord
d’établissement avec celles-ci afin de fixer les taux de rémunération et autres droits des bénéficiaires.
Etant donné le climat tropical en RCA, il est généralement admis que la journée de travail commence
tôt et qu’il y ait une pause durant les heures chaudes du milieu de la journée. Il convient aussi de
garantir des pauses brèves durant les travaux physiquement intensifs, de même qu’un repos d’un jour
par semaine.

Si les conditions d’emploi de la main d’œuvre bénéficiaire THIMO peuvent changer d’une approche
à une autre, les niveaux de rémunération journaliers doivent rester uniformes, au risque sinon de
créer des distorsions sur les marchés de travaux THIMO et de susciter des inégalités de traitement
auprès des bénéficiaires. L’Atelier THIMO du 12 décembre 2016 a confirmé le maintien des niveaux
de rémunération recommandés dans la précédente version du Guide, sans établir de distinction entre
Bangui et le reste du pays, car les contextes différenciés en province ne permettent pas d’établir un
GUIDE THIMO RCA

niveau unique et équitable.

Le niveau de rémunération journalier, couplé à la durée de présence, doit permettre d’atteindre


un seuil minimum de revenu cumulé. Le calcul des salaires préconisé par ce guide repose sur les
objectifs suivants :
• Il faut que les salaires soient attrayants pour recruter un nombre de travailleurs suffisant ;
• Il faut que les salaires soient liés au coût de la vie et qu’ils soient suffisants pour couvrir les
besoins fondamentaux des travailleurs et de leurs familles ;
18

• Il faut que les salaires permettent de faire quelques économies destinées à des investissements
futurs des travailleurs ;
• Il faut que les salaires reflètent des coûts de construction raisonnables et compétitifs ;
• Il faut que les salaires respectent le principe de non-discrimination et d’égalité de salaire entre les
hommes et les femmes, conformément à la convention n°100 de l’OIT, ratifiée par la RCA.

Si nous prenons en compte les niveaux de revenus pratiqués par les partenaires en RCA, le niveau
de rémunération journalier peut être fixé initialement à 2 000 FCFA par jour, soit 96 000 FCFA pour un
emploi de huit semaines à raison de six jours payés par semaine.
Il est important de veiller à ce que l’opportunité d’une embauche temporaire sur un chantier THIMO
ne soit pas un facteur susceptible de détourner durablement les potentiels bénéficiaires d’activités
génératrices de revenu (telles que l’agriculture) moins rémunératrices mais souvent plus structurantes
pour l’économie locale. En effet, dans une approche « ne pas nuire », il est impératif de rechercher
des complémentarités entre ces activités.
Certaines activités de petite ampleur (nettoyage, curage, cantonnage) peuvent amener à retenir
une organisation avec des rotations plus courtes. L’expérience a montré que la période minimale
de rotation peut être fixée à une ou deux semaines de travail. Dans cette configuration, le niveau
journalier de rémunération sera initialement fixé à 3000 FCFA afin d’atteindre un seuil de revenu
minimal dans un délai court.
Ce barème a été fixé par le Gouvernement en 2014 à travers la publication du guide THIMO BANGUI
en 2014. Il peut être actualisé par le comité de suivi de guide, suivant les évolutions du contexte
économique.

Les modalités de rémunération pour les manœuvres peuvent être résumées comme suit :

Durée maximale de travail d’une équipe de manœuvre sur chantier

Contexte Taux (en millier FCFA) S 1 S 2 S3 S 4 S5 S6 S7 S8 Total (FCFA)


Taux journalier :
Urgence 18 18 36
3 000 FCFA/j
Taux journalier :
Relèvement 15 15 15 15 15 15 15 15 15
2 500 FCFA/j

En définitive, il est possible de moduler l’impact socio-économique du projet, en ajustant les durées de
rotation des manœuvres. Des durées de rotation plus courtes offrent des revenus plus conséquents
aux bénéficiaires, tandis que des rotations plus longues offrent une redistribution plus large mais
un revenu par personne moindre. Ces arbitrages entre différents modes de redistribution doivent
répondre à un ciblage justifié et permettre de s’adapter aux dynamiques évolutives du chantier.

Paiement des salaires


Les modalités de paiement à retenir devront répondre à des exigences de souplesse, de ponctualité et
de sécurité des biens et des personnes. Plusieurs modes de paiement sont possibles : en liquide, en
nature, en liquide et nature et par virement bancaire. Il est conseillé que le paiement soit conditionné
à la fiche de pointage des manœuvres.
Dans la mesure du possible, la modalité à privilégier sera le virement bancaire, auquel cas les
bénéficiaires auront été sensibilisés à l’utilité d’ouvrir un compte auprès d’un institut de microfinance
GUIDE THIMO RCA

par exemple.
Le salaire doit être payé à intervalle régulier ne pouvant excéder quinze (15) jours pour les travailleurs
engagés à la journée ou à la semaine et trente (30) jours pour les travailleurs engagés à la quinzaine
ou au mois. Tout paiement de salaire doit être constaté sur une pièce d’identité dressée et certifiée
par l’employeur ou son mandataire. Un paiement rapide et transparent joue positivement en faveur
de la productivité du chantier.
La sécurisation des convoyages et de la distribution de fonds doit être assurée par le porteur du projet
THIMO avec l’appui du ou des délégués des manœuvres.
19

Non-Paiement et malversation de paiement

Afin d’éviter des cas de non-paiement ou de malversation, des modalités de suivi et de contrôle
doivent être mises en œuvre et peuvent prendre les formes suivantes :
• Des modalités d’enregistrement claires des participants lors de leur inscription aux chantiers.
L’enregistrement doit se faire de manière transparente et permettre de faire la distinction
entre chaque participant (pièce d’identité, attribution d’un numéro, distribution de cartes de
travailleurs avec photo…) ;
• L’obligation de tenir des registres de présence sur les chantiers avec une vérification
périodique des registres par les différentes entités de contrôle ;
• La création d’un système de preuve de paiement : reçu, sms (si paiement par mobile), fiche
de salaire…etc ;
• La mise en place d’un système de réclamation pour les participants en cas de désaccord
sur un chantier (valable pour tout type de plainte et pas uniquement en cas de problème de
paiement) ;
• La saisine de l’Inspection du Travail du ressort pour conseil et conciliation éventuelle en cas
de conflit

e. Sécurité, santé et hygiène au travail


Vu le nombre important de personnes impliquées sur un chantier et compte tenu de la faiblesse de
leur couverture médicale et sociale, il convient de se préoccuper en permanence de la sécurité et de
la santé des travailleurs, qui sont aussi gages de leur productivité sur le chantier.

Compte tenu des risques inhérents à un chantier de travaux, l’adoption de mesures simples de
sécurité et d’hygiène dans les activités THIMO est capitale. Ces risques de chantier sont par exemple
liés à l’existence de mines terrestres, de glissements de terrain ou encore de chutes de roches pour
ne citer que ces exemples. Conformément à la convention n° 167 de l’OIT sur la santé et sécurité
dans la construction ratifié par la RCA, les mesures de santé, sécurité et hygiène à respecter dans
les chantiers THIMO sont :
• La mise à disposition permanente d’une trousse de premiers secours ;
• Le port des équipements de protection individuelle (gilet fluo, bottes, casque, lunette de
protection, gants) ;
• La mise en place d’un point d’eau potable sur chantier (à raison de 2 litres par personne par
jour) et l’installation adéquate de toilettes ;
• Des panneaux de signalisation et des balises de sécurité ;
• La prévention des accidents et des maladies (VIH/SIDA, malaria, diarrhée) ;
• La couverture contre les accidents de travail.

Ces mesures doivent être inscrites dans un plan de sécurité et d’hygiène de chantier.
Il est formellement demandé aux employeurs de s’immatriculer à la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale (CNSS) conformément à la réglementation en matière de prévoyance sociale et au besoin
de souscrire à une police d’assurance complémentaire contre les accidents de travail pour tout
l’ensemble du personnel.

Sécurité, santé et hygiène dans le code du travail Centrafricain


GUIDE THIMO RCA

Les dispositions du code du travail, loi n° 09.004 du 29 janvier 2009, prescrivent ce qui suit:

Article 82 : Il est obligatoirement institué un comité d’hygiène et de sécurité dans toute entreprise
ou établissement de plus de trente (30) travailleurs y compris les travailleurs temporaires ou
occasionnels.
20

Les entreprises de moins de trente (30) salariés peuvent se regrouper sur un plan professionnel
ou interprofessionnel en vue de la constitution d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions
de travail.

L’inspecteur du Travail et des lois sociales du ressort peut, en fonction de la nature des travaux et
des risques particuliers auxquels sont exposés les travailleurs, imposer dans un délai de quinze
(15) jours la constitution d’un comité d’hygiène et de sécurité dans tout établissement, entreprise
ou chantier même si l’effectif des travailleurs est inférieur à celui prévu à l’article précédent.

Article 298 : Tout chef d’entreprise ou d’établissement est tenu de prendre les dispositions
nécessaires pour assurer des conditions d’hygiène et de sécurité satisfaisantes à ses travailleurs.
A cet effet, il est appuyé par le comité d’hygiène et de sécurité prévu à l’article 82 du présent
code.

Article 305 : Toute entreprise ou tout établissement de quelque nature qu’il soit, public ou privé,
laïc ou religieux, civil ou militaire, y compris ceux rattachés à l’exercice des professions libérales
et ceux dépendant d’ associations ou des syndicats professionnels, doit assurer un service
médical et sanitaire au profit de ses travailleurs et de leurs familles.

Toutefois, chacune des entreprises ou chacun des établissements qui participent au


fonctionnement des services précités est tenu d’avoir une infirmerie avec salle d’isolement pour
les cas d’urgence.

En outre, dans le but d’éviter des accidents sur les chantiers, il est important que les travailleurs
adoptent des bonnes pratiques lorsqu’ils rencontrent un objet suspect, lesquels pouvant être des
objets explosifs. Ainsi, il est conseillé d’indiquer au personnel de chantier de s’arrêter immédiatement
devant un engin suspect et stopper immédiatement les activités; de ne jamais toucher, ramasser ou
bruler des objets suspects ; de garder les autres personnes loin de la zone où se trouve l’objet suspect
et d’informer les porteurs de projets THIMO et les autorités locales sur la localisation de l’objet.

f. Rôle et responsabilité des acteurs


Le THIMO Social peut faciliter le développement de partenariats constructifs à condition d’avoir une
claire répartition des tâches et des responsabilités entre les acteurs par rapport aux objectifs fixés.
Ce paragraphe décrit les rôles et les responsabilités des trois acteurs clés les plus courants dans le
THIMO Social, à savoir les communautés bénéficiaires, les autorités (centrales ou décentralisées)
et l’entité de gestion. Pour faciliter la coordination entre les acteurs du projet et bien définir les
responsabilités de chacun, il peut être conseillé de mettre en place un manuel de procédures du
projet.

La communauté
Généralement, dans les chantiers THIMO, la communauté est entendue au sens large comme le
groupe de personnes chargé d’exécuter l’objet du contrat (les travaux), mais pouvant aussi jouer le
rôle de l’autorité contractante (ou du « client »). Si elle cumule des deux rôles, les responsabilités
d’exécutant et de client doivent être clairement séparées au sein de la communauté, afin d’éviter les
conflits d’intérêts par le fait que certains membres seraient à la fois juge et partie. La solution la mieux
GUIDE THIMO RCA

adaptée est de confier ces deux rôles à des membres différents.

Les autorités (centrales ou décentralisées) :


La pleine participation et le soutien des autorités ou collectivités locales à un projet THMO Social
constituent les facteurs clés de réussite. Elles doivent prendre part à l’identification, la planification,
la mise en œuvre, la supervision et l’entretien des investissements. Elles doivent surtout porter
l’appropriation du projet auprès de la communauté.
21

Dans une situation post crise, l’organisation des autorités locales peut être une tâche relevant
directement du projet. Il se peut tout simplement qu’il n’existe pas d’autorité jouant depuis longtemps
un rôle moteur et où s’exercent des interactions entre ses différents groupes et membres. En pareil
cas, il peut être nécessaire que le projet joue ce rôle d’appui et que l’implication des autorités locales
soit progressive, celles-ci récupérant au fur et à mesure de nouvelles compétences, dans un souci
d’institutionnalisation de la démarche sociale des projets THIMO.

L’entité de gestion
Dans la plupart des cas, l’assistance technique d’une structure externe est nécessaire aux
communautés qui n’ont ni l’expérience ni l’expertise technique pour mettre en place et exécuter les
projets THIMO Social. Ces structures d’assistance technique peuvent être des ONG internationales
ou nationales; des agences des Nations Unies ; des Organismes humanitaires ; des Associations ; des
Organisations Communautaires de Base (OCB) ou même des intervenants du secteur privé (bureaux
d’études ou consultants individuels). Une entité publique (Ministère, Mairie,…) peut également jouer
ce rôle en régie directe.

L’entité de gestion travaille dans la continuité : elle a participé au ciblage et recrutement des travailleurs
et elle assure ensuite leur gestion. Elle dispose donc à la fois de l’expérience du programme et
constitue l’unique interlocuteur pour les travailleurs ce qui facilite les échanges.

g. Gestion des plaintes et du dialogue social


Pour respecter les conditions de travail et les problèmes qui peuvent émerger sur le site de travaux, il
est conseillé au porteur de projet THIMO de mettre en place un mécanisme de gestion des plaintes.
Ce mécanisme doit permettre de s’informer et de résoudre les problèmes soulevés par les plaignants,
maintenir les bonnes pratiques au sein de l’équipe d’exécution et la confiance des bénéficiaires, mais
aussi rendre compte aux différents acteurs du projet.

Les bénéficiaires doivent être sensibilisés en amont à ce mécanisme de gestion des plaintes, pour
s’assurer de sa bonne compréhension et surtout de la confiance que les bénéficiaires portent en
l’outil. Inversement, les entités mettant en œuvre le projet pour les bénéficiaires doivent assurer une
complète transparence et redevabilité vis-à-vis des bénéficiaires.

Il est conseillé que le mécanisme de gestion des plaintes soit placé sur le site du chantier, auprès du
bureau du maître d’œuvre par exemple, ou bien dans les locaux de l’ONG. Toute plainte est alors
enregistrée par une personne exclusivement recrutée pour cette fin par le projet (à temps partiel
ou temps plein) et qui a pour rôle de transcrire les préoccupations du plaignant, par exemple sur
une fiche type qui comprend a minima le nom du plaignant, son numéro de téléphone, son numéro
d’équipe sur le chantier et le motif de la plainte.

Cette fiche est transmise à un comité de suivi, constitué par le projet, qui est chargé de répondre à la
requête du plaignant. Ce comité peut être constitué de représentants des travailleurs sur le chantier,
de l’ONG, de l’entreprise, de l’inspection du Travail ou encore du partenaire technique et financier.
Une vérification de second niveau de l’information doit être réalisée auprès de l’équipe déployée sur
le site d’où le plaignant a émis sa requête pour constater les faits, régler le différend par le dialogue,
puis pour vérifier l’effectivité de la réponse donnée à la requête. Les fiches de plainte doivent ensuite
être classées et auditées.
GUIDE THIMO RCA

Pour les projets avec un nombre de bénéficiaires élevé, il est conseillé de mettre en place un numéro
vert, outil gratuit et anonyme de résolution des plaintes en temps réel.
22

III. LE THIMO INFRASTRUCTURE

1. Objectif stratégique
L’objectif de ce type de THIMO est de construire ou réhabiliter des infrastructures publiques durables
à travers l’intervention d’entreprises. Il permet une redistribution des dividendes de la relance, à la fois
aux manœuvres en tant que bénéficiaires directs, mais aussi de favoriser le tissu économique local (en
premier lieu le développement des petites entreprises de travaux). Le plus souvent, il s’agit de travaux
améliorant l’accès aux services de base (accès à l’eau, à l’assainissement, aux écoles, aux centres de
santé, aux routes et marchés…).

2. Mode opératoire

a. Sélection des projets


L’amélioration du taux d’équipement d’une zone et la réalisation d’infrastructures durables nécessite
généralement des compétences techniques qui ne sont pas disponibles dans une approche THIMO
à vocation sociale. L’approche THIMO Infrastructure consiste alors à mobiliser, pour un chantier de
travaux donné, un volume optimal de main d’œuvre non qualifiée qui pourra être associée à des
ouvriers spécialisés.

Les projets doivent être sélectionnés sur des bases de faisabilité technique mais aussi de rentabilité
économique pour les entreprises qui doivent les mettre en œuvre. A cet égard, le projet doit être orienté
par des études de faisabilité économique et technique approfondies qui permettront de déterminer le
coût des travaux.

Ainsi, contrairement aux THIMO à vocation sociale pour lesquels la quantité de main d’œuvre
disponible est la principale variable d’ajustement sur la quantité de travaux à produire, l’inverse est
le cas pour les THIMO infrastructure où le coût de l’infrastructure vient déterminer la quantité de
manœuvre nécessaire au chantier.

L’arbitrage s’effectue ainsi en fonction des critères ci-après:


• Le coût estimé d’une journée de travail, soit le coût d’opportunité pour un individu de participer
à un chantier THIMO et ;
• Le coût estimé de l’infrastructure et de son entretien en fonction du budget disponible et l’intensité
de main d’œuvre requise.
De manière à favoriser les Micros, Petites et Moyennes Entreprises (MPME), il est conseillé
d’encourager la sous-traitance voire de scinder les marchés en plusieurs lots. En effet, ces MPME ont
particulièrement été affectées par la crise en raison d’une forte exposition à la conjoncture économique
et aux pillages. Les projets THIMO Infrastructure doivent ainsi être sélectionnés pour leur capacité à
encourager la relance économique de certaines filières, comme la construction par exemple.

b. Sélection des bénéficiaires,


Les THIMO Infrastructures répondent à la même logique de recrutement des bénéficiaires que les
THIMO à vocation sociale. Ils répondent aux mêmes critères de vulnérabilité, de travail décent, de
main d’œuvre locale et de sensibilisation communautaire.
GUIDE THIMO RCA

c. Comité local de sélection et tirage au sort:


Le modèle de sélection par comité local et tirage au sort demeure identique pour les chantiers THIMO
Infrastructure, à la différence que les entreprises y sont associées, avec l’appui de la structure
d’accompagnement social.

d. Recrutement des entreprises


Grâce à des marchés publics concurrentiels accessibles au MPME, les projets THIMO infrastructure
permettent de renforcer les entreprises nationales.
23

La phase de recrutement de ces entreprises est une étape clé car elle permet de «contractualiser»
l’approche HIMO. Autrement dit, elle permet de s’assurer que l’entreprise titulaire du marché
respectera ses engagements de mise en œuvre de l’approche HIMO, une approche qui est en
général mal comprise au premier abord par les entreprises qui redoutent une perte de productivité.
Les dossiers d’appel d’offres proposés aux entreprises sont ainsi un premier moyen de sélectionner
les entreprises adoptant la stratégie la plus favorable à la méthode HIMO. Aussi, un label « HIMO »
devra être marqué sur ces marchés respectant ces recommandations.

Devis quantitatif et estimatif relatif aux activités menées en HIMO


Afin d’anticiper les coûts relatifs à la prise en charge de la main d’œuvre HIMO sur les chantiers, il
est conseillé d’intégrer dans le dossier d’appel d’offres un bordereau de prix quantitatif et estimatif
des aspects relatifs aux « postes de dépenses HIMO ». Les activités à estimer ne concernent pas
uniquement les travaux à réaliser en HIMO mais aussi les coûts d’installation de chantier et les
équipements afférents (bottes, masques,…) ainsi que les charges sociales liées au recrutement des
manœuvres qui par leur rémunération sont généralement éligibles à une protection sociale.
Ce devis peut être présenté sous la forme d’un bordereau de prix classique du type :

Prix unitaire :
Taux journalier de rémunération en F CFA –
Volume (Hommes/jours,
Activités (Manœuvres, chefs d’équipes, chefs de sécurité Montant total
Mètres cubes, mètre carrés)
et d’hygiène) et autres coûts HIMO

TOTAL THIMO (HT en F CFA)


Ratio THIMO (100 x total THIMO / montant total de l’offre) en %

Un exemple de mesure favorable, la déclaration d’engagement :

La déclaration d’engagement permet de signifier contractuellement le respect de l’approche


HIMO par l’entreprise, au même titre que la déclaration d’intégrité ou la déclaration de garantie
de soumission que l’entreprise doit joindre à sa proposition.
Cette déclaration comprendra les recommandations suivantes :
• Fournir l’ensemble des informations nécessaires à la conduite de la mission
d’accompagnement social, notamment en ce qui concerne les critères physique et technique
de sélection de la main d’œuvre ;
• S’engager à appliquer les conditions d’emploi fixées dans le présent manuel ;
• S’engager à organiser la gestion de leur chantier en prévoyant d’une part quatre semaines
en amont du chantier dédiées à la formation de leurs ouvriers spécialisés et aux personnels
d’encadrement et d’autre part une journée hebdomadaire payée, en dehors du jour de
repos, pour libérer leurs ouvriers afin de leur permettre d’assister aux modules de formation.

Ratios favorisant le recours à la méthode HIMO


Afin d’encourager le recours à la méthode HIMO, il est conseillé de favoriser les entreprises qui
intègrent cette approche dans leur coût dès la soumission de leur offre. A cet égard, une décote
peut être accordée aux entreprises s’engageant à respecter un minimum de main d’œuvre HIMO
sur le chantier. Le ratio HIMO ne peut être inférieur à 20% de la main d’œuvre totale. Les offres
seront comparées suite à l’application de la décote correspondante.
GUIDE THIMO RCA

Le tableau ci-dessous présente un exemple de décote pratiquée en fonction du ratio THIMO.


Cette décote est à la discrétion du maître d’ouvrage du projet, en fonction de la caractéristique
des travaux et de la quantité de ces derniers qui est jugée réalisable selon l’approche HIMO.
24

Ratio THIMO Décote pratiquée


20% 0%
21% 1%
22% 2%
… …
38% 18%
39% 19%
> OU = 40% 20%

Autres exemples de mesures favorables aux entreprises dans la passation des


marchés

Au regard des expériences des partenaires et selon la nature et la spécificité des activités,
les mesures suivantes peuvent être proposées :
• Réduction du prix d’achat des DAO
• Exonérations fiscales et abattement jusqu’à 5% du prix total du marché
• Remplacement de la Caution de Soumission par une Déclaration de Soumission ;
• Pour la capacité financière, la suppression du bilan des exercices financiers des années
antérieures et la suppression de la ligne de liquidité ;
• Le paiement direct des premières factures (personnels et fonctionnement) pendant
deux (2) semaines, financées à partir du contrat ;
• La possibilité de présenter un décompte provisoire dès l’approvisionnement en
matériaux, au début des travaux, pour faciliter la gestion de l’entreprise, caractérisée
par un flux de trésorerie qui peut être faible.

e. Accompagnement social
Pour la bonne exécution des projets THIMO Infrastructure, un accompagnement social est nécessaire.
L’objectif de la mission d’accompagnement social est de servir de support à l’exécution des clauses
sociales des projets qui recevront la labellisation « HIMO », à savoir :
• Appuyer les entreprises afin que celles-ci concilient approche sociale et respect d’objectifs de
performance ;
• Permettre une réhabilitation de l’auto-estime et la formulation de projets individuels et/ou
collectifs des personnes les plus éloignées de l’emploi (recrutement de jeunes à risques pour
les éloigner des groupes armés, formation de base, incitation à la pratique de l’épargne, etc.) ;
• Sensibiliser sur les sujets liés à la prévention et au règlement des conflits, à la cohésion sociale ;
• Faciliter la création de micro entreprise.

Il s’agit de déléguer la mise en œuvre de ces actions d’accompagnement des travailleurs non qualifiés
à une organisation à vocation sociale (ONG/association).
Cette structure devra remplir une fonction d’intermédiation entre tous les partenaires concernés :
les communautés et les autorités locales, l’autorité contractante, les entreprises et les bénéficiaires.
L’action de l’organisation peut ainsi se structurer autour de cinq (5) volets :
1. Information/médiation avec les populations riveraines (quartier, arrondissement,…) et
GUIDE THIMO RCA

renforcement des organisations communautaires de base (chefs et comités de quartier, mairies


d’arrondissement,…) ;
2. Médiation entre l’entreprise et les autorités locales (chefs et comités de quartier,…) pour le
recrutement et le suivi de la main-d’œuvre (établissement des listes de bénéficiaires et suivi
des bénéficiaires), la mise en place de bureaux de gestion des plaintes, actifs tout au long du
chantier, permettant de les centraliser et d’y apporter des réponses ;
3. Accompagnement de la main d’œuvre par un dispositif de formation aux Activités Génératrices
de Revenus (AGR), ou aux cycles d’alphabétisation (une journée par semaine) ;
25

4. Mise en place d’un module « Cohésion sociale » (citoyenneté, civisme, éducation à la paix) lors
de cette même journée de formation par semaine ;
5. Mise en place d’un dispositif d’incitation à l’épargne et d’un module d’éducation financière lors
de cette même journée de formation par semaine.
Il est conseillé que la structure d’accompagnement social signe un contrat de sous-traitance avec
l’entreprise dans lequel les rôles de chacun sont clarifiés, l’ONG devant pouvoir jouer un rôle
d’interface entre les manœuvres et l’entreprise. Cela doit concerner notamment le recrutement ou le
licenciement des manœuvres, mais aussi doit comporter des aspects tels que les règles de discipline
sur le chantier, les conditions de rémunération, les temps de mise à disposition pour les formations,
etc.

f. Organisation du travail
Les projets THIMO Infrastructure s’inscrivent sur un temps plus long que les THIMO à dominante
sociale. Dès lors, ils offrent naturellement des opportunités d’employabilité plus longues pour les
manœuvres. Ces derniers peuvent ainsi accumuler un capital économique plus important mais aussi
mieux se former au métier qu’ils exercent. Pour les entreprises, c’est aussi une opportunité d’avoir
à disposition une main d’œuvre plus expérimentée car elle sera formée sur le chantier pendant une
période plus longue.

Contrairement aux précédents guides qui définissaient la période de rotation à 8 semaines maximum,
le présent guide introduit la possibilité d’effectuer des rotations de 12 semaines pour les THIMO
Infrastructure. A savoir, que le seuil de 8 semaines est maintenu pour les THIMO à caractère social,
où la priorité réside dans une redistribution de dividendes rapide et large.

Ce barème a été fixé par le Gouvernement en 2014 à travers la publication du guide THIMO BANGUI.
Il peut être actualisé par le comité de suivi de guide, suivant les évolutions du contexte économique.
Le salaire standard demeure inchangé mais les opportunités d’accumulation peuvent ainsi augmenter
de par l’extension des rotations, selon le modèle suivant :

Durée maximale de travail d’une équipe de manœuvre sur chantier


Taux (en millier

Total (FCFA)
FCFA)

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8 S9 S10 S11 S12


Contexte

Taux journalier :
Développement

2 500

15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 180

En outre, pour éviter tout conflit lié à la différence de statut entre manœuvres et ouvriers spécialisés,
il est conseillé aux entreprises de rémunérer ses ouvriers spécialisés au moins 25% de plus que les
GUIDE THIMO RCA

manœuvres.

Organisation des rotations


Afin de préserver une bonne productivité du chantier, il est conseillé de faire des transferts de rotation
progressifs. Ainsi, dans le cas de deux rotations de 12 semaines A et B, il est déconseillé d’attendre la
douzième semaine pour effectuer le changement de rotation. Il est préférable d’avoir un passage de
la rotation A à la rotation B de manière progressive, étalée entre la dixième et la douzième semaine.
Pour conduire ce transfert de rotation progressive, il est possible par exemple de faire un bilan de
26

situation entre les entreprises et les manœuvres après dix semaines, avec l’appui de la structure
d’accompagnement social. Dans le cadre de ce bilan, on peut alors proposer aux manœuvres la
possibilité de quitter le chantier dès la dixième semaine, moyennant une prime de départ de 5000
FCFA par exemple. Cela permet d’identifier quels sont les manœuvres désirant poursuivre la rotation
2 semaines supplémentaires (toujours avec une rémunération de 2000 FCFA par jour) et de libérer
un effectif par départ volontaire. Cet effectif qui peut donc être comblé par la mobilisation de main
d’œuvre issue de la prochaine rotation.

Sur la base des départs de certains manœuvres de la rotation A, l’entreprise peut donc compenser
ce déficit de manœuvre avec de nouveaux manœuvres issus de la rotation B, ces derniers pouvant
débuter leur rotation au contact d’autres manœuvres plus expérimentés de la rotation A et donc de
se former à leur côté. Cela permet ainsi d’éviter à l’entreprise d’intégrer d’un seul coup toute une
nouvelle équipe qui devrait être formée. A l’issue de ce bilan avec l‘entreprise, certains manœuvres
peuvent aussi être recrutés comme ouvriers spécialisés sur le chantier et obtenir des revalorisations
salariales et de statut.

Paiement des salaires


Comme pour les THIMO à vocation sociale, les modalités de paiement à retenir devront répondre à des
exigences de souplesse, de ponctualité et de sécurité des biens et des personnes. Pour les THIMO
infrastructure qui reposent sur la mobilisation d’entreprises, il est conseillé de procéder directement à
des virements bancaires depuis le compte de l’entreprise vers les comptes des manœuvres dans le
cas où ils sont ou ont été bancarisés auprès d’instituts de microfinance dans le cadre du projet.

Autrement, il est conseillé que la structure d’accompagnement social établisse un état de paie sur
la base des registres de suivi des manœuvres. Cet état de paie est ensuite transmis à l’entreprise
pour validation et mise à disposition du montant correspondant. Le paiement est ensuite effectué
par la structure d’accompagnement social, au bureau de chantier de l’entreprise, en présence du
responsable de l’entreprise, des autorités locales, et éventuellement avec l’appui de forces de
sécurité. Il est conseillé que le paiement soit conditionné à la fiche de pointage des manœuvres.

Afin de permettre des versements rapides et fluides, il est conseillé d’avoir un recours à un système de
caisse d’avances géré par le maître d’ouvrage pour éviter tout retard dans le paiement des entreprises.
Cette nécessité de paiement dans les temps ainsi que les volumes financiers mis en œuvre exigent
que des procédures précises soient établies au début du programme et que les responsabilités des
différents intervenants soient claires. Pour cela, il est nécessaire de bien déterminer i) les étapes de
validation des décomptes ; ii) la périodicité des versements (quotidien, hebdomadaire, mensuel) ;
iii) le système de suivi et de contrôle des paiements des salaires à la main-d’œuvre par l’organisme
contractant.

Productivité

L’expérience de plusieurs partenaires en RCA a montré qu’il est possible de concilier impératif
de productivité et approche HIMO. Par productivité, on entend ici la possibilité d’assurer un suivi
continu des activités permettant de mesurer la tâche de travail devant être réalisée chaque jour.
La productivité peut se mesurer au niveau individuel, par rapport à la quantité de travaux réalisés
par chaque manœuvre mais aussi du chantier, en fixant des objectifs d’avancement.
GUIDE THIMO RCA

Afin de s’assurer d’une mobilisation efficace de la main d’œuvre, il est conseillé de mettre en
place certains indicateurs de performance individuelle, pouvant varier selon les types de chantier.
Ces indicateurs sont par exemple : M3 homme/jour pour les travaux fouille, M2/jour pour le
désherbage, mètre linéaire pour le curage, etc.

Ces indicateurs doivent être définis en amont du chantier en concertation entre le maître
d’ouvrage, le maitre d’œuvre, les entreprises et la mission d’accompagnement social.
27

Utilisation de moyens mécanisés adaptés aux travaux HIMO en fonction de l’évolution du


chantier

Certains travaux peuvent s’avérer difficiles à réaliser à la main et nécessitent des outils mécanisés.
Par exemple, une équipe de manœuvre réalisant une infrastructure de drainage peut se trouver
confrontée à creuser un sol en cuirasse latéritique. Ce qui est très difficile à réaliser sans outil
mécanisé.

Afin de garantir aux manœuvres un travail décent, mais aussi de pas nuire à la productivité sur le
chantier par la réalisation de tâches difficilement réalisables et pouvant susciter des délais plus
longs pour l’entreprise, l’autorisation du recours à des engins mécanisés peut être demandée.
Lorsque cela n’a pas été anticipé sur la base des études géotechniques réalisées en amont, il
est conseillé à cet égard que cette demande soit formulée par le bureau d’étude technique en
charge de la supervision des travaux, en discussion avec la structure d’accompagnement social.
Cette demande est ensuite transmise au maître d’ouvrage pour approbation. Les équipements
peuvent ensuite être fournis par des structures comme l’Office National du Matériel (ONM) à
travers ses brigades décentralisées.

g. Sécurité, santé et hygiène au travail


Les règles de sécurité au travail sont identiques à celles qui s’appliquent sur les chantiers de THIMO
à caractère social. Il est obligatoire pour les entreprises de souscrire à une couverture d’assurance
contre les accidents du travail pour tout l’ensemble du personnel. De plus, il est obligatoire pour
l’entreprise de souscrire à une assurance en responsabilité civile.
Si les participants aux chantiers HIMO sont recrutés et travaillent pour une entreprise, ces derniers
sont des salariés et doivent, par conséquent, avoir un contrat de travail (ces contrats de travail
sont vérifiés par le maître d’œuvre en début de chantier et présentés au maître d’ouvrage avec les
premières demandes de paiement).

Sécurité, santé et hygiène dans le code du travail Centrafricain

Les dispositions du code du travail, loi n° 09.004 du 29 janvier 2009, prescrivent ce qui suit:

Article 82 : Il est obligatoirement institué un comité d’hygiène et de sécurité dans toute entreprise
ou établissement de plus de trente (30) travailleurs y compris les travailleurs temporaires ou
occasionnels.

Les entreprises de moins de trente (30) salariés peuvent se regrouper sur un plan professionnel
ou interprofessionnel en vue de la constitution d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions
de travail.

L’inspecteur du Travail et des lois sociales du ressort peut, en fonction de la nature des travaux et
des risques particuliers auxquels sont exposés les travailleurs, imposer dans un délai de quinze
(15) jours la constitution d’un comité d’hygiène et de sécurité dans tout établissement, entreprise
ou chantier même si l’effectif des travailleurs est inférieur à celui prévu à l’article précédent.
GUIDE THIMO RCA

Article 298 : Tout chef d’entreprise ou d’établissement est tenu de prendre les dispositions
nécessaires pour assurer des conditions d’hygiène et de sécurité satisfaisantes à ses travailleurs.
A cet effet, il est appuyé par le comité d’hygiène et de sécurité prévu à l’article 82 du présent
code.

Article 305 : Toute entreprise ou tout établissement de quelque nature qu’il soit, public ou privé,
laïc ou religieux, civil ou militaire, y compris ceux rattachés à l’exercice des professions libérales
28

et ceux dépendant d’associations ou des syndicats professionnels, doit assurer un service


médical et sanitaire au profit de ses travailleurs et de leurs familles.

Toutefois, chacune des entreprises ou chacun des établissements qui participent au


fonctionnement des services précités est tenu d’avoir une infirmerie avec salle d’isolement pour
les cas d’urgence.

h. Rôle et responsabilité des acteurs


Le THIMO Infrastructure peut faciliter le développement de partenariats constructifs à condition
d’avoir une claire répartition des tâches et des responsabilités entre les acteurs par rapport aux
objectifs fixés. La complexité des chantiers et les logiques d’interventions différentes des acteurs
impliquent des efforts permanents de coordination et de compréhension mutuelle du rôle de chacun.
Pour faciliter la coordination entre les acteurs du projet et bien définir les responsabilités, il peut être
conseillé de mettre en place un manuel de procédures du projet.

Ce paragraphe décrit les rôles et les responsabilités des six acteurs clés les plus courants dans
le THIMO Infrastructure, à savoir les communautés bénéficiaires, le maître d’ouvrage, les autorités
locales, les entreprises, les structures d’appui technique et la structure d’accompagnement social.
Les communautés bénéficiaires

Généralement dans les chantiers THIMO, la communauté est entendue au sens large comme le
groupe de personnes chargé d’exécuter l’objet du contrat (les travaux), mais pouvant aussi jouer le
rôle de l’autorité contractante (ou du « client »). Si elle cumule des deux rôles, les responsabilités
d’exécutant et de client doivent être clairement séparées au sein de la communauté, afin d’éviter les
conflits d’intérêts par le fait que certains membres seraient à la fois juge et partie. La solution la mieux
adaptée est de confier ces deux rôles à des membres différents.

Sur les chantiers THIMO Infrastructures, contrairement aux THIMO à vocation sociale, le groupe de
personnes chargé d’exécuter les travaux est lui-même divisé en deux groupes : les manœuvres et les
ouvriers spécialisés. Les manœuvres désignent le personnel affecté à des tâches qui ne nécessitent
pas de qualification ou de savoir-faire particuliers. Les ouvriers spécialisés s’occupent généralement
de la mise en œuvre de tâches spécifiques, qui demandent un savoir-faire relativement important.
Contrairement aux manœuvres, les ouvriers ne sont pas recrutés selon des critères de vulnérabilité.
Les manœuvres ont la possibilité d’améliorer leurs compétences au contact des ouvriers spécialisé.
La proportion de l’un ou de l’autre groupe peut évoluer selon les chantiers. Il est en outre conseillé à
ce que les ouvriers spécialisés soient rémunérés au moins 25% de plus que les manœuvres, en lien
avec leur qualification et pour ne pas créer de distorsion sur le marché du travail.

Le maître d’ouvrage
De par le nombre d’acteurs impliqués important, les THIMO infrastructure sont généralement placés
sous la responsabilité d’un maître d’ouvrage avec un rôle de pilotage stratégique, contrairement
aux THIMO à vocation sociale qui reposent davantage sur un mode d’intervention communautaire,
avec un opérateur « en régie » ou du moins une maîtrise d’ouvrage avec une intervention directe.
Cette maîtrise d’ouvrage est généralement publique et peut être assurée par une autorité centrale,
par exemple un Ministère, une collectivité territoriale voire être déléguée à une agence d’exécution
GUIDE THIMO RCA

spécialisée. Le maître d’ouvrage intervient contractuellement en tant que client des prestations à
fournir.

Le maître d’ouvrage intervient dans un rôle de pilotage stratégique du projet mais aussi de planification
opérationnelle en concertation avec les acteurs de terrain. Parfois, le maître d’ouvrage peut être
ensuite chargé de l’exploitation et de l’entretien des ouvrages.
Les programmes en HIMO sont complexes et doivent être conduit par une maitrise d’ouvrage forte
afin de gérer les potentiels multiples des acteurs du programme.
29

Si cela n’est pas le cas, il est important de prévoir des activités de renforcement de capacités de ces
acteurs ou alors d’envisager la présence d’un maître d’ouvrage délégué pouvant à la fois superviser
la partie « infrastructure » et la partie « sociale ».

Les autorités locales


La pleine participation des autorités ou collectivités locales à un projet THIMO Infrastructure et
leur soutien constituent des facteurs clés de réussite. Elles doivent prendre part à l’identification,
la planification, la mise en œuvre, la supervision et l’entretien des investissements. Elles doivent
surtout assurer l’appropriation du projet par la communauté. Qu’elles soient légales ou coutumières,
les autorités locales constituent un relai capital pour la mise en œuvre du projet.

Dans une situation post crise, l’organisation des autorités locales peut être une tâche relevant
directement du projet. En effet, il se peut tout simplement qu’il n’existe pas d’autorité jouant depuis
longtemps un rôle moteur ainsi qu’un lieu où s’exercent des interactions entre ses différents groupes et
membres. En pareil cas, il peut être nécessaire que le projet joue ce rôle d’appui, et que l’implication des
autorités locales soit progressive, celles-ci récupérant au fur et à mesure de nouvelles compétences,
dans un souci d’institutionnalisation de la démarche sociale des projets THIMO.

Les entreprises
Les marchés HIMO sont plutôt destinés à des MPME mais pas seulement. Les entreprises sont
recrutées selon des procédures d’appel d’offre ouvert. Si elles sont régies par un impératif de rentabilité
et de productivité, les entreprises, intervenant sur les chantiers HIMO, s’engagent à respecter les
standards HIMO et sont accompagnées en ce sens.

Il est généralement admis que d’autres personnes, sociétés ou entreprises peuvent, en raison de
leur plus grande spécialisation, expérience ou capacité, être à même d’exécuter certains travaux plus
efficacement que le contractant. Par conséquent, le contractant peut, avec l’autorisation du maître
d’ouvrage, sous-traiter des travaux à d’autres personnes, sociétés ou entreprises.
Lorsqu’un projet est divisé en plusieurs marchés distincts, le maître d’œuvre doit les coordonner pour
le compte du maître d’ouvrage. Si le contractant assume l’entière responsabilité de ses sous-traitants,
il n’est pas responsable des autres contractants qui travaillent sur le projet, mais peut être chargé
d’assurer la liaison avec eux si son marché le prévoit.

Le maitre d’œuvre ou structure d’appui technique


Pour les travaux de THIMO infrastructure, il est conseillé d’avoir recours à un bureau de contrôle
spécialisé, chargé de la supervision technique des travaux au quotidien. Cette supervision technique à la
fois des manœuvres et des ouvriers spécialisés, permet de s’assurer de la réalisation d‘infrastructures
durables et de garantir un niveau d’homogénéité dans les travaux réalisés.

Il est employé par le maître d’ouvrage en qualité de mandataire chargé de contrôler l’avancement
et l’exécution des travaux et agit généralement au nom du maître d’ouvrage. Le maître d’œuvre
n’est pas partie au marché et ne peut dès lors délier le contractant d’aucune de ses obligations, sauf
stipulation express du marché.
En fonction du type de marché et de la pratique dans le pays partenaire, le maître d’œuvre recruté
peut être issu des milieux suivants:
• le milieu institutionnel, par exemple un ministère, un service ou une agence de l’État ou du maître
d’ouvrage;
GUIDE THIMO RCA

• une société, une entreprise ou une personne physique (pour les petits marchés) engagée dans
le cadre d’un contrat de services distinct pour superviser les travaux.

Il est chargé de tenir un journal faisant état de l’avancement des travaux et de surveiller et contrôler les
composants et les matériaux avant leur incorporation aux ouvrages. Il accorde ou refuse la demande
de prolongation de la période de mise en œuvre des tâches formulée par le contractant, il peut
ordonner une modification des ouvrages et décider de suspendre les travaux.
30

Le maître d’œuvre est tenu de consulter le maître d’ouvrage avant de statuer sur certaines questions
ayant des incidences financières, comme par exemple la prolongation de la période de mise en
œuvre des tâches, les modifications et les demandes de paiement supplémentaire.

Le maître d’œuvre, tout en demeurant responsable en dernier ressort de la supervision des travaux,
est en droit de désigner un représentant et de lui déléguer les responsabilités qu’il juge nécessaires.
Les tâches, les compétences et l’identité du représentant du maître d’œuvre sont déterminées par
un ordre de service, qui doit être émis en même temps que l’ordre de commencer l’exécution des
travaux.

La structure d’accompagnement social


Elle joue un rôle d’interface entre les travailleurs et les entreprises. Son mandat est détaillé
précédemment. Ses principales attributions portent sur l’information et la médiation avec les
populations, l’assistance au recrutement et le suivi des manœuvres, notamment leur accompagnement
vers des activités de formation, d’épargne et de cohésion sociale. Son rôle est détaillé au III) 2) e).
GUIDE THIMO RCA
31

IV. ALLER PLUS LOIN. PÉRENNISATION DE


L’APPROCHE HIMO

1. Suivi et Evaluation
Dans les chantiers THIMO, le suivi concernant la préparation, l’exécution, l’achèvement, la qualité,
les quantités et les coûts implique un contrôle direct des travaux ainsi que des rapports d’avancement
technique et financier. Compte tenu du manque d’expérience des communautés dans la réalisation
des travaux, un effort particulier doit être apporté par le partenaire d’exécution au suivi du processus.
Le suivi n’est pas seulement important pour les autorités, mais aussi pour les communautés afin
d’être régulièrement informé des progrès et des problèmes rencontrés. Un manque d’information peut
freiner la participation de la population, tandis que la diffusion de l’information sur une action collective
renforcera son implication et sa contribution. Il est donc recommandé aux partenaires d’exécution de
tenir des rapports à intervalles réguliers et d’en faire une large diffusion au niveau de la communauté.

Le suivi de la mise en œuvre et l’évaluation du programme sont à réaliser au sein même et au cours
du programme afin d’améliorer son exécution. La surveillance exercée a pour but d’évaluer si :
• Les moyens mis en œuvre ont permis d’atteindre les résultats prévus ;
• Les fonds alloués ont été dépensés et utilisés pour atteindre les buts prévus ;
• Les responsables de l’exécution du programme ont rempli les fonctions requises ;
• Les produits sont présents en quantité et en qualité.
L’analyse du contexte et des retours des acteurs doit être constante et continue durant toute la durée
du cycle du projet, selon une approche « ne pas nuire ». Elle doit permettre de déceler les signes
d’un mécontentement, d’une moindre acceptation ou d‘un changement de contexte, puis d’adapter
le projet en fonction.

Ressources et outils nécessaires


Lors de l’élaboration du document de projet, il est conseillé de consacrer une partie, généralement
5%, du budget total pour l’évaluation. L’évaluation peut être exécutée par l’équipe du projet (auto-
évaluation ou évaluation interne) ou par une tierce personne (évaluation indépendante). Les outils de
collecte à cet égard sont variés, quantitatifs comme qualitatifs :
• Groupes de discussion
• Cahier de chantiers
• Observations directes
• Questionnaires
• Entretiens
• Documents de la structure d’appui technique.
L’évaluation finale et a posteriori doit être principalement axée sur la pertinence, l’efficacité, et en
particulier les effets et la durabilité du projet. Ce suivi porte davantage sur le suivi des changements,
afin d’identifier si « un pas » a été franchi à travers ce projet.

2. Transferts de compétences, formation professionnelle et certification


Afin de garantir un minimum d’efficacité de l’approche HIMO, les activités mises en œuvre par ce
biais et impliquant un certain niveau de technicité, doivent être réalisées avec un certain niveau de
qualité. Cela exige l’emploi d’une main d’œuvre qui maîtrise les bases des métiers pratiqués, tout en
s’inscrivant dans la démarche spécifique de l’approche HIMO. De manière générale, ces formations
doivent être conçues en lien direct avec les objectifs du chantier.
GUIDE THIMO RCA

Ces modules de formation sont nécessaires à plusieurs niveaux :


• En amont du chantier, pour les chefs de groupe, afin qu’ils acquièrent les compétences de base
dans certains domaines spécifiques et puissent ensuite les dispenser aux autres manœuvres ;
• Pendant les travaux, avec par exemple la possibilité de mettre en place un chantier-école sur site ;
• En aval à la fin d’une période de rotation, où les manœuvres manifestant cette volonté ont la
possibilité d’intégrer un cycle de formation déterminé, sur la base de la première expérience
acquise sur le chantier.
32

Ces formations peuvent par exemple se concentrer sur les métiers techniques plus ou moins
directement liés avec le secteur de la construction mais aussi sur l’appui à la petite agriculture (47%
des ménages de Bangui et Bimbo ont accès à une parcelle, dont la surface varie – dans 3/4 des cas
-entre 1 et 2 ha), qui représente un filet de sécurité souvent peu exploité (deux tiers de ces parcelles
sont partiellement ou non-exploitées).

Formations pour les chefs de groupe


Il s’agit de formations essentiellement sur quatre (4) semaines (payées) en amont des chantiers,
organisées comme suit :
• Semaine 1 : Tronc commun sur les principes généraux de la maçonnerie (matériaux, fabrication
du béton, élévation de murs, béton armé, poteaux, poutres…) et les engins rencontrés sur les
chantiers ;
• Semaine 2 : Formation pratique par spécialités : maçons, coffreurs, ferrailleurs, machinistes,
conducteurs d’engins, maintenance d’engins, topographes ;
• Semaines 3 et 4 : Travail collectif sur un cas pratique : par exemple sur une maquette rappelant
les projets THIMO (construction d’un caniveau en pierres avec coffrage, ferraillage et coulage
de poteaux d’un pont…).

Chantiers-école
Les chantiers-école peuvent être mis en place sur un tronçon défini des travaux. Ils fonctionnent à la
fois comme une opportunité de formation dans l‘action pour les ouvriers et pour l’entreprise, comme
une opportunité de démonstration de la faisabilité technique de l’approche.

En effet, cela permet à l’entreprise de mesurer la productivité des différentes activités et de rechercher
les meilleures combinaisons de mise en œuvre. Pour les manœuvres c’est une opportunité de se
familiariser avec les travaux attendus.

Formations professionnelle
Les chantiers THIMO infrastructure constituent une opportunité pour les manœuvres de découvrir un
secteur professionnel. Dès lors, il apparaît opportun de capitaliser sur cette première expérience,.
Par exemple, les manœuvres ayant effectué jusqu’à 8 à 12 semaines de travaux sur le chantier,
peuvent être redirigés vers des cycles de formation professionnalisant, de préférence à la fin de leur
rotation au risque sinon que le temps disponible pour la formation pendant la rotation ne permette pas
d’atteindre un volume horaire suffisant et donc diplômant.

La structure d’accompagnement peut ainsi procéder à une répartition par filière, et sur cette base,
identifier le potentiel réel de formation à travers les centres de formation existants. En effet, cette
possibilité de formation professionnelle doit s’inscrire de manière réaliste avec l’offre existante, de
manière à ce que les apprentis puissent recevoir une formation dans de bonnes conditions en termes
d’encadrement et d’équipement. Il est également possible de mettre à contribution les ateliers de
certaines entreprises pour réaliser ces formations.

Quelles certifications ? Attestation de stage, lettres d’embauche, etc.

La certification pouvant être fournie aux manœuvres n’est pas forcément technique. Elle peut
tout à fait prendre la forme d’une simple attestation de participation au chantier voire d’une
attestation de stage ou d’une lettre d’embauche par exemple. Ces documents seront ensuite
GUIDE THIMO RCA

utiles au manœuvre pour ses futures recherches d’emploi. Toute certification technique devra
être délivrée avec l’appui de l’ACFPE.
Au démarrage de chaque projet, il est conseillé à tout porteur de projet THIMO de prendre
attache avec l’ACFPE pour définir un plan de certification adapté à la nature du projet. Ainsi,
certains projets privilégieront des dispositifs de formation à différents stades du chantier et en
fonction des aptitudes techniques qui sont à même d’être développées par les bénéficiaires.
33

Former les entreprises

Le mode opératoire HIMO et ses avantages sont souvent mal connus des entreprises. C’est
pourquoi il est toujours nécessaire d’effectuer une formation au bénéfice des entreprises avant la
mise en œuvre des investissements. Cette formation, intégrée dans le coût du projet et réalisée
avant le démarrage des travaux, permettra aussi de connaître tous les aspects à prendre en
compte lors de la mise en œuvre, la gestion simplifiée, ainsi que les formalités à suivre concernant
le système de passation des marchés adoptés (lancement des AO, système d’adjudication, etc.).

3. Initiation à l’épargne et Activités Génératrices de Revenu


La démarche THIMO doit être conçue comme une porte d’entrée vers des solutions de réintégration
socio-économique et un catalyseur d’employabilité, notamment pour des individus qui ont un potentiel
de création d’AGR ou des besoins de formations. L’approche adoptée doit être une approche qui
dépasse la seule finalité de distribution de revenus ponctuels. Elle doit avoir un objectif d’éducation
financière, d’apprentissage à la gestion des microentreprises et aide à la bancarisation.
Concernant l’éducation financière, deux approches s’opposent, l’une fondée sur un apprentissage
« académique » traditionnel (comptabilité, etc.) et l’autre davantage empirique. Cette dernière, vise
à inculquer les bases nécessaires à la prise de décisions financières, notamment la séparation des
opérations des comptes personnels et professionnels ou le calcul des bénéfices et du salaire par
exemple. Cette approche, évaluée dans de nombreux contextes comme plus efficace, devra être
privilégiée. Elle peut notamment prendre la forme de causeries éducatives sur les AGR, ou tout type
d’initiation ayant recours à des outils ludiques comme des sketchs, des documents visuels, des mises
en situation, etc.

La promotion à l’épargne peut être encouragée à travers les tontines, qui sont des associations
collectives d’épargne pour investir en commun dans un actif. Des tontines peuvent être constituées
autour du projet entre différents bénéficiaires.
La promotion à l’épargne peut également s’opérer à travers l’ouverture d’un compte individuel auprès
d’un institut de microfinance. Le projet peut ainsi faciliter l’ouverture de comptes, qui sont souvent
à des taux prohibitifs pour les bénéficiaires aux revenus les plus faibles et niveaux de salaires
fluctuants. Le projet peut aussi s’engager à subventionner certains transferts d’actifs pour encourager
le démarrage d’activités économiques.

En fonction de la volonté des bénéficiaires, et afin d’encourager une épargne continue, il est possible
de proposer un prélèvement à la source sur la base d’un forfait définit en amont. Ainsi, un bénéficiaire
bancarisé peut par exemple accumuler une épargne tout au long du projet sur la base de prélèvements
effectués à chacune de ses payes. Dans le cas où le bénéficiaire n’est pas bancarisé, il est aussi
possible de retenir un forfait à chaque étape de paye, en accord avec le bénéficiaire, somme qui
lui sera ensuite rétribué à la fin de son contrat. Toutefois, il est nécessaire de veiller à ce que les
systèmes de prélèvements à la source soient bien compris et désirés par les bénéficiaires, ainsi
qu’adaptés au contexte d’intervention et à la propension à l’épargne des individus. Pour une meilleure
compréhension des principes et utilités de l’épargne, il est conseillé d’organiser une formation à
l’épargne pour les bénéficiaires en amont du chantier.

La sélection d’une banque ou d’une Institution de Microfinance reposera sur les offres reçues après
le lancement d’un appel à proposition, prenant en compte les critères suivants :
GUIDE THIMO RCA

• Capacités à répondre aux besoins spécifiques des travailleurs et aux standards nationaux et
internationaux.
• Compétitivité tarifaire
• Qualité du service
• Stabilité financière et capacité à fournir des crédits
• Expérience préalable avec des personnes à faibles capacités financières
• Sécurité
34

• Capacité à dispenser une sensibilisation et des règles de base à l’éducation financière


• Distribution du réseau bancaire dans la zone du projet (nombre de points de dépôts/retraits)

Le conseil à la gestion de microentreprises doit de préférence s’opérer dans une approche « chaines
de valeur », pour augmenter les revenus des petits producteurs et leur permettre de s’inscrire dans
un réseau de distribution.

Protection sociale
Les chantiers HIMO peuvent aussi développer une approche de protection sociale à part entière
ou du moins faire le lien avec des programmes de protection social existants (accès gratuit
à des soins, à la scolarisation des enfants…). Cela afin de maximiser les impacts en termes
d’amélioration de la résilience des populations. Ces activités de sensibilisation peuvent par
exemple être coordonnées par la structure d’accompagnement social du projet.

Toutefois, compte tenu du champ d’application limité de certains projets THIMO, il est plutôt
conseillé de travailler en complémentarité avec d‘éventuels autres projets de protection sociale
dans la zone. Cela passe d’abord par une cartographie préalable des acteurs évoluant sur
le même territoire d’intervention puis par des collaborations comme le partage de listes de
bénéficiaires par exemple.

4. Gestion et entretien des ouvrages


L’entretien associe des investissements permanents de faible niveau avec l’emploi à plus long terme
d’un petit nombre de travailleurs. L’entretien est indispensable pour assurer la pérennité des ouvrages
réalisés et les systèmes d’entretien doivent être adaptés aux ressources humaines et matérielles
disponibles localement. Face aux capacités limitées d’entretien avec recours aux engins mécanisés
en RCA, la méthode HIMO peut être utilisée, en milieu urbain comme rural, pour assurer un entretien
des ouvrages au moins périodique.

Il est ainsi possible de structurer les bénéficiaires autour de comités de cantonnage, chargés de
l’entretien d’une partie de l’ouvrage (un tronçon de route par exemple) sur une période donnée.
Chaque cantonnier membre du comité peut avoir ensuite lui-même la charge de l’entretien d’une
portion spécifique, qui peut être par exemple définie au mètre linéaire. L’équipe de cantonnage doit
être équipée d’un kit complet : brouette, coupe, râteau, machette, seau, bidon, pelle, pioche, etc. Il
est aussi important d’assurer un sentiment d’appartenance motivant la communauté à entretenir ses
propres équipements.

Ces comités de cantonnage peuvent aussi être structurés en microentreprises, constituées sous
forme d’associations reconnues par l’Etat comme des coopératives. L’Etat et ses démembrements
(Ministère, Direction Régionale, Mairie, Agences publiques), signe des contrats de travail avec les
entreprises pour l’entretien d’une partie ou d’un tronçon de l’ouvrage bien défini, pendant une période
fixée et renouvelable sous réserve que les normes et objectifs aient été atteints.

Il y a parfois lieu de distinguer l’entretien courant, qui concerne généralement des opérations simples
ou de faibles ampleurs et pouvant être confiées à des associations de base, de l’entretien périodique,
qui implique des interventions de plus grande ampleur, exigeant un équipement spécialisé et une
GUIDE THIMO RCA

main d’œuvre qualifiée. Les opérations d’entretien périodique resteront plus fréquemment à charge
du maître d’ouvrage (commune, institution d’Etat).
Il est indispensable que l’entretien soit pensé en amont du projet et qu’un financement soit prévu à
cet effet. La possibilité de gestion et d’entretien de l’ouvrage doit constituer un critère central dans le
choix du projet.
35

5. Visibilité
Les programmes HIMO, en ligne avec la stratégie de communication du RCPCA, doivent consacrer une
importance particulière à la communication afin d’une part, de s’assurer de la bonne compréhension et
appropriation du projet par les bénéficiaires ainsi que d’autre part, dans une logique d’harmonisation
et d’institutionnalisation de l’approche entre différents partenaires et acteurs de la démarche HIMO
en RCA.

Afin d’assurer la visibilité de ce programme gouvernemental, il est proposé d’adopter a minima un


support de communication commun à déployer autour des chantiers. Ce support résidera en une
pancarte grand format, située au début et à la fin du chantier, présentant :
• Le nom du projet ;
• Les logos du Gouvernement, du partenaire technique et financier et la mention des opérateurs
de mise en œuvre;
• La mention « PROGRAMME THIMO – RCA » ;
• Un slogan rédigé en français et sango.

Ce support de communication, qui devra aussi correspondre à la politique de communication de


chaque partenaire technique et financier, devra être réalisé avec des artisans locaux, ou petites
entreprises locales. D’autres supports de communication, immatériels, peuvent aussi contribuer à
améliorer la visibilité du projet, tels que des spots radio ou des vidéos.

Le financement de la réalisation de ces supports devra être assuré par une ligne dédiée à la
communication.

6. Ancrage Institutionnel
L’ancrage institutionnel de l’approche HIMO en RCA passe d’abord par l’ancrage au niveau d’un
ministère sectoriel lorsqu’il s’agit d’un programme sectoriel avec le plus souvent, pour finalité
principale la création d’ouvrages. L’ancrage institutionnel passe ensuite par différentes actions,
pouvant être menées à des horizons de temps différentes et dont le présent guide fait à cet égard des
recommandations :
• Une meilleure considération de l’approche HIMO dans les politiques stratégiques du pays et la
priorisation des investissements à réaliser en THIMO (Cellule de suivi des projets intégrée au
pilier 3 du RCPCA) ;
• La promotion de l’emploi des jeunes et de la méthode HIMO dans le code du travail ;
• L’adoption des procédures simplifiées auprès de la Direction Générale des Marchés Publics
pour les investissements à réaliser selon cette approche ;
• La mise en place des mesures incitatives au bénéfice des MPME adoptant l’approche HIMO
(exonération, facilitation de crédit bancaire, considération particulière lors des appels d’offre,
etc.) ;
• Le renforcement de capacités des services déconcentrés de l’Etat afin qu’ils puissent assurer
un rôle de pilotage dans les activités HIMO ;
• La mise en œuvre systématique des sessions de formations au bénéfice de tous les acteurs.
GUIDE THIMO RCA
36

ANNEXES :

THIMO « social » THIMO « Infrastructure »

Création d’emplois rapide et réduc- Construction d’infrastructures socio-


tion de la vulnérabilité des personnes économiques (amélioration du taux
Finalité (contexte)
ciblées en réponse à une situation d’équipement) dans un contexte de relève-
d‘urgence ment et de développement

Création d’emplois temporaires et


Remise en état d’infrastructures permanents et appuis en formation
Objectifs secondaires Renforcement de la cohésion sociale Renforcement de la cohésion sociale
Réponse à un chômage conjoncturel Relance économique locale et développe-
ment du secteur privé
Mise en œuvre
Maître d’Ouvrage : ministères tech- Maître d’Ouvrage : ministère technique,
niques, agences de l’Etat ou ONG en agence de l’Etat (possibilité de maîtrise
régie d’ouvrage déléguée)
Acteurs
Maître d’Œuvre technique : Bureau d’études
Exécutants : Communautés Maitrise d’œuvre sociale : ONG
Exécutants : MPME avec communautés
Cycles de projets courts (2 semaines à Cycles de projets plus longs (6 mois à 2 ans
Cycles de projets
6 mois environ) environ)
Faisabilité technique des travaux plus
Niveau de technicité Faible niveau de technicité importante et possibilité de recours à des
engins mécanisés.

Tableau récapitulatif des caractéristiques des projets THIMO « social » et THIMO « infrastructures »
GUIDE THIMO RCA

Vous aimerez peut-être aussi