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REClJElL COMPLET
.D'f.S

TRAVAUX PRÉPARATOIRES
DU

CODE CIVIL;
IU1Vl

o'UBE aDITIOJI DE CE CODI> A LAQUELLE llOKT AIOUTal LE& I.Oll, DIÉCt\llTS Ill
OEllÙ1'11'A1'CEI POl\MABT f,l!. COJilPÛ:llEJIT DE LA t.KGIILATIOJI ·Cl'l'lt.lt 9E0 LA
TllOUVU'P nm~, sous r.llAQ1JB AllTICLE ÂHaUEJIT,
nA•ca. a.T ou ••
~ LU l'ASU.&U .DU ucuar. QIJI a'Y .IU.TTACB•JIT.

P~a P. A. FENET,
AVOCAT .. L~ cOua. BOYAU DE PA.1118.

DOUZE FoBTS VOLUMES IN•I,'

• Lu fortes études en tout gt>ore &0ot devenues un betoio de la


fJéDéralion prétente, C'est Uft effet nécessaire de l'état de sceptfoi1111e
où !JDe graade aecousse l'a placée, et.du malaise qu'elle éprouve dan1
eette poai\ioe. SHIS savoir où elle va, elle sent qu'elle ne peut pH
rester oW. elle est; elle sent que quelque chose lai. manque . pom
.assurer son repos et aoo bonheur : elle n'a ni foi ni afftttions com-
munes; elle ne forme presque pas 11C1Ciété; l'œil n'y voit, pour ainsi ·
•dire, que des groupes; uo &entiment deme11ré commun aux diverses
parties, empkhe seul le tout de se dillll>Gdre; c'est le désir d•
mieux et l'espoir de l'atteindre. De là tous ces efforts qui, dans des
directions différentes, tegdent néanmoins au même. but. On ra-.
~herche avec a1·deut· les bases des iostituliont, les sources des
croyanœa, on porte-juaqu.e dans les plus petits détail1 pue cu~use
inn1tigation; et ce moovement,:qui semble n'avoir pour objet prin-
cipal que la pGUtique ou la relïsion, 11e commauiqae rapidement à
teates les braachea des coomis11111ces humaines, qui 1 à wai dire ,
y tuachent toujours par quelqne côté.
• C'elt ainsi que noua deveaoos loua les jours '·plua faailiers avec -
les pt'Oductieos des liUét'a.turet étrangèn:a; c'est ainsi qu'on r~im-
,..

( 2 )
prime toutes DOi viellln chroniqueÎ; c'est aiaai que la plume de
l'biatoire, retraçant les 1Cè11e11 orageuees des siècles Jdœdem, ae
fraye des routes nouvelles; c'est ainsi que l'on publie toua les mo-
numens de notre ancienne législation, qui n'est plus excluaiYement
abandonnée à quelques érudits.
•Si tel ett notre peocbaot pour l'étude approfondie de tout ce qui
· nous intéresse, n'nooa·nous pas lieu de noua étonner que peraoooe
n'ait songé plus tôt à former uo recueil de tous les matériaux qui ont
immédiatement servi à l'édifice de notre législation moderoeP L'ou-
vrage de M. Feaet aatiafait à ce beaoio, et l'esprit d'examen qui fait
le caractère de notre époque, noua dispensera de stimuler le goi\t
du public én u fayeur; en fait de acieuce, l'utile n'est aujourd'hui
que le nécesaaire.
• J uaqu'à présent, les tranux préparatoires de nos Codes n'ont été
publiés que aéparémeot, et quelquea-uaa d'une manière illCOOl-
plète. Encore eat-il difficile et trèa-coi\teux de se les procurer toua : '
plusieura partit!S aoot devenues fort rares, et la collection entière
n'est le partage que d'un petit nombre de jurisconsultes et de
curieux.
«M. Fenet, avocat à la Cour royale de Paria, a conçu l'idée de
réunir tous ces élémena dMls un même recueil et à un prix modique.
Il n'a pu voulu embrasser à la fois la tâche immense de publier toua
les travaux préparatoires de nos Codes ; il commence par ce qui con-
cerne le Code civil; maia il ae propoae de continuer son travail ,
s'il réussit dans cette première tentative.
•Nous croy0ns pouvoir, dès à présent, prédire à M. Feoet un euo-
cès usuré. M. Fenet est un de cea hommes laborieux qui doivent
donner à un ou~e de cetlte oature'toute la perfection dont il est
sasceptible.
•Son recueil cootieodra, dans le premier volume, l'histoire du
Code ciYil, a•ec les deux projets de Cam~cérès, celui deJaquemioot,
et le diecours préliminaire de M. de Portalis; dans le second, 1 • le
texte du projet présenté par la commission de l'an VIII, et 2• les
observations du Tribunal de cassation; daoa les ·tomes 3;. 4 et 5,
les observations des tribunaux d'appel daoa l'ordre alphabétique de
leurs noms; enfin, dans les tomes 6 et suivaos, les discuuious,
motifs, rapporta el discours du Conseil d'État, du Tribunat et du
Corps législalif, auxquels est jointe la discusaioo officieuse du Tri-
bunat. Oo y trouvera aussi , à leur date, lt!a discussions, motifs, rap-
parts et opi11io1111 de l'an X sur les projets rejetés.
• M. Feoet n'ei\t-il fait que réuoir aioai les diverses parties des
travaux préparatoil"eS du Code civil , et les mettre à la portée de
tout le monde , il aurait déjà reodu un aenit.-e important i mais il fait
plus, il y ajoute tout ce qui peut en augmenter la valeur et l'utili1'.
• Outre les iuconvénieos que nous avons déjà aigoaléa, la publi-
catioo séparée des discusaioos du Conseil d'État, du Tribunat, etc.,
avait enc:ore celui de u'offrir aux lecteuraque di;ti fragmens du drame

·I
( 3)
·téci11latif. M. Fenet ne fait qu'un seul corps de tous ces élémens,
et , donnant de suite tout ce qui concerne chacun dllS titres du
Code civil, il présente à l'esprit un ensemble plus satiafaÏflant.
•Quelques lecteurs pouvaient être curieux de connaitre tes propres
paroles de B<inaparte, consul, lorsque, dans nos :issemblées légia-
Jatives, il prit part à la discussion des lois qui noua régissent.
M. Fenet ne pouvait pas les substituer à ce que présente le prooù-
verbal du Conseil d'État, seule pièce officielle; mais il les donne en
note telles que les rapporte M. Thibandean dans aea mémoires.
•Malgré l'ordre facile à saisir qui doit régner dans cette collection, '
les recherches pouvaient encore être fatigantes, et' une .table ne les .
aurait aidées qn'imparfaitemt:Dt. L'aute~r termine son travail ·par
une édition du Code, à laquelle sont ajoutés les lois, décrets et
·ordonnances formant le complément de la législation civile do ,
royaume, et qui, au moyen dt' numéros de renvoi, mettra le lec-
~r à même de se reporter rapidement et sans peine aux différens
endroits des Travaux préparatoires qu'il voudrait consulter.
· "Enfin, et c'est là surtout ce qui distingue ce recueil, M. Fenet en
éollationne avec soin toutes les parties sur les originaux, afin d'être
slir de les présenter toutes textueltement et dans leur entier. Il ne
morcelle aucun discoors, il ne se permet de supprimer aucune opi•
nion, il donne tout, et l'on trouvera, notamment au titre de la· pa-
ternité.et de la filiation, des doc:umens entièrement inédits. Il pense
avec raison que le premier mérite d'un ouvrage de ce genre est de
ne rien omettre.
•L'ouvrage de M. Fenet nous· parait être le meilleur et le seul. vrai·
ment complet qui ait paru jusqu'à ce jour. M. Fenet, bien qu'il soit
déjà connu par d'heureux essais, n'a point un nom 3. exploiter; il a
un nom à faire, et nous ne doutons pas que le suffrage de tous les
jurisconsultes ne vienne encourager·son utile entrerrise. •
ADOLPBB B.t.UTIBI..
Docteur en droit, Âf)()cat à la Cour royale de Paris.

(Extrait de la Gazette des Tri6unauz, du mardi 9 octobre 1827. )

Le &œeil compht dei Trapauz priphratoires tin Code CÎl!Ü, eu tfte du-
4(1lel on·donue l'histoire de ce Code, formera environ 12 volumee in·B•,
4lni panifrOJlt.aucceaivement de mois en mois.
Le prix en eat mé à 7 fr. 5o c. pour lea souscriptéura.
Troia vollllllea IODt maintenant en vente.

ON SOUSCRIT,

.l P.llllS, AU DÉP6T, llUB SA_ll'fT·A.N~llÉ·DBS-A.RCS, No 51,


f t CllU LU PIUll'C:IPAUX LUll.UllllS Dll U. Pllàll'CB.
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RECUEIL COMPLE'l 1

DEI

TRAVAUX PRÉPARATOIRES
DV
,
CODE CIVIL.

TOME SIXIÈME.

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·RECUEIL COMPLET
D:&S

,
TRAVAUX PREPARATOIRES
DU

CODE CIVIL,
1utv1·

D'USJI lÉDJTJOJI Dll Cii CODll ... LAQU&T.U IOllT AJOUTil LU LOU, nicun llT
OllDOBllAlfCU 1'01lJU1'T Lli COlllPUllllllfT D& LA âGIILATIOS CIVIL& Dll LA
Pll.Ulc&, llT ou 811 TllOUVJll'T l1'DIQuD, sou• CBA'QU& AllTICL& 1iP.t.11a11lUT'
TOUS L&I PAllAGU DU ll&CllltIL QUI a'y JU.TT.t.CB&llT.

PAR P. A. FENET'
AVOCAT A LA ClOUB &OYALll D& PA&Iao

TOME SIXIÈME.

PARIS,
.. __
AU DÉPOT' RUE SA.DIT-ANDRÉ-DES-ARCS, N° 51,

MDCCCXXVIJ.
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1 ·û · · ?1~ '

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• I

DISCUSSIONS,
MOTIFS,

RAP~ORTS ET DISCOURS.

. TOME PREMIER•

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RECUEIL COMPLET
DBS

TRAVAUX PRÉPARATOIRES
DU

CODE CIVIL .
...................................................................
DISCUSSIONS,
~ MOTIFS, RAPPORTS ET DISCOURS.

-ooca-
,
TITRE ·PRELIMINAIRE.
De la publication, des effets et de l'application
des lois en général.

CONSEIL D'~TAT.
( Procèa-nrlial de la 5'aace da 4 ~laermidor an IX. - .a jldllet 1801. )

M. Poauus, d'après le renYoi fait par les consuls à la


section de légialation dans la dernière séance *, présente
un projet de loi extrait du livre préliminaire du Code civil
et relatif à la publication, aux effets et à i'application des lois en
général.
L'arA~le 1 .. est ainai conçu :
c Les lois 11eront exécutoires dans toute la République,
• JI 111 anlt', dans la Mue• da s8 melli4or aa IX, ..... :a• 'lat lea d.i1poaitiou da lina
triliai..Ue 'IÙ appartieaaenl à la lépalioa seroal ré4ipu ea H 1eal projet dt loi.
('fo:ra l'HinoinJaCoa)
••
,.

4 l>llC111i11JOftl • MOTI!" , elo.


•quinze jours après la promulgation faite par le Premier
•Consul.
• Ce délai pourra, selon l'exigence des cas, être modifié
• par la loi qui sera l'objet de la publication. •
Le rapporteur dit que, dans le Projet de Code civil, on
avait distingué les lois en lois administratives, judiciaires
et mixtes. Les premières devaient devenir obligatoires du
jollr où ellea auraieut été publi4el par let autorités admi-
nistratives; le• !Mleon«\e•, du jour oà elles t'auraient été
par les tribu11aux d'appel; les troi1ièmes, c'e1t-à-dire les
lofs mixtes, devaient l'être, en ce qui pouvait être relatif
à la compétence de chaque autorité, du jour de la publi-
cation par l'autorité tompé&ente.
Le tribunal de cassation et le tribunal d'appel de ParÏI
adoptent le fond de ce système, et ne proposent que des
changemens de rédaction.
La majorité des àutres tribunaux regarde ce mode de pu-
blication présenté dans le projet de Code, comme insuffisant,
contraire aus: vrais principos, et sujet aux plus gmnds abus.
Les uns disent qu'une simple lecture de la loi à l'audience
d'ub tribunal d'appel ne saurait autoriser la présomption
légale, que, dans l'instant. m~me de cette lecture, la loi est
connue des tribunaux d'arrondissement, situés souvent à
une grande distance· des tribu11aux d'appèl. Ils désireraient
que la loi fôt publiée par ees tribunaux, qui &ont les premiers '
à l'appliquer et à l'exécute-;, et qu'elle ne fût même exécu-
toire qu'après un certain délai, à dater du jour de cette
p~blicatlon, lequel délai serait mis à pr~fit pour faire afficher
la loi, sinon dans toutes les communes, du moins dans
toutes celles où il y a un juge de paix. Ils observent que
les frais d'impression et d'affiche seront moins èéreux
pour le trésor public dans un ordre de choses qui garantit
plus de stabilité aux lois; et que d'ailleurs' dans une ma-
tière aussi impotlante, l'intérêt du fùc ne saurait balancer
celui des citoyens de l'État.
"

DÈ U. P11Bl.ICA TION 81& LOIS.

Lei aut,cs tribunaux, en reeoonaiNant .la nécessité


d'adresser les lois à toutes les autorité11 chargff& de leur
appUeation ou de leur exéeatioo , et même de les faire
connaitre à tons les citoyens par la voie de l'aRiche·, pro-
posent de 6xer un délai à dater Ile la promulgation de la
'loi par le Premier D»rsul, après lequel la loi sera au même
instant exécutoire dans toute l'étendue de la Bépobliqne.
Lei divers 1y1lème11 que les obseHaU0011 4ea tribunaux
aous préeentent n'avaient poi•t échappé à la section; elle
eu avait discuté d'avance les inco11vénieos èt les avantatre!t.
La publication des lois est une com1équence du principe
que Jes lois ne peuv.eat être obligatoires a-.ant d'être con -
nues: n1ai&.il est impossible de trouver un mode de publi-
cation qui ait l'effet d'atteindre personnellement ehaque
individu; on est réduit à se contenter de la certitude mo-
rale que tous Jes citoyens ont pu connaitre la loi.
Pour peser·les divers degrés de cette certitude morale,
il faut distingner les lietix et les temp11.
Dans l'ancien régime, ta lol était secrètement rédigée ;
on l'adressait ensuite aux couN 11ouveraioes. Ces cours pou-
yaient en refuser ou en suspendre l'enregi11trement , et dé-
·ffbérer des remoetradces •. L'enregistrementétant une forme
préalable à l'exécution de la loi, cette exécution ne pouvatt
avoir lieu qu'après que la loi avait été enregistrée.
Nous devons méme·faire remarquer que, dans la plupart
· dea 1tOCienne11 provinces de France·, la loi n'était exécutoire
•tue. dtt joor de la publication qui en était faite par les tri-
buoaux inférieurs.
Le systè!De de ceux qui voudraient ne rendre la loi exé-
cutoire que du jour de 11a publication par les tl'ibnnaux
d'appel· ou par le11 trihunanx d'.irroodissement, s·c rap-
proche de cet ancien ordre de chœes.
Mais cet ordre n'existe plus. Dans noire droit actuel, la
loi a toute sa force ettons ses caractères avant d'Nre adrc!isée
aux tribunaux et aux diverses.autorités compétentes. D'autre
6 Dl6CUl8IORI' •OTIPS' etc.
part, la loi a déjà acquis le plus haut degré de publicité
par les discours dei orateun du gouyernement, par la dis-
cuuion du tribunat, ét par celle qui est faite en présence
dn corp11 Jégislatif. La loi ne peut être promulguée par le
Premier Consul que dix jours après le décret du corps
législatif; et pendant ce délai, la connaiHance de la loi
' I

continue à circuler dans toute la République.


L'envoi officiel de la loi aux autoritée compétentes n'eet
donc pins, dans la hiérarchie des pou•oirs 'qu'un moyen
J'é5ulier de rendre la loi plus intimement présente aux
différentes partiee de l'état, et d'en assurer ~e dépôt dans
tous les lieux ota elle doit être obéie.
Cet envoi pouvant être fait paitout dans un temps déter-
qiiné, pourquoi D 'adopterait-On pas )a prOpOlition de fixer
un délai suffisant après lequel la loi serait, au même ins-
tant, exécutoire dans toute la France~
Une telle idée, qu'il n 'eât pas été possible de réaliser
tant ·qu'il existait dee cours qui avaient le droit de refuser
ou de suspendre l'enregistrement des lois, ne rencontre
aujourd'hui aucun ·obstacle.
Elle aurait, dit-on, l'inconvénient de retarder l'exécu-
tion des lois dans certains départemens, et surtout dans
ceux où il importe quelquefois le plus que les lois soient
promptement exécutées.
En retardant l'exécution des luis, lorsqu'elles sont déjà
suffisamment con~ues, elle pourrait donner lieu, dans le
temps intermédiaire, à un grand nombre de fraudes contre
ces lois.
M:'i" on peut répondre que, dans les cas rares où il serait
euentiel qu'une loi nouvelle fftt exécutée san.• délai à
Paris et dans les départemens environnans, cette loi pour-
rait le déclarer. Nous y avons pourvu par une diapœitioo
parti.c ulière.
Quant aux fraudes dont le délai peut devenir l'occasion,
on ne. les préviendra dans auc·un système; eal' la discu&1ioo
DB LA PVBLICA TION D.BS LOIS, 7
dei lois é'8ot publique, ceux qui veulent con1ommer de•
arraogemeo1 auxquels Ja nouvelle loi s'opposerait, auront
toujours le temps et la liberté de le faire avant la promul-
gation de cette loi.
Ce qui est certain, c'est que l'idée d'établir un ~élai
uniforme après lequel la loi serait exécutoire le même jour
dans toute la République , préviendrait cette diver$ilé de
jugemens sur leB même• questions et en_tre les membres de
la même cité, qui est un sujet de 1candale, et ces incerti-
tudes ·iocales sur l'époque de l'exécution de Ja loi, qui sont
une grande 1ource 4e difficultés et de procès.
L'idée d'un délai uniforme aurait encore l'avantage do
rendre l'exécution de Ja loi indépendante de la négligence
de l'homme, et de mieux constater le principe que, d1UJ11
notre droit public, le fait d~s tribunaux et des autre8 auto-
rités ne. peut plus rfen ajouter à Ja force et au caractère de
la Joi. '
Le rapporteur observe en outre .que l'idée d'un délai
unüorme dispenserait de recourjr à la distioctiob des lois
administratives, des lois judiciaires et des lois mixtes. Par
là on préviendrait tous les doutes, toutes les inoertitudea
qtû pourraient naitre, dans tout autre 1ystème, de la né-
cessité de fait'e cette distinction. De plus, l'unité dans le
mode de rendre les lois exécutoires influerait, plus qu'on
ne pense, sur le degré de confiance et de respect qu'on
doit à toutes les lois.
La Pau1u CoHuL dit que déjà la constitution suspend de
dix joun la promulgation de la loi : ajouter encore quinse
jo~n à ce terme, ce serait souven.t manquer le but que
s'est proposé le législateur, surtout lorsqu'il a porté dès
lois répressives, ou d'autres lois dont l'exécution ne peut
,. être différée.
La Co11suL C.a.u.a.cbàs applique la même objection aux
lois civiles. Il en est qu'on pourrait éluder pendant le déiai
qui s'écoulerait entre le moment où . eJles seraien~ dé-
8 811C1Jt810WI., •oTm , etc.
Cl'éSéell et te moment oà elles obligeraient ... clteyeo1.
!J. PollTA-LH ttpoad qoe, quant aux loi1 répl'elllv•, te
remède est dans le projet de loi, puiaqu'il accord~ la faéalté
d'abréger le délai général.
Peut ce ~i ooecerne la publication 4le1 lei• civiles, l'io-
oonv~iewrt qu'on a relevé 1Ubel1terait dans tous les "Y""
lèmes.
La Pa1•1n ConUL dit que la eection patalt •'écarter .de
1e1 propre. prinefpes, lonque, contre lea dispositions dû
droit romain et l'opinion unanime des jurisoonaolaa, elle
admet que la loi ne sera pas obligatoire .auaail6t qu-.Slle
aera c0n11ue.
M. Bo111.n objecte qu'il en est ainsi daaa le système de la
Ugislatioo actuelle, puisque la loi ne devient exécutoire
que 4a jour où l'eoyoi qui en eat fait a élé mentionné 1111'
lé registre de l'administration.
M. lîœoaaa.11 dit que c'est dans la constitulion qu'on doit
chercher la 11ol11tiqo de la question.
Elle veut, article XLI , .q~e la promulgation soit faite par
le Premiu Comul. Le mot promulgatio11 Teut dire pvi>lication.
C'est·donc le Premier Consul seul qui publie.
L'enregistrement n'est donc pas *eaaire à la promul·
gation ; car la promulgation appartenant en 'entier au Pre-
mier Co1111û, il ne la partage pas uec un préfet. L'enregil-
n'ment du préfet est uo simple acte de dépôt, qui n'a pu
pour objet de faire connattre la loi. Ma.i1 cet emegistre-
ment n'est pas connu le même jour dans toute·l'étendue
de la préfecture , ,non plus que la promulgation du Prt>mûJr
Co11Sul dans tous les départemena. Que faut-il donc aj~ter
à la promulgation pour s'a11urer que la loi est connue il un
délai daas lequel la notoriété de la promulgation puiue
probablement panenir à tous les citoyens. C'estlàla règle •
mlvie en Aaglet~ et en Amérique. Cependant, comme
il serait ridicule d'établir un tarif des distances., on pour-
rait '1 avoir ~ud. d'ane manière générale, et dire que o-1

'
DB U PVILICATI01" DU 1.018. 9
ne pG111"n prétendN Ignorance de la loi , Je joUI' mélne de
118 ~·~ liaot te iiea où 1iége le gouverllf:IMot, et
dait1 tee autres liem après un délai de dlMf jMl'S par di.
1a111ee de trente Htna.
M. TaowcBBT dit que, dans cette matière, il faut dietia-
guer le fait de la théorie.
La théorie est que lea lois ne eoot obltgatoires que lors-
qu'elles sont connues; mais, dans le fait, on ne peut
tl'OU•er de· formes pour donner coonaill88nce de fa loi à
chaque citoyen individuellemeat : ·ta düliculté augmente
wr6me par le ·peti <fempressement qtie met Je 00111mun
des hommes· à 1'instr9iro des lois ; lorsqu'i1' ont heaoin
de 1es interroger, ils. s'adreueot aux jorieèonsultes. On
doit donc chercher un moyen qui fasse connaitre les
ten à ceux qui veulent •'en instruire. On ne pouvait
espérer ce résultat des formes usitée• jusqu'à préeent;
ellee avalent fl'ailleun l'ioconvéflient de varier, suivant
les lieu:a:, les époque1 où les lois devenaient obligatoires.
Dans cet état de choses, le mode proposé par la section
parait le eul possible : il n•est pits sans iacon~éniens;
quel autre mode en estexemptP·C'estsaosdoute une grande
cUftlculté que le retard qu'éprouve l'exécution des loi• qui
commandent et qui défendent; mais le projet y remédie.
' Quant aux lois facultali'ves et à celles qui agi111ent indépen-
damment de l• volonté de l'homme, comme 11ont les lois
qui règlent les succeSAioos, le retard du moment où elles
deviennent obligatoires ne bleste que l'intérêt parti~alier :
mais il sert l'intérêt général, qui veut que les lois devieo-
lfent obligatoires partout au même moment. Au mrplus,
ce serait se jeter dans des débats interminables, que 4e
'fouloir établir la distinction des lois qui commandent, de
celles qui permèttent, de éelles qui défendent. Il est. pré-
férable de choisir, pour rendre la loi obligatoire, l'époqae
où elle peot 1'tre connue de tous. Ce macle cependadt ne
di•peneerait patS d'ordonner, p&r un réglemeol ; que le
10 DISCVHJOJllS, MOTIPI, .etc.
ministre de la justice sera tenu d'envoyer la loi aull tribu-
naux et llUX autres autoritél dan1 un tempa .détermbH~. Il
faudra auui mettre quelque différence entre le oontin8Qt
et les oolonies, à l'égard du délai général après lequel Ja
loi devra être exécutée.
M. Bo11uy propose de donner au gouvernement le droit
de fi.1.er l'époque où Ja loi devieodta obligatoire dans
chaque colonie.
·L1 Pu•JBa Co1'S11L dit qu'on pourrait la déclarer exécu-
toire dn jour de son arrivée.
Il demande pourquoi, en général , lei lois ne seraient
pas réputées ellécutoirea du jour où elles seraient présen-
tées à l'audiençe des tribunaux par le commiuaire du
gouvernement.
M. Rœonn observe que çe 1erait faire revivre l'anQienue
forme de l'enregistrement.
LB Pamuu. CoHuL per11iste à penser que ce serait offe~aer
la majesté de la volonté nationale, que de ne rendre la loi
obligatoire que vingt-cinq jours après qu'elle est connue.
lU. BouL.n dit que, si l'on datait l'empire de la loi du
jour où elle 1erait présentée par le commiuaire du gou-
vernement, on laisserait à ce magistrat la faculté d'en
différer l'exécution.
LB Mnusni DB u J11snc1 dit que la publication de la loi
n'est complète que lorsque la loi est physique~nent présentée
dans le lieu où elle doit être exécutée; ainsi l'on ne peut
s'empêcher. d'avoir égard aux distauces. Le.meilleur moyen
à prendre pour règle , est de déclarer la loi exécutoire du
jour qu'elle est présentée par le commissaire du gouverne-
ment.
LE C0Ks11L C.lMUcÉau dit que les ineonvéniens qu'on
.
croit devoir. résultel' du modé actuel de' publication det
lois, ne sont pas jusqu'ici juslifiés par des exemples. La
seule question que ce mode ait fait naitre, est celle de
savoir si les h'ibunaux: sont obligés de jt1ger conformément
DJI LA. PUaL.ICA TION DBI LOll. li

à la loi avant de l'avoir reçue. Le changement qu'on pro-


poae d'apporter au mode actuel de pnblioation est donc
sans motif : pourquoi priver oelai qui Tit dans· un dépar-
tement oà .la.loi est connue, de la faculté d'en user?
M. Racmu pense que les Français étant égaux en droita,
ilfl doivent tous être soumis au même momeo.t à l'empire
de la loi, quelle qu'elle soit, rigoureuse ou favorable.
Ls Pa,DI•• Coasur. di~ que le principe de l'égalité des
droits est respecté, lorsque tous les Français sont égale-
ment soumis à la loi au moment où elle arrive dans le
lieu qu'ils habitent. .
Il. han dit que l'uniformité du délai prévient les effets
de la négligence ou de la malveillance des tribunaux qui
différeraient de publier la loi.
Il ajoute que la promulgation de la loi la rend obligatoire,
mais qu'elle ne devient exécutoire que par la.publication;
qu'ainsi , ne pu adopter le sy.atème d'un délai uoifonÎle,
c'est s'exposer à faire vivre pendant un tempa sous des
règles différentes, des eontréea, même peu dietantes l'une
de l'autre.
M. Bnr.oa croit c1ue la nature des choies repou&1e in-
vinciblement un délai général et uniforme ; mais il pense
que l'on peut et que l'on doit, d'après une. autre donnée,
et sur une autre ·plan, prévenir. les effets. soit de la négli-
gence, soit de la malveillance, qui tendraient ~ priver
• quelques portions du territoire françaia du béoé&ce d'une
prompte publication de la loi. Il n'y a, selon l'idée qu'en
a fournie M. Rœderer, qu'à régler par les distan~es le jour
0/.1 la loi deviendra obligatoire dans chaque département
de la République, san~ le secours d'une publication ma-
térielle : ce qui doit tout concilier.
M. TaoitCRBT dit qu'il ne suffit •pas , pour que la loi
reçoive son uéoution, qu'elle soit connue des citoyens;
qu'elle doit encore étre dans la maio du magistrat, et
qu'on ne peuts'en assurer qu'en accordant un délai gén~al.
12 BUCUll&IOllt , aOTIJIS, _,te. .
M. BU1.1u réplique .que ce délai général et u•iforine
ne donnerait pas l'assurance que la loi fât pa..Yeoue aux
tribunaux les pl1.11 éloignés, au jour où elle: clevimdrait
obligatoire : au 1urplu1, ee n'est pas au motneot' précis où
la loi aequerra ce caractère, 44ue les citoyens eeront 41ansJe
eae d'en de{Jlaader l'appliication au magistrat, do moins en
ce qui touche à l'ordre judiciaire ; et la loi .era aana la
main dea juges, long-temps avant qne leur mioiltbeeoit
ia•oqué. \
La Pas••n Co"Rsur. soutient que le système de la section
embarrasserait l'exécution de la .loi. Il faudrait sans ces11e
mettre en délibération l'époqaeà laquelle la loi deviendrait
.Wigatoire : le délai génél'al oe aerait maiatenu que pour
les grandes lois civiles; il eerait abrogé pour toutes leti
autre11. Il e8t peu cle &oi11 dent l'exécution puiue MJJe dif-
férée pendant vingt-ciaq joars; et lorsqu'elle ett très-
urgewrte, il faut que te go~uememeet puiue l'accélérer e11
eniveyutt dè11 eo11rriers ntl'aordioairea.
l..a M1w1sTaz J>B u Ju&TWB 4it que déjà les tribuuaax ont
reconnu le principe que la loi ,.dans les matières miles,
peut Mre exécutoire du m-.eot l(U'elle eet cor.nue, et ad-
mettent lea actes dana lesquels l'une des partie8 dklare
qu'elle stipule d'après une loi prom.ulguée et ooo encore
enyoyée à l'administratioa. La promulgalion ,-en effet, est
la naie publication de la loi; la publication locale n'a été
imaginée tfUC pour en répandre da.aotage la oonnai111ance. ,
Il. Poa~.lus itit que la promulgation complète le carac-
tère de la loi ; que la publication est la conséquence de la
promulgation, et a pour objet de faire connaitre la loi.
Il ue pense pas, au surplus, qu'il eoit contraire à la ma-
jesté dè la loi, de la laisser quelque temps sans exécution,
lor11que c'est la loi ell~-ménie qui le '\°eut.
L68 difficaltés qu'entraine le retard n'eixifltent <1ue JIUl~t·
lC!lllois administratives, parce. queordioairemeuùlles sont
urgente&. · ·
D.& · l.A PVBLICÂ T JOK JUii LOIS.

L1 .,....,.._ Colftwi. prepo.e do regarder le csbM.lieo de


ebaque dépanemont.comme le point de oeotre où la loi
doit être publlée , et de régler le délai à raison d'un jour par
-Ying& lieuee, à partir de la 'fille où la loi est promulgde.
Cependant~ la prélouaption de la aotoriéU reposanr sur·i.
princi1>e que la loi est obligatoire lor*{u'elle eat connue,
le gouvernement, daoa .tei circooaancet urge.tes; pour-
Nit abr~er le délai, en eaYOyant la loi par d!'B coarriel'fl
extraor4inaües.
M. BtGOT-PaÉ.lMBBBU pense que la publicatioa matérielle
peUt iellle donner ao gouvernement l'a81urance qu'il a
Ntnpli lé. dMolr de faire connaitre la loi. Commeat, d'ail-
leun, le tribunal de eauatiou pourrait-il âanuler des ju-
pmena ob la.loi serait bletléo, ,,1 n'a la certitude qu'elle
a ét6 connue par les juges? .
LB PBB1110 CoNfll'L met aux voix la question de saTOiw ai
ta. l9ia n• IEl'J!Ont obligatoires qu'après un délai général.; il
in'flte les Ndacteure tlu Code civil à Yoier nec les eonteil·
lenul'état.· ·
LB Coxs1t1uejette la proposit.lou de fiur un délai géiMlral
et nnirorœ.e Il l'exécution des lois.
'' L-11 PH••n CoHuL cbaTge la section de pré.enter aa autre
projet d 1artfcHi•

. M. Pot.nua fait lect1,1re de l'arti~le 2 ,, lequel est ainsi


CODÇù:
c _La loi ue dispose que pour l'avenir; elle n'a point
~ d'effet rétroactif.
c Néaomoi.ns la loi interprétative d'une lpi précéd~ate
• aura son effet du jour de la loi qu'elle explique, .saru
• ptéjtidic~ dea jug"~eu rend.us en de.rQj.f:r ressort , des
• &ranatcslion• , décisions arbitrttlea et autres pauéea e~
a force de chose jugée. li
ll esp°"' quo.le prillp~e de la IMUl-fétroatttivi&é des.J_eis
ne peut être contesté.
J 4 DllCUSSIOWS t •OTIPI • etc.
Tous les tribunaux , cootinue-t-il , approuvent la pre-
mière partie de l'article ; mai1 la aeconde eat l'objet de
plusieurs obsenations.
Le tribunal d'Agen prétend que les lois, m•me simple-
ment ·interprétatives ou explicativea 1 ne doivent ·point
a.oir d'effet rétroactif. ·
L'opinion de ce tribunal est iaolée.
Ceux de Lyon et de TouloU&e voudraient que l'on déter-
minât les bornes dans lesquelles une loi purement expli-
cative doit se renfermer. ·
Le tribunal de Douai obaerve que les jugemens en àemier
ressort ne sont pas les seuls qu'on doive reapecter dans
l'application d'une. loi interprétative; que les jugemena
de première in111&ance qui ont été acquieacéa, ou dont on
n'a point interjeté appel dans le délai de droit, méritent
la même faveur.
L'observation est juste : on pouuait aisément remplir
les vues de ceux qui la foot, en ajoutant un mot qui p-0.t
envelopper toutes les déciswns passées en force de chose jugée.
Mais il serait plus diftioile de déterminer eo thèse ce
qu'on dllit entendre par une loi purement interprétative;
Il serait peut-être ·811ge de supprimer la seoonde partie
de l'article, en laissant les cho868 dans les terme& du droit
commun.
M. Dan1110K dit que le principe de la non-rétroaotiYité,
quoique inconteatable, ne doit pas être réduit en dUposi-
tiora législative, parce qu'il n'établit qu'un précepte pour
lei législateurs. ·
M. Bol!Ln répond qu'il établit aussi u~ précepte pour
les juges.
PL11s1a111.s 111naas ou Co1'SB1L demandent que la 116COnde
partie de l'article soit retranchée ; ils la regardent oomme
• inutile.
La CoKSBtL adopte la première partie de l'article, et re-
tranche la seconde.


DB LA. PHLICA.TIOl'f DJ!8 LOl8.

M. PoH.à.UB fait lecture du 5• et du 4• artiole, leaquels


·sont afusi conçu1 :
Art. 3. • La loi oblige indistinctement oeux qui habitent J
• le territeûe. L'étranger y e1t soumis pour les biens qu'il
"' y pouède, et pel'IOnnellemeDt en tout œ qui intéréue la
a police pendant sa résidence. •
Art. 4. "'Le Français réaidant en pays. étranger conti-
• nuera d'être .oumù aux loi1 françailes pour ses biens
• situés en France, et poui: tout ce qui touche à 10n état
• et à la capacité de sa personne. •
Après une légère discussion, ces articles sont renvoyés
au projet de loi relatif aux penonnes qui jouissent des droits
ci'fils et à cielle1 qui n'en jouissent pas.

M. Poauus fait lecture des articles 5 et 6, lesquels sont


ainsi conçus :
Art. 5. • La forme des actes e.st réglée par les lois du· ap. a
• pays dans lequel ils sont faits ou-paSllés. •
Art. 6. • Il est défendu aux juges d'interpréter les lois s
•par voie de disposition générale et réglementaire.•
ce, articles sont adoptés.

La ll.&.•Poanva lit l'article 7, lequel est ainsi con\lu : '


•.Le juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence,
•de l'obscurité, ou de l'insuffisance de la loi, se rendra
" coupable de déni de justice. •
. Il observe que cet article a pour objet d'empêcher les
juges .de suspendre ou de diftërer arbit~airement leurs dé-
cillons par des.référés au législateur.
L'article est adopté.

M. Pou.&.us lit l'article 8, lequel est ainsi conçu : ••· s


• Lorsque, par la crainte de quelque fraude, la loi aura
• déclaré nuls' certains acles, 1e11 dispositions ne pourront
" ~tre éludées, sous prétexte que ces actes ne sont pas frau- .
• cluleux. •

-~ .. .- ____ _
i6 DUCUHWIU , . MOTJI& • etc.
M. n.~ ol:tieote quo l'artielcs eQppoae
t(MO la loi
pourra déclarer nuls des actes non frauduleux.
M. Poiui.1s l'époni que la lé& ne pouvaot entl'.er daos
l'eumen Ale chaque 1tcte, eat obligée, daus .OIJl'taiu eu,
de statuer d'après one présomption géoérale de lrt.title. Il
cite pour exemple la déclaration de I ') 11 , qui déclare INla
les tren1porta faill clan1 les douae jours avant la f~illile.
L'arliele ut adepté, avec la subatüution du· mot pré-
soarption au met ~raùrte.

6 M. Poauus f~it lecture d~ l'article 9, lequel est aipsl


COPÇ'1:
• La contravention aux lois. qui intéressent le publiç QU
" les bonne11 mœurs ne pourra être Ctluverte par des con-
1 ·iventions ni par des flot de non~recevoit.• "
M. BouL.n propose la rédaction suivante :
" Il ne peut être dérogé par des actœ particuliers aus:
• lois qui intéreiseot l'ordre publio etles boonea mœun. "
· Cette rédaction est adoptée.

(Proc4.vori>al de la Sé1t1ce du 6 thermidor an IX.- •5 j11illel 1801.)

M. l>ôauus présente la nouvelle rédaction du projet de


loi! arrêté à la dernière séance' concernant la publication, les
effets et l'application des lois en général.
co111. M. Bouuy propose de ne pas faire, des dispositions du
projet, un pr,ojet de loi ·particulier, mais de les placer
chacune dans les divers projets auxquels elles peuvent se
rapporter. Les articles· relatifs a la publication des lois se-
raieut placés à la fin du Code civil.
M. Rœ»BllEB obaerve que ces article• '.n'appartiengent
pae 1pécialeœent à la légi1lation eMle; qu'ila tûtnnat au
droit publio , et dOivelit ètte le sujet d'au lei particWibre
et indéP,endante.
M. TaoNCB'l!T pense que ce serait trop laisser durer leu
DB LA. PVBLJCATIOl'f DBS LOIS.

incoovéoleo~ du ·.mecie aetuèl de pnblie:idGn , que cte relé-


guer à la fin do C'ode civil les ditpositiooe qui établiront
un meilleur mode ; qu'U importe ln~me de publier, sui·
• jl
va~t le mode. aou•eau , lft lou ·civiles qut vont être
faitea. ·
La Coâ11L CJ.uJ.ciaà& demante s'il est dans fintention
de la section de placer l'aniole qui défend aus: juges d'in-
terpréter les lois par ~oie de dieposition générale et régle-
mentaire.
M. Rœ»nD. observe que tette disposition réglant le
pouvoir des juges, elle doit être la matière d'une lot sé-
pal'ée.
La Convr. CaaJ.oh.89 dit qu'en adoptant la proposition
4e M:. JJoulay; on se trouverait souvent embarrassé stir le
cl.aasement des articles du projeL
M. Taoi.can pense qu'on pourrait sans d\fticulté les
placer ·.tans le Cdde civil, qui sera comme le péristyle cle
la législation française, lorsqu'elle sera partagée en un
petit nombre de Code11.
La Co1'8'11f., consulté, maintient la délibération par la-
quelle il . avait, dans la précédente séance, réuni en un
seul prGjet de loi les articles relatifs à la publication, aui
effets et à -l'application des lois.
LB PHMIBll CowstL ordonne l'iniprés11ion de la nouvelle
rédâetfon présente par M. Portalis. ·

· (ProcU-verbal cle la Séance clu •4 ther111idor an IX. - • aoit 1801 . )

M. Poauus fàit lecture de la ·nouvelle rédaction du


projet d~ loi présenté dans la 11éance du 4 ~e ce mois , et
ntitotif' à la 'publicatlon' aux effets et à rapplication des loiS.
L'article i•• est ainsi conçu :
• IAs lois seront "xécuioires dans 'tout le territoire con-
• tinental de la République, à compter de leur prom11lga-
• &ion pat- le Premier Consul ; savoir :
......

·_:_ _ ____..,._ ___ -


DJSCVSSIOIH. MOTil'S. elc.
• Dans le relllOl't du tribunal de... , après le clélai de.....
•-Dans le re110rt de. .. -, après le d~lai de ..... ·•
M. Dsnu:ow obaene qu'il serait plus simple de régler le
délai sur les distances caloulée8 par vingt-cinq lieues.
LB Mnnsnz DB u. Jowr1cs appuie la première partie de
l'ar~icle ; mais la spécification· de chaque re110l't lui parait
trop.réglementaire, et ne convient pas à une loi.
La Pn•aza Co:ssoL dit qu'on pourrait déclarer la loi obli-
gato(re, dans le lieu où siége le gouvernement, du jour de
la promulgation , et dans leumtres départemens, après un
délai qui serait calculé à raison d'une heure par lieue,
en prenant le chef-lieu pour point de distance : de ma-
nière que quand la loi y serait connue, elle aeràit réputée
l'être dans tout le département. Ce mode de publicatio.n
aurait l'avantage d'être indépendant de ioule dMsion ter-
ritoriale. Ainsi l'on n.e serait pas obligé de le modifter., s'il
survenait quelq~e changement dans les divisions actuelle-
ment existantes.
L'évaluation des 4istances aerait fixée par un réglemeot.
Cette mesure laÏ8tlel'ait au·gouvernement la facilité de mo-
difier la détermin~tion des diAtances, toutes les fois 41ue
des obstacles naturels' comme UJl débordement de tlv.ière'
la chute d'un pont, ou d'autres causes semblables, inter-
cepteraient les comnu:.nicâtions ordinaires.
&I. Towcsn objecte qu'il est des chef_.lieux de départe-
ment tellement rapprochés de Paris, que la' loi y devien-
drait obligatoire deux heures après la promulgation , c'est-
à-dire, dans un délai évidemment trop court pour qu'elle
pdt être connue dans tout le département. Pour échapper
à cet inconvénient, M. Tronchet propose de~~ d'aboN
un délai uniforme et invariable de dix jours , et d'y ajouter
ensuite un second délai calculé d'après les distances.
La P.1.u1u CossUL dit qu'on pourrait fixer le p1e111ier
délai à vingt-quatre heures. •
M. M.uLu1Lf.s troeve la rédaction de la section embar-
DJI LA. PUBLJCA.TI01' DBI LOJI.

ra&Me. Il prop0te la l'édaction suiYan.te : • Lonque les lois


c auront été promulguées , elles seront ex.écutoires dan1
• les délais ci-après. •
Il. L.lcvia voudrait que l'uticle a'expliquàt aussi 8UI' la
publication ·des lois danr les départemens ~OB contfuen-
taux.
L• PllllUD Co11111L dit que cet objet doit ~tre renvoyé au
réglement que le gouvemement sera autorité à faire.
. L'article de la section est rejeté. Le Premier Consul la
charge de rédiger un· nouvel article~ d'après les amende-
mens qui ont étll proposés.
L'article s est adopté; il t;1l ainsi ~oçu :
• La loi .ne dispose que pour l'avenir; elle-
• d'effet rétrôaetif. • · .
.
. n'a point

.. L'article 3 e~t soqpiis à la discussion; il est.ainsi :conçu: J


• La loi oblige indistinctement ceux qui habitent le terri-
toire. • •
M. Tao•cairr dit que cette rédaction' est trop générale.
Elle contredirait l'art. '} du projet sur les droits cit1ils, lequel
ne soumet l'étranger qu'aux lois de police et de.adre~.
On pourrait le rédiger ainsi ;
• La loi régit les prqpriétés foncières sitùées sur le ter-
• ritoire de la République, les biens meubles et la per-
• sonne des Français. • . ·
M. lilGIU.t!J> {.de Saiot-fean-d'Angely) obse"e que l;ar-
t.icle ne s'entet:1d que des iois civiles, en tant qu'elles pro-
noncent sur le• .droits perao.,rnela et sur la propriété dea
étraagera.-'
M. TaoBCDT répond què l'étranger n'est pas 80amia au:s:.
lois .ciYilea 41ui rècleot l'état des penoD11ea.
M. Rz.100 peaae qu'on peut laiuer aubeiater la ·rédac-
tion générale, parce qu'ensuite on établira les ex~eptioos.
M• .llae1'.l11D (de Saint-Jeaa-d'À.ogely) qpoad que l'on
serait forc6 d'aller plua loin , ai l'on youlait énoncer ic~
l'o


!10 ~18CU8H01'S ~ MOTln. etc.
to11tes.le. ellOefllione.: dia ne coaceraea& pas ••• .éff!Ml-
gen seule , ·œaia encore les femmea fralfçaitea marié.,. à
des étrangers, lês Françaises veuves d'~lNDtJen, et· plu-
aieure autree per.Mnnes.U suffit doac ici do poeer le pl'dcipe;
let ueepJion• 's•"troun~nt dallll let aulrea projets de loi•
• M. TB01'CBBT prop.ose de retrancher le mot indùtincteraent.
L'artielo e8' adopté a~ec cet aaeode-._t. .
ap. 3 L'article 4 e&t soumis à. la discussion; li est ainsi cons:u :
• La for1ne des. a<:tes est réglée par les lois du pays.dans
• lequel ils sont fàits ou passés. • .
M. RamBB·u . dit que, si dans cetadicle l'on a ·en vue les ·
actes passés en Fraace, on suppose que la forme dea acles
ne eera pair la mêo1e. dadlt loua let 'départernena; que ai la
dispositio~ ~'applique aux actes passés en pays étranger~
le légi11l~teur sort du cercle oil i{ doit se renfermer, parce

.
qu'il ne lui atipartient pas d'étendre sin pouvoir au_.dclà
d1i territoiré français. Il cotÎ\·iendrait donc de se borner à
dire quQ les actes laits par des Français .en pays étranger
.

snnt valable~, lorsq'u'ils so~ t clans la forme prescrite par.


l~s lois du pays où ils ont 'été p;1ssés. ,. . . . 1
· l.\l. REGNIU. ob11erve que de tels actes sont valables en
Fra~1ce·, même lorsq~'ils ont été faits. par Jes étrangers; il ·,
ajo~te. qu'au .su.rplus .le l~gislatenr français· ;1e. prononce
sur le mérite de ces actes qu'autant qu'on les ferait valoir
eu Françe, et que les tribuuaux fran'çais seraient forcés
, . •. t •
d~ les juger. ' •
L'article est adopté.
Lca articles 5 et 6 sont présentés à la discuuion.; n.:•at
aia..l OMÇCM : ' .
Art. 5. •Il e&t. défeadu au ·juses d'ioterptéte11'hli lèitt.
• pa' v6~ de di11position générale et régMmeotalre. •
' Art. 6. •Le juge ttoi n,fueera.de juger" 80U8 prétes&e•dd·
• silencie, de l'oltsç~rité oo de-l~ntalli1111noe de-.la loi , se
• rendra coupable de déni fla jolltioe. •


DB LA PUB LI CATION DBS LOIS. 21

'· M.. RBGtuin demande què·l'article 6 i!OÎt f>lacé avant l'ai'·


.
tfclê 5, parce que. l'ordre natUrel d~ idé6s veut qu'ou
·iodique au-x jugt• ce qu'ils devront faire, avant de leur
dire ce qu'ils ne pourtout pa1 faire.
lt observe que le mot ûtterpréter, ~mpl<>yé dans. l'arti-
cle 5, pourrait ehoquer ceux qui. ne saisiraient pas le sens
dans lequel on l'émploie; et pour prévenir eet inconvé-
nient, il propose la 'rédaction .suiva~te :
•Les juge& ne prononceront que sur les cauaes·qni leur
• seront présentées. Toute di11positii>u générale et régie.;.
• mentaire leur est interdite. ·• · .
LB Contrll CA.MUcillÈs cm qu'il est sage d'empêcher les
juges de oréer des difficultés sur le sens iles lois afin de se
diapeôser de prononcer; mais que l'article 6 est si impé·
t"atif, que le juge pourr;l statuer, qnoique' la volohté de la
loi soit incertainll, ou même avec la conviction qu'il s'en
écarte. Ainsi la rédaction ~posée peut faciliter les usur-
pations des tribunaux snr le pouvoir législatif.
M. P'oauus répond qu'en matière criminelle fe juge ne
doit prononcer que torique 'la loi a qualifié de délit le fait
qui est déféré à la justice, et qu'elle y attache uoe peine;
qu'en matière civile, au contraire, le juge ne peut se re-
fu11er à prononcer indistinctement sur toi1tes les causes
qui lui sont présentées, parce que, s'il ne trQuve pas dans
la loi. de règles pour décider, il doit recourir à l~équilé
naturelle. Le juge civil est le ministre de la loi, quand la
loi a parlé; li est l'arbitre des différens, quand elle se tait.
Il s'élèvera toujoùrs beaucoup de contestations qu'on ne
pourra juger pal' la loi écrite. Ce ·s erait trop multiplier les
lofa que de 'les füire "nattre des doutes des juges.· On peut
donc employer le mot illtcrpréter : on peut aussi le retran-
cher sans inconvénient, 'p ourvu qu'on conserve le prin-
cipe.
LB MituSTBB 'nE u JtrsTICE dit qu'il y a deux sortes d:inter-
pnftations, celle & législation et celle de doctrine; que cette
" Dl8C1JUJOIH • llOTIP8 • etc.
dernière apparti~nt euentiellement aax tribunaux_; que la
première est· celle qui leure1t interdite; que lorsqu'il ei~ dé-
/en.du aux juges d'interpréter1 il est évident que c'e1t dè l'in-
terprétation légùlati11e qu'il •'agit; Il cite l'article-7 du titre ier
de l'ordonnauce de 1667, qui défend aux jugea d'interpl'éter
ks onlonnances. Il en conclut que le sella de ce mot étant
fixé, il n'y a aucun inconvénient à 1'.employer. :
M. TaoKCBBT dit que l'on a abuaé , pour réduire les jqges
à un état purèment pllllif, de la défense que leur avait
faite l'A1semblée constituante, d'iÙterpreter les loi• et de
réglementer. Cette défense n'avai~ pour objet que d'empé-
cber lei tribunaux d'exercer une partie du pouvoir légis-
latif, comme l'avaient fait les anciennes coun, en fixant
le aen1 des lois par des ibterprétation1 abstraites ef géné-
rale&, où en le' 1uppléant par des arrêta de réglement.
Kais, pour éviter l'abus qn'on en a fait; il faut lai1ser au
juge l'interprétation , sans laqpelle il ne peut éxeréêr aon
ministère. En effet, les contestations civiles portent 1ur le
aens différent que chacune des parties prête à la loi : ce
n'est donc pas par une loi nouvelle, mais par l'opinion du
juge' que la cause doit être décidée. La né0011sité d'établir
ce principe rend les articles 5 et 6 indispensables.
On craint que les juges n'en abusent pour juger conke
le texte de la -loi : 1'il11 ,ae le per~ettaient, le tribunal de
cassaiiOn ané.antirait leun jugemens.
Au reste, polll' ne pas laisser d'équivoque, on pourrait
rédiger ainsi : • JI est défenclu aux tdbunaux de pronon-
• cer' par voie de dispo1iiion générale et ~lementaire·,
• 1ur les causes qui sont portées devant eux. •
L'article 5 est adopté, et placé dans l'ordre propoaé _par
M. RP-gnier,

4 M. R.œDBHB dit que l'article 6 clonne trop de pouvoir au


juge, en l'obligeant de prononcer même daM le 1ilence
de la loi. Par exemple, -11i le Code ciril lie contenait point
Dll LA. 1'tl8LICA Tl01' DllS LOIS.

de dispositions sur la successibilité. de l'étranger, et qu'un


étranger revendiquât la succession d'un Français son pa-
rent, I~ tribunal devant lequel la cause serait portée
serait ilUtorisé, par la rédact~on de l'articl41, à décider eu
législateur une qu~stion politique de la plus haute im-
portance. Il appartient au juge d'appliquer la loi ; il ne
lui appartient pas de remplir les lacunes de la législation,
quand la loi ·garde uo silence absolu.
·Qu'on ne craigne pas le reto.ur de l'abm dont a parli-
M. Tronchet. Il était né de l'ignorance des juges d'alors, et
de.la crainte que leur inspiraient les partis qui déchiraient
l'État. La circonspection n'est pils naturelle aux juges,
11urtout lorsqu'ils sont éclairés et· qu'ils ont le sentiment
de leurs lumières. 1:
·M. Pon.u1s répond que le cours de. la justice serait in-
terrompu, t'il n'était permis aux juges de prononcer que
lorsque la loi !l parlé. Peq de causes t10nt 11osceptibles d'être
décidées d'après une loi , d'après un texte précis : c'est
par1es principes généraux, par la doctrine, par la scienœ
du êlroit, qu•oia .a toujoun prononcé sur la plupart de11
contestations. Le Code civil ne dispen11e pas de ces connai11-
aanees; au contraire il les suppose.
M. T•oJcan ajoute ·'fl!è quand, dans le càs proposé pas
M. Rœderer, le Code civil serait muet, le. juge prononce-
rait, d'après les principes généraux, sur l'état de l'étran-
ger, lesquels, refusant .à l'étranger l.es droits civile , le
rendent incapaQle de. succéder•
. M. Bo11r..n dit que la loi ne disJ>°"nt que pour l'a.venir,
il est ~oujours des contestations qu'elle ne peut servir à
juger, et qu'il faut décider par les principes généraux:
ce sont celles qui sont nées. avant la loi.
Il. B1GOT-Pau•u1t11 dit qu'il est dangereux de permeÙrc
aux tribunaux d'attendre une loi; qu'ils n'en ont pas be-
soin, parce qu'ilà trouvent to_ujours leur règle ou dans ht
loi ë·c rite, ou dans les principes de l'équité naturelle; que,
1
1

etc,
lll8CU8810l'IS, •OTIJ'S,

par cette .cousidé1,;ation, le ll'ibunai de caasatloa ~10..ne, j


pour cause de déni de iuttice et d'excès de pouvoir, tou
les jugemeus de référé.
L& Co11svi. C.uuu:uÈI! dit qu'il ~t imposaible d'attehube
le but io$fiqué .•pai la section, et d'éviter.Ica ï,convéoien1
qui ont été relevés dans la dUcuuion : clant ce detiaein , il
propose de aubstitu~ des expreuioas . t'acultativu a~x
termes impératifs d,e l'article; eu sorte -.u•un juge· qui
n'aura pas pro.u.olMlé ne ioit pas néces11&hement pour-
IUivi. Le ~ODtUI fü la ré#laction suivante :
• Le juge qui aw-a refulé de juger sous pritoxte ~u
• .Ù~ce, dé l'obscurité ou· de l'insuffisàoce de la loi,
I •

•.Pourra être . Poursu~vi comme coupable de· déni de


• justice, •·
Cette rédaction ee.t .
. adoptée.
••· s L'article ') est souin;s à la discussion; il est ainsi conçp.:

• Lo,raque, par la pré110mptioo do quelque fraude., la
• loi aura déclaré nuls certaius actes, sea dispositiodll ne
• p0;0rro11t être éludées sous prétexte que êea actes 11e 8011t
• pplilt frauduleux. •
M. R11c1uu dit que l'intention de la aectioo 'para•t.avoii'
été d'exclure" toute preuve contraire à. l'a présomption
établie par la loi. ·
La iédaction ne rend pu assez clairement œtte idée.
M. Rœnuaa attaque la rédaction sous un autre rappQrt.
Il dit. que la loi ne devant contenir que des dupOllitions
généralei, elle ne p~J.lt déclarer nui. certains actes, mais
certaines espèces d'actes. Des actes particuliers oe -peuvent
être •ilSPeota que parce que-, de leur nature, ils· sont
susceptibles de fraude.
M. Riu dit que l'article concerne, non les lois qui pros·
criveot towi les !!Cles d'une même etpèoe, mais des actes
de toutes les espèces loriqu'ils·sont faits dans certaines cir·
oonatancea. 4insi une obligation ROuaerite par un individu
DB LA. PUBLICA.Tl01' DU LO•· t5
en faillite,-dans les dix jours qui ptéoèdent la faWite; est
nulle, .non ..
. parce. qu'une obligàtion ·serait un act41 pul de sa
nature, mais parœ qu'elle a été souscrite dan" de.1 èirœn1- .
tanc~s qui la tlétri'8Cllt d'une présomption de fraude.
·M. l\œnuaa observe que Ce n'eat•pa~ à la lo.i , ma~ ·aux
tribunal1X, q,u'il appartient de déclarer nuls certaiu1 âcles
déterminés.
M. a...1IIBa répond que la nullité.doit èlre P,rononcée par
la l~i et appliquée ear ~D jugement. .
M. P~arllls dit que, dan1 la première 'réctaction, on avait
, employé le mot ,crâùae pour indiquer que la loi àéclarait
des actes nuls plutôt pour préveuir la fraude qùe parce
qu'elle suppose qq'ils ~~nt to~ frauduleux : il rappelle que,
dans la séance du 4 de ce mois, ce mot a été remplacé par
celui de prét.0mpti"11. .,
M. Bac:a1s1 piopo.e la ~ction suivaate :
. • Lorsque la loi' à raiaoD des circonstances, aurà. repu té
0

• certains actes frauduleux; on ne sera pas ad.mis• prouver


•qu'ils ont été faits sans fraude. " · ·
La Pauraa C~uuL trou:ve cette disposition trop res-
treinte. La loi peut annuler des actes pour d'autres causes
que pour présomption de fraude: .c'est ainsi 'lu'elle proscrit
l'obligation surprise par ~ductiori à un fils de famille.
M. · Poauw dit que c'était .pour rendre la disposition
auaai générale qu'il serai~ possible, pour y eomprendre
tom .les .actCJ auapecis d~ .f.r.a°'111., qu'on avait employé .
l'expres1ion par la craints de ~uelJle abus.
M. l\aol.uu obaene que sa rédaction eit dan11> les 'te.r.mea
de la généralité qu'ou désire; qu'au surplus le sort des
actes ·qu'elle n';atteindrait pas ae trouve réglé par d'autres
l~ia; que l'eaentiel eat de bien exprime.r que l'ou o'ad-
mettra en aucun cas la .preuve coutre la présomptioo.
établie ~ la loi.
M.. ,..._, dit que la section a voulu qu'oq ne mit
pas la vérité de i~ chose en opposition avec la présomptioa
t6 DH~UillOKS , llOTIFS , etc.
légale : cepeudant l'expreHion sous préterte, dont èlle se
aert, peut lainer au juge l'opinion· qÛ'il lui eat encore
permis d'examiner.
.
.. ··
r
.
La rédac~ion de &I.. .Regn._ier'·étant plus absoluè, remplit
mieux les. vue& de la eection.
M. Tn1uttDE.t.11 dit que/ dans l'intention de_la section ,
l'article ne s'applique qu'aux actes que ia loi annulle
comine les présumant frauduleux, et non aux 'aetes nuls
pour dol,° in~pacité ~deis contractan~ et autres vioes; ce
qui sera traité. aux Contrats· et 06ügations.
M. Rœi>uu prepose 1a·rédactioo suivante:
• LGrsque la loi , par· la crainte de qutilque fraude, aura
• prohibé ~rtains actes sous peine de nullité , ou ne sera
• pas admis à prouver qu'ils ont étè faits ,de boane foi. •
M. Taosê:.a•T observe que la prohibititn et la nullité ·dont
il s'agit ne sont établies qu'en .faveur des tiers; qu''ainsi on
ne doit parier ici que des actes frauduleux. • ·
La rédaçtiap. de M. RegnieF eit adoptée. ·

6 L'article 8 est 6Ôumis à la discuHio? et adopté; il est


ainsi conçu :
• Il ne peut ~ire ~érogé' pàr de& actes particuliers' aux
.
•lois qui intéreBSent l'ordre public ~t les bumies mœurs. •
. ,. . .

M. PollT.lLIS préaentearie
.
~roisième
. rédac&ioo du Projet
"! loi sur la publication, 11'e}J'ets et l'application des Lois en
Géné'l'l. ·
:. l,.'article 1 ••est soumis à la discu111ion; il est ainsi c~nçu :
• Les lois sont exécutoires dans tout le territoire français,
'en vertu de la promulgation qui en est faite pu le Pre·
• mier ConsµI. ' · ··
.. Elles seront exécutées daua chaque partie de la Répu-
• blique, du moment où la promulgation pourra _Y être
• coo·nuc.
DB LA. ltVBtlCA.TJOft DBS LOIS.

• La promulgation fai&e pir le Pre~ier Consul sera ré-


• p11tée con.nue dans ·tout le reuort du tribllnal d'appel de
•Parie, vingt-quatre hlurea après ~a diite, et dans tout le
• ressort de ohacuo des auti:es-trihunaux, après l'expiration
• ·du même.délai, augmeoté d'autant d'heures qu'il y a de
·• myri~mètres entre Paris et la ville où c~acun de ces t.ri-
• bunam a son siége:·"
M. F_ovacaoT obsene sur cet article que le délai d'une .
he~rè par myriamètre e11t éyidemment trop court pour le
contin~tt et qu 'fi est absolument impoiaible de l'appliquer
am colonies.
'. M. RBGHVD (de Saint.ilean~'Angely} propose.de porter
le délai à deox heures, attendu que le ·myriamètre est le
double de la lieue ancienne.
M. PoaT.&;Lll adopte ce chaogement.
Il répood à M. Fourcroy que le délai calculé par heures
est précédé d'un délai général de vingt-quatre heures.;
qu'au surplus il ne s'agit ici que du· continent: le délai de
la publication des lois dans les colonies ·et dans les Iles de
l'Europe doit être déterminé par un réglement. Les cir-
constanêes et les causes naturell~ rendent l'époque de
l'arrivée dans ces contrées trop incertaine' pour que le
délai pui886 êlre fixéfovariablement par une loi. .
, M. Ra«:1uvo (de Saint-Jean-d'An$ely) dit qu'alors il
dev~ent nécessaire d'exprimer l'exception dans la loi .. même•
M. PoaT.t.Ll8'réplique que l'exception découle nkturelle-
ment de l'article. If pose en effet trois principes : le premier
est que la loi tire sa fo~ .d'exécution de la.promulgation
qu'~n faille Prenlier Consif; le secoud, qu'elle est exécu-
toire dan11 chaque partie du terl'itoire françaill au moment
où elle peut y être connue; le troisi~me, qq'elle es' pré-
sumée connue dans. chaque dépa,tc.menk après tin délai
uniforme de vingt-quatre heures, augmenté d'autant d'heu-
res qu'il y a de myriamètres depuis le lieu db la pro~ul-
•gatioo jusqu'à la 1ille où aiége le tribuaal d'appel. Or, il es&
t8 DUCutSIOJll, llOTl118, etc.
évident que cette présomption n'est admissible que pour le
oontioent, et non pour lei lies· e.t les coloniea., dont fe che-
min peut être alongé, ou même. enftèrement hatereepté par
la eopt...ariété des vents ~ des aaisoO.. Il faut se régler, à
leur égard, pal' le 11eoood principé.
)1.. Taowcan dit qu'il laisse de c&té les colooies, poar·les-
qu~lles un -réglement particulier est i.adispt!Afl\ble; mais
que sur le O?Rtineot, la loi ne devient obligatoire que IOl'll·
qu"eHe ost pres.umêe connue. et qu'elle est arrivée dan11 la
main du magi1trat.chal'g~ de' la faire ew:écQter. Ctltte der-
nière condition ne sera pas accomplie si le délai • l trop
OOUl't. Cepend.ànt il ~t impoafble qu'én d~ux heures la loi
panieone même aux magistrats du département le plus
rapproché de Pari11. Si elle est publi~e pu ta vole du Bul-
letin, lequel contient toujours plusieurs lols, elle ne $ara
imprim.ée quelquefois que long-temps après sa promulga-
tion : 8' le ministre de la justice l'envoie en expédition ma-
oùscri~, ses bttreaux.suffiront à péin·e â l'expédier dans un
laps de temps considérable. Les anciendes lois Rxaient or-
dinàirement les délais à un jour par dix lieues ou au-des-
IOUS. Le calcul dei distances par heures éotratne de grne11
inconvéoiene. • ·
La.CoNsuL CaudaÈa rappelle que le Conseil a adopté le
priooipe de cafo~I par hc:ures.
. . .
·
Il. TaoNcen di& que pour prévenir les questions lmr les
.
41ûtaocee, on se propose de les laisser déterminer par le
.

gouv81'uenient; et que cependa1Jt on •.. e lui donne plue


asaez de latitude, si QD l'oblige de ~es régler par le cale1.U
des heures. •
La CowsvL Cauciaàs dit 41oe le délai de vfogt~quatre
. heures est. eerlainement trop court po11r que ia loi puiue
être connue dans tout 1,ressort du tribunal d'appel de Paria.
M. TaottcaaTobserv~ qu'il est impossible cl'ènvoye.-la loi,
dans ·Je délai proposé, aux cbef1·llcux des départeméns,
aux tribuoauxd'appele'tauxtrlbUoauxde P,.emière Instance:
.' .
DB LÂ PUB!JCATION uas· LOJS. 19
·M, Dt!rlll)IQJ. di\ que, ·p11tsque.l'objet.qu'oA se-.propoae
esl, <J''yiJer tOQ"' .difousfi•o _a ur le ~ipeo.t où ·la- loi .Ora·
defeQue obl~re., Mà IW-tioa d'un.délai ~éteraü&éesl ce
qu'il y a d~ plus impor'°'nJ. L'éte•~Utl du déiai n'eat plU.
0

qu'une qt1«11tion aeeondaire. Il n'y a pas d'incenvéniena. à


0

BQ la J>~" trop tts~etrer, d'autaat pl':18que·11' loi e1& çqu11Uff


· aua&i.tôt. qu'elle·eat 4éotélée. Qt11uu au~ -lois 4·..
~, il.
eat l>eauÔOop de IMJeâs. /d 'eQ. bâle11 la puWiiLeatioJ>,. .
1\1. Poauus dit qu'il's'agi_t m9ios, ·eo eft6&, de·rrc:Nvet ~·
IMaJma·de · ~ire e•naltn11 la lui, 411.tMfo fiJer ml&époq11c
où 0 clle ser~ ceos~ç connue .
.LB Couoi C.u nu.eéa.is flx.ci 1'4t._t. de la déübératiob, et
met d_'abord. aux :voà. la tf1'88lÎOD de 81lVOÎf Ili · l'QD mafa-
tiendralâ tmltien .du délai a.d optë d.Hs la èeroière &.éaaae.
L:a C0Ks1u1. décide qu'elle ne. ...a. paa maiotea.e.
. .
LB Co!fS11'Louvi:e la discussion sur la durée du premier
~ai. Sœa.t-il de 'dilgt•fiU'1l'Che1U'ea 09 .dot pl..._ it>"'8'?
'.lleHe.eat la· qêleldioo ·qÛ'il proptiè. · .
M. R1,Gnvo (de Saint-Jean-d'Angely) propdlla de le ·6~ ·
à hrois,joara,:alltm..\tJ que vi•gt-qu'aire ~•-- ao11,"1i.1raient.
pi.li.pour faite <Joqattre·la loi danil toat fartondia&emeol ·
du vibuoal-"appel,de Paria. ·
L-e-MnusTu ,. u.J11st1cB pense qu'il ya un autre motif.de
le'f*oUogà ~ c'est. tiit,.il, ftWl le momeb-C ai l'imptè1sion
de lil loi est achevée· ne péut concerder a.•o Le dép•rt.de
toù1 lea.oourriera 'tri
doivent la porter dama-ies départernens.
LE Co1'18tJL C u1u.cà•ks di\ que, dans cette discUSlloo ,: L'eo.
ne dolf pu se llcririe1 au·aèut intérêt dU magiUi:U;. qu'il y
a:d11or à cOIUâdérer l'i11t,rét des pal'liculierai, qui, s'ap-
puyant sur I~ principe, qae Ia loi est e:s;écuteire lonqu~eUe
eet OC>QWe ,. CODtraoteat d.'aprèl la loi, avanl qu'4llo aoit
panenueawc magistrats. . · •
Id! Mmstn »• u Jvà'JCB. o-.ve que la di&liocti.on si
jmte· qae Tient de fa•te.Consul ne •'applique qu'•u• ma-


3o DISCtJISIOl'fS •, MOTJl'I , ete.

t.ièrea civiles; mais que, dans le criminel, ot1 doit préfOir


le cas où un.dé~t· serait commis entre la sanction et la:po-
blication de la loi qui le. punit~ que par C(J molif, il faut un.·
délai unifo~e pour toutes Jes lois. ·
M. PollT.ltis dit que, puisqu'on adopte le principe que la
loi est exécutoire lorsqu'elle. est connue' il sUf&t' pour
qu'elle le d'e\&Ïenne, que· le délai après,leqmll il est possible
qu'elle soit connue expire, satis qu'il soit nécessaire que le
magistrat l'ait reçue.
. La M1ionu DB LA Ju&TJCB prepose de fixer le premier délai
à qua~ante,huit heures.
M.. BotJLu pi:opose trente-six heprès. ·
.Cette dernière proposition est, adoptée•.
. fat CottHJL arrête ensuite 41ue le 'tecond délai tera de ·
deux heures par myriamètre.
1/articl~ est adopté avec c:.es cleus amendemens.

M. B1croT-Pu&unu demande qµ'on fise d'u~e . manière


préèise le moment ou écherront lés .trente-six heuree du
premier délai.
M. PoauL11 observe q~e le mot après_ qu'il a empleJé., ne
laisse aucun dou·le sur .le di~ thrllini; qu'il n'y aurait4e
doute que.ai l'on avait dit dans les tren\e-lix he,oret.

Les a~ttes articles IJ(>nt aueceaaivemeet aouqus à la dÎ:&."


ctinion, et adoptés; ils sont afoai conç~s : ·
· ·Art. 2. • La loi ne dispose .que po\lr I:.aTenir; die n'a
- point d'effet rétroactif,.• ·•
3 Art. 3. •La loi obli~ tflua ceux qui habitent le territoire.,
ap. 3 Art. 4. •La t'ormé dès actes est réglée par. les 19 du• .
•paya dana lequel ils ,sont faits ou paBtés. •
ap. s Art.·5; c Lorsque la loi, à raison des cirooostaoces, aura.
« réputé frauduleux certa~os actes, op ne ~a pas admie à
« prouver qu'ils oo.t été faits 1&n1 fraude. • ;'
4 Al't. 6. •Le· juge qui refusera de juger, sous prétexte da

J
D.11 LA PUBLICA TI01'f D.BS LOIS. 31
c eilenoe,. de l'obscurité ou de l'insut'llsance de la loi, pourra
•être poursuivi comme coupable dé déni de justice. •
Art. 'J• •Il est défendu aux juget de prono~cer sur lea 5
• causes qui leur sont s~umiaea, p~·Yoie de disposition gé-
• nérale et téglementaire."
Art. 8. c On ne peut déroger, pas des conventif)Ds par- s
• ticulièrea, aux.lois. qui .intérepeot l'ordre' public et lea
• bonnes mœu111. •

: C-~nrlial-de la Séuce de t4 bnima1re anJC. -15 .uremllre 1llo1:)

MllŒovLn fait une dernière lecture d~ projet de loi sur


Ill publication, les effets e~l'applictition des lois en général.
Il est ainsi conçu ;
· .lr1. '.I ..... Les loiuont exécutoires dans tout le territoire ,
• françai8, en vertu de la promulgation ~i en est faite par
c le Premier Consul.
. • Elles seront exécutées dau. chaque partie de la répù-
• -blique, du moment où" la promulgation pourra y être
.•connue.
. • La pro11Julga&ioli·faitt1 pal': le Prem~r Conàul sera ré-
• putée connue daas teut •e l'fllllPrt du tribunal d'appel de
•.Parii, trente~aix heme1 ap~• sa dàtè; et dans tout le
• reeaort de chacun des autres tr~bu,aux d'appel, après
• l'expirati~q du .même délai, eugmenté ••autant de fois
è deux heures qu'il :y a de myriamètres entre Paris et la
.•~ill,e o4 chac~n de oes tribunaua: a .i on siége; "
Art. 2. • La loi·de dispo.e · qu~ pour l'ueoir;-· elle n'a ~
c point d'effet rétroactif. • .
Art. 3. • La loi oblige ceux qui habit~nt le territoire. • 3
Art. 4, 5, 6, 'J et 8. (Semblahles à ceuz ra/'portés au procès-- ap.-3-
et s '
'Verbal de üi séance précédente.) 4s6
L1 Panlla Co•avx. iieoae qu'il eat néeeaaaire de rédiger .,.• ,
un article particu~er pour la publication dea lois daoa lea
colonies et aur le continent, dans le cu d'empèc~men•
/ 1>1~cvss1<_>M , MOTm , .etc.
prQYeaa-.1 de la· force· .01ajeure, comme ieralt ce.ml·d'aoe
invasion, . · ,.
La M11ueu1 111 u Jt1SQQ fait observer que le pr0iet de loi
n'ét1tblil qt>'une présomption qui_- eède à la certitude des
faits dan.s !es hypothèses que prévoit.~ Pr~mier Consul.
11 PUilan Co11syL ditqu'intlépe'lldamment dew obstaoles
géu~rault qui foet céi11Rr le présomption, U·peut se tfeneou:..
trcr aussi des obstacles particuliers qui empécherit le
è-ourrier, porteur de la loi, d'arriver, quoiqu'ils n'aient pas
emp~çhé d'~utre.s malles lié .passer., e• que, dans ces cir-
constances, les tribunaux seront obligés de prononcer sur
l'époque où la l!>i. ·stlra· dt.venue ohligatôint. •
l\I. TaowcBIT di•tiagµe, dan& cett4'.1 me fière, ce qui est·~
domaine de la loi d'avec ce qui est puromdnt réglemen-
taire. C'e1t ~u réglèment qu'il apputient ü dé!ermiber
commeQt l'eQivo! de. 111 loi sera fait .Par le ·ministre de' la
justice, comment les préfets en constateront la. réceptiorL
Il y a~ donc ,,oujouN une preuv.e coo.atante de l'épolfue
où la l~ ll(lra p:trvellue 1.e•Ue proiu6 mffira pour les cthala•
cles particuliers.; la loi statuera sur les obstacles géo~aolf,
TQUte.e~o.p.tion.d.$,,.i!P.i&· lleH à:Ms1ïacertitodetl el à des
procè&. . 1 -• .· .. . . . :
·:· M.Jhnu1.• fait ~~nu Cf'l8tl!artiole.premierrép·o nà,· par
.. .
41Q8 ~~la mètbe' à.la diBioulté ·résultant d'une iâ\lfiien'
mMsct•'iJ pente .q ue ta loi aeta aéoutéia; dans obaqm partie
cle liJ Mptit>liq.e, du mosnent où la pl'Onluiptioa pourra
1 être comrne; et que la connaiaâaneo légale·de la pro~ual-
- 1a\ion•u~ peut- p4nétrer- dans un.pays envahi.
Les articles dn projet !font succes11ivem,t:nt .sou~is à la
diseus1ion et adoptés.

·( Procù·nrbal da mime jour.')

Les Con1ul1 de .la République arrête&& que(le projet .de


loi pré16nté par le Cooseil d'État, .relatif à la publication,
DB i l PUaLICA TIOl'f D&I LOU. 33
aux ·eftets et.à l'application deJI fols,en .général, sera pro-
posé le 3 frimaire au corps législatif.
L1 Paui11a CoKIVL nomme, pour le présenter et pour en
soutenir la discu11ion, .MM. Portalis, BoulaJ et Berlier,
membres du Conseil d'État.
Le gou,ernoment pense que la discuuiou sur ce projet
doit s'ouuir Io 23 du méme mois.

CORPS LÉGISLATIF.

PJlÉSltl!fTATl01' l:'r EXPOSÉ DJtS KOTil'S, PAi. K. POJlTALIS.

(Sûacew, fri..ir. .. x.- •4 •onu• 1eo1.)

Législateuts, le gouvernement a regardé comme un de


aea premiers soius, celui de remplir le vœu manifesté daDB
les délibérations de nos assemblées nationales, pour la
rédaction si détirée d'une législation civile.
La guerre, qui a si souve11t l'effet de suspendre le cours
des projets salutaires, n'a point arrêté lea opérations rela-
tive. à ce grand ouvrage.
Ces opération• ont commencé avec la constitqlion même
soue laquelle nous avons le bonheur de vivre.
Dès la &u de votre dernière sessiou, le projet de Code
civil vous fut distribué , pour que chacun de vous pût ,
dans le &eiu de sa famille, et aidé par les plus douces ins-
pirations du sentiment, méditer comme époux, comme
enfant, comme père, les règles et les maximea qu'il aurait
bientôt à proclamer comme législateur.
A la même époque, le projet de Code fut adressé au
kibunal de ca11&tion et à tous les tribunau1 d'appel, qui
fol'Dlèreot des commissions composées d'homanes instruits,
et capables de répondre digueme11t à la confiance pu-
blique.
,... 5.
1USCU'SlilOJt~'; â01'll'll # _.C • .

l:èt· oble1'vlldons· qui ·illout lloft• pan"nues ont"llté .re-:


cneillie11 et imprimées.· À('kÎt10 ~erjt piahlic :am· Ja.ntUièrtt
n•a été n~gu~· : . &Cl ne pouvait s'environner ck trop . de
lumièt'es.·
La vérité , surtout en matiè.e de lég11lation ~ est i. bien
de tour léii hcMJmet. Clu~tti~ à la .Wooonir, n'eet pu un
droit qui appartienne exolusivenwent am: fonotÎ1Àlnaites pt..
blics. Quand des particuliers instruits discntent de bonne
foi un objet de l~gklation, quand ils ne se proposent que
d'offrir le t1ibut de leurs connaissances à la patrie, il.faut
voit· en eux des auxiliàires et non des ennemis. !Ualbeu-
rcusement, après une grande révolution, les hommes
timides se taieent; ils ~mblent craindre Ile · laisser aper-
cevoir leur existence. l.es indifférens, qui sont toujours le
plu• gtnitd nombre , demeurent étrangers à tout ée qal se
1>it1111e· : c'elit un ia«'onvtlnlent gr'!ve , • det éerivailts· algril
ou mécontens se montrent; leurs idées)fltnrnt à tmllt!n
leurs passions, et s'y teignent. La d~coa-.erte del! chose& nâia
cm utiles é11t ordinairement la récompense des caraoUlres
1Mdêré11 el d~ boRs esptlts.
Nous devons rendre hommage aa zèle et at\x reoberehea
dèé magis&rals qui ont été consultée. En uoua tranemettant
l'opinion de loou justiciables, en nom trawsmettanl Jeun
propres pensées , ils nous ont éclairés sui' des pointe hn-
pdHan11. Les principes des· lois sont toujoul'll utilement dÏll·
etnés, quànd ils le 110ot par des boatmes qoi, par état P ea
font l'appllcatloo la plus étendae et la plue vat'iée.
AinsJ, dan.s le même temps où le courage de nos al'léées
nous a11Surait un si grattd accroissement de force et de
gloire, la sage88e db gom.e rnement, calme comme ai elle
n'avait .pas été distraite par d'autres objeh, jetait dan•
l'intl!tieur les foudeme111 de cette autre poi&Aanoe qui eap-
tite peut·être plus sûrement le respect des natiom, je
veux parler de la puissance qui s'établit par les bonnes
institutions et par les bonnes lois. Les étrangen, rivaux ou
DB. '.l.l PVJIHCATJM·DEI. UNS. 55
eo•dmà, .rn.. w.n.p... ioqttiets·du· plu petit·avant·a~
qu~uo état. oiftiem:par la '6ctoire.., -.œ •··~and• l>itrltt
qu'il peot; sè· praeuflW. -par. une adminiltration bieÏil ~ o,..
Jilâde î: d oe. eeoliment ••t · natu~l; oar la ·pro1p41'i~ qui
aait de W: caduüe uge d1po 9eu.iemement,, rappeffe
....i. ses.·'Ve,tmi, .ét.1'00 .y voit uné 881We-garde cootTq
l'abu qulil. potirhit &ii!fi de L'~cteoiuetnent de ses .fotiees.
'.. N'en doutol1S .pu, légielatiellirt, lei idéu · d'olldre , de
1DOralè.eld'.alWl~raâon qai out èté suMea avec ccu•t1tanee
dep~ deux ..œe1~ et qûe TOlU nem:. llOlenaetle11tent ceo ..
11acrées, nous oot conquis la coo6aaee de l1!arope. ·
. Quel magoiftquo epectade la nation française o'otfre-
-..ue (iaa au mcmcle t Le mfme joqr, pour aiasi dire, où l'on
vem préleta te le. traités conclus à la suite de tant cle M~
goctatÎll'lDa. &i ,glôrieoaemeut &erminéu, je suis è&'iargé· de
soumettre à ,·otre saaétioo le premier' de& projet& cle Joli
deatinfle à: :A.n:IDflf notre législation eMle, et de vous ex-
pœer le· plan·généràl .~ l'ouvraige. Il est ~ooo na~ qù'aa-
joul!d.'hui, daqs .cet augù* saoc\llaire , la Pai:A ~t 'la J uSli~
s'emlm.aent. Aucun iDiltaoj ù'a éti pe.du pour le bonheur~
8Q; milieù cle. Ja g11erre, DOU8 ' aVODS IHI DOUi pn\parer à
jouir de lét pam; et, dans· la pah:, ·ooa travauc vont· être
aouiteaua et encou....s par lea grandtt sou~irs de toue
nos triomphes dans la guerre.
: Légis1*•r• ' . a'vaot de vous eapoaer le plab général du
,-ojet ·de COde oivü, et de voua faire coooattN l'esprit dana
l.eqtiel oe ,-ojet a été ~Bé, il impOl'te de ·a xer votre
a1'8D,ioo IUl' Ill uturo e.t - ditlicultéa i 1UBe telle entre~
pl'ÎllS·
Qo'eatr.~ qb'un Code ohitP c'est un corpe de loledeeti·
uéea à diriget et à ûer le& relat;.ons ci4 1GOiabillté, de
faulille et- d'inté"'t qèt'bot eia&re .eus dea hommes qùl ap~
partieon•nt à 111 mfm.e cité.
Cuqua société a aon droit oivil.
Ce dl'9it: n'a pu se . forma· que suooeaivemeo& : .un
3.
56 DllCVISIOICI , .lfOTIJll , etc.

peuple ne se cfrilùe que peu à peu; d'abord il est plul6t


régi par dea usages que par des lois. Let idées générales
de bien public, les notions sur tout ce qui •eat utile et
raisonnable, suivent le progrès des huoièrea. Quelques lois
sont publiées par intervalle pour corriger les coutumes et
poqr les suppléer; des décisions mutipliéel, et sou·Yent
contraires, interviennent pour interpréter et pour conci-
fü:r les coutumes et les lois; bientôt Je droit civil n'offre
plus qu'un amas confus·d'usages et de règles qui effraient
par leur diversité et par leur mul'titude, et «1u'il est impos-
sible de réduire en système•.
Dans cet état de choses, veut-on refondre ou réformer
la législation civile d'un peuple Ha première difficulté que
l'on éprouve est celle de réunir les connaiHances née.,..
"'ires 1 presque toutes éparses, et dont la plupart n'ont
même jama.is été sérieusement recherchées.
Le .droit .civil .s'entremêle et s'unit à tout. On est donc
s-Or de renconlrer tous les intérêts privés, quand on s'avise
de parler au nom de l'intérêt public. Ceux qui se trouvent.
bien de l'ordre é~abli baissent le11 cbangemens; ceux qui
sont mal craignent le pire : chacun voudrait du moins
tourner les opérations à . son profit personnel, sans se
mettre en peine du préjudice qui peut en résulter pour
les autres.
Autrefois les gens de lettres et les philosop~e& dédai-
gnaient l'étude de la jurisprudence,; ils en étaient écartés
.par l'attrait des arts d'agrément, et plus encore par la
politique mystérieuse du . temps, qui craignait que l'on
s'occupât des affaires de la société, et qui croyait ne pou•
voir tolérer que des littérateurs, des théologiens et des
géomètres. Mais tandis que cette ancienne indifférence pour
les objels de législation laissait un libre cours aux erreurs
de tout genre, l'inté1êt que l'on y apporte aujourd'hui
. contraint Je législateur à une circonspection salutaire,
sans doute, mais qui rend 11a marche infiniment plus
H U. P118LICATJ01' . DD U>JS,

difftcile et plu1 laborleu•e ; oa trmne. MOI oeAe le légis-


lateur aux prises aYec lea 1ystèmes.
·.Une ·multitude d'autres obetaclea nalàent encore de
cette wriété d'usage• et cle privilégea qui ·eéparaient; et
di1tinguaient les anciennes pronooes de France les une•
dea autrea. ·
Enfin la vacillation cootio~eué det lois, depuis dix ana,
a livré le• esprits à tout •ent de doc&rine, et. ne J>t!Ut
qu'entretenides oppo1itioos et lê8 rétlmncea. ·
.:C'est à travers toutes cea difficultés qu'une législation
civile en .France doit,ae développer.
Bo traçant le. 'plan de oette législation' nous &TODI dO
noua prémunir et contre l'esprit de système qui tend à
tout détl'Uire, et contre l'esprit de auperstition, de 1ervi-
tude et de pare98e, qui tend à tout'rel'pectel'. · ·
Depuis le rmlieo dg dix-huitième siècle·, il y a une
grande ugitation dans lei esprits. Nos découverte& et àoa
prbgrèa dàmi lès sciences exactes et da ni les sciences natu-
relles ont exagéré en ; DOUi la conscience . de DOi propres
forces, et ont produit cette fermentation •Ive qui, de
proche en proche, s'est étendue à tout ce qui nous est
tombé sou11 la ôlai1'. Après avoir découvert le système da
noode physique, noua avons eu l'ambition de reconstruire
le monde moral et politique. Not1s sommes revenus sur
les divenea institution , et oo ne revient guère sur un objet
"801 'fouloir réformer plus ou moins, et bien ou mal, tout
ce r1ui a été fait ou dit auparavant : de là ceitt'I foule d'ou-
vrages qui ont donné l'éveil allx imagfoatlons ardentes ·,
qui ont remué· la raison sans l'éclairer, et qui noue on.t
condamnés à vivre d'illusions et•de chimères.
Lee prodiges··qui 8è sont opérés pendant la révoliltion
flODt bien faits pour. accroitre notre confiance; mais, à
caté de ces prodiges' des désordres malheureusement trop
connus ne nous ont·ilt pas avertis 4e nos erreurs et de nos
fautes P
bUCH•Ollt, Ketl'.IH·~ elc.
· Qnelquee1..,.....D•tpGrlilaeat•regtdt~r Ù id8 rei1o0..
trer aucune grande concY*ÏJll·d~a• · èiprojet - de. Code1ci.U
qllai ·aété ·10MJia.à;i~tihcbUioa.:·aes se1f*igneot • n•y
wonHlju~é .rdÏJnte"dë ifnpit•9omaio·, ü:m•banaiemiet
coutum.eM10t:détnoa.aaoieitnM --i-.s· ;, · :! . ~.:., :
Il serait à désirer que l'on pût attacher quelqae:. iclée
précilê'à ·oe:·qu:.uie.usait par pwat/e it>dceptli>..: v.eut-0011
hpfi...r .-ar cer"'°"q nelq.ae -..o•iro•uté ;biee ~1aa..ue; iqdel-
quc ioatituti8111à -fa.D:ta~e-dea .soloo·at jës-"'°ourpel' .
: •illai•..ae·..m·,. .frômpoll1 :paa, ....11*Jl:rr9; 1irut iMu-
veauté hardie n'est so~,ttu'.an..aréur1bltillaate~.aont
.,éclat tubilitrasll~mble! .à:·èbhd Jllle ..la ie~l!8 qui .-..,pe le
lieuumémp -.u~io&âirê .. · .. ,·: .. i :. · · · 1 .: . .. . • . .•
i 1Gflll'fJbQl!rtDOat·dapo 116 oMtfeùdrert.er~•ie qtiiictéé ••et
l'esprit uovateur.q.ui-.brtlllevene·1tnh4éuatani..·; ::;. . ,
, ,.jl.e1 i~a$qtiona de,~b dt ile.11J'b~,· qtii 4lous'l>a-
lflMa.,.L 11ti · •ing~lièttA, . avaie.1'. .. ~0llfllllt· ....._.1Cf-.11œ,
JJ)JIUU!ll . .._.~ ;p8"J>kllo .~QQr. .. 4w !4'i.a.,~.,: iilildl.d~
~li&.·ia~er~t Jui..(l)l\1Jt~4'1;il,;a>e11Mt 1i1tra.iJnH'-' ··àlilla
ifellJller.q~qi~lli~ .....~'11"'1t1M1ptôU'1c; :i: ·: h . .,.; ·
: ::iÙ!i1·•ernPi' au«Mm 1'10i·J1'M11J1W.ea.t .,-Pt.if MS ...,,
~·~·: .Qa~.J;im~ïM.,, 1J~· n~i9#J1; #J3'HJ.,pltat1 .....
A4ftht ·ift\: ·M~9"~··•""'· WMHW\l>Ht,·!~·"""''
W. - ,\pffi~m..t.AlJWlJJ9ÎVPA1 :U"Mtflt>J tt\IMIW •11'.fn19e1;,
~M :'WlltJJ.ltll!Qf:.,. ~li 1 ~\lt14tt · )i.eiiillt!llM if4H1l•~iM
1mwçrlftf!4tirvt1riti~"'8••?.ttlli~l,1t;t\•'-ll~&Mi~1~Wift"'9J~ '4lf
JtiU.,11 ~f#Hi. ~er:"~l>lr'.i A~'* :P~s- •rnpstïuaOJler•tllir w
,fM: ~s. Jll;t.a1oks.,qlêWJ,_ :fft8rtC4!lf:11"11 JQ(tJDilt, 1'8UiÏllll.-'
HM~ ~~le PPM•~· UM•Qr.t~i~f QAOJiMIMIMuU."'~
to11s les pe~~cqit\e1 l;~l\ ; UJ46!JaAÏOA1#1'M:~QJlt-
W;~lf.'f&~er; <l"A~"~ l~:~rf# ~ar.•&fftr~l'ft~• ~jet­
Ae!ii~.~s,.qru;1tiMJa&ilt8:1f~:qw 1tt"qréUJiff pqtJai-.
If~ ,c~IP.IPF<IJ.M~rïtiJi,Mt '"MHP.llh 4P. l'~~Ae."'11anr
,i;lff ~;,tf\•"tH~,rM~~~j,,-~ .qYi,f11!1iPPIH'~ 1 11•iltWt11 .. .$
ces relations étaient conservées.
D~h--,\ l'WJIJ.,l(4.\ T,IP,.. ,Jllili .l.OIS. ~,

· i .. ~e·tMll'•~M.\t ... FMot<1.Qr;4&Ap.r~4~J«JW kitfi'jlil...


au- : mo&.,siQtt~..,r,liJl.,,Jl'a1:n·,ètt.~e dri>Pt,QJiliJjn: et~·,_~ le•
~11-.>ieM1ell .•1ll.,.&1h#1>4.l.1· qi~jie ,d'.ê.tre. appriéçié ,à , '8 iuJll.f
~ ... : .. ... .. ·
'?i ·~Wflaiih°"·-~· ·P4~e ~ni ·;S41 ~it,dQRJlé \JO Cpl.le d.'li
.ltWlb ..eo\~;,.: Mu .. ~e . abl!iQluJPe~~ ~o~v~~~" ·rédis~ . ~;i~
égard pour Mti~.llfll.~IJP.~~ ,t1AA7:·1'9u· :P'1~\Ïqp~\~r
~y~:i>. ,: 1; .!, ?!.' : ": . . ....
· M%~4'AS~Qs~'~Jo~, ~.~ "'pby,iqufl· ew~rJ.1peq~
-~ift1k1ta 1 Jéf1Ma.U.q1Jdi'Jlt il'~ flPW-.~· .q!1'~n /1 r~p.e.ç~
""~'. ~Wl•.ftl~11 · flfWÏIQ~eh . &1W.WÇ :ijJi\ut le ~!!P.'-'~
4JNN&iltfAIPf4liMl"6;d~~~,;ttiAAS• ! , . . .. .. , ..
. ,;~;tfJUlit1.,,m,~qplfli11e;f~:Ulirt.:à.J~i"~r~l.Jeµ&q,~ti:eei1:i11.e
~-" -ll4Dfl~r...,u~i~~n.J. 1~ l~'M ·JWi~' l'.~1tiJ fl\v.iji~~' et
-tl• r.*"''"oq «ï~i~~ ~xM..,1u·.,e,: , . •.
!",.,J,.fl)Jnj,,~ ,UqtMA·"!r'J:wW&, fAe . ~-~t.1,1ue .le . ~il. ~11: ·Wï,I
des aucieos rois de llom~. ..· .... .,
' ' :·.4l: · ~f.r~ ~MfHPÎ<wiii~: -'l~tfl' ,4~.~.j>•'f~~Yi!I. ne
il.Rr4\lf~r<t~fifJWPiiff~, .:d i ·•. • .,; • :· : , ·• : . .. .- ,,
>i . '.~Il .-;r~q~., "' ~11.;,,o,:~ufiWl,qu~rp,c~f,\iw

AeiA'Mt+~Hitt;, . ~l~ 4e1.f.~ ,~n· ,)Hi'pflffpt.~.~ ~qiJt


éclairé des dispositions les plUB sages qf!e.-,~'!)U, ,r~H1'~

-~ ~~-ÇR!lft9.~~1P'o\1~élfffh~tf9.C~ffll-~~P~f \lti.I~ J~gis­


hti1fp,f.r-n91iM· ... :·:: .. ·:; ~ ·.it1·• . : . . '· · ~ . ., .. P
~.nos jOUJ'll, Frédéric li, roi pbilosoph", a- ~;:~ - ,&~t
1Jll~F.e. clfAM:-~n4~ , «u~if l;lvpc ~~e}ea : r.è.sJeJ , 1~.t les
~f.pQ.;.~a.~\lft.,QGllS.~~AAt..rAÇJ»: .~ .JlP1JM~, et q1d ,o~t ,
,<;i.vi~ l'~p~ ~ ... ; . ; . ;
t(lji(;fl.~Cf,flht~r~ . 4e.~li~f6e, q11i .a~~ plus r6ce.auue9_t
-QqW.Ï.é, li>:~ll' !J.'M~JJP. 9J.Ml:ceJui ~ Frédérip·; milia.U.a'a
.#é (fUe ~..61H'~~- ·•!41e .et ~.dèle 4.e tout.es ~ ipuimea
.):'-"!fPft!I ;â~ 111 .wi4UJC E'496C:té· Je•. P9Ull,1.1Qe& loc,alc;s. ;
: I,>p111;q.µffi ,tjpp.e ~riona-J.lAAa .eu 1'.imprudeu.ce. ~e réjm-
. ~i,r.~,'i~..lt~itw;~ .4e.~ pqes ~
F~fp,t,,;i, ~ut.J'~~~ • . il !le \r~vc ,t;µJa la cAar~
Dl8COISI01'fl, MOTIPI, etc.
de11 états dell époques cHcisf•es-où les êvénemens tbaogent
la position et la fortune des peuples, comme certah1e11
crises changent le tempérament des individus. Alors · R
devient possible et même indispensable de faire des réf~
tnes salutaires ; alors une nation , placée sous un meilleur
génie' pent proscrire des abus qui racc•blaient' et re-
prendre, à certains égards, une nou•elle •le.
Mais alors même, si cette nation brille déjà depuis long-
temps sur la tene; si depuis long-tefDp• elle occupe le
premier rang parmi les peuples policés, eHe doit encore
ne procéder à des réformes qu'avec de sages ménagemens.
Elle doit, en s'élevant avec la vigueur d'un peuple ·nou-
Teau , conserver toute la maturité d'oh ancien peuple.
On peut indifféremment porter la faux dan11 un champ
qui est en friche; mais sur un 101 cultivé,. Il faut n'arra-
cher que les plantes parasites qui étoufrent'les productions
utilee.
En revenant sur notre législation civile, nous avons cru
qu'il suffisait de tracer une ligne de .sépal'lltion entre les
réformes qu'exige l'état p~eot de la république et· les
Idées d'ordre réel que le temps et le respect dea peuplés
ont consacrées.
Les théories nouvelles ne sont que les systèmes de quel-
ques individus : lea maximes anciennes sont resproft des
aiècles.
Sans doute le génie peut , en commu'nllfuant par la
pensée avec le bonheur des hommes, découvrir des rap-
ports inconnus jusqu;à lui; mais le temps seul peut auurer
aux productions du génie des hommages et des partisans,
parce que le temps seul habitue les homme• à la concep-
tion des vérités qui étendent ou multiplient no11 rapports.
J..e législateur, qui ue peut sans danger franchir subite-
ment d'aussi grands intenalles, doit demeurer dans les
limites que la tradition des lumière• a déterminées, jus-
qu'à ce que les êvénemens et les choses l'avertiuont qu'il
Dl • U PUBLKA. TIOK ·aaa liC>IS •

.pei;at, 118bl eb~otien ehânneceuae, matcher dans·la


carrière qui lui.amt ~ o1ivute par le g6aie. . : . .· .
·Lea ~· Ap,eP.eau, lei ~moignon; ot eou1'1es boni eaprill
t«intaien.t;. pu·exemple ·;la lléèellité d'noir urie légillatih
uniforme. Dei lois différentea n'engendrent que trouble
·et eoüftHion'paWDi dea·~plea1qoi~ viM•t '°"'le même
pevereemeat •· et··c1ana UM'oOmmuàicatfen contioueUe;
pa11ent ou 1e marient let una-ebedei·autree;o et, 1oumi1 l •
·et-autres coutamea, ne savent puiaia 1i leur patrimoin~
est bien à eux. · ..
· ·llaié au fe'ntl>ll 'où le1 :Lamoignon .et1le1 ·cl'AsaeMau
uraeifeataietU' leur vœu, H e6t ·~ 'd8dpeu• 'et méllle
impouible de le réalher. ~ojmard'hul aoe ·Ngillation •ni-
,fOrme sen 'llD des' grands·blenfaita de la ~volution.
' Tantiqu'it ·a ·-eté," en FN1nde:,-•dea :cU8',reuee1t et•d•
·ditltiaotiona potfffqoea entre 1e9 pel'IOIMMa·, i.nt qu'il y ·a
Cll des nobles 'et des pri Yilégfés, · OÙ• nelpouvait faire dispa-
.......rê •e·1a·16gf11latlou cfflle les:dftfetaees et •es diltiuo-
tions qof tenaient à ce• 'vaoité11l .MM)iale1,. 'et qut ~alltla­
:Mlfént' dàns le1ïi'aVnmètl ow~,,ancct11fel'..cte auoœder,
-pour " ceux.. qui avaient · t!'Jl · ube m9nAre~ ·partieulière
d'exi1ter dans )'état. Aujottrd'btti·tt>ates le. ·loie dea.-.
"eeltlions ·peuvent~ ·11àne contradkltion; e• ·sans. obstacle,
•hldliafll' •ers lfl8·prioeipe1 de l'éq~ SéhMale.
' ' Des magi8bats' o~bres ••4rient demandé que les iuti-
.taltons civU~• ne fuuent plus mêlées· avec les intitulions
relfgkm1et, e,. cpe• rétat dee bommu fbt.indépendant du
culte qu'ils p..Ofessaient. Mail comment un 1i graad chan-
gement pouvau.:..n s'oP'rer, tant qoe l'on reconnailsaituue
religion dominante, tant que cette religion était une loi
·fendamentale de l'état P
Depuis,·la toléranee des culte1 a été proclamée, il a~
pouible alors de sécularfaer la législation,' On a organisé
· eette grau de idée , qn!il 'faut &out'frir toua ce que la provi-
dence eouffre :-Ct que Ja lof, aam s'eoq•rir des opioiou•
'Dl&CIJlllOl'fl 1 'MIOTH6 , .etc.
se&igiéU&elt: 'iN CÎ.t0Jm9·; ·ee.deit ·.... '4fUC' <des ifila1t~Î9,
comme la oatûre nelvo~ qae de. W....,.,: .. > ·: .. ,r·>
;>~ious:pobet aecueUeme~t, :tégislale-;·.j~·flUelle a
~: lâ:iP,areheqilel'eo.à..--....4aa'âdae&ifudap.Qjm&

pat f*dir dèPme,qpil ·ne:eillit. ,_,.,,.....,


:1•1tOa: o~a
.tiob .de.âire1. . ..-.&1bo...,;;:qâ'ihf1u1hmoo.e :•'411P
faà. .que.de eMlllJlaililbs1.,_,••,.. t'lf If _.,,._.Ml•
.vm...DA-. .as,pril .6û.ltf~r;.dt . .o .'8 ,li._,,,..,,_,., CAlltM~
le bien moral, se trouve toujours entre deu:.c limi«'• ." ,, "" ; ..
. idf-,;.Véu• iivw lait i8oDD&lW., ·~. . . . . . .,.; JtcAf>rit
~· !1iartlt). . . . . .1l6flr0,.,. te .GIHJ.e 4 ..oté 1. . . . ;; i t1lllQWI
~u............. .,~~e.·:&•nt8d·. :; -.:' ·''~' p.1;
Cette14'lr..._ pt•l· 6tte: ""!ri~ 1!Ml!Wf: clcw~ ~J,
e'8aW.~.Hliliti91De•n rlt!Hli<IM-.Mi#w lfPÎ mt. 10nt
j'qpti!t ·~,e&.-~t ....... ,~ iia>fQt1mlh~~.cl#IMîj1qht~
..,...~1:eou~4le•0tw• ... ·', · •; ; ;1; ;;n!1 1 ,· , . ld ,111 ?.'lh fJ'J

~·,laa' rap;art.-iwit'IDa.•~1:l.'1tfA•QJl:l••~
..111thd!il àef&illiat---~•t.t tif.·Ati!MilWfMiMA-
......_t>;f>ar,Mll·_...~..wo~,fnat•iW'9lflwJ,liftt'IVIMt
~bà>illl "tis:à&llllfléplUIClt et p. fies ru•,, MltÏ'Jllll~ufR"'!'
~ibih tfell.ari'IOt81dWlD"M~· ;11A .l ;J'. 1 u1:.!1 ·1..1.ir..,·J,
, ·,lfM, é1111..-.o• le1.~MHeeaou1afliMes.. -~1Myl AUJMfMI
juri1coosul.tdl.•NJ;Wllé1fd1~ .. ~ilt'f<WI' ~6'MftlMP
-èbaiaitllc•pdè: llarbilfrai•~ul ~ tlMÏl9M~:Ml•1t10e
?.pei'fliMididiûiic:ua 1 :p0'1lr:tiwÏl'e14f1t\.ale·iqM •9NtiP~'
r•it1'9;0niqfM, 1ot1 •l1t 11MiHtmro.-1MtiÏI ·111°"" 1 lll'PN •.w~ •'jl
-ulylaVSWl.ppiat:dt....Wlé .à:6\ltah@ltr. lttaillk.illM~ ~NPN·
: "1Elil..aiamqueaœ., nti.,_
atQ1,.111~1!.!itU!~.,q\yl . .•
ild dneitimmaio. · .. ï ,; ·.. , ..... ....... :.: . ·: .': · · :· •
Titre Le projet de Code présente d'a.,wcl. qutl'iMI: RMXÎl'tM"
prtlim :iiia1: üis.lei11eri1&.. é'* • ~tuile 4'1-1J .M'idN1 #.s./!f'f681f(lt!S •
Hltu:~cJ;, wt<le1lomalliWJit titi l•ti.âf1'"1'ir. . . .
-i I •J.qs urédtlieteu111 <.lill ;piojf4 IMAÎ~' 1dtÛOf.: lta :~•Mtl
~l&piOfl • · di'Oiq,.. M>· iiroât. nâtureJ;, plo idr~ .poeil.if, ..le
l·~ i•· 1it.
t t' t t S i 11l t
~<I 'i- ... := i t :: â ~ ·~ ~ ~ ~ .. ~ ~.
1 r ~·
t 1; a t "
f . 1· 1' ~ ft t 1 t· • i s- ~ 1~ ·t .;- I' [ ;
- i.1 j" :; f) .~ 1· s I ~; 1i : ·i i tif.~ 1· t ~· ~
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~··.i•fi .. 1~ t 1i ~ i .t t i. l t 1. ! i t [ i t i 1 !. ·1. ~ =
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44 l>UCUlllOlfl ' MOTIPI • etc.
'8•.•
De là, . toute tociété politique, la diatinttlon dea
datfouaux et dea étrangers.
Nous n'avons pu répudier.cette distinction; elluortde
la couatitution même des peuples.
I.i• ,. Noua avons fixé les ·caractères auxquel11 on est reoonn11
tiL 1 •
ù. J. 1it(nçoû ou étranger.
La liberté naturelle qu'ont lea hommes de cliereber le
klllheur partout oh ils er0ient le. trqu.v.el'., llOua a dé\er•
minés à fixer les conditions auxqaélleà :un·étrailwer 1>8•l
devenir Français, et un Fi:ançais peat·.cleMnir étranger.
Nous nravons point à craindre que •• hommer qbl 11ont
née aur le sol fortuné de la France v.ealHeilt abaodonnet
une si .douce ·p atrie; mais pourquol-refwlel'ioas-noUI eeu
que tant de •otifa peuw-eot aUirer:sèua le· plu1 · heu~ux
dies c'imats, :et qui., -ètftlGCere l la. Frabee par leur nm.
•lice·, ceeaeraieat de ~'êlre par leur cbob! P
: ,. Quelques philoaophes.ayaient pensé que I• drolta olvlla
ue· doivent être reru• à penooae, et qu'il ·fallait· ainll
formèr une seule .nation .de toutea lea. nadona. Cette ·idéè
ct.t.gléoéNuae·et graode,--maia elle-n•~tt point daôa l'ordre
m ail'ectiona humaines~ On aft'Mblit cos affections en 18*
généralieant; la· patrie. n'est plus rien pour celui qui n._
qu~ le moncle pour patrie; l'huruanité -, la ju&tice, sont lea
liens généraux de la aociété universelle dea hommes :·mala
il -est ·dei ·avaotagea partlouliera-que :chaque société doit à
lflÎll .membres ; qui ne sont point réglés par la nature , et
qui ne peuvent être rendus comMUDI à d'autres .que par
1 la •coaireation. fi... trâiterom ·les étnagen comme ila
mo'Ua:frai&eraient eux-mêmes; le principe dela·r.toiprpoit~
tt _.., eevers eux· la mesure-de notre-eond..ate.et de no•
égarda; Il est pourtant dea.dp:'Oita qui ne sont point in..,_
\
dits aux étrangers : cet boite sont toua ceux qui appa._...
tiennent bien plua eu droit dea gens qu'au droit ci'ril • 'et
ùot l'exercice ne.peurrait être interrernpu Ani porter at-
teinte aux divenea relations qui exittent entre les peuple•·
DB I.A. P1181lfCATIOll DEI LOIS, 45
Uo français peut 'perdre les droita oMla par llDe condam- U . cla. o.
nation capitale ou pour tout autre peine à laquelle la loi
peut avoir attaché cette privation. Comment pourrait.:on
regarder comme asaocié celui qui, par ses attentats· et ses
crimes, aurait rompu les pactes de l'association P
· Ce qu'on appelle l'état civil d'un homme n'estautre chose Li<r. ·-
que l'aptitude à exercer les droits que les lois civiles garan- tit•••
tiuent aux membres de la société. Cet état étant la plus
sacrée de toutes les propriétés, le législateur s'en est rendu
le gardien en établissant des registres destinés à cOOltater
les·actes les plus im.p ortans de la vie civile. Nous nous •om-
mes occupés de la forme et do la sdreté de ces registres,
dont l'établiuemeut est commun à toutes les nations qui
conoaiuent l'usage de l'écriture.
· Un homme n'occupe qu'un point dao11 l'espace comme
ll<r. ·-
dans le temps, quoique par ses relations· il puisse étendre ti&. J.
et multiplier son existence. Il a donc nécessairement un
domicile. Co domicile est, d'après tous les principes, le
lieu de son principal établiuement. Le droit de changer de
domicile est un des plus beaux droits de la liberté humaine.
Mais ce changement est soumis à des règles ·, pour que les
tiers qui ont intérêt à le connaitre ne soient pas trompés,
et puissent trouver l'homme avec qui ils ont des relations
volontaires ou forcées.
Les lois ont toujours veillé pour les abaens; c'est l'hu- f.iy. ·-
uq.
manité même qui excite à cet égard la sollicitude du légis-
lateur : plus que jamais l'absence doit devenir, dans nos
temps modernes, l'objet de l'attention et de la vigilance des
législateurs; car aujourd'hui l'industrie, le commerce,
l'amour des découvertes , la culture des arts et des sciences,
déplacent perpétuellement les homme11. Oo doit une pro-
tection spéciale à ceux qui se livrent à des Toyages de long
cours et à des entreprises périlleuses, pour rapporter en-
suite dans leur patrie des ricbeues et des connaiuances
D14C11ftSJOJf8 i, . Jl~IPS t e~ ..
qu'illl oat "quiaee nec ·de (J1'4adll effana~ au pêri1 'de
~,r. ,ie. , .
Liv. ,. . Un~ IOCÎété
o'e&t poi»t ceoipesée d'it.JdiTirJUA ÎIOléa ·8' '
tit. s. ~ra,: e'ell uo as11emblate de familùta. ·Ce11.tiamilileh!sont
autant de petite& soeié&éa particuliàre1ulo1U la réaoioo
fonne!'Etat, ç'e1t~~di•et. la graode fa•ille q.ai le~ com·
pnud \OUtes. ,,
.. Leda~U"110pt.for&Péea.par Je nta~•· Lamanage all
4-e l~Hlftt.ilu&ioo mélbt. clt la. aat~•. 11 a : """ .tropgtauda
iinfitJ~Otl •ur 1a'41.otiaée delt.hedlrneaeour la-propage~
d8 l'~llPèce bUlllaiM,· pour ·q ue leia . . . .lclll!fl l'àbaod0&o
"n.t.à la l~ cla p8111tio•· .
: . +o mari-se ~um8t les :époux à des .oblip&iild• · all<Jléelt
envers les en fans qui nai8'ea.t .de ieur ~ioo. Il lie&~....-
·i à•• ol»&iptiooa wuau.u11.. Il fa~ dooc 41Ue l'on .QIHUWlÏllae
.t •.. "1!X·qQi ont à reaaplir"qea oblip~. ·~e là. la ·tb...eit

ptepoeéea pour la toleooit6 de ce eolllrat.


. . Peur le mariage, il faut pouvoir reldplir les · vpe11 de là
oat-.re. Il était donc oéceeaa.ire de fixer,• • auquel ·dwx
épPU-x PQUrr.ieut utilemeut t'unir.
U itnIH>rle de favori&er les alliances et de protéger le•
mœun; il importe <le oe t>'l• blesaer les vu•· de! Ja b~ture.,
e\ de qe pas QffeD&er .l'lioaoétolé publique. De )à lea pro-
hibitions de mariage pour cause de parenté~ Toutea lea oa-
tiop& ont proecri' lea inaria3es inoeiloeux. parce que le
cri de la nature a retenti dans le cœur de 'owi les hommes.
-kJ na.&ioos cMUeée~ ~t étendu plus lolo l'empires de la
pw6qr, w:t ~Ucss ou' l'ellpecté cel'tainea convenan'10s qui,
saPto i&re rouvrage immédiat de la nature, se lrouven•
foadée• aur doa ..-itona nalnrelles.
l.iv. 1- De droit co~up, .Ja mort de l'un de1 époux peut teult
lit. 6.
cli,uou«lre le marïace. lfous -avoua pourtant cru que la ~
cliviJe ue pouvai• être ausai ioQexible qu.e la reJi!pon et la.
l!DoGJ'a:le , et dana notre projet qom con8'rvo11s le diTorce'."
Jliam awee iiet· méoag.emen& o•pablei d'eo ~ir les
alalllf, Noua le éooael"'fORa poar lea cas où les Yi.ces on& plUi

cU!1tngie.et do wree· .pour énerver lts lois·, ·que Jea Io.in 'eà:
oa& p,oMt ~priole• let vicelk .
:: A:~do ditou:e ooue lais9C)n1 }alaieultéd4!I de. .oder lit
simple sépa•lioa cle corps CfW tel.àehe le·Ueo du ·mariage
taps le.tdmpk'e. Noo1 a\lom pensé que, sous dea lois qui
auw.iae1n la ~il,leC'fé .d.e• culJea, il fallait .&aiaser l'elpirtr le.
Amea :Ubremoat, et· ne pas plaetW wt laomme 6doie à sa ~,.
Ugian.eatte Je déMspoir et sa COl.l1*cieac~.
Danide•oauètladtidivorbe nouaa'a.oba point plaoé· l'ln•. I.iy. ,_
tit. G.
COIDpatibilüé.d'hilihMI• et de caractète ·' à JW>ias qu'elle ne
l'àt .le ré&ul~· .d'aa consentemeoli mutuel; nous a\t'ooa re..
gardé colDmcs CODtrùre.à l'eaaeoce mèmedea oboees, qu'un
coat.ra.&.auHi sacrii que le m;.na3e pll.I ~"'" arbitraûemern
rompu sur. la demàade e'-.aat la silliple ~ll'satioo . de l'uub
des parlie11, c'e11t-à-dire, par la volonté et pour l'avan~
d'llD sdul dei époUJ[.
J\prèa.avait tracé:lee cauees .de 4.iron:e 9 nous avooe ludi-t
.... les formea d'aprèa ~Iles il de.vait ~tro i~uit et
jugé. L'ioterveetion de la jd•\iee aoua pam néœuainl~
•11 Angleter.re, ü fau& une loi• .&ru.un 1 tl faut .un aote 4u
eiouverain •.fawteot ùoe quedioo 46 divorce est uue quaitioa
.aatioaale, donl les suites et la déaîsion oa& paru inté"8M•
la aoeiét.é eo'ière.
.Chaque faoùlle doit avoir •on geuveroemeot. I.e mari• Liy. ·-
lit. 7·
le père eo • tolljGwt été réputé le o&aef• .f..a puiesaUQe· 111at
ritale, la puissance paternelle, sont des institutions fépu-r
blioaioee. C'e•• 1urkJUl ohe& lee p.suple1 librea que le pou- '
voir Hl, marill e• des pètes a été. singuli•rement étcodt:f.ift
reapecté. Dans les monarehies .iisoluea • dam les l!tats da
potiql'Mlll f le p.tulolt- qw veu& nous ataervir ohe.roho l
affaiblir tous J#â autres.. Dan• le• république1, on fortifie
la magiltrature '10111.,a&ique, pour poavoir :;ana ù.ngel'
~do.ueir la magi1tra\ure politique et oMle.
48 DISCU8510l'fl • MOTll'S, etc.
Légi1lateur11, vous conserverez au gou•eraement de ·la
famille tout son ressort, pour .conserver au citoyen toule aa
liberté. La famille t!&t le sanctuaire des mœurs. C'est là
que les vertus privées préparent aux vertus publiques ~
c'est• là que les i;entimeus de la nature nous dispo11eot à
remplir les devoirs qui sont imposés par les lois.
La faveur du mariage, le maintien des familles, qui
sont la pépinière de l'~tat; le grand intérêt.qu'a la société
à proscrire les unions vagues et incertaines, sont autant de
motifs puissans 11ui ont déterminé tous les peuples policés
à ·distinguer les enfans naturels des enfans légitimes.
Tous les enfans qui nai8lleut sous la foi du mariage ont
pour père celui que le mariage démontre. Ils jouissent de
tous les avantages de la iêgilimité, c'est-à-dire ils appar"'.
tiennent à une famille, et ils joui11ent, dans cette famille,
de tous les droits que l'ordre des succe11ions leur assure au
patrimoine commun.
Les enfans naturels, c'est-à-dire les enfans nés hors le
mariage, n'ont point de famille, à moins qu'ils ne soient
légithpés par le mariage subeéquent des auteurs de leurs
jours. Dans le projet de Code on ne leur a11ure fJu'uoe
créance sur les bien& de leurs père et mère. Ils n'ont rien
s'ils ne sont reconnus. La recherche de la paternité leur
est prohibée, parce qu'ils n'ont aucune présomption de
droit en leur faveur, et que le fait de la paternité est tou-
jours incertain ; s'ils peuvent rechercher let1r mère, c'est
lonqu'ils administrent des commencemens de preuve par
écrit•
. Il nous a paru, au contraire, que les enfans nés sous la
foi du mariage doivent être traités plus favorablement,
quand ils réclament un élat qu'on a voulu leur enlever par
fraude. Il leur suffit de prou•er le fait de la maternité,
pour faire reconnaitre leur père. On ne doit pourtant pas
les admettre à intenter leur action, saQll un commence-
ment de preuve. Le système oontraire menacerait la tran-
J>.8 l.A. Pt!JlLJCATI01' DES 'LOIS. 49
quillité des familles, et il ébranlerait la sooiété· entière.
<Les enfans natureli et 'les enfans légitimes· doivént être LiY. I•
protégés par les loi11, tànt qu'ils sont dans l'A'ge où
ils ne
tit ••••

peuvent se diriger eux-mêmes. De là l'institution des tu-


telles,' et les obligations imposée• aux tuteun.
Nous n'avoos -parlé Jusqu'ici que de la filiation où de la u .... ·-
' paternité réelles ; .m ais il est une filiation et une paternité
tjt. s.

fictives qui ne sont peint l'ouvrage de la nature, et qui ne


sont que l'ouvrage de la. volonté. Les décreta de nos assem-
blées nationales ont proclam,é le pr~neipe de l'adoption :
doit-on régulariser l'exécutioa de ce principe P On a re•
inarqué que, dans ses effetS, l'ad~plion olf;é 1-choix
éclairé de l~esprit, qui remplace l'aveugle opération des
0

seôs. L'adoption, continue-t-on, si on la considère dans


ees motità, 11era· inspirée par cette sensibilité expansive qui
ne croit .jamais avoir asiez multiplié les. objets de sou atta-.
chemeot. Elle pourra ~tre dictée encore par cet esprit de
bienfa~oce si cher à toute société, et qui noua en pré-
sente toua les membres comme des frères et des enfana.
Si l'on craint que l'adoption ne favorise le célibat, on
pourra ne la permettre qu'à eeux qui auront cherché par
le mariage à reviplit' le vœu de la nature.
Toutes ces .grandes c1ueations voua serout soumises. EUe1 ;
méritent de fixer l'attention générale.
Nous avons conservé l'âge de la majorité à vingt-un ana. ·Li.,.·-
tit....
A cet Age, les hommes soo.t présumés capables de tout.
Nous avons pourtant protogé la minorité jusqu'à vingt-
cioq ans pour le fait du mariage, parce qu'un tel engage-
ment est exposé à plus de d~nger, fl qu'il a des suites
plus importantes pour ceux qui-le contractent.
·Les majeurs .sont quelquefois privés de l'usage de leur n.c'll.a.
raison. n faut alors que la loi les protège coutre eux-
m~œes. On les interdit ; on lêi prive de la libert6 pour
leur con11erver l'exitteoce.
..... 4
5o
Tel• sont lea plana qui voue seront prélenté• rel•tiff-
ment à l'état des ,personnes; et cette partie·du projet du
Code civil est la ieole qui poiese vou.s être soumise dans le
cour11 de celle session.
LÏY. s • Quant aux bien1, .aoua avooa diatiogué leurs différentes
eH.
natures, et les diYer1ea manières de lea acquérir.
5,6 La grande dilltinction des diyerse1 e.pècea dee biens eet
celle dea meuble• et tles immeu.ble1.
Les droi"., lee senitudee, lee action11, peuvent. .l'folrer
da1111 l'une de cee dettx classea.
Li•. 3- Les sueoe111ions et lee contrate embrHSent tous lei moyens
lit. et3.
1

d'acf#rir.
Liy. 3- Le.IJllème hypothécaire e11t subordonné à quelque11 règles
liL 18.
par.~iculières qu'il serait inutile pour le moment de 'déve- .
.lopper.
·V()ilà tout l'ordre du Code relativement au fond des ma-
tières qui en foot l'objet.
Quant à la forme extérieure dans laquelle ceii. matière•
,!16rODt clasllées, le projet du Code sera divillé dans chacune
de sea parties principales en projets de loie , les projets de
lois en ti,tres ~ et les titres en sections , selon que l'étendue
et la diver1ité aes objets le comporteront ••
Lei; projets de lois , leurs titres et leurs sections seront
divi11é11 en articles' pour la commodité de ceux qui auront
à faire l'application ou la .recherche de eea articlès ; on les
n~mérotera de suite, comme s'ils ne formaient tous qu'une
seule et même loi.
Titre Nowt apportons aujourd'hui le premier projet, il a pour
,nti.. titre: De~ publication, des effets et de fapplication des ·lois.
Une loi n'oblige qu'autant que l'on peut présumer qu'elle
e.t connue. La loi ne peut fi:apper sana avertir.
· Il serait impoasi~I~ qu'une loi f-0.t notifiée à chaque in-
dividu. On doit se con~enter de la pré11omptioo ~o~a~ que
chaque individu .a pu la connaitre.
En con~quence, nous avons fixé le temp11 progrea11if dans
J>ll LA Pu.ILICATIOJJ D.11 LOll • .

lequel la conna~ce «te la loi pouvait successivement


parvenir aux citoyens de tous les départemens.
La loi· ne: peut avoir d'effet rétroactif: ce principe est in-
contestable~ pous l'avons proclamé.
Elle oblige tous ceux qui vivent s11ua son empire. Babi~r . J

le tetritoire,.c'est se toum.ettre à la 11ouveraine~.


De nos jo11re, lea bomm811 ·ne. iout pas toujours dans Je ••· a
mê~e lieu: les c9mmunlcatiou cpmmeroiales·et indus-
trielles ent,re les diver11 peuple• llOllt multipliées el rapides ;
il noua a paru oêc:easaire de raeauret le commerœ, eo lui
garan ii!Jtaat la,. v~füiité .d.,s ae&es dan• lesqu~111 ·on S:éteit
confor~ aux formes reçues daos les divers pays oh ces
actea pouvaient avoir été fait!! et pasl!és: ·Comme lu diapo- ap. 5
aittons des lois ne doivent ;,mais être éludées, noua avons
pr~vd le· cas d'mie loi qui; ·pâr· fa· crainte ou la prévoyance
de certains abus, auuulle tous les actes faits dans certaines
circonstances. comme suspeêts de fraude; et nous avons
pensé que, dans ce cas, on n_, peut être reçu à profaver
que ces actes ne sont point frauduleux: c'est l'hypothèse de
la déclaration de 1712' qui aonulle tous les transports faits
dix jours avant lâ faillite.
Dy avait dea juges uant qu'il y edt des loia; ces juges, 4
dans ces tempa d'ignorance et de grossièreté, étaient· de11
mini1tre11 d'équité entre lea hemmés; ila le sont encore
quand il ne sont point dirigés par les lois écrites; ils ne
peuvent donc, sous le prétexte dé l'obsouriié et du ·silence
des lois,. suspendre arbitrairement leur minis~te.
Les jngelJ aont; à certains égards, lis.OOiés à l"es(>rit de 5
législation ' mais fis ne peuvent partager le pouvoir légis-
latif; Ils ne peu-.ent donc, daoa leurs jugemens; se per..:
mettre aucune disposition réglementaire. '
E1dln, nous avons cru devoir èonsacrer le principe, qné a
les citoyens ne peuvent ' par des conventions p{lrticulières,
déroger aux lois qui iotéreaseut l'ordre public et les bonnes
' 4.
. ---.-

Dl8C11SSJ01'1, MOTIPll, etO.

mœurs : ce principe est la sauve:.garde de la morale et de


la législation. ·
Tel est, législateurs, l'aperçu général·dli prdjet du Code,
el tels sont les motifs particulien du premier proj~t de loi
que nous soumettons à votre sanction.
Nous n'avons pas· besoin .d'insister sur la néce88ité de
d«?nner une législation civile à la France, cette nécessité
a été reconnue par vos décrets. Les lois paasagères qui ont
été publiées pendant. la révolution, ressemblaient à des pi-
liers flottans au ·milieu d'une mer orageuse. Le peuple ,
français demande à ae reposer sur des maximes qui puis-
M!ot garantir sa tranquillité et son bo,nheur. '

Le. èorps législatif arrêta dâns la même séance que le


projet et l'exp~sition des motifs seraient transmis au Tri-
bunat par un message•

TRIBUNAT.

BAPPO&T FAIT A L'ASSl!JIBLBB Gt1utBA.LZ1 PAB •• AlfDatP.ux,


AU 1'0~ DB LA COKKISSI01f SPÉCIAL'& •,.

(8'aace 4a •• &imaire aa ~ - 3 4écealire 1801.)

Tribuns, n~us en.troos a~jou~d'hui dans la clisou11ion .du


projet du nouveau Code <:ivil de la France. ,
Dpuze ana sont J>ient6t éC()ulés depuis que l'auemblée
. constituilnte promit à la nation ce Code dont la néceuité
était géoér!llement sentie.
Depuis ce temps , . les assemblées qui ont succédé à la
constituante ont essayé vainemeut <le réaliser sa promeue :
, de11 lois partielle& ont été-faites, plusieurs projets ont été

• Ctllt coaomi11ioa était coaop~sét des tribuns JlSZAM>, BoL7n1u.11, F.t.un,


LAuSSAT el' AftDam1x, rapporteur.
DB ,µ_ PHLIC:A TJOi.. DB~. L91S•

préeeotés; ce fut no dve de chacun des hommes .de , bieu


11ui entrèrent, soit dana la CODY!ODtion nationale, so~·dans
les divenes "gialatures, de penser qu'ilS' pourraient conlr~·
huer à la rédaction et à la prompte \
publication d'un Code
unüorme de lois pour la France. ·
Tous s!aperçurentaucceuivemeotque ce rotu patriQti41M
ne pouvait alon être acèofnpli; i'8 regrettèrent Q\e.ÏnB qu'il
ne le fùt pai , ~ ..ongeant qu'au milieu de cea ohqQll divers
d~io&édt., d'opinions, de pauioaa~ de cea orages terribles
qui pouaaèreat la a.semblées tantôt daas uu ~01; tanij)t
daall tlD au~, la Jégjslatioo 16 (4t &rqp .-eueoti!' tlea ~­
reun el.des ucèa qui doJDiDèreat tour-à-toaa.
Eo&n uo temp• plus heureux.et.plus calme a ~ru: ~·est
dlaux ana après l'époque qui a eachô41oè IOll orages de la·ré-
volution, que le projet de Code civil noua est prés~até. 1 •
Au milien des ~avam • guuriers:J·l'~Jlvité.infa&igitbJe.et
~coode du gouvememeat a p~pàrp oe monum~t .pai-
sible. · · 1
. Il a .choisi; ,ur ;la foi de l'opinion publique.et ·4e la....,.
nommée, -tuelqâet-aoa de ooajurWOOo•ulte1 le1 plws upé--
riuaeutés et les plus ~bilea , et 1.,. a .chàrg.és de trae>J'r le
plan de l'édifice. .Sans perdre un aeulnt6*ot, ~urptoiet a
élé eoumie aux lumière• des magistAt•, offert à l'eJ1ameo
des c(toyeos; let observatioDe 'du tribunal· de cauatlon '
celle& de toua les tribubaux d'appel , ·ont été recueillies ,
eocû~réea ensemble : la discuuiôn a'eat onverte·ao Ceoseil
4''.État, en présence et avec le concoure <les ·auteur& du
projet ; et par un admirable ·effet de ces loog.ua et justu
oombieaiaons dont ' le yuJgaire a'êtonne.,.et dont. il prend
souvent les résultats pour. les faireura; d&..la•fortune,·lllAÏI
daa1 le9quellea l'homme moins crédale •t pl.us obeertateur _,
reconnait la mâin du génie qui matlrile l• éMéneQlena
parae qu'il sait le11 prévoir, les préparer et les conduire, à
peine cette terrible guerre de ~ix ans est-elle terminée par
une paix glorieuse, que la première loi du Code civil e11t
<

54 DllCUISIOIH , •OTfrt , ele. '


. présentA!e à la aanctlo~· &i Corps légtidatlf, qui pourra,
dâti.'I le seul cours de la Aeuion aotuelle' remplir en "partie
la longue attente de :1a natien, en lui c1ônnarat le premier
tiere de ee nouveau Code ciYfl;

. .. .
Ce ne sont point là les de·a s 1loisirs Cc'eat bien mieux que
Oè'lâ' h c•rs011t les· p~&ièUx trnaux de la paix qa'un génie
.
blenfafilant noas proetii'e ~· et tandis que, ·de toute• parts,
S'agite 'l'industrie àctite él féoondef taadh qtMt le com-
iné~ ·llè ranhne et ·#eprend ee11 relations ;-tandis que les
tltt& utilelf, eooo\t~agh, 'l"ëparent à la -.ri-ance un degri
iriiéattiul11b~ d'aifllll~œ ·ét tle prospéT-ité ; uons auui; tri-
buns, nous aoô'mites appel@s à"payer à 'la Ftoabce notte: ho-i
1lorabtt1"1fribut: rempÎii~rilt cette. tAe'é Mftlcile et gto-
ri1ueé ; eelte ·te 1'0ntrlbuèt' à cfuriner .à aotre pays dès' lbfif
durablêll. : · · · '. ~ ,,
1 :t«ifo dè·oous, lôin da Trfbunàt la pensée d'apporter le
0

oioiodté· obstacle, le mofndl'e retard à l'aeliètlelllrent:de· ce


grand ouvrage si nécesaaire , si vivement désiré. si ~g-­
tempi l~endu 1 ·mafl( ~in ·de nous au9ili :Ill iifblei11e <:ou-
pà...e ttelt)lrriulldet- Y"\d lflir lett dér..ts q• ~ crotrioni
a~er<tfeVdiridans let pfOfebi:qui dOOs-&e.Oot pré*ntés,"·d_,
•oleiut'JdopUon 4e· luitf•qui llou8 ·paraitraient ésseotl6lle-.
ment:11l13Uifaises, et:4e c:QinpreRleUnïà -la foi• lé 80l't de
la géhétiation actuellè tt:éelatdéuièolea à venir!
C~elt dawa cêi séntimOQs· q11e ta commislioo •'eat occupée
du tt'avàih1ue voua lui' avez· confié, ét dont je viens voa&
rehdre compte. Nous avons liiTisé l!e~amen du projet dê-
lui 'en dent parties.
La ·première contiendra des observalions générales sur
le pmjet.pris ~ans iloo en11embJe.
I.li ·deuJdème: ,_eafermera des obsenatÎODS parlÎOUliàres
sur chacan des artiéles. · ·
DE LA P1JB'LICA TION DES LOIS.

.§ 1.
1
oiservations. génimles.
••
.

1° •.ce-pto;et; à Ia· tête d'1 Code,'seraft-it à sa pl'ace? Titra


prilim.
2~(La plupal't :des articles qui· le .. compœen~ 80nt-ilà des
artfofos;de foi PS•; Est-oit en général bien rédigêP 4°. Sera1r:
H· enfi~ une introiluctfoü digne du Code ciYil français?
· i Ce· proj'et 'seràif.:il· à. sà· place P pour .'te déctder, voyons
er;
41Uetle 't'8t. sa uafure '. son obf ·11 'est teiatitâ la publicatioh;
n•ést
tMJ.iJ. e.flet1. et à- 'l"llpplit:atio'n ·deS> ldû· en· 'gl!tir!ràl .~ 11: donc
pàtr relatif.au G•cMt·séu'lement; inresi aussi ·au. Code
criminel,-~ Cod_,· jediciaiie; au ·code rural', 'au Côde
commel'Cial; à tous les autres; il est même relatff aux ·lois
temporaires et ttanMtaires. n n'e fait 'dotio pas partîé'du
Cade eMI. ~rt-il ou'friT ·nn Code auqtiel fi n'appartient
pas plus qu'à··toules les autres lois P
Non~ saoe-dèute;:ou êe serait,- dès I~ commencement,
&oaiber dâl:til U'll groiul défttut"de méthode. ·
: .'(}ne' ·Joi' sui ·la puMicab"ôn des ldis ·en ·général duit · ae
flir~ à ·part ; c'est' ilne' IOr:de l'ordre politique, et à pla'Cer
ta
au rang de celles organiques de constitution ..
. ·'.Si·VOllS jetez fff yè11x''Sor·la plupart· de. articlefl, tllH' le 2-3-
ap.-3- ·
!.19 ,. aor le V, au• le: 4~t· sqr le se, 'fOUs n'y reconnaitrez pas et 6
'1es article11 de loit f Os·ne cciatfeobent pein&de dispoAitions
u:presees~ 'prohihittt~e:,. impératives, ou même faoultathres:
œ Mt des principes énoncés, ce sont des axiomes de inoi-
rale._,. .te ;urUpl'Udeoëe'.
L'exposé observe, avec beaucoup de sage•e, qu'il fa'ut
·f~ )a pan ·de la ·seîen~e et cette·:&> fa légitlation. 'Il nous
sesnbl& ·qu~· le :prôj~t ne tient. paài ce qu'a promi11 ' l'e•
/
posé.
a~ 5~ 6,·et'7, 'telatUil aux devoirs des jug~, à
· ·::t.es . •e· s
4 el5
la maaiè1'~· dont Ils do'ivent'appliquer -ou mêine~ suppléer
lel'lois, rappellentle premier·titre de l'ordonnance de 1667,
de l'obscivation des ordonnances; et ce souvenir nous averlii
56 DJSCVUIOl'lS , MOTJ.ra , e~.

qu'ils appartiennent au Code judiciaire, uon pas au Code


clriL •
Quant à la rédaction générale, à l'ensemble du projet,
.on peut lui reprocher une incohérenc~ frappa·ute. On pou-
vait tout,ausai b.ie.o placer le troiaième a~qle le aeoonct,
faire des deuxième e~ troi11ièm«;l lea. sep.tième et lmitièm" ~
ou mettre celui qui est le premier à la fin de toua les au-
tre~. Si même O!l ôtait ce premi~r .article , .le seul, à le
bien prendre, qui faa,e la matière et le fond du projeL 1 que.
relif.4lrait·il? Des ar.&icles qui ne sont .a:oapprochés qu.e par la.
jus.ta-po,itioo, Iles articles dont les ona ypanie~nenl . évi~
demment à d'autrea lois, el les au~s .Jlo peu~eot appu-
teoir à aacu.n e. . .
Il n'y av.ait paa mê~e de rai,on ·pour qu'on .ne flt auHi
bien entrer dans ce pr.ojet beau~oup d'autr~ rè:gles.séoé..
raies non moins importantes. ·
Le Conseil d'État a arrêté que dans la rédaction du.Code
civil, on emploiera toujours le fütur. Pourquoi? Paico
qu'en français le futur remplace . l'i~pératif, et convient
par conséquent à la rédaction des lois, .qui son.t faites pou•
ord~nner ou pour défendre.
Voyez les lois d1S1 Doue-Tables, qui étaient ;un modèle
de précision, _,t que, du temps de Cicéron., on apprenait
encore par cœ.u r comme une chose.qu'il n'était pas permis
d'ignorer, ut carmen necessarium; toutes leurs di1position1
ét•it;nt à l'impératif : PrMlegia ne. irroganta. - Q~11e
populus jussit, id jus ratll.11lque esto. Cela 'é'8it poaitif• tèmnel,
et sana exception.
La plupal't de JlOS. ~Q.Qet .lois (fançai.es, 161! ordon-
nances royales, les édits et déclarations, s'exprimaieot
tantôt par la formule très-:-impérative: roulons et o1"flo"nons;
etnousplaft ce qui suit;..tantôt par le futur, qui .équivaut,
'dans·notre langue, à l'impératif: l'ezplat de .rlemo,nde sera
libellé, l'huissier y fera mention de .son immatricule, k .tout à
~ine de ~/lité, dit l'ordonnance de 166'"
DB LA. PVBLJCA.1'1011 IU\& LOIS.

Les ~outumea seules avajeot, daoa beaucoup de. ~uu


diapositiooa, adopté l'iodi.c atiI p~seut.: Le,mt>rt laisiJ k vif.-·
Cette, rédaction, qui.se tt•nl de sa gotbi~iJé ,~st 1'1! m~1
juste et exact~ ,en cela qu'~lle est 1'.énoQcia~ioo <\'uo C..it:
p~J. On -~it C[Q••es qouturues.élai~t R4igées.~'atirès
des çn9ultes,Pflr turbe~, et J!Ur ,le télµoign_age ve)'.bal.ou Pfl"
écrit dei aocie~s e~ des prqd.'hommeJ; ce n'était qu'au~·
quei~ de '.faits. et ~·usages reçus, qu'on couchait sur \Ul 1l8-
gi!l\re, pour ser.vir de règle pendant.un temps, et dao1 la
vue de former par la 1uife, de toutt:1 ces C'..outumes ~u~ie1 ,
un Ç9de,.unique pour la F.r11nce.
Lea priociwim: décret.a cle l'aue~ée .cooetituante, et.
notanvnent.Ia constitution de· 1,91, emploient exciusive-
~nt le futur. d,alJs toµ~ .l.es dispoaitione impérati VOIJ •
. Ce n'eitt que d~puis:peu. d'a~n~s qiie lf!!s i'édact~urs. d.e

è>ute pl~ .solennel, .


~Oil ~oÛ\.(jlllt:adopté l'iodicatifpréaent, qui Jeor,a Plll'V.,..e&

. plus court, plus élégant, 1nais q11i


réelleœeot n'e~t pas très-exact •. La loi oe peut paa. di"' :
..
telle chose est,. quand ell~ n'est pas, :quand la loi même a
pour objet d'ordonner que telle ch~ ~ra. dê,.or.a.aais .et ià
l'avenir.
ll y a bien upe qijtioction à faire, et l~ Pl'9i_,t d~ Joj. q.u~
nous discutons e~ offre.un exemple.. .
.. Quelques-Ùos de ses articles aoot impératifs; et ce'1X~là
aoot tous rédig~ au futur. ,
, Le~ aul,fes sont au temps preseot, paice q~?il1t ne sont
qu'~onci~lifs, et qu'ils ne font que déclarer des principes
déjà coon!ls, qu'expos~r des règle~ .de droit ou de mo~le.
Mais c.'~sl une grande queatioo que celle de savoir. s'il
do~t :Se trouver de.semblables articles .dans.les lois.: votre
commission a penché pour l~ négative, pa~cl' q,u'elle a cru
que ces ·principes, ces règles appa_r~c;p,nent, nou p~ à la
légial_atiou , mais à, la doctrine.
la moioa qu'~u l)e voulO&, à J'imitatio.q.du Digeate,pla~r
58 DISC1J&SIOIU. •OTlFI' elc.
en fêle Ott à la ftn d,i Code efn1, un titre Des Ngies du dmit,·
oe qui pourrait avolrseu utilité; mais ce titre nuerait' pai
une loi , à proprement parlèr: La règle expose , enseigne ;
la tei:commaride, permèt, déféna ou punit. ·
J'ani-.e à fa quittrièn'te question géa&-ale. Ce pt:Ojet·d.e·
lëf est--il \ln~ inlrodoction~ digne' da Code clvif? 11 o 'est'
peitt-êfÎ'ê aucun de l'OU8 qui n'aff déjà lait Ja :réponse,
·'QuOi ! cè ·code·ciVil tant -atten·au· ~ pour lequëi depuis 11i·
long- témps on ra99emble tarit , cl•excellens matériaùx·;
aprèii qoe·noit jurisconrilles les 'ptul habiles' lei magistrats
de tous oos tribunaux, enfin tous Ica citoyens éclairés, ont
· été appei~s à ·concourir à la ~daction d'un ·ouvrage qui
doit être nu des me>nuaieoi da sî-ècle; ·e t iltnnn'er en•ore tà·
postérité ·au udliéri :au té~it de tant de choséw étbÔri'~ritel':
cé fJàde préseotérait d'•bord nnè hil qul n~est pais< à 'ia' vé-
rftabl" !place ( c8~ elle deuait être. 'bars de rang poo~ faire
miè~ ·éntendre 'qu'elfe s'a'ppllqu~ àtoàt), -dne ldi -dè huit
articies non ordonn& entre eux, et!donl ta· '~abtlon ~>eti
gértérah est vicieuse 1 Est~.ce Îà lin portique qilt répond~ li
tamàjestédei'édiOce? ·.. -_. ...: .... : ·. · .·.::!.1 ; · ·· •.:: :
Plusieurs de nos collègue11 ont pa~u reg~tter qu'ob ·ü'edt
paà plÙtÔt :présenté· les si~ titres ·du· ptbjet de Codé. ~ivil
dont les htût articles "Utll'ëté ei:traitS.: il est ' vrai que ~
cÔuimèoœmènt _serait 'pliis uiajeiitueu:i ~ ·pt~it ios1rdct1n il
ressemblerait davantage au commencement·dcs I11stitutë!I
~tà' celui dù Dige!lta : mai~ il aurait ·cet inèùovéniéht dént
nous aî'cm's déjà parlé' èelui d.e mélër ënsembte·ia lièièüçe .
et là législation, les définitioi1s ·e t les dispoÎri&i~i ~J'iristr.c..
ii&n· è~ ·ta·volonté. · · l' .. 0 " " " ' · ·_, · · • •

·Qu'on oe"dise pas que rious pou~suivooa vaioertierit liwe


èhimère ~ uhe'p&rfectiÔii:idœré et 'Impossible ·: ·non ~, u'Ou•
ne :rormcnr5 pas èe vœu; quheràitpeüt-être ixcùtiabte da nt
cette occasion unique ; nou1i rie deinaoclons pas feii· uieit~
feurél lois possibles; noua:eo.
demandons
.
qtti rempliMent,
DE LA .PUBLICA.TI01' DB8 LOI&. 59
leur bot, et que le corps 1églalatif pqlue ofl'rfr à la nation
1

comme des règles, et laisser à la postérité comme du ino-


d~les. ·
De cette discussion sur le projet en général, il dolf etre
Nsulté·potir la plupart d'entrevous que le tribuoa& ne peut
l'adopter. Si quelques eeprtta ~ient enoore ohaneelam,
la 4'ÏICQllion quf •« suine achhera de les enuatner 'fel'f
le rejet.

S: II. ·Ohse'!'fl~tions
.
particulières sur tllaque artiéle.
. . . .
A11t; -,~...:.•'Les· lois ~.g 4!ftoutdlre1 dalte tout le territoire ,
o. français, en vertu do la promulgation ·qui en eet faite par
• le Premier Consul-. · · · · ''. ..
•e
·c.iltee.éront exéautée• dan• oba44ue partie Ja.J'ranoe,
c ..au mè>meqt où la prqmulgatioa poorra:yiffre·ooanlœ,; ·. ·1
• L• promulgation faite par le PremiO: Coa'811l ·sera ~
•·potée connuè daa• tout lé l'euora da<trlbonal d''ap;el·de
• "Par.ie, -mtnte•Six' beuieï aptèa ·•a :dât~, -et;, daoa' totlt te
• re88ort de chacun .d'eir autl'es · tri~aiœut d'appel, aprèe
• l'eq»itatfon, .rd4l llbémè délai, augmenté dtautan~ .te fôis
• cleuJ1? he1,1reJ qtfD y c ;le my~nièhei ·ootre Parisiet t4t
• ville où chacun de ces tribunaux a son eiége. • .
Letpremler· pirragraplae o•est"que la mite.immêdiMe'et
nMèMafl'f) 'de· l'artiole. 4• ·ae I~ ebnatitalion; puisque .cet
artittle attribue ta.promulgation clei: l6ûn1u Prèmier Con6lll,
il .paralt evident que dte •promatsatioo rendra lu loiS
exécutoires, c'eat-à·~ire t ·~eceptibles ·d 'eséctltioa.: ..
. -~~i le• foi1, d'abord exécutoi•es;i ou, :•H'4ln 'fecit;:
obllgatolnà par llam Mule t>rfMIJdgation, · doi•tm t e..uite
être etécutée&.11 doit lrire ftx' une épOCf11e ota leur eücotion·
soit né08'eatte et·ile rigueur. .. . .
Q.aud cilmmencera cette époque où les l~is devroat être
cxéeétées néctS1aireme11t P Ce eera, 1uivant le. ptoje& de
loi, ·dans chaque pa,rtie de la France, au KOlllH où la prO"-
60 Dl&CUNJOIH.. . JIOTIF~ '• elc.
mulgation Pooaa• y élPe connue. lle~arquez ces mott : ..
llOlllJIT et POVHA. •
Et quel sera LE llOHRT, l'instant 6xe et indivisible auquel
uue,loi. PouuA être coau1&ei>
Ce serà, d'après le reate .-de l'artiole, à l'échéance d'uo
d'1ai:doat.I~ premier terme.n'est pà1 6•, dont on ne.voit
que la .fin, encore ll'è,...a1111ceptihle de variatioo, d'instal>i.- ·
lité. On se plaiut de l'arbitraire da mode actuel de p.ubli.,.
cation; n'y en aura.t-il pas autant et méme davantage dans
le mode nouveau qu'Ôn propose de lui substituer? .
L'exposé préAenté par l'orateur du Conseil d'État ne
donne que la substance dea motifs qui .en oot déterminé
l'adoption.
On voit qu'il y en a eu deux principaux : 1• la oéeeulté .tle
faimemardicr la.loi avec: QDeexttémerapidité, surtout dans
certains coas·o(a :il e!agit de, loia urgentes, répressives de
fraudes ou de.crimes;
-a•. La présomption :que la.Joi.pemra-tin:effet.6're oeonue
daos chacun ~ points du territoire.,i.à.. Vépoque où elle
commencera A.de,oir y être eséo~. 1 •
···On •'est moim occupé, en un mot., de tro.uver dea moyens
tle faire connaitre Ja· loi, gue de fixe• one époque où elle
sera censée connue.
lllai• d'abord, dans une .matière aussi importante, toute
eeue,tbéorie eédui1ante des pouibilitéa, des présomptioo1
doit:s'évaaouil' ·devant ~dea faits. Toutes les présomptio1Y
du inolicbrttiendrolit échouer cont1:e le fait certain .que ta
loi n'a pu-été oon·nue du citoyen à qui on l'oppose, clu
· b'ibunal .à .qili l'on tep roche de · oe pas l'avoir appliqut_e.
Annuliera~to.0n l'aote fait par Jlun , le jugemeJlt rendu pal"
l'autre dans cette ignorance iovineible P Et qu'on ne die8.
pas qu'une pareille ignorance: n'aura jamais lieu; elle
pourra se. trouver daù1 plusieurs cas, si dei chemina, si
dea pon'8. sont tou.t..,à-fait rom.pus, si .uu pays est iilopdé,
li l'ennemi s'en rend maitre à main armée, et coupe toute.
DB LA PtJBLICATIOl'f Dili LOIS. 61
communication (que Dieu détourne un ·tel présage!) llaia
enfin voilà des eu où la coonahlsance de ·la loi ne pourra
pas parvenir aux citoyens,- où elle sera fol'Cément, invin-
ciblement' igDoree d'eux et des juges. Il fallait. doilo n
moins pré'foir cea exceptiens-et y statuer.
A one heure, que di5-je 1 à un momeat précis et indivi:..
sible (car le projet ne dit pas du joUI', mais du moment) , à
un point mathématique dans Je temps, et qui changera de
distance en distance, la loi devra èt-re e~écutée par les ci-
toyens, dans ·les différentes parties de la France. Conçoit-
on que tous les Français puissent être· ainsi pressés, pour
Jem•11 actes civils, entre deus: ~omens P
Mais voyons comment pourra se faire l'application de
cette loi.·
On date bien les actes du jour où ils sont passés; mais il
en est peu qu'on soit obligé et dalla l'usage de dater de
l'heure et du moment : quand il faudra appréeidr un acte
non daté de l'heure, du moment précis, oommei;1t pouna-
t-oo le faire? Car, suivant le mode de publication, l'aete ,
f)Ui aura été licite à onze heures· cim1uapte-neuf minutes,
ne le sera plus à midi sonnant. Voilà doue tous les citoyens
obligés de dater désormais l'heure dans tous les actes; et
s'ilB'l'oublient, lesactes seront-ils nuls POn n'admettra dolào
·plus les actes sous signature privée, 1l'ils n'ont été enre-
gistrés avec la date de l'heure, de la minute? N'est-ce rien
què d'imposer tout d'un coup à tous les Frartçais une.obli-
gation aussi pesante qo'elle sera inusitée 1
· Que d'inégalités bizarres et injustes cette loi viead~ait
établirP . .
· Auxerre est à qu&Tante lieues anciennes, ou •ingt myria-
mètres enYiron de Paris; maie il e11t du reesort du trlbuaal
d'appel de Parill; Rouen est hors de ce ressort, mais il n'eat
'éloigné de Paris que de quatorze myriamètres :. ainsi à
Boùen, qui n'est qtt'à vingt-huit lièues ancienne9; la loi ne
devra être exécutée que dans soixante-six heures, et à
61 DllCUSlllO!fl, •OTIPI , etc.
Auxerre, qui eet à une distance de quaraute l~uee , elle
clevra l'être clans trente·elx heures.
Le momeat oh doit échoir le délai de l'exéeution de la
loi 88l'ait .OUTent incertain et inappréciable; fl le serait
d'autant plm que. la 6u du &orme cWpead de IO-. commeq-
a
Gelllenl, et qu'~ ne Yoit pa• quel moment ce d~l~i com-·
mencerait à courir. Ce .lel'ait Ans doute à partir dQ la date
de la promulgation : maie cette premulgatien 11'est point
4atée d'une heure précise, elle l'eat aeulement ~·un jour :
nai~lablement on entend· que c'm li compter de la
dernière beùre du jour de ea date que Je délai commence
à courir; suivant la règle ordinaire qui veut que le jour du
terme ne soit point compté dans le ten.ae. Ain1i, une loi
étant promulguée à Parie, par exemple, le preoûer du
mole, le ,félai COIQlllencerait à courir à minui' qui suivra
ce jour., et la loi. aerait réputée coonue à Parie, et dans le
reisort, tNnte·11ix heures après,, c'est-à-dire, à midi du
hofaième j~t:tr .du mob (c'est ainel du moin11 que votre
com~ill8ion a entendu l'article; et si tout Io monde ne
l'eatenil pat. de même, .'ce sera un argument de plus
eontre le projet de loi : car il 1'en1uivra qu'il e11t obscu"
el prite à pluaieun interprétations) ; ensuite,, à pïU1ir de
/
oe midi, la connaiseance présumée de la loi ti'étendrait et
gagnerait de ptoehe en proche daps toute• les parties de
la Frqce.'
... •aia ai l'on donoe une foit à la promulga~oo la date ôoo
pas du jour, mais ~·wae. heure .Qertaioe du jour,, aW1Sit6t
tout change : 1outes les oo_..b.ioaiaona eoot dérangées ; la
connaiuaDCe prélumée devient alors la connainance iin-
pouiWe, on ne aait pl.us, on ue peut plue savoir à quel
moment chaque loi d~it oommeacei: à ~re exécutée ;. car le
moment de sa promulgation sera toujoure ignoré, douteux,
arbitraire : est..U pouible de laistier vine l~ èitoyens dans
eeUe incertitude oon&inuelle sur l'objet le plus· important
ponr eua P Quoi cle mojoa propre à coooilier au~ loà le
DB LA PllBLICÂ TION DES LOIS, 63
respect dont elles ont besoin 1 fjUOÎ de moine conforme à
leur maj~té, à leur publicité indispensable!
Certes cet. objet de la promulgation des lois est d'une
assez haute impol'tanc~ pour demander, à lui seul, non
pas un article de loi, mais une loi _entière et expresse.
Il f~ut que cette loi dite si l'on consene l'hnpreasioo-,
l'affiche, l'insertion au bulletjn·;l'envo~aux tribunaux et
aux admi~istrations.
Comment peut-on supposer que la transcription actuelle
tmr les registres des tribunaux Jerait revlvre l'ancienne
forme de l'enregistrement P Dane l'ancien ordre dee choses,
l'ordonnagc~ de 1667 autorisait les cours .à faire des re-
montrances dans ·un délai fixe, passé lequel, la. loi .était
tenuè pour publiée' et devait être exécutée. c.e qui don-
nait au:i: cours cette prépondérance que les tribunaux ac~
tuels e.t encore moin.s les préfets, révocables à volon.t é, ne
peuvent avoir, .c 'était l'aJ>&Jince d'un corps législa~ do~t
les parl~mens avaieut la prétention d'être une aorte d'éma-
natio~. Ils parti~ipaient à l~ législati~1,1, en faisant dea ar-
rêta de réglemen~ pour tout leur ressort; ils avaient ce
qu'on nommait la haute police, po_µvoir souvent rei!outable,
et dont les bornes même n'étaient pu connues.
Les tribunaux 1 sous le ~imç ,açtuel, sont loin de pou-
voir élever des prétentioDB semblable~. Le tribunal cle cas-
J:éltÎOo lui-même se borne à appllquer la loi; il en est le
Conservateur, et jugerait coupable de forfaiture un tribunal
qui aura~t refusé -~u retardé eciemment la transcription
sur ses .registres. L'envoi des lois aux tribunaux et 4ux ad-
mini•trationa. ne le• fait, en aucnne Qlanière, partieiper à
l'autorité législative, ni même • la promulgation qui ap-
partient to'1t entière.•u Premier Consul; mais ces forma-
lit~ ont pour opjet de donner aux lois une plus grande
publicilé, de les. faire. mieux co~naître des citoyens, et
de le!! te.nir sans cesse sou11 lea yeux des magistrats., _qui
iQnt obligés d'y conforr;ner leun jugemene et leurs déci-


64 DISCU~SIONS llOTIFS. etc.

sions, et qui doi•ent par conséquen i en avoir une connais-


sance officielle, non pas une connâissaoce présumée.
Il est bon que la loi contienne une disposi,ion relative à
la publication des lois dans les départemens non continen-
taux de la France; et si la forme de cette publication 'peut
~tre rega·rdée comme suffisamment réglé'e par un arrêté' du
~mvern'èment, ne fin~t-il pas que · le gouvernement soit
d'abord autorisé par la loi à prendre cet arrêt~, ù faire ·ce
réglement P ·
· Noùs 1upposon1 que les formalités actuelles, établies par
la loi .du 1 ~ vendémiairé. an IV, c•est-à.:dire ·l'impression,
l'àffiche ~ l'insertion au bulletin, ~t ·l'envoi aux· autorités
judiciaires et administratives, ne sont abolies, qu'elles se-
ront conservées dans le fait; mais, de droit, elles.ne se-
ront plus nécessaires : car la connaissance présumée va
devenir la condition unique de rex~cution des lois; en bonne
foi, cette conditio~ unique peut-elle être suffisante?
Ajoutez que' la circonscription du territoire d'appel <le
Paris peut changer, que les autres tribunaux d'appel peu-
vent être transportés d'une ville à l'autre; et songez à toutes
les variabilités que ces circonstances apporteraient dans
les droits des citoyens.
Il pourrait même arriver que dans CP.rtains cas les dis-
tances seraient changées, modifiées, interverties par dea
arrêtés, par de simples réglemena : dès lors, quelle con-
fusion, quelle incertitude !
Le motif de la nécessité de donner à certaines lois la plus
prompte exécution ' la marche la plus rapide ' ce niotif'est
justé sans doute; mais heureusement il ne trouve d'appli-
cation que da us des occasions assez rares, comm:e lonqu'il
s'agit de mesures répressives; et, dans ces occasions, qui
empêcherait d'abréger le délai ordinaire par une disposition
expresse qu'oc lusérerait dans la loi même? '
Le mode proposé nécessiterait des calcub abstraits, hou
de. la portée du plus grand nombre, et trop compliqués
D& liA PUBLiCA. TIOlf DES LOIS.

p4)11r être entendus de tout le monde; et pour cette raison


aeule, il ne doit pas être con11acré par une loi.
_ c Le style des fois, dit Montesquieu, doit être simple; •
et ~n peu plus foin il ajoute : c L~ lois ne doivent point
• être subtiles; elles soot faites poûr des .gens de médiocre
c entendement; elles ne sont point un art de logique, mais
c la raison simple d'un père de famillê ( 1). •
Voilà, bien des incoriYéniens sans doute au int>de dè pu~
hlication, ou plutôt au défaut de publication qui vous est
proposé: DOUS ne doutons pall;que la discussion n'en fasse
apercevoir encore d'autres, car nous n'avons pù tout dire;
mais nous croyons en avoir dit assez pour d~irtontrer que
eet article, le plus important de ceux du projtt de loi, ~st
celui qu'il est le moins possible d'adopter, et doit, lui seul,
en déterminer le rejet.
Art. ~. • La. loi ne dispose que pour l'avenir, elle n'a point •
• d'effet rétroactif. •
C'est là plutôt un principe de droit et de morale qil'uué
disposition lé.ative; c'e11t un a~ticle à renvoyer au tifre
tles règles du droit, si l'on juge à propos d'en faire un.
Al"t. 3i • La loi oblige èeux qui habitent le territoire.• J
La rédaction de cet article nous a paru extrêmement vi-
cieuse. -En effet,
1°. Dire seule1nent, La loi oblige ceu:r qtd habitent le terri'-
toire, c'est dire; en d'autres termés, qu'eHe n'oblige pas
ceux qui ne l'habitent point, proposition fausse et démentie
par le second projet de loi qui vous a ~té pré11euté, et <tul
statue qu'un Français résidant e;1 pay11 ttranger cor1linue
d'être soumis aux loi& françaises; relativement à ses droita
civils-et aux biens qu'il possède en France.
2•. Il n'est pa11 vrai encore que la loi oblige sans excep-
iio'! ceux qui habitent le territoire, puisque les étrangers re-
vêtus d'un caraétère national, ceux qui composent leur
famille et leur suite, ne sont point soumis aux lois civiles
fa) P..pril des loi1, tÎY. au, cb1p . na.

5
66 DHC:USSJOl'fS, MQTIPI, et.c.
de la Fr.Qnce,.q1,10iqu'ils en ·habitent le terrltohe. La ré-
daction de l'article eat dono en cela eaeore inexacte; Il
fallait exprimer ou du m~s indiquer les eii:ceptioos. ·
Enfin l'article déplacé dans ce projet· de loi se r41porte
naturellement à celui qui sera relatif aux personnes, et
qui rég~ra la distinction 41es ·droits des Français et de ceux
des étrangers. . . . ~ .
•p. i Art. 4. • La forme de11 aotes· eat réglée par les lois du
• pays dans lequel füuont faits oo passés. • · ·
M~xime de ·droit. qui n'a .jarnai1 4t.h~onteatée. :
Mais la rédaction pourrait, ce eemble , être meilleureo~
Que dit à la lettre l'ariicle, tel qu'il est coôçuP rien autre
chose, sinon · que, daQs chaque pays, on suit, pour la
forme des. actes, lea Jois du pays.
Cet ar.ticle appartient encore au projet de .lOiielatlf aux
étrangers.
ap. ' Art. 5. • Lorsque la loi, à raison .des ciroons,~ces,
• aura réputé frauduleux certains actes, on ne sera pas
•admis à pr.oovu qu'ils -ont-été fait• -~ans •ude. •
La loi ne répute pas des actes frauduleux; mais elle les
déclare nuls, parce qu'à raison des circonstances; elle pré-
sume qu'ils ont été faits en fraude.. On a mis ici l'esprit de
la loi à la place de sa disposition, ce qui manque d'ex•
titude et de justesse.
La première rédaction de l'article était que, lorsque la loi,
par une présomption de fraude, aura ·dticlaré nuls certains actes,
on ne sera pas admis à. prou;,erqu'üs ont itéfaits smu frautkr.
Ma~s ce qui est étonnant 1 . o'est de trouver dans la pre-
mière loi du Code civil un article qui, d'apris l'exposé
même des_ motifs, ueae rapporte qu'au cas particulier d'un
acte fait dans les dix -jours qui précèdent uue faillitè, .acte
qui est déclaré nul 11ar la déclaMti<m du 18' no~mbre 1702",
C'est donc un article à ren\'oyer au Code commercial, an
titre des faillites, ou au Code judiciaire, au fttre des preu.Pes.
-4-5 Sur le! articles 6 et '' qui prescrivent des devoirs aux
D.8 LA 'PUBLIC'A.1'101' J>JIS io1s. 67
jiiges, votre éommlssion obsei-ft· 1euleiftént qu'ils ne &ont
pas~lëi à leu'r plàèe:, et ql.i'Ils doivént êùe renvoy~ au ~e
judiciaire.
Art•. 8. c on· ne peut déroger, par des conventions par- 6
• ticulières , ·a ux lois " qui' itttéressent Tordre public et les
' . . .
c bonnes mœlirs.' n
· :·c•est encore là un :ixiotiui de droil ~plutôt qu'un ~rti~le
de loi. Cet axiome paraît tra<lùit dÙ latin': Pri1Jatoram paçtio
juri"pu'hl'ito 'non Jerogat, 1; 45, fr. de ·reg. jar. - Jus publicum
pri11ti'tôrum pàct~"s mutari ndn pot~st, ). 58;
fF. ·de P,ctis; ~ais' ll
n'ou~ semble qu'il ést changé dans ta traduction. En éftet,
les m~isjds publicuiiz, mis en opposition avec ceux-ci, pri-
~atorum paCtio,'signifieni'évidemment, no~ pas le droit publié, ·
mais le droit publi<1uefl!eht étizhli~jus publicè stabilitum, ouj~s
comm'Une, le droit comoiuo ; en un mot, ies loù~ .Cela si-
gnifie seulement que les éitoyèns ne peuvent "taire de ~on­
vëndons ~artlculiêres contra.ires au droit général •. Auui
Dômàt, daris son lh•re sur les lois civiles, donne-t-il, (le
ces ·deux règles, ta traduction exacte et simple en ces ter-
mès : .Le)· dispnslit'oris dr.r particuli~rs ne peu1Jent empdcker
celles des lois (a). . ·
L'article 8, rédigé:cooimé il l'est, manque de préci11ion
et de clarté : aux lois qui intéressent forclre public..... et les
bonnes mœurs ! • . •• • Quelle' eu cette espèce particulière de
lois Pet qu'est-ce qu'intéresser l'ordre public?•.••• intéresser
/es bonnes mœurslm. Ces expressions peovent parattre suf-
fisamment intelligibles dans le discours ordinaire; mais
elles ne ~ont pas aSllCz précises pour ~mtrer dans la rédac-
tion d'une loi.
Il y a plus; d'après la rédaction, on pourra donc être
admis à prouver devant un tribunal que la loi à laquelle la
convention attaquée sera contrair~, n'est pas une loi qui
(•) C'eot ce que eoallr-n• d'IUlrel teltH de l~ : Quci<• plll1<urt • nH co••••• . . . -•
.., ......,; ... - .,.,..,. L. t. Il'. Do , . . . , , . . _ - LIGllVI - · - ,.,,.,""''""
••M&lit. L. fi'. 4tl lege"' Pole~W. -Pad• f""' conu L&GU, eon1til•fioMefH• Hl Naos ntt1'd
~•rtt, '"'"""' t:iM Aabt tl, lttdditnti jurù Hl. L. 6, Cod. De Jl«fil.

5.
68 DISCUSSl~NI. JlOTIPS. etc •
.iot~re888 l'ordre public.... ; ou bien, 11i la convention ed
contraire aux b9nne!I mœurs, qu'elle ne déro3e du moine
à aucu~e loi.
coa. En nous résumant, nous avons trouvé que le pr~jet de
loi ~st, en gé.néral, incohérent 1 mal ordonné, déplacé à
la tête du Code civil, et indigne d'y figurer.
Nous avons pensé que le premier arlicle, relatif à la pu-
blication des lois, ne remplit pas sou objet, puisqu'il n'éta-
.~lit aucun mode de publicaiion; qu'il serait trop compli-
,qué et Mouvent impraticable; qu'il obligerait, dans certains
1
ca11, les magislrats et les citoyens à l'exécution de lois qui
leur i.eraient inconnues; qu'il prêlerai\ à des 'Variations
continuelles, soit dans la date de la promulgation, soit
.da11s la fixation des distances; qu'enfi?, au lieu de cet ar-
ticle insuffisant, une loi unique, mais complète, serait né-
cessaire pour régler le mode de publication des lois.
aà6 Il nous a semblé que des sept autres articles, les uns doi-
vent être renvoyés à d'autres projets, et les autres ue sont
que des préceptes, des principes de droit, et non pas des
dispositions législati,.es, et que plusieurs offrent des vie~
e88entiels de rédaction.
L'avis unanime de votre commission est que le Tribunat
ne peut adopter le projet de loi.
Et je conclus, en son nom, J.11 BBnT.

La discussion s'ounit de suite, e~ on entendit dans ta


aéance du 1 8 frimaire les trois premières opinions qui sui-
nnt, dans celle du 19 les quatre suivantes, et dans celle
du 2 1 les quatre dernières.

OPI1U01' DU TllIB111' CB.t.Zil.,


corraa La l'llO.Jrr.

Tribuns, le& Romains n'entendaient pas, comme nous,


par Code civil, un recueil particulier de ce que nous appe-
DB LA. PUBLJCA.TION DEI LOIS. 6g
lons lois oiriles, ·par opposition ·aux Îois . militalres et ~~- ·
minelles de notre pays. Civl1is ne sig~ ifie ' pas e~ latin ce .
qui n'est pas militaire ou criminel : civiüs, qui dérive ~e ci,..'
vitas, civis, aignlfie de la cité; et codex civilis, que noua traduÎ- 1

sons m'at' ou dont nous comprenons mal la traduction p~r 1


. ' ' • . • •. l
Code -civil, codez civilis, veut dire recueil des lois de la cité.
, · Le Code civil des Romalnll est le rec~eii de toutes le!l lois 1
de leur cité, et li tient ce. que s~n titre promet.·On y trouve :·
en effet; norl-Séulement ce que rlouli_nomuions lois civiles,
mais encore les lois ruràles , les lois militaires; les lois ·c ri.- :
· minelles, les fois de police, les lois aiiminiiitratives, les 10~ 1
oonltitution~elles; et toutes les atitrës lois de cette na lion
célèbre; c'est lè recueil universtii d~ toute la législa.~i'on
romaine. . . - .\
Il . était bon, et Il convenait saris doùte _de placer à la
tête de ce grand corps des définitions générales de tous te~
droits, sources des lois, de dire les effets ·ctimmtim1 des
lois diverses qui lè composent, et leur communes pubÜ-
câtion et application; mais ce qui conver;ait si bi~n à la:t
colle-ctfon universelle des lois romaines ne c~nvient pl'ris ,-:
~OUS le sentez~ à la Collection que DOU~ appelons dn ~ê0me·'
nom lie Co<le clvil avec une autte acèeptloo:"~t qni 'o'eaf
que le recueil partiel des lois qui règlent nos . rapports de
famille et ceux dei citoyens' entre eux,' . .. .
Notre Code Civil n'est pas le Code civil ·des Romains, il ne
rest pas plus·sous lë même' nom que notre magistrature'
identiquement ncl'mmée, n ~~t ·celle des tribun~ de Rome;
c'est autre chose : c,.est une partie seulement du Code
civil des Romains~ que nous avons divisé en plusieurs {>ar-
tfea et dlstnbué tm autant de Codes. ·· · · · · · · ·
Le départ des .matières èommaode celai des prémfuee;
par cette raison, n'oii par eellea alléguées da~sl'expolÎé àe
aea·mot_ifg,:lè Conseït·d'Êtat a fait sagement de retranèlier
dô projet· ·de loi qui nous est aonmia, comme le' premiér
\ . ·. .
de notre Code chil, toutes les définitions étrangères aux;
70 JlllCUSSIOllfS. •OTIFI - etc.
m~tières de ce Code, dont on .l'avait surchargé; maf1 Je
Conseil d'État n'auraï't pas dt\ en retrancher en mê,IJle
temp1I ~clics proprC,11 aux matières ·,qu'on. le. d~t,in~ ..~ . ;~·-·
cueiJÎir, S'il fallait renvoy,er le.a d~finitions ~u droit con5:ti-
tutionnel et des lois conatitQtionnelles à la .constilulion,
celles du droit et des leis. ~ilitai~a ~u Code. mililaire,
cèilea
• '
·du drolt
•1 •
criminel. et de~

ioi~•.crimig.elle~
•~ • •
~1,1
• •
Code ~ri-
~ . •

miuel etc. , notre Code ~.ivil devai.t a'ou!rÎ.f P.ar.1~1; dé6µi:-


ti?O. .Prop~ea· de ce qu~ pou~ en.teo.do.~1 ·~ar. droit eiyil et.
par lois civiles'· ~fioH;ons d'autant. plus :néce1aairc;1.q1f <m.
n'entendit pas toujo~rs.ailleun les même~ ~<!.aes. . .. . . ·
On !l pre~nti ·le repr9,çhe d'o~is~îpn 'i~ i.'~non.~ J<!i,.
et on a cherché
. à s'excuser. . .
On a dit : Rien n'est plus difficile à faire qu'une bonne défi-
nition. Ce n'est pas une raiM>n pour se dispenser de la
donne~ q~and il la faut et qu'O.n l~..d~i~.
On a dit : Elltf appartient à {a _science; n'es.t-ce p~s la
s~iell~ qui en ~st chfl~gée ?••••• L'o~ateur du Conseil .d'État.
f~it de l~ UlOdestie lo~equ'il devait payer en lt1mlères, et q'!''!l..,
le ~~~vait si b.ien ; i.l n~ a'agiasai~ q1,1ff il'expliqu~,r _çe, qu~o~,
v~~t régle_r, et de rat~cber les,r~&Ies aux.pr~nçip~s ét~roel/I
cl~ justjc~ e\,d'é~qité don~ lf?_U~e.s ~e~ bonnes.r~glCJ.émiwi~~~.
~l m~o~e, sana aolide . ~xcu_se, au prolet ~~ lpiqyi nouf.
est soumis, co01me I.e p~mi~i: de . n«:>.tr~ C~~ Ç.Ï".il, le~~
ftnitio~s propret et a.~e~ire•. qp,e je,réçliJ~e~ et ·qu'oa. a
eu tort de suppJ'irner auta~t. ~u'on..~:eu ra,is.on .~e •11PP'!~-­
~9'r t~ut~ les ~utres • .E.xamioons ma;~~'?~ant ce q11'il C'?.O·
tien.t , et voyous si. le p~us. graQd µom~re de a.es articles ,oe
m.~ritait pas ~e. ~ubir le ~rt ..des déf;pjtion~ ~'!IPPrÏfll~,
et si; dans l'élat où o~ ~op• les o(t~, il t'D. ~'~ µli seul. ~;
aa:plac.e , ~~ ~~m.e 1>9n à p,laçer 4i,l~u,-,. 1 • , • • .. . •
~·~rticl~ _1~r s'.e:qiri~AA Ç•. term~. :.. . . ·.. . . . ·
• Les lois .sont exécutoires dan& ~oat le ~.n-i~oite f•P-:-
; ~~:·e~· vertu .de.la P.~~tds~ti~~-~~i en e•t falJe par le
·P~~~r , Cooaul.
DB . .L.A.. llVllLICA TI01' : DltS· J.Olli. 7l
Elles ae1tmt:edcutées dabs. chaque partie dé la répu-
a
• bfüpae, do tnoment où la promulgation pourra y être
• cououe .... : .. ;; :;· ·.:::. .. . .
.i La.pre1111tl9llllh1'(Jtfai• par le· Premier Consul· sera 1'6-
• putée conn11e dans tout le reéaorl du tribunal d'appel de
·ci ?arla , treo&&-m :heores- apl'ft: slftdate , et dans tout le

·•'reAaort de tbaot111· 'die" 811tree tribunau:t ·d'appel; après


-e.l'üpiratfon:dcnnéme·-délal; ;augme!Ké d'autant de fois
·•·dlem . Ja~s . -ffo~il y .a de: tnyriarnètre~-cntre Paris eHa
-• ~ill8><ill' atiaouâ .de ciee tt'ibunuûk :a:,èon,:afége. i · ·
'. .. > SUlori oOÂllidèn1ila. nature cle dette. pl'6'miètf! disposition,
on•ëonT.a ioorlt qu'elle ·«$t1alat&lulneat inadmissible d8'Ds
!nOtre,-Obde Mil. ·,.. t ., ... ! . . . . ,, ..
.. : , •.

.,:; Bo etrS., 8"' ule&t.pâs:pal'ticuHkte à; oe que nous appe-


'füasi loi• ~iv-iles~ mais commuoe·à· toutes nos autres lois,
4unt!elle. orgaelse .Ja ~Al'Ul0116· piôtnulgatiôo et· :publiea:-
-&ÎJOD; >elle n'apparUei1t: pas ':Plu& li· not;e- Code'- dYil q1.Pù
ubtrre Code m-ftttinet ,;qurà nlJtre Codu militaire. Organique
.et fégleqieotailte 4e·kl· oooititutton; 'll'«ist au.Codé des lofs
· orsaolqutt~- eti -l'~lemebtaitoes· de l'ac~ censtiWttiodnel
'1U~H• appaaotie1Welle~sit"tttemi< · · · · - .. : ,. . ·:
. ::.Ii•mêttie d~posftff>n, con11i<ÏéMe "d-au~ •Pétat·oh oil nous
l'offre, ne 11erait admissible nulle part.
: · ''oytz'd'•borid t:olb.bien elle 'èllf id~plète. · ·
~le:ne:4it ni'le mode iii les·furtties de l'acte de promnl.
gatloti ,qâ'elte ai pour·oblet ·d'orgam~r~ Oh· les a détettni-
. Mes éiDeul'll~ in1ti1•n1t ·devtatt.:elle pas les '~unir ici, p~is­
-ttue. o°'è!tt un>~OO. oé ~it-qù't'io ·eirtreprend il
Elle dit : Que la promulgation friiÎr! par le: Premier Consul
sera Ff!ru'tée éomtdè dàru:totit •1.e,reùdr-tltlu h'ibUJtal d'appel de
·PRris, . trente-tiz 'lleurel' àprH stt: d'eiré., et dttru· tout le fcsso'llt
-ile ·clwlcatt· der tt,,,,,;1 trzltinail;,; d'a*t, · ap~s l'expiration· tlu
_.,,...,, "tlJélai', ·dli(fÎnt!n#l'tf.dtttlJHt rlc:~·dèù.r 'ltetl~.t qu'il y d- de
m~s entre Paris èt·11.1 vi'llc où ~cttfl de c6S trihammr ·a
HIC liège·. .: · .. . ; ; .. · \
?• DlSCUUIOKt , MOTlft , , eto..

y
Il a ici deux Jacuoell .d'une autre eapèce ;. quand la loi
iiera-t-elle cen11ée connue dëU!s le reS11ortdu tribunal d.'appel
de l'ile de Cor11e, et dans les colonies sans tribl!Jlaux -d'ap-
pel? Comptera-t-oo pour elles par myriamètres; e't·à deux
beure11 p;1r myriamètre~ plu11 trente--ia P
Ce calcul de deux heumi par ruyriamis&re, plua frente-
six, exige un toi'lé omis, et à joiodro·à la foi~ de teutea
les dM.i11.çe11 de Paris à tqu11 les cheC.-Jieux. dea arr0ndWie-
meus d'appel ; .il elliige enoore l'ordroe 4e pieutittnnOI' dans
l'acte de pi:omuJgatioa rbeure préCÎti8 et lit. otiôute O~.ièha­
que loi 11era Pl"Om"llguée. Le premier. magjatAt de la Branc~e
ne pourra ·scellu uoeloi qu'en.préaeôce d'ttne peaduJe, ('
.&laie les heures courent sans cesse, et la lôi 14!ellée ·peat
être oublitse et 11e repof;er sur le bureau. l.a loi, dana ce
cas, arrivera ou sera censée arrivée et connue avant qu'elle
soH partie. La méine cho11e aura lieu, aaoa oubli,.lorsquct,,
la loi expédiée à nn11h,nt, les COlllTiers por~eUr& 8ttOnt ar-
rêtés ou ~tardés sur les mer11 par des tAtmpétea, .sur.Je&
routes par des rMère11 débordées, des ponts emport~ ou
des brigands, et lors11ue, dans le.s tempe de troubles:,: de
guerrt' et d~inv:u1ion, le11 commuoicatioDS par·mer O\I •MC
un arrondislieme(lt d'appel ~eront tout-,à..,fai\.iot~r:'1m(fUe&
et coupées. . :.io .
Le délai pour c-0nnaitre one lol et lui oWir· ne peut
co~meucer ni de 11a date dan1 l'inJér~µr· d'ua. pal.ait,, iii do
son départ. ni mépie de sQ(I 11rrivée.,. m~i1 de sa seule·~..,
blicatio11 sur les lieux ""elle va commander;.puWieatiqn
que l'on a confondue à· tort· avec la pftOQlulga,&iqa, qui
n'elll que l'acte antérieur de sceau... 1
Il fallait, pour satisfaire, pour.parer à tout, do,ener.di:t:
jours franc11. et ce n'était pas trop; 41ix jours fran(l8· à
c:ompter de J'affiche de la loi sur lea l,ll\11'11 ox~ieurs ·M
chaque tribunal criminel. de chaque tribunal d'appel,
suivant l'e11pèt.-e de loi, ·et ordonner que cette affich.e &el'ait
çonatatée par un procès-verbal cootracl\ictoire 4':f·pNfct
;,3
appoaiteur et du président du.tl'~; le: premi•·pùWiànt
aa nom du gouvc:roement,. et te.aecond rece'f8Dt la· pu~
.. blica~ion au ·nom des gou\'ernéa juatioiables 'dg .90.-:.fri-
~. • - , • • ;.t-t;().I .-'J::I .· , ·· ,' f.;..;• ; , ;

Les 4isppsü,ien11 <\e11 ..a~ ·9 etdi:id.ol projet;quiim11i aeU


'-~~e.,. &' la. 4.epièie ea U10Z ,mat, :zt\41.igée.~ •IJ10Dt , pat
· e~11-.mes, auatan incenvénfftm•f11J•iat081t dè'Jllt.diepéiii:.
)t01f8<8~~AWf8.,· ·f41C: lia1~i ,,ia JifMt;d't#{et n!tro.aff,.quà :lq
, ~ ,oblig111 ~:qui."4Wfl• le·f8nito#oï,:-œl 11•H1.I pas··~• qû8
, .hl~ p,r~ibr~ ,<lq .. projft4,, PMfU'OI: et:~lfllllrtlceliènla ·•·.uone
,Çpcle .ciyil, ·Cttm•e :l~: ,_1~re~·~!Nr•~.ent •. oe111mane11 •
· ;tous~~s,41.g&s;~~Qdesftéitut 4Milfe.;iQt:~·telletl-qu~ · nlnJI
les préaeote,· elle11.devrai0ttt~ kOUNeJ"•na ·l!~toœostit11·
•joMel :,•Jl~;11·acl~t e1» 6t:l\)l•:législatfq:lmiltieu.tilus
· 41.\'W ·iusea- .;~~-1 -":A..eoMau.t~e.M· :WM11tiwtivn·~de
·. w.,-.·lea l«l~, •t:"- aol)t Jr'r .1!0P. . . . . .! aa~lement
· ,Q9ns~tuti9wieUe11t OB.lJJO ;p,u,,rrait.les ·tdléret·dll..1-...e
<1*· fi~f q~ut·nl\'~.-,,...~u;,.ait·~• poaléei,ièt qn•-.
~w;~d~tCJ:él.Ïl .et. ~4'1\Ïi. Pl'QPfÙ;CO God8>par-. u~e-~e
. rédaction; une rédaction dimiootif4t:.:-tellu à::peu1près·q•
'! ·

.. t1 L(ls.l~Hl.QQlGIJUIM d-.na.•1C.aJ~1QWfl88WODt,i.b~,

c.tot:tws le8'autrea loNi,,. aueun1cfflel1rétreaetif. ,, 1·"· .,., ,..,


u Et, comm111\t~1 la auk•,loi•, ell~s oblige,ât.tl-~''ell

. · •• V..Gttu .d1111, ~"·det. ge• ;.. lell!;.t ilraJtget1t·qµkhabileâ>nt


. : t1 J4Qlll0 "priktW.1~l41um"9e1 •a>leSr .oatid04ux ... in!
. ·.. Oe .-tou.tt1t A41!.~pot;.ti!oM . ~C>o.te~ues ·.diwaa la ·pro;e' 4w
.. DOUi QCCUf>(\ '" Ç~f 4"s, Mticles, 4i.i·.ivet: a~ .telatiyes. aux
. actes et ~' ,cQQvMHou~,:..,,t 1lesi-,tltMlfl• .qtJ' ,._PM; leur
, ·nature~ apPM""~t ·~·Co4e:~vil·ii.itai.a,leur •"4ltle
place n'est pas à la tête de ce Code·; l'ordre, la a6Ht.:fl•
. icU,es let·c~t. au.. ~vre des coutra\&,. s~ le '. tit~e-; -.dis-
. JIOlilÏ.oru générales, ~~ il faut lea .renvoy;e~,,. d'a•'Qt plQf
que, dans lew état <l'iqiperfe.ctio~, il.1J1Cr,ait-i°'po-.ible <le
l&•.it4meU.ce." : .. .; , • •· , , "'!"•. ·.·· · i·r .... i .. ,;1
DISC1Jl&I01'5 , MOTIPS , etc.
La proposition portait qoe le Sénat consena.teur ne ju-
gerait que sur le référé formel et indispensable d'un tribl1-
nal, et que ses arrêts d'équité seraient officiellement com.;.
muniqués dans le mois à la légit1lature ·~ au Tribunat et' au
geuverooment, afin qu'ils pourvnssent à l'a~enir par la loi.
Cette :propoiiiUm1 ·fut rejetée contre mon avis. Lei arli.:.
cles 6' et 'J du projt>t q11i · nous esr1roumls la reproduisent
pour les ·juges. Attrib'u~ez...vous aux ;u~ès ce qu'on refusa
d'.attril>uer i au Sénal COD!iervlîteur p et rattribuerez-vous
iiaus freiri' 8aus mesure,· sans:gàran1ie'; sans 'précaution',
et pa" une e11pèce de. détour honteux , anti-français, t!ti
indigne de la majesté législatiYè, en disant que le-juge· qÙi
refusera de jager sous jhétd:te ·du silence., de l'obscurité où ·de
r'buuffl11U1ce de'/,a loi; pourra ltrej:>ètlnuif!i èi>mme couPoJJle.de
tlt!izi de j1utitJe; mttif qo'i/ lui est <Hfendu ·de prtÎnon«r pllr 1JOÎIÎ
tle~ di'lpoiition gtl11tlmle et ~glentènttÙn il · • · ··
·"Prenez garde que ces paroles enveloJ>9éés c~neot;·
sous les noms génériques de loi et de juge:;. it?ïdeuit'. e!lpècei·
de lois clvile11 et criminelles . ei · 1e&. dt!u:ri teti~es "1H\iges
civils· el 'crimiiiels;· Elles conf~rent pari reoulléql16nt ' lhrfUg~
orimioel le pouvoir énorme.(l'absoudre· et·de puft'ito ~tbitrtii.r
rertumt. . ,j ;, . ., . '

L'autorité d'adoucir le11 peines reconnues trop rigob-


reusea par Ica tl'ibttnat1x, et même de'les r.eniettre snr téur
dem~nde :quarid ·eAlet1: 8èraient in';'u11temetH ·applÎt(oées; ·a&
droit limité de faire grâce pout- l'aooomplis!lemeo·t :de t&
~tioe ;· quFaurliit éM. 11i 'bien plaèé entre ·les'' üfos ' d•un
Séuat conservateur, ne saurait ~tre abandonné, illimllé',!
et•à:dit1!1:rétio11 -à. ceàt h'ibunau• ci'imnteli9 ordi'l'leiré§~ ·ét à
toris ~è.ù1ilC, e1iraordiiYài•es- qu't~ · nou8 ·a donnés et. ~o•o'n
V810dra noùa :detilnero-: "'" · . ... ; . . ·;; ;·.• ._. :., ... . a; . •i "
· €ombien oioift'lit.peut"on leur ·abaedonnef-OC<We,: · •'11'1~
vant.le . p~t ,-la pûnit-k>n arbitraire des cifoyeas r :· '.
. Il n'ei.t pa11 u~ceJ&élire de punir quand. la loi ne ·punit
pas. Au criminel, l'obscurité, ie eilence et l'ioauffieaoee
DB LA PVBLJCATJOl'f DBS LOIS.

de la loi, doivent s'interpl'éter pour l'adcusé ét l'affranchir


de la peine.
Au civil~ c'est autre Clhose. S'.il n'est pas nécessaire de
punir , à défaut de loi , il est toujours uécessai~ de juger
une contestation pendante que la loi faite ne termine pas;
et que la loi à faire ne peut terminer, parce qu'elle ne
peut avoir ou qu'on ue veut pas lui donner un effet rétroac-
tif. Le pire serait de laisser subsister la contestation , qu'il
faut étouffer pour la paix entre les citoyens. Il faut' donc,
aù civil, recourir néce1Sairement au jugement d'équité.
. Mon opinion personnelle est bien celle-là ; mais elle
ne serait pas de le commettre aux juges ordinaires. l\lon
opinion serait de le remettre à des arbitres nommés par
eux.
Cependant, si l'on insistait pour que les juge11 le réu-
nissent à l'exemple de Rome, del'Angleterre et de la France
monarchique, je demanderais <fU'ils ne puHent jamais le
confondre avec le jugement légal, ce qui aurait les plus
grands inconvéniens.
La séparation si bonne eilt facile. ·Je voudrais que les
juges füssent tenus de déclarer d'abord aux parties qu'il
n'y a pas de loi, qu'elle est obscure ou ·insuffisante, et qu'à
défaut, ils les jugeront d'après l'équité.
Je voudrais que le jugement d'équité ne pdt se rendre
que six jours après la signification sans appel et sans re-
coun de cette déclaration; car, s'il y avait une loi que les
jugeA ne connussent pas, ou qu'ils ne voulus11e111t;pas con-
naitre, il faudrait bien qu'on eftt le·moyen de les empêcher
de s'en écarter, de les forcer à l'appliq~1er. Dédaignez ces
précautions, les juges ne trouveront jamais de loi claire.
Il est plus commode de juger arbitrairement.
Enfin, je voudrais qu'on décidât si le jugement d'équité
rendu serait, ou non, soumiB comme les autres à l'appel
et an recours, et qu'il fût toujours suivi d'une proposition
obligée de loi pour faire cesser l'o.bscurité, ou combler la
Df8CVS8IOIH , MOTIPS, tJlc.
Jaeaae-d• ·celle qui aurait produJt ooÎllme· n~&Mfre un
tel jugement.
On a dit ·qu'it.r <M>ait dei juge# a11t11rt qu'il y ~at des ·lois :
cela est vrai; mais on s'empressa de porter des lois qu'on
imposa pour règles aux juges, afin de se préserver de l'ar-
bitraire de11 ;ugemens. N'établi11son1 pas que Iee i•t polll'-
ront se passer de loi'; et lorsqu'il faudra le souft'rit pour tin
cas présent, imprévu, que ce soit pour ce #eul cas;et ~­
gloos à· l'instant même les caa semblables futurs. Vous sen-
tez que si les jugea pouvaient se paner de loi, ·on se ·pa11-
serait bient6t de légialateurs. ·
Tribuns, les articles 6 et') do projet, tels qu'on -.ous tfk
offre, sont ·absolùment inadminibles éo eux-~mes, et
considérés dans leur nature : vous trouverez qu'aiosi :que
les premiers du projet, ces articles si daogeréux n'ont en-
core rien de particulier et de propre à notre Code cMt ·,
dans les préliminaires duquel on eat tout surpria ·de tee
rencontrer. Ces articles appartiennent également à ioue
nos Codes, et font essentiellement partie des lois organt-
ques ou réglementaires des dispositions de la constituiioo
relatives aux juges; ils sont même tout-à-fait additionqefs
à la constitution : car nos juges criminels et cMls n'existent
con11titutiormellement que pour.la seule et paHive appli-
cation des lois civiles et criminelles. ·
com. .Qu'il me soit permis, en 6ni88ant, d'élever ici ; poar ces
deux articles6 et'' et pour les premier, second et troisième
du projet, la que1tion que toua les cinq foot naitre: la
grande queation de 11avoir si le corps législatif est aotorieé
à porter des loüi constitutionnelles ,.et même des lois sim-
plement organiques ou réglementaires ae la constitution.
Je sail; bien que nOUll &Ommes eri poSRe!lliOD, depuis .deux
ans, d~t!~ire nos réglcmens constitutionnels; mais je crois
fermemeht àussi que c'est un abus qui cric, et qui, tôt on
tard, séra·entendu et ceuera: car un ahu& de ce genre ne
pre11crit. jamai~.
DB .LJI,. P.ULTOÂ"TIOll ·"•lfZSI '.li;~. 79
L;i oonatitiu&i«>1fll1Ha ~ satirét dù< ·ttigitsla&i6Ur\ ft· ne
peu~ Pi'' plue y ·IDuthér· que le juge ne pevl1ouehet àila
~i,,q~i.eetla 8Îeode J.Bt de wme·qiae·éelui-ci ne·saurllit
faire, de l'aveu des auteurs du projet, le11 loi1 qui lût·man-
qµcm~~ pi ilR d6.elopper· d'obsoore1 nil d!fneotnplète9 par
,des mlJlemeae géo.é11aùs; de ·~me le législafe'Ur ne peut' ni
fafre ·de• di1po1itions .oonstitudonneHes, ·ni'fa.l~è '<les réglé-
1JUlQ• géoétaUX cé>otÜ~i.Jtion»el1. Si l~ùD et
l'autre avaient
Qe-p>uvom, ;1.e?csMUivntit ·qutd'uoi et l'âotre:11etaltnt waatt.
ll"e dfUil règle, .câr ils pourraientea111 c:iesse la modifier, la
chanSor 6'.a'oo jouar·,-1ous· préten~de l't9élairolr, :de la
compléter. ·
11.eat évident que le pouvoir sur la loi ne peut appartenir
qu'au législateur, et le pouvoir sur la constitution qu'à la
magistrature coostitution~~ire, au Sénat coo11ervateur.
La distinction, la division du pouvoir constituant et du
pouvoir législatif sont une découverte qui honore Ja fin du
dilL-hqitième si~le t•CJt qui est due entièrement à notre aa-
tion. Cerlet t voua· ne .voulm: :ni r
renoacer, ui violer le
pacte d~ l'an VIII qui la eonsaCTe. · , · . ·. · ·• ·' " ·
Ainsi, iribuns, quaad ·le·ptojet·de,IOi qui v0'98·e.t'.Mutiile
ue con&ienc\ritit9lle des dispositions propres·au Cdde civil·;
quand ces diapositiQna eeraiept toutea bonnes, bien à fédr
place et bien complàle9'rvous penseriez qu?il oe 'fOIJs eerait
pas pumis encore de l'iad~ptec, attend·n fjue, •ur huit· ar-
ti,cles_, cinq au œoia111e trouvent constitutionnels ou ré-
glementaires de-la conatitution, et excèdt1nt par conséq~:ut
votre pouvoir législatif. ·
Co1nmont donc. l'edopteriez-voua,· lorsque "les mêniëS'
article& ei les trois autres de ce projet dépouillé d~ :ses dé~
finitions propre11 et nécessaires, se trouvent tout à' la ·ft:rfs
ou é&raugera à cè ·Code, oa ·déplacés à son frontispice, et
qq 'ils sont ea: outre ·si iacomplets et si pleins de vices,
d'imperfectiona et de dangen P
Vous ne pouvez qne le rejeter.

~
~ - --
8o .J>J8CUllllOlll • MOTIJS• etc.
0,0 .nous a ®'Pné.à entendre qu'il.est fàcheox de rejefet'
le premier projet .de loi du Code civil. Je , le sens; mais il
serait bien plos.fâ:CIMPli .de l'admettre dans l'état où voilai
le v«>yez.
Un C()de civil n'eat pas UIJe de ces lois urgente11 et transi.
toirts qu'on peut passer avec dt:s défauts, <.:'ellt un monu-
ment à élever pour les siècles. Nous a-vooa le tempt1, et
n~tre devoir est de rendre le nôtre di~e tlu siècle qui vient
de COIDflencer, et ·de la nation tt".li l'auend. Il ne faut·
épargner ni les peines ni .les travaull. E•igeom1 toute la
perfection ~lont l'ouvrage est susceptible, et dont ses au-
teurs sont si capables.
JW1qu'ici je n'hésite pas, mon vote est pour le rejet.

OPilU01' DU TB.~trlif JJiXEUlUltJl t


l'OV& Lll P&Ol&T.

Tribuns, quel que puisse être le mérite du rapport de la:


commission , et du discours de l'orateur que vous venez
d'entendre contre le projet sur la puhücation, les effets et
l'application tles lois, ils nous laissent à discuter un 'grand
nombre de questions générales, qu'on ne parait pa11 avoir
jugées digne d'un examen approfondi, et que tout néan·
moins invite à discuter avec attention. On s'est attaché aux
détails du projet, et·il est à regretter que le rapporteur
n'a,it pas employé son talent à en examiner le11 bases. Il a
présenté des critiques justes en elle11-m~me11, mais qui
tiennent peut-être à un système i11admi1111ible , lor11qu'it
s'agit de la rédaction du Code civil, qui ue peut titre fait
en masse, qui doit être présenté en Mtail par l'autorité·
chargée de l'initiative de la loi, diflCulé aussi eu détail par·
le Tribunat, définitivement adopté ou rejeté de la même
manière par le Corps législatif, et tians lequel ou pourra-
ensuite établir une classification plut1 exacte.·
Dans une matière aussi grave, lorsqu'il est question de
DB ..... PUSLICÂTIOK »as LOIS. 81
la pw:eoli~re loi du Code civil, attendu avec impatience
par tous lei Français ; lorsque. le gouvernement a chargé
cle l'esquiue de ce grand ouvrage des juriaconsultes re-
nommés et justement recommandables; lorsqu'on a cou-
aulté le tribunal de cassation et' tous les tribunaux d'appel
de la République; lorsqu'on a invoqué lei lumières de tous
lea eitoyens; lorsqu'on a môrement discuté au Conseil
d'État; lonque eofin, par un exemple qu'il est utile d'en-
courager, on a publié le résultat de cette discu88ion; tant
de soins d'une part, eu exigent de ~ciproques ~e la nôtre.
Sans doute le pouvoir qui nous est.'délégqé est-indépendant;
mais i1 s'exerce en public, et il exige de nous un ·zèle par-
ticulier. Au-dessus de toutes les ~utorités nationàles, se
trouve celle du peuple français, qui aujourd'hui ne se laisse
point éblo_uir, qui juge les résultats, qu'on ne peut plus
èoavaiacre qu'avec de solides raisons, qui réprouve tout
ce qui est inconvenant, et favorise tout ce qui est juste.
. Dès lea premières délibérations du Tribunat, vous avez
1e11ti , mes collègues, les d.ifficultée particulières que devait
éprouver la formation de la loi sous la constitulion do.
l'an VIII. Permettez-moi de répéter ce qu'on Yous di&ait
alors, que, dans le cas où vous voteriet le rejet d'un projet
1
de loi qui ne serait pas adopté par le Corps légiKlatif, il
serait important que le gouvernement, à qui appartient
l'ioitiative d,e la loi, connût si vous en reje41Z les principes,
·ou si vous n'en rejetez que les détails. Durant les deux pre~
mières se88ioos du Corps législatif, la discussion a· suffi1111m-
ment averti quelles étaient vos intentions; mais 11i les ora-
teors qui attaqueront le projet actuel, n'en discutent pas
avec plus d'étendue les bases principales, ou bien s'ils les
oublient tout-à-fait' il ne sera pas aisé de s'entendre, et
votre sagesae calculera les suites de œtte omission.
Au mois de nivose an VIII ; vous avez ajourné un projet
d'arrêté qui était ainsi conçu :
VJ. 6
8t · DJSCUUIOICI, KOTlft , e&c.
• Si • Tributiat, admettant le principe et l'ea1e1Qblè
• d'un projet de loi, y désire néanmoins soit des modiS-
• eationa de détail, soit dea retrancumeos, eoit dea dia-
. c positÎ9D8 •upplémeotaire•, il émet IOD YCl'JU par la fOl'-
c mule clu rejet; maie l'aaaemblèe détermine d'une man~re
• précise les modifications, relranchemeoa ou additione
·• qu'elle désire, et les orateurs chargée d'exposer et de
-. défendre devant le Corpe légialatiflea motifa.de 80D 'fœu,
• sont tenue d'en rendre comphl d'une manière Cermelle. .,
Je ne viens pas reproduire ce projet. d'arl'fté; il serait
d'une ex~ution bop difficHe : mais l'e.prit en est bon, et
je pense qu'il doit surtout noua guider dans la- disou111ioa
tur le Code ci~il.
Ces diverses conaidérations me déterminent à parle•
dam une queation 1ur· 1aquelle je ne m'étais point pr&.
paré : puisque tant d'orale~ insorils contt"e le projet
'tiennent appuyer l'uis unanime tle votre commiuion f
41ea raisons que d'ailleurs j'aurais jugées plausibles, me
temblent faibles ; et · si je parais à cette tribune, c'est
moins pour faire adopter le projet, dont, au teste, je vo-
terai l'adoption , que pour le faire discuter aussi longue-
ment qu'il sera poHible.
Le projet embras!'e des queations générales di>nt le rap•
porteur n'a pas dit un seul mot; mes ·obset'vations aùront
pour but de le9indiquer. J'en a;outerai ensuite quelques..
qoes sur les détails , sur les diverses objections, aUSJi de
«Utail, qu'ont faites le rapporteur et le dernier opinant;
et j'aul'ai occaaion d'examiner si plusieurs de ces·"détail11,
que la commi&11ion voudrait re11•oyer soit à la fin du Code;
soit au Code judiciaire, soit au Code de commerce, c,est_,
à-dire à deux ou trois ans, ne devraient pas être établit
le plus promptement possible, pour sortir bientbt d'un
'tat de choses qui, d'après la légialatioo actuelle, a toute
sorte d'inconvéniens.
I. Parmi les questions générales que n •a pas traitées Je
DB LA. PUBLIC.llTI01' ll!S 1.ots. &5
faptiC>t'teM, et dbiit ciependaot la di~foo étàlt eonve ..
nablè ~ mêmé 'nécessaire, je citerai d'abord rttniforinité
d'un.ai génél'al ~ de dtx ou quinze jours, pour que la
'
loi devienne· obligatoire. On a fait des objections sans
J\otnbre s~r le mode adopté pàr le projet, sur celte dift'é-
#èftce d'époques Cillculée d'après les ·distances ·des tribu..:
aa\11~ d'appel. On b'a pas 'fudiqué l'avis de la ·commissfod
touchant ln base préliminaire sur ce point. Lé Conseil
t1rtl:tat ·a vu des inconvénfons dans un délai unifotme; eef
i'aisbns ·90ut publiques, et, si vous n'étes·pas de cët'atis,
ni! iugierci-vous pa11 utifo de publier aussi ·1es n&tres P'Le
ila~eur a rappelé d'un seul mot (et même, s"it me
permet tle le dire, pour commettre une erreur , en ce qui
é'orieerne l'affiche) la loi du 12 vendémiaire an Il, d'a-
p'l'èt lltquelle se fait aujourd'hui' la rublication des loft.
Pblttquoi li'eu a-t-ll ·pa11 exaruiné Je niod~ P Il est certaihe-
aier\l oélèctlleux' ei les douze articles de cette toi' di11cutél
élYèif llévérité, feraient aussi ·de l'impre11sion.
L'article 11 est ainsi conçu : •En conséqoence de la pr~
t 'seate :loi;il rie sera plus fait de pubUcation de loi par
~1iecfure pobtique.; par réimpression ni a!Jicke, nf à abri
•·de \'rômpe ou dè tambour, en aucun département, aiif
~ fliÜs de la Répi:iblitfue, si ce n'est lorsque· ces formalités
• sèront·exp'ressément ordonnées par u1; article de la loi.• ·
Et~ a'rt. 1 ~) : « l:es lois et actes du Corps lél;lslatit oblige.;.:
t' ront, dans 'l'élendl1e de chaqoe département, du jout'
li auquel le bulletin officiel où •ils· seront lcbkitenus lrel:'a'

• dÎrtribtté nn1-chef-llen dn département. i. · Cette lot' n~6t!.:


c!or.ne pa~ de cfl'es&er.un procès-verbai, ·ou 'le conslgô·er'
d'une· m:anière at1thentique le jour dè· la réception · dd
~haque bulletin des loi~ au chef-llt-u dri ·aé~artemen't ~J
rlén ·ne·constatc l'époqûe de l'ahlvée, et t•o·n ·peut ·dJ~~
qo•ene · est plus 'vague, ·e t,! sous tous le's 'rapportâ; ïrilihiv
bônne que le projet présenté. La publicatib~ de·la loi, ·et,'
pàr' cohstquent, son exécution, se trouvtnt aujourcl'h'uf
6.
84 J>llCV..IOIJI. •OTJrl • etc.
à la pierci du miniatre de la justice; et j'in,diquerai plu•
' bas les suites d'un pareil ordre de choses. Cette question ,
plus difficile qu'on ne le pense, qu'on a résolue de.sou
quatre manières depuis le commencement de la Févolu•
tion, sur laquelle presque tous les tribnnaux d'appel oo&
donné leur avis, sur laquelle les premiers rédacteurs da
Code ont eu un avis différent de celui.du Conseil d'État,
aurait mérité quelques phrases de la part de la commis-,
•i~n. li est. peut-être du devoir des orateurs qui .rejettent
ce qui est présenté, d'indiquer le système qui leur ·parait
le meilleur. Quaut à moi, je suis frappé du danger de tous
les actes frauduleux, et de tous les aQtrea abus que. peut
entrainer la fixation d'un délai uniforme, particu~rement,
101U la co,nstitution de l'an YJII, qui ne permet la promulgati.on

'J"e di:& jour1 après le décret du. Corp1 législatif; e& malgré.
~a simplicité de ce système , et la forme singulière sous
laquelle se préaente le système du projet, qui, au reste,
1erait suivi d'un régleruent sur les distances, j'en adopte-
rais le principe.
Plusieurs passages du rapport supposent que la loi peut
~tre connue de tous les citoyens; le Conseil d'Êtat a pensé
'JU'il n'est aucun moyen de donner cette connai11581lce à
chaque individu, et que dans tous les systèmes on sera forcé
de se contenter ici d'une présomption. Le rapport n'a pas
discuté non plus ce point géné111tl. Il a paru désirer' la pu-
blication et l'aftiche dans toutes les comm1,mes; mais il
était d'autant plus utile de discuter ce systèm~, que l'at:.
ftche dans les communes n'a pas lieu maintenant, ainsi
que vous venez de le voir. Je ne dirai point que l'axiome
~~ologique,. semper e.xcusat ignorantia ziwincibüis, appli-
~a,ble à ce qu'on nomm.e le for intérieur:, n'est pas bi~n
pl._cé dans une discussion sur le Code, civil, car il .ne ~
trouve plus dans nm.primé du rapport; mais on y parle
~nco~, en deux endroits, de l'!gnorance invincible; et cet

..
axiome,
. en latin ou en françaia, prouve
.
trop. N'est-il . pas
.
D.I tA PUBLIC.! TIOl.lf DES LOIS. 85
évident, en effet, que, même av~ la publicatien et l'affi-
che, dani les communes, un grand· nombre de citoyens
pourraient encore faire valoir leur ignorance iTlflincible i' La
publication el l'affiche, dans toutes les communes , ne me
paraiuent pas nécessaires; et si l'on pense autrement, il
ne serait pas sa,,ns utilité de déduire les moti~s de cette
opinion. J'avoue que le rapport a discuté 'une des basés du
projet , celle qui concerne la transcription des lois sur tes
registres des tribonaox : il a donné des raisons fortes contre
le système du Conseil d'État et du gouvernement, qui n'ont
pas été d'avis de cette transcription ; et voulant moins
combattre le rapporteur qu'appelei: de nouvelles lumières
sur cette question et sur toutes les autres, je présenterai
au11i mon opinion. En principe·, la loi a toute· sa force,
elle est, par conséquent, exécutoire, sans l'intervention
des tribunaux. C'est moins le souvenir de l'usurpation des
parlemens, et de quelques tribunaux de l'ancien régime,
que la nature même des pouvoirs, qui doit écarter la trans-
cription tmr les registres des autorités judiciaires, laquelle,
au surplus, n'a point lieu dans le mode actuel : car la loi
du 12. vendémiaire an IV, qui charge le ministre de la jus-
tice d'envoyer le bulletin des lois aux présidens des tribu-
naux et aux juges-de-paix, ne parle en aucune manière
de leur transcription. On. peut même dire qu'elle n'a eu
lieu que peu de mois depuis 1789; car, si la première loi
sur cette matière, celle du 16 aodt 1790, ordonna cette
transcription , bien t6t après, la constitution de 1791 n 'or-
donna plus que de consigner les l<!is dans les registres des tri•
buoaux, c'est-à-dire d'y réunir des exemplaires imprimés
et authentiques de la loi. Dans· le mode projeté, cela se
terait.eocore J et . . tribunaux continueraient à recevoir Jo
bulletin. ·
Le projet de loi établit les juges en certains cas ministres 4
d'équité. lis pourront être poursuivis comme coupables· de
déni de justice, s'il• refusent de juger sous prétexte du
86 l>ISCll&SlOXS., llOTll'i., et.c. ·
aileoee,. de l'obscurité ou de l'inauaisance de la loi (art;6).
C'est uo nouveau système qui supprime touS' les refél'él •
«fUi fixe un poidt coote11té, qui, à. mou avis, réforme un
abus que les événemeos de la révolution ont fort augmenté,
~ui rend aux tribunaux le caractère qui leur est propre, et
qu'ils n'auraient jamais dO. perdre• Ce sya!ème, sur lequ.e l
les tribunau d'appel de tlontpellier, de Lyon et de Rquea
ont fait des obeervations d'un grand poids, 11\érite d'êh·e
cliacuté au Tribunat. S'il est bon, ne faut-il pas l'établir
tout de wite Pet lorsque, sans·l'examioer, on s'est cion..
tenté de dire qu'il faut le renvoyer au Code judiciaire.,
dans cette opinion même, ne devait-on pas dire oettemeni
ai on l'adopte, ou llÎ on le rejette P
La solution de ce point, qui n'a pas été entamée, faisait
tomber plusieurs objections de détail, qui se sont accu-
mulées dans le rapport. ,En effet, si vou11 voulez •1ue let
juges soient des ministres d'équité' dans le sens du projet,
ne faut.il pas établir des principes généraux, ou des maximes
universelles, auxquelles ils puissent, par des conséquences
1igoureuses, ou des inductions moins évidentes, raUachel'
lu cas particuliers P
coa. Ou nous a dit que le projet qui vous est soumis n'est pas
une iotl'oductioo digne du Code civil. Avant d'indiquer lea
questions générales qu'il convient d'examiner ici, je r~
marquerai qu'il est peu étendu, qu'il n'a rien d'impoaant,
~aia que, lorsque le Code sera terminé, avant de numé..,
roter les article• clan1 une seule et même série, ou pourra
y ajouter d'aulres dispositions générales; et, afui de. ré-
pondre à l'.objection dans Ica deu~ seus, placer quelquea
uticlea, et même, si l'on vc;ut, tous les ~rticles, dans lea
poitiooa du Co<le civ.il ·ou. du Code juwiaire qu'on lem
auigne. Pour venir maintenant aux questions générales 1
le tribunal d'appel Je l\ouen ne vo~dra.it ni introduction,
ai livra ,du ~oit et .de!l lOÏIJ : ce. .o 'ut donc. pas une choae ai
•aipr.. 4e &re -.. peu tle.111ota q11e le projet n·'e.4t pu uiul

J
Dll 1..l PU8LIC:.l T.l«t D&I J.Oll, ' IJ
lntrotl11t:IWR dipe du Code cieil, car avant tout .il faua ClOn..
veoir de la néee11ité de doaner au Code civil uue intro·
duction impo.ante •
. Dans Je 1yatème di'i rapport, il ne peut •'agir que •ea
d1apositions générale• , législatives • mais on ne noua a
point dit l'étendue qu'on voudrait leqr donner, quel1
objets elles doivent comprendre. Le premier proje& de ~ocle
qui noua a. été distribué contenait 110 . livre préliminaire
du droit et des lois, en treote-neuf article11; on y trouvait
de• définitioiu1 générales du droit, et la division de1 loia
qu'on a r.etraachéee. Sont-ce ces dé&n.itions générales el
au diviaiuns que regrette la oommillaion il C'est une autre
question aur laquelle on ne nous a rien dit. L~expoaé dea
moti& a juati&é ce retranchement. A. mon avis, il a dit avec
justesse que ces objets sqnt la part de la 1cit!11t:t1 et non de
la Jégialalioo. Quelques personnes ne le pensent pa• am&
Je auppose ci:e le projet de loi soi& rejeté au Corpa ~
.latif; si l'on ne discut~ point cette question au Tribunat,
comment le gouv61'nement pourra-tr-il connaitre ootn
.opinion, ae readœ à nos raiaona, ou les combattre, ai oa
ne lea donne paa P Ph1Sioun tribunaux d'appel oiat été
·d'uis de ce retranchement, et ont motivé lem opinion.
Celle circon1tanee o'ajoutera-t-elle pas au petit e~barral
qui réilulterait de notre sileoceP
. La commiuion voudrait-die que le projet de Code fût,
comme les indi.Jute1 de Jualinien , réduit am principes p.
.néraux· du droit, et que le diveloppemeot et lea d4tai..
118 trouvuseot da na des loia particulièœs, à pea pris
oomme ils le sont dans. le Code et-le digeste du droit ffl-
main P Ce AJ•lème me .semblerait maavaia; mail, d'aprils
les oblec\iona .qu'on a faites, il Hl'alt l dâira que oetle
qaestlon o'edt pas .ité oubliée dans # pl'GllÙr Npporf #111'
le proj•t th Coü emJ.f,Uçaü.
Eo6n, c'est encore u•e questioa géeérale tle ••oir si ee '
~qui eoneeme la puWieatioo tle1 lei• Aloi& fermer •ne. a.i
88 DllCVUIORI, !IOTlPI. etc.
particulière. Le rapport l'a dit uns le prouver, et n est à
souhaiter auui que cet objet ne soit pas omis danJ la dis-
cussion.
- · . Il. Je paue aux détails , et d'abord permettez-Jtloi , tri-
buns, d'appeler votre attention sur cet-te question bien •
simple : si le projet contient, ponr le présent, des dispo-
sitions très-utiles, faut-il donc les renvoyer à la fin do
Code P car volis savez que chacune de ses parties sera pro-
~ulguée sans attendre les autre11.
Voici une première 0~11ervation qui parait incontestable.
Un Code civil n'est pas un ouvrage de littérature. Peut~on
e8pérer sérieusem'ent que la rédaction et la claui6cation
des articles ne laisseront rien à désirer? Ne disputerait-on
pas des années entière11 sur l'exactitude plus ou moina
rfgourem1e de la classification, et sur la perfection pins ou
moins grande du style P Faut-il le dire ( en denian_dant
toutefois qu'on donne à cette remarque son vrritable sens )P
la nobleue, l'élégance et la precision du style 1ont bien
dé1irables dans lei lois; elles conviendraient à la grandeur
.et aux lumières du peuple français : mais il ne faut pas
mettre lrop de JlrÏX à cet avantage, et l'on ne d.>it compter '·
que sur les grands écrivains pour cètte partie de la gl,oire
nationale. Que les lois soient bonnes, même avec quelques
vices de rfda.:tion, voilà tout ce que demande Je peuple
français. Pluaieun nations ont trouvé le bonheur dans des
loi11 sages, quoique assez mal rédigées ; et puisse la France
en avoir d~sormais de bonnes, douent-elles être rédigées
imparfait.ementl Si. l'on oous présente des systèmes de lé-
gislatiou vicieux en eux-ml'mes, si des articles d'une loi
pa~iculière blessent la justice ou l'intérêt des citoyens et
.des habita11s de la France, •'ila têndent à l'usurpation de
la part de l'un des pouvoirs publics, il faut les attaquer
avec courage , et. Jea rejeter impitoyablement; mais s'ila
.sont j1111tes et utilf'll, examinez, tribuo1 , r.ï' nous de•ons
Mie d'une sévérité ombrageuse sur quelquea détails de
\ \
DE LA. P11BLICATI011 DBI LOIS. 8g.
rédactiOn, et attendre un .degré de perfection qui est trop
difficile, surtout dans un ordre de choses où le Code civil
doit être rédigé et discuté pièce à pièce , si je puis me servir
de cette expression , par plusieurs corps très-nombreux.
Lorsqu'on examine chacun des articles de la loi , on n'est 1

point frappé de la majeure partie des objections du rappor-


teur. J'ai déjà. indiqué les deux questions générales que
contient l'artièle premier; celle du délai uniforme pour
rendre le délai obligatoire, et celle de la transcription sur
les registre. des tribunaux. Quelque système que l'on puine
• adopter, j'ai dit que jamais 11t- loi ne sera connue de tous
les citoyens, ou habitans de la France : j'ajouterai ici que
l'argument tiré de l'ignorance invincible se rétorque contre
le s1stème actuel de la publication , et contre tout autre
qu'on pourrait p~senter. Et ces objections de détail qu'on
no~s. a faites sur la nécessité de dater désormais l'heure
des actes et des ·enregistremens; sont-elles justes.? si elles
le-sont, ne le sont-elles pas aussi à l'égard du système ac-
tuel et de tous les autres syslèmes? N'est-il pas évident.que
· la date de promulgation par le Pre·mier Consul sera celle
du jour et non d_, l'heure où il la signera ? Cette différence
entre l'époque où la loi sera obligatoire à Auxerre, éloigné
de Paris de _quarante lieues anciennes, et Rouen, qui n'est
éloigné de Paris que de vingt-huit, est exacte ; mais .dans
le système d'un délai uniforme, cette différence ne sera-
t·elle pas bien plus choquante et bien plus dangertftlse,
puisque la foi ne serait obligatoire à Paris que ~ingt-cinq
iours après qu'elle y serait connue, et qu'elle le serait sou-
'9ent dans les Pyrénées·, le jour même où les citoyeo,a' en
entendraient parler pour la première fois? Aime-t-on mieux
le a)'ltème actuel,. qui présenterait encore une bien· autre
différence , si le miniatre de la justice avait de la négli-
gence ou de la mauvaise volonté , ou même si le bulletin
dea lois , destiné à Rouen , par exemple, était oublié dans
ses bereaux? Cet article premier suppose un réglement qui

go . llllCUlllOll, MOTJfl, etc.
détermine la distance dea Jieuz où 1i~ent let tribunaus:
d'appel; c'est ce qu'on parait craindre : mais est-il rien de
plu• réglementaire que cette détermination P Quel danger
aurait-elle, et eat-il po•ible de croire que jamais le gouyer--
nement ao pennette d'en abm1erj) Au reste, l'article pre-
mier est susceptible d'une objection qui n'a pas été faite.
C'e1t du sü!~ ti11. gou.vemelllent, qui peut changer., qu'oD
•loit compter le point .te départ, et il e~t été préférable de
le dire, au lieu d'employer le mot Pan"s. Maia une telle
rectification pourrait avoir lieu au besoin, et cette faute
seule ne serai& pas un motif de rejet.
.. SUI' l'article !l, qui établit que la loi n'a point d'el'et ·
rétroactif, 011 nous dit, c'est un principe de droit , c'est
une règle du législateur: soit; maïa ce principe a été bien
oublié : je désire que, pour l'exemple, et en réparation de
nos écarta, il prenne le caractère de loi , et qu'il ae trouve
dans le Code. Les tribunaûx ont aasez long-temp11 appliqtM§
.tes loia rétroactives; et je souhaite qu'ils soient aO'rauchls
le plus t6t pouiblede la pénible inqniétuded'en voir publier
de nouvelles, ou d'avoir peut-être à juger encore contre ee
p•incipe de droit et contre cette règle de 1égislation.
3 J'ai trouyé, je l'a-toue, minutieuse et inexacte la criti•
que de l'article 3, qui est ainsi conçu : • La loi oblige ceox
c qui habitent le territoire. • On a dit : elle n'oblige donc
pas ceux qui n'habitent'poiot le territoire P Non. Cette da.
position seule ne les obligerait pa1; mais les Français. que
la loi oblige bon du territoire seront auujétis par une
disposition particulière du Code. On a dit encore : cette
disposition ellt fauHe, puisqu'elle n'oblige pas les ministres
et les ambassacleurs des puissances étrangères qui habitent
le territoire. Mais n'y a-t-il donc pas, dans tous les Codes
du monde, et dans toutes les lois que pourront rédiger te.
peuples par la 11uite, n'y aura-t-il donc pas desdispo11i&ion•
pnérales 4étaebéea dea exceptions, ou des addiliooa à la
rqle commune 1
S•r l'art. 4 q~ •'exprime en ces t;erm.es: •La forme dee .,. s
• actes est réglée par les lois du pays dans lequel ils sont
• faits ou passés; • on a dit d'abord, c'est une maxime de
droit qui n'est pas contestée. Ou va voir que, d'.après les
cli9poeitions du second projet, il ·est raéce81aire de la con-
nr•ir eo loi. On a dit ensuite, la rédaction en est bieu vi-
·oieose. Oui, si voua ne voulez tenir aucun compte de" a·r-
ticles numérotés 17 et 19 du second projet : ceiµ:•ci éta-
blisaent 'qu'un étranger, s'il est trouvé en France, pourra
• élre traduit devant les tribunaux de France, pour lea
•obligations par lui contractées eo pays étranger enven
.. des Français, et réciproquement, qu'un Français pourra
"être traduit devant 1.10 tribnaal de France pour des ,obli-
·• gations par lui contractées en pays étranger, même avee
• un étranger. • Il faut bien que le Code détermine la 11a-
twe des preuves daus ces deux cat1. D'après l'article d11
projet que DO\l& examinons, lea tribunaux français admet-
tront les actes rédigés en Angleterre ou ea Ru1111ie, pal" eitem•
pie, s'ils le sont dans la forme réglée par la loi de celui des
deux pays où ils auront été faits e\ ·passés. Cette ex(>licalioa
fait tomber la critique qu'il a essuyée, et lui donne un peu
plbs de sens qu'on ue lui en auppose. Si on avait présenté
ici le développement qui ae trouvera ensuite,· vous auriea:
pu demander pourquoi ce développement n'est pas miel1X
elaué. 11 est du moins permis de le penser, car cet article
ae voua parait pas à sa place, et vous la lui assignez au titre
1
dea personnes. Ne serait-il pas juste de parler uo peu moins
de Ja classification, qui ne peut être arrêtée maintenant P
Si· la disposition est bonne, adoptez-la bientôt; car si le
aecond projet devient une loi, il·ne doit pas l'alteudre lonlJ"
tempe : quand Je .Code sera \ermioé, on la plaoera mieux.
Telle ut, depuil 1,S9, la méthode qu'a établie la fOfoe d.,
·c:boaea, et 11i l'oa •'en écarte, llel'a-t-il aisé d'aebever lt
C.ode civil?

La critique qu'on a fai&e de l'article 5 ne '!le parait p81 .,.,
llISCUSSIOKS, JIOTil'I , jllc,

plus solide. Voici l'article : • Lorsque la loi, à raison des


c circonstances, aura réputé frauduleux certains actes,
c on ne sera pas admis à prouver qu'ils ont été faits sans
•fraude.•
Ce qui est étonnant, ajoute le rapport, «c'est de trouver
• dans la première loi du Code civil un article qui, d'après
• l'exposé même des motifs, ne se rapporte qu'au cas par-
c ticulier d'un acte fait dans les dix jours qui précèdent la ,
• faillite; acte qui est déclaré mil par la déclaration du
• 18 novembre 1702. •L'exposé des motifs n'a fait que don-
ner un exemple; et assurément ce n'est pas le seul cas 'que
comprenne l'article. La dispositibo qu'il contient est beau-
coup plus étendue qu'on ne l'a dit. Non, ce n'est p&11 un
article à renvoyer au Code de commerce, titre desfai1lites,
où au Code judiciaire, titre des preu11es; c'est une grande
et vaste règle de droit, applicable à une infinité de cir-
constances, et il y a lieu de la croire néceqaire à l'action
journalière des tribunaux. J'omets sur cet 'article une autre
critique bien légère. La loi, a-t-on dit, ne répute, pas des
actes frauduleux, elle le11 déclare nuls. Je ne ~is par quelle
autorité on veut faire que ce qui est n'existe pas. Cent lois,
dans nos Codes et dans teus les autres, ont dit que des
acte11,Taits <fans de certaines circonstances seraieot,réputés
frau,d uleux. La conséquence, sans doute, est qu'ils sont
nuls ; mais il est impossible de comprendre cette objection
sous le rapport de la grammaire, ni Joriqu'on l'examine
d'après les axiomes des jurisconsultes. Je laisse à d'autres
le soin de répondre au préopioaot, qui attaque le fond de
l'article, et qui prétend qu'aucune loi ne doit réputer des
actes frauduleux.
4:-5 , Sur les articles 6 e~ 7, qui établisaent en certains cas let
juges ministres d'équité, et qui leur prescrive~t des de-
voirs, • vetre commission , dit le rapporteur, observe seu-
• lement qu'ils ne sont pas à leur.Place, et qu'ils doivent
c être renvoyés au Code judiciairè. • J'ai déjà discuté ce
DB J.,A. PUBLIC.A. TIOl'f DB8 LOIS. 93
qui regardeetate:elassilcation, qui n'est·que provisoire,·
et dont on a peut-être beaucoup trop parlé : je n'ajouterai
qu'un mot, Op SQlllble done convenir que les juges doivent
être, en certains cas, des ministres d'équité~ et cet a~eu
détruit un grand uombre d'objections qu'a faites la· com-
miuion elle-même contre le projet. Si l'on trouve bon ce
11ystème, ô.oat j'ai ilidiqué plus haut les avantages, il est
difficile de compreodre pourquoi l'on veut renvoyer cette
amélioration à une époque reculée. Avaqt de terminer ce
qui regarde cet article, je dois, en ~pou se au préopinant,
observer i~i que l'article 6 n'a a\lcun rapport aux juges cri-
mb~els, et ·q u'il est cle principe que_lt's tribunaux criminela
oe peuvent.prononcer de peines dans l'absence de la loi.
Enfin, les objections du rapport contre l'article 8 u'of- '
&eut-elles pas de contradictiou P Il est ainsi conçu : c On
c ue peut déroger par des conventions particulières aux
c lois qui iotéreasent l'ordre public et l~ bonnes mœurs. •
Cette rédactiori, nous a dit le riapporteur, m/mque de pré-
eùion et de clarté.: qu'est-ce qu'intéresser l'ordre public et les
bonnes mœursi' Les tribunaux le 4irout en public et dans un
jugement mot!!!; et le tri~unal de qaseation ; régulateur
suprême en cette matière·, maintiendra ou anoullera le.un
jugemeo1. c Ces e:a:p~isioufi; a~i-on ajouté, ne sont. pas-
• aaaez précises pour entrer daot la -rédàc.tioo d'une loi. •
Le rapporteur aera embarrassé de dirt!, après cette critique,
pourquoi il cite lui-même , à ceue occas4on , la· loi romaine~
liY. 6 du Code t:{e.pactu, qui s'$.pri~e ainsi : u Pacta quœ
c contrà' lBges coiutitutione,sque, 'Vel S01'0S MOHS fiunt, nul/am
c vim kabere indubitati juris . est•. ,, Il est donc constant que
cette disposition a fait la ma_tière d'une loi romaine, et le
rapporteur iodique lui-même cette loi.
Je ne yeux point fai'r~ _le tableau de notre législation ci-
vile actuelle : que tant de fautes et de mauvaises lois soient
eillevelies l jam14i1. dans un prof~11d, dans un éternel oubli 1
Mais je craint ce qui pourrait entraver ou éloigner la ré-_
94 DJICDUIOD 1 llO'l'lh, 91t •.

forme du Code. Not~ detoi• eet de combâtt11e- le1 projet•'


qui noue sembleront défectm!U:r, maitJ dlscutont-les avoo
soin; examinons toujours les bases avaat les détails. E•·
rejetant une cliepositfon, que chacun de nous iodique la
disposition qo'il voudrait y substituer : ·o'est la e•le ma-
nière efficaœ d'écilairer l'opinion, et d'avel'lir le gouver-
nement. Si rose le répéter, ne comptent pas sur UDe pel"-:
fection à laquelle les hommes ne peoyeot·atteindre en ma-·
tièrc de législation, et da ne 'l'espérance clo mieu.s:, ne laili-
eoM pas échapper le bien qui nous est oft'ert. Je voue prie,
tribuns, de rendre justiee à l.'l' pureté• de mea inteution1:;.
n'ai pas balancé à remplir on devoir pénible; je n'ai pu
craint de présenter d~ observatioM rédigées à la hâte, ell
trop imparfaites pour ·Mre ~umées. · ..
Quoique le projet qui toua ett 1oumis laisse beaucoup''
désirer, il peut s'amêliol'er 8'fant la 6n du Code, et j'eo
adnpte les principes. C'est ~ootro le 'mode .de pûbl~atioo
déterminé par le premier article qu'on a fait le pl1111 d'ob·
jections. Tel qu'il est, mai~ avec le réglement qui tloit l'ao-.
compagner, et qni n'exc~ paa le. pomcrir.s d11 gouverae- ·
m'ent, jtt l'aime autant, ;e m préfère de beauooop à an:
délai uniforme de dix ou quinze jours apm la promulga..
don. On s'est mépris imrdell d~oeition1 q11'.on .a regardées
comme ln~ignifiantes; ·lei critiques sur la réd&ction me
paraissent lfgères; aucune dt!s objeotion1 . qu'on a faiie.
sur la classification <k!s artfoles -ne -nie 1111trirble grave : e«
proJet contient des dispositions utiles et 1ages,que ;e· d.!sire
de voir établir prompteme.o t, et dans l'état actuel de la
discunion, t'en vote l'adoption.

OPUÔON DU '1'1Ullù1' LlJnoT'


POtra U Pl.OnT.

· Tribuns, tout législatear.appelll à ~tùrmei lee loil tle


son pays consultera avec soin les cbangemeu~ Opérés daoa.
DJ& LÂ PUaLICllTIO!f Dl!I LOIS.

l'1111pril, les mœun, les usages duea babitaa•; fi o'oublierao


pas les circonstances da os lesquelles il se trouve placé, et
la nature du gouvernement établi; en6o, également en ·
garde contre les iooovatiou ~angereuses et lea abtis COb•
11acré& par les prêj11gés ou de longues habitudes, il ne vou..,.
dra de résultats que eeux avoués par l'ospérienoo ou la
raison.
Tel a, ce me semble, été le plan des rédacteurs du Code
civil, plan qu'ils ont exécuté en trèe-graode partie.
Pour remplir ce but, les rédacteurs n'ont pas dédaigné
de reCOUfÏr aull lois romaiue&, à notre 8DCÎ6n droit, et à
des projets de Code présentés, il y a quelques années, par
des jllt'isconsultes habiles. .
Mais ils oot senti qu'il ne fallait pas s'a11ervir de trop
près à des méthode» reçues.
L~ nature des,.choses. ne le permettait pas. Ils oe poq,..
VAieot douter que l'état de gueITe daos lequel gémis11ait
eooore la France quand ils entreprirent leur travail, oene•
rait bientôt; qu'aiosi il fallait pl:acér à la tête de leur ou..
vrage quelques dis.po1ilâoos foadées aur oot.re état f'Gli&i~
que, et 001 rapports eommer.ciaux avec les pèuplea '!01
noua environnent.
Convaincus, d'ailb:urs, par l'espérience do l'impossibi-
lilé d'appliquer littéra:fement le• lois en administratiOn
comme.eu matière de justice distributive, i11 ont cberehé à
prévenir toute exécution impraticable ou arbitPaire : i11 ont
en couséqllence polé des priocipet1 généraux eur la néces-
&ité, la manière de faire celte application.
Le droit de11 peuples anciens e.t modetnes lèur 11ervait à
cet égard de modèle. .
Les tribunaux français ent applaudi au travail des com-
missaires.
Le goavernement parait en avoir adopté lei bas4
Vn mttite particulier de ce tra v~il couaiite dans la préci..,.
sioo des idées. • ·
BISCUUIOKI , •OTll'I, etc.
• Le gouvernement semble vouloir imprimer à la légitla· .
tion un caractère encore .plus précis.
C'est au moins ce qu'on peut.présumer du premier pro-
jet de loi soumis à la di11cu8tlion.
Voyons si.ce projet mérite la critique qu'en en a faite .
. Dans un.état.oùles lois se multiplient, et dont l'exécution
devient par là même embarrassaate, un des premiers soins
du législateur doit être de façiliter cette exécution.
Il faut que .la loi, .pour devenir réelleiµent obligatoire,
soit réputée connue de tous ceux qu'elle oblige.
C'est un principe de droit poaiiif que la seule raison in-
Yoquerait, s'il n'était éta.b li (a).
La difficulté consiste dans le moyen de régulariser cette
exéèutio~, ou, si l'on veut, de transmettre aux adminis-
trés la connaissance de la loi, et de fixer l'instant où elle,
lie les citoyens. •
Il est inutile de rappeler ce qui se praiquait ancienne-
mentà ce sujet. Les ancieone11 cours judiciaires, qui uaient
la prétention de participer à la formation de la loi, délibé-
raient avani de l'enregistrer. Etles n'existent.- plu11, et lei
tribunaux qui se permettraient aujourd'hui d'arrêter ou~
suspendre l'exécution de la loi, se rendraient coupables
de forfaiture.
Depuis la révolution , on a imaginé plusieurs modes de
publication des lois.
Deux seulement ont été mis à exécution.
L'auemblée constituante, qui établit le premier, voulut
que les lois émanées d'elle fusl!er;tt adres~s aux autorités
a~nistratives et judiciaires; qu'elles fussent consignées
dans leurs registres, lues, publiées et affichées dans leu.r~
départemens et re111orts respectifs.
La mesure était toute politique.
(a) ~ccatÎllimlll que .coootringunt homiaua riiu, intolligi ab ~
,,_;pto ...... IDODi6ollim ...,n1;9 , "'~ ........., •.Ml ponllÏlla
de.,
-tar. ~
ut 1111ifllll'li, -
... 1,
.. •4 • .,. i.,i•••.
DJI LA. P11SLIC.lT10N 'DBS LOIS.
91
. La; GoDY4ntion donaa quehfue chose à l'*ai•mk.· . . . 1;
Elle 1ubaûtua au premier.DUH1e,·ab~1lf Mpsp&\la-4'0"'
rapport' celui de l~eo.voi d'ü6ulletin des lqie' et suppt4ima•
leu~ publi<Btioa par. :lectur.e publique, réimpn1&sioo et
affi.çh~. . . . .,
Quelques lol8 seulement . consenèredt leur preio~re
foi:me de publication; mais l'exception :ne lut réservée .qu'à
y.1;1,,petit nombre, et una ~iapo~tion . expresse de toute. loi
~le ce genre dut ea contenir .la mention. ·
Ainsi la règle fut générale. ,
..Mais . c:ie qu'il ett"e81lentml d'obaener, c'est qu~ la loi, du
1:. vend6111iaire aq IV, qui _prescrit ce mode, et les dlvers
•Jt~~ qui &Qndeo' à ·le rem.placer., n'oqt d'autre but'4(ue
d'a~sigoer t:ép<ique .où les lois .deviendroat obligaloiiieti
pour les administrés, et susceptibles d'être appliquée•pa•
les ad111inistratioas .et ~r les trUMmaux; · encore ce{te' loi
nel'4-t:-elle. ~s.a~int, comme ~n vaJe.voir. ' . .. ···
L'ariicle u reµd· obliJato4-es, pour .les administrés, les
lois .4)t. actes du Corps législatif, da~a l'étendue de ehaque
dépu.tem~nt, du ·jour auquel le ~ulletin otliciel où:ilnoal
cqntenus est distribué au chef-lieu du. départemen" .
. Les administrateurs peuvent, sam .copvecJit., lire.cJ,aJis
cette disposition la règle qu'ils ont à wivre pour exéduter
la loi. ·
Il n'en est pas ainsi des juges : car, si les lois leur ·soat
adressées ainsi qu'aux ad.mioistration'a, rien ne .les oblige
à en faire l'application aux contestations qui leur sont ttou-
mises, avant que ces lois aient été présentées~ l'aud;ence;
oq seulement après qu'il.y en a été fajt mention•
. , Mais les administrés l qu'on. m'apprenne co~ment cette
loi leui: fait co.n naUre , soit la dillpOsiti•n. des lois en gén•...
ral, soit l'in&tant où cette disposition ·lea lie1; p~iaque l'eavol
en esl~e()~et, et q® le regi,&t:e· où Carriyée de ehaque loi
6iJ,c~i6ée .r&Sle .d. .é ~-- .arehi'Pes. uJè , l'admill,illratioq~
.. ,Qu(lUAe11t•a.u''°4Jt ~r perpleidté, t'ile. ont à mquiéri11ou
n. 7
•tCUlllDlll , •OTJft, eie.
à crailJàe l'•ppllcation de oe1 Iola tlMU le ra,.,..i ;Mi-
daire, puitq.e lea juge• eux-mtm_,. oe oODHlueot paa
d'une manièN p'réciae leun •liptioo1 f
L'ilbUI • l •ff1rayaut7 ear il prend .sa aou.oe da.. les rre-
miers tribunaux, et s'étend jusqu'au tribunal de ca111i1ltle1t~
· .Que résul&&.t-il de là prineipùementPc'estque la loi du
1~ veatlémiaire an IV a rpaaq•é ... bu"t, eomme je yfem
.. rob1enier, en laieaaut lgaorer aux admiaiettts I'i111lant
où la loi arrive au chef-lieu de Mpanemeat, et par coneé-
quent les lie en laisunt les jugea libl'll• d'appliquer ou de
.. pu appliquer telle loi, ~me lonqu'elle leur est connue
par l'earegi1tremeat au dlef~lieu da département, si elle
ae Jeus a pas été préeeutti• à l'aadienee I dt1 10rte que oette
W, obligatoiae pour euit eomme citoyeau, ne l'eat pet
eoinme jugea. ·
Qa'en ré8Ulte-t-il euoOl'd o'est qu'éviclemmeat la Con-
vention n'a pas enteniu qlM oe mode f6t pour lee admiol1-
aN&.ua moyea de eonaaltre lœ di11pe11fiion1 des lois.
!ie aerait-il pae étrange, eR eftàt, qu'elle edt •tt aus. cf..
toyane.: Vom serez lié1 par les loi11 aouit6.t leur puhlica-
tion , paree tpi'elle "8U8 fera eoonaltre Jeups 11ispositions;
et que a~aomoioe, .par un oorreotif, elle 11e ftU·n!eené le
ùoiLd.e donner àoet&e publioatiop I'apparenœ da tnystà-8 P
Une telle inteution dan11 la publication des lois a'edt-
elle.- pas •appelé ceUe de cet empereur romain, qui, pour
aaKiplier les infraotMn de 888 édt&a , les faisait aftlcher,
u 48l!Utèce1.illi1ilille1" sur 4ea peteau• fot-l élevé• Jant1 la
place ,.wlque p
Voilà pQel'tant ie ~ de publication que la eemminioa
Ngrette et préfère aq wou,•ea11 ·qu'on propose, en atta-
cllan' de plue au premier l'idée qu'il inculque au: eitoyene
la llOli• de lems. de•oire.
N8 noua le disrimafoDI pas, ta Con.e11tiou, qui seotall
que, 4."...,ea la divillien Ga C.ps 1é91latife11 tleux·con-
.... , lai·m•uaioo ·dea. ·1•ia ~it ea .p•ftlal · pla• lfmte,
ipl.._ apr-of•Me, pl• seie•.Ue qtt'aupattt•ant, :ayaft
bien prévu que la publication des déba,S» c1u Cui;>s législatif
aerait, plus qee tom autl'è, propre à trausinertre au:t Fran-
çais la connaissanèe detdqb dè la t\~publique.
On 001198Ïl d'aillaurs, daos cette hypothèse, que tél con-
eaiasuoe des loi1 .est e11eoaie plus fé.cile à at:quétir ll'ap~s
le mode actuel de teettOrmation ainsi que de \eorprotriul-
fMioo , puisque celle-ci ne doit être faite auJoûrd'hui que
letiblillhe j9uraprèi la loi rend.Se; tandis qa'aoèiennement.
oette promaJsatioo entramait tout au plus uli détal de dtux
tour&t A1181i œa~ qui dêsitent un autre mode de publica.-
tiaa d"9 loi1 ~ œlui ptoe8'ai'tt f1at ·la loi du 1!I ftml-émlalre
en IV rtli9111taaot dabS le même &enll ; puisque , par l'eft'et
de chacun de ces modes , t'~nvoi aux autotitt!s admiof1tr;i-
tiTes et judiciaires n'en restera pas moins 1ecret. · · ·
Il l'9lte tlonc â pn prè& avout! ·par tout1nnonde cjue la
· poblioation de• lois a'a d•autie objet que ·d'avertir ·res èi-
~ • nne1..c oh eltee dfl'tienneutobliglltoire11 poareu.x.
Ce poi•t :de fait ~tabil , eon.enait-il de substituél' au
mode actuel de publication des lois, évidemment vicieux,
.un aUllre lllOl&de pubUeattoa unifbrme en quelque sotte,
et tel, que toole loi, d'après un ctélaf révolu depuis sa pto-
•olgatioa, de'ftftt oMigatoiré '" même instant pour tous
le• PtaoçalaP ·
()e mo~ "'•r paa ml: sans avantage; il em oft'm-t te
11.,.t•ole iïmt)oaant d'üoe exêedtfon simultanée lie ta t1H
œbsloletfll!l lea .paitties-4• hl Frâtice; ttiafs lit réfletion y flt
..-.....,.aér ·p ludeotll i11eenv6nfeM qui le Rrent ét:artél'. ·
lt est de fait qu'il s'écoule assez cn'ltinafrement près lie
.mg&· 4ou• eiltre là prop•itlota d'une loi tm tieu impor-
ta~ e& ào• adeptioo.
Si 1'011 eGt aeeùetlli -la pt'Op<J•itfoo ci-c!èwsu!l ~noncé'e , ll
eût Mu environ q11lu11e joœ-a encore avéint que la loi fût
·1111\ffle.,tiMe d't!'S~è.
Aitiai l'o• eêt tangtti pltu d"un nnda dani l'attente d•uu'e
'/•

L_
JOO l>JICUHJOIU , MOT.In, etc.
Joi, tandil que l'uti,11-é PJJhlique et\I appel~ he!tncoup plut
tôt son eft'et.
Le mal et\t été f4.cheux en matière civile, et plus f4cbeux
encore en ~atière criminelle ou de police.
C'et\t été contredire le principe de l'existeace de toute
loi, qui veut ~u'on eu f'8Se jouir la sooiété auMitbt que
ses dispo11itione .ont daus,le cas d'être connues.
Bn un mot, on eût pu craindre que, ·1ou1 le prétexte
de .d.iacuter llea questions politiques (lu de droit, l'impru-
.d ence ou 1'.iotri&ue n'eusaeot attaqué lea lois dans l'inte.....
valle de leur adoptiou à celui de leur publicatioa , .et qu'il
ne se fût él~vé bora du Tribuf)at une diacuHioo dont l'eft'et
inévitable eût été d'ôter aux loia oette coneidbation, ce
respect qui doive~t les environner.
N'avez-voua pas vu récemment la diJféreuce des opiniom
sur un principe de droit public inhérent à ·la uture du
gouvernement, et reconnu par la presque totalité dea pre-
.~iers _tribunaux de France, exoitet" néanmoina des clébata
: P.!1l~mi9ue1, et mett~ la raison' aux prises avec la cons-
cience? ·
On a do.ne cr.u devoir se. fixer sur le mode d~ pubticatioa
conaigoé dana le projet de.loi qu'on diacute.
On ne peut contester qu'il a l'avantage de faire jouir de
la loi , sana retard, les administrés.; de la rendre reepee-
\ivement obligatoire pour eux et pour les ageos d'séoution
au même .instant; de ae laisser aucun prétesUt à l'igoo-
.r~n~ sur le moµient précis où, cette obligation sera im-
polléC', et de pr~venir l'abus retracé plu1 haut à l'égard des
juges et. d~ j.~ticiables. • ·
R~en o'aaoooce d.'ailleun .que le Bulletin du lois sera
supprimé, ou que le gouvernement négligera d'instruire
les administrations et le11 tribunaux de leurs devoirs.
Cette de~oière préalomption: sni:tout eat inadmi1HWe. .
La marche du législateur, alon i::ooforµie à celle de la
y
':1ature, est .aussi aux usages de tous les temps et de. tpu11

·~
D.I l.A . PUBLIC-A 'i'ro~· DES .. LOIS. -~ 0 1

i.. paJ89 quaua lè1 hemme9 onfvotdu ·comm~niquer e~tre


6UX. ..

Serait•il vrai~ néanmoins , qu'il· en résultât d~ grave~


iooonvéaieos; oomme on a préfendu l'insioueri'
·D'après ce Diode de publication, a-t-on dit, la loi sera :
donc obligatoire aux extrémités du tribunal d'appel é.tabt'i à
Patl1, c'eat-â-dire à une dilltancé d'euviron quaraute lieues,
dans trente-aix heures après la promulgation; tandis qt1'if
faudra· un délai plus long pourquè le même effet soit acquis
dans le dépwtement de ta· Seine-Inférieure, c'est.à-dire à
une distance pfos tapprochée. ·
. Qaand eela aerait, la dilférence, dans ce cas, se borne
à ·quelques beur~s : vaut-elle. bien dès-lors le soin d'une
objection-P 'C ette objection, au reste, s'applique dans &On
développeblent à tous les systèmes dé publicationii de lMs,
si l'on en excepte celai qui tend à les rendre obligatoires
au méllle instant p'our la République. Mais' ce système n'est·
pas oolui de la commission, ·ét ~llé; n•est pas d'accord avec
. ell.,.même , quand d'un côté elle se i1Iâiiat de c.e que l'ha- ·
bitant dù nord ae ta "France et celui de l'~st ne seront.pas
Jt"8 en D..me til!mps ·pn ·ra même {bi; ·et que dè l'autre~·
elle préfère au nmtveaù mode ife·· publicâtioo des · tois, ·
l'ancien~· aoquel l!foconTénient en question' est â'ttaché. ·
Mais si lee.commuuications entre diver11 départemëns de
hl Franéé, a-t-en encore objecté, sont coupées soit · par
l"ilniasfon• de-l'euneriif, ï(lit par dés fnoùdations P · ·
"· Dant1 ce cae, je le demande à ceU:x qui -f'ont l'objecti\)~·; 1
comment ferait-on panenir le B'ut'le'11n des lois P Pourrait-:
on .mêlô~, da)'lstoute autrehypotltèS'è; faire connatrre.lafoi?
Il ne faut pas supposer des cas où toute: exécution eiit
impraticable, pau• èn àrgtimenter 'contre one mesure qiii,
sous oe ·flppc>rt, ésc·dane la mMll~· câtégUrÎe que fotltes' IU11
wMres ~ ~t eilger ï'impossible. ~ · ·· · ·1 -·
,.. .. ~là' llf ·dfdl~utlé " d'eJ!écUfioÎf "" ·cè modé ·; 49ll~ · est
imaginaire . ..,1 , .. ,:, •. ·i: ;.. ,; :ï i. ' ' ·~ . .,,. ;; ... ,:: . ~ .. j' ·~
f) : . • •
10, •I~1JS910l'ft, •OTIJf , ela.
aa·
Admettea que le délai pour...-. Ioi ollliptoire..,.
réglé par un nombre d'heures déterminé .sur la quan&C~
4el! myriamètres à franchir de farill au dilërens ehef8-
iieux des tribunaux, et VOUll Appo&e4 aéa.sairemeat crue
ia promutaatioa 1e fera à uae Mlll'e d.ésigltél·, et -rue peur
éviter tout inoideiit MIT l«lS frac&iona dt myriaaa~t.... ,. Je.·
distaneea relativtit des lieuit à pa~ourir seront eftlcielle-
ment 6sées. Ce aoia regarde le 1ouvememeat.
Ce n'est point,. au reste, une supposition à établir; le
procès-v.ewbal des aéanoea du Cen11eiA d'.tta' •oa• app....t
qu'on doit y pounoir par u~ réglemcmt.
Ces détails de plll'e exécution dev•ot..U. ea el'et eatrer
dao• la compositien d'une loi i'
Qu:aprèa tout, ~ nouveau moda ait houlé • • contra~
dicteura malgré ll01l utilité, il oe faut pat s'en étonner!
De viogt.-aepi tribunaux comakéa sur le projet et.. CH•
civil 1 dix irieulemeat enl approuvé taci&emee& l'opi8Mn tle.
COPlaûuaires. relatkement à la publicadoa du W.; ear U.
qe l'ont. poiat. comb~ttue. •
!)is.-sept oot attaqué-le priDcipe, eu l'oat trouv• fun8111e
du. ses oo~uence.. LN molifr. .te . ia. opM,ieo IQ9&i

0Q ae.Npp&J.lera seulemeat qu'ia.


lu um des autrei,
._llellt
conJlUS ;, il ierait iaatile. de lea repnctoiftJ,
PN841H ......

'fa~i let. oppGQoa,· plusieut'J ·8Qllllelll été de; ·l 'avil deat


rédacteun dB Code; maù la peiae aU..obée au défaut 4la
pubJicaUPa de la loi ù.os un cULai donné la eff..,a, el
la me..,,e fut jqgtle .i~oa.enante •
.Quela .,u'aient ·été les. me&ife de cee. Qraiat88, le projet,
~el Ier. Marte•.
Si, ~aJgré. les PéiexiOOll .4oot Il vieal d'étœ le- 111jetp
oa. ne le trouvait paa aclmiteiWe, parce qu'il. pounait. pri•
senter quelques inconvéniens, qu'ep -.euilW. bien WM ....
'91ttion.qu'il o'esi paa 4-loi 41ui, cueidth'ée ._.~e•
. rapports particuliers , soit à l'abri de la censure..
Da ..... M•Ll4A.Tlmf .... LOU. te&

· Mail, put.pa'on met au mode à publitlatt.o de1 loa. ane


lmpoN,nce eiul ne •• peralt pas de•oir y être mttach.Se,
qu'il me eoit permit de œmpare11 le prolet qu'il s'agit d'a-
dopter avec ce qui 88 pntiqae dao1 un ~' · 'fO'llln du
n6tre, o9 i. formation d• loilt a'e•• pas ••analogie avec
aile• de la ll'J>ùUque·1 . . , -
Do moment eù le priooe a donné sa eanotloo à qn bfit du
parltt•ent, il ·aoqulm la fotae_de 1tatut .on d'aete de ce
parlement; on le dépoee avs atobfvet dd rll:tat, et, à ta
dift'étreoee • tklibl des empMJon l'OMaina, tlo'et l'effet
~ 11Ubordonaé • la poblloation., lee ltlllUttt ou les aete11
cla pulemeoe anglait o~ 1eat 1ufeh' à aucune promulga-
tion réelle.
On n'a a pa1oru la formalité né08lltlire,, cli,l le·~
publiciste qui en ftllld compte, pa~ tt'I• là loi• prHwme
que tout Individu a pl'i1 part à la di11eœi1ion' do parlemeo't,
et en a •oté let actes par l'organe de &es· ~tan••
·Cet ...-p 1'0"8er.ir. ••pu'it.e..vtroa trai& efêoles (•)•
Peut-il, à'aprils eette analyse, reltff· <fUelqtte·~ 11U1r
l!u(iffté -de la mCMure 41oi. vol'.18 e&t propoaé& t> Et si la ques-
lioa prillente un preltlème aneidlmoile à rétloudt-e, ~11llfte
l'e1;1t. obterri le1 jugee de l\eanes, et le feraît ·penser la ttl-
versité des opinion• qw'etle a pPeduitee , le mode qui offre
lin rélultat plat lhwple, mointtdhpè11dleox et plus·Clertaio
tfae le.~dens, oe l'•t-ll·pn réeolûèP
L'utieie s da profee, qat 90Ut qOe'la loi ne IOtl obHga- •
tdiro qw'à· 4iater de sa promu~tleo, et·qm rejette toute
idée :de rétroactivi~ llao1 ses di9P01ition1 ou danw le or ap-
plication, n'a pa• belein d'Mre justifté.
J.a loi , port• l'article S, oblige ceux qui habitent le ter- 1
- lltoire.
(a) Wlom a bill h• reeei...t the "'111 - , lt il tbe6 1 llatuttl,.. 1e1 al parlia-t.
:i:w. ."'!"'le ..................... -*"'die kÎllflll'D ............... ,.,...., -
•alf.cio• 1# r'-• ii llf ,.,... •f • I•, u - ne-11 1>7 tloe .ni! Jow witlt ,.,p...i Io die J:mpe-
'•'• - ... . _ _ ~ - ;., ~il ia ,...,...., " .... ,.,,,. to mlkint • ... "'parlÏll·
- , boiag pre-t theroot bJ laio rtpre,.atali•.,. •
llaekot-, lir. f , d . 1, l 6.
io4 . 011101111110111 , ioTrn , etc.

. Let loi•, a dit Montesqliieu, demandent que tout hOm:me


tôit soumis aux tribunaux orfminel.8 et civile du ~ où il
es11, ~t à i•animacher1ion d.u souverain.
Ouvl'.e& le Code , et vous y lisez·:
0~1-legif>.111 regaltl"r, etiamsi ad diflinam domum ptJrtineant.
Cette disposition est dono ~videm.mept un priticip• d~
.. ~roit polit~ue.qmacré par la raison 5 .·1e1 plù• célèbres
publici1tea (a):, ·q.-i! n'admet· d 'exœption qu'à. l'égard· des
••oyét dea p'Oisaaacesiéu.angère1.- ' ·
· Eh bien 1 imaginerait~n qu'un priooij>e aussi inconte&..
·table a été attaqué ? Qn
ra conildéré comme une loi ~­
lue; et ao"s le prétQS;te qu~l ·n'ett-ioi queaûon:.qnéde ceux
qui habitent le territoif.oe,.sans faire meutiou de leiirs biens;,
.(n1 Gt\·C6UX qui, tisés sur. Je Wl'ritoire, en so~t m,Omenta-
.oément e.blltl08,. M a.trouvé l'anertibn·-inesa~. Peat.~œe
n'y-a~t4J d'iiu:s.act.que l'objection ,·qui foroe mal à ·pl'Of"1I
le seo&· ~· cboset. · ..
ap. l Suifiaot Cartiale.4, .lA.if01me·dea aotee eet réglée par let
lflis.Jf14 paya daosJequel ile aout faits ou puaé• ~b).
Pio r.a :àit ·~ oet article avait pe• .bot.·de ·rasaurer (e
-~-'J1'16, en: lui· 1araatiMant la. v~· dee actes ·dalla
.&ee11uela qo a-.ait snivi les formea l'Cl!llM d)lu:l• diftt'I pay8
qà ·Cf., :aotea J>OQV ;ûent Hoir ét1l ~ ~t paaés.. " •/
. · . Peut-è~ :eette d~~.it.ioo ·devi:ai~ :sut6re; mais· je ·prie
ceui; qui pourraieol d6-irer: un. plot graod .dé\leloppenieoi,
de ae~ré1f114'ler 41oe., ·suivant notre anc.ienn• jutiaptude·oce,
la fqrme~d~s ®Ptr,ats ee ·ré«{aif.par l• liis etJes.œ.ge8h
lic~ · oµ, U,:étale.ot,pastti.: . · . •. ::' ·· · · ;._,. '.1i
Ce principe s'apfll~qait wrt~·'Jtlx aft'at.es do com.-
ou,i:çe3 ,pqpr Ja,d~çiaitm.,dqsqµeU.,.. ~s ·i'1g.et. a.valeot 10u-
ve.nt recours aux parères ou allx actes de notorié~.qQi.
constataient ces Qs~ge&. . . ..
· Il 11'awliquait .en partioulier aux ~ettr~s de. change ,
. . . . . 1 . • . . . . .
t-) C•'id• lib. 1, tit • • ~ . _:.v~ttti , to!n. t, p11g. 140.-M:outesquicia·, Ub. 16, cla. 11. ··'
(b) l\ieord, Snarr. • . . .
DE· LA P-118111fl1. TIOJll. IJBS LOI&. 105

à;leurldiv'"88:écliéailœs, et à ·1a·r.rne des protêts·, qui


variait à l'io&of.
. Aussi l~rdoooanoe. de ' 1667, ·4111i peut'bieo faire autorité
daas cette matière, où d'aiHeon ·it ~ · hnpoHlblè :~.­
signer dé1 règle& uniforme&, prescrivant q11elque11 ,di1~
tion• relatives à 1a ·forme· :des oonventfom· entre·partiou-
lien , déelara•t-ellè ne. rien illhCmlt< ~ m ce qui concernait
ae. aft'aires de commëree:
Que d'aille,urs on .veuftle biea lléftéebir aux rapports qui
•tent entre Je •aroft die8 gen• et le droit ciril pTopre à
oluwfu:peupl8·, onillénlira.qoéJes..~latiou plm11·ou mMn•
f9nes entre des états qui se sonf unis par del i.ifitétJ.d?alp
liaece-OU de.~.._erèe ,.entralilent n~irèmentde. re-

.lations d'intéi:êt entre les administrés. • . :: . ·: : !


~·--il p8ll naturel . . . de:sùlft.e,: .po., la laimo 'de
&euiwlCMven&:ielJs, tea nAgél du pays ~ 0n ies:flit, pa1--
qu'oo. ne peut.c.diaeimàtd•rqu·'~les aont partout1UBUjétlee,·
p,r.lea Jais1on.les·uWa@le1, à des . ~ :qui nrilml 1atvadtj
les lieux et les g9d·teraemens i' : . · ·.. · · " ·• : 1 · ; · • •
· .. ·Ebfi.D~.ti:i&•1be.perd·pu:de:'ftlÔ'qia:'mre diapolitioil de
W; net ptQt;~t,.,. . . . da ...., ,(,~jd,-et•qu'ioi la 'téfPlla-
tieb, ·~ à.f.avôriaehle:eommemœ, I1arlidle'qne1j'àaly.o
ne peut être apprécié d1aprtl1;de911'8llfortà puœmeahri..
'Villtt..fi'dbitftrei.adopté. ' ! ' , • I;:. : : .: ".; J·: I

. ·:L'altiolé:5·es•oo..,u dan• les-mêmea 'fbet~ : :~ . ;: "' \llÎ ap. 5


.:·Lol'!IQUela.loi, y etMl'di&, au~ulé •fr•u•....,.•.f
.ttiœ aetee, à reÎ8Qu;de1 dirbon1tanoee.où1il9auront~té~
4if9és, oa ne •'fi'•·point ad.mie i pïouver .qli:ila o-.été. . .
-~·f.,...,.flb("l· ' '! : ·: : • · ; .·: . -, : Il .. .

- On sait qu'en cas de faillite, l'ordonnance de 16'5~·-.:.i ·


o1are PJllAe:.t~ •llénatioo; .de m-"'es- qu-. d'inüneobles
faj&, «Wt ,.._.,4,,_
eréaaeien1., , .. : ,. , .. -: .,. · :
. . .. ' '• ' 11r, : • ,

(•} Peeta eoo•-.,q ... neque dolo ~Io, nequ ad••""\•~·,i>ltbilciUI, "111,l'!l •omum ~
eaicta priacipum , neqo• quo ht11 cui eoram fiat , {acta eruot , eenabo. ( m,.,,.,..,"
W,. • •
lePm
ti" 14'. -W. c.41.ïa llfh 1, lit. 14 : Dt e~ 'IUOd e11 Min ..Ï ID hudea 1-'J ' '' .
fM aJICUMIO. . , ...... , etc.

\l'a tWU de 16og pottalt à peu pea le, ....... dùpoti..


tion1.
»-- déelaratioue su1M61peates 1... eot coa6rm~e• , et. lea
· Id~ de e o - . euUo•t-ment P"llôneé .4fl'...
pM• ce .priuolpe.
. (;e "rait de.- ianon• que 4le ri• éearter.
Il J a plue: o!eat· que 1i l'on·poo•ait, '°'11 un pri&elde
quelconque, avoir la faculté d'établir que tel aoae, ~
tr.U-. à la lei par "'4 dillp09itioo1 llttéralet, n'y eet paa eon-
traiflt ·•ae1*eht• par t'etpril 41ui l'a. .drc~ 1 ee ·11.iogulin
,..... ·lie pnsùve paraa,8'llllit par le Wt mélbe la·~·
clu WplMem.
. La loi renfetmel'ait en elle-même·le priooipe de A -....
tructioù. •
· L'utiido dwa& il 1'agit. a •oa'1lr prénieir ael ai.., · .en
mime ~pa qa'il a..-.. metb& fia·l la miJayaia- ftri,•
cpttlqaee oelllÎlmrtaP•; 8e8 tlÎapQllÏli8aa, •• r.w, eoQt
p.-qoe•tNlnnumt ealquéet aur eelle• de·noere.aaciett
droit et du droit romain. ( Loi S.• Cotie. )·
L~~eaoe à pludeur•tiWet-1111 • dMdotré l'udlilé. ·
' L'artiole 6 clonbe 1111 faCllM 4e , , . . .:à pallie le jtlfll
«lwi Nfusen de jug•, ICMll prétexte.du iileooe, de l'ôhll·
earM ou·de fid1U....,_ de la loi. . -
Cet article parait, au premier. Oqap...t'atD, laiilel" H
Juge la facultétd• praaoaoer à 10D 9Ni Rf les illltérta. des
jmti±Ha; ._., WI peu de. .-.ietea feN #llDtll" que· de
àus. iollonftoiene p.e1 , celai • laÏller le "°'*,. de ta
jtiltlee -.péodu, ou NaltaadouD81" quelqae choie à t.
coo1cience du juge, ,il ••lait mieux 1ouft'rir le dernier 4f11t
Vnitœ.
· ·0111n'ipore pu...,, les plut1 lrahil• NgtelateUN 11•ent
posé que dèl priocipea généraus enr lt1 llUttiOea 11• .....
produisent le plus souvent dau1 le cours de la vie~ et que
ta·plupnt del' cafl pré'.Us ·par la loi ne sont pas ceux q'\e
pré1enteat à. décider 1ea coata.tations per.téils dMaat· lu
DB W.. 'Vlf.IUTIQIJ . . .: ..... 107
tribuaapi. l'8 mi .Uft'6r~t· pu del lnlllilltM& pl11N ou IQcNllll
forte• : autrement, et si la loi pouvait 'clairem.aat •'APl'li...
quer à tous Je.-.moiifa .de..d~._. •»We lell ._..._ d~ la
~ IO.tiéttt il JJ.:y ..~ P" 4e. .p..... ....
Le de.loÎI' ~ jup Nê>a e.t.ù d~111e. .le 11rai ••• 4.e Ja '
loi, de conlUlt.e.r.l'ob;et, poaM l"l~f!l.M ra w.e·1.l'épaqv.o
où elle fui r ..dMe, llf ~~aQCMt'.q.ai i:.-\ fàiL:...m 1
4Jll6q. l'ea~bla. de.- dillpctWioal., eS.4ele.t.~uer
avec intégrilé. .
S'il pense y . wuvv 4t..l'tbeau.r,t4, Jr'il.·""~·1' ~r- ,
.-e11 . . . Jil014DOJ.,. il dQit,se,4f..,..Paèt d'apffl la.~
naturelle (a).
c·..-, c1Meat la-:puWi~ et.les ...~.......... une
1orte de loi tacite•
. . l'l'éfért!rait..n à .'"'tt,e. _.."' eeU. 4'e "4a~er • ·P'»U·
. . . l~llaliU'.in~iqa .«$ee: .loiis, 4'9a faRe atQei •
tribu~al de référé, et de ,dé~ ..- at..,ilillttiqtM~ ...
'"'"' -Qtlllle
4••,.
·.·$tQB: . . ntpoll\P -.U. IÙMllrdntJflQfl·t)eM
· ~ .rer.e11jpl• • ••pe-.{t( -~, . - atllfJlll..
blMt. repré•nMlh# .ft!a..ereUn tai..dMM .-e1q....,...
cl• cea 41MQtPlœ fàcta..i a . . ..
l'nona-lltff•·pltl ta ua petit. n.-bfe d!~ate'\iir•~,_1
sans agiter, .il y a quelques année1, le Corp1. légialatift
f81U-..... 1\-. ia lohlu·119i•if~ lt4I YI,. IQf M. OOIJIM WPa·
lli&iw ,, wae ••outio,a fo~,. .• :Y.oulqï,.Ie ooe.v,_h,. 4
~ u P"Bff:im,.e•.en.,..eqs;•t.ke ~P'J""
p ,k tàbun-1 de- Oa#~on a'aiail ~ flllll).
dre-sur.lui de le jugerP
pifeaT fQ...,..
li ne faut pa•.suppolel" ptukemeat ct.91 jugea:préy•ri-
~otJn•.

~··-~····~~i.-.ro-..
~·!l'•qae i.-. IMqae ~lfo;lta-™ if-nt, u~ - • - qld .........,,
lnelclereni ~r1 Md lllllol1, et ea . - p._..• °'
aooiduDt ooDllDai i. ..... eum
ie oiflltttl - • _.,_,......or- eot, Ill qal jllrlialctioiii preeat • .a lliailfa · proœdl!~;
Okfae ita jtu di.,.,re dehet. ( L~. I; .itg, lit. 1, '• l•f. ) ' ' ' ' ·
108 e111cun101t1 , ao'l'ftil ; etc. ·
8'fla jugenttiontre·Jea c1i9position11·de la lof ,-fèut~ëisl~n·
era annulée. ' .. .
lf&el'.8it dlllcllald•a)outet à ce1 'garaoties. · · · 1•
C'est ainai qu'on en uaè en Angleterre ·: tous les trUiit!.·
naux sana exceptknr IOtlt·obHgé• de régler leurs · d~ciifclo1
..... le dtoir potitiff -~_..Ur la chbse j~gée. quand ils tloot •P.:
plicable1 à Ja: oonteatatfèH'à ~ééidér. cétte hyi)oth~, Bor•
)ee fusea·ne ee détermfneat·que d'aprèi leur tbnscieoci,: et
l'éq~ité. • ·, .
'Mais ère -qui p~ve jli&qu'à quél point ee ·principe uui,.
....9el·est puiflé ·dlioè ·I« nature des cho.es, o'est «.U~n· est
avoué par les plus grands publicistes. · · · · ··
· <:ieâ-on· ~ Blaukatébe, -Grotius et Pùft'endorf lui ont
rendu succe1&ivemeut hommage (a). ·· .. : · :
Qt1èlque1 oplnioM particulières en oppo11ition à ces prin-
eipe., ne soot-elies pu bien contie:.bâladcéés' par ies-aüto:l
rités que je 'rièos .4 'invoquer ? . • ·· ..., ' · r
pj(l'IDf ed opinion1, il en eet une; ..n. ~ôDtrédtfllffen
rtlpeotable : o'ewt ctlhHle l!aseemhlée eoostitoante, 'qui
. Ol'Mgôit l'aibitrairé·de.-·jog81,-èt leur~~tgoft lie lfadl'èi.:.!
ser au Corps législatif, toutea l~ r.&:q..t-.19 croil'&lènt ·né-=
.-.i.e·; sbit- d'int~i' ùaeiot}·Hlt d'errWre uh~'nou-
vttJM_, : . . , .,-., ; . ~ ·, . ; , . : "'! ! ~ ~

• ·Mats· n faut piénclre garde à' la situation dat.·s laquellff sd


t'rftltttit pfaéëe · ~tte''ai~::· !ue p~u\talt 'e\lâlndtlè cl(#
1fOff4 pna~ ses' fntëntfoos pa1" des mâgPstr4'8 dollt! tklW
•mi giarottwdt l'llttàtihemeilt àu 'Dô"rt~I imliij 14bi ofioiléf
qui s'élevait. >: 1· ... ~ ! •· i ! ! · ' · •1•
:~Au· 14it, qti'ea''r~lftlfta.i.t:-il'P C'e.l''què l':l~blé~ 'e\le-
même, emportée par la multitude des travaux qui·l'ooeu;.:
pajeJ?&, abandonna lftatërpret.rion des ltnlfià 89ri ~·é de
~~~tiou , .d®~..Ir.a .d~Cl*°'18 ,116 QAWt,i~~&: bieatbt
• • • • • . , •:.": · 1 •:•hΕt• ' '' •·•• •i·•: ' " • 1 • I;' ' • • , 1" • · • • 4
'f 1° ,., , ·• 1\ , ",

.~I ~on ·, ri. ,,,,..... if!. 3; Bl~cJi.a!'"'" IrrtroW!i4• ·'4o 1,.i.• .i ....li•· J, .elk •7; Gnti!oa,
· '4 "f•Ïl<lt., •te.; l'lllftH«[, D. Io lot•• 11ronr.1".J , ebop. 6.
DJ LA PVILICA TIOl'f IJBI LOIS. l O!)

-J'unt?- q14nière teUement·abusit:e, qu'il faUut y .m•&triD un


&ume. •
Depuis, n'a-t-on pas vu. les tribunaux accabler de ri&ë-
réa lé. tribunal de. caseadon et les ·llfilelDbléeA légillatives,
· po.Dl'· le& dif1icultét les ploa légèi'es dao1 la cléclitioo des
procès, et paralyser ainsi le cours de laîm&iceil
Enfin , la considéra1ion politique qui aïeta le décret en
q.~stio,n. o '.,Wte ·ptua ; on ne peut donc oppoaer la mesure
qui (ut prise alors à lâ ·disposition de loi"c1o'il s'agit ~'adop-.
ter anjourd'hqi.
L'af!i~e 'J , qui défend aux jugesde prooo.ncer, sur les 5
Cla'18e8· qui leur aout soumises ,. par vbie de dispœitioo gé-
nérale·et réglementaire , est one conséquence de.la nature
de notre gouvememeot et du p~uv·oirjudiciaire...
l..a, fonnatioo de· la• loi appartient exclmivement à la
pui8881Jce législative.
~· juge.s chargés de ·rappliquer a~ oonte1tations de11
particu}i~, dont. la CODWlÎSJance' leur .e st attribuée, .ex-
~deraient les lillliles. de· leurs fonctions, ai, p~oontant
sur les diflëreos des citoyens entre eux,·1eur pklition ten-
dait , llOUS quelque rapport que ce fdt, à obliger d'autres
jn1ticiablea que ceus Mir l'iqtérèt.deaquela iJa·proooocent.
. Le pouvoir des jugea oe. serait. plus ce qu'il doit être ,
une émanation tlu pouvoir exécutif, malt une superféta-
tion du pouvoir. législatü. " . ·
Les ~uoanx ré.uniraient alo~ le double dto~t de faire
dea lois.et de les "!lppliquer; moostruoaité qu'qn n'a vu exf&..
ter que dans un très-petit nombre de gouve~oemena des-
potiques, et que l'article ·en que11~00 veut prévenir.
=" (:e serait en· outre, ai.011i.qoe je l'ai déjà ohlené, un CU

de forfaiture prévu par l'artiéle 644 du· Code cie11 délit• et


dea peioe11. · ._, .
. . Bnfin,•l'aniole s .•eut·qu'oo ne P\1Îll89 par de• OOD't8D-
tion8 particulières, déroger aux loi& qui· in~reuent l'ordre
public et les booaea 01œun.
• 1o . œnscuallOlfe , ao•-. , e&c.
0p • • point .oui»tW· la diltUat1tl• qui 8!l1llle, &nt. tettt
• gouvernement policé, entre les di:verses espèces ~e lofs-qui
e•111tluteot .. Ugblad~.· .•
IR' uae1, doat i'Glsjet ilatéraee la peltce d'Utli ·~ en g~..
mtral ·pta. ·que let pardeaHeaw eplftl eux, appartiell'Bent
au dreit publie.
Lee autrai eoe& du rtllllOlt~•dPoitpl'ivé.
Rien n'empêche eane doute qa"on na déroge.à eel'tafHt
di8peeltion• de•lois cl~ ·demler onlte ~ p•roe q1.1e..Jes loft
purement civiles q 'étant étal;tlie• que pour l'n:titité dei p~P.
tiaUÜln '•jl ... permi9 au ·cootraetaus de..... p• .a'y eon-
follllff, -.œa lèe foil qu'dl11 • lnt pu alMèlum~c Î1ilfr.
pérativet. •
Ainai, soùs le irn:mier point de ue ,,la ~atkm qttï
,énnettaità l'v•désconfoiots par-mariage de rooocl'Jl'l la
communauté de biens dans les localités de Ja· FraDC1e ft
die 4tait 4&ablie_, 41Ui ne •'oppQHit }>as à oe qu'on UsimUàt
abK meubtea ·":8• partie dtss paiep.ee, pour la faj~oeU:_1M
..
d,. cet~ C0111munauté, et qui tolnai& d?autnit ltipui..
-tioas dll ~ ge11re '1 p1Mll'l'8 ~ toWwer eneore.
li.ais teut; état biea ordo~oé oe wél'rira pat qù'oa a~
en contAciicaioa a.w,auoa•·dts. ~ia' 4u premier ·o'*e.
Aio&i, aous ee second pohat de 'fue, la .légialatÎf:ln-• 'a«ri-
buera pas d'c•efllt·m'ilS aumariag$ qee tics inota.ntigieœ
feraient célébrer exohiaiveme'?t ..,,. uia JlDÏnisilrO da
culte catboliftue; die nepermettllra pa• cpi'on rappelledana
..0 acte dee tpudifllCllliea.a .._iea 1 qu'oa ·Y 1tipoledea a..
ee. ~train;& à ia -na•ure du IJO!fteruem.eirt.
C'elt 4Wl9- ce aena que pluaieera di.pœitfon1, 4e1 *-
...,..inea- l'épldaieèt a.Ut tolllto conveuûon ~aire·aux
feia.. '"'
C'e&t encore dans ce sens que toutes les légialàtion•.•
-.& aocerdéa peul' JWOICrÏN' l~ ooalletltioM c.oatralree
auboau.~(a). ·
DB LA. n&Ll<lA.TIOlf tlf!I LO!S, 'l l t
•·t11·1oi•, .eNe~tfelleme11t eoeeervatrlee1 des rnœun; ne
pe'1"6Dt consacrer-l'immoralité.
Chacun des anlete1 du projet de loi que j,e -.len11· d'ana.
tywer est donc ·food~ eur le droit ro.niaii.o, ou s~ not~
ançien· droit, ou sur Le senlimeet des premiers publicistes,
ow enft11 sur là nature de notre gooverttemènt.
Notre état ·polltique-, no• usages et nos mœurs ne per-
mettai~ot guère il'adopte'r un· autre système.
- O.. e1U v(}Um que ce syst~me ·Mt plus rapPTOché de la
métbode de& lois anciennes t· ·
. (i)o a mrtout para surpris de •oir plac~es 'dans un projet
de loi civile qu,elque1 dispositions relati'fes aa commerce.
L'ordo~aace 4e 1&>,, qu9on a Invoquée, ne -cootient-
tllè pas on eKemp~ semblable, puisqu'elle a tncé quel-
4ues •~'glea telatiiyea • l'~nstruction d~ p~s èntre nég&-
cfâo11, - quelque 81 destination particalière ait ea pG'M
principal .objet d'Qrgaaiser la m11rehe dés contemttions
oMleeP ' • ·
~evait-on donc s'astreindre , dans la rédaction dri noo-
. rew Code, à titis fermes trop serviles !' et fallait-il sacrifier
à une vaine méthode des vuea politiques.dont it eshifacile
d'apprécier }~utilité il ·
Con.sultez, d!ailleun, et notre aneien droit et le droit
de la plupart des gou'Mfttetnelll européens; il sera facile
d°e se convaincre que, s'ils sont en grande partie composés
dn d~oit romain'· on ne s'est pas, dans leur formation ·,
tlgourenseinent a!\treint aux divisions marquées dans )es
Institutes, le Digeste et le Code. · ·
· On.y verra que, raisonnant d'après la n~ture des choses,
les législateurs n'ont pu ae renfermer strictement dans.les •
prln.cipes du droit civil proprement dit, quand i1s ont
établi ·1~ Code civD du pays dont .ils formaient la législa-
tion; mais qu'aux dispositions de loi& exclusivement ~ro-
ID!f. li~ • , ur. 14, cocl-, p; •, 1. ~. L- û ,.ai., el•• -l'Glhier, Tr.iu ,., .nlitatio!"• t••· 1 ,
....... 1"2 '· ..... 3.) .

L
lU J>llCVlf.IONI • •OTIPI, etc.
pre• aux habitans de:cea paye, dans leurs ~oor relJ*c- ·
tives; ils ont été fo~cés d'ajouter d'autrea diapoaition• qùe
néce88Ïtaieot leurs~ ~apports ave~ les éeraogers , · sani re-
cihercher. si cette portÏQQ .de- Jeurs lois appartenait au droit
naturel ou au. droit des ·geiis, · ou .plutÔt i>enua.dés que
l'application des priocipes~ab1trait.s deva~t . ~tre con1&all1·
·me11ts.ib0rdo~néeà la situationpolili.fP.le et ~ux be~iq1 de
~~ . .
Au ~~·teJ •i. l'on _p~u\lait ~osidérer coahn~ · une iDDo-
vation la. disposition du projet qui !l ·trait aµx afl'àires de
commerce, l'innovation ne ~ait-elle ·pas tro) Ulile, .,Our
que le Tribunat .pilt y refuaei.aop ~uentiment? ,
Le.projet de Code civi~, pu,bliéïl y a quelqa~s mois, . a
. ' .
été g~néralement approqré dans -IOo ensemble; cep_eodapt
altaqué .dan11 beaucoup de partie.~ 1'il edt fallu déférer·au~
modifications multipliéea. qu'on a propoeé d'y faire, le tra•
vail P,riµiitif serait mécoonai11able • .
Cette rétlexiob ne serait.elle pas applicable au proierque
qous discutons? ·
.Ce _proj~t·m'a paru sqe, et concis _dao.~ ses dispo~ions •
. :J'en vote.l'adoptiC?n: :
')

OPllÔO!f DU TIUBU!f. TBllssi,

oorraa w: l'llOI~. · .

• Tribuns, le peuple · rra~çàis, .en déléguant l~ pouv~ir


législatif dan~ l~s ~eux consti~utioos de ~ 1. et de rao Ill,
7g
âvait consacré une formule, à laquelle seule il. devait
11ecounattre q~e la loi é~auait 'de l'aut~rité qu'il1 av~it
établi~. . . ' .
~

en
1 ' •

Ceue .formule se divisait deu1: parties.· ~os la pre-


mière .était l'i•titulé de la loi, qui cooatatait qu:ene avait
été fon:q6e par .le _çonçours..des COfPll politiques ï'ristitu~s
pour.la dt'!créter. · . ·
' Lâ seconde consacrait; ilaris· des termes înv~~i.~~ies:~
DB LA P1!BLICA TIO~ D•1 .t()JI, · 1 li

l'o..tre que donnait le-pouvoir exécutif de la faire 1'.?blier


et exécuter dans.tout)e territoire de la France. ··
Ces deox -parties constituaient ce que nous appelon• la
formule de la promulgation des lois.
L'intenalle qui sépare le i8 brumaire du 4oivose an VIII
·ayant été marqué par un gouvernement provisoire, il fallut
modifier la formule coneacrée par la constitution de
l'an III, et promulguer au
nom des Consuls ce qui l'avait
été avant au nom du Directoire.
· Là se bornait· toute modification , parce que la soorce
·-du pouVoir émanant toujours: du peuple, on continua
d'intituler lea lois : 4.u llfJm de la République française.'
- Il y .a bien cependant une addition qu'on trouve , non
pas à la fin de toutes, mais de quelques-unes des lois pu-
bliées à cette.époque; c'est à la iuite de la promulgation
des €onsuls : Au nom de la République française; une autre
promulgation du ministre de la justice : Au nom des Consuls
de la . RlpublûJ11e· (a) ; mais cette addition , dont on a fait
usase quatre fois seulement' prouve par cela même qu'ell_,
n'est due. qu'à la précipitation' aux embarras' à l'incel'-
titude qui marquent tonjours le pa98age d'une forme de
gou.veroement à une autre. ·
Par la conetitution de l'an VIII, qui délègue le pouvoir
législatif au gouveromient, au Tribunat et au Corps légitr-
latif, la formule de la promulgation des lois n'a pas él6
consacrée pour la suppléer. -
Le Tribunat a arrêté une formule qui constate qu'il a
concouru à la formation de la loi, qu'il y· a conco~ru de
la manière dont l'a voulu la constitution ( b). ·
Le Corps législatif, de aoo côté, a également consacré
une formule 'Jl1i constate qu'il· a décrété la loi, qu'il l'a
décrétée aussi dans les formes constitutionoelles (c ).

,lol v.,..1oo i.iiUetmo,"" k4. h7, su. u4.


(Il) v.,..1'wtielo 41 cha npe-t cha T...... , cha 17 " " - u TIIL
Ici VOJ19 le1 utielel H et 3f •• Cerp111p1Mif, ft 17 al.- a VIU
& 8
J>JllCU~JOl'fll, f!lOfJPll, ele.
:Qn6n, i~ gouyer:oement a pria aii~ un 4rrê~ 1ou1 oe
titre : Formule pour la promulgatwn dei /oit~ dans laquelle il
~entioune en aubstance le coocoura du Tribwaat et du
Corps législatif (a).
Ces trois aectiona du pouv~ir lécialatif avaiant le droit de
rédiger dea formulea !J.UÎ constataient q.u'ils avaient c~
couru à Ja formation de la Joi. Mais mjeux eât valu ; 1aw1
doute, qu'au lieu de rédiger chacun la sienne, les trofa
élémens' du pouvoir législatif réup\s en eusaeut décrété
une qui leur eût été comsnune. Par ce concoura BO ICJ'ait
formée une loi qui aurait détermin~ ce qui étai& de r_.
11ence et des formes de la promult,ation det loi.li•
. ~oua disons que cela e'ilt mieux valu, parce qu'en prin-
cipe les trois arrêtés isolée ne liant pas réciproquement œ,
troiJ corps élémentaires du pouvoir légh1l•tif, chiacuu po.
.vait réciproquement les méconnaitre : et c'est ce qui Olt
arrivé.
, La formule adoptéepar le Tribunat, insérée daoachaque
p~ocès-verbal, qui constatait l'émi,sien de sou vœu, n'a
point été incorpor.ée daus ce)uj pa? lequel JeCorps légialat.if
décréti,ti\ la loi, et la formule du Corps législatif, incor..
porée dans chaque loi qu'il déc~tait, était retranchée dSJ
·F~r('f de la loi .par le gOWlet'Qemeut • qui pourtaat l'uait
J.a~ aubsiater d~s le• pinq premières qu'il a .pL'OID1}1..
~éu (b).
Il résulte de cette exposition. que ~ formule arrêtée par
>egoq.ver.oement est la 1t1ule qw maintenant soit incorporée
dans les lois,. à pirlir 'd41 la loi du 8 pluyioae an VIII, dans
le troisième bqlleHo (c), aous le n• 19-
U ~~ vra.i qµe, Po\\r ~l«ttw, ~ quelque sorte, dao.l la
·~,~·o.wisftion4elafq•ulQlldoptéeparleTrU>uàat,JeCorp•
législ~ f~ppelle cla"s la aienee q~e la dilcusaion a eu lieu
(•) V07ea Io bulletin 44 , n• 306.
lh) Vo7u l<1 cinq premières loio dao1 1.. baffetim 1 tt 1 : la detolm ~ l la dal• du 1~ ni·
- ... vu1. .. , ,, . ·
(o) VOJH I• bolletin4, 11~ 111- •
DS ti\ PV8LICA Tl01' OBS tOJI. 115
coDi'ol'IDimmt à la o<htttitûtic.ni , et que le gouvemement,
en rctraoobant l'une èt l'autre, fait au11i mention que te
projet a été communiqUé au Tribunat, et que le Corps
législatif l'a ·décrété. ·
Mais pouttant il faut reclbbnattre qu'il y a dans cet ordre
de ohoeea une espèce d'ifftgularité. En effet, la loi étant
formée dé&oit~ement par le décret du Corps législatlt,
cru• intitule loi ce qoi d'abo"1 n'était intitulé que projet'
il semble que cette loi devrait être imprimée et promul-
g11ée bille qu'elle sort des mains da Corps légûlatü; il
semble que, dans un aetè dtS ce caractère, nuUe omÎllioo,
aulle moditieatlôn , soit dan• l'~nce, soit dans les for-
mes, soit dans les termes eonsacrés par ta formule, ne
peuv.nt avoir lieu san1 quelque inconTénieot; n'y ett-il
"ae oelui 41ui résulte de la certification conforme du mi-
nittne de la jusliee, qui pèche ainsi contre l'exactitude.
Ce qui précède se"ira peut--étre à taire sentir ce que
doit être une loi 801' la pNmulgatloo , sur l'enYoi , sur la
publioatm dee lof1.
Il n'86t pu beeoill de rappeler que Chaque loi doit faire
meation , en titre do pouvoir qui l'a décrétée, de l'autorit~
au nom de laquelle elle è9t proclamée, et enfin du nom
du magistrat qui, la proclamant, donne l'ordre de là pu-
blier et de la faire exécuter.
Ce ae-sont pas seulement les prioclpèl cle nos constitutions
mode.Del <pi le veulent ~insi; elles o.,. céla de commun
ayeci ce qui a'obeenalt en Frande, a vaut elles, et a tee ce
qui 1.1'obse"e dans tous let· ~tats de l'Europe.
Mais la formule qui contient ces trois choses, de qui·
duit·élle éma11eri' Les deus préeédeotesconstitutions avalent
cMcidé que ce serait d.u peuple lui-même; parce que, délé-
guant à des corps poliliqùes le drOit de faire la loi, if pa-
raillSélit· a~aut tout néces1aire de leur tracer les signes aux-
CfUels.il coDSeoklit de la reconnattre.
·.i ., ... 8•.
116 ,l>Ilt'!UlllO!H • llOTIPI • etc.
La conatitutiou de l'an ~Ill n'a pa11 prLt cette pricaution;
~ai• par cela séul qu'elle établit trois élémen1 à concourir
à la formation de la loi ,. elle appelle ce11 \rois élément à la
rédaction d'une formule qui doit leur être commune. ·
, . Les termes de cette formule doi•ent être rédigés de telle
1orte, qu'on y voie '9Ujoun que toul$1 lea brancbell du
pol~voir-l~gi1la~if ont concourp -à l'émissio~ de chaque loi,
qq'elles y out coucouru dans les fotme1 détermioéea par
.
la constitution.
.
Elle doit être invariable, cette formule;· parce que, tant
qu~ le pouvoir législatif n'est modifié, ni dans 100 eMeDce,
ni dan11 ses formes, la formule qui constate sa préeence ne
p~ut jamaia ceuer ~'être la même.
Elle ~oit être ·exclusive, parce que, dan• l'ordre politi-
«Jll~, nui acte, ne pouvant être comparé à la loi, ne peut par
con1équent être promulgué avec lei formes législative& qui
a.ppartiennent seulement à çelle-ci.
, Si ce n'était pas la loi, mais le gouvernement qui rédi-
geât seul celte formule, le plue grave inconvénient qui· en
. '
résulterait , ce serait d'admeure une branche du pouvoir ·
à certifier ~ule la présence dès deux autres. C'est comme
~rticipant à la ~islation que nous envisageons ici le gou-
vernement.
Si nou1 renvisagion11 comme pouvoir exécùtif, il le pour..
rait moin1 encore, puitque la constitution lui donnant,
S!>U& ce rapport, le pouvoir de .faire des réglemens pour
l'exécution des lois, il faut que le11oi1 précèdent ces régie·
men11 ; il faut donc avant tout faire une loi sur la promul-:-
gation des lois.
Je parle ici dans ~es principes du gouvernement lui-
même, et à cet ~ard on peut lire une délibération du
Conaeil d'État du ? pluvioae an VIU.
Il 11'agi11ait de aav~ir si la loi serait loi, du jour·oi1 elle
serait décrétée par le Col'.p• légilla&if, ou ai au contraire
elle nt; prendrait date que du jour de sa promulgation.
Da LA. PUlli.ICATtoN us· 1.0l$. t 1-j
·· La •dtiou · de légisJa'Üou , cooaultée 11Ur :Cette què1tia11,
~sait (a); · ·
.'•La promulgation'est nécessaire, sans. doute, mais seu~'
c l~ent pour faire c:Onnaltre la loi, pour la1aireexécuier !
• -O•es, la premiàre condition , le premie~ moyen de sou
•·m~cution; ·et v~ilà-poutqooi elle appartient au pouvoir·
c.exioutif. Le SUlW*~mèit a une. part" à la légielilti~n:,
e:niai11&ealetneot>pQ\l la\y,ropositfon de la ·loi; et quand: i(t
e:llïpromulgue, f'8 n'eiit plui comme pàrtie inMgraute d'~
• p0uvoir légi1Jatif, .mais séulément"·comrhé pouvoi~ dis:-·
c tioot et sëp~~; caaune ·pouvoir etéêt'ltlt';->et il faut bien·
•. ·~ garder de confondre celte' promulgation .a-Yèc la aanê·.
• · tiOn 41ae le roi e~ti,tutionnel avait tl'n i 791 ,· ou ;éc. a
• l'at:eeptatlou · que · Je Conseil des Aooi-enii :a\;ait par la'
• k:omtituti•ai de l'an! Ill. CetAe ·1aaétiun ~t' édie ·à~èepta.:.
c "f ioa _é taient p&rtiée 8'èe&saiitdA de lil·fürmfillôri iie·ia loi,"
•·et oe-roU.spblahmt~I\ •rien llltà · i>"rdiwiutgalion: A'11iili -... ,
doi:datai&-ellè ,:en 1;9i 1 du·joù~ de la sànétion-, et; soi.ta;
., wéenfû&uüoii •·v.. :J.U~'du je\ir 'd~H'acceptafic;u par 1
cle11 AacieM, et à~tdn >}wt·4e sai ·proÎnu·tgalio'n ·, iiok par
... IQl rOi A»unitutiUrJDel, .oit pàr lè ·niréctoi ..e exécutif. · 0· '
; 1ii <J\iûi 7 -IOUf·Û'OOrÎIWQl~n· actuelff: ;. .efle doit'datèi' èltl

• jour:c1ë 800 éœiuiOo pat le Corps ldghil-tif,> ~t!rnièrii can~· ,


• ililio>n11sHRIRlltttà itif11rmali.on. • ; ·· :,. < ' ., '· · • ' .. • _, .. ,
::cce ·ao.ur., ·11Ppiouvél- par le C0n~it d~t'at, furent ·
adoptés ensuite par le Premier Coaiul. · . :- · · 1 ·" •

-·@ni?est don<r pas comme participant à; ·ia l~gislation'


~ai11>0ootm& p0UNcJir:~J.'écatlt', què 1e Premièr'-Com1ul pro··
...,Ue les lois:' or,·r•tde C«rqui<fait partie in~rante ·ties ·
l•"D& peu•·YMre·iwworpon! iiàas lè t"oosentemeet denrôÏ'IP
braoollea du 'poùvofai;légl&latif. ~'il'en' :~tait' autremelit, itl
•~•aauinait ifu"il faédni& œtraocher de·suJ&e du Code d•'
déliU les pëines'proubodées contre Je• mioi11&re1 qui revt- ·
u8
th·aien& des forme.a. de promulgation. législativ• 4e• actes
non décrétés; parce que, si la formule de promulgation de
J" .loi ce..,ait d.'ell'e qne loi, aa vio.\ation ou aon.eaploi clans
d'autres actes c~serait 4'être a. cUlit,.. '
: .fe o 'ai. P.l qf qu'une observation à fair,e sur ee point. SI:le
gouverne~eqt. régl.\lit. par des arrétéa la form.ule do la pro.
mulgation, .comme U l'aura.l t réglée ,RaQll .le concoure du
p.ouvoir lécislatif, il p1>1J~a.lt sans sqn concour:s auni la
change.- ou ·la mod4Ge.-; qr, ltlll loia ae.,aieot aujouwd'hoi
pt.lbliéel sou• t,eJle for.,.e, e& dt1JDaia soae telle autre. Lee
mqtifs dq ce1 .cb;uage.11Peas suaient .œ6rue inooanna au
peuple fran,çais : car le gouverueœcsut. • 'eet pas a11~i à
publier les arrêtés q~'il prend. Et pou •ile.r à oe4 é9ar4 UB
e;œmple qui ne f.Qit,p.as éuanger à. la matière, oa peul vé--o
rUie.r que l?arrété du~ nivoee. 8Q nu, qui consacre la
fo~.w\Jle dq la pr~uJgation, <le&..W~ •. •'.a.~ reodo p.aliio
qq'•u .D)OÎf de ven4~nwlire aq J,X, (a) : en ac>rte quo lo pu.ltlio a
igoo.-~, pe,ucb.tlJ~ ~uf Q\OÎ!l, non seulement la caU1e, maie
l'i-et~ qQ\ da4'Q.AJ~llÎ.\ la. fcMl11.e .dQ.la .prQ11udgalion .de& lois>
CAr, ~ le ~è&e, le,& ~~ ~-· Jois .de. ia Je88iclD 4e
l'an .V.li qat ét.é pul>.liées. wute& emihes : ce •'at. que
c\a1>• le. autre• qu'oa a omi" k panie intisra.ate ù . Ja loi
q~'y in~ffk ~'.~'.Y. inaère ento~ le.Cœpa légialatif. '. . ·
Je conclus de tout ceci q\le le. prejet qai am» eat pré...
8'1Mé. .-e toDFlCl'lla.t a.ucUJJe ~ de :prona~oa,. il
doit par cela seul être re,jeté. . . . . . _. ·•
. Ç-itffJ. ~sd<>Jt n'e,stpas la seule;. on.u'y 'llO.il pu.dawan-
tage qwt, ~t'i& lQif •eroot adl!O.._, aux :admiailltraliona.,
cpl'eUea le &t"DA.am: t•ibuna•s: :i.ee.t•flo qae .ooa•
rqfp ai e>n. lea y.enverra en eS'eti, '-' l'eoNoi aura un. ear-.
._,.1
'
t•r«; qftiRiel. Il œt djftioii. de ae faireà.l'iclée d'œdomlù à . .1
qa juge de ppqooocer OQoformémBnt à la. i.i, 1ane.ooai.--
t~ter avec Jqi l'obligation , <n1a11t.tout,. do la lui remettre.,
(•) Vo,.a le b..Uetin 44, o• .lo6
DB LA PtJILICA.TIOl'f . . LOlf. 11'9'
On oraint, dit- o•, les anciens aboi de- l!enregistrenient, ·
nB cle la IH\ce•ité d•adreuet aottefeit les é1H11 dllDS Ieii
08U'*; •ais on nè considère ni les temps ni les p:éffi1nti~:
Qu'y a-t..n de commun entnd•· ~yen• de ré9itta'1ce: dè ·
nos tribun.aux ec oeqx de oe1· grande• corporutlom# fudi..:'
oiaiml qui, réuni...nt à de va1tes:p;oprlélé1·i«111'~rôga­
fües f~ales, ajoutaient eneOre au •oit de vieJlC de mtm
qu'ils avaient sar lei& èufftl du monarque, la prérèntfbn· d~'
P"rtager la puiuanoe légiBlallve. f.a résishince ·dè Cieux•ci
ébranlait l'état juique dans 1e1 fèademens ; ctnxltà·, 110
oo•traire, ont btMoi* de tout l'appui du guuvernemeol.
G'88l de lieur eomlittanoe ; th le\ir dignité , qu"il faut s'oct~
oaper; et Je ne sache pas qa'cm leur &tant jusqu'au mo,.èft·
de Ure paWiquement la loi à leurs audienca. , on aag-'
mente par. là le ~entiment de l• consid&alion prdtOdde'
dont it. devraient jouir pour prix de Jeun pénlbW et li.,;.
ooNblea travaux. .. · •:: " 1
.c.. cJAna: ·MlltNi•• du projet~ife d~taui· thd{lltirt1'1\e~i
pn*1ulgation 1 le . <Mt'ane hovl)i -M• fols' dlln's 16' tri~-.1.i
naux, sont, à mon sens , le• prieclpales, quant aux &1"1~
pœitione de «Mtall, qui &eNient la sulft!·$1ceeeaitlë de,èe1
deux principales dispositions, et qui, par cons~qoent· , .;nt
omttea am.î.- On pWi eonlUltet la·lot du 3'~ti•embte 1 ~{)<>,
qui oentiati tel troÏ8< paitte. Ml Id ('f'oœ9fgatio~ , dé l'en-
'féi et de la putlioatloa ·. W loiitl çr·e11" tt•r un· medèle en• ee
tJ8h1'8. sauf'le· prib1lipe pollrtant qu'on ·y avait adoptd dlet
faiN publier lès toi& JU8Cfue.daule•munfctpalitéa1 ·Si, ·sur
aei point,. la; .1.; o.-... un eseè•; le pi'tjet nous o~ re:icè81
doalll'llK fat pietalWit!e voulait «PJ8 le• lefs fû.sient pabliéeat
}Sartout; oehliôoi diipeD'lle de leal publier nuUe part, Je pen•
0

oberaft, au mtuéu. •e ces deux exoês, paur la ·dlspositton·


ck•la loi .cla i~Tenflémlaife att If, qui déolate eséeutoirts'
lbs• lot. da jour oà ellenéo1 publté'es d•nv 'ehaque ohef'..lieu·
die ·dléparaemnt. C.: tem~rament me semble foffé sur la
...un;.derR1ftre 1 l~ilatfon et sur· IQ ·ea111ct~..e· otBcifcl q•"on'

\
110 Dl8CU88W"8. •oTJPI' etc.
doit donner à l'exéc.a.tioo de Ja ·loi. Par la pature de notre
l~isl!ttion, la propot:jtion, publique de.la loi , sa discullion
prëlimio.a ke, son .émi11ioQ ·ao1ennelle, l'emploi de l'im-.
prjmerie poor la faise.. c:irculu.d'une manière uniforme à
la: v~.-i~, mat. réelle, 1nr_tous les pointa de la France,
doinni i;assuœr sur la. crainte qu'elle.eoit:ii;noréé. Aveode ,
pareils 1qoyens, c:e ;0e · aerait paa la connaiuance, mais
l'igoor~oce. de la loi, qu.i 1erait UDe .6~iba • .
Il.faut gonvenil"cependani que, quelque-étendue, quel-.
qµe r~tille que fût la CO~QaÏ888DCe de}~ Joi'par ces.moyens.
d.«t ;p\\bljcité préliP'.riOiilirea, ·c ela ne suilratt p• : avant d'en,
fair~ .l'Al>llfl'tion de toua, Hant d'ordonner. aux jùgea 4i'en
f\loÏrt.)ili rhf;le de leura iu11e..-eus. il' faut lui imprimer lee .
carflAtèr4's. de fbité, de 1olenoilé qui lui copvitnnent. Si la.
I~ q:ét~ 1)as adreuée aux tribunaux d'un.4 manière offi...
ciAUe;,, ça,tac.téristh1ue, et djgo~ d'e11;11; ,•i,, à'leur tour,.ilâ.
ne la publiaient pas pour qu'elle devtot, ~ à . use. épOque:
fisf' *' k""51e de l'obéissance des citoyeoe; lea una·et lea.àU-
tr~04' 'rouveraient pl.Qs · 1~ fO\\rfJe dtA p<J!Uvoir·auqueioia.
oW;.s~nJ que ~a.os "l'auth"-ti.cité. dee g"'ette•. . . . ..
,· ~ ~11'ai plus qu'une obsel!vat\on à falr~ tUI! lt. l"emior ar-
tjpl~ !lu projet. . .. , .... '·'
P.ar l~ , QQD.l!lilotiQn, '411lol&~ot· pt1Niéededi:dèm&jMR,
~e leµr émissioo. -L.i. p~~tio.n •· fera·elee'ee ·pria- ·
c»Jl4', :Mais "comme.l• proou1lptiea ~t. un:fai&;, tomm.e:le.
pJ!OjO.\.la CO$fo1Jd-_a~~ J~ publieatioo '1tt:ql1e•dêaor01ail'oe.
•U~ BC;ra.i\ p•us qu)lu,e seule et même qbôeé ., il s'eoiuit que
~ ·Wit. ser;a -00n11!até; pour ·chaque lai pât oil acte. qui. ~._.,
IJ.leQ~. c!e l!beuro. da ~le pobli.catftlia !Ultjqa~ : ·eel« m
u~ep~jre; • . puiaq~ lee . ~tfots·d~ la ipublioaliOlt se:fernat;
~-Ç5't!DJ.ir,: .nctu -~ io.ur pv :U.ur.; :JMie ·hutm: par be.o•d·•
01·, ·CoWI•~ à.&oate heure ih'euv.tedes '1Mecet11ioné~ belill~·
las.: l<>it1 i~r . lea: déalt61weee; sur lea. ptol,.ibwona, auront
leu" ter~ ,-1101' pas .à; .l'eipiration d'uue jOUl'née, .~aie 4
la fi.o d'-uue heure mal'qUée, il 1'en1uit f1Ue, pour diatin-·
D.11 •l.Al RflLIU TIO'l'f . . 110!6. 1•1

guer ce qui est '. légi:timed'a'fl!~ 'tie' qüi'l'le·t!est ·plus; ; U' ttui. :
d•a t' deto-qs. lea;pôiub •1a F~anee, te fwoéurer ie prMs-··
verbal·de. :pabtièau.o·;de chaque 'l('Jf, pC!iof';en 'eonnaftt'e, 1a··
1 · cl.ale; ·eà1 ·ori .ne vOit pu.que ce pl'Q~\'erlMil doive être'ni ~
impriotê, ai•ep•oyéraui tt~oaln:~ ni'lfjqblM lèn màliière
quelbonquet pout' dè'Y~qir ~ ilmi p.i abpl-.neut l'inattuo.-i •
tieu·; JlM!Ï& la règle de roa11 .. · .: ' ;; .,•• v'1'. '.. . ·~ ·, ,_,. ·:>
On: a . dlt :que. le ·déJai· d1exeoftltÎOlt· •11~ · pôDÏmencerai&~l·:
coarfti; •'~ o\Be:ipiiâ.4ipm::de la.de;aiëe8'1heiqrê -.Io· di::aiètne
jeuc. ~.()• o'est?Jlu1u'aoe 'confectift1etlt\qnrpas utn,~"1•po- · ·
1ition du projet : en le supposaai,--la'.prolnulgatfon ne M'- 1
rait pltJs un '.fuit-; .elle. serait ·.sap~··pa• · u11- 'principe; à
moins qu'on ne s'assenlt à promulguer chaque loi à mi-
011i.t:.:·:Autant nudrait .qo'01ro:cWètaftlt qa'îl b~ aarà paa.ae
piéllloulgation ;i;et qu"en.1ajoutan:t iwit ·:flotièll:dé ~,1 . .aë
la réputât faite à la fin de la demiwd be~14fiu éliai...-r
joup. :,.- . . !: .. . ~ . ..1 , • • - . • :• 111 ·;~ 1 ~ ! .:_ .. . : : · ~11
···Re•qt les.. &epl ·fllllitlmes gën•"1!1è.-!CJûi. iejmtneii11W1 au
~t. ·. " ·,. · , i..1 ·• f • : ·: . :...iui ~ n" ! i:':' ·1 · ·~: ·: :. ; .,\ :.:,

Les examiner toutes, et fixer seulement lelî _.,IUIÎ6tfùéà;.!1


oea tes plus :isqDllidillteà.qll'en pen~· Jfhl tfrer-v~·~ ùlXlllki
sens, :un tcuail'.aa•zJoug »oii,\lbantir:pluèieun volàm.,.p
li :nlf: a gu~r.e,qµ'otlfl; opkdén 8*r4&. ftallgitt· & legaU•..te•I
'mu:itilei . géitéi'aie•iJel:ao• ·deYOqe:rehciteigHloes, au~·1
-.e.,.ement de ice.q.de-t'ldès;la·prémUpos,..ance du.<;~
cr.&.. li il le~a ràég116es·dlln&ileidoirurmiidetlelllëig~'J
· :1:n 4fliea,:si lili soi6aœ ~ d1aifretl&aiè*nl;:ea 1'0US:t1Nl:4•
qan~ cles•règles1géoéMIM;· /lètl a .tootès ~ par celle°''
ci, qu'il 11 'y a pas de règle sans exception, 'è~ .ni
d~bti:tr•par.dealtigle~leaJdoqt•leB"ml~• Milléht
pû encore pioiéek P.!Ctino~~st. qne quaa4Lla :loi :Ill~ Cbmpl'l*1
q11•ea peut Mt'Oill ce qo•t.1.a.fllsle.-:ceilfae.aont 'lea.e:mcpl-'.
tio~•'· avant oel~, ,yuus ..doaaa au.;..,e~eontte:votn:ilbl
teotion, le droit.de confondre l'UDe: etJ'aut.re. ·MaiJJ., ·aloa .
même que la fèsle et l'exception aeraiéld ohaounc. mitu• ·
1 ~· .N6~USHOltS, •QT.J..., ete. , .
1C1'r· place, ~ JD;lJtimt11,féMrale1 tn Aliaieat•eU.ë• plus ati-:
l~:OA\ mGine <l•nP,reu11e1 P,.Je u~ le croiil pas,. patcé qwe'
l'"}tlleniou.de; lit!~drillU6·oo·.renfenaant pàs ;leit.eup~
tiinu1, ·QJIQ .~mblft IC)s,~uret,. et· alors elle devieut îausae ;!,
elJe.fJllt. ioulile:., p4'1'eo qu, quiaod·le.prioeipe et rucep~i
tiQSt:soot poaéd.4ana &a loi, la loi apptend, d'uue maniiwr
exacte et détaillée, ce que la masime en1Uite· ne pourrait'
p)JJ,, v.,u& r.ediro que !CoofuémeM et par aurahoodaœe.
·, Qu1il me 10it.perini114e. jeter un. coup-ci'œil adr Us •a:llÏmft•
eD:ftJiParooce. la-.plu•.·éYi.den~, la moi~a .s1111cep.i.1e dei
c*roveree. C'ellt cefle..ci :
1:.Ltr IOi Ili!, tliqloso que p~r r•vf!Jlir;· eMa n'a.point d'effet nfr..·
t"4tlati/. .. '. . . ..
. .l:ertainmn~t re. ,loil. n!:troact.ivies ont. dei eft'et11 ra......
geans.; et jàmaie, je l'ellpère, je ne.donnerai m.Gn ..._...;
llM!et' à de pareilles lok. · · : ., 1.J
Mais, par cela seul qu'on dit que la loi ne dispose.que·
"1:" J>41llr l'a-renir 1 n'eat-il p.a&.6videllil que.c'..t· là· Un .......elf*
du législateur q~i l'a faite, et non pas un principe dw"9g'e
q~ ·l!ex-éoute,L ., , · · · ! • . , · ·: · ·
1.Jre. m·~~e·:,jb suppete qa•·~1claoa ·uu. pa.y1 qqehba-
qllOo; dau edœ-Jà. ~o où. il· J auN ua& lbt.W diœ. : .la·
loii n'a. po•t «eli)t.dtl'lllladif ;. jè, lluppo1e ·que,. ·p°'tié~ea•·
..-eot à _ _ -loi., le11igblateur:l'81»ide.•11ie loi cp,ii .... _,
~~ peDlel'flll'!'SlllUl·qùtl·M juge ilera·JuD&lbte de:•epur
o..._. demüio:·lei P
cil&t.e·. .Pelderez.,-,o\w iqu'Ul,..,r..a1
dir.o: :: a, a uueW1aottrieuJ'è. qQi dMonà la iétrtrill&tirifé;
dodo., je ip"8àitaltrai toute loi,.._qn.M·CIM,lleamrà•œ,...
. . . 1>"-ipe'' . 1 ": ' • • "

l 1W-a•reuippelleI'e.Ut :peàWllllt'oelileNitlltallille •hltài"'·~·


et!llicoat. et• ·oè ·ier• ·1ID ~in-· pom. .lé ~'ii...,.ttar ~'qui.,'
ébprto-aûr dt la· ~nœ, ae..,...... ;emak le pl'i. ."pe•
de la llon·dlroa~.·11 •rait tPOp•lou9 èe ;d.aHlopper
l•1donséqtiellal11.dt · ~ettei doc*inè ·pü ·•Jal de..l'eapè:fler:
p0a•f·y·Wre·~4é~ . 11 .- .:..11" ·:' · •• • ..

-· --~
DB LA. PU~ICATIOl'( DES L~J&.

Mals n'avez-v~ua pas v~, mes cal.lègue1., .que:, dans le.


même travail où l'on pose le. dogme ~ la nQn-rétr,oa~t4-+,
vité que jQ ~spe~e, 9~ p~o~tte déjà de le mq4ifier, •. U y
a de1 .ca11, diJ-pp, où \a rétr~c;tivité serait julle:,.hµmaine'.
et uécell&llir,e. Par exer,nple, ~a.os le (:ai:. o~ uu ~Qfl\OJC 'Il~
couda~né par.contum;toe i exé<;ut~ pé\r etlipe; dïans I~ C&I!.
où la m'ortcivile est lasuile de son exécution, où.sa. bieQll
passent, à titre de suc.ce!!iio~, soit au fl1m, so.il à ses béri·
tiers : ~os ce cas,. on propose, co~me voM ravez. vu, de
r.étr.oag.ir. s~ le condamné" reparaissant' est acqµitt4' sa.
vie civile .r,te r~ommencera pas alors du jour Je s9n .~o~.
lutiqn; mai~ elle sera rép~t.ée o'a~oir jamais ét~ iu~~om;,
pue ;.Ja suc.cession, ouverte d'~bord,, sera révo.qqée, et ICI
héritiers ou le fisc seront obligé,s de lui .restitue~ ce qu~ila.
~.vaient po88édé .à titr~ de.dÇahérer.rce oq d'béré~. ·; . . ·•
: Le principe de.la noo-,étroactivitéa ~oo.ç aqali;~~
ti~s. Ces. excep.t,ioiis...là:j il apparUegt ,au J4gis~~~~~Ie.­
déterm.iuer.;. ,e'ci•~ d()UC) à lui, à. &'~n .faü;e 1111. princiJ\8., e~
'!an pas au · j.ugç,, ~ui doit 'ouj.our11 exéeuler 1- lpi..,,~L
qu'elle · ee. c~orme à ce p,.-j~çi~, llOÎ~ qu'eUe le ~t\\~~~1
ou le mQliifie. . , .. .. ., •:.. :
Ici, m~ collègues, vous. me perpie~rez de _vou1 faire~
p~rt d'qn, ~opte qy~ me toUl'men te dep.u js. q\18 j'ai .cu~1,1du1
hier ~ cette.tribune une ghraae fei:tile, ~lon moi·, en cou•·
séq,1,1eoces sqr. lesquelles il est .h ou de· ne pas s'étqœdi~~ . . : .
Un orateur, et c'est puce que j'~ibeaucoup ~· c~a(i..~oei
dau 868 lumières, d.aPB 80n exp~ience, que je- l'.a i s.u~'i'
l\.YeC la plus grande ane~tiDn :. uµ Qr.a.t.çur, a9rès ilYOÏ, clit
qu'.i.l fallait ae h4:ter de décrÇter. l~s ·in~me.. g~n4~• con•.
saci:éea dans l«! proje& ql.l'on DO\ls presente ; après . avoir dii,
qu;'attendre, ,pour Les y insérer; l'achèyemer». de toua le~
Codes, c' ~taiJ retarder de plu.sieurs au~s leurs.aalulftires.
eJl'41Cs, a ajo\116, eu parlant.- de . la rétroactivité- d~s lois, ~
qu';l u.is~Jli..IJnP.9re-. p!~ura · 1~ . révolut-..~Mjl.l~~
tée'! ~ ;Cft ~i/;c,, et! 1JU.'il.l~i.l1ull.ail- ~ vo4,l~ ÎPIJef\ affa:éJo.-
·JJ1scuuron ,= ifoT1Ps, etc.
éhis ilti rigoureux devoir de prououcer coiitbtméan~nt aux
diiipositions de cès lois. · ·
· Cela· Teut-il dire qu'il ·foniie ·le 1'œn 4e voit bieot6t le
goÙYemement propos~ ·le rapport de ces·lois révolution-
naires infectées do vicè de la rétroactivité i' Cela veut-il dire,
àu contrah-e, que la maxime projetée , une fois décrétée en
loi , . atioHt :de tàlt, par sa seule pulnance, toutes les lois
qui dot tétroagi i' Cela véot-il dire que les ditipoiinons de
cëtl 161!1 seront abandonnées au discernement des juges:, c1ui
ft"Y ·"'..ijnt 'Plus d"éj:f.lrti·; s'ils J trouvent •la: rétroactivité
que ·-roü!i'allez condamner par l'adoption du principe gé-
oériiJP ·&i ·cela était,. sl on :avilit'tiétl' llè'le·erâlbd're·, ·non
setilbmént ·par ce trait de lumièkY 'écbappé , mali' éucore
pii~ qtt~un juriscGnsulte fameux, qui à ~ppottE Hâ ré-·
daction ·dÜ Code le fruit de ·&a lônguc ~~érie1foe, a pl'O'-'·
féi.îs~cette doctrine dans léi. nombreuses corisUltiit'iou1' qu'il
a"signéé'll sur tll oiatièië, Ülr ! alort il ·fimtÎëilvisager les effet~:
de ceft~ · crainte <jue·je be petix·pli.iï me â1111imüler. ·Je 'nè
~rlet"Ïti pfus'de l"efl'et ·rét,.adtif del~ loi du 9~itd51fau Il;:
en taih qu'il se reportlrlt•au. ;i:41uillêt 1i 7'89 ,"pmltfètiP~ ~tif
rapporté par la loi du 9 fructidor an III.. Mai&'\•eüi vàus·
rappellerez' tribuns ; qu'on a preteodu qu'it ·y a''t'&Ît auui
~iroaetMt& et~•• iés: léü·qtll, ·ttoriumt Ï'élfe\' êlea iffi~titu..: ;
t1on9 à· eeties qui~iellt 6dk-rtts a4'ant' le ·~·5 oêtobre r792 ·,' '
abo~~t' 1èenet qùi; ·~ faites •Unt cette·épôqUe;
nw•'tjD'W&àièat qù'aprè8. Onït ~te~du'4u'il · y 'avait ré-
tttiaotHifë'dans 'l'e&t de816iB q1.U, con11aé'rltt'i1 l'~atftê 'deit'
pàrtakbii; p~iv.aient· qii!élq&èS~urui 'de8 :eo.:.tY.irtageatik' ùÎarU!v ·
dM•drofta légaux d'~neti~lou ~ ·m~~llMtE-; :qrr'Ii~avni'
rèttdaetfvlté là o«l'les actèw; 'le9 coùtàriies : it~aiën~ asiJOré''
ai.X eriréoi; ~t en naissant,. soit avant t\en'afCre, de'!I droits
lêgltbbdire1 què le·•)"8tètlflle d'égalité actuellë leur ·refmait. ·
Sita maxime géliërille qt1'on vous prop0118 d•adopter, tri-
buns, av•it l'eft'et de laiuer dé&ormail à l'eatt!odement dei
;agea le droit de décider oe·poiut : Y a·t-il t>u n'y a-t-il pas

- · -=---
DB U. PVBLIC.1 TIOl'f DH LOIS.

rétroactivité dans telles ou telle11loieP1erajt-il do!)c e~r­


clioaire que ~·u~up-d'entree.ax partageaasent.à.cet égar~
la doctrine que soutiennent beaucoup de boas esprits,: et
qui même a été reproduite pluaieura fois, et avec beauqoup
de chaleur, dans pluaieurs de noe u1emblée1 légia~tivee P
Il suivrait de cette conceeeion, ciue désormais les •u1!eti-
tution11, créées depuis long-temps pour le maintien de l'illu.
tration des familles; continueraient d'être régies pendant
plusieu~ · générationlf encore P.•r .Je PFJncipe ~~ rancien
droit ; que· les droits de primogéniture et de m'!-&Oullnité
qui· •'ouvriraient pendant un demi-•lècle, ~raient ré-
clamés par tous-les contemporain!! né& avant le 4avril 1'9J.
Que · sait-on.a~,·: ~ême pour les .succeuion• déjà ouvertes,
pllll'tagées, les jugea, prenant p~ur exemple la. loi du 3
vendémiaire an IV, n'ordonneraient pas de nouveaux par-
tages, sur le fondement que toute rétroactivité blesse le
principe que vous auriez légalisé P
0 mes collègues, ai nous décrétions tout cela: sans noue
en douter 1peut-être l'époque de la consécration du principe
de la non-rétroactivité, serait celle de la plus épouv11ntable
des rétroactloos.
. Ces observations me foumiuent deux réflexions : la pre-
mière, c'estque l'impouibillté d'embra11er d'une eeule vue
toute& les conséquences qui dérivent d'une maxime géné-
rale 0009 expose à décréter ce que nous u 'apercevons pu.
La seconde, c'est qu'à la fin des révolutions, surtout, il
faut se prém11nir.QOntre ces maximes illimitées; il faut se
garder de les livrer sans frein à toutes les déductions de
l'entendement humain. Certes, s'il fallait raison~er sur
rabolition des droits féodaux, SUI celle des titres pel'llOD-
aels, sur les effets de la nuit immortelle du 4 ao-At 178~);
il ne serait pas facile de fépoodre à ceux qui diraient :
J'avais des rentes féodales : j'avais des titres dignitaires;
j'étais né noble et privilégié.; des duchés , des 111ilrquisats,
~étaient transmis pour moi et pour les miens, par des


DJSCllSllOlfS ' MOTIFS. elc.
1uhldtution1 authentiques. Voua pou•iez abolir tout cela
pour l'ave11fr, mals sam rétroagir; il n'était pas au pou-
voit- d'une lof révohilicmnaire ae me ravir ni les redevances
· déja stipaJée1 en ma fayeur soa1 l'autorité dea lol1, ni mes
titre1 penonnell , ni me1 propriété• eap•rée1.
· Quoique ce raisonnement IOft laDI réplique , il elt pour•
tant vrai qu'o~ ne peut l'admettre 1an1 convenir qu'il aurait
fanu, poor fonder l'égalité et la l\épablique, maintenir let
'1l9llllU1: dans le aervage, la nohleue dans 1e11 ftefa; et 1'en
remettre , Ill cela oa1118it quelques débat•, à l'impartialité
det parlemen1, qri'on ne pouvait pas non plus dépouillèr
du tlroit de juger toua lea diasentimen1 civib et politiques,
do arolt de 'Vie et de mort, qu'l'll avalent au11i acheté par
clea contrats authentiques et sous la pro1ection da lofa. •
)e vote contre l'adoption du projet.·

01'11'10lf DV TalBV• BVGUET,

Tribuns, la promulgation , ou, si l'on veut, les enregis-


trenaens et les publloatlone det loi1 par le1 di..erte. au-
torl~11, ont é~ de toot temps wa moyen employé , moiM
par lea faire connaitre à chaque citoyen, que pour fixer
à'09e manière Ugale et autlaentique la date à laquelle etle9
loitent être obligatoires, el par oonaéquent la tlate à la-
quelle ellee citl'faieat ~tre prélumées oonnue1.
Bn effet, 'fouloir que la loi IOÎt, de fait , ooonue de tom-
lea ciaoyen1, c'est Yfmloir une cboae impouible et hors de
toutes les eo111binaiso111 humaines. On présenterait le ~·­
tème colo•al de faire faire &rente milliona de bolletlos cle
lois pour lei adresser à chaque individu penouneUemeot;·
~u'encore les ia9 trentièmes des citoyen• ne cennaltraient
pas davantage les Iola , soit parce _qu'ils ne pourraient ni
ne '\'ttaclraient lei lin!' eoil pnree qae g~b6ralëtnent ils lie
..
D& LÀ HIUC:AT.IOJf .... uns.
~ailnt lm .compéenùe, au .i-m0in8 eca • • lè ,.._
l'tbl~ MDS. .
· rl.tf .loi&, PM ~at ofHC>re le1 oo.ÂqQ4tneet des lols,
•ont géDéréllelQ.Clot cooouea .cle. iodMdus , non par lei dé-
laia, lei publicatiom et lea epregl&tremen1, mei1 lon-
qu~elle. les .aueigaent, 10it dans leu ra penonnea, soit dans
1eu... intérêts ; detit une •érité pratique qu'il elt impoui-
Me de méeonaaltie.
Or, puiequ~il ~it TOUi ttnuléaontr• qu'il n'ett pas tians
yotwe puiuaaoe.de.faire ooaoalt1'8 lefl lefeà t0\19 les cit'>Yens,
wtue ile•r; donc \'Oua .attaehei- et \IOtlt reateœer dans le
aJWlème de la présomption.
Celui qui •oas est oft'ert par l'article premier du projet
.ae loi qùi \IOU8 eat 80umi1 , eat le 118111 qui do4t vous con-
venir, parce qu'il améliore ce qui a exl&té fuwqu'à pri1ent~
.et ciu'il pmeotionoe, autant qu'il est possible de peiifec-
-;&iotiuu une fiotion, un 11J9tème de présomption.
n veut que la loi soit obligatoire ·et p~sumée connue ·l
eonapter ,lu jour •e la promulgalien fàite par le Premier
Con1u\, en y ajoutant, pour les distances, une ' heure par
lieue.
Pour. moi , j'avoue que j'aurais mieux aimé que la 10i
f&f.olliigatoire à. compter tout simplement du Jour de la pro-
-ID'Jlgittion c'ell~à.dlre dix foun après qu'elle aurait ~
...eudue.; cal' enfin il n'eet toujours question que d'établir
une p1·ésomption, et en vérité ces délais ne lui donneront
pa1 plus de faveur. La publioité sera toujours nulle, ou du
moio1 elle q'altelndra jamais son but, parce qu'il est dans
ta nature des eboae8 que cela soit ainsi. Je suis loin cepeo-
-daot de ae pu voulqf,p de ces délais ; s'ils ne sont pas utiles
à JD89 JeUX, ils De peu,ent pas Dtifrè : ifl ont au moins l'a-
vantage d'aider à la fiction et au système seul admissible
de la préspmption.
De que>i les aclvers!lires du projet se plaignent-ils? De ce
que les délaie sont trop bourts pour que lés 1di1 soient con.

u8 .DllCUlllOJll • KOTIH, etc •


.......-; de ce qu'il n'y a plua d'e~rement et de publi-
cation dans lés tribnnaux et dans les corps administratifs.
.at11.is voyons quelle utilité il y.au~it :à ~l'Cl!longer ces délaie,
ai beaucoup plue longa ils seraient plue utiles, et de quelle
oéceuité pourraient être pour la publicité réeJle de.lois,
.~earegilllemenee& publications que J'oo semble '.regretter.
Sous la monarchie·, les loi& se faiuieut en secret dans le
Conseil d'État, elles s'enregi11traient ég~ement en secret
dam le. parlemeua; juequ'alon les citoyens n'en avaient
aucune coanaiaunce, ils n'en avaient paa même d'idée .
.Elles a'envoyaien& eu11uite dans lea bailliagea et juaticea in-
férieures : dana pluaieurs l'enregiatremeut se faisait dans
la chambre du Conseil, c'est-à-dire encore eu secret; daue
. d'autres, au commencement d'une.audience où il n'y avait
presque personne. C'était une vaine formalité.
Ensuite quelquefois dans les grandes villes ,où siégeaient
les parlemens ou les intendans, on faisait, un moia ou cieux
moia aprèl ces enregi1tremen1, imprimer et atlicher qttel-
ques-unes de ces lois, car toutes ne l'étaient pas. Aiaei
affichées, elles étaient lues et comprises tant bien que mal
par les citoyens. Voilà quelle était l'anoienne forme; et ce-
pen~ant, à compter du jour de ces enregùtremeua, les lois
étaient prauméea connues de toue lea citoyen•; et il faut
eu convenir, malg~ le vice appare.;t de cea actes de pu-
bficjté , il n'en résultait jamais aucun inconvénient, ou ile
étaient très-rares.
Les hommes de lois, ceux qui par état et par intérêt
étaieut obligés de le11 connaitre ou de les appliquer, en
achetaient de11. es~mplairea, lea étudiaient, et par leurs
conseils, ou, en en faisant faire l'application par lei tri-
bunaux, les faisaient counaltre aux ciloy8'1•· Voilà ce qui
ae pratiqu:ait.
Depuis la révolution les lois ont acquit un plus grand
caractère de publicité, mais aeulcment parce quelles se
proposaient, se discutaient et ae faisaient dans lea séanoes
DB LA. P11BLICA.TI01' DBS LOIS. 119
publiques dea Corps légiilatifs; car les actes d'énregiatre-
ment et de publication dans les. tribunaux étaiènt aussi
défectueux et auui nula que sous la monarchie. La loi faite,
le pouvoir exécutif l'envoyait aux tribunaux pour la pu-
blier et l'enregistrer, et voici corn.mentie faisaient ces p·u-
blications. Le greffier donnait lecture du titre seul de la
loi, c'e51-à-dire, par exemple, il disait : loi., décret sur
l'ordre judiciaire. Le commiHaire du gouvernement alor8 se
levait , demandait acte de la présentation et de la publica-
tion de la loi, et il requérait qu'elle ft1t enregistrée pOW'
être esécutée 11elon sa forme et teneur; et c'était ,de co
jour-là que. la loi était obligatoire et présumée conil_u e de
tous_les citoyens. .
, En l'an IV , on sentit la nullité d'une pareille publication;
on regarda même qu'il était impossible d'améliorer ce sys-
tème; que, quelque parti qu'un prendrait, la publicité, autre
que celle donnée dans le Corps législatif, n'aurait jamais
d'eft'ets réels, et qu'il était impo11sible d'atteindre ce but.
· .+lors on supprima· cet enregistrement et ces publications
regardés comme ridicules; et, par la loi dtr vendémiaire
an IV, on 1e contenta de décider que les lois seraient obli-
. gatoires et présumées connues des citoyens, du joùr que le
commissaire recevrait le · numéro du Bulletin des lo•s et
qu'il.en accuserait -la réception au ministre de la justice.
Voilà ce qui se pratique depuis l'an IV.
Que fait aujourd'hui le projet de loi? il vient améliorer
· ce système, il vient le perfectionner a1:Jtant, comme je l'ai
. déjà dit, qu'il est possible de le faire, lorsque la base n'est
et ne peut être qu'une fiction et qu'une présomption .
.Ce que j'y vois de favorable, et qui eJt, à mes yeux, une
grande .amélioration , et j'o8e même dire une perfection ,
c'est que l'époq\le à laquelle les lois seront obligatoires ne
sera plus incertaine; sa fixation ne dépendra plu a des hom-
mes, de leurs négligences ou de lenrs 11olontés; il n'y aura

. ...- _. -- ---- ·---


PISCVilllOlli' •OTJPS' etc •
. p&ua d'C'lllbarrM pour les çito7e1aa pour oooraattre la date
des enregislremem, la date des publioations.
Jug-., notaires, hommea '1e loil, simple• cit0;1eni, do-
miciliés à cent lieues de Paris, oblig~ par état de auivre
1.. progrès .de la légi1lalion, ou youlant, pu be.obi. ou par
Jol1ir, c:ouualtre lea loia, Nurontq11•une loi aétépftlen~
tel jour par le Co.nteil d'État au Corpe l~gislatif, ~•'elle a
été renvoyée au Tribunat, où elie a ~é discutée en public,
qu'elle a eoeoa·e été de nouveau cliacutée au Corpa 16g.ialatif,
qu'en&n elle a été décrétée; qa'à compter tle ce jour, elle
a 1ommoillé pendant dix joun, eoaformém.ent à l'article 39
4lo la ooulitutiou, el -qu'à l'époque d& l'apiralioa de ce1
diit jours elle a dd nécessairement être promulguée pu i.
Premier Coneel : ce que veut 'galemeet la comtitution.
Or, comme cet citoyen• sont, eomme je l'ai iit, dômiei.-
.Jiéa à cent lieuet de Paria, ou à cinquante myriamètres,
il• c.:alc\llleront que dam cent trenfe.4Îlt hearea ap~a leaAlis
jours, elle 1era réputée obligatoire dana le liea qu'ils habi-
·1 ent; rien ne peut déranger ces calcula : ijs sont certaina et
901itifa; dans dis ana d'ici, comme aujourd'hui, chaque
iudividu saura, avec la date d'Une loi, sans a•oir recours à
4ea mentions infidèles, à dee recberelaes 110t&veat iautüea
et toujours embarras1ante1, que celle loi a été obligatoire
. daaa tel département à compter de tel jour, et même 4e
telle heure.
. Uai1, dil·o1,1, ce projet de loi ne parle ,-s du Bulletin
.deti lois; sera-t•il touioura envoyé aux tribun•~? Oui aaD~
$foute : ce projet dtJ loi ne ra_pporte pu la loi qui établit le
Bulletin; il faut bien que les loill soient envoyées, et •oaa
.le voyez méme dans la diaouuion qui a eu lieu au Conseil
.d'État, et dont dee cxomplairea imprimés .v ou ont été dia-
.tribués :·~y parle de ce Bulletio des lois; ou y parle ~me
d'un régie.ment qui aera fait à cet '8ard po• lee envcüde1
loia, et pour fixer los d.i1taDCea.
Mai&, dil-on, le ministre ou le gouvernement peut
D.I LÀ. P'1ilLICA. Tlt»f NI LOlS, l 11

,mettre cio retard dans l'envoi de ce• loit. •ats quel intérêt
ie gouYetDflll1ent aurait-il de le -f aire? quel·.est·ee soupçoaP
Preoù '°9e·bien garde à la po9ilion où oot,inommes au.
jourd!hw. Loraque c'étiit le Cbrps législatifqoi.avaitl'itH-
tiative de la loi et ea eonfeètion ~ on pouv~it craiddre que
le gouvememeat d'alors n'en retardât l'exécotion: maÎll
.aujourd'hui o'c;Mit le gouyemement qui, mn par ses bèsoint,
pi'OpO&e la :1oi. n· es& donc impo1111ible d!' croire qu'eosuitb
il "i!D empêche 0u en retarde l'e'xécution; mais il le VOtl-
drait, on pourrait le craindre, que c~est précisément par
œlto raiaoa -qu'il faut nom.hâter d'adopter le projet de
loi,- paroe qu'il remédie l.U.,même à cet incoovéoieot:
ear·; cl~après les disposition• du projet, il ne peut plm el
o'est plus mattre d'en retarder .l'exécution, U s'est- en..
·obaloé lui-même.
Ru eftèt, j'ai connainanœ qu'une loi a é&é adoptée tel
jeur par le _Corps législatif, que dix jours après ·tllle a d6
aéoeasairement être pt"Omulgoée, paroo que· le veut ainsi
la ceoatltutioo;.et comme ;è demeure à cent 1ieaes,, les
eeot trente-siit heures ·étant expirées, j'ai le droit, clàns
tlMMdn&éréts personnels, d'en demander l'exécution daDS
les tribunaux ou devant lea corps achniuistraûfs, et ils ne
peuTI1Dt refuser ma demande : ·je suis, dans mon action,
• iodépea~ut de la mauvaÎlle volonté ou de la néglisen.ce
des ageoi du gouvernement.
Mais, dit-ou encore, il en possible que des juges reçoi-
vent la loi après l'expiratioo,des délais voulus pour la rendre
obligatoire, et qu'.alol'S, da ne l'igooraace de cette nou-
velle loi, ils jugent conformément aux .a nciennes••
· Mais il y a, dans éette obiervatioo, une or~. C'e1t .
précisément les jugea qui ODt le lllOÎDS betoin de CODD&ftre
à heure fax~ les lois, c;ut précisément polH' enx que la
négligence dans l'envoi de l.a loi··a moius cl'inton~nient.
Les jugès ne peU\·en& juge.r leil procès qui IOUt peuc:Jaas
devant eux que conformément aux lois qui cxietaieut lors
9•
DUCIJlllOXI, •OTIPI • etc.
de l'onYerture de l'action. Les loi1 1)0Uvclle1 ne IOllt point
applicable1 aux ancien• procèa; il y aurait alon un effet
rétroactif: et comme I~ action• aont forméel au moin1 un
moil, deux mois et quelquefois 1is. mofa OU UD an avant qu'iJa
puissent juger, le retard de quelque• joura dao1 l'envoi dei
loil ne peu' avoir à leur égard aucun inconvénient. Voilà
pour les juge• civil•; il en eat de même pour lei juges cri-
minels : ils ne doivent point faire, dans leur1 jugeineoe,
• l'application dei nouvellea Iola, mai• bien de celle• qui
es.ititaient à l'instant du délit.
Mai1, dit-on encore, à l'égard dei particulien qui font
des testamens et dea donations, et autres actes, H est bien
euentiel pour eux qu'ils aient le te~ps de connaitre les
lois_, pour s'y conformer.
Mais c'est encore parcourir le même ce~le~ Ne sommes-
nous pas obligés de convenir qu'il est impouible que la
loi 1oit connne de tou1 les individus P Or, dès que cela est
impouible, cet inconvé11ient-là subsistera toujours, et de
longs ,délais, des publications, des affiches multipliées,
tout cela ne pourra jamais y remédier, parce qu'encore
une fois ces-délais, ces enregistremens, ces publications,
et surtout ces affiches, ne produisent rien et ne aont d'au-
cune utilité pour la connai88ance des lois. Un maçon était
condamné à une amende pour contravention aux régle-
mens de la maçonnerie, et à cinq cents exemplaires du ju-
gement; il observa au jllge que le but des cinq cents exem-
plaires était vraiaemblablement pour faire connalll'e le ju-
gement à ses confrères, pour qu'ils puuent en pro61er et
éviter une pareille condamnatio11. Il dit au juge: Vos cinq
cents es.emplaires aout inutiles; j'ai bieJ1 cinq cents con-
frères, mais il y en a qua Ire ceuts qui ue savent pas lire.
Le juge trouva l'obaervation juste, et il ne le condamna
qu'à cent exemplaires. Il en est de même de:raJBche des
lois~ les quatre cinquièmes aont inutiles.
Au surplus, ces inconvénfens d'actes et de testameos
DB· LA PUBLICATION DB& "LOIS. i35
l'altl en Ignorance· des lois, sont des fuooovéoieos parti-
culien toujours très-rarea; car, jus'qu'à présent, on_ n•eo
a point CODDU de graves: mais, dans tous les ·Cas, ili ne
peuvent être en balance avec l'intérêt général et une me-:
sure fixe et commune; et si vous vouliez vous arrêter à
tous les petits inconvéuiens , vous ne feriez jamai11 rien en
législation; il faudrait ren.o ncer pour· to~jours au Code
civil. Ne perdez pas do vue que c'est le meilleur, et non le
plus parfait des moy.ens, que vous. deveJJ 'cberch«;r : le plus
parf.ait esf imp088îble à trou;ver; on n'a pas même pu nous
en' présenter un autre à la place. ·
On a dit encore que le projet de loi présentait de l'in-·
exactitude sur le moment où la loi pomra être connue,
que le premier terme n'est pas fixé, qu'on ne voit que la
&n, qui est encore susceptible de variation et d'instabilité.
Mais il me semble qu'ici ou afl'ëcte de méconnaitre l'évi-
dence. . ·
Le projet dé loi, au cantraire, est fait pour que le terane
auquel la loi pourra être connue soit fixe' certain et stable.'
Ce n'est point par des raisonoemeos que ;e ~ois répondre
à cette objection, c'est par un calcul simple et clair.
· Le.voici.
La loi est rendue le 15 frimaire, le 25 eHeBst· nécessaire-
ment promulguée par le Premier Consul, parce que le 'veut
ainsi la constitution ; l'habitant du dépa11emeot du Rhône·
t1aura ~ d'une manière iuvariabte' qu'au moyen cle ce que
L~u est·le chef-lieu, et qu'itest distant de ceet lieueà de
Parij';la loi est obligatoire dans son département îe pre-
mier·nivose, à quatre hèures de relevée, c'ést-à-dire quinze
joun après que la loi a.é~ rendue: voilà du positif qui n'est
sujet à aucune variation, qui rie dépend point de la volonté ·
des bpmmes ou de leur négligence. ·
·Maie, obeerve:t-ou encore, on date bion'le1 actes du jour
oh ils sont pasàéi, · mais il en est peu que l'on soit obligé
de dater de l'heure ou du moment : et ici il le faudrait, oe

- ~ . "/'_ ~<-"- ~ - =--·-


lllSCUNIOlH , •OTIPI, etc.
qui est un u1ujéti•em.en\ impraticable. ll faut oon•onjr
que cette ob14'rva tiou est bien futile. On date toua les acte&
clu jour, j'en conviens; cepeudant on dit quel41uefois :.
Avant ou après midi.
M.aia on les d;&te dn jour; c'est dans oe jour que les dé-
1.tia de la nouvelle loi aout. expirés, et qu'elle eil deveQue
obllgatoi~e. L'acte daté de ce jour en contravention à la loi
DOuyelle, mais CODÎO('RHl à l'ancienne, n'en W pa111J10iDS
"Yalâble, parte qu'au moyeJl précisément de ce que l'heure
n'y est paii, la parlte cOntractante e1t adlllite ~dire qu'elle
l'a fait avant l'échéance des délai• : car qui dit le joor, dit
lea Tingt~quatre beur.ee; et pour P.8U qu'on puh11e pré-
sumer qu'il et pu être f.Îit.avaut l'tobéallce de. dêlai1, Ja,
préaomption est en faveur de l'acte.. C'est ce que'-.eut une•
lnprndence· invariable, et c'at ce qui .., ius- irtus lei
jours. On aurait dd ne Jfas feindre de méooonattre oe•
principes. •
Mais on parle de ces iucoaYéawos aveô ùae telle .oon ..
fia~ qu'il 8èmblerait qu'il• doivent 118 rell(Mlmer ioua
lu jou~, à toute heure et à tout molDCDt. ·
Prene2 donc garde que ce1 inconTéniena .aeroat très.,
rai'ea, comme ils l'ont été jusqu'ioi dans la formé actuelle;
car, dans celle:-ci, ily a t!galement cies·hourcs. C'esl ! mitJI ,
que les lois sont enl'egisJJ'éee l de maQièr8 qu'un acte daté
apria mWi le jour d~ l'enreg~tl'ement e1t égalemeat aul.
Pour ajputier foi aincèrenœot à tous ce1 prétendus i~coa-.
véoiens et à leur mult.4>fidté, U (aui croire d'aeauce que
notre législation sera vusatile, que le coie c:itil fait •u~
jourd'Jaui &era cbàngé. dem.Jiu. Il faut oubUer sqrtout ~
ce1tl eet irapo11ible, puieque le CCl'J\s lègie.latif' o 'etl all8Clm•
~ que q~tro moia de l'année 1 eu fin.,. il CG.ut ~lier~ 1
la di1cUJ1sion des lois est publique; q.-e la k>i eat ~ndue
pUijsueaeot doUllt tc>.nra .aupuïHUlot pom lee êfroyens
4onaiciUéa clans le tribunal de Paris, et quiu.e ~ p~
œux 4ctlaicilj4s daas le 4.rtemeeit du l\Dôot.

-· .
DB LA. P'NLICATJOl'f DB. LOIS. 135
Ou a jeté. un ridicole aar ee que les déltia,étalent plus
longs pour llouen que pour Auxene qui est plus éloigné •
mais oel;l vient de ce qu'il fallait oéceuairement prendre
uoe l>ase de ttlivisoo, et que les arrondÏflemeos des tnbq-
uaqx d'appel étaient plus convenables:
. On a dit encore qtle ce1 délais. courraieat malgré le dé-
bo1dement des eami:, la ~stiation des communications 1 un
incendie, l'invasion d'un départeme.nt par l'ennemi ; µiaia .
o'~t ici la force majeu118 dea caa fortuits , pour raison des-
qµels il y' a oéeelJSairement des exeeptioofl commandée.
.Pal'·lél ~irooaataooea. El parce que ces ca1 sont possibles,
Il faut que dans une lei générale o• y ait égard l de aorte
que, si 1'00 peut préaQJDer que le dél;>ordêment des eaux
. ou la gùerre puisse durer troi.i ou quatre mois . dans une
pame .clo:la République , il faadra, sulvant oe syatème, :que
lea lois ne puiMent être exécutées dans toute la ~rance que
tro9 011 quatre mois après la pl!Omulgation. Ce raisonne.
'8ent, .WvaQl moi, n'aat pas admissible.
On 1 parlé 'dea colonies, des p'kys optre-mer ;,mais on a
duc oublié que, d'ap1ès la .constitution même, il y ara
pour eas pay11 des règles et un mode·d'admioiatrathto par-
Uc1diere : 011 voil cela eoc:ore dans la discuaiioo qu'il y a
.eu ao Co1m1il d'État. ·
.Bnfit1 , ·o.. a elscore dit que les arro11di88emeos des tnltu-
qau:i d'appel pourront va,rier ;· m~ia les clistuce1 ~ je l!e~
,-., Pt wM"ieroot pa.. . -.
,ltt. çroi1 noir suBlsammeot examiné les objeQtioos qui ·
JtPI éié fatt.s eonlt'e l'artiole. pnmier du projet de loi qui
.DODB~·
Tribun•, ~oobliez paaque, sW' le ayllème de la publlca-
ti.og cl.es liNI, .il lilt impossible d'en trouver un qui toit pa....
'-iil; que c'eat le meilleur qoe vous avez à oholair; que les
·mbyoos_ 'pratiquée ju.qu'à présent ont toujo,u n été nuls,
...,.... '"'pendant préaeoter d'inee1tvéoieo11 graves; q'1e .celui
qui voua est p~oté est de fait uue amélioration; Qar·il 6se
' '

-~-·-- ·,_____ ..-F---= "'=···


•·
136 DlSC1188J01'8 • •oTlPS , elc.

imvocable1J1e11t, arithmétiquement, l'époque à laquelle


)es lois doiveµt être présumées connuei, et cette fixation eet ·
absolument indépendante de la volonté des hollllDe&, ce
qui est un avantage
.
qu'on n'a pas encore eu jusqu'à .
pré-
aent.
Je passe à l'examen des autres artitles de la loi proposée.
il L'article ~ dit : La loi ne dillpose que pour l'avenir : elle
n'a point d'effet rétroactif.
Sur eet article on a fait, il faut l'avouer, une singulière
objection. On a prétendu que cet article ne devait pas faire
matière d'une loi, parce que c'~tait plutôt un principe de.
droit et de morale qu'uoé dispmitioo législative. C'est un
article, a-t-on dit , à renvoyer au titre des règles 4t: droit ,
si l'Oll juge à propos d'en faire un.
Je vous avoue que je ne conçois pas comment on a pu dire
qu'un principe de droit et de morale ne pouvait être Uf!e
disposition législative, comme si toutes les lois civiles ne
devaient pas être uae manifestation d'un · principe de
droit et de morale. On ntl devrait donc pas dire le mort
saisit le vif, le plus proche héritier succède, l'enfant. mi-
neur ne peut contracter, établik' les tutelles, la pui888nce
paternelle; car tout cela sont des principes de dr0it et ·de
morale. Quoi qu'il en soit, que ce soit un principe de 41roit
ou de morale, un précepte ou u11e règle dè droit, je main.;
tiens .qu'il faut . enfin en faire ~e disposition légisia-
tive. On a tant de fois ·beurté ce principe, cette règle, qu'il
est nécessaire del~ convertjr en article de loi. On repro-
chait à un juge d'avoir donné un effet rétroactifà une loi.
Il n'y a paa d• loi positive qui me Je défende' répondait~il.
Cet~ disposition est donc nécessaire. Un de mes collègues
craint que cette maxime, convertie en dispoaition législa-
tive, ne devienne.un prétexte pour faire revivre les substi-
tutions, les droits .féodaux, etc. ; mais ces droits ont été
abolis pour Je passé comme pour l'avenir. cies"t la loi elle-
même qui a eu cet effet rétroactif, et le juge ue doit qu'y


DH LA. 1'VBLIOA.TJ01' DBI LOIS.

obéir. Au surplus, en convertiuaut cette maxime eu loi, ce


serait même donner à cette diapositicin un effet rétroactif.
L'article 5 porte que la loi oblige ceux qui habitent le s
territoire.
On a critiqué cet article; on a prétendu qu'il n'était point
exact, puisque, d'après les dispositions mêmes d'un aulre
projet de loi , il y nait des exceptions : on aurait donc
voulu què l'on eût ajouté à l'article, saufles excep~ons.
Mais comme on n'a :pas dit, dans l'article, que la loi
oblige sans exception, l'obaervation est nulle; on ne veut
doric pas voir que·c'est la règle générale que l'on a posée, at
qu'ensuite les exceptions pourront venir naturellement.
L'article 4 porte: La fol'Jlle des actes est réglée par les .,. i
lois du pays dans lequel ils sent faits ou pll88és.
Le rapporteur cie la oommiuion e. .reconnu que c'était
une· maxime de droit non contestée, mais que oot article
appartenait au ·projet de loi relatif aux étrangers. Il ne
nous a 'Pas dit pourquoi, et je ne puis le devfoer. Qu~nt à
moi, je vois que cette maxime est donnée pour règle aux
juges français. Au surplus, que cet article soit. ici , ou soit
ailleun, je n'3 mets pas d'importance, pourvu que cette
maxime n'aie, qui, quoi qu'on dise, a été souvent con-
t~tée·, soit enfin une disposition· légialative.
L'article 5 dit : Lorsque la loi ; à raison des circonstances, ap. s
aura réputé frauduleux certains actes, on ne sera Ra• admis
à prouyer qu'il!I ont été faits sans fraude.
Contre cet article, les advenaires du projet de loi, àprès
en avoir critiqué Ja rédaction, critique qui, à men·sens,
n'est pas juste et me parait déplacée, prétendent qu'il doit
être renvoyé au Code commercial au titre des faülites, ou
au Code judiciaire au titre des preuw:s, parce que, disent-
ils, d'après l'exposé même des· motifs, il ne se rapporte
qu'au cas partièulier d'ua acte fait dans les dix.jours qui
précèdent une faillite.
Je leur réponds que ce c1111 particulier n'a été cité dans

' .
116 niictrmo!ls, MOTJrt, etc.
le• naQdti qae· comme ua •empljt , maif qu'il y on a bien
d'autree. J'en puise \Jn. dans le projet de loi qui noua oc~
oupe : un kldi•idu f11it uo eontrat dont les di1p0si&ionuont
oentrairs!· à une loi .promulguée, et dont les cUlaia 80.nt
tipi~• : eb bien 1ee citoyen 18ra-t-il admis à. prouver qu'il '
Mail de boune loi, qu'il n'y a point de fraude, puce qœ'il
lsnorait la. loi P Ainai c't llflicle est clone utile et doit rece..
·voir vOlre auentiinent.
' . L'article 6 ~·: c Le juge qui nfuaera de juge• IOUI pré-
.k alte du lilenc~, de l'eb&c111~té ou de l'iru1uftiaancc de la
loi, pOW'l'll ttre- poursuivi comme ceupable de dénl dé
joaliee.• . ·
• L'art. '! clit : • n eat défendu aux jugea de prononcer aur
lea causei qui. leUI' sonJ eoumisea, par •oie de diapoaitioni
..,..aiee.et réglementaire.. •
Votre t*mmiasion n'a poiolc.itiqué ces cleus:artieleaquant
•• ton•; •, P""~Y bien g~e; elle n'a pu méme criti.
4(1lé la ~daotion ; elle a seulement fotiué 1, YOla pom que
eee artielea soient NDVoyta au.. Gode Judieiaire; c'eat une
àpinion qu'eU. a émiee• Moi,. j'ai wae opillian contraire t
je peine qu'ils doivent ptéoéd.er et. être en tête du Code
civff, aioai que je le délDodLrefai MDS UD iodant. ÂU l~l'-o
f>lus, je crois qu'au lliWieu. clo aee opinions diveraea, en JO•
CQDnafuanl l'utilité de ces clilpoaitions, vtllH coaviendrez
p1eur plaee elt au moht~ iaclHliérenfll, el que, cl.los tout
lea cas, ce n'est point un motif de rejet.
Nœ ellllègae1 Chazal et .Carat ont crititpé rart. 6; ils
ont p'télenclu qu.'il, donnait au ;~ ua droit ·d'ali>itJ!a88
4ao&le cas dn âlenc:e de !à loi, ee que même qa n'avait
pas Youlu aeceràT'au Séaat4Mmtervateur lol'S dela..«lisoee•
sfon-.de la qostffution. Je 10Utiens que, cl'apr61 toutel le•
entran1 ocea1iooéea par tous ees lléfér~ au corp•. légie-.
laiit, I• oon'BéCfUea-088 funedee et ruineu1ea .qui eo ré1ul-
taient pour les plaideurs qui éprouvaieot • dénis de
~, l'illlpOtlllÎhilitié d'aiHeal'S où on avait toujoun 'té

--=----- -- - -·.-.·~ --~:"..':_- ~


/ '

DB I.A. PVBLICÂTJO!f , . . LC)Ji,

.et où on eera t.~ua d.e pOQvoi!, dans la législation ci...


vile, prévoir toutes les questions qqe font n~tre les diver•
preeèl, il était temps de faire cesser ce sca~ale et de
readre aca: j'1ges le dt'oit de juger, ~on 4u sileooo de 1-
loi, suino( leur équité naturelle. Ils oot'joui de ce droit
~qu'à l'époqu~ de Ja révolution, et eocoro ce n'est quo
~uoelqu.es tribuoanx qdi QD~ imaginé ce8.référé!I qu'~uno
loi o'autoruait, et 4(UÎ avaient l'iocopvénie.nt d'.u,.ter le
cours de la justice et les transactions sooiales. De même
qu'en Angleterre il y a une cour d'équité, eh bien, cet
•tièle, 4D read.ant à uos·tribunau.xles droits qu'ils avaient,
les ~ an•i daoa ce cas tribUDaux d'équité.
Notre oollègae Chazal noas a dii que cet arbitra~e a~ait
beaucoup d'ipconvéni.ena, aurtout
,
pour les
. jqges orimiaels,
. .
il •'eat trompé~ il ne peut~tre qUCtStfou que dea juges. ci.,.
wi18 : œr les ;ugea crjminels. oc jugeitt _ppint, ile ,n.e foOJ .,
que 1'apptioatioo, de Ja loi. . ·
On â a1-0ore. critiqué lé demier article, l'artjol&8• fiUÏ 1
p(>rte : • On ne peut déroger, par des cèoventiopa parJ,icti;-
Uèrea 1 aux lois qui ioté.re•seDt l'ordre pathlic. et les bouuel
mœura. •
lei o'est Ja l'é~actiou aeule 11ue..J'on a icriti'uée : en .a
d'abor~ prétendu 10e lea a~iom.ea 1-.tioa J pri1ûJtoF11m pactio
Juri publico npn derogat., et jus plllhlicum priJ:l.llor.Uf!l.pac_tis _1f'IU-
t4ri non poJest, ~taiept traduits par oet it.rtide,; maia ~·o.a
les avait changés.
Qui a dit au rapporteur qu'oa avai~ voufo lea tradui~.
littéralement il Saoa doute il est évident que c'est le même
eserit, le mêsne seo9, mait OD J ~donné U~e ~JiC4'tioo
et un" définition plus étendues., par ces mots, l'ordn: pub/i&
8t les bonn8:' mœurs, que ne reH. pas le ju. pubÜOIJJJl d~ ~o-
met cités.. ·
· On a dit que ce\ article· inanqq.ait dé prtciiîon . et ckt
cl~rté ; je dois ioi en llépéter les termes.
" On ne peut d.érog~ par tlea CQowentiops péà-tioultbres
140 DISCUISIOl'IS , aOTIFI, ete.
c apx Jois qui intéreneàt l'ord~ public et les bonne•
• mœura. o
A mon avis , rien n'est plus poaidf. Mais, dit Je rappor•
teur de votre commi11ion, ce11 expressions peuveut paraitre
suffisamment intelligibles dans les discours ordinaire&. Ot--,.
ici il me semble qu'il se condamne lui-même : comme lee
loia doivent se rapprocher des diaeoura ordtnairea peur être
entendues et comprise• par tous les citoyen a, la rédaction
en est donc bonne•.
coa. Enfin, il me re&te à répondre aux objections générales
qui ont été faite11 sur le projet entier•. Oa a prétendu qu'il
n'était paa assez grand, assez noble pour être le frontispice
du Code civil; que l'article ~ier s'appliquait à· tout.es
les lois, tant cMles que criminelles, et que par conaéquent
il ne pouvait être à la tête du ·cede eivil, pour lequel il
n'avait paa des dispo1ition1 exclu1ive1; qu'il devait en être
2 détaché ou au moins être placé à la fin ; que l'article ·2 était
s U·D précepte; que· l'article 3 aurait dû parler des 'excep-
•P· a tiooa; que l'article 4· devait être clàasé dans la série des
ap. s contrats etdea obligationa; que l'article 5 devait être placé
4-5 dacis le Code commercial ; que l'article 6 et l'article 7 ap-
6 partenaient au Code judiciaire; entln que l'article 8 o 'était
paa miet1x placé, qu'il' devait être à ta 6n du Çode.
D'abord, quant à moi, j'avoue qùe je trouve sa rédac-
tion assez claire et assez posilive pour être entendue de
tout le monde, que c~est même sa simplioité qui' fait aa '
noblesse; et qu'un début grand et majestueux nuirait au
surplus de l'ouvrage.
Ensuite je dis qu'avant de faire le C~de civil, il eat n~­
cessaire de savoir d'avaneè comment s'exécuteront les lois,
d'en connaitre les effets et l'application en général, car il
faut connaitre le but où l'on veut tendre; il faut au moins
d'avance pree11entir le résultat d'un travail que l~~n entre-
prend; il faut au moins savoir et d'avarice de quelle ma-
nière et dans queue· forme s'exécuteront les lois que l'on

. 1

....,.. __ _
DX L4- P1JBLIC.l TIO!I' DB~ LOIS. 14 l
. va faire et présenter au peuple. Èh bien ! l'article premier
me l'indique tout naturellement. Mais, dit-on, il n'est
pas seulement a~plicable au Code civil, il l'est à toutes les
lois. Eh bien! pour cela, il ne faut pas le mettre en tète
du OocleP Mais je ne vois pas pourquoi. Il est juste même
qu'il y soit, puisque le Code civil sera un recueil oousidé-
rable de lois, et qu~à ce titre il mérite cettp préféreooe. ·
Avant de faire le Co'de 'Civil, il est nécessaire de savoir si :a
les dispositions ·législatives qu'il renfermera lieront pour le
passé ou pour l'avenir; l'art. 2 apprend que ç'est pour
l'avenir, parce que la loi n'a point d'effet rélN>actif.
Avant de faire le Code civil, 'il est euentiel de savoir qui
sera obligé ·de s'y soumettre; l'art. 5 me l'apprend•
.Inquiet d'avance de savoir si le Code civil pourra pré- 4
voir et embrasser tous les points législatifs, et dans le cas
où il ne le ferait pai, quelle en serait la conséquenc~. ,
-l'art. 6 me dit que les juges alors y suppléeront, en·jugèant
suivant leur équité naturelle et de suite, et qu'alors le ·
tribunal devient une cour d'équité.
A'iusi toutes les dispositions du projet doivent ~tre placées
en tête clu Code civil, parce qu'elles y sont utiles ~t indis-
pensable~
..Mais est-ce bien à nous à juger du classement des lois et
de la distribution par matière d'un ouvrageflégislatif? avoos-
nous sur ce un droit con,stftutioonel? J'avoue que je ne le
pense pas. Je suppose que le gouvernement n'ayant pas eu
le temps de nous· présenter on troisième titre du Code, et
que par des circonstances alors connues, et attendu une
·urgence indispensable et nécessaire à son administration,
il nous présentât le quatrième titre, serions-nous fondé11
à rejeter ce quatrième titre parce qu'il ne serait pas pré-
senté dans son ordl'C? Je ne le pense pas encore. De quoi
sommes-nous chargés? de discuter des points législatifs. Le
classement, l'ordre des matières ne nous regardent point;
·nous n'avons ni l'initiative ni la rédaction. Je vous soumets
J 4t JJUC,lltlilOllt • llOTDI • ~le.

cette olMenatioo • .J•aï euay~ de remplir. ma delle autant


•ue le te••ps me l'a permit, et jnne résume.
Je trouve l'article prmnier, qui prétente le·sy8'ème de la
promulgation dea loi•, autant complet qu'il étai& poasible
aux hommes de le faire dans un IJStème qui de pl'élente,
par sa nalure, que dea probabilitéa, que dea prélèmption1.
C•e1t Je.Jll4!iUeur que l'on devait choisir, et Olt l'.a choisi. ·
Il ke irmocablement l'heure à laqutlle lu lois doivent
6tre obligatoires et prûmnéea c~nouee : oet\e &xalion eet
nue sécurilAS pour les aitoyeµa, parce qu'elle aera dé80rmait
indépeoclan~ de la Yoloaté 011 de la aégligence des hom.;.
mes, et qu'un ·citQyen, dans eoo cabinet, sans recherches,
tans emltamas, pourra connaitre, par uo ealcul simple et
.. u facile, la date qui rend obligatoire• lei loil. Quu& aux
autres article11, quelque..uo1, ·il ea& vrai, oe reofermeo&
que des maximes et des préceptes de drôit et de morale;
mais ;e désire les voir convertir en loi, en dÏlpoaitions lé-
gislative•, pour que désormais il~ ne pniHeot plus être
méconnus. Je trouve qùe les d.rtioles e!J sont bien ordoo•
o'8 , bien oluaés; qu'il était utile et indispensable de les
meure ea . tête du Codé civil'; que la rédaction en est
claire, bonne et précise. Et quand il serait vrai qa.'elle ne
pourrait convenir qu'à da discoun ordinafl'etl, eh bien,
j'awlaudis à ce style; j'en rende grâce aux auttllfll, parce
qu'elle sera plus à la portée de tout le monde.
· · Croyu-Yous, tribuns, que la ltgislateurs arrivant de
leurs départemens, pl'elsés ti'avoir un Code civil depuis
long-temps promi1 et 'attendu, comme on vous l'a dit,
cheNheroot à savoir si tel ou lei article de loi doit atre
placé là ou là , si le style en est plus ou moin1 paré ou bril·
laut? Leurs fonctions et lei vôtres ne 1oot point dans le
style; tomme eux, vous n'6lel point ohargée de rédiger,
el voue n'a.es, à cet. égard, aucuba l'elponsabüité. :uu•at.-
tacberont., comme vous devez ·le faire, à la bonté mat&-
r.ieUe. dea di1posilioD1; et pourvu 410'0Uu& s'eate1nlent et

~- ... -~· - · -· ---


DB. I.A.. PUBLl'CA. TJ01' DES LOIS.

Cf.O'ellet Aldfent 0011Corme1 à la vol~té et~ tWld)D!f! natio- ,


nakls , votre devoir et le leur est re~li~
..
Allons en avant.-1ur le Code c~"'1; ne nous al"l'élons pal
au preœier pas ; ambitionuons l'honne~r d'y· avoir parti-
eipé, et nereatoos pas.immobiles dans une si belle oa rrière ;
parcourous-la avec dignité; écartons toutes· ces subtilites
;lvec lesquelles on peut t~ut attaquer et. tout OOQtredire.
. C'est avec la raison et uo seusdroit, que,l'on.fait les lois
et qu'ou les rliBCUte: l'esp~il SOUl'BDt égere.
Je vote pour le peojet de l~,

. OPIKION nu T.Jl.1Bt11' ]l[AlLLIA-GA.11.AT,


«lll'l'B.11 t.11 PBOJB:l'.

Tribulltl , 1o p.eraement a dit pâr la voix de ses cra teurs


et da11s l'exposition de ses mot ils, que le projet ~e loi sou-
mis en œ· m~nt à ivotre dhcu1siou ~tait le. premier de
eem: qu'il'~ pnparés et qu'il p~éeeulera ~ùccessivement
pour la composiol1oo d'un oorps complet de fols civiles.
A en juger ~ ces paroles et plll' l'ordre m~me de sa pré--
sentaUou, ce 'projet, s'il pouvait devenir une loi, de'fl'ait
donc ._,e considéré comme l'introduction caractél'istique,
comme la loi préliminaire de ce Code cMI qui est depuis
. ai long-temps un des premiers-besoins de la nation frao-
~Ûle.
Cette."°beervaljon, qui est bien simple, suffit pour l'eftdte
éddent œ qu'il y a de contradictoire entre le titre de ce
projet et sa destination, entre son car.ictère, qui est gérléraf,
et la plàce qo'oo .•eat lui donner dans une branche particu-
lœrtr 4e Hgisiatloo .
. Cette coatradicUon, son inconvenance, n'ont. échappé
à personne, et la cliseu•ion vous les a déjà prouvées : maie
eUea peuft'Bt avoir d~ daagen dont on n'a pas été, je
Cl'OÏa, a•z frappé.
<Elle eerai&, sans ~oute, uoe erreur bien g~oie et bie'rl

"
DISCUS8J01'8, MOTJll'S, eie,
fatale, cette opinion qui, regarderait comme chOlel fndUl'é·
rentes, l'ordre et la succeuion où les lois doivent être
rangées pou.- devenir des Codes régulit1rs et complets :
l'art de la classification des lois fait partie de celui de coor-
donner les lois avec les rapporte qu'elles sont destinées à
maintenir; ou' pour mieux dire' c'est le même art.
Approprier chaque loi à la nature de l'objet sm lequel
elle statue~ ou ne pas confondre dans leur cla111ification 1-:•
lois d'une nature différente, peuvent être deux opérations;
mais l'une est.la conséquence d~ l'autre.
Faites pasaer dans l'ordre des lois administratives une
loi du Code civil, dans la classe des lois civiles une du Code
criminel; vous ne jetez pas seulement la confusion dans les
idées qu'il faut se faire des lois pour avoir la certitude, en
ne suivant qu'elles, de suivre toujours la justice : mais les
rapports que ces lois déterminent de".iennent incertains,
leur application arbitraire; les intérêts que. ces lois garan-
tiuent sont alarmée, froÎ81és, troublée par celte confu-
sion; l'inquiétude des individua devient de proche e~
proche un malaise général, et l'agi~tion des citoyens, un
ébranlement de la société.
Dira-t-on que tout eet chimérique dans une pareille
supposition;> Je voudrais pouvoir me le peNuader: -mais
ces longs malheurs auxquels nous avons assisté, et qui
11onl encore récens, peuvent être des exemples .; et, polU'
les hommes qui sont capables d'éclairer et non de proscrire
l'avenir par les.témoignages du passé, une des causes' les
plus profondes des désordres qui ont amené la révolution,
comme de ceux qui la prolongèrent trop cruellement, se
retrouve dans cet oubli des différeos caractères des lois, et
dans la confusion perpétuelle des claaes différentes aux-
quelles chaque loi appartient par son carac.tère.
Si ces observations, vraies sans doute, pu les trouvait
trop peu applicables au projet de loi qui les réveille en
moi, je n'en serais point surpris : il en est peut-être des

I
,..

----.--- -- -
DB LA P11BLICATIOl'f DltS LOIS.

lois cqmme des évéuemen.s, tribuns; on ne peut souvent


se faire uue juste jdée de leur caractère, parce qu'on en
est trop près, et qu'à cette place on est accé88ible à' beau-
coup d'impressions différe.ot.es qui tour à tour en exagè..
rent ou ~n- affaibli&aent l'importance.
Mais quelle lierait, je vous le demande, l'impreuioo na-
turelle qui vous sai1irait en euvrant le Coclecivil d'une na-
tion étrang•re, et ea y voyant pour frontispice une loi sur
Ili public.ati.on, Ifs effets et l'application des lois u G.id~LP
Le titre ~ul de cette loi, d'un ordre général, placée ainsi
en tête d'un ortire particulier de législation, vous ferait pen-
aer, ou je me-trompe for.t, que ce peuplê n'a pas d.e lois
fondamen.tales , 011 que le caractère 4e ees lois aupr!êmee
commence à y dégénérer.
Ne seriez-vous pas blessés, t.riburis; et cepen4ant ae se-
rait-il pas. naturel .._u'uo étranger port4t UD pa'reil juge-
ment des Français, en ouvraw leur Code civil et en y .
\
yoyaot pour frontispice la loi dont nom discu.toas le
pr.o)et jl A. . '
Ce .juge9t .dont .vous avez pu apprécier aiui la jus-
tesse, ne peut-il pas incliquer, .jusqu'à uu certain point
quel lerait l 'eff~' insensible , 1;11ais général, de cette loi
d'un ordre supé~eur, de· cefte loi qui eat véritablement de
celles qu'on appelle organiques, et qui deviendrait, par
uiie classification vicieuse, une loi du Code cMl P
Personne u~est plus convaincu que moi.de l'importance
des lois par lesquelles sont déterminée et garantis les rap~
ports .que les citoyens ont entre eux; mais je sais auui
qu'il ·y a :telle .manière d'exagérer leur importance, qui
peut altérer toue.leurs principes, en obscurcissaat la source
d'~ ils doivent couler, en affaiblissant l~esprit des lois
oonKihmoi:melles.
L'ignorance .exagère ~out, et.cependant c'eet l'ignorance
qui, e'ar.rêtant aux fOllJlles .enérielUes, pl'000'100 sur tout
VJ. JO
146 DISCUSSIONS, MOTIPI, etc<
la première, prononce sans ceue dea jugemens qui sont
de• erreun.
Et c'est pourquoi la classification des loiw, qui est une
partie eaentielle de leurs formes , si elle ·est vicieüae , peut
-./
engendrer très-rapidement les plus funestes préjugés.
Il y aurait un moyen infaillible, tribuns, de fi.apper votre
esprit des funestes effets que pourrait avoir cette loi, à la
place qu'on veut lui donner dans le Code civil; ce serait
de vous offrir toutes -les fau88e8 conséquences que pour-
raient en tirer la logique de l'ignorance et la mauvaise foi
des paaions. Maïa je me garderais bien d'eaoourir au mi-
lieu de vous, par ce genre de supposition , le reproche
d'!igiter de vaiDell alarmes sur une têrre où ·la paix est
descendue.
Puis-je vous cacher cependant, ·et pouvez-vous ignorer
qu'il est une espèce d'hommes qui méritent un tout autre
QODl que celui d'ignorant, et qui professent du ton le plus
dogmatique, le plus absolu, que toutes les lois dont un
peuple ait vraiment besoin se bornent ~ ~ode civil;
qoé la U'!ture et les formes des autres loi~t iodilfé-
.. rentes; que lei lois politiques, surtout, sont sans objet;
que leur existence est toujours une illusion, et l'opinion ·
qui les réclame une manie coupable et fatale P
Ces maximes·du pouvoit arbitraire, et leurs fauteul'8,
n'auront jamais d'accès dans aucun des pouvoirs que la
constitution a organisés, et s'ils pouvaieut jamais acquérir
quelque. in4uence réelle, ils trouveraient dans chaque
membre de cette auemblée un dénonciateur qui les dé-
vouerait Ua vengeance des lois et à l'hdrreur de i;l nation.
-Mais ce sentiment même, qui nous est commun à tous,
mes cellègues, est un motif pour tous de rejeter le projet
d'une loi avec laquelle ces maximes perverses, et les pa1Sions
qu'elles fomentent, pourraient trop facilement s'allier.
Je ne me propose point d'entrer, tribuns, dans l'examen
particulier des différeos articles de C:e projet pour relever
DB LA PUBLICATION DBS LOIS.

tous le• vices de sa rédaction , le rapport de votre commis-


sion a rempli ce soin d'une manière que je oe pourrais pas
assez heureuse1nent imiter: c'est l'esprit général·, et par
conséquent, l'eft'et général de ce projet, que je cherche e~ .
que je vais attaquer dans les dispositions qui me le mon- ,
treroot. ,
Et d'abord, tribuns, je suis arrêté par les expressions .et
par le sens du 11remier article de ce projet. Les lois, y est-
il dit, sont e:z:écutoires EN VDTU de la promulgation qui en est
faite par le .Premier Consul.
Ai-je besoin de m'appesantir en grammairien BW' cette
expreuion Bl!I .VBRTll, pour faire appréc~er sa valeur, p6ur
en montrer toute l'étendue P Non sans doute; et tout le.
mond~ m'entendra quand je dirai que la composition et
l'usage de ce mot suffisent ·pour faire voir ici, dans l'em- · ·
ploi qu'on en fait, uue véritable hérésie politique, une
atteinte réelle à eotre constitution.
Non, la promulgation n'est~ un caractère constitutif
de la loi, ce que signifierait l'CJ;preuion en vertu : la.pro-
mulgation n'est qu'une èorme ext4rieure de la loi; elle est
le premier moreo' le premier acte de son exéculion' et
non la condition virtuelle, génératrice de l'obéissance qu'on
hd doit. Let lois sont exécutées ou ezéc«toires e11 'llertu de
ce qu'ell'Ct1 sont Jo.is; les·lo.it &Ont lois en -vertu des condi·
tions auxquelles l'ac"' conatitutioonel a ao~mia la forma-:
. tion de ces actes suprêmes : ces conditions virtuelles de la
fornreaion des lois, et p.ar conséquent~ de l'obéissance qu'on
leur doit, sont la proposition du gouvernement, la ooin-
munication au Tribunat, le décret du Corpa légialatif; ce
n'est qu'm vertu de cette triple condition qu'il peut étl1!
promuigué de nouvelles loia, dit la consti&ution. Vous le
voyez donc, tribuns, la promulgation n'est pas une forme
intrinsèque, mais extérieure de la loi.
c·~st donc à tort qu'un membre c,lu Conseil d'l':tat a pré-
tendu que la promulgation complète le caractère\ de la loi:
DJtC1Jl810!fS , MOTIPS , etc.
ce qat peul C'09'p'léter le caractère d'un acte, c'est une
4ea conditions qui le constituent : or, la _promulgation
il'eet pat mise par la constitution au nombre des condi-
tions en vertu ctes11aellet il peut être promulgué des lois
uomelles. ·
S'il pouvait rester un doute à cet égard, jé demanderais
si, après le délai de dix ;ouœ ordonné par la constitution
pour 'dénoncet nne loi qui lui serait contraire, le gouver-
nement peut en reftller, peut en retarder la promulga- ,
tion P Non , ~01 doute, le texte clc la constitution ne per-
aet pu-ici 11De riponse négative. ·
Tout dtlcmt tJu Corps législatif, dit la conlitituti~n, le
~ joa.r après son émission, est pronwlgué par le Pre-
~r Constd, à moins qu'il n'y ail eu recours au Séirat pour
ci!llUe 'd'ineonstitutionnalité.
Donc, apn,s l'espiration de ce délai, la loi est loi, tous
888 caractères constitutifs sont complets; toutes les condi-
lloas virtuelles de sa·formation sont remplies : elle est exé-
cutable ou ea:écutoin:, comme disent ·les jurisconsultes.
Cela ett tellèmeot mri, que, si, après l'expiration du
télai coustitutionnel, la promulg:rtion de la foi était re-
fusée ou tlifféré8, le ministre dépositairé du sceau de
l;Êtat el oha~gé de l'envoi des fois, aurait encouru la
peine de la responsabilité; et le Tribunat serait obligé de
l'accoter devant le Corps légistatif. JI 1'aut donc dire tout
ltimplement : Les loii sont exécutées après la promulga~
Iton, et nbn en vertu de la promulgation qui en est faite
par le Premier Consul. ..
Mai9 Je crois q11'oa il don'Dé, surtout à cet
acte, un ca-
ractère et des effets qui ne lui appartiennent pas, parce
qu'on ne s'en est pas fait des idées assez bien déterminées.
Les uns ont 'anln voir :une différence entre le mot de
promulgation et celui de publication; et cette différence exisfe
en eft'et: mais elle -est .daus l'emploi relatif qu'on fait de
ehacuo de ces mots, et 'non dans l'action qu'ils expriment.
Di LA. PVJIJ.C:A.TIO!f »JI& JAU, 149
Promulguer~ ainsi. «Jue l'iodique aase.z. l'éty-.iologie.. vi-
sjble du mot, veut dire publier; mlÜa o.- a a(fecté le mot
de promulgation aux actes législatiftl, pour caractériset la
publication de ces actes , qui se foot au nom de tous, pour
tous, et. Sttr tous; et c~eat Qe que 'dëaigne l!l composition
même de ce mot : elle indique bien l'action du pou voir qui
publie la loi, et l'objet de l'action.
Il parait qu'on est tombé clans cette lndétermioatiou
d'idées et dans ces fausaes distinction& de mots, parce
qu'on a pris pour l'acte de la promulgation les formes dont
il doit être revêtu, et par suite ses moyen.a pour ~ elJet&.
L'acte de la proJQulgation n'en eat paa telle ou telle
partie* mais tm~t ce qui l~ constitue : ainsi Ici formules
usitées en l.ête de l'acte, l'apposit.ion du sceau national, la
signature du Premjer Consul et celle du secrétaire d'État,
l'envoi aux diO'érentes autorités compétentes pour l'ex-écu-
tion, et enfin. l'aflicbe pour les citoyens; c'est oet ensemble
de foi:mes, de moyens et d'el'ets qui est l'acte de. la pro-
mulgation.
S'ily a dans l'acte et l'effet de la,.promulgatk>a une suc-
cession néc.eslllÜre de temps, l'acte et l'e~t n'en seront
pal IJ!Olns indivisibles; c'eist la même chose succiesaivei:q•nt
opérée; c'est une suite d'actes qui se rapportent tous au
premier, qui en dérivent et qui en dépendént : il faut que
tous aieni été accomplis pour qtJe l'~ote soit ooinplet.
De là nait la aéceuité de fiJer un délai uniforme, et
c1ui soit relatif à la grandeur cle l'objet et à l'étendue des
effets de la promulga&ion.
Si la llépublfque était dana une aeule de aes villes, le
délai d'un jour pourrait suffire; plusieurs jours sont. né-
cessaires pnur que son vaste territoire soit placé, en quel-
que sorte, sous, l'acte de la promulgation et sous l'empire
de la loi.
On a dit que la majesté de la volonté nationale e:.dgeait
qu'elle fût obéie à l'instant qu'elle eat conn..e: c'esl un eeo·
DISCtJllJO!fS; 'KO'i'IP8, etc.
timeot vertueux, que 1le respect qu'on a exprimé pour cet
acte eouverain ; mais l'idée qu'on se fait de sa majesté est
une erreur.
La majesté de la loi est surtout dans la manifestation
solennelle par laquelle elle se fait connaitre à tous pour
commander à tous.
Ces détails prolongés dans lesquels je suis entré pour
essayer de déterminer le véritable caractère de l'acte de la
promulgation, pourront vous prouver, ,je crois, que les
dispositions qui s'y rapportent dans ce projet dè loi, don-
nent tout à la fois au projet un caractère contraire à la
constitution et à l'acte dei moyens indignes de son objet.
4 Il est dan1 ce projet de loi , trihuns, une disposition
plus absolue, plus abusive, plus funeste encore, sur la-
qu~lle je dois appéter toute votre attention; c'est cette dis-
posjtion par laquelle le juge p0un-a ltre poursuivi comme cou-
pable de déni de justice, parce qu'ü aura refusé de juger sous le
prête.de tla silence, de l'obscurité ou de l'insuffisance des lois.
Elle peut parattre étrange , cette disposition , qui efface ,
en quelque sorte, le Code· civil, avant qu'il soit présenté~
Qu'est-ee donc, me 11._uis-je demandé, c~ez une nation
eMlisée ~ c'est-à-dire régie par des lois1 qu'est-ce que cette
justice, par laquelle sa puiasance intervient dans lei dé-
mêlés qui •'élèvent entre des partieuliers? Cette justice, qui
eet l'intervention même 4e la soeiété pour le maintien dee
rapporte qui la composent, peut-elle être donc autre chose
que l'application des lou qui ont déterminé ces rapports P
·Non, tribuns, · la justice de la' société n'est et ne peut
être que ce ciue prescrit la loi, que le texte même dé la
lof.
Mais si le texte de la loi est telleme_nt obscur qu'il cache
au juge ce qu~elle a prescrit; si l'objet sur lequel on la ré-
clame n'est pas assez déterminé par elle pPUr que son ap-
plication puine l'embrasser, vous exigez que le juge rende
uo arrêt lonqµ'il doit é~re eana détermination; el, bien
D.8 L& PUBLIC.à TIOl'f DBS LOIS,

plus, lorsque la loi se tait vous voalez qu'il la fasse parler!'


, Juger est donê autre chose qu'appliquer la loi.
Et quelle raison donne-t-on de ce dangereux système ? Il
1· a11ait des }UGf!I, di~n., (JJJ(Jnf qu'ü y edt des loù. Et comment
sait-on si bien ce qui se passait dans ces temps reculés qui
n'ont pas d'histoire? Ou1, sans doute, il y a eu des sauvages
et des barbares avant qu'il y eût des hommes civilisés; il y
a eu.aussi dei matt.res avant qu'il y eût des magistrats : est·
ce à dire que nous devons donner, que nous donnons le
nom de juges à ceu:s: qui prononcent entre les particuliers,
là où les lois n'ont pas prononcé? Non, sans doute, tri-
buns; parmi nous oe sonl des arbitres, et en Turquie c'est
le despotisme. '
Mais s'il y avait des juges qui jugea11ent sans suivre les
lois, dans ces temps qu'on connal~ si bien, et où il n'y-
a11ait pas .de "lois , il y a ·apparence qu'on a fait des lois pour
être jugé par elles et: non par eux, pour que le juge fût
l'agent et non le mattre de la loi, pour qu'il fût l'organe de
la loi et non pas la loi elle-même.
• Concluons donc.que désormais, du moins, et pour nous,
un juge ne peut être, comme le dit Montesquieu, que la
bouche qui prononce les paroles de la loi.
Les rédacteprs du projet du Code civil se sont trop dé-
fiés d'eux-mêmes, lorsqu'ils ont pu consentir à donner sur
·les lois dont ils avaient la première conception , ce terrible
droit de les interpréter, de suppléer à leur insuffisance, et
même à leur silence ; mais il ne faut pas que ce' abus de
leur modestie prétJille sur le caractère de la loi et sur les
droits des citoyens.
Pour faire connaitre et apprécier ce droit de l'interpté-
tation des lois, pour faire frémir sur ses effets C(t les ci-
toyens, et ces hommes modestes qui ont pu lui sacrifier
d'avance leur ouvrage, il suffit de r~ppeler les expressions
par lesquelles l'un d'eux a défini l'interprétalion dans le
....CWIM01'9 , •OTU8 , etc.
disC6U1'8 préliminaire .i•un des prol«lb de Cod~ ol.U qui
oou& ont été dlsttibués.
Quand la loi est claire, y èst-il dit, ilfeùt la 1uiPre; quand
eJle est obscure, il faut en approfondir les dispositions; Bi
t•on manque de loi, il faut consulter l'usage ou l'lhjuiU. ·1
1
L'équité est le retour à la loi natur'e.lle, dans le sileR.~e, l'op-
poiition ou l'obscurité des lois positives.
Quaod la loi e&t claire, i&fout la suivre : c'est:dooo à dire
que lorsqu'elle a'est pas ausei claire qu'elle denait Pttre
toujours, il faut ne pas la eulv.re; et oette clarté de la loi.
qui est une condition sine qud non de ton application; o'eat·
le juge qui eu déeide et qui, selon eea idées sur ce qui.
constitue la fllarté d'une loi, peut la 1mivre ou 1a faire P
Car, d'après le droit de l'interprétation, que di...le l d'aprè8
le prpjet de loi 4ue nous dilicutons, il faut quo lf? juge juge
toujours, 011 il est coupable d'un déni de justice.
le m'arrête, tribuns, et je .me veux paa coo&inber ainsi
l'analyse de chaque partie de celle .Iéfinition; on pourrait
croire que je veux donner à cet examen un caractère
trop dift'érent, sana doute, de mes intentions: j'ai ~oulu
..eulem~nt, et j'ai dà prouver les dangeJll de l'interprela-
tion, par les paroles mêmes de celui qui faisait de sa doo-
trin~ uue. loi nécessaire du Code civil. Il ne faut pas eroire
41u'on puisse faire de ce droit terrible une dé&nition meil-
leure que celle de ce juriscoDsulte justement célèbre: non,
cette définition du droit de l'iaterprétation est un éoon~
exact et compiet de ses effets; et, il faut le d,ire à la louange
de aon auteur, sa eooseieoce a aueni soa esprit..
Il n'est donc pas vrai que le juge qui s'abitiendrait de
juger dans le silence de la loi, qui 11'ab&tieodrait à cauae de
son obscurité ou do .son insoftisabce; fût oo~pa'hle d'uD
déni de justice; il refuserait le droit d'une injmttce, l'im·
punité d'un attentat aux droits des citoyens et à la saiatelé
de la loi.

--~
DB -&A PUBLIC'A TJOR DBI LOIS. 100
···Mais ai le jug~;refoee un atrêl par l'un de cea motiû, oà
les citoyens pour'ro_nt-ils donc implo~r et obtenir justice.P
. Je réponds d'abord qu'une bonne législation doit préve--
liir Oe8 eas, flU'elle peut aa moins lea rendre exkêm.ement
rares;
En second lieu, que le refus. de juger, fait par un ioge
quelco~qoe, et ainsi motivé, est un jugement susceptible
d'appel et pui8 de ca..atlon comme tou11 les autres ; l'appel,
le renvoi à un a11tre tribunal, clonne11t 4.es juges nouveaux
qui, s'ilg se ~ee~t à prononcer un arrêt, comme les pre-
miers, prouventla justiée du refus et Je betoin d'une nou-
' velle loi: mais comme la loi ne peut avoir d'effet rétroactif,
eenx .qui sonl en discONion sur un objet qu'elle n'a pas
èétenniaé~ peu-.en t attendre la loi qui interviendra com~e
la règle volontaire de leur débat.
Enfin, que, si ta na~ure de la discu•ion ou l'fmpatieooe
de la termiber, ne leur permet paa cette attente, ils ton.t
alors comme s'ils étaieut dans ces temps où il n'y a11ait /If.li
de loû; ils prennent des arbitres •
. L'abus des référés aux législateurs, dont on parait si ju•-
lement effrayé, a cessé d'~tre à craindre tveo les causet
qui l'avaient fait naitre parmi nous.
Daat ee passage cl.'on ft"ùne ancien à un nouvel ordre,
qui s'appelle une rt!Polution,. toue les rapports ordinaires de
la eoci~ sont inévitablement atteints par le moavement
qui la reoouv.,.ne; il. faut des lois qui eaiveat oes rapporte
dans leur chaagemeot: s'il.est bien difficile qu'une grande
révolution s'opère tout d'un coup et sana ~mbats, il n'eet
pas moins diftlcile qoelea combats aieoa toujours les mêmQ
causes, et les victoiru les mêmes oaracûres; les rapports
de la société sont tourmentés et altérés, comme ses él~
mens, par les pa111ions qui l'agitent; la plupart des lois,
COIDlllle les événemen1, peU\'eot être tour à tour des exœ.i
différeos; et le juge, tremblant d'appliquer l1De loi née
d'une circonstailoe qui n'est déjà plus, ou de s'csp08er à la
154 DllC1J89JONI i llOTJPI, etc.
vengeance des pauion1 qui, d'~n imtantll l'autre, font une
circonstance nouvelle, interroge le législateur pour rassu-
rer 11a conscience ou sa faibleue. 1
Tellea sont les causes multipliées et nriées qui produisi-
rent l'abus de• référés; et le changement des temp1,.oomme
celui de t()u~ notre organfaation intérieure, ne permet
plus ,te craindre qu'elles
1
te renouveUent.
Si l'expérience cependant, e~~rie!Jce qui ne pourrait
pas être tardive, prouvait que la législation n'est pas aseez
complète pour prévenir l'abus des référés au législateur,
ce serait là sans doute pour lui l'objet d'un lérieux examen; ·
ce serait là, peut-être, le sujet d'une institution spéciale-
ment destinée à prévenir cet abus, ses dangers, et bien
appropriée à cette destination. L'Angleterre nous offre
l'exemple d'une institution de ce genre dans ses coun
d'équité, dont la cour de chancellerie est la principale. S'il
était po11ible qu'une législation toute renouvelée, et pré-
parée avec tant de soin , tant de serûpule, par des esprits
si éclairés, puisqu'ils ont été cholafa, pdt nous renclre,
d'un moment à l'autre, cet établissement indispensable, il
euftirait, pour le réaliser, que la loi donnât une attribution
nouyelle au tribunal de ousation' ou lui traçât seulement
un usage nouveau de celles qu'il a déjà, D'autres moyens
encore propres à oe but, et qui feraient sortir de cette es-
pèce d'interrègne de-la loi de grandes impressions, une
morale qui consacrerait son auguste caractère_, seraient
toujours au pouvoir du légillateur, et bien faciles à son
~énie: mais, en attendant, tribuns, gardez-vous de croire
que vous puiuiez oonsa~rer par votre adoption le projet ·
d'une loi qui anéantit le bienfait et l'existence des loia ci-
vilea qui vont être décrétées.
. Mais celle doctrine du droit de l'interprétation· des lois,
ses auteun croient qu'elle est indispensable, parce qu'ils
n'ont pas assez distingué les maximes du gouvernement
. monucbiquc sous lequel ils ont acquis leur réputation de
· DB LA. PUBLICA.TIO!f DBI LOIS.

grands jurisoonsultea, des·p~iocipes du gouvernement ré-


publicain sous leque.ont appelés à mériter la gloire de
légitlateurs. ·:. ·
· Ce n'est pas, tribuns~· pU mes faibles paroles, mais par
la nature des choses et par l'autorité de Montesquieu, que
je vaia établir et rendre sensible la nécessité de cette dis:
tinction et de ses effets. Je suis heureux de pouvoir oppo-
ser à rexposition des motifs du projet que nous discutons
l'.Elprit du rois, cet oumage qui semble un extràit du grand
livre des destinées.
Après avoir observé que, dans les états despotiques, ü n'.r a
point de ltJi, qoe le juGe elt lui-~me sa règle, Montesquieu ·
ajoute : Dans les états monarchiques , il y a une loi; et là où
ttlle est précise,lejuge la suit; là où elle ne l'est pas, il en cherche
l'esprit. Dans le gouvernement républicain, il est de la nature de
la constitf#ion ·que les juges suwent la lettre de la. loi; il n'.r a
point·de citoyen conlre 'l..ui on puisse interpréter une loi, quand
ü s'fl(fit de ses biens, de son honneur ou de sa vie. .
Remarquez, tribuns,. que les paroles d~ .Montesquieu
.aecordent beaucoup -moins à l'arbitraire du juge monar-
chique, que n'en donnent aux jugea, dans notre républi-
que, les ·motffa et le texte du pl'Ojet de loi que je com-
bats•
.Ce n'est pas le nom de Montesquieu seulement, c'est la
nature des choses, qui établit cette différence dao• l'appli-
. cation des lois d'une monarchie et d'une république.
· Ces différences de rangs, d'origines, de conditions, qui
caractérisent une monarchie; ces innombrables et arbi-
traires classifications, où les hommes et ~es chose11 y sont
. jetés, créeot dans cette espèce de société une infinjté de
rapporta différeos d'où naissent la multiplicité el la diver-
sit~ des lois.
C'est dans ces loisqu'ü nef4Ut pas ltre etonné, dit, Montes-
quieu, de trouver tant de règles, de restrictions, d'extension,,
qui m.ukiplient les cas particuliers, et semblent faire un art de la .
156 . l>NCUUJOJt. ••Tm' etc.
Tailm ,,.ble. C'est cet art qui eat la juritprutl.eaoe, l'art de
l'interprétation des lois.
Il faut av~uer qu'à ces principes généraux de la diwnit6
de• loi• dan• toutes les mCNaarchiea, la monéll'Cbie Cran-:
qaise en joignit qui lui étaient particuliera, et qui produi-
1irent cet aucmblage bizarre des Codes·les plus contraires,
cette confuion légale dont le rapport de volre commissien
vous a présenté le tableau•
.Auurémeot dans ce. chaos,· qu'on appelait une légfsla-
tion, et que ne poù vaientéclairer quelquea beHes ordonnan-
ces dictée& par le génie desl'Hopital ou des 4.'Agueueau-, le
fil de l'iJ!terprétation devenait un guide nécessaire pout'
celui tJUÎ osait monter sur un tribunal ; et l'arbitraire du
juge pouvait y être la justice.
Mais le r.,mMe méme aggrani& bientl>t, aggt'avait eàoa
oesee le mal ·<(u'il devait pallier; et l'immense collection
ties arrêts des pàrlemens, le plus IOUvent ditTéren1 daot
des causes semblables; les recueil11 innombrables• nou.
veaux juri11coot1ultes; aussi d'accord entre eu que les arrêts
des pal'lemens, étaient devenus autant de sujets de coa-
tradiction pour les particuliers, autant de,cau9es de péni-
bles incel'titufles ou de moyens d'arbitraire pour le iuge(a).
Et je le demande à ceux de mes collègues qui, dans-cette
profession si pénible, si honorable, et dont l'utiliW eet le
(al Entre autres foill qui peaTOnt proa•er dam qaelle aitulltion •fl'ml• une pareille l~rioo
mottmit ~-t et 1.. ....ptn11 et I• putioelien, f'• tiltnl en fftiitfai W l6moia, lit
cloet I! ~· Dll9 ÏlnJ'"lliOO qui ne 1't• jomaio etl'acée ai aft'aiblie.
Lonque je mi.W les écol., de droit , je 1uinis aUllÏ Io bureau puur apprendre à -n•lln f.,
loi).,. •"1ant leur application. Une • . _ q1li Hait beaaeCNp 11''-lat nait appelé un public nom-
liNUS à """Midi.,.,. do. fa pnd'cltnillft da pulomont dl llordeoaa : 1•.. oe.t ~ pltlida le
p-m.r fonda fa jwtico de sa. came '"' trente arrtu do dilFirons porl.....,.., Nt pla• de -
.Ucisiom dei plUf e.llèbret jariscoaNlt•; le ,.cood ••oclll londa 1" jattiee do ,. came lllr hale
- • diO:maa~, - plm d t _ déc...., <leoplua~ Jar~ Eola,
dit oil Hec ·un aeoent de probiM: qui lailmit entendre ~te IOD lme 1 à ce nombre 1u moina pareil
d'aatoritN, j'ajoute tout Je poidt de l'aatorit4 da Dwnoolio , qui. doit CairO pencher do m.., W.6 ·
la bel....,. do la jwtiee : il perdit - p......_ J'"8io ,_ clo9te tn>p éeolia' pour ·opprffier alon
tou~ ce qu'il y a dfl mérlte dau let ouvapt de Dumoulin; meû je- fui cooload• de T.aÎr qû'il J
«'dt tant de ni1«11 pour pgoer un procèl , tint de railODI pour le perdre, •t ai peu de mo7eu
pour reeou~tre J• la•tice.

- .J
H LA .. ,.ucA TIOllf DES LOIS. 157
premier salaire, ont rétléclii sur le caractère de cee loiw
qu'ils inwquaielat pour ceux qui ne les connaissaient pas;
· je le 4emande à tous ces jurisconsultes incapables d'inven-
ter des didloùltés poar 1e r.eoclre nécessaire•, et de craiodre
o'e bon teM, .cette expi:es1ioo eimple de la loi, qui p0ur.:.;
t'aient prévenir beaucoup de procès et en rendre la polir•
1uite meine inoertaiae; je leur demande •'ile n'ont pas
gémi mille ~is eur oeite législation dont les fils iooombra•
hies et waœ ceste rompu., pou\'aient à _peine être démêlés
par tous le• eft'orte de Jour esprit' et of&ir' de loiD en loin '
à Jeun iove1tigations sorupuleuaes, un but où se reposât
leuroouscience; je leur demande •'ils n'ont paa appelé,
awec toute la France, une législation qui Téparàt enfin lea
effete et-prédnt à jamais le retour de l'iaterprétation da
lois do clreit de suppléer à leur ilnRûllsance et à leur si-
lence. El ·c'.eét Ml momeo& même où cette législation no~s
ell<>fferte, qu'on doane à l'application des lois un principe
qai doit lee d6truire r
·Dans une république ,-tribuns, dans la ·r épublique fran-
çaise surtout , .la wimplioité et.J'uoiformité des loisso~t une
CODléquenoe néoeuatre de l'égalité absolue qui fait la base
d~la eonatitalieo; le' lOla peuvent y atteiod~ et déte~i­
ner ueo précitlion ·les rapports qui aainent naturellement
euue des oitoyens !UnitJ par dea besoine commune et par
des intérêts réeiproqnes: dans nu tel état, l'interprétation
des lois, le èlroit de enppléer à leur insuffisance on à leur
silence', ne pourraient que troubler les déterminations de
la loi, et ébranler ·toutes ses garanties.
Il fa.ut, 118M ddUte, que les citoyens puissent étre arrêtés
dana leurs démêlés par toutes les voies de la conciliation ;
c'c'&t un devoir du législateur, et une partie de son génie,
de multipHer avec habile.té tous les moyens de prévenir un
procès : ·i11faut que les arbitres de la confiance, les arbitra-
ges de raisen et a'équité naturelles' arrêtent les citoyens
et les réconcilient avan~ q11'il1 aient porté leurs débats jus-
158 DllCUSllOl'fS, •OTJPS , etc.
qu'au aaoctuaire de la loi. Mais, panenus là, il& ne doivent .
avoir que la loi pour juge; lë juge n'y peut être que la bouche
de la loi.
Pour autoriser le droit de l'interprétation dans cette
partie de la législation qui 11'appelle ci11üe, oo a diltingué
1es caractères de ceux qui sont propres à la législation cri-
minelle : celte distinction qu'on se croit obligé de faire,
est un aveu de l'abus, des dangers. de l'interprétation des
lois, et non une'preuve que l'usage puisse en être bon, "ni
qu'il soit indispensable dans aucun geole de loi.
Les caractères de ces deux branches paniculières de la
législation générale sont dilîétens sans doute ; et il est bien
impossible de peo1er à lee confondre~ mais la clilëreoée de
ces caractères doit porter sur les formes tle la procédure ;
elle doit donner un caractère distinct aux actes propres à
l'objet de chacune de ces procédures; mais elle ne peut
pas porter sur l'application de èes lois : cette différence
des fonnes dans les deux procédures ne peut pas en deve-
nir une dans·la manière de juger : car, dao11 l'une comme
dans l'autre procédure, c'est toujours de l'application de
la loi qu'il s'agit, c'est cette applicatioa qui est le jugement.
Montesquieu u'a pas fait cette disti~ction sur la manière
d'appliquer la loi en matière criminelle et en matière ci-
vih,, dan11 un état libre; la monarchie frauçpi.se n·e la faisait
pas davantage ; l'interprétation et son arbitraire régnaieat
sur les siéges de la Tournelle comme sur ceu1 de la graud'-
chambre des parlemena. ·
Il n)r a point de citoyen, dit Montesquieu, contre qui 011
puisse interpréter une wi, quand il s'agit de ses biens, etc. Cette
e~preHion, ses biens, désigne, sans doote, les lois civiles :
et si elles ont encore bien d'autres objets qui doivent nons
les rendre plus chères; c'est une preuve que Mooteaquieu
n'a pas désigné celui-là au ·hasard: et c'est qu'en effet, la
propriété fait partie de l'existence du citoyen ; c'est un '1es
plll!' grands intérèla de la fürmaliou et du maintien de la
-.

------ --·
DB LA PUBLICATIOl'f DES LOU.

société; et je suis étonné, je vous l'avoue, tribuns, qu'ou


n!aperçoive pas à quel point cette différence qu'on· veut
mettre dans la manièrè de juger au civil et au. criminel, et
la distinction sur laquelle on l'é&ablit, peuvent affaiblir le . (
principe de la "p ropriété,. cè principe si vrai , si nécessaire ,
si fécond dans les sociétés modernes.
C'est pour leslois civiles comme pour les lois criminelles,
que Montesquieu dit encore·: lis jlfgemens doivent ltre fi.res
à un tel point, qu'ils ne soient qu'un tc:.cte précis dé la loi; s'ils
étaient une opinion particulière du juge, on vivrait dans la so-
ciété sans saPOr.r préci'sément les engagemem.qué l'on y contracte.
Montesquieu y avait pensé, sans doute , pendant les
'Wingt annéesqu'il a pa11~s à faire son O\Jvrage; et puisque
cet esprit si sage danll sa grandeur n'a pas fait cette die- ·
tinction, puisqa'il n'en a pas même aperçu le motif, il
m'e;t permi~ de penser qu'elle n'est pas. aussi fondée sur la
nature des cho&<:s qu~on parait le· croire; il m'est permis,
peut-être, de.la prendre plutôt pour.une erreur de la ju-
risprudence que pour uu principe de la justice.
Mais Delolme, qui a fait si bien connaître et apprécier
toutes les parties de la constitution anglaise' ·~t écrivain'
dont l'esprit" parait si juste, surtout parce qu'il ellt très-mo-
déré, aprè,s avoir exposé les attributions. de ·ces cours
d'équité créées par la loi, et spécialement destinées à sup-
pléer à son insuffisance ou à son silence, juge cependant
cette. institution avec une rigueur qui peut étonner et
ébranler la théorie la phu hardie sur l'interprétation des
lois.
ru la. pl'kûWn des idées qu'on ie forme aujourd'hui, 4it
Delolme, du pouvoir des magistrats et des juge1, on peut à peine
se fiGUrer que r.ette espèce de tribunau:.c, quelque utiles qu'ils
soient, puissent ltre, autorisé1.
Et.ce qu'il y a de bi_e n remarquable; c'est que les publi-
cistes anglais tiennent pour maxime que la cour DE c~AW­
C"BLLBIUI, qui est la première dea cours d'éq~ité, ne saurait

,.
J>llCUl8101'18" llOTIFS , etc.
porter atteinte .au~ ,.ens, 1llais à la personne. On peul être fort
surpl'il de trouver-eetle epioion parmi les.publicistes d'une
nation qui a un ll('nlimenl si scrupuleux, si inquie& m&ne
de la liberté : je croia cepeo.dalat que cette opinion est
fondée aur l'obaenatioo. vraie dea intérêts et des .pauions
. qui s!agitent dans la société. Il n'est pas rare que la fortune .
ët les bien• d'-uo homme •'inspirent l'envie .et ne pouseent
à la recherché des moyens de l'en déposséder; mais, d&DI
oetle faiblesse trop malheureuse, le eeur humain eat au
moins très-difticilemen* capable de se porter jullCJU'à une
'riolenoe homieide.
Il ee auftit pu, tribuns, d'opposer à cette diatiDctioo
et •à ses 4angereuse. conséquences, l'autorité d'un de.
pt"emiers génies cle notre 01ltion , oelle d.e Delolme, dea
publiaistes et des exemples de l'Angleterre; il faut .qu'elles·
soiORt jugét11 et dissipées par la nature même des choies;
et, pour cela, ce sera assez do l'examen le plus simple
comme ·le plu~ facile.
En matière civile comme en. matière crimiDelle, c'eet
teujoura sur un fait que la loi et Je juge pronouœnt. _
En matière ci'Vile, le· fait se compli'Jue, il e1t vrai, plus
qu'en matière orim1-elle; c'est un acte dont il faut o.n-
naltre les formes que la loi a déterminées.
Afosi la loi civile fait, en quelque sorte, le patron de
tous les faits~ sur lequel le juge doit et peut l'appliquer.
En matière orimin~lle , l'eiiateooe du fait eilt décidée par
le jury avant que le juge y applique la loi.
Si les jurés avaient été établis.en matière civile, comme
l'a!!~emblée coDStituantefut au mement de le faire, le juge
n'auraii eu qu'à appliqDer la loi au .fait, dont l'esistence
aurait été constante par la déclaration du .jury.
Eh bien 1 dans la procédure aotueUe ,.le .juge, en .matièse
œ.ne , applique ia ~pi en même temps.qu'il ~ jug8 du fait.
•C'est ·une raison pour que fa ·loi .Me.a.no plus de pntcî..
siOn tes caractères qui constituent le fait au cMI.
DB LA. PtilLICATICHi Dits Lots. 16·r

C'est· une r.US'Oo' p~ùr' que fü juge soit pfü!i réligieux à ·


nlcobnaitrtl .rideiltifé dit faif'Particulier du procès' a'V'ec
. («!patron gt!nêral que Itt k>i en a rraœ.
Mais ce n'ést pas une r\isOD pour qU'il puiss~fvofr dans
la' loi plus qd'ellc oe dit, pom qu'il phisse l'égubrritrer ui:a
• acte· qui n'a pas les cara~res de la loi.
Il n'est donc pali vrai·, tribuns, qu'êd'matf~re cMle pltts
qu'en matière crimjoelle, ·l'applicàtion · des ltiis d'unè· ré•
publique puisse étrt! soumise à' 1•interprétatiotll de l~rs
organes. Et sf · la for~ des choies, comme je l'af dit; si'
cetft! Dttdtiplicilé ck rapports différens· qui ccmstltùent ~ '
monarchies; si cette diversité confüse de lofs· néceüaires à'
l~ffois et impuissautes pour atteindre à tant' de· rilpp9t'tl ;·
si tijutt!i' cles' caùses noùs éxpliqrient et seliitil"nt justi6er
Pt!Dtpi~ de· l'lnterpréf.ition sur tous·fes'èod~s ehut'WUtes
les ji.iridiclfons des étatii·monarchiques; 8ons la 00ostita...
Uon qui régit' maintenant' fa• France, ce sol:tt là' autant de
J'alsbns qui nods·reodènt plus sensi.ble et plus·impéneullê
Pobliglttibode fermer' à' la fOfs•et à jamaia füUll leS' tièdo-
tuairea de la lôi à ce.n é puissance arbitrairè.
llÎlis il est·uoe autre l.'lison , trlbuns, cle cétte dUl'érence
qu'on· aperçoit dans la manière générale d'appliquer 1e8·
lofa·dlube mollit'chie et celles' d'line réputilique : c'est la
dHl'érêuc:ie méme qui' exiltè datitr l'ori~fne des· lois de ées
chftix! états..
mtts l'a monarthie, les lois' ,s ont l'ôbvrage d'liM 8etiJ'
bbtnme , o~ dti:je ne sais quoi; là·, elles' peuvent venir
d'une introduction plus ou moins autorisée, d'une traaS-
dtfllSlUti ptu• ou nio.ins oottsh.téë' de l'ueage,. d!utiè vio-
lenc1e· qu'on appelle droit de conquête, d'un privilé<0e ,
d'une exeéplfon, enfin de tàùt et de' rien; elles ont mille
s«tùtcell égarées et pas une origine véritable. Le titre incer- . I

tain ,de la loi ' son arbitraire pour être loi' peut excuset
et,. si l'on veut, mélD~ autoriser }'arbitraire du juge pour
l'atipllqûer.
VJ, Il

'
''
DISCUSSIOllS. MOTll'I' etc.
Mais l'origine de la loi, dans une république, ne permet"
à aucune pui~ce humaine de la changer ou de la mo-
difier dans 100 exécution , de suppléer à son insuftisauèe
et encore moins à sou silence, de parler quand elle se tait,
de la faire agir quand elle u'exrste pas; en un mot, de la
faire au lie~ de l'apeliquer : car tel est l'effet du droit .
de l'interpréter, telle est la conséquence 01:1 plutôt le ~este '

même du projet qu~ je combats.
La loi dans une république est une émanation de la sou-
veraineté; c'est l'ouvrage du peuple par lui-même ou par
aes représeutaos, par les pouvoirs qu.e sa constitution a
établis pour faire la loi; la loi, c'est la volonté nationale,
ainsi que l'a dit son premier magistrat dans le Conseil
d'État : et c'est pourquoi elle est la seule puiuance que
des bo~mes libres puissent connaitre; o'est pourquoi eeux
qYi concourent à faire la loi s'ap.pellent citoyens, c'est-à-
dire ·membres de la cité, individus dont la réunion com-
pose la république, et qu'elle reconnait pour ses membres
aux conditions que sa Charte constitutionnelle a fixées;
ils sont 1ujet1 .de la loi, parce qu'ils ont concouru à la
faire, et ils ne peuvent être appelé,s que citoyen1, précisé-
ment parce qu'ils ne peuvent être sujets que de la loi.
Mais après avoir rappelé ainsi Je caractère de la loi et
des citoyens qui ne reconnaÎllent qu'elle, ai-je besoin
d'ajouter que la loi doit être sacrée pour le juge, qu'il ne
peut Imposer qu'elle, et non ce qu'il en pense, aux. citoyens
qui la réclament; qu'il doit rester dans le silence lorsqu'elle
n'èo est pas sortie P ·
Le juge qui jugerait dans le cas où, l'exige le projet de
loi que je combau, commettrait le crime q&J'il serait
chargé de punir, ·c auserait le dommage qu'il serait chargé
de réparer : le citoyen ne peut être sujet à la loi que parce
qu'il l'a enfreinte, et le juge l'enfreindrait pour l'appliquer.
Assurément, si l'on est coupable pour enfreindre une loi,
comment quaU&era-~n le crime de celui qui 1upposera

....__________..._..__
-·--- ~ ~
.

--:
l'es.istence d'une loi pour agir sur quelqu'un ou aur quel-
que chose? C'est ce crime qu'exige le p~jet de_ loi et qu'il
exige d'un juge.
Il faut ·1e répéter, tribuns, c'est surtout ce principe de
l'origine souveraine de la loi, qui fait de son texte la règle
préèise et impérative des jugemens dans une république;
celà est tellem\)nt v"~i, que, partout 011 la loi a eu ce
grand caractère, elle a eu cet empi.-e supr6me et ittéais- /
tible. Asaurément, la république romaille n'avait pae lea
même• élémensque la constitution anglaise., e\ ce o'estpu
la simplicité de leurs élémens q~i peut caractérieer l'une
oj l'autre : mais en Angleterre, comme à Rome république,
l'on. voit ce, véritaWe attribut de la loi .d'éue l'ouvrage du
peuple par lui:.même, ou par ees "'préscotans CODlltitué8,
produire le même effet, l'empire absolu et unique de la
loi •. c·es~ aussi .dam l'hittoire de la république romaine;
c'~t dans l'étude de la constitution anglaise, et dans l'ob-
servation de sea effets, que. Montesquieu a surtout puisé
see principes incontestables sur le caractère et l'application
dett lois; .Q\ ces princip~s sont ceex de tous ICj publicietes
un peu éclairés par l'observation des faits, uu peu inetruite
de ce qui se pratiquait autrefoie et de ce qui lie pratique
aujourd'hui chez les nations libres; de ces publicistes,
qui n'ont pas appris dane leurs recherche& vertueuees à ae
jouer par de .vains sophismes des droits des homJDes et de
la souveraineté.des nations. Ces principes ~rent.toute leur
vigueur chez les Romains; taot que Ja ~publique y eut ·
toute sa vie, 'et lorsqu'ils s'y affaiblirent, lorsque le préteur
introduisit la formule des actions, la république romaine
était déjà dans cette pen~e qui allait .la précipiter dans ie
gouffre de la monarchie absolue.
Al8urém.ent·.Ro?le n'était plus da11a la force de 168 ioati·
lutions et de açs vert.us à l'époque :où vécut Ci~l'OD; et
cep~dant, daoe l'accueatiou. Q0'1tre Verùe, ce grand
homm'o met au uombre de aea pripcipaux griefs l'interpré-
11.
164 DllCUlllOWI, 80TJft , etc.'

....._ que le eenounionoah1! aftlt faite d'un article de Ja


lei Vooosieane.
C'est par ce re1peot abeolu, par cette obeellMtf()n mt!tne
mioutleuee 4le la k>i, que l'Angleterre 1e tUdommage de
111.,..,eellou des aientult, el le ~ge, ponl' ainal dire ;
e1r s'il e•t tttop '1'•1 que l'l18age tl'eine· mauvaise loi est
~418te, l'ctft'et .eul de l'laterp~tatlon ett..lhill& fois plus
fetô : oa peut cMter jasqu'A un eertain point de tomber
dans tes ca• d'une loi mal ftllte; mals rien lie pèul garantit
te l'appU«!afion crane lot qu'on interprète_, encore l!ll«thts
•~ tei qui ae·•ttpliquH aans qtt'elM etùte.
Celte ftel'té d'un homttie qui fllt 16r de o'obé.ir qu'à la
loi, aetl8 ooo&anee qù'elle loi doiuu1 •aes toutt Ier aetee
de 18 Yle, ce ~ qu.'ella lul inspltie pnut eelt Hml>la--
Me• et-poul'·lui-mêlae, eont les ••tin1e111 la. plus~­
pOlH' le bonbeM tlee individus et pour lei protpéri~1-de
l'itat : e'eflt l'ob881'Vation de celr ae11timeua et de leOl'll
eltett sur l'mstence cles Anglaft, qui fait aimer, qoi rend
ttntchanee jusqu'à la ~flanlerie qu'ils mett-ent clans leur
reèbèrehe du -tex"' de la lt>l. AiHeuri 011-f!lt pé._nt auul,
mals· chut& l'interprétation dea Iole; et c'eat la pédaotetfe
d~ Anglalt 41ni vaut lbieus. ,
- Lea Aùglaia ont re_dolt~ la puli8anœ roy.ale; ita l'ont ea•
kjUl'ff de barrièrell qui u~out paa été touloun aste11 haut~e:;
~ Ha 81\1 bien plua redouté let abus de la puissance ju·
ctidalre ;· et C'elt en eft'et a-.ee ces abtJil, ·que ceux du pou-
voir ext\curtf, t•arbitrlîire vérs lequel-il tend sans cesse, peu-
veatt fomler la plus terrible aHiasrce. Cette alliadce 18Jlrèle
et cachée, comme le. merelâ par leequefa eRe agit 9 peut
steucli'é le pouvoir· exécutif ab&Qlu , peut mettre edtre aes
mains 1•.ttat, la forhyle, la 'fie des citoyens, sana qu'il•
se soietH at'e~çua 4tl ebao~aient de la c,onttitution. Volà,
èè que 14'& Tudora a.aient apf?ris au1: A1'glaia. Cu Ïd.9U·
lalree al Aers eutent des roit lfUI amtctar.cmt le ct.po1.leme;
et ila pdtent lee.aurportltr, parce que lè M&po•me 14ui ae

. ., , ,. •'=-""------
~ -
DB .... PVllLIC:ATJQ eu LOIS. l6i
mogtrè n'eat pas loag•~pt à ~rai.odlio pour dn Ùlel
forœa; là où ~ealB'voieat elleuoet bien sûres do l'abaf.&ra
quand elles ·el,l eeront laslCJI, quand elles ·le voudront; et
ceue ;eertitude let road patieo'61 : aait le 4-lpotilMn•.qni
ae gliüe à l'ombN dee loit est partout et ne .peu& êltlo
surpris ouUe pal'f;,
A l'époque où noue tommes, .élaat le mow.eot où &out
let pouvebs que la conslit~on a établis .ao..-Deoeeot letlll'
·èxütence, ~ veulent la .cimenter par le retpect '1u e.....,,..
tère qui les disJioguo, il POUS est diftioile, MGS doute , de
prévoir ces entreprises obs'Cures du pouvoir, exécutif, 1*
e.ovàhiqement ténébreux cloot l'.iaterpftlatieo des lei& peut
devenir pour lui le moyen daas leur application: maiale.s
. lois civiles , comme les lois C006titutionnellet, sont .fai&es
pour la durie de Aie temps qui altère IOPt; et lasagease d11
législateur eown.~ à ·placer flaDB son ouvrage,des pritadipee
quiprévieoaeat, qui atténuent, et non quiforlifientl'effoJt
coolinuel de ce graod destructeur.
La aagetlle du légilla&ur luj fait apellCeVoir .dans des
exemples étrangers ce que sa .situation particuUère ne
peut pas lui f.aire craindre pour lui-même oi pour 1ea COD•
t6lnporaios; et l'exemple .de .r Angleterre ·pèut noua ap-
prendre tout ce CflÙIBe nation libre doit era.fndre .68 ab111
de la.puiuance judiciair.e, c'est~à-dire des eft'ets d.e l'Jn-
terprétation des lois dam leur application ; c'est da.us :Ja·
recherche des moyeH propres à prévenir Clet abus, à lea
re.c oonaltre, à ·le11 ruoir, que les Aaglais semblent avoir
épaisé toute la .ptofo'nrleur de leur &>rte inft!lligeoee, et
toute. les ressource& cle leur sagacité laborieuse : et Ô'ell&
biea là le seotim.eat d'une nation vl!llime11t rtbre, et.dom
la liberté est devenue le développement des plus beureullOIJ
iodustriea, qui ne veut pas ttue -sa propriété, ~s travaux et
leurs produits, toute SÔn 'existence enfin, soient mis à la .
merci-cl'ane volonté indi.vidueUe, à la merci de ~a pé.uae
paniculièl'e d''uu -juge sur la lOi; maie plultlt .et Ùolque-

. ..... ·-· ~-=--=----


166 DllCUSSIOl'fl; MOTIFS ' elc. '
ment confiés à la loi,, et textuellement garantis par sa
toute-puissance. L'usage d'une mauvaise loi est funeste
sans doute ; mais l'interprétation peut faire un usage désas-
treux de la meille\H'e loi ; et quel abus peul sè comparer à
ce 1e~l effet de l'interprétation des lois, qui est de faire
vivre au milieu de la société, comme si elle était sans lois?
C'est un tléau sans bornes, uue contagion qui n'a pour
symptômes que 11e1 ravages, un mal qui se cache· et agit
;.. dans le remèdé même qui devrait le guérir; c'est l'arbi-
traire eous lei formes de la loi, et l'anarchie sous le11 ap-
paren~ de l'ordre.
. -Ainsi, par ·les effets de cette seule disposition de la loi
dont nous di11cnlons le projet, de cette disposition qui
donne à l'organe de la loi le droit de suppléer 4 son insuffi-
sance, et même à son silence~ ,vons pouvez voir, tribuns,
tous les rapports de notl'e organisation constitutionnelle se
dénaturer de p'roche eu proche; ce n'est pas eeulement la
détermination de ces rapporte et leurs garanties qui devien-
nent ~iverses, incertaines, précaires; mais le11 droits mêmes
du citoyen et son égalité, Je caractère du Corps législatif et
ses bienfaits, les. attributions du tribunal de cassation et
son action salutaire, qui s'égarent,_s'effacent, se perdent
avec la loi devant le pouvoir arbitraire du juge.
L'égalité du citoyen consiste à n'être !IOomis qu'à l;t loi;
par le dl'oit donné au juge de suppléer à son fosutlisance et
à 100 silence, le citoyen devient sujet d'une volonté pat"ti:.
cl;llière ; pour lui le juge n'est plus un magistrat; c'est .u.o
homme :qui, d'un instant à l'autre, peut exercer U!! pou- -
voir personnel sur son état, sur ses biens, sur toute son
existence; un homme dont il faut redoùter et flatter les
pa11siou11.
La permanence et les sessions périodiques ~u Corps lé-
gislatif llOnt un principe d'un état républicain et u11e dis-
pd11itiou de noire acte constitutionnel, pour que les lois
soient toujours coordonnées avec ces rapports qu'elles doi-

. -~-;...:=...:..---------- ' -- ':J


D.E LA. PUBLICATION DBS LOIS.

vent maintenir, et que le temps, le mouvement même de


la société, peuvent varier, multiplier : l'expérience de
chaque année doit apprendre au légiàlateur quelles lois
sont insuffisantes , quelles ·1ois sont néce!Jsaires; et ainsi
la législation se répa·re toujours sans efforts, et se renou-
velle, pour ainsi dire, sans changer. Les lois humaines, dit
Montesquieu, que je dois citer sans cesse pour écarter de
moi jusqu'au ,soupçon d'exagérer les vrais principes; les
lois humaines tirent avantage de leur nouveauté, qui· annonce
une attention particulière et actuelle du législateur-pour les faire
obseroer.
Par le droit donné au juge de suppléer à l'ipsuffisance
et au silence de la loi, l'attention particulière et actuelle du
législateurdevient sans objet pour les Français républicains;
la jurisprudence des tribunaux se substitue au pouvoir du
corps législalif: il y a plus, le caractère de la,législation se
. corrompt nécessairemént par les effets divers. de l'interpré-
tation; mais comme le juge n'a jamais besoin d'une loi
pôur rendre uri arrét, ·le même abus qui rendr~it néces-
saire la correction des lois, la rend toujours impossible :
ainsi le. corps législatif perd à la fois, et la pins grande par-·
tie de ses attributions, et le droit qui ponvaitfo mieux faire
apprécier son·existence, ei bénir le retour de ses sessions
périodiques.
Et que l'on ne dise pas que les droits du Corp11 législa~if
sont stipulés et garan\is par la défense faite aux juges de
prononcer sur les causes qui leur .font soumises par ?JOÏe de dis-
- positions générales et réglementaires; j'ap~rçois fort bien com-
ment cette défense réserve dans toute leur intégrité les at-
tributs du rouvoir qui a fünitiative .des lois; mais je ne voiit
pas qu'elle réserve rien à l'exercice du pouvoir qui a seul
le droit de le11 décréter.
Quant anx citoyens, ils pe!dent tont au lieu 4e gagnel'
quelque chose à celle défense de prononcer par V<Jie de diipo-
sition~f générales et réglementaires. Puisqu'il faut dépendre de
D.HCUUIOJf8, Jl'OTUS, etc.
Jjl woloAlé .du Juge au lieu .d'êlle 119~ ~ .i.. Joi, .c'e~ ~P
~va~e,.aaua don.te, tue le Juge .a•~ppae et vqu11 fa~
,eonoakre la :rèale Pill' l~qut;lle il .lui plairil de vous .juger;' ·
;U taut,~ieµx qu'à l'exemple du préteur romaiu,.il diJe ~
~'ltv~e comment il interprète la loi où comment ily au,..
Jllé~, ~ .d'être en proie ~ ~e interprétation ur~e
cwanœe .le• .penste• "i\IÎ peuvent .le .iiuccéder dans 8(Ul .,...
,prit, que .d'étro eo proie à uu ;a.rbitrllire de \OU• lea io1til01.
Pour le iribuual de caa1ation, qui. eat des\ioé à cuaer les
jugemeu contraire• au1: lois et à m.arquu aioai· contiauel-
lemeot aux tribunaux cette route où ils doivent suivre ia
ju#.ice, quel usage pou.rra-t~il faire de son pouyoir sur des
Juge.mens rendus dans le aUence de la loi P lis sont trop
dig~ . d'.uerc.er Cd&e aulorit.é t.Qtélai.re des droitB de l1l loi,
AeJ magistrat& qui composent le lribooal .d e .cas.atioo, p~ur
imiter jamaisle juge doµt on leur sou~ettrait un 111'~,il·
.WO ~t : ils s'ab&Ueodra.ieot, ~t ils ~e J•oudraieo.t pa!J
_.,œprometb:e leur propre caractère e~ ·ou\:>liaot ce.h u ~e
la,loi, qw doit ~tre leur règle positiye,.-ov.!frJable, p°"r ,la
défcmdre.
Je oe auppose a:ien, .tribuns; je tire des conlléq~uce11, er'
il ue faut pas croÎl'e'fU'ellea soient.exagérées.; c:e n'est qu~
l 'a.porÇfJ.~8 réaultats.oéce&IWr~ d.u •oit oooné aa .juge.
supplél("'ti finsuflisance et ail silence des lois. Çu ~ul~atl
"-~ ' '
llO~. :cëi:taAua, &i le1 j.uges reçq,i•&.,t uo .pareil .droit. Dira-
Wu:i .q u' ils twurraieot le recevG~ et ~e pu ~ abuaer PMait
icl .l'ue.gc:o,&& l'abUB: l'exercice teul du droit réalise lOQJat
lftl-~f{uen<le4il que j'en ai .tirw. Dira-t·oa .q~ le. j.ug~
ne .l'eiu~11Ceriont ~P et :pou~uei d<>nc le leur donner.?
•a.i11 ~ue di8-jc .moi-mélne? La ·loi dont .nou1 dil®tM•
la. pr.ojet punit le juge qui refuserait, qul .IUspend~t
l'exercice du droit qu'elle lui donne; elle le .déclare coupa·
ble d'un déni dt( justice. .
S'il était donc poastble, l.rUlw\a, que ie projet soum.ûl à
v.otre diaou1aioo deV:lat .11oe lo.i, une aeuAe de '811 (fï.spo.i-

J . -~---..;.?iilil?Ell
... .....- -•.,... Ïlillllll1Eii"j.'_ _:_
· - ~ --~ ~
DJr· L4 PNL1CU.10lf iD.Bi ,J,.Qi5, .)6g
.J.i~ 1,"1qArajt ~~~ir.-.eQtJa.d'80J8•1ÛMtÎOD dn .11yii,.
· tè~e total fJe.la co.11~ et tle ·la llépabljqwl·fr.auçaise;
e& :OChmalheur affreux oe 9erllit pa.a ,l@ "8UL C~ oopoei..
ü~ fait pb• fiUe .d'effaœr -le Co«k .civil auquel ou l'auo-

qie.; elle fa.il.de ce Code UOllvel aliment de toua ·les abm
. qu'il Mait datioé à guérir : la divenüé .clca juri1p11odeaou
•'en aug...,,te; l'enapicle des coutullle8 .re~t en France
toue.le nom d'uugea; il y a .au&aot de juaticea en France
qu'il .y a de .manières 4il'éreates d'intetlpréter des mêmes
Joie. Tout devient commeotair.e pour cette ioterprétatiou ,
et tout ce qui s'appe~a la légiaiatiou de la monarchie, et
lowedes lois révolutiouoail'A!lt, eJ toulee le1 paaion1ehe...
.daent des titr.ea et trouvent ..del clroit.s :dans .ce ehaoe de ·
contradioti<>111.
Quels e8'at1, tribuns! è quels cla~eN ils e~ ù
fortune et tôule l'exiateooe cJea J<'raoçaid quel abm ~del
pour le déseloppement de to111 le1 gemret d'iDllu81lrfe , pOllS'
les œla&ioa• tlu commerce natiollall Si la diM1Bité des j •
r..illlprudeacet et la maaaiae aclmiuiatl'alion ù le julltiee
furent comptées autrefois en France au nombre Ales pria-
cipales causes qui rendaient sa situatioo .intérieurosi diO'é-
rente de la prospérité intérieure de l'Angleterre, que · ne
faudrait-il pas 'redouter de la perpétuité d'une pareille cau.è
• que d'autres aggraveraient encore i> N'est-il pas vrai que la
foi des transactions s'affaiblit par l'incertitude de11 fOltnes
et l'ü;utabiliLé des ac.tes? n'es,t.-il ~vrai qu'alol'8 ce~9U­
wepient .de travaux et d'in.dus~iea, qui met, po'Ur ~
;w
dire holQQles e.tles cbolef dans une circulation eontJ,.
JWdle, ~·décourage, a'arrtte; que la p.rqpJ"ié\é ~ei'rit0r­
riale •'appàunil par le dépédstement des a.Jtr.es,, que Ja
~rre même perd ses produit& avec ·~ moyeos d'exploitiJr
tion?
Eh quoi J ce. rçpo!'\s de la famille et de la nature, ue
.o.nJ-ce paa 1911 Joja .ci1ile.s q~i ies cou~creo.t et les gar.a,o-
t~i P Cu .ra.pp<>r.r.• si ~loux ., tt -<}out ou nous parle avec
DISCtJ88101'8, MOTIPS, etc.
un accent religieux, ces aft'ectioos profondes qui en nais-
aent et dont on veut que le. inspirations salutaires soient
nos méditations m~mes sur le Code qui doit; en quelque
sorle, en être dépositaire, ou veut d'avance les faire sortir
de ce dépt>t sacré 1 Prêts à les confier à la.sainteté de la loi,
on les place dans la dépendance du juge 1 Enfin, tribui111,
on substitue à la simplicité des lois de la République la con-
fusion des jurisprudences monarchiques, à l'uniformité
.. des rapports la diversité des garanties, à l'égalité des droits
·les, préférences de l'arbitraire, et au règne de la justice
l'autorisation de tou11 les abm.
Sous tous les rapp<>rts qui composent la société, au nom
de toutes les affections qu'elle protége et qui l'affermisseo t,
par tous les intérêts qu'elle garantit, comme propriétaires,
comme négocians, comme ciloyena, comme hommes, les
Français ne veulent et ne peuvent être soumis désormais
qu'à la loi'; et, interprète de leurs sentimens; le Trib,unat
doit rejetêr un projet de loi qui· les priverait de tous les
avantages de leur indépendance et du prj.x de tous leurs
sacrifices.
Je vote ée rejet.

OPINION DU TlllBUl'I' CURÉE r


l'OUI!. LE l'B.O>l<T.

Tribltlls , en vous développant les motifi, qui ont déter-


miné le vœu de la commission, noire collègue Andrieux a
montté un trop bon esprit pour n'avoir pas porté lui-même
le fort de la difficulté, et le point pTioclpal de la di11cunion
qui ·nous occupe, sur la partie véritablement essentielle d.u
projet, c'est- à.:dire sur l'article qui est relalifau mode de
rendre les lois p11hfü1ue11 et c:r.écutoire11.
En effet, 1<-11 véritahl~11 débats entre nous ne peuvent être
que là : car des remarques grammaticales n'en sauraient
ex~iler de h ien sérieux; et quant aux considérations tirées,
' .

DB LA PUBLICATION DBS LOIS.

ou de l'fücohérence de certains articles, ou dè l'inCOlivé-


nient de quelques définitions, ou du peu de rapport qu'il
y aurait entre le projet que l'on nous présente, et l'ouvrage
auquel il servirait d'introduction , toutes ces considérations
doivent être euminées, discutées, et elles l'ont été déjà.
avec force. Mais, après cela, quel e11t l'examen essentiel
d'où le Tribunat-doive faire dépendre un vœu d'adoption
on de rejet? n'est-ce pas l'examen du mode traQé dans le
projet pour donner à la marche des lois, une fois rendues,
cette.notoriété qui avertit tous les intérêts, prévient toutes
les surprises, et ne laisse aucun prétexte raisonnable à la
proposition d'erreur ou d'ignorance?
Or, si le projet remplit cette condition, l'aura-t-on at-
taqué d'une manière solide, en 'disant d'abord qu'il' n'est
pas à sa place là où il est? et pourquoi i' parce que la ma-
tièré de la publication des lois n'appartient pas plus au
Code civil qu'au Code judiciaire, qu'au Code criminel,
qu'au Cade comm.ercial. A quelle branèhe de la légi.Iatioo
\'Oulez-vous donc qu'elle se rattache; èar il faut bien qu'elle
11e trouve quelque part? Il fallait en faire le sujet d'une loi
· séparée , laquelle aurait développé l'article coosti~ûonnel
sur fa promulgation des lois. C'est là précisément ce que
fait le projet dans l'article proposé. Il est vrai que ceUe loi
se trouve· en tête du Code civil, mais la raison en est bien
simple; c'est qu'on va commencer par le Code civil l'ou-
vrage complet de la législation fr~nÇaise ; c'est que le Code
civil, attendu depuis si long-temps, sera le premier mis à
CJ:écution; c'est que, sous ce point de v\1e, il cet de la ·plus
haute importance de. régler avant tout la 1panière dont
s'exécuteront des lois qui vont toucher tous les rapports
sociaux. Je conviens av~c vous que le principe de la: pro-
mulgation, et de la publication des loill rentre dans la sphère
constitutionnelle, qu'il est du ressort, de Ica loi politique;
mais aussi, convenez avec moi que tout ce qui tient au
mode que· l'on emploie pour marquef, soit les d61ais, soit
.,. DUCtlMIOllS , KOTln , .e tc•

le.e aufNI oirffaataaca à Ja euite deaquellea la publioâlion


d'une loi eet prémmée avoir 6téo entendue de tous les ci-
toyeoe, en sorte que lee tribunaux 1oieot obligés i'appli-
fiue&! à cette loi les Jra1t1action1 civiles, le• action• oidlea
qui dépen4raient lie son empire ; convene&, flia-je , que ,
ktUt cela 811 intimement lié au Code civil-, à la loi civile.
Le .projet qui nou1 occupe est iooe à 18 place en tête flu
Code civil; et par là tombe un fle1 reproche• que loi. fait
le rapporteur de votre eommûaion. ·
Maintenant eumiooa1 la marche qui a été wme po•r
détenmuer oe qui forme, oe qui constate la présomption
juridique d'après laquelle la loi e1t eemée être eon11uë tle
teu1, 4lemme 1i elle nait été notl6ée à chacU11, et "VOyoos
si le mode qu•.oa a adopté. à cet égard eet , je ue iis pa•
MD• iocoovéoleos, ce ,que je regarde comme impouible,
mal. s'il at du· moioa aan1 les inco11vénien~ qu'on a voulu
noua.faire appréhender.
Aux termes de la constitution , le Premier Consol ·pro--
mulgue let lois, c'est-à-dire, doane le lignai q'1i·a...rlitla
B.épublique entière qu'une loi a ~é r.endue.
Tel est Je priacipe d'où on est parti pour prapoeer de
dffl'6ter .qu'à l'échéance de certains délais, la loi aerak
présum& a90ir été cooaue dans toutes les parties de la
France, en ect111équen.ce de la promult?atio11 qui aurait .été .
faite par le Premier Consul dane ie aiége d11 gouvernement.
Celle diapoeltioa elt eimple et toat à la fGi& pleine de dignité.
:Le Nppor.tear de la commission reconnait qu'elle eil la
.llUite immédiate et néceuaire·de rart. 41 de la constitution,
ataie Il ne Wtait pas ..anéter là. L'article 37. de la con1tj.;.
tution parle aU11i et. la promulgation .clea lou : or; c'•llt ea
lai111~nl de c6té cet arlioles,, que le rapporleul'. a pu ..
cloaaer ~re et convaincre cl"ene abeurdité palpable &a
disposition projetée. En el'et, que l'on omette cet arl. 37,
4èa..lors l'argumeut de nol.re collègue Audrieux eat insolu-
We, el voici comme oa peut le réduite à UR seu1 mot.en
I
'

DB lut 'OBLICATION .DIS J.OIS·,


0

ij3
ee "°"ant ,de la phrase ,.ême oà ee& ooo~ l'arlcle p.,...
posé •
./A promulgalionfalte par le Premi8r CoJUul, lof~ n.'m
point CO/lnuc, sera réputée crmnue, etc,
Maù o'ilst. là oe que je oie, que la pl'O~tfôn du Pna..
· mier Consul ne IOit pa• toonoe, ne fOll'nae· pMI un· terme
fiu, on -poiat cl\! départ iacooteatable, et poar 't'oUtJ prou1o
xer mon a&&ertioo , je VOUI ramène. à l'art. S, qUi·dit : loo•
décret du corps légylatif, le di.riint• jorer "prè1 soli·émùaibn,
(si. p~ Pa" _ltt Pre11Jier Coruul. Vout vbyea que la pro-
muigaûon du Pre.m- Con.W eat ft:ée coo.Utotionn.U.-
me!'t av dixième ië>œ.' Doue cette pr4>dllllption VCllllJ pré-
llfn\P. da~ le didème jc>m uo point de départ certaio ..
iaaonm)able.
Maintenant clemaadere&-voU1 quelle .era l'beun
4~ième ;out- à ~mpter de laquelle oomnaeodera à eoatlt"
•e ce

le délai ct.t il •'a,iti> je 'f'Om lépondrai qu'en matike de


légièlati«>o, de contrats, eu un mot, qu'en matière de clë-
lai!i, •tui dit le dislème jour veut dire tout le dbième jour :
en effetJ l'airticlecoà8tiiotloouel pone 41ue .t011&·dt!cret da
oorp1 légùlatif, le dixième jour aprl-8 IOD t!milaioo , est '
promulgdé par li Pnttniet Co81ul : ainsi le diaièane jolll'
q\lillUiH'émi•ion de la loi appartient tout eatier à l'~te·dé
Nt pramu98a~n? aiAai lelF délai11 que l'o• fera dépeMi«t
d'uQ pareil aote auront let1l" prelbiet' term& dans le-derniM
point de la ·d1iré'e du · tempe où Cèt acte a pu être fait. Et
a 'impor&e '?"' le P~miel' Com1ul ~ qui a le dixième jour
'911l tiat~er pour fa.il!• sa promulgation , pai818 la pôPler 1
une heUt"e·plut&t qu'à a~ autl'8; ear à moins d'un régi•·
mentde 1a part qui attache renrcice de la facnlt4§ que lai
d•~ue la auustitatioo à telle partie du dixième jour, ee flUÏ
alora f.etait ·C0111eroloute 1111tre présomption; à moio~ ·, di...
je, d'~o pareil "'«lement, etiusqu'à ce qu'il existe, ihle•
meoawa coostaat gar le cll'Oi&commun que la promulgation
tlran déuet le 4ttiàlM j•ur aprèt-son é.8lis8ien, embrGMao&
. .

..
. DISCUSlllONS ' "110TIP8 • etc.
Joute la durée de ce jour, les ~élais que l'on ferait partir
de·cette promulgation ne commenceraient qu'à la.dernière
heure de ce dixième jour.•
Il est donc évident que le premier terme que nous cber--
chons, ·celui du départ de !a loi en conséquence de la pro-
mulgation faite par le Premier Con11ul dans le siége actuel
du gouvernement, présente, quoi qu'on ait pu dire, une
époque certaine et déterminée.
L'arrivée de la loi aux tribunaux .d'appel e.st . l'autre
terme, et celui-tà est établi sur des données positives. Le
rapporteur en convient, tout en se plaignant de l'instabi-
lité dont est susceptible çette fixatfon. Mais fallait-il d!)nc
qu'un tableau qui marquât les distances pour chaque.tri-
bunal d'appel flt partie et fût un appendice .de la loi pro-
jetée P La chose, je oe crai.os pas de le dire, e6t été trop
ab8urde; cette détermination dei distances est uo acte de
simple réglemeut. _La loi déJermioera q~'il y aura tels dé-
lais à raison de telles distances; mais après cela l'opéra-
•. tion pour mesurer et -déterminer ces distances est de sim-
ple es.écutioo, et ne peut être que la matière d'un réglement.
Or, ce réglement une foü porté, rien ne sera phu simple -
et plui fjlcile que de connaitre l'époque et la date -précise
à laquelle . chaque loi aura COIDIDJ!Dcé a être exécutoire
dans les divers reHorts de11 tribunaux d'appel, et c'est là le
but principal que l'on devait s'efforcer d'atteindre.
A.u FCste, 11i da.os Je système que . l'on vous propose,
comme il arrive dans tous les srstèmes destinés à êtrè réa-
lisés, il s'élevait des difficultés que n'eût pas prévues la sa-
gesse du législateur, soyez persuadés qu'elle11eraient bièn·
tôt aplanies par la 6eule marche du temps et tles cbo11es.
Quoi qu'il en soit, le mode que l'oii nou11 présente na.'a
semblé beaucoup mieux entendu que celui q\li es.iste. Faire
marcher la loi vers son ex~cution &licçessive, et cela. à rai-
son de délais d.étermioés s11r u.iie écbell!l fixe des dittancea
du ·point central où 11iége le gouvel'otim.ei,it, aUJ: diven
Dl! LA PlJB,ICA TION DllS LOIS.

points où sont placés les tribunaux d'appel, est un mode


qui , à mon avis, a quelque chose de plus positif et de plus
certain que n'est un simple envoi et uue simple réception
du Bulletin des · lois au chef-lieu du départemen~, seule
formalité pratiquée aujourd'hui pour rendre la loi obli-
gatoire.
, J'ai fortement inaisté sur l'article premier du . projet,
parce que j'ai été convaincu que tout le projet dépendait de
cet article. Je vais, en fi niuant, toucher quelques réflexions ,
sur le& autres points de la discuuion qui nous occupe. Parmi
lea articles qui suivent le premier, ceux même qu'on a
trouvés incontestables, on les a condamnés dans le projet,
comme déplacés. Mais, je voQll le demande, où donc des
règles de droit. peuvent-elles étre mieux à leur place, qu'à
l'entrée d'un ~rps de droit? On a cité, .pour faire sentir
cette incohérence dont on se plaint, le principe.d'après le-·
quel la loi ne peut avoir d'effet rétroactif. Tribuns, ce ,prin-
cipe, véritable palladium de tout ordre social, a été.si, sou-
vent et si ouvertemdnt violé à de certaines époque11., qu'on
ne saurait aujou~d'hui ni assez l'inculquer, ni le répéter
a1Sez souvent. 11 appartient, dit-on à l'ordre judici~ire : eh
bien t qu'on le répète encoFe dans le Code judiciaire; il
n'y. aura pas à cela un grand iuconvénieôt. ·
Un des préopinaos s'est élevé contre l'article 5, qu'il a 1p. s
attaqué comme étant erroné dans 800 principe, et inique
dans ses effets. Pourquoi ? parce qu'il tend à priver les ci-
toyens de la faculté qu'ils ont natu'l'ellement d'être toujours
admis à prouver, contre la loi eUe-méme, qu'.un acte
qu'elle a réputé f~uduleux dans certaines circonstances,
encore qu'il soit dans ces mêmes circonstances, n'est pas
néanmoins frapduleux.
Jusqu';\ aujourd'hui tous les jurisconsultes avaient re-
connu des présomptions 1de la nature de celles qui ont fait
porter la maxime exprimée dans. l'arUcle 5, des présomp-
tions qu'ils
. .appc;laieotjuris
. .et de jure, des présomptions qui
,

L
J '6 DllC118110JllS, •O'JIJP8, etc.
ne laissaient palf de lieu à la preuve contNire. Ou .eut dé··
tndre cette doctrine; mais jutqa'à ce qu'on y eu subttitne
une autre, je coaaeillerai aus léfillateun fit se temr à dft·
· risles qui nom otrl' été tra•snlillea comme ineontèstablew,
ell oomme .;,afdl'lllao t en peu: de mot& l'eapril ,de beaucoup
de lofs. .
4 Je dirat sur l'aniole 6, que si· des Jb.ouvetneo9 oratoires ,
tenaient lieu de "raitoa,, au de11 pl't!opiaeonurai't eù rai- .
aonile s'éleveraMO foaœ•oootre la dÎllj>OlitiotJ qü&renfetmé-
det-· artio'6; oar,, dit>il·, une de 1ee• 8Uitu JeHtllblel 111&-·
rait- cl'intemrtir la.· nature d'un. des pou.Oin· conmfués ,.
de· mettllè • matière a.iTile des arbitres: à la place de
jages, et de subttitaw en matière erimioetle la faculté·de
faiN srAoe ~· .te commuer Ja ·peine an devoir rigttuteui:
d'Bpplicpaer le Code péoù l!u fair déMl,tlê conatant. Haht
.iJ..; a quelq• chote de · plu• fort que· tout cela, ett notré·
colltgueo'aurait paa manqué de a!t"a apercevoir, s'H ·dtlt
pousé ud peu plue loin liOïl Pafionltt!ment : e'est· que ée8'
jogés·dont ott iutel"ferlil'ltit «18 Ja: eot'te le caractère oonsti-
tutfè>nnel-,·ser;iient obligé• de a& ptCê~r à <lette' ioterYeniotl
sdus peiue de. forthitu..e.
J'aaftill dftml; qa~ le telbpt. ditftit' pei"lnil" de diseuttr
avec quelque étendue cette putie do discoars de notre
collègue ,.,et de vous d!mootrer combièlo ·lefl raisonoédleos
MD&foreés, ses oootéq.ueoeet outrées et Ioules ses crainte&'·
oliimériqna. M~, ·comme voire commission ne le& a pas
es:priiné~•, œ.craintes ;-comme elle n'a pas vu dans l'at'-
ticle, réfrat:ige bouleTertremtfnt·dont s'est etYrayé notre col-
l~ Cb.u:al, nous avom lieu, je pense, d'ffre ra1JSur68
entièl-emeot' même·sans discussion e•us' étendue. .
.u Eo6o, poµr parler en général des artich.- qui suivent
l'artiele pre~ier, je dirai qu'en le11 éon,id&>anl ci>nune
~le• d~ droit et comme principe• de déeitfon eu une fovle
de cas- où ils peuv«ml aonnlJt' ie point dê- l'ia&erptt'tation d.,
là loi , je lesni ÎrpuM* .util~s et'à leur plate. J'IQlttria- défi~ '

-,- _- - :;:.:.;.;.~------
DE LA PUBLlf!ATIOft DBS 1.018.

seulement que l'éoohatnement en eût été plus considérable.


J'ai prouvé ai.Uenn que le mode proposé pour auurer la
publication et. l'exécution des loi8 "8t facile, simple ~
avantageux. , .
J'en vote l'adoptioo.

OPll!UOl'I DU TIUBlllf COSTI!, ..


corna u no.nrr. ' l

Tribuns, la France n'avait point, n~ pOint en9ore tine


législation nationale. . ..,
Les coutumes, les usages des·peug,lee qui composent au- ·
jourd'hui ce ttste empire, et qui .couvrent!son immense
territoire; le droit éerit qui dérive des lois woinaines; les
ordoonauces, les tt.fdeœens, les actes d'une ptli•sance es:.
sentiellement ar~itraire, formaiQnt une complation bizar·
rement contradictoire, où chacun était tenu de rec&ercher
les dispositions qui régissaient le ca~ton qu'il habitait, et
où les juges re.cueillaient pénibllement les principes des dé-
cisions incohérentes qui ·devaient tourmenter en sens ·in-
verse,. et comme étrangers les un11 aux autres, les sujets
d'un même royaume, les membres d'une mêlfle société.
La révolution, en abolissant ~rtie de ces lois et cou-
tumes '- et en eu conserva'!t une autre partie, a apcumulé
une multitude, je pourrais dite innombrable, de nouvelles
lois, non m~s dift'91es 'et. incohérentes·: en sorte que la
législation en France est devenue uu labyrinllie inextri-
cable, un véritable chaos.
'.[el était, èt l'Europe s'en étonne, tel est encore l'état
des choses chez une nation qui compte p~urlMJt qÙatorze
siècles d'existence.
Ce n'est pas que, durant cet espace, les ~ançais, sous la
monarchie, fatigués de ce mélange insensé de loi~t cou- .
tomes, la plupart informes et barbares, n°'en aient en divers
temps réclam~ la réforme ou rabolition.
vr. l!I

l . ---- ~-~ --~ ..


DISCUSSIO!IS' KOTIFll' etc.
Mais la forme d'un gouvernement qui· reconuaissait une
division de sujets.en troi11 otdres, et qui admettait de11 dis-
t(nctlon1 et privilégœ fondé11 sur cette division même,
po9vait-elle comporter un plan· d'uniformité? ·
Ce n'est pas enco.re que, depuis la conyocation des no-
tables , ies assemblées nationale& qui se aout succédée11
aient mécennu qu'un des grands bienfaits de la révt>lution
1le11ait être qfl Code général, et qu'elles ue se 110icnt souvent
occupées des moyens de le créer;
Mai• pouvaient--.Ues se livrer efficacement à f f tra•ail
important au mili,eu des criseli politique., dilon1, duraol
. la tourmeate révoldtiqnnaire P
Pour ooosotnmer ce grand œuvre, il fallait la ee111atioo
de toute• dwilioos intérieures, l'oubli-de toutes lei haines,
il fallait a.. calme des pa•ioos.-Eqjin , pOUT el'Mr une
législation raisonul.le, uojforme ·et complète, il. fallait at-
\eiodre l'époque où 11ou1 11omme1 parvenus avec ·tant de
0

gloire et de bonheur.
La loi dQnt nous discutot111 aufourd'b11i ie projet e•' re•
latiwe à la p1~blir.atio11, µu.r e.ffets, et J.l'opplication des lois en
général.
Cette premiere pierre de l'é.Ufice à · oonatruire· est·elle
convenablem~~1l préparéé?
Est-elle solidement p0sée?
Clest ce que nous avons à ~xaminer.
Le premier. article, en rendant · 1~ loi eUc:utoire datas
tout le tel'llitoire français, eu vertu de la promulgalion d•
Premier CoDSul, adme~ un temp11 progre11sif, dana lecf\Jel
la couoaiuanee de celte promulgation peut parvenir aux
citoyeu1 dcw,.déparlemen&.
D'après le titre mé~ de la loi, cet artidte doit concerner
la ·p~blieation ...
Os, f'y ohel'obe quell8 est œue publication ;. et la loi se
tait: - .et l'article coueaci:ë à la publication n'en indique
point le mode, n'.en règle palot la forme; enfin, ne pre11cri1

~ ..... _____ ~

--~ -
Dl! ~ P11BLICA TION DJIS LOIS. 1 79

point ae publication réelle ' - et la promulgation de la loi


par Je Premier Consul est supposée publication dans tous
les départemens.
Ainsi, ce qu'on entend par publication ne serait què
fiction; et la pfé.omption dans les départemena, qu'il y a
eu promulgation d'une lm à Paris, softirait pour rendre
obligatoire l'acte présumé loi. Non." Ma raüon ne peut
adopter cette idée.
Le rflot pablicatio11 doit avoir une véritable signification.
La publication doit être un acte public, authentique et
notoire.
Elle doit êtrê matérielle, ·et telle qu'elle puisse trana-
mettre la connaissance effective et efficace de la loi.
Enfin, la publication ne peut être une abstraotioo.
Admettons cepemlant que je sois dans l'erreur :
Eb ltjen ! la ·promulgation par Je Pre.inie-r Consul ilera
C\m.Wérée comme publication générale dans tous les dé-
partemens. ,
· Fidèle obserrateur des lois de mon pays, je cherche à
les connaitre p_our m'y conformer.
J 'ai su par les feuilles périodiques qu'il a été présenté
par le gouvernement un projet de loi, que Je Tribunat. l'a
discuté, le Corps législatif adopté ' .et que le Premiere'onsu'
l'a procla111é Joi-.de la l.\épublique.
Je demande maintenant où est le texte de cette loi.
Où' obtiendrai-je la conviction que ce 'que les papiers-
préteatent ,comme loi n'est point tronqué, ét est fidèle-
ment rendu?
Et A.'il en existe plusieurs venions, où m'a~surerai-je
quelle csHa-véritabl6?
A. quel eàraetère, enfin , recoonattrai-je le régulaltur-dc
0

mes actions, la base des actes que ~ dois conli:acibr?


Mais, dira-"-oo, des di'P09itions ullérieu~s suppléerout
au silen~ d.e la loi sur ce point important; il en inter-
viendra ~écessairemcnt qu! déclareront que les formalités
12.

·--
if\o llISCOS~IONS, llOTlf.S , etc.
u11itées d'insertion au Bulletin, d'impression, 'l'affiches,.
d'envoi aux tribunaux el administrations, leroot cons~r­
vées, ou qui y apporteront les changemens et modifica-
tions que la nouvelle législation rendra indispensables. ·
Vous penserez silrement, mes collègues, que <ies formes
salutaires étant inhérentes à la publication, ou étant elles-
mêmes la publicadon , elles devaient faire partie de la loi
sur la publication.
Autrement le projet que noue discutons ne serait point
ce qu'annonce son titre; ce ne serait point un projet sur
la publication des lois.
Il serait absolument sane oàjet : car il ne contiept pas
même de disposition qui puiue être le type d'arrêtés ou
réglemens propres à régulariser la publication.
Je paeee au paragraphe du même article qui détermine
l'époque où les lojs deviennent oblfgntoires dans l'étendue
de chaque tribunal d'appel, d'après la distance q11i . se
irouvera entre la ville où il siége et celle de Pari11.
C'est-à·direqu'une 6xation au88i importaQte, qui doitêtre
invariable, et porter' u_n caractère de solen~ité, dépendra
d'une combinaison de distance, d~viendra affaire.de calcul.
Mais toute• les difficultétl que préaente l'applicaiion de
ce prro·cipe on.t-elle11 été senties i>
La paix, un système commercial mieu-x enkmdu vont
rappTocher les hommes, rendre leurs relation& pius éten-
dues, Ieurs liai11ons d'intérêt plus multipliées.
Cet ordre -41.e choses rend uijle, sans doQte, la oonn1i1-
sance de chacune des époques où là foi est devenue obliga-,
toire dans les diverses parties de la l\é(Sublique'où l'on peut
avoir à traiter. ' .
Or; je le demande , quel bon1111.e 'peut acquérir cette
co~naissllnce, les époqb~s devenant.au88i multipliées qu'il
y a de tribunaux d'appel; et cependant quel préjudice ce
défaut de ooooaislfance précise ne peut-il pas Jui faire
éprouver?
DE LA. PUBLICATiON DES LOIS.

Plusieurs roùtes conduisent à la même ville ; elles diftè-


reat cependant ·e ntre elles de plusieurs myriamètres, et la
· plus.'abrégée peut n'étre'pas celle des courriers de cor-
respondance. Sur laquèlle de ce~ deux routes sera graduée
l'échelle qui doit senir de fixation à l'époque où la loj sera
obligatoire ? ·
Un pont nouvellement jeté sur une rivière crée une ·
route qui n'existait li\ilS, et rapproche de Paris les départe-
mens qu'elle vâ parcoti1·il'i\in chemin perc~ à travers uue
montagne évite un long circuit : encore un rapproche-
ment, le· passage par bac d'une rive à une antre, le tralet
d'un bras de mer, peuventkiter une ronte•de vingt, de
· trente myriamètrètl, calculera-t-on la distance sur-la route
ainsi abrégje? ·
Certes, il se pourra q,ue des départ:mens éloignés de ·
Paris aient cles lois avant qu11 en existe dans les départe-
ined'ê les plus rapproch~s; et c'est ·bien là ..uaé inconve-
.
nance 9u'on ne peut con·sacrêr par une toi. '
.
•Le même article «Wtermine encOt"e quê la promulgation
sera réputée conn';le dans le tribunal de Paris, trente-
six heures après sa date : mais le re11~rt de ce tribunal
n'est pltll invariablemc'nt fixé; 11 peut'être convenable d'en
ét~dre le tefritoire, et alors les t1ente-slx heures devien-

. . .
dront uo délai in~uftlsilnt. •"'
Il oeut être ouvert, dans eertains départemens, quel-
qucs "' nouve1lel
4
routes
'
plus directes, et" conséquemment
plmi ahrégées 4ue les routes.actuelles : ~ne ode ces routes
qu! rapprocherait fespace qui se: trouve entre deux villes
oil si~gent des tribunaux d'appel, changerait les distances
qui existent maiiltenant entre Paris et dix a~treli chefs-lieux
llc tribunaux d'app~l: foilà'donc les délais pour l'exéc&tion
des lois changés sur partie du territoire de la République.
L&'délai de trente-six heures dans le ressort da tribu~al
d'appel de Paris n'est 1lin1i fixé que parce que Paris est lè
siége du gouvernement. Il n'est pas présumable, mais il
DllCUUION8,, •OTIPS, etc.
e1t possible que, dans quelques circonstances, il soit tem-
porairement transféré ailleurs; en ce cas, le délai de trenle-
1ir; heun;s ne serait-pins fi.xalion41>our le territoire qui c::om-
pe>Ae le tribunal d'appel dé Paris, lftais le deviendrait ppur
le reQOrt de la ville où serait le siége.du gouvernement.
Je pourrais contil}uer les citations-de circonstances pro-
bables qui déraneeront les combinaiaons établie. sur les
distances. actuelles. •.
liais il suftj~ de celles-ci pom•e tonvaincre que le délai
progre19if jetterait confusion et incertitude où il faut •r'*
et stabilité.
L'on peut ob;ecter, •ans doD&e, que dans des cas atraor-
dinaire-. une nouvelle loi apporterait à cet article les cban-
gemen's et modifications convenables.
Loin de nous, tribuns, toute idée d'existence fu~ure de
lois qui changeraient Oll mofifie~aient le Code national.
.
Qu'il so~ fitit pour des siècles ! • .
Disons-le aonc. En raatièWe de publication, où tout est
.
importa~, où toat doit être d'un <ltoii rigoureux t l'èpoque
où les lois deviennent ~ligatoires doit étre fixée , invaria-
ble , constamment ,détermioée.
Elle ne pe11t, elle ne doit être la(l&ée à l'incerti41de des
combinaisons qui prêteraient d'ailleurs à l'arbitraire.
En \'ain dir*-on que l'article premiertlu projet indique
suffisamment le moment où.ce i!élai commence'. ·
Le point important est dC) ~on naitre cekli. Où il finit.
Et commeq,l parvenir à cette 41onnaiNianee dans un Çtat
de choses aussi compliqu~ P
Comment, au milieu de tant de coofü11ion, d'inoerti-
tude, présumer que la loi, ou pl~tôt que l'époque où la·
loi ett obl,igatoire est conuue 4les oitoyeus P s;omment les
punir de ce qu'ils ignorent, ce qu'ils ne peuvent savoir, ét
oc qu'ils ne sont pas à po~ée de connalke P
Commeat appliquer la règle rigoure~ de cet axiome de
droit : lgllQrantia jurù neminem <'Xcusat.

,;; - -
' - ,_ - ~, ..........._. _
........__........__,_
-
DB LA. JVllutATJOJr DES LOJS, J83
Je di• donc, me• collàguee, rartille prGpoeé n'eat point
admissible pour obtenir le caractpe de loi; il doit être
réfonné.
I.a dignité de11 lois et l'in~rèt de toua réclament une
publication elfeeti•e et tme fiUIÏOP d'époque, telle que let
lpis deviennen' obligatoires au même il)stao& sur tous les
pointa de la llépublique.
Eu vain , opposerait-ou à ce vœu de délai uniforme
qui rne parati 11i généralement exprimé, la crainte quo la
~nuaiuaoce de la Joi, parfenue dans Jes départemeos _
éloignés de Paris long-&eaips avant sa publication , ne
.donn4t lien, en certaines ciroonstailcea, à quelques abus.
·Quelque sy11tème que l'on adopie , ces abus ne pourront
jamais êlre extirpés : car ou ne pourra empêcher, quel-
ques précautü:>n11 que dicte la prudenee, que l'existence
· .d'qne loi Pe toit oon11ue avant 1a publication officielle.
Et sana.doute il a été reconnu qu'il ne pouvait résulter
de bien graves ioconvénieos de cette connflfuance anti-
cipée, puisque la constitution a admis un délai ealùtaire
de dix jours eatro le décret .du Corps législatif et. la pro-
mulgation du Premier Consul.
Or, puisqu•on ne peut empêcher que pendant ces dix
joun , préeédéa d'une discu11wo eolennelle , la oonuais-
.saooe de la loi oe s'étende dans les départemevs:
Quel danger à·ce que ce délai se trouve prolongé dans
les dépar&emens voisins du siége du gouveroemeot de dix
à douze. jours, c'eat-à.~dire du te.Ppa suffisant pour faire
parvenir la foi daos les dépa•temens les plus éloignés?
llait, objecte-t-oo, l'exécution de quelques loia. sur les
fioapcès 4oit euivre rapidem.,t la conoaiuaoèe qu'on a
de leur prfm.ulgation; autrement ce serait une source
féconde de epéoulatioos frauduleuses.
J'allai& ..Vponàre : Si quelqueai lois en ce genre, et ~iles
.seront rares , exigent en effet une rapidité extraordinaire
DJ8C11UI01118 , IR>TJPS , etc.
d'exécution, elle• pourront compre~dre en elles un mode
particulier de mise à exécution.
Mais, retenu par la constitution qui •eut dix jours de
suspension avant la promulgation pour toutes les lois en
général' je répète : Quelque système CÎ\le l'on adopte' n
est des incoovéoieos qu'on ne pourra prévenir. ·
En vain, dit-on, une fixation d'époque unique est Im-
possible.
feut-on l'étendre a~ colonies des Iodes orienta.les, oc-
cidentales P le peut-on même aux Iles françaises de la Mé-·
diterraoée et de l'Océao P - Non.
Mais l'article 91 de la Constitution 'répond à l'objection
quant aux colonies, en dêtèrminant le régime èolonialpar
· des lois spéciales.
Quant aux lies françaises en Europe, il est évident qu'il
conviendrait de leur. appliquer un mode particulier.
le dis donc, fixation d'époque unique pour le territoire
français continentai.
• J'appeile votre attention, mes collègues, sur l'article 2:
• Lll loi ne dispose que pour l'avenir, elle n'a point d'effet
• rétroactif. 11
C'est bien là un précepte ; il doit être inviolable, sacré ;
qu;il reste gravé dans nos esprits l mais ce ne denit point
etre UD article de l~i,
C'estunprécepte, maitpour le législateur; il n'est point
pour le juge.
Il avertit le premier qu'il est oootraire à la raison et à ·1a
justice de faire des lois rétroactives; mais il ne dispense pat
le &econd, lors même qu'au mépris de ce précepte le légis-
lateur rendrait une loi rétroactive dans ses effets; il ne le
dispense point, dis-je, d'en faire l'application.
Ainsi, puisque le juge ne peut mettre le préeepte à la
place de la loi, et qu'il ne lui est pas 'donné d'en refuser
l'application sous prétexte qu'elle contiendrait ou qu'il la

_L _ _. ........ ·- -J
DB LA. PUBLICA.TIOl'f DBS LOIS. l 85
cro.iràit ~ntepir rétroactivité, cet article est super.Ou , et
par là même il est da,1gereux.
~ .
Je pa111e à'l'article 5. - .. La loi oblige ceux qui habitent 3
« Je territoire français. •
C'est Ù'n principe: de droit bie1? 'incontestable; mais n 'cst-
ce ·point s'imposer l'o~ligation de donner les développe-
mens qu'il provqque, que de l'!riger en articl~ d~ loi P
Et puisqu'il est de la règle générale des d'ations que les
lois Dè sont faites que pour ceux qui habitent le pays où
elles existent, ne suffisait-il pas qu'elle restât gravée dans
le Code '1es droits des nations P •
L}I réil.action eJI loi d'uD' principe qui admet que la loi
oblige c,eux .qui babhent le territoire~ et qui ne prévoit
aucune exception; apporte l'induction que la loi n'oblige
pas ceux qui n'habitent pas Je territoire ; Hès-lors il peut
faire ..naitre' les inconvéniens que les préopinans ont re-
tracés ..
Mais, dit-on, ou pla~a des exceptions dans d'autres
parties du Code. - Je répondrai d'abo~d, pourquoi ne pas
plac61'f'ex~ptioo à côté de ia règleP-oubien ,-si l'ordre
des matière• exige impérativement que l'exception soit
pl~céé daoe quelqu'autre partie du Code , ·pourquoi ne pas
annoncer comme devant subir excèption, une dispoei.li.on
que l'olf'recoooalt en être rigoureusement susceptible, et,
faute de ces expressiontl , sauf les exceptions qui seront ·ap-
portéea, induire e9 eri:eur celui quï.ëonnaît la loi et qui ne
connait point l'exception P •
Je dirai, eu second lieu, ce ·projet de · loi devant être
exécuté uant que.l'eii:ception puiese être convertie en loi,
~l y aura donc uo. espace de temps durant lequel la règle
générale aaaujétira indistinctement tous. · ·
Et il y aura ce double inconvénient : d'une part, les
agens en ~rance d'une puissance étrangère seront soum.is
à la loi de France jusqu'à ce qu'il y ait exception, s'il en
doit intervenir; - et d'autre, les ageos françaie résidevs
186 1>lttCU8SIONI, MOTIF8 , etc.
en pays étranger 11erout soumis à la loi étra,,gère e11 atteo·
daot l'exception qui doit les concerner:.
•p. J Portons nos observations sur l'article 4.
• La forme des actes est réglée par les lois du pays dans
• le11uel ils sont faits oil p(llllé&. • ·
Ou eetle di!!poaition. s'applique seulement à la France,
ou en général à tous les paf•·
Si elle 1'appti•1ue seulement à la France, elle est insigni-
fiante et absolument sans objet, puisque la forme des.ac t~s
eat une dans l'étendue de la République.~ ·
Si elle est applicable.à tous les paJll, elle exige tant de
développemens que, coD'sidérée isolémeJ.!t et telle qu'elle
est présentée, elle est plus dangereu~ ~u'utile •
. La jurisprudence observée ju1t1u'à ce jour a.considéré
leii actes paHés en pays étranger1, devat les officiers pu-
blics, comme actes sous seing-privé en Franoe, c'est~à­
dire, n'emportant hypothèque eJ n'étant titre paré.
S'ils continuent d'être considérés comme tels, qu'im-
poite leur fori;ne ? ,.
Entendrait-on qu'en 0pposition à la jurispr.Aldence ac-
tuelle, les jugemena rendus en pays étrangers auront en
France foTce de chose jugéei» Mais, je le demande, cette
conséquence peut-elle se tirer des expressions de l'article!
ne devait-il pas plus littéralement es:primer l'iuttmtioo do
la loi P
Dans quelle inoertit.pde, dans quel .embarru \IOot 18'
trouve! les juges et les parties, en attendant la nouvelle
loi qui établira plus clairement ees points importaos?
· Car cbacuo donnera à cet article l'extension qui lai aua
favorable, précisément à cause.du vague qu'il contient :
- et ne perdons pa~ de 'Vtte que Je proje&, s•it e1t ad.opté,
aura son exécutiOn dix joun après aa conv8"lon eo loi;
qu'ainai il doit s'écouler un espace de temp.1 avau& que lea
dispoaitioos q~i doivent néceesairement en contenir Le
cU-.ektppeoaeat aoieot promulguées.

-- ----..............:-_
_ ~~:_-· ___.....____ .,,.
-- -~
DR ,LÂ PUBLIC A TJON DB& LOIS.

L'ariicle 5 porte;. ••· s


c Lorsque la loi, à raison des .circonstances, aura réputé
• frauduleux certain.s actes', on ne sera paa admis à prou-
• ver qu'ile ont été faits sans fraude. •
Cet article, tel qu'il eet rédigé, et d'après l'appncatiou
qu'il préeente, offre uAe disposition relati«i à des ca~ par-
tlculieri.
C'est dire qu'il n'aurait point dt\ trouver 11a place au
rang des diapoaifions qU.i ne concernent que des cas géné-
raux.
Il y a -p1us, l'article, par la lettre, semble exclure ·cer-
tains aatrea. cas , qui, d'après l'esprit, paraitraient devoir
y être compris.
·Je m'explique :
P.ourquo( l'article n_'aclmet-il point à prouver que des-
actes que la loi, à rai~n d.. circonstances, répute frau-
duleux, ont été faits .sans fraude?
C'est par la ra~on qu'bn ne doit point être admis à preu·
ver contre la présomption de la loi, c'est-à-dire contre ce
qu'entend, ce que veut la lei.
Maia cette règle ne doit poiut être spéciale ; - elle doit
être généralisée.
Par exemple, il est évident que, quand une loi est deve-
nue e~cu&oire, le11 actes qn 'elle régit doiTent être confor-
mes à ses cliapositions, et que ceux qui s~raieot contractés
au mépris de cea mêmes dispositions, et en conformiaé de
loi8 antérieur~&, doiveat Acre frappés de nullité.·
Or, je le demande, serait-on admis .à la preuve qu'aa
moment où l'on a fait l'acte oa ignor.ait la loi, que .même
il y avait impos11ibilité .physique qu'on la ooonW i'
Salta doute les 1ribuoauit rejetteraient use péY'eille pré-
tentiGD, et :se fonderaient 8W' ce que les délais ,_,u la pu-
blica'\ion u.oe fois expiré•, la loi ~st l'épUlée connue ~e
toua, et est obli8atoire.
Si tels étaient lies jugemens, et ils· ne pourraient être
188 DISCUSSIONS. 11'.0TIPS. etc.
autres sur pareilles prétentions, il est doacf de princip~ qu'on
n'est point admis à prouver èontre ce que présume la loi ..
Ce n'est doue pas seulement dans le cas prévu i>,ar l'ar-
ticle 5, que de telles preuves ne sont point admissibles,
mais,eh général, dans tous les cas où des actes sont 41éclarés
formellement nnls par la loi, sur Üne présomption quel-
conque, lorsque la présomption qu'elle établit est le fon".
dement unic1ue de l'annulation qu'elle prononce..
Il résulte '1e ce raiso1inement 11ue;s'il esirigoureusement
juste de ne point admeltre de preuves contre cc que ta loi
présume, l'article 5 est insuffisant, puis11u~il ne s'applique
point à tous lès.cas; et si on l~envisage uniquement quant
à son ob!et particulier, il n'est point à sa place.
Passons à l'examen de l'article 6.
Il porte : .. Le juge qui refusera. de jug~r s3'us pré"1te
• du silence, de l'obscurité ou de. l'insuffisance de la loi,
• pourra être poursuivi comme coupable de déni de jus-
• tice. •
· Arrêtons-nous au premier mot. - Le juge.
La disposition ne présente aucune distinction.-Entend-
on tous juges indistinçtementPNon. - Car, aû criminel,
les juges ne peuvent juger que lor~ue le fait est qual~fié
de délit par la loi et puni comme tel. ' '·
· Parle-t-on uniquement du juge civil, l'article ne dit
point assez; car ii y a mêmes motifs d'appliquer Cf{tte dis-
position au commerce; et le projet étant intitulé : De l'ap-
plication des lois en génlral, comment cet article ne co11cer-
nerait-il'q11e les loi11 civiles en particulier? .
• Il eût été mieux, ce me semble, que l'article eût exprimé
quel juge ou quels juges il entend désigner.
Si, pour ne pas arrêter le c0urs de la justice, il est sage
d'obliger les juges, en cal! d'insuffisance, du silence,,ou
d'obscurité de la loi , de slatuer d'après les règles d'éq'uité ,
la principale raison en est que la loi ne devant avoir a·e«et
rétroactif, il ne peut être autremeut statur.
DB LA PUBLICA.TI01' Dl!S LOIS. 189
Ca.rH ne se peut qu'une qnestion,àlaquellè il n'y a point
. de loi appliçable, soit détermiuée .autremt!nt que par un
jugement rendu suivant les lumières et d'après la con!l-
cienc«11 des juges, ou par une disposition Tétroactive.
Mais en adoptant le premier parti, c'est-à-dire l'injonc-
tio.n au juge.de prononcer sur ces questions suivant l'équité
et d'après sa conscience, la loi doit prévenir, autant qud
poMible, les iuconvéoieos de cette jurÏllprudence arbitraire
contre laquelle plusiêurs opioans se iont élevés avec tant
de raison.
Et ce serait 1ao1 doute un moyen d'atteindre ce but, ou
au moins d'en approcher, que d'enjoindre à tfmt tritmnal,
toutes les fois qu'il y aurait .jugement rendu d'après la
consciênce et les lumières d5l& juges, en cas de silence',
insqJJiRance ou obscm-ité de la Joi, d'en référer. de suite .à
l'autorité chargée dt l'initiative des lois.
Alon le gouvernement, averti à l'instant du mal, 1erait
mis à Pc:>rtée de pourvoir au remède, en provoquant une
loi qui statuerait pour l'avenir sur ce qai n'avait point été
prévu jusqu'alers.
Ce •11ppléQa\Ut à l'article6 eo justifierait~ selon moi, les
dispositions.
Je termine ici mes observati.ons. .. •
Elles contiennent les motifs qui me, portent à voter le
rejet.
OPllUOl'I' DU TIUBUN FAVART,
OOllTH 1r.& P&OJ&T.

Tn1>uns, ce n'est pas sans peine que je prends là parole


pour ~ombattre le·premier projet de loi qui n()us est pré-
senté sur le Code civil, et cette peine a !ljl source da os l'ad-
miration dont ,j'ifi été frappé pour l'ensemble die ce même
Code,où·b rilleot, dans uae belleordonnanca, les vrais prin-
cipes de Ill morale publique ; mais plus cet édifice est digne
des l'Nnçaïs., plus il honare ceux qui l'ont élevé, plus il

·.
DJ&ColJSSIONS • MOTIFS. etc.
importe à la gt•e de se11 ·a uteurs, à la gloire des Français
même, que le défant du frontispice disparaiss&.
Les développemen11 donnés {'ar les oratenn qui m'ont
précédé me ·fout un devoir, pour ne pas abuflér 4e yos
momens , de me renferdler dans la question lfi'incipale que
présente le projet, c'est.-à-dire , celle de savoir &i le mode
' de promulgation proposé est admissible.
Je ne rappellerai pas ceux déjà établÎll par les loi11 des
!I novembre 1790 , • 4 frimaire an I!; et u vendémiaire
an IV : je passe sur-le-champ à l'article premier du projet•
• Les lois, dit-il' sont exécutoires dans tous le territoire
•français , en vertu de la promulgation qui en est faite
• par le Pr~miei; Consul.
• •Elles seront exécutées, clans chafJuepartie deia l\épu-
• blique, du moment où la promulgation pourra j être
«connue. 1 .

• La promulgation faite par Je Premier Consul s~a ré-


• putée counùe dans tout le ressort du tribunal d'agpel de
•Paris.; trente-shr•heures après sa date, et dans tout le
c ressorl de chacun des autres trib1,maux d'appel après
c l'espiratiou du même délai, augmenté t.\'a.utant de fois
•deux.heures qu'il y a de myriamètres entre Paris et la
" vifte où chacun .te ces tribunaux a son siége. •
Cef artic1e confoqd la pro~ulgation qae fait le Premier
Consul, et qui est un droit attaché au pouvoir exécutif,
avec la publication qui lloil à l'avenir appartenir à l'auto-
rité judiciaire, et dont le but est de faire cennaltre officiel-
lement la loi à ceux <1ui doivent lui obéir.
La promulgation qui· émane du Premier Consul, et
qui ne doit ~tre faite que dix joun après que la loi, a été
adoptée par·le Corps législatif, est une manifestation au:
thentiqu.e q'U'elJe eHt l'expression de la VOlODtt généllllle.
Cette promulga\ion est le '11ceau dont la loi doit être revêtue
pour porter anx yeux de ·tol18 ~ caraetère de force et de
puiesance qui. lui appartient, et qu'eHe doit avoir pour
DB LA PUBLICATION DES LOIS, 191
.1 '

faire ployer ln volonté individuelle au jeug de la volonté


générale.
Mais quand la loi a reçu cette manifestation, quaod·elle
est imprimée de oe aceau, elle ne peut pas tlevenir obliga-
toire à l'instant même. Le projet que je oombat1 Je dit,
pui1qu'il renferme la fixation d'un délai entre la promul-
gation de la loi et le moment où son exécution doit cem•
mencei. U loi n'a pas de fora: eiœcutwice par elle-même:
elle ne p«1,ut la tenir que dee tribunaux qili en foot l'appli-
calion , qui en ordonnent l'exécution. Elle- doit donc être
envoyée officiellement aux tribunaui, parce que le& tri-
.buoaux doivent la ~ooattre offici~llemeot pour l'appliquer _
et la faire esécuter.
If faut que le fait de la réception soit conataté matt'riel-
lement par Îa présentation qu'en fail Je commiuaire du
gouvernement, et par la publjcatioo qui en e1t faite dana
µne séance publique, et consignée danii lea. registreJ dei
tribunaux.
C~lle publication dans chaque trib~u.;d a un autre objet:
cUe-nvertit lea hommes voués par état à consulter: leurs
. cou citoyens, et les citoyent eux-mêmes, que la loi lxiste
avec tous les caractères qui la coustitueut 1-0i.
Ce n'est réellement que de cc moment que fa lqi est
censée co11uue 1tet il faut qu;eUc 110it ceu~ée connue pour
ponvoir exiger ,.pour pouvoir commander la soumission à
sa volouté supr~mie. · · .
C'est cette forme !!alutaire el bienfaisauté qui, distingue
la loi d'un· peuple libre, des actes arbitraires qui émanent
11Ccrètement de la volonté do tyran qni règne su·r,un peuple
d'esclaves.
Le Français n'aprail·il pas Je droit de dire qu'il n'et1t paa
soumis à uoe loi qu'ou n'a pas daigné lui-faire connaitre
par toua les.moyens possibles qui étaient dans les mains du
eoovernemeot, dbn• le premier devoir est d'éclairea: les
eomcieoces. atant de co~mander auX volontés P

. .. . .
··.. · ...: .
i 92 DISCUSSIONS ' ·JIOTtPS ' etc.
Dire 'JUe la proaulgation est un~ublicatioo , c'e11t con·
fondre les idées. La publica~ion qui se fait par la promulga-
tfon e&t, si j'ose le dire, muette, et n'instruit pers0nne;
et il faut qile lâ l~i chez un. peuple libre reteotin~ partc;>ut
où Io citoyen doit eo aller réclamer la protection. Il faut
que le citoyen ait le droit de dem!inder à chaque tribunal
le bénéfice de la loi, et qu'il puine lui dire : vous la con-
naissez, puisqué vous l'avez publiée; faile11-mdi jouir des
droits qu'ellt m'Accorde, et do.ut vom avez protQis de me
faire jouir .eo m'en faisant entendre lea dispositions litté-
rale11 par la publicati'on que v~uw eo avez faite. ·
L'a~licleque-jediecutene prend auclJlle précaution pour
que la loi arrive da&s les tribunaux; Il dit seulement qu'elle
sera réputée connue dans chaque ressort de trib~gal d'appel,
trente-six heures après la promuJ!ation du Premier Cou-
sul, plus deux heures par myriamètre tle distance de Paris
aux yilles où Jiégent les tribunaux d'appel.
Mais ce délai e11t oirdinairement écoulé av·ant que la loi
promulguée ait passé du sec~tariat du gouvernement à•• ce-
lui du ministère de la justice, pour y être visée par le•mi-
nist~, ·copiée et transmise à l'lfuprîmerie nationale, pour.
être insérée au BuHetin . .Ce n'est pas moitié du délai iodis-
penqble pour que les fribunaux aient reçu officiellement
la loi. On veu.t donc qu'il11 soient obligée de l'appliquer
avant d'avoir la certitude officielle de soa-existenee et de
sa teneur P et comment aussi punit' lencitoyens de ne s'y
.
être pad soumis avant que personne la connt\t et pût ._
connaitre dan'11 le pays ?
.
·
On ololjectc que déjà la constitutfon suspend la p•·omul-
gation de la loi pendant dix jours, depuis son émiuioa , 'et
que les d\\lai11 accordés de plus par le ~jet, joints à ces
dix jours, sont au-delà du temps nécessaire.pour que là loi
puisse être connue partout.
La force de l'objection repose sur la supposition que les
dix jours d'intervallê preecrits par la const.itution entre

••&~.-~:.. ~~"--ac=-- ) ·-.


l>E LA PUBLICÂTlON DES LOIS, · 195

l'émission de la loi et."' prômuJgation ; soat atiles pour


en répandre la connaissance; or, c'est là une mépriee évî-
deate; les journaux. appl'ènoen&, il est vrai, à la France
entière, daas les dix jours qui suivent l'émission, que le
Corps législatif a adopté une loi sur tèlle matière : mais
apprennent-ils aux citoye09, ce que cette loi leur eomma·o de
et ce qu'elle leur déf~d' ee dont ils doivent s'abstemr et
ce qu'il1 ont .à faire pour tJ'y coutOrmer P, chacun y· voit-il
dittioosement Ms obligationa et les peines auxquelles il
&'expfie en contrevenant il une loi dont Io titre aeul ·lui est
coeôu, et dont les joornalÎ!ltea indiquent tout au plus lea·
bases principales, souveat d'une manière)nexacte? ,
.D'ailleurs, la loi ne doit-elle ·pas êtte égal~ pour toûs le1r
Fr.an9aia, soit qu'elle puuisee,· soit qu'elle protége, soit
qq'elleattrihue des dreilll, soit qu'ells impo1ede1 obliga-
&iona P. Le parent qui sera appelé exclusivement· à uoe suo-
cession le premier nivose, si elle s'ouvre à Paris, ne doi..,il
pils y tibe. appelé également si elle s'ouvre Je même joM à
Bàioone ou à Nice P Ne serait..: il pas absurde que Ja même
9uœession, dont les bieus seraient situés, moitié dans le·
département de l'Yonne, ressert du tribunal d'appel dè
Paria., et moitié ·dans le. département ile la C6te-d'Or ~ re11-
·f!O'lt du· tribunal d'appel de Dijon,. fût recueillie.par des
héritiers différens daus obaque ressort, paree que le décèir
ser.a it arrh1é le lendemain de la promulgation, à Paris, do
la lai qui établirait un nouvel ordre 1mceeseif? Ne serait· il'
pas· aussi absurde qu'un crin1e commis·de même lè leade..,
maio de la promulgatiou d'un oouveau Code des délits et
des peines, ou d'une simple loi pénale, eur les limites de1r
~meus do J'Y 001re et de la Côte-d'Or, fût puni diflè-
remwèot , selou 11u.'il aurait été commis dans le re•ort de
P. aria, ou wingt pu p•us loin , dans le ressort de Dijoo P
Si ,œs·coir.sidératiens 800t décisiTes pour proover le vice
du projet que. nous diswtooe, combien ne milileat..eUes
pas en f&Year du projet pa'bleoté au Goaaeil d'État, dans
v1. 15

-- - . .
~· ..
.
..,..._'° · · _: _ ,.,,.;., ~::;·\ _"'9
Dl8CUSSI01'51 MOTIP8 • etc.
la séance du 4 thermidor, dont le premier article était ·
ainsi conçu :
• Les lois seront exécutoirea dans tonte la République,
• quinze joun après la promulgation faite par le Premier
•Consul.
• Ce délai pourra, selon l'exigence des cas, être modifié
• par la loï qui t1era l'objet de la--publication. •
Que l'oa ajoute à cet article les· dilposilions néee81&ires
pour que le ministre de la justice fa~1e p811er exactement
les lois aux·tribunaux; pour que le commiuaire, auprès de
èhaque tribunal , en provoque la publication dans les vingt-
quatre heures, et pour qu.'elle soit faite sur-le-champ, le
tout à peine de forfaiture : aldn nous aurons le double
avantage de voir que, le même jour, la loi sera exécutoire
dans toute la République, et que chaque tribunal aura une
connaiuance o8lcielle de la loi avant d'être obligé d'en
faire l'application.
Si aujourd'hui les tribunaux ne peuvent plm retarder ni
refU1er la publication, il n~ faut pas en conclure que la
publication n'est pas uéccsaaire, .parce qu'elle n'ajoute
rien à la loi. Il faut en conclure au contraire que la for-
malité de la publication n'ayant pas les dangers qu'avait
autrefois l'enregistrement, et étant réellement utile, il n'y
a pas une seule raison plausible pour la refuser aux tribu-
naux qui en ont betoin,, et aux citoyens qui ont le droit de
la demander au gouvernement• La loi· est une convention
à laquelle participent toUI les membres de la société : elle
est obligatoire, et parce qu'ils y ont concouru , et parce
qu'ils la connaiuent.
, Ainsi, le mode de promulgation proposé par le projet
n'auurant, ni aux tribunaux, ni aux citoyens, la connaie-
sance certaine de la loi avant qu'elle soit obligatoire, il
faut nécessairement le rejeler, pour recourir à un mode
qui donne la garantie de cette connaissance.
D'ap"8 ce1 considérations, je vote contre le projet.

-
-~ ·...,.. :~ . . ;.;!; _I
t>E LA. PtJJILICATIOl'f Dl!S LOIS.

.
OPilllON DU ftillUN LAB.o\llY,
.
;P011a Lli ftOlft.

Tribuns, après avoir sauvé la France de tous les périls


qui. menaçaient sa: liberté et son indépendance; aprèa
. avoir, par d'inn.ombrables prodigea et d'éclatantes victoi-
res, forcé toua aea ennemi• à accepter la paix et à traiter
avec elle, il était digne du gouvernement de mettre le sceau
à sea triomphea et à sea bienfaits, en l~i donnant ce nou-
veau . Code civil si long-tempa attendu . et si ardemment
d~iré.
Plus l'.entrepriSe offrait d'obstacle• et de ~cultéa, plaa
elle doit paraltre graade et généreuse , celle idée conçue
par. le gouvernement dèa sa naÎ81ance , profondément
mibie aa milieu même des soins et" des travaux .de la
guerre, et réal~e, en partie, au même instant où la paix
générale
1 •
.est venue couronner toua ses eft'orta.
Qui. donc pourrait ne pas rendre hommage à.la pater-
nelle sollicitude de ce gouvernement? qui pourrait surtout
ne pa8 voir, dans cet acte signalé de sa prévoyance et de
sa sagesse. le gage des senthneos qui l'animent, et la ga~
rantie qu'il s'empres11e de donner à tous ldll·peuplea contre
l'~acendant de la prépondérance qu'il a si juatement ac..
quise? En eftet (comme l'a observé l'orateur dl,l .Conseil
d'État dans &On discours d'exposition du plan de ce Code),
• La prospérité qui nait de la conduite sage d'un gouver-
•. oement rappelle au11i sea vertus; et l'on y voit une sauPe-
• gdt:de contre l'abus q11.'il pourrait faire de l'accroissement de
« ses forces. •
. Au reste, je ne me permettrai de prononcer ni sur le
plan, ni sur l'en.semble, ni sur les·détaila du projet de ce
Code, qui nous fut distribué, en ventose dernier, pour
que aoua en fi11ion1 l'objet de nos m~itations et de 001
recherches. . Je n'examinerai pas non plus si (contraints
13•

... . -l•·....:C.
l>JSCOSSIOJllS. llOTJJPS. elc.
de choisir, dans le chaos de toutes les législations, et au
milieu des ruines et des décombres ® la nôtre, les seuls
élémens qui peuvent e.,_ compoaer une digne.de la grande
nation), les rédacteurs out écarté ce qui était absolument .
étanger, et recueiUi ee qui pouvait a'ada~r le mieux à
aoo caractère , à ses mœurs , à ses· habitudea, à 101 iutitu-
tfons et à 1a nouvelle e.ai11ience politique. Outre qu~ ee se-
rait trop préeumer de mea forces que d'entreprendre d'ap-
précier, soue. tons ces rapporte, le mérite d'un aussi im-
portant ouvrage; outre qae ,nous ne sommes méme pas
ap,,el~ à le diaouter da11s son e08emble, mais dans ses
parties détachées à mes~re qu'on nous les présentCNG, je
doi~ me borDet", quant à présent, à: la seule ~ehe qui m'est
iqiposée.
Je cr0i1 uéannaoin1 devoir éuoocer ioi i•opinion que j'en
ai coqçue, d'après la lecture réftéchio que j'en ai faite et
d~prè& lee oltansemena ou modifiçatiOus qu'il a éprouffa
et <fU'il peut éprouYtlr. encore. C'est que, si ce projet de
Code (qui aufa été f~mé par la réunion de tous les talens,
par. le OODCours de toutes les lumières,·et qui aura encere
aubi au Coi.aseil d'État toutes les épreuves d'uoe profonde
et solennelle diJCussioo) n'atteint pas tou' le degré de
perfectioa dont il est su11ceptible, il laissera infailliblement
trè8-peu de choses à désirer, el que DOUll aurons sans doute
bien plus eouvent à voter l'adoption qu'à proposer le rejet
clé 1ee divereea diapositions.
C'est.d'après cette idée, et ne perdant jamais de vue ni
le doute œéthQdique. ni la sage dé&ance qui doivent pré-
aider à la 1'60herche de la vérité' que je vais me livrer à
l'examen du projet de loi soumis eu ce moment à. notre
diseU1Bieo.
lu Ce projet, relatif ù la pùblieation, aux effets et à l'ap-
ptielttioa des loà en général, est composé de huit art'ieles,
qui toue embra818nl les principaux rapports &ous lesqoels
les lois doivent èlre eonsidérées. La commi11ioa à laquelle

·--- · . - - -~
>
DE LA PUBLICATION DE8 LOIS. 19;
voua en avez renvoyé l'eitamen, et qui· d'abord a.ait cru y
apercevoir quelques motifs d'adoption, n'y a trouvé depuis
que des motif11 de rejet; aussi le rapporteur a-t-il attaqué,
tottt à la fois et le fond du t>rojet et le& diyers articles qui ·
le composent. Il n'en est pas un seul qui ait pu trouver
grâce deyant son inUexible sévérité. Il est même telle dis-
pôsition qui, quoique foncièrement bonne, n'a précisé-
ment été censurée que! parte qu'èlle fài.ait pàrtie lll1 projet
de loi, et qu'elle el\t été mieux placée ailleurs. Tout, en
ün mot, a été l'objet de sà critique; critique, à la vériM,
très-franche, très-ingénieuse' très-mesurée' mâis aussi
subtile~ I~ crois", que peu fobdée en raison.
• Ce projet, dit le rapporteur, ~st dtlj>lacé à la tête du
" Code civil.
• La plupart· des artièles qui le compoient ne sont pas
• dell ilrticles de loi; ce sont des principes énoncés; ce sont
• dés axiomei de morale et de jurispmdence.
• Ils ne 1ont point ordonnés e~1tre eux; ils ne sont .rap-·
• proché1 -iue par la jus:ta-posltion' et l'on pourrait même
.. lea trto8poaer, dans kt 8érie qu'on leur a donnée, sans
• qu'HB y pam88erit plus on moins ii1cohérenf!, plus ou
a hlolns li.\is l'un à l'autre.
•Le premier à cea articles, relatif à la publication 'dès
• lois, ne retnplit pas •n objet, puisqu'il n'êtablit aucun
• mode de pubUtJatioo; qu'il Beralt trop oompyqué et sou-
u .eot imvratfcàble; qu'il obligerait, dahs certains cas;
• les magistrats et les citoyens à l'eftcl.atiôo de loi11 qui
• leol" seraient fhcoriuues; qu'il prêterait à des variatioo11
• eontinaelles, loft dao& la date de la promulgation, soit
• dan1 ta fb:atlon des tU~tànces; qu'enfin , au lieu de cet
11 article losufti•ol, une lof unique, mais complète t

• èérüt nécessaire pour régler le mode lie publicatibn des


• lois.
· « Qaant au1: sept autres articlçs, les uns doifeitt être
• reovàyés à d'autres pro;ets ; les aul~s ne sont que des

•• • _•!"'
DISC1JSSI01'5 • •oTIPS • etc.
• préceptes, des principes de droit, et non des dispositions
• législatives, et plusieurs offrent des vicés etisentiels de
« rédaction. -
_ c Enfin, ce p~jet n•est pas digne de servir d'iiltrq_duction
• au Code français. • ·
Les orateurs qui ont.parlé dans le même sens, en renou-
velant les mêmes objections contre l'ensemble et les détails
du projet, lui ont adreué de plus sérieux et de plus grues
reproches.
L'un deux, en soutenant, comme le rapporteur, •qu'il
n'y a, dans ses diverses 'dispositions, ni ordre, ni ·mé-
thode, ni classification, et qu•enes sont toutes ou déplacées
ou étrangères à leur objet, a prétendu ·encore- queï'uue
d'elles est en contradiction directe avec les premières rio-
tions de la justice et de la morale, en ce qu'elle declare
eertains actufraaduleuz, et n'admet pas la preUPe qÙ'i/s ont
été faits sans fraude, quoiqu'il soit pourtant vrai qu'une
preuve doit toujours _l'emporter sardes présomptions; que
l'article 6 attribue à tous les juges un véritable pouvoir
arbitraire dont ils pourraient abu'ser, soit en matière ci-
'Vile, soit 'en matière criminelle, puisqu'il ieor est or-
donné de juger, dans le silence de la loi, suivant les seules
règles de l'équité, sous peine d'être poursuim comme cou-
pables d'un déni de justice; qu'enfin tous les articles de ce
projet, contenant des dispositions · constitutionnelles ou
réglementaires de la constitution, il n'est pas au ·p0uvoir
du Corps législatif de les adopter. •
Un autre orateur a attaqué le projet dans deux de ies
dispositions. Il a p~tendu c que le premier article conte-
nait une hérésie politique et une atteinte directe à la consti.tu-
ti.on, en ce qu'il y est dit : Que les lois sont exécutoireli ·en
'Vertu de la promulgation; tandis qu'elltfS ne peuvent l'ttre
que d'après cette promulgation. Il a prétendu ensuite que
prescrire aux _juges de juger, quand la loi eit muette ou in-
softisante, o'éta1t lee autoriser non à appliquer, mail à &ire

--;.::-· -
a

-".
-w.-;. ·
I

DB LA. PUBLIC.&. TIOJ!f DBS LOIS.

la loi, en y substituant leur volonté arbitraire'. Il a ter-


miné en soutenant que Je projet ne pourr~it .ê tre adopté , '
saru cC,,npromettre notre liberté et notre indépendance. •
_Enfin, un troisième orateur a fortement combattu les
dispoattions contenues dans les premier et deuxième ar-
ticles. Il a soutenu • que le gou.vernement n'av~t pas le
droil .de tracer seul la fo,nnule de promulgation des lob ,
mais seulement celle 4,e ses arrêtés, oomme le Tribunat et le
.Cotps .législatif peuvent auui seuls .régler celle de leurs dé-
libérations; que la premièze 4e·ces formules, qui doit être
coQimune aux ~is . branches de la puiasa~ce législative,
ne pouvait.être déterminée que par une foi, et qu'elle de-
vait tracer celles qu'ont déjà adoptées le Corps législatif et
_le Tribunat; qu'au reste, cela s'est pratiqué dans les cinq
premières lois, à compter du 19 jusqu'au 26 nivose an 8,
mais qµe postérieurement ce mode a été chaugé par.le gou-
.v ernement,.aans le conooW'8 de11 autres autorités, qui au-
raient dd participer à ce changement; qu'il est convenable
aujourd'hui de rétablir légalement ce mode conservateu'r
· de l'indépendance des pGQVOirs, et qui doit servir de ga-
rantie: contre l'abus qui pourrait résulter d'une marche
contraire; qu'en un mot, il faut faire une loi sur la promul-
gation des lois, et que "'projet ne cqnsacrant aucune Jormt4e de
promulg41ion, il doil par cela seul étTe rejeté.» .Passant ensuite
à If disposition relative à la rétroactivité 1 il a manifesté les
plus vives alarmes oontre l'abus qu'on pourrait faire du
principe qu'elle consacrait.
Tel est, en raccourci, le tableau des imperfections , des
défauts , des vices, des incoostitutionnalités , je dirai pres~
que d.ea attentats qu'on re~'1e au projet que nous dis-
cutons.
_ Ici, .mes collègues , je ne puis me défendre d'uoe dou-
lourewie riflexion.
Qui aurait privu qu'un projet de loi destiné · à servir de
portÜ'Jue au majestueux édifice qui s'élève sur les ruines de I •
1
I

1100 DUCU8llOW8 , MOTIFI , etc.


notre ancienne législation , aurait la fatalité de rencontrer
d'ausei i11eurm0ntables obstacles, d'éprouYer d'au11i for-
tes conliadictioo1·, de u'étre même pas jugé di6fle d'y fi·
gun1r, et d'en être écarté comme un intr«s par 188 seRLinelles
a11ancties .qui doiyent en pr°"ger ou en défendre les àppro-
chea, en diriger ou en.1urYeUler la distribution ~ Qul aurait
pensé que ces prémices d'une production qui -a coüté et
qul colltera encore tant de méditatiQJls, de veilles, de tra•
vau11:, de &Oio11 et de aollicltudes, pourraient être envisagées,
dans le sein du Tribunat, comme l'ouvrage de la n~gligence
011 de la méprise, de l'imprévoyance 011 de l'erreur il.•.
A Dieu ne plaise que j'entende 'inculper ici,. ni le rap-
po•leur de votre commi!Jlton, dont la oenéure a été ai dé,.
~nte et 11 me1urée, ni lei autres adyerèalrea du projet, qui
ont ét~ emportés pal' un zèle outré peut--être , mais qui ,
par cela même, ne peut qu'honorer leurs sentimen11. Je
rends, au contraire , un sincère hommage à leurs talens,
. à leun v~rtus, à leurs louables intentions; et s'il était vrai
qa'iLI eussent dépa11é les bornes d'nne sage et judicieuse
critique, je les plaindrais de s'être égarés, mais je n'en
respecterais pat moins la source d'où proviendrait leurs
écarts.
Je ne me propose point de suivre pa11 à pas ces divers
ol'ateun, ni dfi réfuter toutes leurs objections; je n'en ai
ni le tempa ni la faculté. Je snpprimeral même tout• la
parlie de mon opinion où j'avaitt tâché de justifier chacun
des article& du projet, et cela non 11eulement ponr ne pas
abuaer de vos précieux momens, mais encore parce que
les orateurs qui m'ont préoodé à cette tribune on' rempli
celte tâche beaucoup mieux que je ne pourrais le faire. Je
vais donc exclu1iveme11t m'attacher à défendre l'attiele
premier, relatif au mode de pl'Omulgation, comme tbr-
maot l'objet le plus •mportant. du projet Il& lei, et celui·que
l'on a attaqué avet: le plu11 «le force. J~ termitJerai· par·quel-
ques réflexions générales.
DÈ LA. PUBJ.U:ATIOlf DB LOlS, 20 I

Discussz'on sur le premier article du projet de loi.

Et d'abord, pour bien apptécier le nouveau mode die pro-


mulgation q\le cona3cre- ce premier article, on doit bien
se ·gàrder de remonœr auii: temps- antérieu~s. Il faut , IU
contraire, se fixer inv~riablement snr le11 eirconstancea ac-
tuelle!, sur les cba11gemens qu'elles aéce11sitént, et sur ce-
que preserit la loi fondamentale ·tle tontfl& les autres. .
Voyons donc quel est à cet égard levœu- de la Coostit11-
tion : mais', uant tout, convenons une bonne tbis qtte, si
l'on doit bannir de notre Code civil toute espècé de déft-
âition, il doit du moinlJ m'être permis d'en faire usage
dans là dlscu11ion à laquelle je vai11 me livrer; tiar, tin
bonne logique, il est impossible de raisonner èonliéquem-
meut, si l'on ne commence par définir lé11 'él'mé!I et )lat
bien fixer les idées.
L'article 41 de la Constitution potte : • Que le Prémiér
•Consul promulgue les lois. • Or, qu'eH-ce que pr0t11ul-·
guer les lois, dans l'ordre de ahotes actuel, si ce n'eitt ieur
imprimer le sceau de la publicité pour qu'eUe11 soient ~o­
loires, et que per110nne (qu'on me passe l'expreBSion) n'en
puisse préteRtlre r.ause d'ignora1tce i' Donc, d'après le vœu de
l'acte" constitutionnel, la publication de Ill loi ne doit s'o-
pérer qu•au' moyen de la promulgation qui eh e~ flllte par
le Premier Coo11ul.
En effet, s'flétalt ftai que ta promul8'atfoa et la publi11a·
tion des lois ne fue11ent pas une seule et même chMff, et
c~mme on l'a prétendu, l'une n'était que la con11éqt'rencé
d'
de l'autre, certes le paéte social n'eftt p3s manqué de s6 en
expliquer. li n'et\t pas manqtté tte dire qiHJ la priomulgation
devait être sui•ie de la pt>blication, ou que, du moins, ellè
ne serait, sans cette dern~rt, qn'une formalité MOtlll"ILI,.
pour rendre ]a loi obligatoire , mais (DfïUffi!la~te pouf' lui
deoaf!r le caractère de pubtieilé e& pour 'étl wmmatièer
iOll DD~UUIOWS • MOTll'S. etc.
l'exécution ; car sans doute le pacte social a voulu et dQ vou-
loir que lea loia ·f~uent publiées, puisque la publication est
indispensablement nécessaire pour les rendre exécutoires.
Mais s'il a ·vou~u et dQ. vouloir que les lois foaeat pu-
bliées; et ai pourtant il n'a exigé que la promulgatioa tàite
par le Premier Consul , il a donc néeeseairement êntendo
que ceue prom.ulgation. aePAit la publication elle-même •.
Supposerait.;.on, malgré .lent, que ce sont. deux choees
tfèll:diffél'eoles PAlon; non.seulement la Constitution l'eût
dit, mais je soutiens qu'elle·edt dtUe.dire; pour empêcher
qu'on_ ne les confondit et pour ôter ainsi tout .prétexte de
disaentû:oent sui' un objet auui'impol'tant.
Cependa,nt elle ne fait aucune mention de ce·genre de
publicatiea que quelques.oNteurt pl!étendent dift'érer.ca-
sentielleinent de la promulgation .. Le mot puhlitauûm;ne se
trou•e même paa'd~ns l'article qui attribue au P1'$11Ïer.Cofü
sui le droit exclusif de promulguer les lois. Le silence iiu'elle
garde à cet égard est doue la preuve la plus parlante, ·que
la promulgation et la publication· sont deux chosea identi-
·ques et abeolument les mêmes; ce quL est d'autant plus
vrai, que, dans.la supposition· contraiie·, la pl!omulgation
n'opérerait rien p- elle-même, et blesserait.ainsi l'indé-
pendance de celui de qui seul elle doit émaner.·
M,is si ce droit r.éaide éminemment dans la personbe du
premier magistrat de la République; s'il lui est exclusive-
ment atfribué par la constitution, comment poul'l'ait-il en
partager l'exercice aYec qui que ce fdtP Comment lui serait-
il permii même d'y aasocier les autorilés administrativea et
judiciaires P
Et cependant ce serait. là le résultat oécenaire do droit
de ptiblicaûoo que les adversaires du projet veulent accor-
der à ces autorités; apparemment pour suppléer à la p.ré-.
tendue insuffisance de la promulgation , peut-être même
pour y apposer le sceau de la légitimité.
Et en vain diraieo~-ils, pour éluder cette couséquence,

-.. -
- . ·-
•s--- -~ -. -:- -·-----·
c .....
• l
-~'

X
DJI LA P1JBLICA TIO!'f DB& LOIS, 203
que la publication n'est pas la promulgation, mais unique-
ment l'acte extérieur qui la -r~nd publique et notoire.
. · La dUliculté resterait- toujours la même.
D'abortl,--il.o'en serait.pas moins con1tant (dans,le sys- .
.tèlµe·que je combats) qu~elles seraient toutes deuir; telle-
ment·liées, tellement cohérentes, tellement inséparables,
que l'une ne pourrait exister, oi rien opérer sans l'autre ,
et que par conHflueo t lei autorités à qui l'on aurait conféré
ce droit de publication, ne· pourraient l'exercer en au-
cune manière' sans néceuairemen~ participer à l'acte de
promulgation , qui pourtant doit 1eur .être absolu.ment
étranger. 1
Ensuite ,'qu'entend-on par l'acte ~tér~eur de publication
qui doit :rendre la promulgation publique et notoire? Quoi!
la promulgation,.uniquement destinée à donner à la. loi _le
-caractère de publicité; aurait beaoiu elle-même d'être pu.- ...
bliée ! Elle n'a été imaginée que pour constater ou garantir
l1existen9e de la loi ea pour la faire connaître ; et elle .de-
nait.empruater un aec~urs étranger pour se faire cau.ti(Jn-
ner elle-même et:pour ae faire con na Ure à son tour! Quoi !
l'on voudrait que ces autorités secondaires publiassent de
nouveau ce que le chef dq pouvoir exécutif a déjà rendu
public; et promulguàssent en quelque sorte promulgat.ion
elle-même! .....
. Mais voyons donc, collègues, à quel ~cès _de ridicule et
à quelles absurdes conséquences nous entrainerait un pa'."
reil système 1
Il me parait donc évident, d'aprè1 l'esprit et le texte lit-
. téral de la Charte oonstitùtionnelle, que la prom~tt;ation
n'est et ne peut être autre chose, dans la nouvelle.hiérar-
chie, que la publication elle-même, ou que du moins
celle-ci est ·pleinement suppléée par celle-là. Ce qui est
d'autant plus incontestable que, s'il en était autrement, il
s'y trouverait une lacune sur l'objet ie plus important de
la législation, et qu'une telle imprévoyance ne peut pas se

... . ·<-1_ ; ~
bl8CtJHtOl'8 , JIOTl1!'8, etc.
suppoeer·da•s une ~onstitutfoo où brillent à ta fots la·plus
grande 1age88e et les plus belles conceptiorrs.
Maïa quand on llupporeraft 'fue le t>~ sC)Ciàl ( en se
bornant à dëcilarer que le Premier 'ConRul ptomulgue les
lôia) n'a pat entendu lè di!lpensèr de remplir ûn-e forma-
lité ·s ans laquelle là' t>romulgatiôn serait 'taine ou Illusoire,
toujou1'1 M!réit-il certahl qu'elle aurait dù moifts ~servé àu
pouvoir légitllalif la faèulté de tracer le mode dé p'Ublica·
tlon ; qù'afnsl la lof pourrait incontestab\ement décréter
q•ie la publicité qui résulte de la l*okh\Jlgation équivaut
à celle que produirait tout autre ttiode, et que celui-là· t1e-'
rait préférable qui ré.u nirait tous les avantages et obvierait
à fuus leR focoo\'énfem1.
ol-' tribuns' c'est précfsêmént ~ q\ii •nus l!lll pro~sé
par le paragraphe prettiier du prell\ier article du prttjet,
,qui pUrte : 11 Que les lois sont exl!cutofres; dabs tout lê ter-
• ritoire français, en vert'a (a) de la promulgation qui en
• est fai~ par le Premier Consul. •
Ainsi donc, à moins qu'on ne •eollle sûbstituer Uil mode
at'bitraire à ct!füi què lâ Conlllitùtloo a textuellem~nt fn ...
diqUé, on ne pt!ut discoil'\'enfr que la f()i ne deviehne pu-
bliqtiè et obligatoire aus~ittlt qu'elle est prontl:llgu~e.
A là vêrit~, fi est indfilpetisable d'llcilotder, A dater de
l'époque de cette promulgation, un délai su8i89Dt p<>ur que
lia lof puisse êfre connue sut IM divers 11otnbi dtila Ré1>u--
btlquè, ab 1"omenl ot) elle doit' 1 être ètéëutée, et c'eSt i.t.
quoi le même article a sagement pourvu.
Mllis U n•~n "8t pat· mt>ins lncüntestéble ttue; ëe délai
9'.tiiré, fa ptiblfüation doit être réputée auski entièrè, aussi
t«tltlpl~te, aussi notoire pour tootès' les partit!s du territoire,

(•)Un .i.. ptéop!- . ... llt•-p rtoti• ra l'omploi de ce mot. La loi. •·t·il dit, 11'eor
pa. edcutoire en. oerlu d• H promulgat ion , mai1 en Hrtu de re qu'elle c•f foi. Hait c'esl là uu_e
etftbt. Ll loi tll 11111 doute coniplète ànnt 'a pi6mfl!gtfioit , na11 ell~ ne pf'ut ftre ei~cutf~
1•'au lllOJh 4e eerM' prabudpliou. Ce e'etl donc p• ea •·fa fl.c ~• q•'etle a~ lai, mflÎI •• .,.,,.,
d1 ce qu'elle est loi promulguée. qu'elle devient edeutuirt. Ai:!ei, ~elle obj.tedon, qu'oo a. pr~ulb
CODUDe IÎ grue 1 Il" ri-IOUt par ttttf' simple obtenation.
DE LA PUBLICATION D6S LOIS,

qu'elle l'eal pour le ebel-lieu où sié~ le gouver.nement.


Et quand ~e parie du délai qui doit 1uivre la promulga-
tion ,.remarqueJ; bien~ trib1;1a1, que je ne dis pas qu'il est
indiipeu~blemeat. oécel&a'ire pour que l.a loi soit col'llUU!,
mais seulement ·pour qu.'clle puisse l'étfe, de maaière que
f'.haque citoyen ait. à s'imputer de l'avoh- iguol'ée, pouvant
facilement se cettiol\8r de aon e,xisteoce et s'assurer de ll6ll
dispoaitiODI!
Or, je aoutieDS qu'u~e &eUe promulgation ,-oulre qu•epe
est dans_le vœu de la eoµatitution, douoe à la loi tous les
caractères de publioi~é dont elle est susceptible, et qu'ainsi
eUe prodt>it tout l'etfet·qu'elle peut et cloit prQduire. D'où
il suit que J'enYOi de l~ loi aox autor.ités jadipiaire1 et ad"'.
minist..ativea, la riilppresaion, la transcriptionet.l'afiàohe
serai~nt moins le complément de. sa publiealioo qu!une
véritable superfétatioq., qui serait plus dangereuse qu.'utile.
Je dis que ce serait là uae \léritable superf~tation : et -en
effet (comme l'a dit M. Tronchet, dans la disouuioo qui.a
eu Ueu au Conseil d'État)', • il ·faut distinguer ici le fait de
• la théorie : la théorie e.t que- les lois qe sont oblïsatoi~
"que lorsquelles sont oonnues; mais-, danJ te filit, on ne
~peut trouver Ile forme pour donner eounaiasaooe de &a
• loi à chaque oitoyeu iodividuellemout. •
CeUe aq_to_rité que me fournit IB pHmier de nos Jurisco,.,.
suites (a) , je oe l'invoque pas précisément comme rigle
infaillible de déci&loo. Mais j'observe que le principe qu'il
' énonce doit être bien certai11 et bien incontestable, puis-
que aucun des conseillers ~'état, appelés comme lui à h:i
discuter, n'a entrepris de le désavouer ni de le contredire,
et que le gouvernement, en l'adoptant, en a fait une des
bases sur lesquelles repose l'arlicle du projet relatif à la
publication.
Il fant donc convenir (et en vafn voudrait-on le nier,
(•) Le Premitr Cootul , en préaentant M.. Troochtl pour ca11didat à u~f place ncantc au Sénat
eouem1eur, l'a qualifié pr•micr ~uftc 4t Pronn.
. DJSCU.SSJOl!IS ' llOTIF$ • etc.
puisqu!on.erait dém~i par l'évidence même.), ilJirut.donc·
convenir, ainsi qu'on l'a. soutenu dans l'expoeé. des motifs,
qu'en pareille . matière oa doit se. contenter, à défaut de
certitude , de la présomption morale que chaque .citoyen a pu
connaitre la loi, lorsqu'il s'eat écoulé. un. inteualle,autfisant
entre le moment où elle a été promulguée et.~lui où a .d~
commencer son edeution; et <:'est· aussi. par une ,suite dç
ce·principfh que le troisième paragraphe de l~article pre-
mier. du· projet jize le temps progressif dans. lequel. la .connais-
sance de la loi peut successivement panenir atu: citoyens des
tlépilrtemens.
• La promulgation, est-il dit, faite par le Premier Con-
• aul, sera réputée connue dans.tout le re•ort du tribunal
• d'appel de Paris, trente-six heures après sa .date., et dans
•tout le ressort de chacun des au~s tribunaux.d'appel,
•après l'ezpiratioa du ~me délai, augmenté â'autaRt de/ois
• tieuz heures qu'ily a. de myriamètres entre Paris et la ville ou
•chacun des trihunauz a son siége, •
Ce délai, et la manière dont il est calculé et réglé, a e&-
s1,1yé bien .des .critüJues; mais comme elles ont été ample-
ment réfutées par bhaéun des orateurs qui on~ parlé ,en
faveur du projet, je .crois .ne devoir. y répondre que tr.ès-
brièvement, pour .ne P.oint las-.er la patience ~u Tribunat
par d'inutiles répétitions. .
· Je:me .bornerai donc à observei: que: c'est à, to~t .qu'on
s~est plaint de .ce.que 1'$rticle premier ne fixait pas le mo-
ment. indi'visible où une. loi pou.rta ltre connue; .car si on le rap-
proche. de. l'ar.ticle. 5~ de. la Constit.ution (qui veut que la loi
soit pT(JTTlulguée "le dixi~me jour apres son émiSGio~) _et. de .la
délibél'.ation du Copseil d'État du .5. p~uviose an VIII, sur
la date des lois (qui décide que /,a loi doit dater ~jour de son •
émission par le Corps législatif) , on se convaincra que ce~
artide d~ermine, au .®nti:aire, ,ce .moment, ·et le précise
de la manièl!IP la plu!! fixe et la plus invariable.
_J'observerai, en second lieu, que cette fixation d'un

- ...
DB J.A PUBLICATION D!lS :LOIS.

délai caklulé eu raison des distances, me paralt infiniment


plus ·avantageuse et plus conforme à .la dignité de la loi
('don1 l'exécution doit ·être prompte et rapide) , que celle
d'un délai unifotme, d9nt la détermination ou la fixité dé-
pendrait-du caprù:e ou de la négligence des administrateurs
et des juges.
J'obser.verai' en troisième lieu' que' si le m<>dè atlopt.é
peut, çomme tout autre, entrainer quelques inconvéniens,
la sagesse du gouvernement saura l~s·prévenir ou y remé-·
dier. ·
Au reste, ce serait bien en vain qne, pour donner à la
loi une plUJ grande publicité' on joindrait à la promulga-
tien:faite au chef-lieu où·siége le gouvernement, la publi-
.cation dans les chefs'-lieux de département et même d'ar-
1'6Dcli811emeot communal, puisque la connaissance · n'en
devi~drait pas~ p.our cela' générale et unwerselkr' comme il
faudrait qu!elle le fé.t pour . justifier ce système : car alors'
1néme la lol &el'ait également ignorée d'un grand· nombre
de citoyens; elle ne serait cqonue que de quelques-uns; et·
cependant, on ne peut en disconvenir, elle n'en serait pu
moins obligatoire pour tous. ·
Mals d.aos ce cas ( qui ·est celui de la publication maté-·
rielle et locale), je ~ ·demande, serait-il . raisonnable de
prétendre' comme l'a préten~u le rapporteur de votre corn- .
mission,, qu'on ne pourrait.. opposer la loi a celui qui ne' la
connaftrait pas, quoiqu'il eât éu tous les moyens possibles
pour s'en procul'er la connaissance P Non sans doute; ear
on-lui répondrait avec raison, ~n'ayant à s'imp.u ter de ne
l'avoir pas çonnue, il ne peut alléguer l'ignorance invincible.
Pourquoi donc serait-on plus fondé à le prétendre dans ·
le caa de la seule promulgation faite au chef-lieu où siége
le gouvernement, puisque, au moyen du délai accordé
gour qu'elle pui11e franchir toutes les distances, il est une
époque fixe et invariable, autant qu'elle peut l1être , oi1 ·
tout citoyen a pu et d6 la connaitre?
DJSCU$SIOllS, · MOTIFS, ()(C,

Qa'on oe dise donc pas que la publicatio~ matéflelle et


li:>qale est tellement de l'essen_c e de la prQlll\llgation,, qu'elle
uc peut être connue sans elle. ou que par.elle; car il vau-
drait autant dire que la loi ne peut d.everùr publique e• obli-
gatoire qu'au moyeci d'un mode de publication· qui en don-
oeljjilit la connaissance individuelle à tous les citoyens. Or,
comme cela est abl!Olument impraticable, on est néceua.i-
reinent forc:é de recoDnaltre que .le inode adopté .par le
proj~t de loi prévient tou11 leJ iooonvé.oietia qui pourraient
résulter du mode qu'on propose, et qu'il remplit le seul
but que la loi puisse -atteindre •.
Ce, ioqonvéoie.G11, au l'Qate, tribuns, ie n'ai pas beeoio'
de vous les indiquer; .vous !ieve& tous let p~voir., comme
VQ\\8 devei; toµt fai.re pour les.prévenir.
J'ai dé,i;. dit que l'étra~e erreur daùs laqueY.e llODt tom-
bés W:Qa les adversaires du pro.jet, proMicut. de ce qu'ils
coQfondent deux ordres de choeeaabsolumeot .différeDs, .
et diâmétralemeQt contraires, 4.e ce qu'ils .appliquent à
l'un ce qui n'est propre qu'à l'autre; ea6o de œ qu'üa ~i­
sonueJil, wmme ils pourraienl et de:vraient même raison-
n~r, si DOUS étions encore ce que très-b.eureusemeot.OOllS
UODli! ~lé d'être; et il ne faut, pour se coovaincre de.cette
vérité, que rapprt>cher ce qui se pratiquait alorule .oe qui
se pratique ~ujourd'hui. ·
EQ effet~ 4lan1 ce régime qui 0:'est plua,. la simple émia-
sion de la lQi ue s.uffi1ait passaaa-doulepour qu'.eUe. det1int ·
publique Qt obligatoire; il faliaü encore que ce& grandes
cwpQfa.liQlls plaoées entre le moaarqoe et. le peuple pour
d.éft»ldre 1611.drails· de. oelui..ci, 6' modél'O· le pQuvoir de
~ui-là. ; il fa.Hait, dis-je, que. les. oours.. aoil'fei:aiQes, qui
av;lielit. une eapèe.e de vet-0 su-spi:nsif, la saoetioanas&eot,
PQU..- 1dnsl dinl, par leur &88Cnlimeat•. Voilà paur11o•i elle
lcnu· ~t admséft pour l'euresistreJ: e' Ja .p ablier; el 'DOn
seulement la loi n'c!lait ni ceD&ée. flllbliée-, ni réputéeooo-
nue, ni rendue obliga'°ire, maia oll~ n'a:vait . même, à
209
Pft»ptemdnt parler, la force au l'aak>ritécl•uue loi, qu•au-.
&aaa qa'elle était re•êtoe de la formalité del'euiesiatrement
et de Ja publiealion.
Etc.ila eat si traiqoe, quaodellea a•omtioaieut à ne pas
la remplir, le monarque faisait déployer eontrê elles l'ap-
pareil de la force pour les y contraindre. Preuve évidente
·que 1•entetJi1trement et la publication étaient alol'll la seule
et véritable promulgatien ; que la loi ne pouvait être
edeaWe 11an• elle, et qu•ain1i il ·dépendai.t, jusqu'à un cer-
tain point, de ces cours souveraines de su1peodre lea eft'etl
4«s la loi• et d'en pualyae~ memen&auément l'uécutioo.
Voilà oe qui ae pratiquait dan• l'ancien régime (a).
Mais il en· eat tout autrement dana le régime actuel :
l'émi81ion de la lof eaa pleioe et entière; elle a k>ua les ca- •
~aetèrel eneatleb qui la con1titueot, lorsqu'elle .a été
propoaée pdr'le g0ttvernement, dilcutéc ~le Tribunat,, et
adoptée par le Corp• légialatif.
Jedil plue: &U88it&t que cet bois autorité• ont eoncouru
à 8a formation , chacune ea ce qui fa concerne, elle ae
maft{ue à t•ùt1taot du 1oe&u de la volonté n•tionale, indé-
pendamment même de la promulgation qui doit en ~re
faiae, et qul n•eat oéceua.ire que pour re.n dre cette volonté
manüeato et aotofre • afin qu'elle puiue eurcer tout aon
~mpire. -
fa) SI Io .-pi ne m'eet P• ;..,d de ;..m. -i.U.. el a. re*9iacbe - ~; f'a•·
. rail ........... daM .i.e ltll>pl plu• '""'......... a. - • clo - · · · · · .......p1u clo ..... diG·
renee qui doit ezûter entre le mode de pfomulpûoo d'alon et celui qu'il con1'ieftt d'adopter •u·
r•
Jomftal. .... ...,iwal l I• llOU'f9Ue .W-ratioa C(d• I• .. peu prfMllttt Ill , eo rappel••
la ~ - de la 4'1ibUation dll CoDIOil d'État , du 1 pha•io<e aa VIII, iaMrM dma le .,. 6
.... llWJetia a.. loio. •
• Los-- •ne port llalégillltioa, mail - p• l• propclllitioadelalei; etqa-'
• il la promalpe, ce o'e« plDI eomme partie intépaate da pc•lfoir liplllit, maie -1emer
• tomaté poatoir ~et llfpatt, - Jloo•oir a'"9til: etll ~ . _ u 1dfflr '• ...,.....
• e6 ,,_..,,_...,la -""' t•• I• roi ('INlifafÎUll•I aail.,. •'it•• oo llYIO r.... p1dln
• , .. '• C....til du - ..... , .. la <0"'1ilutio• " r... c- ...........
lll. d - · -rolln
• ttaioat,..,... - - • "',......_."" l•lfl. .,-,.......,.,,.,,.. ...- .l .. ,,.......atiM :
a aUlli la loi dalai14ÜI • ea 1791 ; du jtlflf b ha 1cu;,cfWa~ et IOQI la eonatitat.ioa de l'8D ID•'" jo11r
• 4ol'ae<0p1illi...,-.1ualieioiQ,Olooàhjo•; '-•• ,i-.i,.ttn, IOlt 14r lt roi tooathtdlo.i..t, .,..)
• , . ,. D . . - ù»Mdif. • .
• .laï. - la <GllSliualioil *'11'elle. elle doit claier ;,. i- ,, ... ,....,.... ,.. ,. c,,,f,. 11,W.
• latif, don~ caoldilloa -1111e1e ............ .
Tl.

..
..•. _. _
»l 0 J>UC1JIGO!f9 ·, •0T1re • ele.

Et1a preu.e'cle ee ·que· te elfe ici, je la·trouve...dan1 la,dé. .


ii~ration du Conlleil d'État déjà ·rappelée, et qui porte ou
moll : • La promulgation •t oécealairer lllDI doute~ mais
• seulement pour faire connaitre · la loi , pour la faire
•exécuter : c'est la première conclf&ioa, le premier moyen
• de·son exécul.ion. • ·
Je la trouve encore, œtte preuve, dan1 la formule·même ·
4e promulgation déjà adoptée par le gouvernement, et qui
eat ainli conçue : • Soit la pré1ente loi "°'êtue du 1oeau
• dè l'itat, etc. •
Elle eat donc loi avant même d'être publiée, comme elle
est publique et réputée·co,nae par le 18Ul fait de la pro-
mulgation , combiné· avec le délai nécessaire pour que la
connaÎ88atloe puiue en parvenir à tous les citoyens. ,
Et en effet, tribuns, à quoi 1e réduit la fonction du pre-
mier magistrat de la.République, lonqu'ap~s &voir coopéré
à l'émÏ88ion de la loi comme partie io.tégraote du pouvoir
législatif, il la promulgue ensuite comme pouvoir exéClutifP
le voici : n s'interpose, en· quelque sorte, entre la puis-.
aancc législative et .le peuple, entre les repr'8entans qui
l'exercent et le souveraln de qui elle émane, et lui dit :
c Vous avez délégué à vos commettans le pouvoir de décré-
• ter la loi; vous avez- tracé voas-même lea formea dans l •
c quelles elle devait être émise; toutes ces formea oat·été
• remplies dans celle que je promulgue; voua en avez.pour
• garant et ma signature et l'empreinte du sceau de l'.Ëtat;
c vous serez donc tenu d'y obéir au11itôt qu'ell~ vous 1era
• connue' et que le moment sera venu de la mettre à
c ezécution. •
Voilà bien, je crois, ce qui se pratique et., qui doit ae
pratiquer sous le régime de la constitution de l'an VIII.
Or, je le demande, tribuns, une telle promulgation
n'est-elle pas la publication voulue par la Constitution P
n'eat·elle pas uoe manifestation 'Cie la loi aussi marquante
et auui solennelle qu'elle doit l'être, pour lui donner tout

At.,-_·_____ . --:..~-~ - ,. ...:..


~ ---- ...........e..~ -
""'\ -- . .. .,,,.,..~
DB LA. POLJCA.TIOJll DU LOIS, 111

le degré de publiolté dont elle est suloeptible P n'a-t-elle'


pa8 un caractère UleZ majeatueux; Ul8Z impoeant par
elle-...,...,, pour· qu'elle ·doin·iout o~rer, Ans l'appui
des formes auxiliaires ou superoue. doôt on vO\ldrait lien·
vlronoer; et qui ne pourraient a•oir d'auere· effet que d'en
diminuer l'ucendant, ei d'en· comprO'mettre la dignité?
Bain; mes ·collègues~ ne "fou...emble-t-il pas, d'apffls Je
rapprè>claement que je moi de·faire, qu'il doihmter une ·
auul énorme ditrérence, un contraste auui frappant entre •
l'anoien et le nouveaa mode de pllblicatlon , qa'il en eXiste
entre l'odieux· gouvernement qui a~est plm, et :le gou.,._
nement juste qui lai a sueeéclé, •u.tre les formea monâr-
• cibiques et les formes républicaines P ·
· Etablir une parité enlie ces deux ordrea cle choees, et
approprier· à· l'ttn ce qui ne· peut convenir qu'à l'autre,
c'eet donc· réunir les élmnens les plus inoobérens; et lee
plui·disparates; c'est·méconnaitre à là fois et violér la nou-
velle hiéNrchie des pouvoln; c'est, en·•n mot, emprunter
d'un régime pr01crit une forme abusive, pour Piotrodulre
dans oil régime· nouveau, auquel elle ne peut ni · ne doit
s'adapter. •
Et comment serait-il pouible que le nouveau mode de
promulgation ne ft\t pas 1ùtllsànt pour répandre partout,
c1ana· un temps: donné~ la connaisunœ de la loi? et que
pounait, je le répète, y ajouter de plm la ·publication ma-
térielle qu'on ·réclame; comme complément néoëssaire ·de
la promûlgation PA la bonne heure, si la loi était, comme
autrefois, secrètemclit pi;oposée,. secrètement émïae; se-
crètement adreuée aux autoritéa, et qu'elles euuent le
droit d'en·discuter le ·mérite, d'en arrêter les efféts ou d'en
suspendre l'exécution ·: alon aans doute cette pubHcatiorr
serait tellemênt néceuaire, tellemen& indispensable, qü'il
ne po~nai& y uoir de· "Yérit.able promulgation .Ans elle,
puiaqu'elle·même 'de'frait, en ce cas, la suppléer, et en
tenir' lieu. ' ..
14.

·......., :cni' ré· ;


tll
Mlria, IOU9 remp1re de not.e comdtutlon, il n'y a rien
de 1DJ•"rleus, .rlea de 1eOret, rien de oaebé dan1 l'#mil-
1ioo de la loi. To•l •t public, eoleooel, éelataot, IOit dau
.. prélealatioopat le90U'Mraemnt, IOitd8utatl&oalliOD
aa Tribuaat, . . MDHO• adoptto. par le Corpt légillatif.
• Ce n'eel pu tMt; an gr•i nombn de ci&oyeu ......
teot am léa0ce1 à Cies deuil premièretJ autoritée, et IODt;
poar aliàai·~ire, aalHI d'éclloa qui~ et prepapat
•• loia ee qa'U. ont f t et eotendu~ .
· B "! a pl• eacere : l • jounaalÏltlll; p._. à ces m6met
"8nee1, et:attentifa:à tout ce qui •'y fttlt, IODI, 1i. f• peas
m'mÎprba•·aùali, aataat de '4imoi• aéaeuafns., ....ac
de meuagen vigilans qai le recoeilhnt et le ùa81meltaat •
clu cellbe à tou• les atNmiW. du territoire, en soda que
lean ftiuille. .oat, poal' aÎ88i 41ire, de vnil.Milll!ltiml par..
aioulien qne tout 1• moa.te ·peed ooneulter Ml beloln, va
tt•'il n'tlll pa8 cle'bomg, de YiUage, de ll81D.eMJ où eh ne
,......._., et eü Je·mu.e, le jap...-paia ou toat :autre
eitoyea ne"'' in1&rait et ne , .... iollrui• aea vefafnecle
ce flUÏ •'•père ehaque jear daD1 l'ordN civil et' pelitfftue. •
Je eai1 bien que la connaiuance qu'on peut aeptoclllMeS
par bette .'fOie n'ett pu o8lcielle ~mais le 'gouftraedlenC
eat.-il taa de faire noti8dl'·la loi à ebaque oitoren P sa 8e1llle
eWiptiôa mt eoneide+elle pas à employer hl meille8r
moyen de la faire .,....eoir promptement, et à éviter teut
ce cpi pourrait•• cffroher ou ea retal'der la connaitWtDoeP
Or, oe moyea ne ooa1iate-t-D. pas 4lao1 l'en•oi de la loi aus
-.utorit61· admiaistiati\oes. et judidiairaP lia lei -leur ..,..
tlonc eavoyie; et COQ_lment, 1aas eela>~ peurrafti.eHe tlN
aéeatH P Cemaient les jugea pourraiene.;ila &'appUquerP
Dau ch,.paieUlea oircooltaoeet, et aw• tant de moyene
de répandre la oouau..aoe de la loi~ eet ... il pfélùlbaltle
qu'elle pullte être ignorée d'aucun de oeux :qat. MfODC
ou le délir, ou le devoir, ou le baoln ie la ooDllallre P
Quant à moi , je l'avoue de bonne,foi, fe ne ...ab me

n ~. --·· ·~
D.B .a.A. PMlileàTIG9 lt.lt &ik&. ~· 15

Io ponuadtr ; e& dueolé-ie eaeourit' le nproohe de me ll'op


confier à i'a1tthdRticité de$.pzettes, 1'il e1t ici nne prilo•p·
tion à admettre, j'admottraia biea :plot6' l'impoui/Jifitéde
l'ig•rer, que .l'mJIOliiJlilit;i de '4 ~.. ,
. ·mai donc, non aeule111GDt on ne J*ll pu dire, comme
le rapporteatr de ....are :oommiMioo , que la C01Utaû1t111ce
,W6Ullaétl q•i..._...e de la prem-.igation , e.tl la COIWIÛIOllfi
intpo11i/M; maïa on ne potll'N, au eontralre,, •'•mpéehH
de eoHenir, ai l'on réfléebi& à tout œ que je viens de dite,
qae to.ua l• eiwaetère1 de pultlie.lté qui préeèdeat, aocom. -
papent et •uiweot l'•iuio• de la loi, aont·1i ouverta , li
Millaaa, ai mlll&ipliéa, qu'il eat JlNMI• impouible que la
loi '118 aoit. aujomd'.hui iet1~, f'VdRI m4me d't!tTe promu/,.
g«ée.
. · Co1111Penlaele aerait.elle doDc pu, loraqu'à·cette coo-
.W..aaee. aoeïdeatelle. (que tloilaent :les cUiHWralio.u du .
&ibuHt 8' dt.t C.,1 Wgûlatff., 11eodueapubliqu•, et tram-
mÎ181 pal' 1ee. }Olll'llaux) .peot toujourJ 11e joiucll'e la ,oon•
..-..aee . .ille, . enlière et e8àeiblle qDi ftaulte .de Ja pro·
~a&iDDP.
: .Jd, vmune, ramais dtiaùé poDYOÎr m'illeYeJ' à .des eon:.
ùd~atioos d'un Ol'dte 1upérieur, e& il ne m'e-6.t pas été dif.
&oile d'en faire IOl'tir de noureaux.et de pluapuillaas.mo-

....-.de
~d'aiioptieo : mais._, le!JlPll.qlti oewi pJ:elMl aem'a pas
'{A'y Aiw1e.; je le1.·~QD8 ~o à voue 1aga-
cilê, et je IUÎS OertAÏD ffU'eikauppW._-a ampJemeot à tou\
ciè-que.je sail fOl'Cé d.'om.eUM.
J'aarai&dMûé e~.pouToU réfuter quelqu....uaee~
abjeotieaa.W p1oa .pavee 41• cleraie,a préopiaauatmaia~
- . . que ceüe M.ehe. .m'aurait ...né. Jrop loiD, j.' euue
...~ 001Ppt:0. . la gramle eause que j'nl1lÛI 11oula
,wfaacl~. J'ai donc .-u 111'il élait piu,.sa8& de vou1 laiuer
la !!Gia de les llpplécjar. " .

•te.. ..
Cependant qu'il me soir permis , tribuns , en. tenqjnult
de1114~, de-.outprilenlerune•er·
DllC11UI01'1 , llO'flft , etc.
•atioa bien tranchante et bien déclei•e ; cette Obeerflltiou f
la ~lei:
.C'est qu'en eubttltuant au mode conttitutlonnel de pu-
blication un mode puieé dam lea formee monarohMtuea ou
étrangères au régime actuel, •oaa donneriea par cela aeul
à tlee autoriW. auhordonn'8a au pouToir esécutif une
aorte -de coopération à l'acte de promùJgation qui ne doit
émaner que du claef de ce poavoir; que vo.ue lee.feria, en
quelque .maniire, partioiper à cet acte euprême, qui pour-
tant n•eet aueceplible ni de pal'~ge, ni d'extension, ~i de
modification ; à cet acte ea&n qui ne peut être placé soua
aucune autre dépendance .que eoue cell& de la coaatitutioo,
qui en a réglé l'usage et qui l'a excluaivement attribué au
Premier Conaul.
Or, ne aerait-il paa à craindre que cea auteritée que 'fous
auriez néceNairèmeiat aaaociéee à l'es.ercice .d'une tèUe
prérogat~ve, en leur acCQrdaot le '4'oit exoluaif de publié:a-
tion, oe aerait-il pas à craindre, dia-je, ·qu'ellee. oe 6-
nisaent par ee croire autoriaéea, daoa des temp.s de criae,
à arrêter, à euapendre ou à retarder l'exéctitioo dee . lois,
puisqu'il leur aerait d6jà prou'fé qu'eliee ne pea'tent être
publiées aaoa leur attache ou leur par.ticipation li
Je penae' bien auurément et j'espère même que cela
n'arrivera paa; maia quand il s'agit d'une matière aWl8i
grave et qu'on stipule pour tea siècles à venir, il eet eage
de tout pré•oÎI' et de tout régler d'avance~
Maintenant, je le demande, peurrait-on redo~ter, en
édtaot Wl excès, de tomber dans l'excès contraire il Serait-
oo fendé à craindre que le pobtoir .UCutif, qui ne aera paa
toujoura dana lea mêmea .maiua, n'abua4t de a préroga-
tive, eoit en refusant, ou· en . dift'éraat de promulger lee
loi.a, eoit en en anètant ou auapendaot l'exécution , et ceht
sous prétexte qu'on lul aurait reconnu le dr6~t exolulf de
lee publier.P . . .
· Maïa, on premier lieu, n'eet-œ pu legou'f8l'aemea' qui

, . -
...,
~-

;;; - . & •• ~-·- · A?:- .,


· DJI LA PUBLIC.A. TI01'. DJIS LOQ, i l 5.

propoee du lois, et dèa qu'elles toot adoptéea, et qae le


· délai eonatitutioooel eat écoulé , o 'est.il pa• de aoo in"1'ét,
· oomlde de aoo:de.oir, de les promulguer.et d'en procurer
Ja phu prompte exécution P
··& ·aeèood lieu , la coa1titution .ne noua fournit-elle pu
· uile &ue11 forte garantie contre l'abu1 qu'il pourrait faire
de ·aon po~voir, puÏllqae·; 1i l'article 4• lui auribue exolu-
eiyemeot l'acte de promulgation, l'article 37 lui enjoint
expreaeémeot d'en faire ueage le clixième four april l'é-
' miaioo de la loi P
Peut-être m'objectva-t .. oo que la 001lltitutioo-noua
fournit auui Ja même garantie contre lea autoritél admi-
. aJatratiyea et judiciairel, puilqoe Je chef.du pou1'oir.exé-
catif peut l'éYoquer les pr6fetl, et faire poanuiwe .lea ju-
gea .en crime de fÔrfaitme.
·Je ~pondrai que, puillque noua aommea placés entre deux
écueiJa, dont il faut également ae préaener, le meilleur
moyen de Jea éyiter toua deux, o'e1t de marcher d~uu paa
ferme aur. Ja Jigne tracée par. la oonaUtution , et de ·ne se
porter ni en-deçà, niau-delà;qu'aiu1iilfaut s'en tenir au
mode do-publklation qu'elle.oonaacre et qu'elle fait résul-
ter de la. promulgation elle-même.
· · li.ais je ne m'aperçois pa•, tribun1, que j'abuae trop
Iong--tempa de 1'otre attention, et que je denaia d'autant
moins m'appeaantir sur robjet que je 1'ieDs de traiter, que
voua ètea, ai . je ne me trompe, preaque toua . frappés ,
eomme moi, de l'utilité, de Ja justice, de la cooatitution-.
nalité, et surtout de l'urgence de la loi qu'on.'VOUI p.opoee.
Je pourrais donc Jf8 dispeoaer d'inailter encore sur ce
point, qui. me aemble déjà trop .éolaircf., ·pour qu'il ne aoit
pas 1uperQu de l'éclaireir. eacore.
·Cependant qu'il·me soit permis de.prélen«er, en peu de coa.
motafquelque• réftexions qui auront lb double avantage, et
de frapper .aur quelqnea-uoea dea critiques dirigêea contre
le, projet, et è repouuer quelques objectiooa.


, __ _'"Ji.i2'_.......,.
216 JJ..CVA10Jf$, WOTWI, Mc.

1'dUI ceux qui ont · eomha&tu Je •pnjet cle loi ·Juhepro-


cbeot d'être minutieux, ·l14cohê»eot, mel olldonné; . . i
·rédigé, et en Rn' fie n'etN patr à 11& ' 'fériaablc plaoe, à li. ttte
du Code civil.
Je réponds à ce premier ,. reproche- qu'il est dmiNlale
aaos_ doaÎe que llordre, la 8"tllode , la p~cislon, l'él""'
gance D1~me dlstiugueat ooa nou\lfJUet ·kâs ù ou feCUih
go&biquea· d'ordonnance. et de coutusqe. baritares et ioin-
tclllgibles; que oela aerall na6me oéoeuaile en quelque
. aorte, soit pour leur attirer le respect el la· considéNUoa
tM&t ·elles •omnt être flrrirolin'88, M>it encore pour Jes
plll'8r de toutes les beaaléa et de IOWI les cllarmes du Jan...
gage ' afin de les rendre eQ. tout clipea de leur noble dea.
tiaatioo·. Mais il ne faut pas non pbu porter jusqu'à. l'e11til•
ce désir, d'ailleurs si louable, vu.que trop de reeberelle, cle
symétrie et d'atfeetation daos le 11&y.le, pouerait au-1 leur
ôter quelque cboee de la oobleaae et de la gravité qui 41ei-
fent les caractériser. ·
· Que ·les IOis aoieot elairee, préoi&M, el, ei j'ltse le dire,
famHièrea, pour se rendre fn.telligibles.1 :
QÜ'ilo'y ait-rion de low>he, d'équivoque.ou d!insidieux
{oe qui les transfonnerai.t.ea autant de piégu, .en les ten-
dant· sueeeptibles de >pluaieura-inlerpiétati.om) i et 1um...u-
leinent nous pourroJlll, maïa noua devrons même aaorifieii
leur agftln.,ot 1HeoP utilité •
.or,.il est ailé de s'aper.cevoir que le projet qu'on:uouaa
prlllenté·o1oWr-e dans ea conte:ùu~ aucune de ou gmt.'f08
imperfectione; .qu'il ne blesse d'.ûlleom Di 1.-.morale, oi
l'..~ ~ · ai ,la justice, ni l'aete oensJitutiénoeL, comma
l'oot démontré tous les orat~uM qui m'ont préialdé à oeMe
.,n,une ;.qu'ainsi il eat de- la aageaae du TribWV&t de faUe
taire . . euupulea aqrdea faoqhérenoes e& lin défaoa de
rédaoeioo qui,' e'ilaeflstaientdàna le profeJ, llO .pMu~•
en~ manière, .wer le. ioad ~ H8 4i8~
I.e Tribunat 1~eaap11U10N clelllC de. yoterJ'ad.,&i~ d'qne
BB. ltA .. UlltlU. TJ9• ~8 Lt>tS, 2. l 7

loi· p ~a~: ~qlN lea lllO"ll Jais, et qui 1 P9UV;l~t


•'•pp~ à tQU l8' Co4e9 tm ;géa~ral et À cp14c~ d'eux
.eq pftfJÏGJlli•r, ne a.a•~ auO\J~epieot ~tre ~pl~ à la
têtt dU. eo,le eivil.
4u 18t&e, Oeu4 d~e~UQq e,~ d'autapi plµs iwt\e ei
.plus oéœaaaire, qu'elle qqq& es& i~péfi~uae•tQ' ~
raaodé,e par lt11. ol~fl'!•· ob "0111 nQua t~~·P.~IJ·
. ln ·efet, lribQQ8.1 Vil"' p~ ~'igQorez pi41, WU& .e& het<\ÏQI
UOUI &1aiégei1t i p"'8qUe .tct\ltef les F6'8QW,'CC!I ~OAS ·~D­
queAt. ·o&:Je. malaite i!6t devepu g~~al. lie ty'ople, Jaasé
par deuso aµ~ 4o ooabai. "' do. ~jlll4tP11h>••, ~ 99if 4e'.la
ioetiœ. Cotie juaûee, quh.&i la . tlet~ dq g.ouv•qemeat,
eelle 4\1 Co.pt 1•9Watif et la .ii6tre.;.cene i~Pe· Pe peqt
lui· être. reP'1ue .ans 4le 1Huln81 W., e& la pl"P.IU't 4e p~
. . noua ·aveoa·IOQt m.au~ a4top•---o• ®op de ...
lréform~r. Et puisque eoue rô{Qnae:tsi AQJilmenoée, puia-
que l'~uvraga es.& déjà avapeé• 1hûsqu'il a'y a au~a tn-
eoa9énieat majeur qui ~oive anéter PGbe ~reh•h et qa'il
eeca cl!aüleun li facile •~ .,..•., 4iapara&tro let définl.-, J,.
imperfection• et les "rieee .m4me 41ui a';y aera~Jl\ gl..,.;
~pui1qu'en6a le plu " clauUleaUoa du Code a déjà ill.îi-
qué que.4lello dos anida • feuit par aérie de n111J11é1YU, e'
qu'ai~1i il ne. faudra 'f1l~QDJ . aounllo .1$1 de chu11dficiltiou
pom réus»r ou ditjoin4re leura 4ivenes cli1poaitions; PQ'1r
les r~pprocber , les séparer ou lea trauposer;. eb ua mot •
· pour ton& ceortlenae.r et tout mense en plaoe, h4tont-neu11
cl&dc eacere uu fois, trih.Jlne• de fa\IOriaer l'émis.Wu cle ~
CGde si impatiemmeat attendu, et n'ayon1 I>I" à nous"'"" -
proche.. d'avoir retardé d'un sel,1,1 moment la: jouisaaoce de
ce bienfait. -
: -ED 'Yaia nooa dirait..on qu ~· u'ielet du projet ne tQllt
pas dee arlklla cle·loi, Cf\18 oe ne. SGet que des principes
de morale,• Nslêa de droit, del uiomes de jurispru-
dence; qu'il faut Wr.e la palll d.e la ·sohmae et celle. de Ill
Jégi114daa; .q ue 1et cWinitÏoti sont du .rClllOlt 4u aavaet et
iu8 ·:ouc1111101'fs, •oTm, etc.
rion do légiBlatêU..; qu'en6n le projet; ou prie dani eon en..
semble, ou coneidéré ·dan• · 1e1 · 46tàila, ne · peut· orner le.
frontispice du Code; qu'il y eat àbeôlumeilt déplacé; que
ses divers article.e y sont déplacés oo~e lui; qu'ils sont
mal ordonnés enfre eux , et qu'il t'aut to111 les rejeter peûr
les mettre à leur véritable plaèie.
Je pourrais répondre aux aavenaires du projet, qui ie
montrent si pauionnés poar la aaine méthode, le bôn Ôr-
~re .et la belle harmonie : Si vous trouvez tout déplacé à
la tête du Cecle, au point· d'en exclùrè lei prlncipés même
du droit, de la ·moral~·et de la jurisprudence, qu'y place-
rez-vous donc, et quelles règlee, quelle11 lna:i:imea-, quelles
volontés voua paraitront dignes d'y figurèrP Vous ne trouV'es
rien de bon , rien de paaeable dant1 le projet qui nous' èat
présenté; vous critiquez toutei ses diapœitione : sans doute
la critique est iiùée•••• mai,s avez-vous eocore·rfen . iadiqué
qu'on pui888 substituer au projet que vous repouues P
Voua voulez joger d'avance ce que sera le· Code ·qu'on
.noU. prépare ' 'ce qu'il doit .être' ce qui lui est propre ·ou
étJ:anger; ce qui lui convient ou ne lul oonyient pas; mals
vous' ne pouvez 'connaitre encore ·tous les élémens dont il .
se compose. ~·renie cbc>se qui'Voua soit connue, c'est'le
plan dé distribution, la division des matières, l'intitulé dea
livres, des titres et des chapitres:; mals vous ignorez toutes
les dlsposi&os de'détail.
Vous ne pouvez ·savoir ii tel article du·projet de loi , ~
vo°' trouvez hors de place, ne· ee coordonne par intime-
. ment aveo tel aq_tre article d'un autre' projet qui ne' vous a
point enoore été soumis•.
Vous ne pouvez savoir ·si tel autre , que voua ·tro•fez
incohérent, n'œt pa't en l'apport direct et n~ceeaail'e avec
quelqu'nn de ceux ·qu1 voua seront·bieilt6t p~téa.
· Voua·ignorez tl toua ne eorit pa8'1i6tpai: la grande'chaine
qùi embra1se à la foia ·Î'enaemble et •~·détails: ·
• 1 Enfin; vo~ ignorez ai oe que voui bl4mez aujouid'hui

- -~ ..:.~ ....-....--- ~ - - ,;.:'- . - -



DB LA PU&LIC:A.TIOl'f DBI I.011, 219

coaime· incohéftSnt, confus et mal ordonné , voua ne serez


pas, demain, fOl'Géa de l'admirer oomme un chef-d'œune
de olam§, de régularité et de claaaification.
llaia ie ·1eur ferai une toute autre nponse ; elle eat
oourte , maïa elle est éoerglflUO :
Inciviü est nüi tot4 lege penpect4 pro~qnciare.
Je me réaume.-
La Constitution .confère exclcuiv~ent au Premier Co~- •
sui le . droit de promulguer les lois : or' promulguer les
lois, dans notre ordre de choaea, o'eat \es publi~r; donc
la publication des lois ao a'opère que par la promulgation,
et elle• ne sont toutea d_eux q~'une seule et même chose.
Si la promulgation ue pouvait o~rer son effet que p~
la publication matérielle et locale, il a'ell&lJivrait que le
premier magistrat de la République serait en quelque aorte
d...a la dépendance dea autoli.téa mêmes qu'il est chargé
de diriger et de surveiller, et qu'il entrerait aveo elles en
partage de sa suprême pnrogative; ce qui serai& le comble
du ridicule et de l'abturdité. ·
La loi a toua ces caractèrù a.v ant même d'être promul-
guée; et la promulgation sutli.t à sa publication, al l'on
accorde un délai suffisant pour que la loi puiaae être QOnnue
au moment où elle df)it êllO exécutée. Or, l'article premier
du projet de loi remplit cet objet en •fixant un temps P*
• greasü, dans lequel la connaiaaance de la loi peut suc-
• ceaaivemena panenir aux citoyens de toua les départe-
•mena.• ·
Ce délai (rapproché de l'article 37 de la Conatitution et
de la _délibération du Conaei}. d'État, du 5 pluvioae an VII~,
.sur la date des lois) détermine et preciae, de' la manière la
plaa fixe et la plUI invariable, le moment indivisible où la
loi pourra être connue, et celui où elle devra être exécutée
daoa chacun deadivera tribunaux d'appel de la l\épablique.
Ce délai, calculé en raison deadialaacea, eat inftnimentpl~
a~antagoux et plus confo~o à la· digoit6 de la loi (dont

a11euu1011•. •ol'r••, tltc.
l'encution oe peut élr8 Dl .....,...,-, ni Nt&Mée) .que
oeUe d'un délai unlfonne, dollt la fts:ation dépendrait4u
caprice ou de la négligence de9 acbniaiabateun et dëit
juges. Sans doute , œ mode , quoiqoe le meilleur , peut
avoir ses iaconvéniens; mais la aageue du goayem81Bent
saura les prévenir ou y remédier.
Il n'y a pa11 de mode de publication qui ..pul118 doener à
tous les 4jtoyens une oonnaiAaoee in•Mduélle de la lei ;
donc il faut se contenter d4 14 p~10mJ1tfo11 morak 9u'tll# d
pu lrre conn~. Cette .pre&emp&fon, amise dans tous les
Mgime1, acquiert dans le n6tre d'autant plus de foree et
d'ascendant que tout est publie, éelatant et notoire dau
l'ëlpiffion de la loi; qu'ainsi elle peut ~tre connue &Tant
llléme d'~tre promulguée.. La publication âlatêrielle ne,
pourrait donc rien ajouter à la maolfeslatioa réeultaate
de fa promulgation , qui seul• deoae à la lei le toeau ile
la pubUcité : elle serait d'alll~n inftoime11t dangereuse
en ce qu'elle tendrait à faire participer les autorlWI su-
baltemes à l'exercice d'une prérogative dont elles pour- ·
raient étrangement abuser.

-· Tous les orateara qui ont parlé en fa\'eUI' élu pPGjet·ent


démoatré que ses divel'888 dltposllioos étalent bennes .,
justes, sages, utiles et constitutionnelles: donc, quand il
ne
oftrirait quelques lég~res imperleotiona, elles suftlralent
pas -pour eo fonder le rejet, puisqu'elles pôurraient ailé--
ment être réparées.
Les besoins du peuple sont preuans; il a .tr&p atlen4la
la réforme de ses lois pour f[U'il paieee l'altendN •e:Gre·
Il lui faut absolument un Code digne de ·lui, de sa. gran-
deur et de ea gloiftt.
Donc le projet qul aoa• est IÎoamia, et· q•i est deetitt6 à
en être le fronthpice, dol& être allopté avee emprettemeat•
Bo terminan,, tribune, je"Depeoxm"e•pêoherdeC.rmer
un eouba.it, qui eat.a1H81..fe •6tre. ..
Puille ce nouveau.Code.; qu'appelaient tl>IU'kta 't•Ull! «
. '
DS. LA PVILJCIA TJOl'I Da5 LOIS. t2 i

&eus tee beloias., ·rlipondrjt·•i111ement , ïolt aox v11es libé...


'Illet ·de celui qui,. le pteaier- a pa lea relllplir, ·soit à
l'opinion qu'en ont ,déjà donnée et la célébrité des ju,ris-
coJMultes à qui la réda~tioo en a été coa6'81i el les lumières
"'magistrats qui l'i>Dt enrichi de leurs obter••'ioas, et
l'iofat19able aotiYité du gouvernement à reouetllfr et à
cooWdoRllH tiou. lee matériaux de ee grancl Hi&ce ! Pui88&-
t-il ueedir le bab)teQr da .peuple· fr&DÇ!AÎS tur les solides
batell ie la morale, de l'équité; de la juatice, de ·Jaliberté
eivife ilt de eet eefirh 4e Weaveilla·ooe universelle, lfOi est
Je lien commun des individus ·et des peuples! Puisll&ot•il,
eafio • aiHai . que ·l'a, en quelque sorte, pnaagé l'orateur
du-Con..il d'État, ctip1Wer le 'f'eBJ'"'
des nations par hl sa-
gesse de nos lois, comme nous l'avons déjà conquis par la
poi11anee de R'os ·al'lllèt !
· · Je vote l'adoption du projet.

OPl1'101' DU TBIBU1' POB.TJU (de fOiSe ),


,.,.,. Lll :PllOift.

Trlboa11, a'il ett un beaobr aenti par toùtee lu clallles de


oitejèna; ...il èat ab vœu. fortement exprimi tMs le prü>--
clpe et dan• lout le CoUf? de la ·révolution, certes c'est le
besoin d'ûn Code cMI uoiferiue. Ce Code oivil est plus vf•
venient et pfqdortemeot r6e(amé aujourd'ltui par tous le&.
eitoyens qui 'fflaleat cioaoaltn les lois proteotrieu de leur
liberté ei•He ~ politique, de 1.,..... propriété, en un mot,
cle leul'8' dtioitB et de leûrs devoirs'.; il est l'Mlamë pa• le&
medlbru -de tolll ... tribaoaoit' jaloùx de npondre à là
con&aoœ du gO'O\Wnemeat, et 41e leurs oonctteyens; il eit
réelam6 pu tout les adlDiDllltrateon ·d e là il~blique,
.dont la marche est sans cesse retardée par l'ioeertitucle cte'
riotre légitlatioô , par lâ mtlltipUOM de. 10.ia obtoUres ·; qoel- ·
quèfuia coutràdictoiree, #pli no.a réglflsent aujoYrd'laut.
àu aûlin dt9 .mal'IU et ddlt oltataolet d'Gne ttdftri#rijtra-

... _____., ... .


,~- -·~· ...
l

ttt DUCVllIOJfl • •oTUI • etc ••

tlon naiaante; le gonvemement a mia au nombre de w


premien devoin celai de tatfsfaire. à ce vœu véritable- .
ment national. . ,
Grtoea t0ient readuee à·ce gownememeat qui, en dic-
tant la pllk an~dehor1 par lés "viètoires, veut la consolid"r
• • • 1 • •
au-dedaa• par.des lois saget. Des Jnrilcontultea éclàirél;
désignéi par l'opinion publique, et nolDD168 par lut,· s'oo-
cnpèrent inoeuamment de la rédactioil de eeCoéle civil; il
est soumis à l'examen des tribunaux -de eutation et d'ap-
pel. Une discuuion approfondie a lieu bient6t dans le Con-
seil d'État.
Après lu exainens, let diaoussions, les délibérations,
paratr enfin le premier titré de cette loi -si long-temps dé-
sirée.
Cependant la commiuion du Trlbunat chargée de l'exa.
men de oe projet, TOUi en propose le rejet. Des i-aisom
fortes ont sans doute déterminé le -.œu de la commiuion.
Nous allons les apprécier.
c Une loi de huit articlei non ordonnés entre eux, et dont
• la rédaction en général est vicieuse : ut-ce là , s'écrie-
• t-elle, un portique qui réponde à la majesté de l'édi&oe h
Tribuns, après une révolution profonde qui a ébranlé jus-
que dans se8 fondemens et renverié l'ancien édlilce social ,
· nous avons erré long-temps sans gouvernail, bathù pat
les -.enta. Les pusions soaftlent encore 'de toutes parts;
commençons par nous' abriter, et noua penserons eii1wte
· à embellir notre· demeure. Qu'importe ·le frontüpice plu&
oa moioa majestueux de l'édifice P Sana m'oocaper dans la
tempête à étudier lea proportions de je ne ais quel beau
idéal et abtolu dont la reeherche prolonge la tourmente'
je me contente d'un beau rélatifqul aout sauve du nau-
frage.
J et ap. J Mail, dit-on , la rédaction elt .vièieu~ en général; et
cependant on ne cite que lea articlet S et 4: enoore o'ao-
cneo-t-oo pu le quatriàme 4'êtN ~ ricliP; mail 1eule-
DB LA. P'OBJ.JCJ.TI01', DB8 . LOU~ Ua

meat la ridac~on. pou~t 1 ce. aemble.. à la com_miuiou,


être. meilleure. En liaant ces articlea, on cherc~e vaine-
qient le vice.de .rédaction. Lea obeenations.de la commi..
sion frappent 1ur le ,fond, et non, sur la rédaction •. I,ci la .
cpmm.ÎllÎon.1'68t.1116priae. Cet article_.3 eat clair ,.précia, et
expriman~ avec nelteté ce. qu'il.veut dire•
. Abordons fra_nchement Particle premier. Je croirai avoir ,
beauçoup.gagné ai je anis panenu à obtenir que l'on m'en-
tende avec l'esprit dégagé. dea préventions que 18, rapport .
dela,com~uion a.fait naitre, qu'il a d6 faire n.ttre peut-
être; mais, je.ne crains pas de.le dire; l'exposé de la com-
mÎ88Îon n'est pas exact. Elle a oublié_ ce p.rincipe en.légis-
lation, que,. pour juger du sens d'une loi et de son espl'.it,
il faut la juger par toute la sulte,. et par la teneur entière
.d e toutes ~s partiea, sans en rien tronquer. ·or, o'eat ce
qui eat arrivé à la. com~iasion. Voua allez en juger pa,
l'article du pJ'.Ojet, rapproché du pauage du rapport qui
le concerne , et des articles constitutionnels rèlalifs à la
· qu~&ion. Je prie, mes collègues de remarquer que l'article
pre~ier contient trois dispositions principales et bien. df&-
tinctes. L'erreur de la commission Tient de lès avoir. con-
fondues.
Le premier article porte. :
. • Les lois sont exécutoires dans tout le territoire. fran-
• çais en vertu de la promulgation qui en eet faite par I~
• Premier. ConsuL •
Cette disposition est conforme à l'~cle 41 de la Conati·
tution.
Un autre pa.,agraphe porte : • La promulgatioq faite pal'.
c le Premier Consul, ~te.•····· Écoutons l'artlcle 37 de la
Constitutio0 , que l'on n'a pas np~é dans la loi, parce
qu'on a cm qu'elle d6'fait toujours ê~ présente à vo~·
esprits.
Art. 37. • Tout décret 'du . Corps légielatif, lç di~ièm~

- .. -- ·- - ..
~,
9 •4 ·'.-C1'tll0b , · •OTll'I , ele•..
• jout après• 8Clil ém.._; eet prumulgœ par le P,_.,
.. Cea•ul., à meint que, daa1 oe d61ai, il n'y al& eu reeoat1t
• au Sénat pour CllU19 d'ineoia1tltatlonnaUU, Ce reèloan
11,n•a point lieu coétre le1 loit promulguéel., •
Au rilopn de ce rapproohctmeot tout cletieat elair. La loi
Ht néceuairement jltomulgu'9 le didtme jour par le Pre-
Mift. CoolOI. Or, la promulgation faite pat le Preinier
Con1nl sera réputée C9Daae d~n1 tout le ...,_rt du tr~uual
••appel de Paris, tren...m he111'81 •!ri•
sa dâte ;- et daœ
lèa 18188l'tl de. difiNOt trlbuaaus, à des épeque1 propor..
tJoaa«lea à Jeun cU.taoeea respeotlnia de Paris-
. llaiateoant, que ·-.eut dire la comlllÏ•ion, quand elle
pRrle de l'éeliüoce d'cta délai dont le premier terme n'est
pas OH, dont 'oa ne teit que. la. Oo, encore tna-1U1eepti•
hie de Tatiatioa, d'iostabllité 1 1' Oil é'fideot que. J.a COmJ
mi11lon tombe dans une erreur graye. Le premier te~
· eet réellement bien ft•é , d'autant plus irrévoeablemeat
fb:é, qu'il et.a pria dàaa la eonstflution même.
Tribuns, 11 l'arlicle premier da projet a 'e6t eoo.teaa quo
leà deux paragraphes deat ooas venons de parler, peut-
6tre l'adiele n'eftt pas éprou-.é de dillculté, paroe que
cette disposition fondamentale et principale offre dans sa
plénilude, Io moyen , le but et les eft'ots do la poblicatloa
d• lois, telle que ... auteurs l'ont o6•9Ue· llaià l'article
· pre1nier contient na troisième para1Jl'8Phe, qui, comidéré
par la commiuion isolément, abstracti-vemeal et 11Bns l'flP"'
pol't aveo 1- autres, a cadll6 toute l'erreur. En voici la te-
neur•.• Elles (les loÎI) seront exécutées dans chaque partie
de la Mpwblhtue, da m~enl aà la pa'omolgation peum y
M11Î connue.
• Quand commeacera cette ~poque où. les leu ~vroat
• être esleutéet aéeesaaltèment; Ge 1éra, ia,iYant le projet
•de loi, dans· chaque partie de la République, Du.......,.
.. ob la promalgatloa .opaa.& 1 aneoaaoe• •

L:ô ..~.. -AH _Jïï;..·__,_, _,, . ._.....•-..-:.;·~.;;-;_-_:':_.... -----"·Ui!!!Î •


Da LA. PUBLJC.l TIOllf · D•S 1.0f&,

i'Jlema*°qüet cet ntotà : 011 MOlll!fT, et POG&U,


·· • !t qdel sèra·u lio•1rr,'l'iostaot flxe ·et indMtihle au-
ir quel une lof rov1uu. être counue jl •
\
Je telis l'article .... donc les lois ne sont pas exécutées,
quand la prooiulgatiOn ne pourra y êlre coonuè.
• Je dèanaride si cette partie de l'article n'il pa1 pour objet
les cas partiëulièrs dbnt on a parié dans le rapport et la
djscaslion~ les cas d'inondation·, de pays occupés par l'en-
nemi, surtout les llea;les éolOoies,' dont le régime est clé-
termfué'par des lois spéciales, aux terlnes de l'article 91 de
la Constitution : car, en règle générale, la· loi sera connue
par le moyeu indiqué phis haut, et if n'y en aurait point
a•autrt! dans le cours ordinaire des chose!'• Mais c'eet pré-
cisèmént parée que des cas particuliers, provenant de cauee
maj"ure; Yi"uneot inte"ertir l'ordre général, que le légis-
lateur, intetvenanf à sou tour, dit: La iof · ne sera pa.
exécutée dails telle ·piµ-tie de la R~publiqué, ·parce que la
promulgation n'a.pas pu y être connue. Pour moi, je vois
là l'effet de J.a prévoyance du légialateur.
; On nous ·prie·de remarquer ee11 mots.; .. du 'm oment et
pourra .. ;, Je ·Jea ai pe.séa et j'y donne mon assentiment.
Quelque parti que l'on prenne, il faudra se contenter de la
présomption morale que chaque individu a pu la connaitre .
. Prenez un jour', ùne heure :·il èn résultera toujours pour
les esprit• subtils qu'i.ls pourront · subdiviser à l'infini, et
qu'on n'obtiendra jamais le point fis:e e•
indivisible que
demande la ·commission; ct' ou ·pourra toujours demander
avec elle quel sera le 01oment, l'instant fise et iadivisible
auquel une loi pourra être- connue. · ·
Au surpln11, pour ce qui coucerne les cas parli<llllien,
faut
qu'il supiSoscr faire la matière d'un litige; il est évi-
dent que·ç'est à la sagesse du gou'vernemcot à y pourvoir
par un réglement, et à la conscience du magistrat à ap-
précier jusqu'à quel point l'ignorance a·éfé ou a pu être iu-
vh,1cible.
l'_I,
u6 D.l.SC111SJOllS , llOTU'S, eLc.
• 11 n'es~ pas poSl!i~le, dit le judicieux Domal (a), ·v•e
'! .l'oufa~ conpait.re ,les lois à chac.u o .en particul~r\ il
c s.u ffit, pour leur dono~r la force. de lois , que le public eq
•soit averti, cal' alors ellea dnieonco_t des règles publi-
c ques que tput le monde doit observer; et les inconvénief\I'
" qui peuv~nt arriver à quelques particuliers, fa11te de les
•.avoir c.onnue11, ne balanceQt pas leur utilité. •
. rardon' tribuns' si j 'ins.iste sur le premier article; mais
la .commissio9 a décllU'é .q ue c'est celui qu'il e~t le m14ios
possiblf' d'adopter, et qui dpit lui seul déterminer le reje'
d~ projet de loi. ·
La commission trouve dans le mode.d11 publication pro-
poe,; plus d'arbitraire que dans le mode actuel. Il y a doqc
de l'arbitri&îre dans lQ mode actuel, au jugement m\;me dt?
la oommi&Jioo? Je ne part.age, pas son epi~ion. Le mode
proposé}lle p~~alt préférable à ce qui s'est pratiqué _depoia
~ coostituâote jusqu'à préscni. En eO'et, pa_.r la lo.i du 9 no-
umbre 1789, les lois étaient mises à exécution, dans le
ressort de chaque trib1;1nal, à cempter du jour où les forma-_
ütés étaient rf!mplies : ces formalités étaient la tran.scription
sur les registres, la lecture, la publication et l'affiche. Ces
fu~malités furent supprimées par l'a1·ticle !a de la loi du 1i&'
vendé.m iai.r.e an IV, qui f; suppl~a par un. bulletin officiel.
LCJ! lois, d'après celle du 1 !a vendémiaire, ont leur force~
dllns l'étendue
. .
de .chaque département, du jour. auquel le
bull(ltin offici~l qui ~es co~tient est distribué au che~-lieu
du département. bans ces deux.hY,pothèses,
, ,.
une commune.
' .
distante .cle vingt, trente lieues du chef-lie1.1, est soumise à
l'empire d'une loi que,, morale~ent parlant, so_u vent elle
"pouvai~ ne pas con.oalt~. Je ne répé_ler~i pas ici ce q~ a.
é_té <Jit sur l'al>.us et l'~age dérisoire que l'on faisait de la.
'
publication de la lQi • et l'indécence avec laquellQ 0~1 s'en1 } • •

jouait. : c:;
En terminant la .ditcussi~n de cet article, j'obsqrverai
.. (a) Domat . p•~ s3.
DE J.A PUBLIC A TIOX DES Lens. ·~ 2 7
que la théorie brillante stir la prérogative du.Preper Con-
11ul daoa la promulgati01, de 1a'10.i eût; été plus à sa · place
.Jors de ~ disçussioo de la Constitution que de cel~ 4.1.1
Code civil.
Je passe.au se,cond article. L'article 2 ne ~nttent pas w1
pléonasme, comme quelques-uns l'ont pensé; il a.deux
objets bien distincts : la première.partie ~onoèrne ~venir;
Ja sec.o~de, le paué. Cet article, en rassurant les ci&oyen•,
·peut aussi servir de règle . aux législateurs : je l'avou~ je
suis peu frappé des· craintes qui 0 ot affecté l'un dee préo·
. pinans. L'artfole porte avec soi sa garantie, et je m~ re-
pose à cet égard sur les sentimens et l'intérùt des .jugea~
'1u gouvernement, et de tous les ad~ioistçés, qui, à coatp
sûr, ne veulent pas, ne peuvent pas voulotr le ret®r a1,1
régime de 178g, c'est-à-dire unt: révolution.oo_uvelle. ·
L'article 5 a paru vicieux dans sa rédactie.o, parce qu'il 3
·ne coptient p.i1t certaines exceptions. On veut indiquer ioi .
Jes Fraoçaiii a~sens, les agcns diplomati'(ue&; mais ou perd
de vuQ qu'on se jette alors dans l~ dom14ine du droit de11
gens, qui règle les traités avec les puissances ;étrangèreis~
ou des lois de police particulières •
.1.'article 4 e&t 11écee.aaire. Jl(>\U' garantir au commerçant •p. 3
la validité des actes dans. leequcis on se serait confurmé aux
.formes reçuu daos ·les divers pays où .cefi aete.s pourraie~t
avoir été faits et passés.
A l'égard de l'article; 5, H .est étopnant, suivant la coin- ap.'5
·mi911ton, de trouver,. d'~près l'exposé même 4es i;notifs, un
article qui ne se rapporte qu'au cas particulier d'on acte
fait dans les dix premiers jours qui précèdent une faillite.
La ·commifsiou se trompe; on a cité celui... là, parce qu'il
fallait en citer. uo; mail! ou en pourrait citer d'alltretn~
les testamens, les o~ligatioos souscrites par des mh1eun .
.~malice hbm.ai.ae aer.a toujours plU8 féconde .que la·pré-
voyance du légis~ateur.
I/a.rticJ.e
. .
~ u'.a .pqint el.Cilé
. ~~ récla~tion. 5
Hl DfSCVHJOl'fl > MOTJPI 1 etc'. .
1 J:n admelfaoà le principe général de l'article S, qui aè·
me pû&ft pat detoit être contesté, je releYerai ôette ex-
p~ion: fo"'1-e publie et les lxmnes mœurs. Je croia qu'il _
faut ou le• bonnes moeurs; car l'une de cea deux circons-
t~nce1 ilut1it pour frapper de vice la convention qtii aenft
faite.
4 La dfapoiition de l'article ·6 telative aux juget, dana
quelques èircooatance1, a été 'fivement attaquée ! -.oici ·ma
l'éponae. .
Tribuns, si dans quelqaè loi il se trouve une omlHipn
d'une choie qui soit essentielle à la loi, on qui soit une
snite nécessaire de sa disposition, et qui te'nde i donner à
la loi 80n entier effet selon 80n motif, on peut , en ce cas; ·
nppléer ce qui manque à l'expression, et étendre la dis-
poaition de la loi àoe qui, étant compris dans son ioten&i.on,
manquait·dans ses termes. ·Alnsi s'exprime Domat; et ces
principes s'appliquent tout naturellemeu·t à l'article 6. Il
se peut présenter mille cas auxquels le légialateur ·n•a
point pounu, et c'est une prévoyance très-néceSlaire, dit
l'auteur du Contrat s0ciai, de senti.,: qu'on _ne peut tout
prévoir.
On reproche aù projet d'ayoir fait la -pat't de la science
· et celle de la législation. La plupart des artfcleli, dit-on,
lont des préceptes, des priooipes de droit, et non des dit-
poaitions législatives; et cependant la commission les reri-
• Toie à d'autres lois. Ainsi , 8uivant elle , l'article 2 ," ·porté
&ns le projet de loi, se rappol'te naturellement à celai qui
sera relatif aux penonnes ; qui réglera la distinction des
droit• des Fra11c;ai1 et de& étrangers .
.,. a Ainsi l'article 4 appartient encore au projet de la loi 1"8·
4et 5 latif aux étrangers; ainsi les articles 6 et 'J doivent être ren•
TnJés au Code judiciaire•
.,. ' Ainsi l'article 5 est à renvoyer au Code commel'Cial. La
commluioo ne désapprouve pu, ·comme Yom Je •oyez·~
Tribuns, que ces arftclea soient présenta comme arûtles

j
~
r
1

Dl U. PVBLICATIOl'C Dia LOIS.

dau .1.es lois, mais eeulement qu•111 fueent partie du. pré-
1e11t pNjet de loi., D'autre part, la C01J!miuion cqovfeot
qu'on .titre des règlu du droit pourrait avoir IOO utilité~ Aa
reste, quel inconvénient y a-t-il à offrir del dispositions
génétalee clans la première loi da Code civil P p'ourquoi tar-
der encore i\ préweoter ces principes féconds, régulateurs
de la cGDacience des juges et des actions des citoyen• PM'ais,
, clia..on, c'est une grande question que celle de savoir s'il
doit 1e trouTer de semblables articlc11 dans lee lois. La com-
._1111ioa peache ·pour la n~gative, le gouvernement pour
ra8lnaatiYe ; c•est donc alors un probl6me à résoudre; ~
Jet de oontrovene sur lequel olaacun peut avoir une opi-
,nion.J'obeerve que, sous la Constitution de l'aitUI, les lois
étaient précédéea de considérans. Dans tous les cas,je n'a"':
.perçoi1 pas q.ue ce aoit u.- motif réel d'un rejet de loi, parce
qu'il n•y a rien .là qui blellld les droits de ·l'universalité ou
de partie des citoyens.
Un opinant a reproché au projet de renfermer des arti· Tllre
prili•·
cJe1.eoostitutionnels : c'est ainsi qu'il appelle ce que d'au-
tres ont appelé des préceptes, des maximes de droit. La
lingularité de cette opinion ne trouvera pas beaucoup de ·
partisans; et ce reproche grave n'eftt pas sans doute
échappé aux ye~x penétrans de la commission, dont la
. perspicacité a saisi jusqu'à des nuances. Imitant son si-
lence, je ne donnerai pas d'importance à ·cette opinion par
une réfutation sérieuse.
Tribuna, le Code ciyil est impatiemment attendu, parce
qu'il est pour tous un besoin de chaque jour. Si le public
n'est frappé de la force et de l'évidence dea motifs dn re-
fet, ne craignez-vous pas qu'il ne s'élève un préjugé défa-
'forab~ pour la suite de la discussion, et que votre sévérité,
dont je respecte les motifs, ne l•isse plus entrevoir, qtte
d.a ns une-perspective fort é~aignée, la jouissance de ce l;>ien-
f~jt si long-temps et si justement .désiré?
Si; après une lon;ue guerre, .un traité de paix vous était
Dl8C'U88101'18. MOTJPS ' ole.
pl'ésenté, · &eriez-veus ·arrêtés, pour l'adoption , par fa con-
i;idération de quelques vlcelJ de rédaction, de quelques in-
cohérences clans les termes, da rapprochement des arti.J ·
cles, uniquement par la joxta-posidon ? Nen, ces vices,
oe9 i11cohérences trou.eratent grâce devant le mot to11jonrs
si doux; la paix. Kh bien 1 tribun~, · une longue guerre a·
rompu lei liens ·qui uniuaient les memhres de la graude
famille française; la discorde règne dans· les subdivhions ·
de ce grand état, et •le· mine sourdement ; chaque ldi du
Code civil.appàra.îtra auxfàmilles comme un tr.àité de pai:r.·
Ne vous empresserez-vous paè d'accepter le' rôle si beau
de pacificateûrs? Oui, sans doute, et j'en jure par le11 sen-
timen's qui vooa animeiit tous: vous ,econdere~ le gouver-
neinent 4ani son projet bienfaisant de rétablir l'hamionie
dans les cités, ·de rendre aux citoyens le repos , aux famil- ·
les la pâix, et à ·tous le hGnheur.
Je vote l'adoption du projet.

Le. Tribona' ·ferm1t la discussion ·dans la séance :do "!H


frimaire an 1 o, et 'Vota le rejet du projet: MM.· Atmnrnux,
TmsssÉet FAVA.BD furent ensuite .llésigriés poïi'r exposer el
défendre, devant le Corps législa:tif, les motifs d~ vœu. ce
CORPS LÉGISLATIF;

DISCOOilS PB.Ol'l'OlfCÉ P1B. :il • .a.1'n11:imx, L'Ulf Dl!.S OB.à.TEUas


DU TaIBIJlfAT.

(Séaace dm ~3 frimaire 11 X.-14 dacembre 1801 . )

Titr~ Lt1gislateur11, nous venons exposer et défendre devant


pr61im.
vous les motifs qui ont d~terminé le Tribunat à rejeter, à
la grande majorité des voii' Je Qrojet prése_nfé par le gou.:
verucmen t , sous ce titrè : De .ln publication, des pffets.et de·
i.'opplication des lois en gé11éral.

·n r J
DE ' LA PUBtlCATIOl'f DBS LOIS.

Partant le premier au nom dU'Ttlbunat, je crois devoir


vous exposer, avec le plus de clarté qu'il me sera possi...
hie, tout le système des motifs du r.t.
Voici quel ordre je suivrai. e
·Je commencerai pàr vous · d~'9.,pper les motifs qui
ont décidé le Tribunat à rejeter lè pl'emier article du pro-.
fet; cèlui relatif, je ne dirai pas à la publication, mais ·à
Ia·présoniption de publication aes lois. J'insisterai sur cet
article, ie plus important, je dirai presque le seul impor-
tant du projet de loi.
. Je vous rappellerai brièvement les vices des 'sept autres • à 6
articles, et les inconvéniens qui résulteraient de leur adop-
tion.
Je tenninerai par des obsenati~ns g~nérales qui ·achè-
veront, je l'espère, de vous confirmer dans l'opinion que
vous ne pouvez accmder votre sànction an projet de loi.
· J'entre en m~tière. ·
" " Les lois, dit le premier article, sont exécutoires dam1
• tout le territoire ·français, en vertu de la· promulgation
c qui en est faite par lé Premier Consul. •
Déjà il y a dans ce' premier paragmphe de l'article une
'expression inexacte, et dont l'inexactitude n'est pas sans
quelque conséquence.
' La Constilution, artile 41, attribue au Premier Consul
la promutgation des lois, ou plutôt elle l'en charge; mai11
s'ensuit-il que les lois ne soient.ei;écutoires·qu'en venu de
ea promulgation ?
Pf'enez garde· que cette expression semble· dopner à la
promulgation du Premier Consul une force ·-virrulle, ac-
tive, nécessaire au complément ile la loi.
Or, dàos ce sens, l'express~on n'est pas just~; la part du.
gouvernement, dans la législation, eonsist&à proposer leti
lois ~ à. en rédiger les projets, à en demander et à en 11ou..
tenir devant vtms·, Législateurs, l'adoption.
,.,
DJICl:!SSIOMI, MOTIFS , e~. ..
Lonquc vous av('.,: adopté, la Joi eat faite; elle·est com-
plète, entière, elle est loi.
Le Premier Cons;, et non pas le gouvernement, le
Premier Consul p•t seul la promulguer comme chef du
pouvoir eiéctJti~ Cet• promulgation n'est, en aucune ma-
nière, qn acte législatif; elle n'a pour objet que de certifier
là loi, et (Je d~clar~r qu'elle n';,l point ~té attaquée, pour
çause d'hJcon11tituti~µnalité, dan11 les dix jours de son
ê~issioa; c'est après la· proinulgation, ou 11i l'cm ve~t, aa
moyen de la I»romulgatioo, mais ce n'e11t [>all en 'Vf!rlU de la
promplgaJÏC)n·, qu~ la loi doit être eX~µlée. i'le ~oit l'~~
en vertu de ce qu'elle est Joi.
Qu'on ne dite pas qu'une expression pour l'autre est ici
iauJiff.érente, et que noue n'~levons qu'une dispute ,Je mo's :
c'est par-les ,nots qµ'on exprime et qn'op 6~ les idées; et
Tous sen~ bien , Jêgisl:ateur11, que ce mot en -ver~ pré--
sente une idée très-diO'êrenle de celui-èi : aµ mo.rèn. L'~a
dpnpe à l• proJllulgation un .etret trop étendu, une force
qu'eJle n'a pas; l'aptre lui 11ssigne son Térit;tble cara,:tère.
L'un dit de la promulgation ~ qu'eJle n'est.point; l'autre
expriJnp esactetment ce qu'elle eCJl. C'est "~pc ce ·dernior
qµ'jl fallait· e1Dployer; et yous •p~rceve~ a~•émcnt, légis-
lateurs , les inconvéniens et les conséquences de ce (}éfaut
de j~tetse, tans que j'~ie besoin de m'y éleµdre davan-·
tage. ·
Passons à la fonne de 1- promulg;ition en général, et au
mode"particulier de publication, ou, pour mieux dire, au
dHaut d4:1 publication 'qui vous ~st propo11é.
J.a fol'Jlle de la promulgatiOJJ ne peut pa11 être regardée
et tlaitée comme · uue·ch~ de peu de conséqucn~ : les
lais .sontce qu'il y a de plus sacré parmi les hommes; tout
ce qui appartient à-leur fol'Jllatiqn·, à leur publication, doit
porter un caractère respectable comme elles.
Sous quelque: coMlitutiou -que f'on vive, les .citoyen11

~---
DB LA. PVBLICA.TIOl'I DJl8 LOIS.

soumis à _la loi, les .magistrats , se1 orP,nes, dolveQt la re-


connaitre à des signes certain•, non équivoques, à des for-.
' mes solennelles.
Ces sigoe11, ces formes, quel pouvoir les déterminera, e~ .
aura .seul de droit de les déterminer? Incontestablement
Je ~me pouvoir qui a seul le droit de faire l~ lois. Quel
autre que le législateur pourrait, dire à quel.signe les acte1
du législateur lui-même seront rece~nns ?
En effet, c'est de la forme de la Constitulion établie que
dépendent e\ le mode de confection de la loi , et Ms ca-
râ«:tèr.es dÏf1tioct.if11, et le genre de sa promulgation. Che&
les despotes, la loise fait en secret par .uu seul homme, et
l'on ordonne aux sujets d'obéir à la volonté de leur souve-
rain seigneur ; on l'ordonne _dans la . forme .qui plait au
maitre; elle dépend de lui comme le fond. Dan1 les répu-
bliques repré11entatives, la l~i est faite en public, au nom
du pellple, p~r ses mandataires, e,t dans les formes consti-
tutionnelles : par une suite néce111aire, elle doit être aussi
pro.-iulguée dam leB formes constitutionnelles.
La Constitution de i. 791 et celle de l'an III avaient fixé
&optes deux , par des articles exprès , la forme de la pro-
mu~ga.&ion des lois. . .
~a. lm du 12 vendémiaire an IV, sur le. mfde de publi-
cation et d'envoi des lois, a été mise au rang de celles or-
ganiques de la Constitution de l'an Ill.· .
~a Constitution de l'an VIII ne dit rien sur la forme de
la p~n;tuJgation , ~t cette forme a varié depuis que notre
Constitution nouvelle est en activité.
Cette forme, eependa_n t, ne pe11t pas, ne doit pas être su-
jette aux variations de l'arbitl'&ire; c'est un acte de législa-
tion , .et de légwat~~ politique, que de la détermine ...; et,
comme sous notre Constitution, le pouvoir légilllatif est
divisé entre trofa autorités, toutes trois dc;>ivent concourir à
ré«ler les formes dans lesquelles les lois seron l promulguées.
n 11'ensuit q11'u11e loi sur cet objet est une loi de l'ord~•

.
-- ..... -;___ _____..,,.., _ .
. DISCUSSIO.l'fS • BOTIFll • etc.
politique , une loi organique de la Constitution , et que
l'objet est assez important pour demander, à lui seul, une·
Joi expresse et complète. Cette loi nous manque; elle est à'
fàire. ·
·t a trouvez-vous, législateurs, d:ms le projet qui vous
èst soumis? Il ne fixe point la forme ~e la promulgation.;
il n'en propose aucune ;-et tout ee q'u'll dit de la promul-
gation, c'est qu'elle doit avoit une date, ce qui est tout
simple ' maiS ce qui ne p'e~it· suffire.
Ne cherchez donc' pas dans'ce ·projet Ja loi sur la pro-
mulgation , qui serait cepei1dant si importante' si néces-
.iaire; c'était ·précisément ta loi qu'il fallait' faire, au lieu
de l'article qui vous est 'présenté. ·
' ·Mais cet article n'est relatif' qu'à la pab\ication ;-voyons
si
s"il remplit son objet' et vouli pouvez lui dontlèr votre
sanction; ·
Vous connaissez sa disposition; ·en voici le motif'. On a·
dit: De quelque manière qu'on s'y préone, quelque for-
·malité qu'on emploie, il ne faut pas s'anendre que touit
les citoyens aient jamàis une 'éobna'issanct pêrsonnelle de
la loi; il est impossible de la leur faire parvenlr'â tous et à
c~.acun; le problème à résoudre est donc moins de trou·
ver des moyens de faire connaitre 141oi, que cle fixer·uue
époque où elle sera censée 'connue.
Nous admettons le principe, ou plutôt le fait, · qu'il n'est
pas possible d'atteindre à fa certitu.de physique de c!onner
à tous les citoyens une connaissance persopnelle de'Ja loi;·
mais nous n'admettons pas la conséquence, beauçou p trop·
expéditive qu'on en tire, qu'il est donc inutile de chercher
d'employer des moyens de leur donner cette conoaissanue, ·
et qu'au lieu de s'en· mettre en peine, il suffit de fixer une
époque où fa loi sera censée connue.
Est-ce à vous, législateurs, qu'on peut présenter un tel
système, .a,·ec quelqµe espérance de vous le voir consa-
éreri' '

- _ J
DE L.& P111LICATI01' . DBS LOts;

Vous pourre21 vous contenter, Mns·doute, de la présomp-


tion .ou pl~ de la certitude morale -que la lo.i doit être
oonnue; mais · ce sera quand ~ous aurez fondé cette pré-
. so'niption sur dei bases solides et suffisantes; ce·sera qn~nd,
d;'une part , la loi aura été publiée par l'intlertion au· Bnl-
le&in .offieiel, par l'envoi llux aurorités j.udiciaires et admi-.
nistratives ; enth:i par touli les moyens qui paraitront les
plus propres à lui donner une g~ude, une solennelle pu-
blicité; et quand , d'une autre pait, il' se sera ·écoulé un
délai tel que cette publicité ait pu avoir son effet, et que,
si' la conuaiS11ance de la loi n'est pas paneùue à tous les ci-
toyens , du moins elle ait pu leur parvenir, et que ceux de'
qui elle sera encore ignorée ne puissent imputer qu'à eux-
mêmes leur ignorance volontaire•
. ·Dans le sy4tàme du projet ·de loi, les moyens de puhll·
olté sont nais; l'article n'eit établlt, n'en énonce aucuu;
et·l'on pouniait' si cèt amclé était adopté ,.stq>primer et le
Bulletin et l'envoi des lois aux àutorltés, et renoncer à tous
les moyens actifs de publkité.
On regarde eomme dea moyens. dt ·publioit6 suffisante
ce qui se passe lors ·de là' confection de la loi; sa ·présentaJ.
lion au Corps législatif, sa discu88ion ati Tribunat, et de-
.Yant vous, législàteurs, ptils le délai constitutloooel de dix
jours qui •'écoulé entre son adoption et sa promulgation ;
pendant ce temps, dlt~on, les Journaux impriment, ré-
panden't les .projets de ·lois, publientJes discussions; beau·
coup de citoyens, ceux surtout qui, par devoir, par état ou .
par leur position personnelle, ent btsoin de connaltre la
loi, pl'ènnent intérêt à ea formation, la sulvent, ·y aHis-
tent en quelque sorte par·1a lecturt' des papiers publics ;
il n'est donc pas à craindre' qu'e la loi ne soit pils suffisam-
ment connue: il n'y a pas d'autres moyens de publicité en .
Angleterre et en Amérique.
Je conviens que· les jou11naux peuvent avertir qu'il se
prépare ou qu'il a été rendu une loi sur telle ou ·uine ma-


136 »UCVlllOff. MOTll'I. etc.
tière : maïa do~nent-ila · de la .loi une connaiaaance oil·
cielle, même auftisan(e? lea cUoyen1 inléreaiétl •'en rap·
porteront-ils aux journaux P est-ce aur un &exte pria dan•
uo journal qu•un adminiatrateur, qu'un juge, qu•un tri-
bunal motivera ses décisions et 11ea jugemen11 P E.t si ce tal~
1 est altéré ou tronqué~ si deux journaux le rapportent
d•une manière différente!' On parle de 1'.Anglelene et ·de
l'Amérique!. •• D'abord, il ne faudrait pa1 àmettre de diaie
que, dans ces pays, à la fin de cb•que seuiôn du' pademeot,
·on envoie aux gouveraeun, aux coun, aux tribun an, et
, aux shérifs des comté•, le recueil des lois rendues dans la
seaaion.
Et cl'ailleun, il y a trop de diuemblaoce d'eaprit et d'ha-
bitudes entre ces pays et le nôtre , entre l'avidité avec la-
quelle on y recherche et on y lit lea feuillea périodiques,,
et l'indifférence dont on les accueille parmi noua, entre
l'exactitude et l'entière liberté des · ;ouroaux anglais et
américains à rapporter les lois et les débate législati&, et
la manière dont nos feuilleà les tronquent, •ea
défigurent·
ou les suppriment, il y a, dia-je, trop de di..emblance
dans tout cela, pour qu'on puiue tirer un argument solide
d'une comparaison ai peu exacte.
Quant au délai proposé, eaHI suffisant pour que la loi
pui11ae être raisoJJnablement présumée connue P
La loi doit être promulguée Je dixième jourP c'est à la.
6n du dixième jour atUllement, ou au commencement.du
onzième, que le secrétair&d'état peut la transmettre, signée
du Premier Consul, et revêtue du sceau de la République,
au ministre de la justice. Il faut que le mini•tre en fa818
faire dans ses Jtureaux une copie, qu'il certifie , et qu'il
envoie à l'imprimerie du Bulletin des lois. Il faut que·cette
copie s'imprime! •.••. Eh .bien, à peine le délai &xé pour
que la qonnaiuance de la loi soit cenaée panenue aux ex-
trémités du territoire, à peine, di.;.je, ce délai esMl soffi-
Mn' pour que ee• p..enüère.1 formalités d'~qyoi , de copie.

••
_,,_;...::- -
- - - ::. ceci§ -n -d
H t;À. PVILIC:À. T-IOR DJIS LOu.# t37
et·d'impteui1fn soient' remplies; les bllreau~ et les Impri-
meries ne marchent point avec la rapidité des courriel'll.
. Mait l'insuffisance du délai est pent~tre son moindre
défaut; ses inégalités, ses variations, la pouibilité de l'a-
bréger ou de l'alonger à volonté, son incertitude tourmen-
tante pour les citoyens, la complication même des calculs
qu'il tend nécessaires, veilà beaucoup d'autres motifs qui
1e réunissent pour le faire rejeter. .
Je reptends ces motifs' successivement, ei je les .établis ·
en peu de mots.·
Les irrégularités du délai. On nous annonce un Code civil
auquel nous devrons le gra ..d bienfait de l'unité, de l'unifor-
mité des loit dans toute la Républiqu~, et pour premier gage
de cette uniformité, dont nous nous applaudis.sons d'avance,
on nous propo\e d'abord une loi qui ne sera point uniforme!
unfJ Joi qui fera commencer l'exécution deslofs à desheurei
dift'érentes dans les différent départemelis de la République!
:Et voyez combien· cette inégalité deviendrait quelquefois
bizarre et choquante. Jugez..èn, législateurs, par Cét exem-
ple que i'ai cité dans mon rapport an Tribunat.
Auxerre e11t à quarante lieues, anciennes, ou vingt my-
riamètres environ de Paris, mail il est du ressort du tri-
bunal d'appel de Paris; ·Rouen· est hors de ce ressort; mais
il n'est éloigné de Paris que de qÛatorze myriamètres; ainsi
à Rouen, qui n'est qti'à vlngt.;.buit lieues anciennes, la loi
ne devra être exécutée que dans soixante-six heures ; et _à
Auxerre, qui est à une distance de quarante lieues, ·elle
devra l'être dans trente-six heures.
· Variation et incertitude dans le délai. En effet, il serait
fixé d'aprèt le nombre de myriamètres c1ui forment la dis-
tance entre Paris et chacune des villes où aiégeot les tri-
bunaux d'appel; il faudrait donc commencer par fixer
cette distance; elle le serait, dira-t-on , par un arrêté; par
_un réglemeot; mais ce réglément, cet arrêté peut être
changé d'un joar à l'autre; il arriverait que la distanee
l
)

\
DlKUSSJON!I. •OTJFI' etc.:.
pourrait être reg;irdée comme rapprochée, si des cir~on1".'
tau.ces abrégea~ept Io chemin;, comme .ii un nouveau pont
facilitait le p.a$8age.d.'une riviè,r e; si,, en pertant une ·moo-
tag11e, on évitait '1'
plus long Jiétou.r ; alors la distance ue
serait plu11 la m.ême·; ,et coœ~ l~~ maitres. d~ PO!ltea ob•
tieQDent quelqqçfof• qu'on alon.se. q~ qu'o~ double m~~
des dista~ccs qui ne chaoge11t 1pas. dans:la réalité, sait · qui:
ce qui arriverait de ces 6xatio~1 arbiLraires de myria~è­
tres,,. et jusqu'o.ù des intérêts partjeulie"' pourraient qu.el-
quefois parvenir à les faire raccouroir ou ~loog~r, en Pr-Or
fita11 t de <:cr.tiliues circonstancei; ?
C'est doJlo bien à tort qu'on a dit .que, dans ce oouv~
système , les citoyens ne seraient soumis qu'à l'arbitraire
de la loi, toujo':lrs préférable à l'arbitraire de l'homme.
C'est à vous,. législat~urs, dç.vpir 11i vous ~oulez adop~Qf'
une loi dont le complément nécessaire serait dao11 un ar·
rèté, dans un réglement de distances, qu'on pouuait chan-
g.er à volonté. Serait-cc là une loi complète? serait-ce une
loi immuable, et préviendrait-elle l'arbitraire P
Le moment ojJ la loi devi~n~ait exécu\oire: s~rait tou-
jours variable et mobile; il le serait d'autant plus, que la
tin. du terme dépèod de son _c ommencement, et que ee
oommencemeut pourrait aussi varier. En effet" le délai
doit commencer de la .date de I~ promulgation·, etéchoir
eusuite à différentes heures, à düféreos momens {car .c'est
le. terme dont &Cl sert le projet de loi) pour les dilîéreos dé·
partemeos.de la République.
J osques à présent la promulga~n o 'est point datée d'une
àeure précise; elle l'est seulomeot d'qn jo'U (a), et d•s
(a) O. "cil ~il f a - oui'"' la ~gle ....edliin : I• j - llti - n'nl pMtl °"'""' "-1.
4.-- ; qu'aie; uue:loi 4:tant prœnl.ptia, par eumple, le 1u du,8a0il, Je diMi ~IDllO.-.it
.i. courir à miauit de ee jwr, el que 1• loi .erait prUumée connue à P•rû et dam le rftlOrf. •
tl'fnte1i1: heare1 après, c'nt-l-dlre i mKH da troili~e fotlt du moil, el f111'à pa1.ir de ce midi,
0

i, ....;.;.... ...........~.odNil et gopenit ...................... - la ..........


Prance. Il est Bcbeux qu'un article de loi IOÎt aMCI peu clair pour noir beJOio de toute celle H ·
j1Jicalion, .. , • 11lm, cette c.'xplintien n'el>t bonne qu'1ul1nt qur. Ja promulgation 1era Rulement
.iue ... J4iar ~ ol!e lffQ< •-W.., 4o- oit ......pli• 1'1 .....d._h4il..., ............

...
-;.......,._ _":"
DH LA PUBLlCA.TION DES LOIS.
,, • • 1

le .mode .a~uel de publicatiGDt qu'elle sQi.t, d.atée-d_u j~~'


Ol\ de l'heure., il .;e . peµt .s'ensuivre aucune di~ér«?,nce
ultérieure. .
Mais admettei un article de loi (c'est celui ·du proj~t)
qui dise que la.loi com~-ien.cera à, être exécutée 4u moment
où elle.pourra être connue, et quifixe ce n1o.meoJ à te/Jq
/Jeure aprèa la date de. la promulgation; u~est-il pat c\air
qu'en donnant à la promulgalioo la date d'une heul'C pré-;
cise, on cbao,g~· à volooM le momoul: où. la loi devra com-:
mencer à être-exécutée? qu'aiosi une loi pro1rlulguée à la
date de six heures du matin, par exemple, devra eommen;-
çer à être ex~cutée douze heures avant celle dout la pro-
mulgation sera datée de six heures du soir .du .même jour.?
La promulgation doit toujours se faire le dixième jour,
j'en conviens; mais ce joi:ir a vingt-quatre heures, et le
projet de loi,, laissant au gouy~nement la faculté de dater
sa promulgation de celle des vingt-quatre heures qu'il vou-
dra, il n'y aura jamais rien de c,ertain sur le moment où: la
loi pourra être censée connue, et où elle devra ..comJ11ènqer
à être exécutée. La oopnaissance présumée devient alors.
la. connalssance impossible, pl~i11que l'heure de la date de
la-promulgation sera ignorée jusqu'à ce qi:ae la loi par;iis11&.
et devienne publique. Eat-il possible de laisser vivre les c~­
toyens dans.cette incertitu~e continuelle sur l'objet le plus,
important pour eux P ,
Mais yoyons comment pourra se· faire l'application de la,
loi, d'après un pare.il mode de publication.
Il est fiUelques actes qu'on date de l'heure où ils sont
passés; mais ce n'est eas le plus grand JJombre : tçiut~s les
conventions, les obligations et la plupart dès actes.notariés
ne .sont .datés que du jour; quand il faudra apprécier un
acte non daté de l'heure, et lui appliquer une loi qui sera
deveo~e exécutoire. ~ "!J moment fixe et précis, com_me~~
le pourra-t-oo faire i> Voilà donc tous les citoyens obligés 4ie
da~er désormais l'heure dans tous les actes; e~ .. s'ils l'ou-
. DttCVlltOftl. MOTJPS-. elc.
b)ieot, les acte1 lél'Ont-ils nuls? On n,admettrli d<in~ plu~
les actes sous signatàre pri,ée; s'ils 'n'ont été enl'egiStréÎ
avec les dates de l'heure, de la minute? Vous voyez, légis--
lateuta, à quellea conléqueiî«les ce système peut conduire;
vou11 •oyez qu'il est une source d'incertitudes, de difticul-
tél, de discW11ion1 interminables.
Enfin, tous ees calculs d'heures et de myriamètres sont
dlfticiles, bora de la,portée dti plus gt'and nombre; et pour
êelà sèul, ils dbivent être rejetés d'une lbi. c Les lois·, dit
• Montesquieu , ne daivent point ·ètte subtiles ; èlles ·1oot
·• faites pour les geas de médiocre entendement. •
Ee motif pria de la néceesité de donner à certaine1floi1
la plus prompte exécution, la marche la plu& rapide, ne
troute beureuaemedt son application que clans certains
cas assez rares, et lonqu'il s'agit ·dè meeures répressives;
et dans ces occasions peù fréquentes, on trouterà des
moyens e1traordiuaire1 d'exécution que la loi n'intèrdira
point.
Quant aux lois fùcales ou de finances, contre lesquelles
on craint qu'il ne se commette des fraudes dana·l'inter-
valle entre. leur émission et teur publication , il seta tou-
jours trèe-diftloile d'empêcher ces fraudes, parce que l'in-
térêt particulier est actif, vigilant; parce que la loi, si elle
n'est suffisamment connue, sera dù moins àssei annoncée
par sa présentation, par sa discu&1ion, pour qu'on songe
à l'éluder; parce qu'enfin, avec quelque rapidité qh'on lui
fasse parcourir des myriamètres, la fraude et l'amour du
gain fuiront encore plus vite devant· elle, et n'autont be-
soin qùe de gagner quelques heures.
Vous •oyez, législateurs, combien d'iuconvéniens, et
qui ne sont balancés par aucun avantage, entraînerait le
projet de loi rejeté par le Tribunat; hésiteriez- vous encore
à le rejeter P Je n'ajouterai qu 'où mot , et je l'empruolerai
à l'un de nos -premiers magistrats , qui a rempli les fonc-
. tions de ministre de la justice., et chez le~uel l'expérienctt
·-

DB LA PU-BLICA. 'flON DES LOIS.

iljoule aux lQU,1.ièrea acquiaea dans la science des loj11. • Les


,c inconvéoiens, a-t~ di~ , qu'on croit de.voir résulter. du
c mode actue.l de publicati~n, ne aout pas jusqu'ici juati-.
« fiés par des exemples : la seule question que ce mode ..ait
c fait naitre, eat celle de savoir si. les tribunaux sont obli-
11 géa dè juger conformément à la loi avant de l'avoir re-

• çue. Le obaopment qii'on propose d'appor~r au mode


A actuel de publication eat ·donc .sans motifs. • Tmle.a été

l'opioion de.ce jurisconsulte célèbre; telle a été celle d'une


grande partie des membres du Tribunat.
Je dirai peu dti cboee des sept articles sui vans, pour ne •à 6
paa fatiguer votre attention; permettez-moi, légi.&lateura ,
de me référer, à cet égard, au rapport qui yous a été dis-
tribué.
Voll8 y avez vu que la plupart .de ces.articles sont des rè-
gles générales .de jurisprudence qui fppartiennent ·à la
ecience et non à la législation; règles qu'il ef!t très-dange-
reuic de vouloir eonvertir en articles de lois, parce qu'elles
sont sujeMe& à de fréquen~ exceptions, parce qu'elles de-
viendraient fertiles en applications fausses, en conséqueo-
cea fUD01tes ;
Voua av~ vu qu'on aurait pu de même, sous ce titre,
de l~Qf>Plicalion et dei effets das lois en généra~ citer une foule
d'autree règlea ou ulomea de droit qui ne seraient pas
mieux à leur place que lea quatre ou cinq qu'on a (ait en-
trer daoa ce projet;
Vous avez vu que plusieurs de,cea arlicles appartiennent
à dea matièrea particulières, et doivent être renvoyés aux
titre& qui en traiteront; que plusieurs aussi présenlent des ·
vices essentiels de rédaction ;
Vou. avez vu que t.ous lea articles du projet ne sont ni
lié.t, ni or.donnés entre eux; qu'ils aont eeulemeu~ placés
à la suite l'un de l'autre sans méthode et comme au ha-
sard.
Et ce serait là, légi1lateurs, le premier titre du nouveau
••• . 16
DISCDHIOllJ8 , MOTIPS, etc.
Code f~nçais ? et vous le souffririez? et voua placeriez un
si médiocre péri11tyle au-devant clu grand édiftce que vous
pt'éparcz J>OUr la nation (rançaise et pour les siècles à ve-
nid
On ne vous dira pas, sana doute, que vous allez donc re-
tarder la confection de ce Code civil , si néceuaire, si vi-
vement désiré et si long-temps auendu; ce serait vouloir
alarmer ves consciences, au lieu de convaincre votre rai-
son : sans doute, le peuple français est impatient d'uoir
un Code civil; mais il est encore plus jaloux de l'avoir bon,
ctigne de lui, digne de vous, législateurs, digne de l'épo-
que à laquelle \:OUR allez le lui donner, du commence-
ment du ·dix-neuvième siècle.
Et d'ailleurs, comment le rejet du projet de loi .actuel
pourrait-il retarder la confection do Code civil P Le prin-
cipal, le seul article important du projet n'appartient pas
plus à ce Code qu'au Code criminel, qu'au Code judiciaire,
qu'à tous les autres; il est même relatif aux lois temporai-
res et transitoires ; c'est une loi à faire à part sur la forme
de la promulgation et le mode de publication des lois en
général; loi importante et urgente, sans doute, inais dont
l'absence , depuis la mise en activité de la Constitution de
l'an VIII, n'a pas empêché et n'empêche ·pas encore jour-
nellement que les lois que vous ~ndez ne soient promul-
guée,s et publiées suivant le mode qui existe.
Qaaut aux sept autres articles 1 la plupart sont des prin-
cipes qu'on trouve au Code, au digeste, dans tous nos li-
vres; et je voi11 bien ce qu'il y a de dangereux, mais je ne
vois pas, je l'avoue, ce qu•il y a d'urgent à les convertir
en articles de lois.
·vousrejeterezdonc ce projet, législat eurs,afinqu'au
lieu du premier article, on vous présente une loi bonne et
complète sur la forme de promulgation et le mode de pu-
blication des lois.
1 16 Von1 le rejeterez, afin que de11 sept autres articles on en

• •
D.B LA PUBLICA TIOl'I D.BS LQJS,

, supprime tout-à-fait plusieurs qui ne peuvent être des dis-


positions législatives t afin qu'on reporte les autres à leUl·
véritable pJacil, aux titres auxqueJs ils appartiennent, et
aussi afin qu'on en revoie et qu'on en corrige la ré-
daction.
Votre refus d'adopter ce projet prouven que vous voulez
que la majesté du peuple français, tant rehauuée pades
armçs, le soit encore par les lumières les mœurà et les lois.

DISCOURS PllOll'Oll'CÉ PAll LB COll'SBILLJUl D'ÉTAT POllTALIS,


t.'mr DU Oli TJtUlU DU GOUVlllOLJUJllT,

( SUace tl11 o3 frimaire an X. - 14 .t.!cembre 18o 1. )

Législateu~, le projet de loi soumis à votre sanction est


attaqué dans son ensemble, et dans chacun des huit -.rtï-
cles qui le cotnp.osent.
Il est relatif à la publication, auz effets et à~'application
des lois en géné~l.
Dans la défense de ce proje_t, nous suivrons Ji même
plan que l'on a suivi dans l'attaque.
· Examinons d'abord ce que l'on objecte cont.re l'ensemble
du projet de loi.
Ce projet, s'il faut en croire les orateurs qui l'on cen-
suré, n'est pojnt à sa véritable place; car, n'étau.t relatif,
dit-on, qu'aux lois en général, il n'appartient pas plus au
Code civil qu'au Code criminel, au Code commercial, et
à tous les autres Codes.
Nous t:.0 convenons;- .et c'est parce que nous en conve-
nons, que le projet de· loi dont il s'agit a été deatiné·ti for-
mer une loi distincte de toute autre loi.
Mais , objecte-t-on , le projet !le loi que noua discutoo1
est placé à la tête du Code civil; quoique volis conveniez
qu'il ne lui appartient pas excluwvement.
Je réponds que cette _objection est inintelligy»le po\Jr
moi.
DJ&CUSSIOKS' MOTIFS. etc.
Expliquons-nous.
• C'est à l'occasion du Code civil que l'en s'est occupé du
projet de loi relatif à la publication, aaz effets et à l'applica-
tùm des ÜJis en finirai; mais le titre seûl de œ projet an-
nonçait sulBaammeot que des dispositions et des règles sut'
ks loi.r en général nfftppartenai~nt exclmivement à aucun
ordre pal'fioulier de lois. •
Un Cod.e ci•n a naturellement plus d'étendue que to~t
autre Code : il régit l'universalité des choses et des person-
nes~ Let Jois· crimi~elles, lea lois commeroiale1 aont plus· •
circonscrite•.
D'autre part, la rédaction d'un Code civtl a été le pr~­
mier vœu de nos assemblées nationales.
Il était donc naturel de s'occuper de ce qui con_çeraae les
lois en général, dans le -m oment où l'on était invité à 11'oc-
c::uper de la pal'tie Ja ph~ étendue de la législation.
011 ·rai104ne sur la place qui doit être assignée au profet
de loi gue nous discutons, comme s'il s'agiatait d'uoè
question de préséance entre dea individus.
Les lois ont une époque, une daté, parce qu'ellel 80Dt
fait~s dans un temps plutôt que dans uo antre ; mais ellea
ne sont distinguées entre elles qoe par la matière à 1•f(ueDè
elles se rapportent.
Chaque loi a IOD exi8tence , oolbme ollâqae loi a aen
objet. · ·
Ugilllâtëura , dans l'ordre du travail, noua ••én pealé
qu'il pouvait être utile de vous présenter ua prejet 'de loi
sur les lbiil en· génél'al, avant que de vous présenter les di-
vers projets de ~ois ~l ont été préparés SW' les 4iveraea
mati~res civiles.
·Conclura-t-on de là que le· projet de loi sur lei loù en
g'nérdl c.,.se ,d'être t:e qu'il est pour devenir oe ffU'il n.' •
pas? ..
. On ebiene' qae ce projet, qui o'appattieùt ddusi"Ve- .
ment à aucun Code, aurait dt\ être l'objet d'une loi parti•
DB LA· PUBLIC.lt'lOl'f 11.&5 LOUi. 94a
culière, d'une loi à put. th bien! qu'a-t.-ou fait, e&.,41ue
pouvait-ou faire P Pou.. diatioguer u,n pl'.Ojet de l~i l\e ~ut
autre,c:ouoalt-ou.quelqqe autre ~en· que celµi qpe nous
avoua cboisii> ..
Le titre dL1 projet· présenté iodique lütérlllc.ment quo ee
·Pt9iet concerne ks lois en pnéral, c't!sl-à.·dire toute e~ce
de lois : doue il n'e.st pas exclusi..,meQt iippllqpé aux
leis civiles. Le même projet est s00mitl sép~•t à la
NoCUMfl ,du Con- IA!gia&atü : don~ point ·de coufusioq à
cralnd.re.
Je doute. qee ce soit une•boDlle manière de œoaurer uu
projot de loi. que de ee . pl'ffaloir~ non ddll vices que l'on
y décoqvre, ~aie de ()eux q.ue l'oo y tberche 1 et de FQPO·
aer dee objec&iOD11 démentie. par le projet même.
Si-quelques ora\eurs nous. ont di& que le projet ~de loi
n'appartient à Micun Code, d1autres 100& partie de l'or-
doonauce de 100,, pout ~oWI ayertir que ce projet. appa.P-
tient au Code judiciaire. ,
~l est ~vrai que Id pramier titre de l'ordooaauce d.e
1667 pal'le de la pW.licatioo et de:l'mterprétation des loi.-,
et que, fiant la même Otldon....ee, ou. fait uo Coc.k pour
la pl'C)Clédu~ ciüle. lla'ls pom:quoi di88iqluler que- l'•rdl'e
· de la ~«lure,civile .o'a -.;a11 été l'ouiqoe obj.et du. léttiela-
te.u r·P ~o~t .trouWODI dans l'ordoana'D418 de 100, des titres
sur divers points de droit illlportaua aw. la {Mme ~ re-
gittrea·, eur la ~jtion. del· compte•, 1.dr. le1 fai•& qui
~Dt .,a. preovea locala ea littéMles-, snr- les prises à
parti~
L'ordonnan°" de ·1667 était destinée à faireépo'fu• 4aus
la législation frança~; elle oorrigea~t. de granclll abJ111; elle
fixait qaelffues maxime, ·miportaates; on profita du mo-
ment popr-lir qu~ues Ngles sur la•publication et l'in-
terprétation 4e1 loit. ·
llaja de cequ'il ett parlé de la publication des lois dens
une ordonna~ce qui .,-r1e
aa•i des fcirmes do la procé4ure,
t46 DISCUSSfO!(S , MOTIF9, etc.
coaclure que Ja matière de la publication des Joi8' appar-
tiént au Code judiciaire, ce serait mal raisonner; car au-
tant aimerais-je entendre dîre qu'il faut renvoyer la matière
dti la publication des lois à celle des testamens et des suê-
. cessions , parce que l'authentique, ·ut n011œ. constitutiones,
,.
1

régla les formes de la publication des lois, en décidant


une question de testament.·
Avant l'ordonnanc~ de 1667, ceÙe de Moulins avait pa-
reillement réglé les forme11 de la publication des lois. Or,
l'ordonnance de Moulins roule eur bien d'autres matières
que celles sur lesquelles l'ordonnance de 1667 a statué.
Il ne faut donc pas apporter en preuve contre le projet
de loi des exemples qui ne prouvent rien.
Ceux des orateurs qui pensent que l'on doit. renvoyer
le proje\ de loi au Code judiciaire excipent encore des di- ·
vers articles de ce projet qui règlent les limites et l'étendue .
du ministère des juges dans l'application .des lois.
Mais, à moins .que l'on ne se croie autorisé à regarder
comme une dépendance du Code· judiciaire toute dispo-
sition où le mot juge se rencontrera, je ne voi1 pas com~
ment on peut exclusivement clasaer dans ce Code des ob-
jetR qui sont d'un ordre plus élevé que ceux qui ne· tiennent
qu'au système de la procédure civile. Tout. ce qui con..
cerne l'étendue et les limites de la puiuaoce de juger ap-
partient essentiellement an droit public.
Il est même des orateun qui ont été jusqu'à dire que cette
matière , ainsi que celle de la publication des lois , ~e peut
être régie que par des réglemens constituti.onnels, et qu'eU~
est hors de la sphère de la loi.
NoUll voici dans une plus haute région.
Dans ce troisième· plan· d'attaque ·, il faut rejeter le p.ro-
jet, parce que, .pour le tradùire en loi, le pôuvair du lé·
gislateur ne suffi~ait pas, et qu'il faudrait l'in~erventton du
pouvoir ëonstituant.
Mais qu'esl--ce donc' qu'un réglement constitutionndi> Ces
DB LA .PUBLJCATJQlf DBS LOIS,

deux mots ne vout point euaemble; Ha impliqu.eot contra-


diction. Le mot réglement annonce quelque chose de varia-
ble; le mot .con1titu.tionnel annonce quetqu€'. chose qui ne
l'eet pas.
On parle clu pouvoir constituant ooœme s'il était tou-
jours présent, comme s'il faisait partie des pouvoirs cQn-
stitués.
Erreur ~ quand la constitution d'uo peuple est établje,
le pouvoir constituant disparait. C'est l!l parole du· créa-
teur qui commanda une fois pour gouverner toujours;
c'est sa wain toute-puiasante qui se reposa pour laisser
agir les causes secondes, ap~ès avoir donné le mouvement
.et llf vie à tout ce qui existe. Par la Constitution, le corps
politique acquiert tout ce qui lui est nécessaire pour être
viable; il acquiert une volonté et une action. Maià alora il
~ sµffit à lui-même pour se conse."er et se conduire.
La. Constitution a d.istribué 14s pouvoirs de l'état c~me
la nature a distribué les facultés de l'homme.
La Constitution est au-deSBus du législat~ur. Aiesi on ne
peut changer ni détruire par des lois ce qui est établi par
la Constltulion.
Cooaéqu~ment, dans la matière qui est l'objet de cette
diacussion , une loi ne po~rrait déclarer que la proml,l}ga-
tion des lois n'est pas nécC11saire, puisque la Constitution.
suppose littéralement · la uécesaité de celte promulgation,
et puisqll1elle ·déligne. le pouvoir par qui les luis doivent
être p110mulguées. .
· Mais .la Constitution n'a point déterminé le mode ·ni la
forme extérieure de la pr~~uJgatiou des lois. Donc elle a
jugé que ces objets ne sont pas constitutionnels; car on ue
peut pas dire -qu'ils, ldeot éoha~à sa préVOJ'lDCe, puis-
qu'elle s'est particulièrement ~ccupée ' de la matière de la
promulgation. Donc,.elle a reconnu que tout l'espace qu'elle
laissait libre d~o11 cette ~tière était d1,1domaine.4c Ja loi.
Je oo~ois que,;. clans les cas extraordinaires qui peu-
DISCUS8101fS, llOTIPS , elo.
vent être amenés par le temps; il peut se rencontrer des
objets qtii soient, par leur nature·, hors de la maln du W..
gislateur; mais dans Joutes 'les· matièi:es sur le11quellès la
Constitution a formellement .s tatué, il est évident que ce
serait · l>lener la ConstiJution 'même, que de· regarder
comme constitutionnel ce qu'elle n'a pas vouhi; traiter
comme tel.
Je sais qae la Coottittition.·dc l;an UI réglait explioite-
ment le mode et lei formes de la promulgatlon ·des lois;
mais cette circonstance est une raison· de plus Pf>u.r penser·
que e'est avec intebtion qn'on n'â plus reproduit les mêmes
détails dans· la dernière Constitution. Les bons esprits a•é.:.
ta1ent plaint de cè que la Constitution. de l'an III était frop •
réglementaire, et de ce qu~elle avait lié pu ir, à l'immuta..
. billté de la République, det objets qui &out essentiellement
snbordonnés au cours variable des intél'Sts, des mœun et·
des .circonstances. Dans le nouYel ordre de choses, ou n'a
pas voulu s'exposer aux mêmes incoilvénieas; et on a laiaé
plus de latitude au législateur.
Pour ce qui el!t des articles du p_rojet de loi, qui font re-
latifs aux fonctions des jug.e s, comment peut-on radt0nua:.;
btement prétendre que ces articles sotat ho~ de la spWlM
cle la loi P L'article 6r dé la Constitution s'exp11ime e1t C89
~nnes : En mtitière ciPile, li y a .dei tribUTUUU: ·de premitlre
i111tance·et des trihuaau.r·d'appel. La loi détermine forpnisa-
tion des uns et du QIJ,lreS, le"ttr coqipétertte et:le lemtrJÏr.tl for-
mant "le ressort de chacun.
Cela est-il clair? lty aura des lribunauz tk pr•mibe ùt-
sklnce et tÛf$. trihunau:c à' appel. Tel ~a.t le vœu de la Conati~1
tloo , tout le reste est abandonné à ·J!empiTe tle la llrri. ·
·Dans les cofttrwe)'llet'eéeUsiastiqoesf O&Lltou <fGèltlue-
lois 'besoin d'avertir les tltéologfcms ·de. n'ètr.o pas plus
chrétiens que l'év~ngile; dans nos controverses politiquea,
nous-avom quelquefois besma CJG'on noua · di~·Ale n'être
p·as plus cons!itutioun~ que'ia'Conlltil,u,tio11•

. ., -~· '1.__ . ..:-:....:-- ·-----·--C.. .


DB ._._ PHr.IC:.l TI0111 J)Jl8 l.018.

ApiM &\'oi«i ~uté t®• lu q~jectiqns rel~µ~~· au poi~t


de 14voir· ai le PfOiet·de lqi.pf#eQ~ eai à 4a yér~~~e place·,
qu'il me llC)it pe-..l• de:cnc~ttre aµx priaea ._ 4iver.a orai~u.._
qui ont proposé c~ O.bjeotibQa,

jqdiciaiio; QeQX-là qa le vo.wlr4i@nt ~a, q"


Les uQ11 lQudtaieot ·reJdper le proj~~ ~ loi dans le Code
• !IQUL~~iat;
qoe le projet de lpi ti'appllr.&(ept ~clusive~eo~. à ~qcUD
Code. D'•Ukee anncent, COllbe l'esprit.et la le&trè de la
Constitution, qae toute la ttaatière eur laq.11.Ue le proiet
ditpole est oonatitutionnelle; et oooaé~Qlent étra.-
gète au pquvoir légiale.tif; d'autreu1e vciie.ii rien, daoa lea
ob;e&e dont il s!agil·, qui ne ao~ du domaine de la loi. ·
- Chacoli des orilteun que j'ai à combattre pnte'nd que
aoo_ voisin a tort, et en cela ils ont tous raison. Car, à ceux
quhoutiennent que la matière du pœjet de loi !'I& con&ti-
llltionaelle, ;e réponds ayec · la conati&ution, qu'èlle ne
pent Mie~ que par une loi.
· A ceux qui voudraient relégaer le pm;et de k1l daDI le
Code judiciaire, et qui ont argumenté d'aprèsl'erdoouance
de 1667, j'oppoae l'authentiqùe : ut no"œ con.stitutiones., et
l'ofd.onoaaee de Moulina, qui n'ont pu auivi le plan de
l'ordoenance de 166,. Je ledr reponda eocore, d'.aptè• la
utore.des ohQael, qu'U!Jt lqi mlative am lois eo général,
o~eet pa1 plan partio~ièt"e au Code ju4iciaiœ qu'à Jou&
autre Code.
Jilinalement, à eem qui, pada•t dei ·o., deraier point
OOD'feow, noua reprooàeot d'awoir préa4'Qté, comme uo

. appadeaÎI' e:xcluÎliftlDCQt à .0°'1D C•


.•)Jll0•(9e exoluif.d11 {;ode eJVil, un pr.c>jet 4e loi qui ~e peut
pa!lreulfcr, je·~
poàda: De C)Uoi 'YOIM plaigaez-"YOuaP qu'e:1igez..vou11 donc
que nom o'ayoo1 déjà fait l' Vou voule& uu pr.ojet aéparé;
nous le priieQtons. Yon craignez qae ce projet, rédigé à
l'occa1ion da Code ci.vil, et pt'éUmioei~nt à ce..CJ)de,
~ pUiate • regardé cemme·un ~anage exclu&if-dea m._
tière8 civiles : li4'tZ le titre mtme 4111 projet, voue y vona
i15o DISCUSllONS. llOTIFS , etc.
qu'il esf relatif à la publicatio1J.,·au.7: ~.ffets ,à l'application des
lois engénér:al. Or, certainement un projet annoncé oo·mme-
relatif aux loû en général n'est point annoncé exclusive-~
ment comme relatif au.x lois ciPiles enparticulier.
Je le demande aux orateurs que·je ·réfute : comment out-
ils raisonoéP De ce ·que nous a•ons dit que le projet de loi
est relatif aux lois en général on s'ellt hâté de conclure que ·
nous avons eu tort d'en faire une ·dépendanoe ·excluaive
des lois civiles. Mais il était bien plus naturel de dire : les ·
~uteurs du projet n'ont pas voulu faire du projet une dé-
pendance privilégiée des lois clviles en particulier, puis-
qu'en nous 'révélant leur ·pensée, i!s nou11 ont annoncé
formellement que le projet était relatif auii: lois en gé-
néral.
; C'est une manière ~uez bizarre de combattre un auteur,
que celle de raisonner, non sur ce qu'il a dit ou pensé,
mais sur ce qu'il n'a ni pensé ni dit. Avec ce singulier syrt-' ·
tème d'attaque, cbacuo a combattu le projet qu'il faisail
lui-même dans sa tète, et personne n'a vu celui qu'il avait
soùs les yeux.
Un second point de vue .sous lequel on attaque le projet
de loi consiste à nous. le faire'. envisager comme un recueil ·
de maximes ·de JDorale e.t de jurisprudeace, qui ne peu-
vent devenir l'objet d'une loi, ·et qui doivent être aban-
doanées à la science.
D'abord, je ne trbuve aucune m<U:ime de morale dans-le
'projet de loi, à moins que l'on ne se fa886 .de la morale
une toute autre idée que celle que nous en avons tous.
Quant aux maximes de juri&prudence, je ne vois pas
comment elles ne pourraient pas devenir l'objet d'une loi~
C'est la jurisprudence , ·c'est-à-dire la science du droit,,
qui fournit tous les matériaux de la législation.
La sciénce embrasse tout ce qui peut s'offrir à l'esprit.
La législation choisit dans·la science tout ce qui peut iot-0-
resser plue directement la société.

·= - ·- ..,. . ~
DB LA P171LICATJON DIS LOIS.

L'o.fil.ce de la loi, dit-on, n'est que d'ordonner, de


permettre, de défendre, de punir; la loi ne doit donc pas
se bomer à proelamer des ·principes.
J~ réponds que le mot omonner, .dont. on se sert po11r
exprimer une des attributions de la loi, a une signification
plus étendue que l'od ne pense; Il n'est pas limité·à l'ex-
pression d'un commandement précis sur un objet déter-
miné. Il embrasse toute disposition générale ou J>articu-
lière qui sert à régler les actions des hommes.
Un principe n'est point une disposition.
; 'J'en conviéns. Mais un _principe· devient une disposition
quaad il est sanctionné par la puissanœ législative. ·
Ava11t la sanction puh)ique, un principe n'est que le
résultat d'un ou de plusieurs raisonnemens que d'autres
raisonnemens peuvent atténuer' 011 ebscurcir. Après la
. sanction publique , un principe devient un· fait positif qui
termine tous les raisonnemens et..toutes les incertitudes.
Un principe,. tant qu'il n'appartient qu'à la soienœ,
n'est qu'~ne thèse philosophique qui peut être controver-
sée; mais quand un principe appartient à la légis~ation, il
devient une règle qui doit être obéie. ·
Les principes, dans · le sens que l'on attaohe.à ce mot~
sont indiqués par la raison : les règles sont fixées par l'au-
torité;
- ·Les principes sont appris, inspirés ou découverts : les
règles sont établies. . -
: Le eavant, le philosophe, le jurisconsulte enseignent et
propagent les principes; le législateur seul peut faire les
1 régies : car la raison particulière d'aucun homme ne peut
domfüer celle d'un ~tre hooime. Il n'y a que la loi, raison
publique, qui peut utilement parler à toua.
Les B.omains, qui ont si long-tempe régi et qui .régissent
encore le monde par leurs lois, avaient illséré dans Jeur
Code un titre exprès, des règles du droit, de regulu
juris.
'
15,
n ae faut paa tout abandonner à I;t· IJlieoe. U. ae taua
pu tout régJ,er par des lois.
La science, abaocloanée à la dillp11'8, a'.offre qu'une
• r ·sa~· rwagea. Leuègles, .posées.par la. ~égiai.lioP, fQDt
que. les rivages ne manquent paa '~ .aer. ·
Loio de dire que la loj ne doit p$Îpt fia:.er cles r,ègles, il
~t donc dire., au eontraire, cpie riea n'est plus .favorable
que cette tode d'iostraicti® légale, qai éçJaire et com-
mande tout à la foie, e& qui rauuro Ja 88Ciété eonve le&
iluctuations de la scie.ooe.
·Mais, 4iseot les cirat.eur• qUi attaquent .le projet, il y a
la plus. graocl~ iooobére~ tatre les dive.a. articles. 01•
pou~i& placer au eecond raDf "tielu~ 'fW ·est au troiaiè.me ,
_e& au troisième celui qui est au· sece~. Jüea a'eat lié.
Je réponds qu'il; y aurait iocohérenee •'il y avait co~
tr~dio6on ou incompatibilité.
. Ce qui •t dit da.. UD artide eal,-il ~&l'aire à ce qui
~ porté dana tµi .autre P ~pliqu~vous. Si oel:a .es&, il
faut rejeter le proje~. · .
Mais on . n'argne d'aucune contradiction. On sappoee
même qu'il n'y en a point, puisqu'oo obterve ~ul~ent
que les divfVS articlea pourraient être. arbitrairetnent 4é-
-piaeu sans .onséqueoce. Il n..y a deoo point d'io~ti-
hilité entre les articles: . .
. On objeete qu'il n'y a p&l lleil ple&ide liaieon.·
Je conviens· qu'U ne peut oine doit y am; -.ire le.
aflioles da p.ojet, lei r•pp,ol'ls dé ~tili.oatioo ou-de •é-
peoclance. ,q~ a:ïateot .e o. dea propotili«?~S déduite~ lea
uae~ des autres. '
Mais .cela rés~te de ta nature ~~dea cbo"8.
Chaque article énonce upe. règ~; c)Mqlle règle est tJD
tout: or, 4ffféreos tous, ~unis emedlble, ne· sauraiePt
l'être Con.me le sont les parti~• d~un mêiae to\lt. Chaqae.
~a son empire, et, pour ainei.ctii~, "n tarri&eire. Au-
cune n'est précisément la cooséqueaoe de l'autre. S'il ea

----·- )
D.B LA MJattCA.TIOJr DB& 'LOIS. t53
ëiait aalre'lilent, oe ne aeta.ient ;as des rêgles dfltiaclel et
capables de rempliÎ' If> but 'f\le l'on s'est propoe6.
Il ne·•'agit donc pu cle ••oir si les règles posées ont 4e 1

l'affinité entre elles , mais si ellés en ont ayec le tih-e géfté..


rai sous lequel elles sont placées, et qui est relatif à la pu•
blicàtioli, aa.z effets et à l"applieation dei lois en ~Rbal.
Mait, ajoute-t..oa., puisque 'VOUS •ouliez ~blir des~
gles, 1>4urqt$1 n'en a•u-"ôu pu fait une plos loogue
série\ PUea .ait 4.~importaDtel cpi'ne sont pâs dans le projet.·
Je réponds qu'en présentant le pro~t -à loi, nous n'a-
vooa (Wl• ·eatenclo ·présenter un·recneil des règles du droit,
mais simplement fixer ~nes règles relativea oa.r effets
età rapplkotlo11'de1 loi&. .
T•nli\t on 41itait que des Migtea ·de droit ne pouvaient
jamais devenir des articles de loi ; ici on se p~int de ce
que le prO;et '91ol ne contient pas un ·auea grand nombre
de .règles.
Vo'Q8 arez omis, iitês-•oWI, des règles iinportantes.
Mais, faites l~éeaaNdiGD de toutes les règles que ·voua
cioyeg hnpe1'ati&es dlns le•~it, ·et l'Oll'll n'éOh~pPeœi pas
au reproche d'en avoir omis quelqu'une: Les Romains o"y
ont peiot ·ëèha\)~·
Au ;urptuli, ndtte proiet de loi n'a pour ob;et que de
fixer quelques points de controverse,. °" de proclamer·
quelques ma:ôines qui olit teujoun été rappeléès pAT . tes
légitlateùn ·des nation•, f1U&ad ile ont promulgué quelque
gtand œips tle loi.
T-èus les reproches d'omiision portent donc à faux.
Les orate~l,'S qai out attaqué le projet dans son eosem·
ble 6nineot pnr ôbie"er que ce projet n'est pas digne de
senir.de frontispice au Code civil.
Mais tout oeci est bien vague.
Je. sais ce· que l'en veut dire quand on soùtient qti'uo
ptOjetdeloi est bOo ou q'u•il ·e&t mauvait; mais ~s idées
ne savent plus o~ s'arrêter, quand on demande si ua ·pre-
. DISCUl8101'S, MOTIFS , etc.
jet de loi eat digne de llervir de frontispice à un autre. Cette
queiitioo pourrait ·être utilement agitée, s'il s'agissait de
l'exorde d'an discours d'oatentation. Alors on pourrait exa-
miner si cet exorde aasortit le sujet ou le reate du dia- ,
cours.
Mai~ rien de tout cela oe se rencontre dana notre hypo- ,
thèse. Le projet présenté n'est oi l'exorde d'un discours,
oi le préambule d'une loi; c'est uo projet de loi qui a aoo
objet distinct, et qui doit être jugé en ~ui-méme, indépen-
damment de tout autre projet.
Le projet présenté n'est qu'en huit articles. Mais qu'im·
porte i> Il ne s'agit pas de compter les articles d'une loi; il
s'agit de les peser.' La loi qui décréta.que la France serait
République n'avait qu'un article : en a-t-il exiaté de ,Plus
importante i>
La.matière du projet de loi est grave, puiaque la plupart
des orateurs ont même soutenu qu;elle était constitution-·
nelle. Il suffit de lire la diacuuioo du Tribunat, pour être
pénétré du degré d'importance que lt:s orateurs ont atta-
ché à l'objet de chacun des articles soumia à la sanction
du Corps législatif.
C'est autre chose si l'on prétend que .le projet est mal
rédigé, et que les articles qui le composent sont des dan-
gers ou des erreurs.
Maïa cette partie de la diacusüoo rentre dana les objec-
tions de détail que l'on a proposées contre chacun·de ces·
articles. Pour le moment, nous pouvons conclure avec
confiance que le projet, considéré dans son ensemble ,
n'offre r.ieo qui puiue en motiver le rejet.
Actuellement notre tâche est de justifier chaque article
pris séparémcn~. '
Le premier article porte trois choses :
1°. Que les lois sont e ~éeutoires !fans tout le territoire f ran-
çais, en verlu de la promulgation qui en est faite par le Premier
Consul;·
DB LA. PtlBLICATI01' DIS LOIS. t55
!l". Qu'elks seront e:Xécutt!es dans;·c1iaque partie de ~ Bépa~
blique, du moment où la promulgation pourra y ltre connue;
3°. Que· 1a promulgation faite par le Premier Co11sul sera
1Yiputée connue dans tout le ressort da tribunal.d'appel de Paris,
~nte-six heurt1s après sa date, et dans tout le ressort de cliacun
des autres tribunaux d'appel, après l'e:rpiration du mime délai,
augm~nté d'autant de foi.s deux heures qu'ü y a de myriamètres
entre Paris et la ville où chacun de ces trihunauz a son siége.
Toutes-les dispositions de cet article 11ont attaquées.
Comment a-t-oo pu se permettre d'avancer, dit un des
orateurs, que les lois sont exécutoires eo vertu ~e la pro-
mulgation du Premier Consul? La promulgation n'est
qµ'une formalité extérieure qui oe constitue pas la loi. La
loi. est exécutoi.re, dit l'orateur, parce gu'elle est loi, elle
~t loi en yertu des formalités indiquées par le pacte cons-
ti.tutionnel pour la forme de ces actes sup~mes. C'est donc
.,_r uo seos faux, par. une fausse acception du mot, que
l'on a prétendu. définir le .caractère des lois, d'une manière
é".ide~ment coofraire ·à l'esprit de la .Constitution, qui
est précis.
Tout ce raisonnement n'est fondé que sur des mépriies.
La loi peut être considérée sous deux. rapports : .• rela-
0

tivement à l'autorité qui la porte; 2° relative·m ent au pe~


pie ou à la nation.ppur qui elle est faite. ,.
Il est des peuples qui~ n'étant point encore civilisés,
vivent sana loi; mais tonte foi suppose, un peuple qt>i l'ob-
serve et :<f"IÎ lui obéit.
. Entre la loi et l~ p,euple pour qui elle est faite, il faut un
moyen de communication; car JI est néceseaire que le. peu-
ple sache ou puisse s~voir que la loi existe et qu'elle existe
comme loi.
La promulgation est le moyen de constater l'existence de
la loi auprès du peuple t et de lier le peuple à l'observation
de •11. loi. AU(lsi, toWI les publicistes, tous les jurisconsultes


.,....
.

t56 DiaCUUI01'1 , IR>TD'&; ek:.


regardent la promulgation~· l'édition solennellé de
. la'Joi; solemnis editio.
A vaot la promulgation, la loi eat parfaite, relativement
à l'autorité dont elle eat l'ou'ft'age; maïa eUe n'est pomt
eoœre obligatoire.pour lé peuplé ee favear de qui le- légie-
latettr di1pose. Saaa doute , la 'promulgation Dê fait pu la
loi; mai1 les·éffeta de la loi nè peuvent commencer qu'après
la promaJgatlon.
a
On donc dit' avec Nîion ' que les lois &Ont éxécatolres
en Véi-tu de la promulgation. La promulgation est une.
· forme eit&étieure; mais es1entieile , puisqu'elle est conlti•
tUtiOnhellè. 'La promulgation est une forme extérieure à la
lei, comme la parole et l'~riture sont exténe\lres à la pen-
*· Mais, comme pour communiquer sa pen~;11 fauf de.
signes 'qui la transme~nt, il e1t également vrai qu'il faut
une promulgation pour que la foi ne dem~ure pas étrangère
à ceux qùi sont destinés à lui ohéir. L'erreur vient de ce
qu'on ne regarde la loi que dans ses rapporta avec l'adt&-
ri'té qui ta décrete , saDB la .considérer dans ses rapporta
avec la nation pour qui la loi existe.
La premi~e disposition du premièr article da projet est
donc inâttaquablt.
Lll seconde disposition 4u lb~e article porte que les
lois seront-e:déutées ·tians chaque partie de kt République, tlai
~ment où la promulgationpoarray lm/ connue.
lei oil s'élève contre les mots du moment et pourra.
Il est absurde, dit-on , que l'on se· conteÎlte ·d'oàe aim·
pie probabilité, lol'Squ'on devrait ee ménager la oeJ'tlhlde.'
Il est abattrcle· enoore qu•èn se contentant d'une timple
probabilité' on calcule par moment, et qu'on fasle toàt
dépend1'6 d'un point mathématique.
· Je répondrai d'abord qu'en matière dè i~iilation, c'est
la tnême chosê de connaitre réèllenient ·une loi,· ou d'a-
voir pn ou dft la connattre'' ûlèm est scirt: aut scire potaisst!!,


DE LA P'llBLICATION D.BS LOIS.
'
llut debuisse : de là c'est une règle constante, que l'igno-
rance du droit n'excuse pas: ignorantiajuris non ·e:ccusat.
Tout cela est fondé en raison: Les lois sont faites .géné-
ralement; leges generaliter constituuntur, et non in singu/,as
per.ronas ;-c'est-à-dire, les lois preooen·t les hommes en
masse, elles parlèot à la société entière. .
. Il serait donc contre l'esse_o ce même des . l~is, qu'~oe loi
fût penonnellement intimée à chaque individu. ta chose
serait même . physiquement impossible. De 'l à, dans le
droit public de toutes les nations, la loi est notifiée au
corps.do la société par la promulgation. Rée1lemeut et de
fait, beaucoup de gens ignorent une loi, quoique promul-
guée; mais si on a la certitude morale qu'ils ont pu la con-
naitre, l'ignorance de la loi ne peut les excuser. On est
forcé de se contenter de cette certitude morale: puisqu;on
ne pourrait _avoir la preuve spécifique de la coooaissaoce
panenue à chaque individu, que par l'intimation de la loi
à.chaque individu, intimation dont l'impossibilité est évi-
- dente. ! .
On est dont) forcé de calculer sur la connaissance pro-
bable que chacun peut avoir de la loi. Le système des pro-
babilités, en cette matière, n'ellt donc pas nouveau. Il est
inhérent à tous les systèmes de promulgation; il déTive de
la force même des choses. Les possibilités, les probabilités
peuvent se calculer; le projet de loi les.calcule, én graduant
~uccessivement les distances, et en déclarant successive-
ment la loi exécutoire d'après l'échelle des distances gra-
1 duées.

Mais, nous dit-on , pourquoi ne paa faire promulguer la


loi partout? Pourquoi une seule p~omqlgation à Paris ? Il
est facile de répondre à ces questions.
La iqatière de la promulga,tion. des lôis a été disertement
traitée par tous les publicistes; et voici quels sont les prin-
cipes de cette importante matière.
N'oublions pas ce· que uous ~vons déjà dit, que la pro-
vr.
si8 · J>JSCVJSI~~, •o'Ïur1, etc.
ll)ulgalie>n. e~ up., ~itio'!I .10lt1n.n•lte, 'faite 4e la lei plllJ'
i•autorité .c ompétente, solemnis cditiq. La promulgatio11 " '
la ~ive yoix clu législate~r. . ·
La Constitution porte que la proqiulgatioo dea •oit era
flatte par la Preioier CoQ.Bul. ·Jl n'y a dooç et il ne peul y avoir
qu'une seule promulgation des loil eo Fr•o~' et UQe pro-
mu~atiou faite ~ le premier n:aagiatrat de la J.lépubliq.lle,
f...a proJ11ulgation des lois est donc UD aoœ 5111i eat ~ptim.­
Jement .u u et iudivi1ible, C.Ol}lme la Républ;qu• eUe-m.tme •
.. D'où vient donc quet .11ou1 l'ancien régime, chaque pour
11ouv.era_ine promulguait la loi dans son re1110rt , et qp'il y
avait aut-int de promulgations qu'il y avait de pmYÏB()Of i'
Exp.iquoqs ceci. .
. Soua l'ancien régime, la France était une- moqa~bte!'
· e~ çette mo~arcbie se i:omposait de divers états 4.iaUocta,
dao.s lesq!Jtll!l le monarq"e .p>µv~Qflit sou~ dei ~itNI diffj..
:i;ens. Ici, il gouvemait 80~ l~ tilr'? de eomt~; là, lt4>Q8 le
titre ~e duç; aille0,ra, 1«>us µo autre titr~ qm~lcionq®.D&111
cbaqµe êtat particulier:, il éta.i t obligé de prendre, dans aoa
loi!I, le t•tre 110Jl11 leqael il gouveruaii ct;t éta•! Un~ loi. qui
~ra\t ar:r•vée el) Provence, et dans laqoetle Je 11umarq11e
,.•aùrait pi\& pris le titre .de comte, !1'f aul'flil j;pn;iJa ~lé
natµra}j&ée, Il fallàil ifooc au~nt de prC)IP'Jlsa~qs·fiœ­
reiMes qu'il eii11tait d'élliJ!I distincts, 44011 çbaPUD tlesquet.
~ 1JlOQaJ:qt1.e gDIJY~r~~it &Gll~ de, tih'tl& difrére1ts. Lit pJQ-
Ô.uigaJioQ PC' po~ai~ ttJ-q uqe el in4M11ible, pui11qm Ja
mQoar~ie élait ooQJpo&ée de dinrs pe"plet, de <livenN
oatioo&, èlont ohacuo atait 11a cqnstitutiou et ses lois par-,:
t.i.'11.lli.bres.
Cela 11e v!!rll\e. e~.-e e.o ~U.emqQO· , daus lea tliven
~lat& de l'limpereor, en ~•P81Dt' PP il ni&to plusieun
œyauµle& dlij8 le m~ine r9J1HJIJl•' ., 4ans pl~ au-
tres graode11 monarchies d~ l'Buropit.
Mais les publicistes ob~~· trè,.juàicieuMmenl ctu'il
oe f4q• P"' confollilrc: lP J14QQaref4ifs dQQl••ou1 parlHs,

.
i

»•· LA "'7'1ttCATt01' l>BS LOIS. • s'5g
eh il Cau& divenea .promÙlgatioat d'une ml!lne .loi paTcè
-cp'il y a diver.ea nations .très-clistin~tes , uec let éta19
~ui ne forment qu'un même corps polttiqu'e, et où il n'y
a qu'une·loi comme it n'y a qa'un peuple. Dans ees états,
la promulgation est une, colnme la loi même. C'est l'hypo-
thèse de la République française.
. On objectera peut-èfüe qu'il est bien 11iogulier qu~ ·la
promulgation faite dans ·Je lieu ou siége je goouTertreœet
pui11e rendre la loi exécutnire dans tons les \!Utres lieu'x,
Je réponds que cette pré~ndue singularité dîspâraU
quand on distingue, .avec tous les savans, la promulgatioa .
,d'ayec la connaissance qu'une loi a été promulguée ~ pr.o·
malgatio, et di11ulKfltio promulgationi.'. .
· ·La promulgation est consommée par un aille· du Premièr
Consul. Si la voix de ce premier magi&trat pouvaitretentir en
même tem1>9 dao1 toutet1 le1 parties de la B.épubUque, la loit
ser;;it i)artout exécutoire dans l'i11stant mêDJe. Mais. cOll'l'lne
la P1'omulgation faite dans le lieu o{; siége le gou•.ernement
.n e peu't pas ~lre subite'ment connue partout, les lois de1t
dive1'8611 nations ont ménagé de11 d~ais suftlB!lns pour que
la connai111lnce de la loi promulguée puisse 11al'veoir à
tous ceux qui, ont iulérêt à la connaitre. Hais la loi a déjà
toute sa publicité légale au moment de sa promulg1Uion; le
reste·n'eet plus qu'une publicité de tàit, que la loi acqtlfert
~oeaiTement à memre; qu,e:l'on apprend dans les· difN..
rentes pattiea de la .lépublique que la ltf a été promulgùéè.
Le délai ·el tOutes les autre& préeantiona.·de police que 1'~11
peut_prendre pout' propager la connai1111ànce d'une loi, ne
sont que pour garantir et étendre cette publicité dé fatt,
t.èMlistincte de la publicité légale qui est opérée par la
pn111ulgatioa.
, ll y.a dee'P8J!l 'OÙ, dès Pinstant de la promulgation faite
par l'autorité compétente, la loi eat exécutoire dans touleA
les parties d.e· nl~tat. Tell~ Mt la législation egtaise.
En .Portugal, la loi Mt exécutoire-dani la capitale et ses
17.
~60 DISCUSSI01'S ~ MOTIU ~ etc.
environs huit· jours après aa promulgation, et trois moi•
après cette promulgation, dans tout.es les autres terres et
seigneuries de la monarchie.
Selon l' Authentique, ut nowr constitutwnes, une loi était
ellécutoire dans tout. l'empire romain deux mois après sa
promulgation.
Tous lel'publicistes s'accordent à dire qu'un délai suffi-
eant après la promulgation, pour doo~er la certitude mo-
rale que la loi a pu être connue partout, est Je parti le
plus convenable qu'un législateµr puisse prendre; ,
Faut-il un délai uniforme pour toute la République, ou
faut-il un délai succesaif et gradué suivant l~s distances?
Cette question a été fortement agitée par les oratéurs. La
plupart d'entre.eux se déterminent pour un délai uniforme,
et ils reiettent le projet qui admet un délai successif.
Le délai uniforme présente, au premier aperçu, une
idée qui attache l'esprit; mais, en approfondissant ·les
choses, ·on· découvre bienMt les inconvénieris d'une idée '
plu& brillante que solide.
Je ne répéterai pu sur cet objet tout cè qui a été dit
dans la discussion; je m'arrêterai à quelques obse~vations
principales.
· Un délai uniforme a le gt'ànd ineonvénient de laisser
dormit' la loi dans les lieux où elle est connue, poill' at-
teadre qu'elle pàrvienne daoa les lieux où m1 ne la connalt
point eoeore. Les h<!µi111es q!'Jî veulent faire fraude à la loi
nouvelle en ont le-temps et les mo)'ens; tandis que ceux à
qui la loi nouvelle pourrait· être utile sont dans l'illlpos-
sibllité d!en profiter: _ ·
·'! Ils voient le bien, et ils ne peuvent en jouir. La connaÛI- .
sànce prématurée d'une loi non encore e~écutoire
. provoque
.

'
contre eux toutes les fraudes, et leur porte souvent des pr~
\' \ judices irréparables. ·
J'ajouterai qu'un délai unifol'JD.e n'est qu'une fiction, ·
et qu'il ett inutile de faire' 4ea fictions 9uaocl on peut tenir

1
1

• 1

'
DB LA PllBLICÂ.TIOl'f DJ!S LOIS.

la réalité. Dans .une vaste rép1ibli(1ue la.connaissance d'une


loi ne peut se maQifester dans le même i::istant. Les lois
sont portées par l~s hommes, et elles marchent comme
eux. Tout est successif d.a ns cette marche, et tout ne ·peut
que l'être. Donc l'idée d'un délai successif et gradué sur
les distan~es est },'idée la plus conforme à la vérité et à la
raison.
Cette idée est .e ncore la · plu~ conforme à la justice et à
l'ordre essentiel de la société. Quand ou porte une loi, il
est évident qu'cm en reconnat~ l'utilité : pourquoi donc en
retarder l'exécution par des. fictions ridicules? C'est.; dit-
oo, .
pour traiter
. également tous les Français ; pour que
ceu.x qui sont les plus éloignés du lieu où siége le.gouvcr-
. nemeôt aient les mêoies avantages que ceux qui sont les
plus voisins. Mais y pense-t-oo? La loi n'est point resp,on-
. sable des inconvéniens de.localité qu'elle ne peut·changer:
·à cet égard, chacun doit se .résign_er à por&.er le poids de sa
p~opre de11tinée. Mais Ja loi serait responsable du mal qu'elle
ferait J par des fictions arbitraires, et au~ particuliers que
l'on dépo\lillerait des a\'antages de leur situation locale, et
à la société, qui ne pourrait que souft'rir de l'inexéctition
prolongée de la loi.
Ces obsenatioo• n'ont 'point échappéaux jurisconaraltes
qui ont trait~ la question avec profondeur, et qui se déci-
dent t&us p~ur un délai successif et gradué d'après les di11:-
tances.
On nous reproche d'avoir compté pa;heure et·p ar myria ..
.mètre. Mais les ·heures sjt résolvent en jours, ,comme les
jouril se résolvent en heul't!!a. Eh quoi ! nous <\it-on, il faudra
dater tous les actes par heure ! un iDStant métaphysique
déci1lera d'une succession ou de tout autre iptérêt majeur!
Vaines subtilités. Quel que soit le mode que l'on choisisse
pour fixer le temps où. une Joi deviènt exécutoire, il faudra
toujourtf·qu'il·y ait ~D lnstant_oÙ l'exécution de )a loi sera
obligatoir6, tandis qu'elle ne l'était pas Je moment d'au-
t6t PllCl!ll'IOJ'6, llOTl•I , etc.
paraNDt. Com~. d'actes, dans les affaires ordinaàe1 d•
la Yic, sont da'tés du jour el de l'heure ! j'en a&teate lei
registres de tous ~es tribunaux e' œux de tous les o&aiere
publics.
CommeQt fera-t-OD l'tll'pen&age dea clillaoeea? faudrà..
\
t-il Oleaurer. toot le territoire français~ Toutes eea opéra-
tions s•>nt faites; il ne s'agit que de les rendre seueiblea
par un réglement el par un tableau. .,
Pourquoi renyoyer à un- .,;gleoieat ce qu'eo pounaic
faire dans la loi mêu.P Parce que les chQie1 d'eaeutioe
sout plutôt la matière d'un iig.lemeo~ que celle d'une loi.o
t'oflice de la loi e1t de proclamer la règle, 1es déaailaappar-
\MNanent plus àl'auto.-itéq'Ji exéco&e qu'à~ fl'IÏ ordonne.· ·
6n' nom d~nde quel àera le p~nt de départ claJ11. le
calcul .
. dei heures? La prlMllulgatioa, qllÏ a une date certaine.
L'euentiel e1t de dérermioer que la lei 1Ua auceeuive.-
meut exécutoire d'après uu délai 8'Mce111Îf et' gradué sur
~ dialauces: voilà ce ~ae la raison, la juatice et le boit ·
&elll demaadenl; tout le reste e.t réglemen~ire.
Dana. le proiel de loi, nous avODS pi'ÎI, pour régi~ les
dÎlll:itnce•, l'éloignement qu'il J a entre Paris, ob &iége l•
gouvernemeat, et les ,diverses villes où. aiégien' les wibii-
natiw: .d'appel. OJt pounit cboiair'les •illes·ob 80Bt lu pllé-
feetur«11; maie le calcul aurait été 'Plus cemeliqué. parœ
qu'il y a plea de f)fffecturee q.ue de tribuaau:a d'appel.
ftoueo, dit-on , est plus près de Paria qu'Auxerre; ce-
pentiant· la· lei IOl'a pla.t ôt edeullée à Amerre, fJUÎ est du
0

reuort du tribunal d'appel de Paris, qu'à.Rouen, quia'est


paa de ce re11So,ct •. Cela peu& éere·Qu'ea eOM~·? l:Jo ia-
convéaieot aussi~' et.le aelll qa'Olt ai• pae-.quer,.
prouve 'f\l 'il o'J a. poin'. de mesuPe générale f1UÎ n'ait tfuel·
ques iD41Gnvélûen8 ~uliors; mai# ees ioeonvéoiem par-
. ticnlie,s • tlut sont in•itahl• •ai11t·toat •)'IÜlll&e,
·ae sao-
raient. motiwr le ret«t de lâ meaaie géné~le~ ":
Oil noua repaioehe d'uoir...:....U.àthiement pttilé de Pa-

.__ ....
..-..:..._ i
Dl.Lk P11BLfCATION DIS LOIS.

•h, tll1Hlis qaè le sfége du gouvernement peut changer -:


•aie on fera ùn autre tableau de11 6tances, si le siége do
feùfetnetnent change. Le siége des tribunaux d'appel p~ut
chaugdt au111i ; toul ce qui ·e st humain est s~iet à change-
MeQt: oependanUoli'l·fes joun·ob est o"bligé de baser une
institution sor une autre, et dê partir de quelque point
cooffnU po~r arriver au pMnl qûe Pon cherche.
-On êbjecte encore que notre projet est trop v«riabte-.
attendu que les clistllnces peuvènt ~tre abrégées pu des
eonstfaetionlf dé ~Iris ou ~ chèmins , ou par des chaoge-
ineut d«ns remplacement de!I postes; mais qa& conclure
•t cetto obfeclibl'l P Ce .qoe uous' avons déjà dit, que la loi
4oit d~~ter le principe d'un mode succe1111if, et que tout
le .ate est eaerttieHement réglementaire , puisque tout le
retite esl essentiellement ·variable. Le législateur est arbit're
do droit•: mais tout ee qid ·est opération oit qae8tioo de
fait appartieat et ·ne fJeut apparle.oir qu'au· magistrat qui
meute; c&t' les fait11, dilfe'nt lei publicistes; appartfeunent,
par leur nature§ .. rex~ution de la loi, et '1100 à la loi
irtême. ·
· ffoa1 8\'0111 été élottnés d'eoten.dte dire que notre sys-
tème est mauvais, patce que, dane le coul'B des choses hu·
maioee, une inondation, un pont emporté, et tous autres
tféoemeos, peuvent décoocertèr nos calculs. Je réponds,
avec tous les jurisconsultes, que la loi ne s'occupe point,
•• né doit point s'occuper des choses qui n'arrivent que
p#t ae!oickint, non cMsidemt ea quœ per accidens e11eniunt. ·J,es
cas de force majeure, 1e; eaa fortuits sont de droit one es-
deptloo· ~me ~.toàte1des loifi; il suflit de les constater
pour metlver l'c!lioeplioe •
. Quant aux c&lonie~, ilfaùdra une législation parliculitsre:
· Dka-t..&n que Pon pOU'98it choisir ait meilleur mode que ·
~tt'i qlli est d~erminé par le projet de loi P Biiais , que l'~
1 ~M gatdé : les rétlacteO'fl du pt-ojet de Code ci·fil
avaient choisi ~n m~e; la ~ction de légi~tation el'I a prtJo-
DISCVISIONS, KCiTfFf, etc.
posé uo autre; le gouvernement en a adopté ua troisième;
1e Tribunat rejette .ce tr~isième mode consacré par le pro-
jet ; mais ·la commission du Tribunat pencherait pour le
mode proposé par les rédacteurs du projet de Code; d'au-
tres orateurs se sont dét•minés pour le mode pr<>poàé par
la section ;. les jurisCGbsultes qui ·ont le 'p lus approfondi la
matière établissent .la .justice du mode proposé par le gou-
vernemen i : je demaude si, dans un· pareil é~t de choses ,
il peut y avoir d.. motifs raisonnables de rejet.
On sait que dans notre droit public national, ~es lois sont
discutées publiquement et avec solennité; on sait qu'après
que le Corps législatif les a décritées,-on reste dix jours
saus les promulguer ; en attendant, elles circulent partout;
on continuera de les eov0 yer à toutes lei p.utorités consti-
tuées, cc;>mme on l'a toujours fait. On ne. peut.donc crilio-
dre qu'une loi soit eir:écutée avant qu•eile soit connue. Mais,
<Jans le'mode actuel , l'exécution de la loi dépend~it trop
du ·fait arbitraire de l'homme; le système d'un délai suc-
cessif après lequel la loi sera exécutée dans les dift'érenles
parties de la France, rend à la loi toute sa dignité et to!-'te
sa force; elle sera indépendante dans sa marche ; elle ne
rencontrera plus les int~ts et leirpàesioos. ·
. 2
Passons à l'examen de l'àrticle deuxième du pr~jet.
Lu loi ne dispose que pour l'avenir : aile n'a point d'effet.ré-
troactif.
Les un11 rejettent cet article, parce qu'il n'est q.u'une
maxime; les autres le rejettent' parce qu'au lieu d'y voir
une maxime, ils :n 'y voient qu'un danger• .
Répondons aux premiers, qf,l'il est dès .maximes q':1'on
ne saurait trop rappeler; surtout quan~ oa eu.à la veille
· de publie-; un grand corps de lois nouvelles.
La maxime de la non-rétroactivité dea lois a été . rappe~ée
dans le Digeste et dans le Code; elle eat consignée dans
toutes les légialatio~s; noua pouvons donc la consigner
dans fa ~ôtre.

h
DB LA. P,llBLICATlOl'f DBS LOIS. t65 '
Je ue cômpreods pas comment.on ne peut.voir qu'un
danger dans cette maxime. On a été tenté de la présenter
com~e un piége dont on pouvait abuser pour ~re rétro-
grader la révolution. Car , _nous a-t-on dit, ai vous admet-
tez la non-rétroactivité des lois, que ré poudrez-vous à celui
qui viendra vous dire : J'étaiS nobl~, j'avais des .rentes
féodales, j'avais l'espérance. d'une substit1,1tioo, ,j'avaia
acheté le droit de vie e~ de mort.Çn ma qualité ~d'offici!'r
du parlement; .voua o.'avea pu déboire. t~_ut cela que par
des lois rétroactives; vous rec·onbaissez pourtant ,que les
lois ue peuvent plus avoir d'effet rét~oactif: donc, en.vertu
de votre maxime, il faut me rendre .tout ce _que vous m'a-
vez &té•
.l'avoue que, si on me proposait pareille objection'., je
serais moins _modeste que l'orateur qui parait craindre que
l'on ne pût pas y. répondre.
Détru~re une io~titutioo qui existe, ce n'est certainement
pas faire une. loi rétroactive ; car si cela était, il faudr.ait ·
dire que les lois oe 'peuvent rien changer. Le présent.et
l'avenir aont sous leur empire. Elles _oe peuvent certaioe-
meo' pa11 faire .q u'une chose qui . e!Ï8te n'ait pes exi11té;
maia elles peuvent déciderqu'çlle. n'existera plus. O.., voilà
tout ce qu'ont fait les lois .qui ont détruit les .fiefs' •.a.no-
blesse et les parlemeos.
Quant aux aubstitutioos, la loi qui les abroge n'est pas
plus rétroactive que ne l'étaient_ d'anciennes lois quiJes
- avaient réduites à trois, degrés.
La Constitution de l'an III ulllit consacré la maxime de •
lt oon:.réuoactivité des lois: les auteurs de. ce~te;COJ,ls~itu"'.'
tiou étaient bien éloignés de vouloir favoriser Je reto.u r des
fiefs, de la noblesse èt des_parlemeos.
Ne u9us.livroos ~one pas à de1 terreurs imagioaires'.pour
écarter une vérité iocoo~able. Cette, v~ité ,. dites~vo1,1s ,.
n'est que pour le ~égtslateur. Je réponds qu'elle est. prioci-:-.
paiement pour les juges; e&.quand elle serait pour le légis-
latear, qael cleage• y a11taf&-il è bd voif OCIOIHret Ulle
muime • laquelfè JI eaf défà lié par 118 eonedeaee • at à Ja..
quelle il ae lierait êncorè par 8IJ8 fftoptes lo'lll·P
J Le ttefslème article parte ~6 /d loi oblip c11•.r·tpti hal!i-
tent le territoire.
Le- rapporteor de la c98'lmitliôO: do 'lr~at ea ciOnciu'
qu'elle n'6biige pu les f;anqail qut voya9e•t. n fau• eoB'fO-
nir que la cmi~ttenoe o'elt pae juale.
· Sü~ cloute les Frait~& qui voy~t ne aooe p8'8. IOUB..
trair. à l'empire de toute. les lois fr~ses, nrai9Fnmçaia
et l:ll'angen, habifaot kt temtoh'é, 1 sont tJO'OlllÎI. Voilà
te prineipe.gétrétlll. Car laabiter.le t11rriloire1 c'•1t .se ~ouilrtlltr.e
à la soll#eraineté.
On reptoeh&,de n'avoir pus patlé des· amba111adeors,. de
leur famille et de· leur suite.. Ce· •}Oi ff18anle les: ambaaa~
deurs appartient au droit des geu. Nocn· n'arionl point à:
nous..en occuper dans utre·loi qui n'est que de tégime Jo.
t~rieor. ·
Le prloeipe que •oua posez .Ujourd'lulisoul're, dit-ont
~ éXeeptionw. Sait : mm qu•aviorut-ll'loùi beeoia d'énu-
mérer Ull'bXceptioM;..qui ol'lt leùr pt.i<le naturelle dcuis la
lbatf#Jtes pàrtieuUèretr au%f1Uéltê8 éDeè lie Hppo~t?
Chaque fois qu•6o énonèe un ~\lfneipè, est"oo . témi lie
faire un traité P
.,. s L'arttèle 4· e~t cooçt; en cè9 te\'mfie- : La .f<!rme· 61- ilctes
. tif riglle par les loir 'tlu payl dans lequel ila sont/a'ih orJ pa#h.
On noua demande de quel paya uous·eoteftdoas; i)â.WP
·Du pâYé étrangér, puitq0dlewfonne11 eent partoaa les lliê:-
tlleà' es Prfiuce. · . · · ,
· Oo a1gt11i11S&te de notte répoMe. ·D quoi I· aéus dlt-u.,.
tto Fraoçaidta se mat~r en lfalie, ob'f.e' &ntteotenum"1tflll
p~s n'est pas requfs pour Je niilriage.des ~ineurs ;..-1apt'èa
'#Oire mirxhne, il po,iJrra·do• ae ma~· 1ans 'CC! ceMerltè'-·
men'IP'
Avanfqu" de raffouftr, il faut ,,Mte~e. La-~

b
==-·
n'a LA HBLJC..&TIO!f :us LOa. "'1
est limilde à la forme des ac&u. Or, lfn1oaseu1emeat detf
pëtaaumaria99·deeeofutmi1teaT&.n·'•"poiata"fOPlll6,
meï. uue OOSlditio11. '
L'utiele 5 pont : ~sque la Wi, ci roi1"1l dtts citt:o,,,,n,.fM,, ••· s
tltlTa ripaté f T'alMÜJJeuz certaüu actes, on ·ne Hra point (lllmis
tl proaPl!r q11,•its 011t élé jaâs iaru frautle.
· ·Pour ~ner la raison de cet article t j'ai cité la toi Cf8i
~nuls let t~ fail9 deoe les dix jGurs qui pté.J
C'èdmUa faillite. On mlob9en'e que t'en -. de••i• potaa
mettle 8D 111ad111e g6nésllle 1111e •ègle qai ne ee rapporte
qu'à un acte particulier de commerw, el qu'lidlait .,.._.
voyer tout cela au. Code eo~rcial.
Ou n'aperçoit donc pa. que la loi donrj'ai parlé n'a été
citée que comme eseanple, et D011 comme iimitatioor ·
Ile'u faut elle ~ que la. règle qui .fait l'objetde
rartiel8 ne frappe que am tJOelques matiè1ea Riolilel de
eenameree : eHe. ~illie teutes les matières. Alin!ri, sur
JO '9ademeot de celle règle1 la loi répute nupecta de &Ug--
pm.O foutu les .~ma â '61· oooféueare,, à cleiJ
mécteclos et chitll1'{;iem 1 à des toteurs etauue.. Surie ...._
ctement de la: mbi• règle; la: loi. ammlle toute• les dispo-
8ÎtiuDS faites 1m faveur àR penonuee ioterpoeéea.; et.~om•
hién d'aUtees loi• eemMabte. sur une foule d'autfe&
matières! Le principe· est clona p;éMraL .
D'•tres onteun eijecteat q'IWJ la léi aauulte 1111 ae!tes,
mai• tfll'eJle. ne- b ~pute pas fraudutem. C'est ausi j\16flll;
ditent~ils, à peser les fait:s de fraOf,f~.
· €eei· n'a besekt que d'être éelaÎrei. La loi ne pronà~
jaftlpit-d des faih indiYidéeltt de fraude;- ren coa.imis =
cel& n'appartient qa'att• juge11 • .Maie la loi, par voie -de
diejroaitioo @élléra!~; peat ~pure;fraudulenrtoas Jewaetee·
faiteo dao8 wlle• ou téNes cif.80Mtamie1t quléUe détèrmioe.
l.at loi répute et présum&, puilflU'on d.it toué les jeun1 qae.
la préaompfioo tle la toi 'Vlmt mien qa.- celle de 11adnHne.
· La demièl't olJjeëlierr l!ftll' l'article dont' it- s~git ellt ap-
Dl8Cl18110l'fS , llOTIPI, ~le.

puyée aur ce que toute présomption doit céder à la vérité~


et qae conséquemment on doit toujours être admis à prou-
ver qu'un acte n'est pas frauduleux. Mais point de méprise.
Sans doute la vérité prouvée fait cesser toute présomption
contraire, quand le litige consiste à aavoir si une chose est
prouvée ou si elle ne l'est pas. Mais quand la loi, par une-·
grande considération d'ordre public, prohibe ou annulle
certains actes comme su1peçts do ·fraude, il existe alors ce
que les jurisconsultes appellent un dol réel, dolum re ipsd,
qui est constaté · par la disposition de la loi elle-même, et
qui termine tout litige. ·
4 Art. 6. Le juge · qui refusera de juger, sous prétexte du si-
lence, de l'obscurité ou de l'insuffisance de la wi, pourra dtre
poursui11i .oomme coupable de déni de justice.
'On a déployé de grandes forces contre cet article.
· Un des orateurs a prétendu que nous donnions aux juges
un ·pouvoir d~voué par la Constitution. Je sens, nÔus a-
t·il dit, qu'il nous manquedestribuna~x d'équité qui puis-
sent, suivant"les circonstances' adoucir les lois. Il y a une
cour d'équité en Angleterre; à Rome~ Ië préteur était un
juge ·d'éqoité'; en France, le roi avait · 1e droit de faire
gràcé:; et-letîparlemens s'écartaient souvent de la lettre de
la loi. Mais, parmi nous, le mfuistère du juge est circons-
cait··d ans l'application fidèle dea lois.
Toutes ces objections ne prouvent rien contre l'article;
elles prouvent seulement que l'article n'a pas été entendu.
L'auteur de l'objection aurait raison, si nous laissions
·aux juges la liberté de mettre l'équi~é. naturelle à la place ·
de la loi positive. Ainsi, à Rome·, le préteur n'appliquait
pas la loi, quand il la croyait contraire à l'équité natu-
relle. Il avait introduit les actions de bonnh foi, pour élu-
der lea lois qui avaient établi des form~les précises pour
chaque action. Ep ·Angleterre, la cour .d'équité, et . en
France, ·les cours souveraiaes, faiaaient souvent des .régie~
mens pour modifier les lois. Mais ce n'est pas ce dont il

• 1
....
~ - -· -~ -....i:a:;:.;.·..._,__4a.....r;ifüt-.....1......_ _,.,,e..,:.;;----·-·- ·--/
DB LÂ P'IJBLICÂTI01' D.BS LOIS.

s'agit. Notre article ne dispose .que pour lès cas où la loi


est obscure ou insuffisante, et pour ceux où il n'y a même
point de loi ~ Or, dans ces . dift~rena cas; le juge doit-il sus-
pendre son ministère ou le remp'lir?
Quand une loi est obscure, l'office du juge est de l'étu-
dier. Son office est encore, de la suppléer, quanJ} elle est
insuffisante ou quand elle garde un silence absolu. Si voua
refusez ce pouvoir aux jugea, tons les tribunaux sont frap-
pés d'interdiction. Car on ne plaide jamais contre un texte
précis de loi. Il n'y a litige que lorsqu'il y a un doute au
moins apparent. Si les jugea, lorsque la loi n'est pas·claire
et précise, peuvent dénier la justice, le désordre sera.dans
la société ; et guel moyen aurez-vous de vider les contes-
tations des .hommes P Sollicitera-t-on une loi pour le cas
particulier P Mais les parties n'auraient · point con_tracté
sous la foi de cette loi qui n'existait point encore; elle
ne pourra donc le~ juger. On tomberait dans tQua les in-
convéniens de l'effet rétroactit: Cependant on ne peut lais-
ser indécises les questions de propriété et autres questions
semblables. Il faut donc que les tribunaux prononcent.
Mais les tribunaux peuvent-ils_ faire autre chose qu'ap-
pliquer une loi existante? Lisez le célèbre auteur de· l'Es-
priJ des Lois : il observe que, dans une république, les.ju-
gemens ne doivent jamais être que l'application d'un texte
précis.
Noua répondrons que l'auteur de l'E-spriJ des Lois a
paa:lé pour les matières criminelles. Dans ces matières, on
ne peut poursuivre que les crimes que la loi a définis, et
on ne peut appliquer que les peines que la loi intlip.
Ainsi, d'après notre article, quand l'acousation portera
sur un fait que la loi n'aura pas réputé crime' et.contre le-
quel elle n'aura conséquemment infligé aucune p«line·, le
juge absoudra l'accusé; mais il faudra to~jours qu'il rende
un jugement : il ne pourrait suspendre.son ministère, sans
s'exposer au reproche d'un déni de justice.
;,~·
•70 · DQCJlllOlft, · JIO'llJn, e~c.

D1t'1•Je• matit• ei~le•, il tilut 4e deaz choeu .: l'.Gae ,.


ott ip&eJdil'f .ta pP;...ti°' de ·ïucor, oa lau.e. une 1Grte de
11Miau4e auE jqgeJ qQIQd la loi ett obeol.te, oa quaod elie
• tait ; car les matiè1'1& civUet 5Drtl immeo1es, et
DJ41'~ dea loï. e.i IQffée, li .a impeesiblé d'atoir UtJe
la·,_.
lei pam oh••u.e ON particaller. U ne faut point de lpi peul'
ln ca• rue• ot e&traordinaitet. La flop pancle multipliirité
des loit Cllt uia P••Hl vice polUique. Les loi• 4oiYent jt'9
pripta,..tia lepte&MP& cil ••eo llUlLul'ilé: il fa1K qu'ellu1oient
i.a4lquéeti ~r l'e•PétWPbe. Si VOUI précipitilz le• me.me.
légiaMtiY~, let lob aeftaltlerant la aooi~t.é, au Jie11 de la·
r4Ffr, Il y avait dea tqg.. avlla& qu'il y el\t. det lois j et ja-
,' mai• I• lois Qe powroAt alleiad119 toua les èa1 qui pi'é-· *'
..,..t 'lux iup. ll·fitu& dooo lamer au poavoir.jodiciaire
Jeulhilautioàt qai dérivent de la plus impér.ieuaede toù&a
w lois, de ceU. de 1a uéœtaité, .
•. 4rt, 'J• JI (!St tld}'elJdu "1lo'lt juges d8 pTOlloncer, sur l.es :emue1.
qlli ~1(111./ 101u.ise1, par wic dB dûpo_sitiola pnéraltl et mgfe..
'1lllltt11im.
On q'i\ f4i&. auouno ohjqctiQo particulière contre oet· ar- ·
tiçle. , ..
1 Art. 8. 01'I ne Jl6#tdértJgt1r, i>'l" de.a loù pani<Hui.èru,aaz l<}is
q14i i(i~11t1nt l'o.rd,-, plÙJÜfJ 1t les "°"'''"
màlllTI. •
loi OQ 110\\I ltOCU&e d'tvOÎr Ql4l traduit IC18 lexfel du dro~ ·
romain. Oo prétend que le jus puhlicu.m n'est pas ce qne
Ili>~ appe~I dro# puhl,ic. 011 Qrt/re J>l'blù~; le Jiu pu.blit:um,
clU.-9~, était oel'1i q1d •'établi..aï• publiqueQleut, pu.blûiè
st4bi/it,ula; e& qqeI cQQ86quPUPenl toute oon.-ention con .
..
traire .aux loi& émi~ JUJlle, l&PI di1t\ioc&ion 4le1 lois CfUÎ
·ptNYaitSDl ou QQR- iqtt\rci,.... l'ordro ,public. ·
. li '""' QOQVOQif que l',aute1U de cea oh;•tioos ne parle
44' ~a41;1DticHJ q~ (M)Qf Mut reproeher d'avoir mal traduit;

-°"
car QQ~IQtuit aait.. il que uous affne voalo traduire ·I~•
q\l;il DQQf oppote~ .
Î1 est indiffére•t cle taveir 1i , 4.tns le ••yle 4a loi• 'l'Ot"
DJl 1'4 .J'IJ"™4TJ81f J)BS LOlS, llj•
malna, les moti1Jj1U.public1t111 .;piAen.tq~alesloi•
4ro:ritel~t 110lea.uHn••1JI publW.S, f)Ar opposition aux 1iqi,
ples usqas ot •• 11impl~ c;ouwJPta qui ~e 1'établi1Mint
p;i• aJ.eo.lam.élQe aoleo~. Il.ail! il •'agit de &aY.oir si les
.
111~ jq..r public""', jfliJ 4tmJ ewtl'o~a phli ordh:iaû'epieQt
.
poweqri..,.. pe 'P1e D~ eo~ndoas.par droit public, r~i.
nn.l oetto Aigolffoa•iou tl•~ 113!1 ~Jtllll qui ~isent que l'on
oe. peQt 46qer au droit puJ>lie par dBa cortveptiont1 Fi..
"8 :' ilff pl'bl~fA!ll ~rmn pacli4 TIU'tari no11 potesf. Or•
y~içj olt'Q•ent ~ llOU.Ç~ le &Qmmaire 4e la lo.i treate-
1'JJÏème: aa .Ut~le <Je pf!cti, : Dmtr{.z teR~m· legis priuatmn
u.tilital(I,,, f111111W~ f>asc#ci ücet. Il est permis de trait.et'
QQP~ lft t•lfllJJr d'PR4' 1$ ~i ue toucfle Sl\l'à l'utilité pri-
'ftio ths hoJNW111 . .Ainsi, le droii p1Jblic ~al i:ielui q~i intéreaae
phis dire~&elJWlt lit •oeWtA qqe Je1 pitr1iculien, et le d.oil
privé eat ~~lui qqi i~~ plus dire~t6PlenJ Jil11 parJjcq-
~fllflU8 J;i .,sopiété. Qq 1tQ11ulJe 'es cori-veutions eopJ•aiJes
rtJJ d,eit ~·Wi•n w1.tip ofJ JJ'annqU~ 1>4s cellea cor;itreires à
W lof11 qui pe JO\tflhMP• qu'•q 4roJi pri~ oq ~ <les iniéréta
pa.r(ipµijcu•,. Yoji4 .l;l m~i~ 41_, joqs l~a i.mp11. C'~t 4•
GOJbt 111uinut JIPe 4i•ivè I~ t\ls~nc;tiop ai co1u1tJe .ie. .1nd-
U~~ ait.~~ qltft rioq ne p-.ijt_c1u,vrfr, et cifll µullitél! ·re.
latives qui pe.uvent éh'e écartées p\lr des fiH de non r.ece-
Y"h~. · ,
, <:t1 ftlH' poqlf tliiQos cJaa COQNBlÎQJJIHlO~traireJ au droi'
pcabliii •'11Ppliq~e à t:\ilUe11 watrairca 4UJ .bou·nes 111œU'8·
. "" 0Qte1tr obit1ete qqa qqt... Artiçlc; parall se réduire ·
aux ·co~ventiQna, tandis qu'il faudrdil ~~IQ4lnt annuler
~ au.t~lf A~ll •. ~il' t1~emple deJ legs, 4et1 li~ralités aqx-
q~ OA "'"iüt •ppq,llé 4APf coo4iU1m1 cqqtr~i~!! à. J'ord,.
p..t>Ut1 eJ "41• bft.-Poef mQtpra. :No\la répoQlff>P4 fi~• çi: que
la volonté de -dom; ne peu~ 1>41 t4iH, l~ u1'ÎqJ~ <l'qp se11J
lt pet.K Jûp ntoia1 41De«N"Cl; ei que, ili lef qonve~ipns.sont

..,....
-.ulles, ~faut, parmafodl6 de ..~, aùnuler te. autri;a
. ,,~ DISCUSSIONS' M'OTIPS' etc..
Nous ajouterons.que 'l'exemplè d'un legs ou d'une libé·
ralité à laquelle'on aurait appœé des conditions contraires
à l'ordre public ou aux bonnes mœur8, est ~al choisi. Car,
dans ce cas, il n'y a nul doute que la condition seule est
annulée, et que la libéralité demeure. A cet égard, on a
to_ujours distingué les contrats d'avec les diaposition1 tes-
tamentaires. Les contrats, dont toutes les dispositions sont
corrélatives, ne peuvent subsister j>our une partie et être
annulés pour l'autre' malgré la volonté d~i contractans.
Mais dans un· testament, ~n peut respecter la libéralité et
déttuire la condition ; parce qu'on présume que l'auteur
de la libéralité a voulu que l'on exécutât tout ce qui pou.;.
vait l'être, et que l'on respectât sa volonté dans toutes les ..
choses:qui ne se trouveraient pas en opposition:avec là loi.
Il n'e-0.t donc pas été sage, en po8aot une règ!e générale,
de se jéter dans des détaiis ou inutiles ou trop contentieux.
Titre Tel èst le projet' deloi "dans 800 ensemble et dans ses dé-
pnlim. talla. ·Le rapporteur de la· commission du Tribunat nous a
dit qu'if "iierait injuste ·de' chercher la perfection, et qu'il
faut se contenter de rejeter les projets de loi qui seraient
esientiellement mau.vaiS; et qui ·pourraient compromettre
le sort·de la génération présente et celui des générations à
venir.
Ce projet de loi est donc essentiellement maUtJais, qui éta-
blit :un délai successif' après lequel la promulgation de la
loi est censée conriue; c'est-à_.dire, qui, de tous les systè-
mes proposés sur la matière, choisit celui que les publi-
cist~ o'n t préféré P _ •
Ce projet de loi est essentiellement mauvais, qui proclame,
d'après les codés de tous les peuples anciens et modernes,
et d'après tous lès codes faits depuis la révolution , que les
lois n'ont point d'effet rétroactif?
Ce projet de loi est essentiellement mauvais , qui déclare
que les lois obligent tout le monde P .
Ce projet de loi est essentiellement mau11.ais, qui décide ·que


- )
DB LA PUaLICATIOl'i DBS LOIS.

les acres doivcnl être faits dans èhaque pays selon les for-
me1 qui peuvent les rendre ~utbentiqu~s dans les pays ou
ils sont faits? Ne voit-on paa au contraire que, 11ans ce.prin-
cipe, .il n'y aurait Jllus de communication possible entre
les divers peuples P
Ce projet de loi est enenlieOcme1lt mauvais, qui ôte toute
possibilité aux citoyens de faire des actes que la loi interdit
ou prohibe P
Ce projet de loi· est esselltieUement mauvais, qui décJttre
que lejuge doit absoudre, quand il n'y a aucune loi qui
condamne, et qui veut que le juge ne puisse jamais se faire
soupçonner.de déni de juatice, en suspendant arbitraire-
ment. SGD ministllre?
Ce projet de loi est essentiellement mauv~, qui met obs-
tacle à ce 41Ue les juges puissent partager le pouvoir légis-
latif?
· EDÛn ce projet de loi est essentiellement .mauvais, qui dé-
"'eide qu'on ne peut faire des conventions contraire! à l'ordre
publie et aux bonnes mœurs? .
'Législateurs, vous· jugerez, dans votre sagesse et dans
votre conscience, qu'un projet qui consacre toutC!J les
grandes vérités, toutes les granoos maximes·sur lesquelles
repose l'ordre social, est essentiellement bon. Nous n'au-
rions pas eu besoin de répondi:e à des objections friv.oles,
pour défendre des points constitutionnels ou des vérités
éternelles : vos lumières sont notre garantie. Votre amour
de. la patrie, votre ;ustice rassurent la société, fondent et
justifient notre confiance. ·

DISCOURS PllOl!IONCÉ PA.Il LE TAIBUJ!I TBIESSK, L'Ul'f DES 01\h:TEUBS


DU TRIBUNAT.

(Séance du 24 frimaire an x.-15 décembre 1801. )


Législateurs, .l'orateur que le gouvernement a chargé de
défèndre J~ projet qu'on v~us propose de convertir en loi,
VL 18
DISCU88101f8; JIOTIPS, etc.
s'én est acquitt~ hier d'une manière digne de t1a haate·
réputation. Jl a prouvé que sa miuioo, quelqu'éle•ée·
qu'elle fat, ne ae tronnrait jamais au-denu1J de &et!. ta-
lens: c'est un llwotage qù'il est plot facile d'en•ier que
d'obtenir.
Mais,'par céla même que tés dit&eultés les plns gralel
s..aplani•ent par la facnlté qu'il·~ de les rétoudre, il me
semble qu'il aurait pu dédaigner une eiipèce de •ÏCtoire qu'il
s•est etrorcé d'obtenir pendant une heure entière sur des
détails qui, foHent-Us contettés, n'étaient pas auez déci-
sifs paut fixer fl()n attention•
. Qu'importe, en effet, qu'ilyait eades observatiem légè-
res, fugitives même contre le P'!>iet qu'il dMend P Quand il
les aurait résolaes avec avantage, les clitlleultés fondamen-
tales n'en subsisteraient pas' moin~
Ces obsenatiOns, qu'il appelait minulieulfC8, contradic-
toires, il les a dé•eloppées- avec- plu.- d'appareil qu'on en
avait mis à les produire, et il en a tiré cette conséquerice,
que, si elles ne se conciliaient pH· entre elles; il fa Hait en·
coochlre que le projet qu'on· 'fou11 propose est, néeessail'e-
ment hou: .
Que dirait-il à son tour If, ptoeédaot ay~c· la m@IM llié'.-
tbode, au liéu de donner notre attention principale à la
valeur fondame~itale do projet, nous exposions, nns ré-
futioii11, dans le détail, les raii1ons plus ou moina incompré- ·
bensibles qu'on a employée-a pour te sf,Yutenir?
Par exem(fte :
On a dit qn'il était vrai que le gy!lfème ptop-osé était u11e-'
fiction; que, quelque parti qu'on prlt, la publication en
serait toujours une; qu'elle serait une Jlction , quand même
on imprimerait trente millions d'exemplaires de la loi pour
trente mniiona d'habitana; et qu'au lieu d'organiser la 6c-
tion projetée, mieux eôt valu, peut-étre, établir en prio.c ipe
q-ae, par cela seul qu'ily a on dixième jour après l'émisaion
cle la loi, la loi ponvait déclarer que de C!e jour-là elle serait

-
DB LA l>UBlifCATIOff DllS LOll. · ~ 73

œn~e promulgâée : · fiction pour fictlon, ajoute-t-on,


<aelle-:là aurait valu toutes' les autres.
On 'foft que l'auteur de cette idée ne masque peibt la
profonde nul&té <lu projet : si, selon lui, les pnblieati009
sont de vaines formalités, si t~ promulgatien sera plu•
vaine encore, on peut en tireT cette conséquence, qn'elle
e-st mutile ; que fa Coo!llt'fution , qui la •eut , commande
une illusion; quo le Premier Consul, qo'elle en charge,
peut ·trèH'aisonnablement e'en dispenser ; et qu•en rem-
plaçant tout cela par un principe, on fera beaucoup mieax
~ de t'inquiéter de l'organisation de quelque mode de
piomalgation qoe ee soit.
· On a tlit encore, et c'est, fe crois , le même défenseùl'
du ·projet;qu'il ne tàllaits'oceuper, ni de l'ordredes ma-
t~res , ni du style des lois; qa'il ne croyait paa que le Tri-
btirrat, que le Corps légisfatiteusaeittcoMlitutionaeJlement
le droit de faire cet·examen, parce que Piniiiative ne leur
appartenait pas; que l'ordre des matières et le style éhiieot
dans les atrribOdous exclusives du Conseil d'_g,at; qu'à eet
égard, nulle responsabilité ne pouvait nous· atteindre; que ...
vous n'aviec, législateun, qne des points à décréter ( c'eitt
l'expression dn défenseur do projet); que ces points-là,
le Conseil ~·Etat les arrangerai& après comme il t'euten.
drait.
Quand j'aurais ainsi relevé beaucoup d'autres ·obsel'Va-
tioos dont la 1nste81fe, sans doute, pettt être contesté·e, en
tirerais-je la conséquence qu'il faut que le projet soit bien
mauvais, puisqu'on se trouve réduit à faire de pareils rat.
soonemeos pour le sou~nirP Non, aans doute; car cette
méthode conduirait des deux parts à prouver le pour et ~
contre. Il faut en conclure qu'elle est néeessairemeot mau-
vaise ; qu'Il faut l'a~andonner; et, renonçant ainsi à toutes
les observations accessoires, je me livre franchement, et
sans détour, à l'examen des di~cultés fondamcatates qui
sont,de l'essence <lu projet,
18.
~ j6 DISCUSSIONS, ll0TB'8 , etc.
Le projet con~lent-il tout ce que·doit"con&enir.•une .loi
sur la prol'Jlulgation ? . ·
Ce qu'il contient n'est-il pas ·contraire ·à tous les. prin-
cipes, à tous les intérêts du. peuple français? ·
Les maximes, les règles de·droi~ qui l'accompagnent ne
so~t-elles pas plus dangereuses"que nécessaires? ,
Il me semble que ce .sont là franchement et capitalem.ent
les difficultés qu'il faut résoudre: .
Le projet contient-il tout ce que d<>it contenir une loi
sur la promulgation ?
Pour se décider sur, ce point,. il ne faut avoir recours,
ni à des théol'ies systématiques, .Ili à d'iogénieux-.raison.:
nemens ; l'exemple du passé pe!1t senir .de . .guide pour
l'avenir. -.
A quelque époque et dans quelqpe pays que ce aoit, ja-,
mais on n'a vu promulguer-une loi qui ne contîot .en.ûto
Jea.titre.s de l'autorité dont elle ém~n!Jit.
Par exemple : .
En France, quand le monarque parlait seul, c'était.Louis,
par la grdce de Dieu, iroi de France,-qui commandaiUe.sq/ut.
à .J.laapect de ees édits; et qui, de sa science certaine , pleine.
puissance et a#torité royale, disait, dticlamit> oriû)nnait et _lui
plaisait ce qui suit..
Quand son pouvoir était tempéré par la délibération des
Etats d'une.province, ce1 États déclaraient, avec.la san.c -
tion rr>yale, qu.'ils avaieiit, dans .t el lieu, fait, arrêté et
délibéré les articles, qui éta~~ ensuite proclamés comme·
loi.
Quaud le peuple npr.enaiHe pouioir léf§islatif, et~qu'il.
le faisait exercer par délégation, c'é~~t, co1111me on le. voit
dani la Con11til11tion de 1791:
• Louis, par la grâce de Dieu. et par '1a loi constitution-:
c nelle de l'Htat, roi des Français: à tous, présens et à
•venir', salut. L'assemhlée·nationale a décrété, et 001111 vou-·
• Ions et ordonnons ce qui suit. • .

......... .._..
J>B · LA · PURL·ICA TION DES LOIS.

·. Enfin,· quand il avait ~ecoué le joug de ta' royauté,


e'était·, comme on le voit dans la Constitution de l'an III • ·
-Au nom de la République française,
.Que lès loi11 étaient· proclamées, et que chacune attestait
·que .}es Conseils législatifs avalen\ concouru à la décréter
de la manière et clans les formes constituUonnelles.
On ne saohe;pas d'e::s:emple que .les lois.compo&ées d'ar- ~
tic/es seulement aient é1é promulguées sans lire en tête le
n·om de l'autorité ·qui les rendait, .e t à la fin ·1e·noin de l'au- . '
:.torilé qui, devant les promulguer, devait, parconséquent,
ordonner qû'elles fussent.publiées.
Ces exemples seraient à tel point ridicules, qu'on ne les
concevrait paa; et un déc~t eomposé d'articles, sans y
mentionnei: l'autorité qui le rend, serait une véritable pro-
•duction anonyme.
· Ceci une fois senti, voyons les lois telles qu'elles ont été
· promulguées de tout temps; .voyons celles qui ont été pto-
. mulguées depuis la Constitution de l'an VIII. ·

l..01 conèernant les opérations et communications respec-


. ti11es des autorités chargées par la Constitutlon de con-
• ·côurir à la formation de la loi.

. Du ~9 Div~ an VIll de la République une et indi.riaible.

Au 110111.1>u ncPLB FJU.NÇA1s, RONAPARTE, Premier Con-


.sul; Plloci..ulB loi de la République le décret suivant, rendu ·
par le Corps législatifle '19 nivose au ,YIII , sur la proposi-
. tion faite par le gouvernement, le 12 dudit mois, commu-
"niquée au Tribunat le 15 du même mois.
Vous voyez donc en tête de ce décret deux chos~s :·
. Prei;nièrement, la proclamation du Premier Consul, au ·
'n·oaa·du people français; elle est immédiatement avant ee
·mot, décret.
· Suit alors la formule du Corps législatif, qui fait m~n tion
de cinq faits ;
178. DBCOBSJOJflll , BOTIPS , etc.

1•. De 1a réunion du Corpe législatir au •ombre de ·mem-


lires preserita par l'artide ,90 de la Con91.ituti9D ;
:a•. De·la proposition du geu:teruemeot et de sa date; ·
3°. De la eommuoicatioa a_. Tribullat, et de sa date;
4°. De la pnsence deeOl'llte.urs duTribuaat et dugouvel"'
nement;
5°. En6n, 4e remploi elu scrutin eeerel J>"1' tléoré&er la
·.loi.
Cette double formule prouve dew.: ~ : .
La première, que c'est le Premier Coosul q~ p.ro.mulgue
la loi ; et cela est conforme à la Conatitution. ·
La seconde, 'que le Corps législatif l'a décrétée, et qu'il
l'a décrétée daus lea form• t1onatitutiono~.
Otez ces deux parties, &tez .surtout celle qnl y .tit .ineé.r6e
par le Corps législatif, qui cons1ate que c!es~ lui .q ui ·a.rendu
la· loi~ il ne rest.era que 4es anides, .e t des articles qui ,
Jl°«~ruanant d'aucuoe autorité, oe co.nunandeot l'obéie-
saoce à personne.
C'est ici le food de la difficulté, 11' il faut faire eo sorte
de ne pas l'esquiver.
De deux c.boee l'un~, ou la formule que nous venons de
lire, qui est rédigée par le CoTps léSi.slatif, est nécessaire,
ou elle ne l'est pas.
Dire qo'elle ne se. 1it pàs néceaaire, ~ serait arriver à
ce~é ab8urdité, qu'.un papier composé d'articles, et qui
ue eonstate pas eo'J~te l'~utorilé qui les a rédigés, est cç-
peodant une loi.
Si on convient q~'elle est néceS11aire Celle formule, cela
nous conduit franohemeot à la dernière qufllP.ion qu'il faut '
aborder et résoudre.
Elle eat u~ire.
Si elle l'est; qui la rédigerai' qui la coosacrera i> jl n'y a
pas de mltieu : ce sera le pouvoir législatif ou le pouvoir
exécutif.
Le pouvoir législatif est oomposé de trois élémcns, le
D.fi LA PUBLl«;A TIO~ DJ!S LOIS'. I

.gouverne~nt, le Tr~nat, le Corps législatif: isolés , ils


ne 110nt rien ; réunis,, .il• fo~ent la foi.
Fa\lte dQ -l'éunion , ~ a bien fallu .p rÔdsojrement qu'ils
priasent chacun leur parti; chacun donc .a ~écUgé ~a for-
mule à part; c_hll.,an a attesté_, comme il a_pu, qu'il avait
. concouru à la formation de la· loi: '
M.aia e«;s ,arrêtés is()).és ne ,con_stitqaient qu'un état p,ro·-
v.iaoire; Us suppléaient ainsi ce qui n 'existai.t pas : c'était là
un remède qui supp~aait un. mal qui, tô.t o~ tard, devait
ce11Ber.
Comme.nt .ccfl8era-t·il? par la formation d'une loi CJui.,
réuniasan~ les troJs ,br_al,lches du pouvoir .légialatif, cousa-
crera de conce~l I~ form~le qui doit attester que chacune
prend à chaque Joi la part qui lui est asaignée par la Cons-
. t.itmiop.
Ici y aµt"a·t-ii ~e ~ranch~ du pouvoir lé5i11la,tif q\lÎ ré:-
olamera sur l'auJre.une prééu;ûoehae que,n'a~tori'le~t ;pas
les principes de la Constitution? l'une de ces braaches
voudra-t-elle rédiger la formule cou1mune, ~n excluant
les deux ~tres, .ou deux b1·aoches d'accord auraient-elles
. la prétention d~exç11ire la troisième .t Il est trop évident que
.rien de aeiqblabl~ ne p_e ut être réclamé; il n'y a pas de
puiuaoce prépon~él'ante entre les trois branches du pou-
. VCjllr législatif. l)OQO Joar .QODC0Ur8 e11t Oécess~ire po1,1r Îr;t-'
troduire dans la loi la formule qui constate qu'elle éniane
d.~ .~orp1 .14.isl;ttif. .
S'il faut a YOu.er i~ que le gouvernement, 'omme parti-
cipaut à la légil!!la,tiou ~ a'~ pas pl1,1s que les deux autres
bra~~lies <\µ :P'l>.\l".OÏI' législatif, celui d'introduire à leur
exclu1ion une 'formule qui en devle~t partie 'i~tégranto.•
puiaque e'e"t elle qui énonce le11 titrea de l'autorité qui
la rend, p~leAdra-t·on q~ Je' gouvernement a ce J>OU-
voir sous un aU:tre .ra,pport, cow,me pouvoir exécutif, par
e~lei> ,
Il faut , _à cet égard, lir,c les propft!S principes du Conseil
280 DISCUSSIONS • MOTIFS, etc. .
d'État, ceux du Premier Consul; ils sont consigoé11 dans ra
délibération du 5 pluviose an VIII. La loi est parfaite, dit-
on, en sortant des mains du pouvoir législatif; c'est comme
pouvoir exécutif que le Premier Consul la proclame: d'où
il suit que, s'il ne peut rien y ajouter, il ne peut rien y·in-
troduire. ··
Cela se conçoitsifacilement, qu'on 11'industrie'raiten vain
pour chercher des raisons de douter; le pouvoir qui exé-
'cute ne peut exécuter que l'acte qui lui est remis; s'il le
faisait lui-même, ou s'il le modifiait, il n'en serait plus
'l'exécuteur, maie le créateur ou.le modérateur.
~aintenaut que ces deux pointa sont éclaircis;
Savoir, que les troiB branches du pouvoir législatif doi-
vent concourîr à tout ce qui s'incorpore dans la loi;
Et 'que .le pouvoir exécutif ne peut agir qu'ensuite et par
d~s actes postérieurs et extrinsèques à sa formation ;:
Il faudra bien se résoudre à fixer _les conséquences qui
'résultent de ces deux vérités.
La première consiste en ceci : c'est qu~ depuis .le pre-
mier mo't cle l'intitulé, qui est le mot LÔ1, jusques et com-
pris la signature des secrétaires du Corps législatif, il ne
peut pas y avoir une disposition, un mot, une syllabe,
pas une addition, p~s une omission qui modifie la loi, de
quelque manière que ce soit, sortant des mains du Corps
·législatif.
Ainsi, le titre de la lei en tête, l'énumération des pouvoirs
de l'autorité qui la rend' tout ce qui constitue cette pre-
mière partie commune à toutes les lois -. doit être réglé par
'une formÙle commune; et cette règle, c'est à la loi seule
qu'il appartient de la tracer.
· Maintenant j'examine la deÙXième partie de la formule,,
celle qui suit immédiatement la signature des secrétaires
du Corps législatif; elle est ainsi conçue :
• Soit la présente loi revêtue du sceau de l'Etat, insérée
" au Bulletin des lois, inscrite dans les registres des auto-

. ~·-' .. .
DB LA P11,BLICATION . D.KS LOI&. "28t

• rités judiciaires et administratives; el le ministrê de la


• justice chargé d'en surveiller la pu_blièatiou. • · .
· Pour qu'on ne me reproche pas, sur ce· point, de créer
des théories sur lesquelles chacun peut~ à son gré, éleTer des
controverses; je ne fixerai que ce qui a· toujours été.
On voit, dans cette dernière partie de la promulgation du
Premier Consul, l'ordre de faire quatre choses.
La première, de revêtir la loi du sceau de l'Etat.
· La seconde, de l'insérer au Bulletin. ·
La troisième, de l'insérer dans les livres des autorités
· judiciaires et administratives.
La quatrième, d'en surveiller la publication.
J'entreprends de prouvèr que cette formule doit être dé-
crétée par le Corps législatif.
1°. J'ai l'autorité de la Jégislation existante·, celle de l'as-
semblée constituante, celle des assemblées législatives,
.. celle de l'exécution actuelle , puisque cette formule de
toutes nos lois est celle consacrée par la loi du u vendé-
miaire an IV.
Or, les anciennes lois l'ayant voulu, les lois existantes
le voulant encore , on ne voit pas comment, sans une nou-
' velle loi, on voudrait Caire passer cette formùle daus les
· · attrib\ltions du pouvoir exécutif. ·
. ~·. Elle ne /pourrait pas y passer; 'la nature des choses
s'y oppose, parce qu'il appartient au Corps législatif de
déclarer quels actes doivent être revêtus du sceau de l'État;
parce que cette solennité étant partioulière aux lois , il ne
peut permettre qu'aucuns autres actes, qui ne peuveotlui
. être comparés ni en autorité ni en dignité' partagent cette
prérogative; parce que la publicité des lois étant une suite' '
nécessaire de leur émission , il · doit régler ·les formules et
l'étendue de cette publicité, soit par l'ioiertioo au Bulletin,
soit par l'affiche, soit par la consignation sur iea registres
· des tribunaux ou des administrations: et·, à cet égard, le
projet actuel consacre le principe, puisqu!il propose au
BJ8Cllael088 • MQTlb • elc. '

Corps IA!gfa&atif de décréter le ~ode :cle p.ublioatioo des :loit;


ce qui réduit la queatioo &Q seul point d~ ta voir, ~oo p~s
si le peuvolr légialati( iol.el'vieodra da.us le JJM>de de pro-
.mulgatioo, mai• s'il ~dmettra ou 000 .,, .mode proposé.
Elle. &el'a légielativ~ ee&te forpiule, parçe qu'eotiD I~
·miailt~• étut responsables d4 la Publ.i()atioo d~s lois, il
est nécessaire que la puiu.aJ)Ce ~ les eu charge soit la
lei.
Dira-t-oo que l;;a Constilu.tjon de J'ao VIII ,dounapJ an
Pœmier Coo1ul hi dl'Oit de promulguer les toit, elle lui
donne par conséquent le (qoit d'eo rédiger, d'en consa-
crer la. formule ?
Si .du droit de promlJ)guer les lois s'en1Uivait néceuai-
rement le droit de rédiger la formule de promuJGation, le
roi coostituûoaDel. le directoire. aur.a ient eu.aussi-ce droit;
car rua et l'au&re étaient chargé• de la prom~ation d~
lois; ils l'étaie.pt comme pouvoir exécutif: et si noOB lisons
la déllbératioo .du Cooaeil d'État du 5 pluvloae an VIII, on
y voit qu'il recoooalt que c'est ausai comm~ po,uvoir exé-
. eutlf que le Premier ÇoQanl promulgue Jes lois ; il reqon-
nalt qu'~ sortent parW,itea, compJ~tell, des maios du
C9rpt1 légUlatif', et que .rien ne d9,it ~tre cha.ng~ nt dans
leur essence, ni dans le t,exte, do mpment o\l el,lea sont
déorétéea: d'où le· CooseU 4'ét;it et le Pl'.emier Coosul ont
oonclu qu'il ae poqvtient.pas, ain!li qu'on µi lear prop9sait,
cbange.r, pu exor.uple4 lil date des lois, et aubjllituer à celle
du décret .ce.lie de la promi,ù,g•tiqn •
•Umettre que la p1d"8~ee ~~çqtri~ , qµi a le ,droit de
. pronutlguer les JoiB, a\ll'ait Lç .4roit de ~d(ger la formule
de p.aœulgation , cie ,se$,i.t s'obijge.r, par une ·C9D8équ~ce
néCBl~ire, 4'admet're q11e ~s (ooctiQun~irClfl co.~t\1-
tionnolB auraieat le d..roit au:i4Î dp ré.glw Jil formule des
actes qu'on leUI' doJWe le pduvGir de faï,«;. AinJi ~s .tribu-
nau1t, quancl .on les oharge 4e puilliu .lil l~, auraient le
41roit 1le régler la f<>JDle et le pr0t~ 'de fa publication ;
DJ!· J.A PVBJ.lCATJO!'f DBS Lets. ~83

ainei :ces- m~s tribunaus, quand ils rendent -des .; ug.-


mens, auraient le droit de déterminer et .le fÎtN de tle& Î#i-
.gelJleas' et Ja iOraule du mandat .pa«' leq41el ils en ~r®n­
-ueat l'~xécutioo ; ainsi tous les eflioie.rs de ju#ice fj~ oat
le droit , les uus de t"e<:noir les ,plai~, les aulres d_, dé-
. oori>er des mandats, tl'a«tftls enfin d;e reo4re de8 ordon-:-
.nances de prite de .col'p11, _~raient 4"ltli le droit de~'
· ·puur t~ .c.ea ade•, les formules qui soot coPIWlCrétlll .P~
nos .loi•, e.t d'y sabstituer .e haeun celle qu'ila ·juger~ieut
é~ la fW •Cf>OWCUWe ou la plut abregée.
Concluons de ceci ·que le droit de promulguer, d.e p.u-
l»lier , de juger, de mander. ~e douoe pas le droit .d ti dé-
. tenpiuer la fora:ie des aetes P"r lesqi;u;ls oa mau.de, -00
·juge , on publie, on proxnulgue; q~e c'est la -loi qui déœ,-
·.mine et qui a ·lo.ujours détel!mio.é ces .for1nules·; et .que,
.quant à la promulgation dont il .&•agit foi, OOIDDle la .for-
mule doit en être solennelle, invariable, exclusive-; coJDJQe
-elle doit œnatlder le cencouri; des .trois ~anches séparées,
iwlépe.ndanles, qui oonslitueat le pouvmdégialatif, c'eJt
.par ;leur coo.co.w-s, c'eat-à~dire .par u.u.c loi, que doit étne
-4éterminée la formule q.ui s'incorpote d~ll8 toutes lea·loit.
Cette conçluaioo répond à céux qui, r.econi!ai..ant fJUC
le pouvoir de promulguer ne dnaoe paa le 4.roit de .co.-sa-
oaer les iorJDUlea .de promulgatiou ; préten.Iraieat·qn'iodé-
pendamment ;de.ce droit, .le ~onvernemeut • .e~re celui
. de faire des réglemeos poltr re11:~011tiou dee lois; q11e c'est
-les exécuter que de les prQmulguer ; d'ob auivnit qu'il au-
rait le droit, . par UD ftgieineat, de déterrqiner la fol'illule
·de la promulgation.
Un -réglemeot est un aote postérieur à la· loi; .i l n'en fait
pa..,artie' il ne e'y iaewpoie pas; la.loi doit 4.oitc être
entière avaot Je réglemeat; ear Je ·réglement ne po11uait
pas procurer l'exécution de ce qui n'm:iaterait.pas•.
Or, nul ute qei peuUtreloi, s 'il:ne OOJitienl deux parties.
La première, qui éooooeles titres de l'auto~léàlaquelle
DISCUSSIONS • JlOTIP8. etc •
. le peuple a délégué le pouvoit" législatif; cette . pa11tie ett
. dans toutes les lois. ·.
La seconde, qui contient les di8positions qui sont propres
à chaque .loi, mais qui ne seraient pas loi; si .le Corps l~­
gitllatif ne déclarait pas qu'il les ~ décrétées.
Le réglement d'éxécutlon n'arrive donc que.quand ces
deux parties constituantes de la loi en· forment. le texte g'é-
néral; donc le réglement qui s'emparerait de l'une·de ces
clenx. parties ne serait poinr un acte d'exécution, mais un
acte qui contiendrait la formation de la premi~re partie de
la.loi.
Si nous supposions que le pouvoir législatif n'a pas le
droit de consacrer la formule par laquelle il· constate qu'il
a rendu la loi, si nous supposions que le·pouvoir·exécutifa
le droit de la suppléer, de la retrancher, d'y en.substituer
une telle qu'il la conçoit aujourd'hui, telle qu'il pourrait la
modifier par la suite :
Dans ce cas, législateurs, il faudrait se résigner aux con-
séquences qui dérivent d'un pareil système; il faudrait,
conformément à l'owisaion qui date du 8 pluviose·an Vlll,
ne plus rédiger les lois comme vous les avez' rédigées jus-
qu'à ce jour. Dans celle-ci, par exemple·: ·
Il ne faudrait plus mettre,
« Que le C,orps législatif réuni au nombre de membres
•prescrit par l'article 90 de la Coùstitution;
• Lecture faite du projet de loi sur la pablièation, les effets
cet l'application des lois en général, proposé par le goûver-
• nement le ~ brumaire an X, et communiq.ué ·1e . 25 au
. c Tribunat;
c Les orateurs du Tribunat et· ceux du gouvernement
• entendus dans la séance des 23 et ·24 frimaire, et lea sut:-
. • frages recueillis an scrutin SCC1ret, décrète, etc. •
Mais il faudrait mettre ,
· Loi sur la publication·, les· effets et l'application des lois
en général.
DB L:A. PU!ILICATION .»ES . LOIS. ~85

A..t. 1:.Les lois sont exécutoires .dans tout le territoire


français , en vertu , etc. . .
Il faudrait'vous ~poser d~ soin d'annoncer au peuple
français que -c'est vous, .en effet, .qui_l';ivez décrétée,' sur
l~ formule du pouvoir exécutif, conçue· en. ces termes : Àu
nom du. peuplejranç.ai.r" Bonaparte, Premier Consul, proclame
loi de. la République, le .décret s],livant ' · re.odu par le Corps
législatif, le-. sur.la proposition faite; par le goùvemement,
le... communiquée au Tribunat,,~... (a).
Le· moment est.arrivé .de maintenir législillivement la
formule des lois telle qu'.elle est arrêtée par le Co~s légis-
latif, ou de l'abandonner tout-à-fait; car il est impos~ible
qu'on continue; d'une .part, à insé['.tr cette formule dans
le texte original de toutes les l.o is; et de l'autre, qu'on con-
tinue à ·l'en retrancher lors de la pubUcation qu'on fait de
chacune d'elles.- . ·
.Je m'arrête.
·Si j'ai'prouvé, d'une part, que la formule qui fait toujours
la première partie de la loi, est essentiellement dans .. les
attributionf du Corps législatif;
Si j'ai prouvé que .ce~e qui forme la deuxième ,partie
appartient aussi à la puissance législative ;
Il est évident que la loi qui doit contenir cette formule.
est, comme cela a toujours été, la loi sur la promulgation
et la publication des lois; et si le projet ne contient pas
oette formule , il doit, à raison de cette omission fonda-
mentale, être rejeté ..
Je me suis proposé de dém9ntrer, en second lieu, que.le
projet est contraire à tous les principes, à tous les intérêts
du people français.
' (a) L'oralellr qui m'a 111edd6 a flût Htte 6lijection à laquelle je ne m'attendaù poo; il a dit·
• que qumd.dsréelemeDI tuhliltent, il faut ou )91 d~êrtr au Séat, oa ne pu Jet eumioer. • Dt'en .
tu.in ait que.toutes let foit que, dam fesuneo d'un projet de Joi ~ OD Ûrenit argument de l'eaittenoe
d'un Mrfté, il f111dnit ea - . . Ili , et pu --'qllODt d6cider que le projet à -•errir en loi
ne pourrait jamail qu'être conConm aus dilpooitiom do cd urtté précédent. Il ma IUllÎt trop
faeile de .u.Iaire lu cOOl6quence1 qui rioultent de ce 11111ime : je - couteoterai dll demander
por qui alon . • tro11Ter1Ît eaercé le po1noi< 16gialltit '
On ·nmts ré~, depuis quekple t8111ps, que le peaple
fraa9ai1 n 'eat pas un peuple nouveaà poar lequel il fa~le.
Cft'éer dU lois, maîti un peuple ancien , dont lea. mœma et
lu bebitudes ae · doi"bt· pas èlre, contrâriées par · celles
qu'on loi destine.
Si eela ett nai, it est uéoeoairre de le· maintenir flans-.
l'hàbitudé oh 'il 4!181, où il a toajoœ-1 é~, soit de lire lie•
loft a-f&chéee' 80Ït d&·te1 entendre publier au11 audieaee..-.
soit de vérifier dao&' eea triheuaa-. la dete fie leur enTegia--
tteme·nt, et ne pas· le eontraindre cte: venw à Paris cber-
cller,. quanfl il en aura beeetn, le pro"9-verbal de 18 pro-.
malga·tloa des lois.
CM' il y aura Mns tloute un& ~nmlgatiow l'éfU..., et·on•
ne l• supposera pas fictiv~I pat l'd'et. d'on principe.
qui la déclarerait eeiJtée· premulguée le diidèm6 jour.
· Si lea tribunaux, composés maiot<loant. de la vieille et-
de la nouvelle magistrature, 11ont aussi dan11 l'babita41e· fie
·recevoir ces lois ~ de les publier aux audienoea , de les coo-
sfgner sar Jeun. regisrre•, et i'y a•orr recours pour juger:
conformément à leurs di11pésiti0Bt, 011 ne veit·pas que le·
projet, qui ne lenr promet olenvei, ni pnbHcatiea, ni dé-
pôt, 11oit bten conferme à ce deuein tépétt!·tant de feis de
ménager les mœnf!I et les lialritades du· peuple français.;
· Je viens d'apprendre que les joumaux publiaiart det1
arrttéiJ qui devaient raHUrer sur ce point, ee qu101r con-
ttnaerait· dteovoyer- aux fribttnaux lei tols comme par le
paué.
Si oe fai~ est vrai, comme on l'amronee, il proave· qu'il
y a nécessité ile confinuér un usage fond!§, non seulement
11ur la raison, mais sur la néces11ité, qui oblige. d'envoyer
aux tribunaux des·lois qu'on ·les charg,e d'exécuter•
. Ce point convenu, il ne reste' pfos qu'à examiner celui
de savoir 9i ce n'est pal! ·à la loi de pr.endt-e le soin de faire . ,
dépo&ef les lois dans les. tribunaux : si ce 11 'est pas à ene de
déclarer à quel instant elles seront exécutoires dans leuu.
DB J..A P11BLICA:TIO!f H& :t.OHi,

arrondisse'mens; e1dha, de · dé~œ,. ;il est ou s'il n'M pas


utile de les publier et de déterminer les formes· de leur
publication.
Sar ce pohat ~ on vous a dével6ppé hier une tlré 0 rie,
belle ~ns doute, mais qui, n'ayant pas eneote f)Mn' elle ·
l'autorité de l'usage , gagnera peut-être à être examinée.
On vous a: dit : Il y avait autrefois beaucoup de promul-
gations en France, mais maintenant il ne doit plu1 y en
avoir qu'one : pourqnoi cela? C'est que la France ayant
antrefois beaucoup de protinces qni avaien't ehacu.n e leon
priviléges, cet État était composé de beaucoup d'États qt:ii
se:trouvaient unis aaos ~tre coofondo11: de là la nécessité
de multiplier fes promufgatioDl'llOUS les tôrl'Des qui·étaient
propres à chaque province;
Mais., ajoute-t-oo ., depU'Îll que' la· France est·Répobliqoe·
une et indiyiidbfe, la promulgation de ses lois dtrit être ùoe
et iodirisfble comme elte : dé là, la disposition constitu-
tionnelle qui charge le Premier Consut aeul de -cette pre-·
mulgation; le reste sèra sùbordooné lt des ageireet minis-
térielles; et la foi n'a pàs begoin d'intervenir dans ces ~o- ·
vemens d1ei:écotiou.
Il y a là confusion duos les idées et clà'm le11 faits.
On imagine, comme on essaie de-l'établir en systèn1e
dane le ptojet, que promulgation et puillîeation sont 11ne
m~me chose; et de là on affirme que la promulgatwn dn
roi et la publication dans les parlemens étaient autant de·
promutgations. Je n'insisterai pas sur celle gronière eon-
filsioô . ,
' Mais j'admire cette découverte d'hier, qui· attribue à la-
diviaion départementale, à l'unité de la R:épublique, la
néeessifé de ne plus parler de publication de loi.
· La dfvi11ion départementale remonte à r790. La Répù·
blique date de 1792, et on ne vo_it pas qu'en 1790 et 1792;·
il fût question de faire remplacer toutes les publicaHons
par une' pronrolgation unique. ··
Dl.SCVlilONS, •OTll'I, elc.
Noua avons la loi do 3.novembre 1790, qqi est intitulée
Décnt sur les formes.de la .sanction, de la promulgation de
renvoi et de la publication des lois.
Noue.avons celle du 12 vendémiaire an IV, qui détermine
le mode pour l'envoi et .la publication des lois.
Nous avons, depuis, l'usage et les formules _de promul-
gatioa .q\li contiennent l'ordre de publier. D'où il suit que ,
promulgation el publication_ont toujou..S _été et sont encore
deux «;ho.ses distiuc~s, qu'elles l'c;mt été sous la menarchie,
qu'elles l'ont été depuis la fondation de la République une
el indîYiaible. ·
Qu'on a~rme que la promulgation appartient au Premier
Consul, cela. est vrJi; elle-appartenait .aussi au directoire,
au roi censtitutionne~ : qu'on ajoute q!l'elle est unique,
cela est vrai encore; el.le l'était en 179 t; elle l'était en
l'an IV : qu'on en tire la conséquenoe .qu'elle exclut toute·
publication uUérieure; cela n'est pas ex~ct. Les lois et lei
faits sont là; ils déposent contre. .
Si la promulgation dont est cha_rgé _le Premier Consul
n'exclut p;ia les publiçations dans .les tribunl!-ux, _la ques-
tion ae réduit à des termes bien simples, c'est de savoir ai
elles sont utiles et convenables. . .
Elles sont utiles, l'usage éternel du pasaé le justi.fie as-
sez; el~s le sont pour les j~ges, elles le sont pour le pu-
blic; qu'on ne revienne p.as ici ~vec ce.t argument éternel,
dire que l'impossibilité de notifier les lois à tou11, doit dé-
terminer à .ne lea publier pour personne : c'est avec ces
exagérations qu'on pasae à tous les excès; si l'on varie sur·
le degré .plus ou moins grand de publicilé, on ne varie pas
_ ~ur la nécé~sité d'en avoir une.
On ne ~arie pas sur le sentiment de convenance qui
porte à désirer que les _tribunaux 'Soient chargés de ces pu-
blications.
Mais vous voulez, dira-t- on, faire dépendre cette publi-
cation d.e leur négligence, d~ leur mauvaile volonté ; vous
DB LA PUBLICATION DES LOIS.

voulez mettre les hommes à la place de .la loi : voilà ce


qu'on: allègue. Ne semble-t-il pas que, depuis <lix années j
Je gouvernement n'ait eu à lutter que contre les résistan-
ces? Ce sont d.es chimères que tout cela : on ne cite pas un
seul abus; on en citerait dix, qu'on ne serait pas en droit
d'en conclure qu'il faut priver la magistrature dè ce qu'on
lui doit, ·de ce qu'on doit à tous les Français.
· J'ajouterai qu'au lieu de déprimer l'ordre judi_c iaire par
des institu~ions méfiantes, il serait sage peul-être de pèn""
ser à sa dignité; L'honneur des tripun~ux ue doit pas être
indifférent à la nation fran~ise~ Sans doute la pui8113nc~,
quelquefois utile , plus souvent oppresswe , qui était de
. l'essence deir anciens tribunaux ' ne doit plus se relever :
mais quand la République ' fondée sur la ruine de tant de
eolosses , établit à son: tour des autOrités·, elle doit. les ani-
mer du sentiment de leur propre dignité. Au dedans, ce
sont les vertus personnelles de chacun qu'il faut savoir
élever par des marques de confiance;· au dehora, la con..;
sidération extérieure doit être le pris des pénibles veiltes
auxqueUett ilue livrent pour le maintien de l'ordre et c;le la
sàreté de tous. Plus ils ont à lutter contre les souvenirs
eztérieurs des anciennes institutions, plus ils doivent trou-
ver de moyens de leur comparer les atantages, la dignité 4
l'iudépendanee des nouvelles. Loin donc de les dépouiller
d'une ombre de polll'oir, dont la crainte est devenue -chi-
mér;ique, il faudrait; au contraire, saisir toutes les oeca-.
sions d'ajouter à la puissance de Ja République la partie de
puissance dont les magistrats ont besoin pour imprimer le
respect, qui, s'il ne a'obtient pour leurs personnes, est
bientôt refuaé à la majesté de leurs fonctions, et par con-
séquent à la puissance de la loi.
Je n'examiuerai pas le reste du aystème du proje\; il sut:.
fit qu'e1,1 substance il ordonne µne promulgation unique à
Paris, et qu'il ôte à la législation 'les règles et les formes de
publication qui devraient · suivre , qu'il annonce évidem-
v1. 19
/

IJJICtlllJOaJ, llOTll'I , etc.

ment même·le deuein de le111nppr1mer, poar que je· per-


ai91e à penser que ce système est contraire à toutes les ha-
bitude•, à toua les principea dd peuple Fraaçaia.
loi pu ne peut auez s'étonner de ces longuea exolama-
tionB par laquelle& on euayait de faire croire que toutes
&eti .combinaisone du Coneeil d'État étaient épuisée&: Les
auteurs du Cude, dit-oo, ont propollé un projet; la section
en a' présenté uo aptre; le Conseil d'.État en a adopté un
I
troisième. Le Tribunat, ..\ aon tour, a préeenté des vuea,
des sy1tèm111 difl'él'llns, contra!Uo&oires; .en sorte que, de
•tUelque OOté qu'on jette la vue, OD De 118Ït à quels prioa,i-
pes s'arrêter sur une matière arbitraire en quelque aorte,
et qui a v•rié tant de fois.
Abetraction faite de quelques 1~ plua ou moins justes,
qui soot inséparables de toute ditcuuioo, ei l'on voulait 1
reprder de plus prè8, ou reconoattrait que les variétés
qu'on impute à la matière ne sont pas si multipliées qu'on
semble le croire; oo Mconoaltrait deux choses fondamen-
tales, par exemple, la première, qu'une loi sur la promul-
gation des lois en contient toujours la formule : ce point a
été invariable depuis •789-
Un autre point non moio's ia.ariable, c'eet que de &eut
temps oo a envoyé les lois aux tribunaus.
On ne veut oi l'une oi l'autre de Cle8 deux ehOBeB qui eont
dans nM habitudes,'dao• n01 lois, dans l'Cflseoee du pou-
veir lé~slatif, dans le be&0in des tribunaux; et oa vient
nous reprocher de ne &aYOir,ce que nous voalous.!
Qu'on ait différé aur le point de savoir Ili on enverra lea
lois à tous· les tribunaux , ou seulement aux tribunaux
d'appel; qu'on ù •amine s'il ne valait pas mieus; publier
par aili.che que par la simple.coDiSiguation daBS les regis-
trS : 118ns doute ces points soot aussi de q•elque impor-
ta•~, «'.' oa peut en iadiquer·les avantages et les incoové-
llieos; mais qu'on appelle tout cela un ehaos- d'iacoosé-
quences et de ocmtradjclions, c'est ee qu'avec un peu plus .
Dl! LA. Ptl'BLICA.TIOX DIS LC>ls. ll9l

de froideur on ne manquera paa bient&t de désavouer.


L'eapritgénéral aur cette matière n'eat peul·être paa si dif-
ficile à saisir; 11i l'elleentiel était dana le projet, on épr0u-
yeraf& plus de ea&ht'aciion à le défendre q'U'à le conibàttre.'
Je dirai ptu ,le choses contte les maximes générales qui M
co111poaeot les articles· ' et 8 du pt'Ojet.
Elles me panillsenc fausses et dangeieulies.
Eu eft'et, si la juatioe du droit elle-même , en nous tra-
çant des règles générales, les a toutes modifMes par celle-
oi, qu'il n'y a pas ·de règle aans exception, comment oaer
débuter par des règles générales dont les êsception1 rie sont.
pas eu~ore posc§eaP oe n'est que quand la loi'est complète
qu'on p'tlut savoir ce qu'ewt la règle, ce que sont les escep..
Ilona; ava•t eela, vous donnez au juge~ contre votre in•
teutioo , le dtoit de œnfoadre rune et l'autre, et de déèi-
der par la 111asime générale ce -qui devrait l'être par la
néceuilt de l'exception.
Par exemple, en déclarant qu'on ne peut déroger ~ar
ft8 cobveoliona au loia qui intéreasent léa bonnes mœura,
allea-voaa dollller ouverture à l'abolition des testamet.ui ou
de• donatioas P allez-vous les faire attaquer, paTCe qu'on
aUiguera un com.merœ illicite entre le dooa&eur et la do-
nataire, parce qu•ou oft'rira de dévoile; les aotee d'une co-
habitation commUDe P Ces matières, dans lesqueJtes l'avi-
clit9 collatérale grouit toujours tes scandales de11 révéla-
tion&, doi•entêtre trakées avec modération,·ce me sem·bte;
et une seule maxime, tur un sujet 1usceptible de ta ut de
nuances, ne remédierait point au mal, elle y ajouterait un
~elat iatéretsé qui "IOovent o'eat pas beaucoup plus nioral
que l'irrégularité qa'il con~allftle. Qui ne sait que le pré- ·
texte da bien deli mœms, dans oea oirconstances, n'est ja-
mais que .Je masque de l'amoùt ~ riche11ses P
J'ai déjà clit, et je le répète' que cet article' en appa':.. •
reoœ ai .simple, si é'rideut, .la loi n'a pei& d'effet rittoai:i(f;
elle lie dispose qlle pour l'a ..enir, cousid'ti-comme règle du
19.

---~# .·.-. ~ ~ ..... _ . .,,,_-=----


1
DllCVUIO!fl , JIOT•F~ , etc.
magistrat, renfermait un princjp• non moins faux, ooo
moins dangereux.
Il n'est pas un .pri.noipe du magistrat, puisque, nonobs-•
tant cet article; s'il recevait une loi ritroactive, il serait
ubligé .de l'exécuter. C'est au législateur à bien se pénétrer
de ce principe ; c'est à lui de ne jamais propoeer ni aclop-.
ter de pareilles _lois : mais l'écrire dans le livre de la loi 1 et
le livrer au magÎlltrat, dans lee circoustaneea actuelles, :ce
serait lui donner le guide le plus dangereux.
Ne dit-on pas dtspuis pluaieun ana•, ne s'efl'o~t-oo
JW'I de persuaier que les l~i• rétroactive& sent nulles par
cela seul qu'elles aoot Ntroactivea P oe sait..-on paa que cette
ùctrine, qui part de l• bo~he de perao~oea io&éreuéea.,
te propage ' pour en tirer les- conséquences que j'ai déjà
indiqu~, et que , par 1uite de cette tendance, on la trouve
dans des écr_ita qui ont une .aorte d'autorité, qu'elle a ·pé-
nétré dan• des administration•, et qu'on ,s'est efforcé de
l'accréditer jusque dans nos asaemblées législativea P
Or, je le demande, dans cet état, est-il prudent de li-
vrer cette maxime aux tribunaux, de la .convertir en loi ,
de n'avoir pas m6me le aoin de la rédiger comme règle
- future .P-Car elle ne dit plls, comme ou a voulu. le faire
eotendte_, que c'est ~ne promesse, pour l'avenir, de ne plus
faire dei lois rétroactives; elle ne dit pas: La· loi ne dispo-
sera que pour l'avenir, ello n'aura pas d'effet rétroactif; mais
eJle fait une règle rauB11n qu'elle adrease à toes les tribu-
naux. Elle le11r dit : la loi ne disp<Ue que pour f apeni.F • elle.
n'a point d'effet rétroactif. .
Législateurs, la crainte .seule de voir uoe pareiUo règle
aider à la doctrine subvenive que l'intérêt personnel s'ef-
force d'accNdi&er sur le• substitu&ions, et sur lea aocieoa
41.roit• de masculinité, que beaucoup de pel'IOnnes préten-
dent avoir acquis, soit en naiuant, aoit en se mariant, ne
doivent pas TOU• faire ~iter de la repemser oomme iau- ·
tile et daog'reu".

• • H • . : .... . . . ; . . . : . . - ..... • • '4h4i: ~.


DB LA P1JBLJCA. TJOl'f D!!8 LOIS. tgi
Je ne suis pas raiauré pal"i'expliqatiou donnée hier à' cétte
. t1'ibune sur ce point ; on répondra, dit-on, à ceax 'qùi vou-
draient faire considérer oomme non àvenue11 les anciennes
lois rétroacti•es' que la loi avait le droit de détlarer 'qud
ce qui était ne serait plus: mais cela ne rêaout pas cettè.
difficulté qui se reproduit sana cesse, et qui consiste à dire
qu'on avoue bien que la loi à dit que ce qui•était ne serait
plus; par conséquent, qu'on ne ferait plus de subatitntions
après le 25 octobre 1792 ; mais on ajoute qti'avoir reporté
ce pouvoir dans le pasllé, c'était !'étroagir, et que le11 lois
ne rétroagiuent pas; qu'elle& ne dùpo1f!nt que pour fa-
Ptmir. ·
La maxime qui défend de prouver que lea actes aont fait' ap. s
sans fraude, quand Ja1oi les aura réputés tell, a au•l ses
incon•éniena. . .
On a cité, par exemple, la déclaration de 1702; on l'a
citée exemplairement et non pas limitativ~inent, comme
on l'a observé hier, et c'est aussi en ée 11ens que je l'exa- .
mine : mais cette déclaration 11'est bien gardée de donner
dans la méprille qu'on veut faire consacrer par la maxime
qu'on nous propose.
On sait que des actes faits à la veille d'une faillite peu-
vent ttre, les uns frauduleux, les autres de bonne fol; mais ··
Je danger de la fraude l'emportant sur quelques intérêts
particuliers, on trouve sage de déclarer tou11 ces actes nuls
indistinctement. Ç'est le texte de la déclaration de 1702;
mais on se garde bien de les déclarer frauduleux, 1 • parce
qu'il serait injuste et oppre1Bif de déclarer frauduleux
fictivement un acle qui, en réalité, peut être de bonne
foi; 2° parce que les conséquences d'un acte 'frauduleuj[
sont bien différentes de celles d'un acte nul. Par Ie·pre..
mi_e r, on perd sa crédite, oh devient garant. on est ré-
puté complice., on peut être poursuivi criminellement; ce
qui suppose, contre le texte de la maxime, qu'on peut
prouver que l'acte est de bonne foi : car on ne dira pas
194 »&ICUISleD • •OTll'I , ok:~

qu'un homme accmté .n'ait pae le droit de proaver qu'il est


innocent.
Lee conséquenee& d'un acte nul, au contraire, évinccint
quelq~foia le pOl'teur; mais quelquefois aU111i il ne perd
que 800 hypothèque' et il vient aa marc la livre avec lea
autrea criancien : il n'~a réputé ni ga~nt ni complice, et
n'a pas .u n Mrt commun. et rigoureux av.ec le fail!i.
.En un mot, nulle loi ne peut dire qu'un acte dont lea
causes ne 11>n~ paa vérifiéea eera répùlé &auduleux; nulle
loj ne pe,itdire qu'un homme qu'on déNlonore n'aura paa
le droit de P"-uver qu'il est honnête homme. Par 09nsé-
qaent, une maxime qui le voucùait ainsi, n'étant ni juste.
ni morale, ne peat êl&'e placée à la tête du livre des lois.
Ces conséquences s'appliquent à toua les autres cas ci&é&
hier, et qu'on 'Yeut faire ré&ir par le même principe.
Légialateura,
Ce projet ne coaaaore point de formule de promulgalioa.
n supprime la publication dee lois.
Il.n'oblige pas le pouvoir exécutif à lea eovoyer aux Jri-
b~aux. ·
Le nouveau syatèmè qu'il contient~· dea&ructi(de toute
~ de publicité. . •
• et .u... Les Qa4Dmes potéea à la suite sont dangereuses par leur.
fawaeté, par l'abus qu'on en fera, et par l'absence des elt-
ceptloaa dont ellea 881'aitmt suiCeptiblea, et ,ui ne aoot
pu encore poaéell.
L'a.amen du Code civil elll indép,endaDl de ce projet dè
loi•
.Enftn la loi du. 12 ven4émiaire an IV, qui • 'exécute de-
puis eix ao1, peut s'exécuter encore jusqu'à ce qu'un pro-
jet complet P.Uiue ttre adopté pour la remplacer.
Je dépoee le vo&e de rejet ù Tribwaat.

ii...._ - ---- : .._.. -...., . ~ __...


DR LA PUBLICA·TION Dll8 J.OIJ,

mscouas PB.Ol!fOl!fCÉ PAB. LE COl'fSEJLL1!.ll D'iTAT BOULAY,


L'UJI Dllll OliTllVlll DV GOVV~.

{ Séaace d, •4 Crimaire •• X. - 1~ décembre 1 801. )

Législatennr, il parait qne e'est Je prenlier article du


.ptojet qui soufftoe le plus de diftieult,s. On a fait contre cet
article tlifféreotea sortes d'objections. On a prétendu d'a-
berd qu'll n'était point à ·1a place qui lui coorieut. Il est
diftleile de cnnceTDir l'importaoèe qu'on a miee à cette
objection plusieur11 fois reproduitf'. Elit qu'importe au peu-·
pie Françaia où ~it placée la di11pœition qui règle le mo-
ment où les !ois deviennent nécutoires pour lui, pounu
que cette dillf'osition soit bonne P et certes, ai eUe était
manvai1e, quelque place q11'on lui a111igo4t dana la législa-
tion, elle n'en deviendrait pa• meilleure• .€ependant, s'il
fallait joetifier le chois: de celle qu'on lui a donnée, le Code
civil n'•t-il pas, après '1a Constitution, la loi· la ·pla11 im-
portante et la plus utile? 'N'était-il donc. pas naturel: en
travaillant à la ·confection de ce Code qui embrallse les
d~its, les devoirs et les obligations de tous les membres de
la société, de régler d'abord le moment .où commence la
principale de ces obligations, celle d'obéir à la loi? Et pui11-
qu'o.n mettait à la tête' du Code civil ~n titre préliminaire,
composé cle di11po11itions générale•, celle qui règle le mode
' de publication de la loi ne devait-elle pas être la première
de cesdi11poaitionsP Eftt-elle été mise auaai convenablement
à la tête, eoit du Code judiciaire, t!OÎt du Code rural, on
de tout autre Code P
On a dit enauite que la partie de· l'article qui portait que
·œ s lnis sont eJi:éclltoires dans toat le territoiré "4 la B.épa.blique, ,en
wrtn de la promalgatï,on qui en estfllile par le Premier Conaul,
renfermait une grande hérésie, et qu'il faudrait• adopter
une fonnule qui rappelât le eoncoursdes trois hl-anches de
l'autorité légi1L"ltive. N'est-ce pas là rêver des héréaie1, et

-- • ........._ - . . , ! __ -· - · • • ~
DISCUSSIO.N'S , MOTIPS, etc.
peut-on se tromper plu11 complètement et sur la question,
.et sur les· principes , etsu r les faits ?
D'abord, il est fort ~trange qu'on attaque, comme on vient
de le faire , la formule aOtuelle de promulgation. Cette for-
mule n'est pas et ne peut pas 8tre ici la matière cl'une dis-
cnsaion. Elle a.été déterminée par un acte du gouveme-
meul; cet acte .existe depuis d~ux ans, ~ans. que personne
se soit enoore aviaé de soutenir qu'il fftt incoostitutionneL
Il a donc non seulement la forcie de l'usage, mais la sano-
tion au moins tacite Ae l'autorité qui aurait eu Je droit de
le dénoncer, si elle l'avait cru contraire à la Con11titutio'n ;
autorité «lont on parait ici mécoooaltrelevœu et ceDBurer
la conduite.
Toutefois, qu'on examine cette formule de promnlga-
tioo qui se trouve à la tête de toutes les lois, et on .verra si
.elle n'est pas copforme aux principes de la Coosti~ution,
si même elle ne remplit pas l'objet qu'on parait se propo-
'8r, d'y énoncer le concoun des trois branches du pouvoir
Ugislalif. ·
.4u nom 4u peuple f!raru;ais, Bonaparte, Premier Consul,
proclamé loi de la Répuhüque, l~. dµ;ret suiPant, rendu par le
Corps législatif, relatif. .... Conformément à la fropositionfaite
par le gouPernement..... Communiqué au Tribun.al.

Celte formule ne rappelle-t-elle pas d'abord le pouvoir


souverain qui réside dans le peupl~ ; en second lieu,· les
trois corps auxquelA la volonté nationale a confié le pou-
Yoir législatiU Si c'est le Premier Consul qui proclame loi
de la B.épubJique le décret intervenu, n'est-ce pas encore
d'après la volonté nationale P
Or, n'est-il pas de prioclpe éternel q oe.les lois ne sont pas
exécutoires, tant qu'elles ne sent pas promulguées? N'ést-
.ce pas cette promulgation seule qui leur imprime le mou-
vement etla 'force d'exécution, et n 'est~elle paa, dans toute
~nne constitution, un attribut essentiel du pouvoir exécutif?

..1.
2 97
On a prétendu apercevoir je ne sais quelle qualité occulte
et malfaisante dans ces mots : en vertu de la promulgation ;
il fallàit, a-t-on dit, employer ceux-ci : aumoyen de la
promulgation; et on a fait une longue d~rtatiOn pour
établir la dUférence · énorme qu'il y avait entre ces deux
expressions. En· vérité, il faut avoir le regard bien subtil;
pour ·y décoonir une telle différence. Je ·suis persuadé que
le génie des scolastiques, des métaphysiciens , des .gram-
mairiens les plus pointilleux y aurait échoué. Je 111is per-
suadé même que le délicat et clairvoyant critique' si on
s'était servi des mots au moyen, y alirait encore ~perçu
quelque germe de delltruction, et qu'il aurait allégué, con-
tre ces mots qu'il nous propose, les 'mêmes subtilités qu'il
a alléguées contre les mots e11 1Jertu , que peat-étre alors il
aurait préférés à ceux qu'il nous oppoie aujourd'hui.
Mais laissons là ces vaines arguties. Vous prétendez que
ce n'est pas la promulgatiop qui donne aux ·lois la foree
exécutive. L'assemblée constituante n'était pas de. votre
avis; car le chef du pouvoir exécutif qu'elle avait organisé ·
devait dire ces mots dans la promulgation des lois : L'as-
semblée nationale a décrété et nous ·voulons et ordonnons.ce qui
suit. La convention nationale, fort jalouse assurément de
se montrer orthodoxe en matière de principes politiques ,
_n'était pas nou plus de votre avis; car, dans la formule de
promulgation, le pouvoir exécutif créé par elle devait dire :
.Au nom de la Bépubüque, le Directoire ordonne que la loi serapu'-
hüée, exécutée, etc. Ou dire, dans une formule de promulga~
lion , que le pouvoir exécutif ordonne que ia loi soit exécutée;
ou dire, dans une aut~e formule, .que la loi est exécutoi~ en
vertu de la promulgation, n'est-ce· pas, au fond, la même
idée? Cette idée n'eat-elle pas aussi conforme à la théorie
de la division des poa'toirs, qu'au texte précis de la Cons-
titution ? Et comment peut-ou aperce'foir 'dans tout eela
l'ombre même d'une hérésie 1
Mais examinons les objections qui sc rapportent plus
sg8. DUC:Vial~Bll , •OTU'I, eto.
particulière111eat 'à la dillpotilion d.e l'article. Il rcnfenpe
troit parties bien d'1ttioctes, et.cependant bien liées entre
oiju..La p,remière, déjà éooncée, es' q//18 les lois sont e.réeu-
~1 claRs toUl le territOÜ# de la .République, e" -vertu de la pro-
mulplion qui e1tf~ paT Ill Premi.er Consul~ et UOUf VUOllJ,
de prouver quo ce pPinl est ioconte.&8.ble. X..deu:ûème '·
que 1ea loi8 seronl f:&killks dans cliO!Jue partie de la France, dtf
moment .oit la p1'(J111tl/gati.on pourra.;r ltre C/Jllnue. Si Io .fremiel'.
CoDSul, en donQaot.a11xloie, par. ta prœnulgatioa, la force
exéelltiwe, pouvait êlre entendu au même inst,ant de tous
lu F.rançait, aan• dou&e il& ae.raieot .tops, a.,i JDém~ in""
tant, obligét de lea e.aécuter. Comme Jls ne pçuveQt c0n-
nalll'e la promulgation quttaucceaaïvement, il 1'en-11uitqu'il
es~ jutte de ne lea forcel' à cette. exécution qu'au moment
où ils pesvept avoir cette .QOPaaiasaQee.
Or, celle COQD&is~a~ doit être déterminée d'après la
nature des choees et la dittance des lieux, et c:~st enfin ~
qu'on trouve dan11 la troisième ptU'tie de l'article. On pal't
du li~u &ù ••ép le gouveroemeot ( c'eat .l e re11111Grt du tri~
bu,oai d'appel de Paria. et ce. sera prob~~lement t~ujou.-s
daos œ reuort, et particulii>rement à Paris qu'il siégera),
et.~ là, s'arrêtant de tribunaux en tribunaux d'appel, on
ruiaigne un nouveau délfli, toujoura proportionnè à .la dï,-
&anoe.,lci la loi ne fait qu'indiqu... le pripcipe et d~~rmine
la base du ~rif, et il ne fallait pas qu'elle en fit davantage:
mais le réglement développera ce tarif; il entrera dans les
détail,, .ayao.& .égard à toutes les circonstances des temps et
des lieox.
Maintenant que repreche-t-on à ce s1stème il on prétend
qu'il ne donnera.pas au~ ciloyeos une connaissanee ~ufti­
sante des loia. Hais s'agit-il ici de leur donner cette con- ~
uaiasanœ il ~on : ce n'est pu là le but du proj_,t; il ne s'a;it
quç de fher le momeo t où la loi doit être uécutée par en.
Au reste, que veut-on dire, quand on par.le de la néce1111ité
de faire connaitre la loi ? enlel!d-on qu'il faut prendre des
D.B t.A P'OBJ.JCATJOlf l>BS · LOU.

mesures telbls que ehattue indivit:lu ait oene connaiuanoe?


Mais on tait bien que cela est impoMible.
11 suftit que ceux qui ont le plus d'l,ntér.êt à conoaltre lee
lois; et surtout qge la portiou iostruile 4e la nation, celle
qui p11>page socceYivement ct>tte coogawaoce el la répand
aut' la masse à mespfe du besoin qu'elle en a; il suffit que
j)elte portio11 ait le temps et lee moyens coHemablea de
s'assurer de l'existeoee et de la promulgatioa des lois.
Or, est-il un sys~me plus prop•e à lui procurer cetto at-
titude qae eelui qui ·est proposé? D'abord, quel ut le ci-
&oyeo; prenant an peu de part à la chose publique' qui
ignore la proposition , la discussion et l'!ldoption d'un pro-
jet de loi; q11i ne sache ·que le dé~et doit être promulgué
cemme ·loi le diaème jour apr-èa llOD émiuioo , et, partant
de ce point Oxe, ne puisae av8(1 e~titude déterminer le
moment où la loi devient obligatoire pour lui et pour tous
les individua de la République ?
On prétend qu'ici nous voulous fout faire· dépendre d'un,
instant mathématique, et qu'il est· impossible d'a11igoer
un pareil ioatant; mail! ce n'est encore là qu'une vaine S\lb.
tilité' et que' d'ailleurs, on ne peut pas plus alléguer contre
le système proposé, que contre tout autre qu'on pourrait
proposer dans la méine matière. Toutes les quantités de l'es·
pace ou dù temps ne sont-elles pas réduatibles à des ius-
tans et à des points mathématiques? Soit qu'on adopte le
11ystème de la traoscription sur les registres des autorités
judiciaires et administratives, soit qu'on préfère celui d'un
jour un•Conne pour toute la République, n'y aW'a-t-il pas tou-
jours on moment décisif qui séparera le temps où la loi ne
devait paa encore être exécutée de celui où elle doit l'élre il
Au reste, comme il ne·peut arriver que bien rarement quo
· la aolution d'ooe all'aire dépende absolument de la coonaiao
..nce de oe moment précis;. eette ·objection~ applioaltle
d'ailleW'S à 1olls les systbmes, ne mérite réellement auouue
considération.
·DISC1788101'8 • 80TJF8; etc. .
On reproche au système propollé de confondre deux
cho8e8 qu'on prétend être tr~dift'éreotes, la promulgation et
la publication; mais qn'entend-on par publication? Quand on
dit, par M:emple, que les lois ne 110nt pas exécutoires tant :
qu'elles ne sont pas puitiées' ne veut-on pas dire par là que
la publication est une condition essentielle sàns laquelle
elles ne sont, pas exécutoires; qu'ainsi c'est de cette publi-
cation même qu'elles reçoivent .leur mouvement d'exécu-
tion. Or, n'est-ce pas là le aens qu'on attache égalmxH;nt au
mot prom4lgatio11J N'est-ce pas encore celui qu'on doif'at-.
tacher à celui' de proclamation, proclamer, qui se trouve dans
la formule actuelle de la promulgation? Ces trois mots ont
le même sens politique dans cette formule , dans le titi:.e -et
les dispositions del.a loi, ainsi que dans la Constitution. ,
· Si par publication il vous platt d'entendre les moyens de
détail qu'on emploie ou qu'on pourraitemployerpourfaire
arriver plus sdrement, plus rapidement la loi, -soit · aux
agens d'exécution, soit aux simples citoyens, vous en êtes·
bien les maitres; mais ce n'est pas dans ce sens que les
publiciStes ont pris le mot depalltication et qu'il est emp~Jé
dans le projet'; c'est uniquement .dans le ·sens d'un acte
émanant du chef du pouvoir exécutif, et néceH;lire poUT
rendre la loi exécutoire.
· Comparons maintenant le mode proposé a ceux qu'on
vouclrait lui substituer' et voyons s'il n'est pas plus con-
furme aux vrais principes, et d'ailleurs plus praticable et
plus utile.
Voudrait-on que les lois ·n'eussent leur effet qu'après
avoir été transcrites StJr les registres des autorités chargées
de leur exécution ? Mais il faut alors distinguer les lois·dont
l'application n'appartie~t qu'aux tribunaux, de celles dont
l'application n'appartient qu'aux autorités administratives;
et· cette distinction n'est pas toujours très-facile à faire. ·U
en est d'autres qui sont, tout à la fois, et du domaine ad-
ministratif, et du dom~ine judiciaire, et qui, dès-lors,

.~_ _ - ----
... ....... . .;..___ .~
.. . t -
D.E LA PUBLJCA..T ION D.ES LOIS • 3or
.devront être adressées et aux juges ~t .aux ildministrateurs;
et voyez alors dans quelle situation bizarre se trouveront
les citoyens.• Si· vous adressez ces loillauX tribunaux d'ap-
pel, comme chacun d'eux comprend plusieurs préfectu-
res, il arrivera· qu'elles seront déjà exécutoires dans tout le.
ressort du tribunal, et que cependant elles ne Je &erOJlt
pas ·da.os les 4iverses préfectures dont ce ressort est ·com-
posé. Si vous les adressez aux tribunaux de première ins-
tance, comme il s'en trouve plusieurs dans chaque préfec-.
ture, le mêm.e inconvénient aµra lieu dans u.n autre sens.
Dira-t~oo que ces ·1ois auront leur effet sous le r;tpport ju·
diciaire· sans· ravoir ·encore sous .le rapport administratif,
ou récit>roquement P Mais voilà précisément ce qui est
absurde et· eœbarraBSant.
Voyez êncore combien d'autres inconvéniens résultent
1
c1e·ce système : la loi anive, soit à la préfecture, s0it au
tribunal; ne peut-il pas y avoir de la négligence à la trans-
crire P Cette transcription ne peut-elle pas être différ~ par
mauvaise volonté ou par des intérêts particuliers P Il y a
plus, et·quand une loi contrariera l'intérêt de tout le res-
aort d'un tribunal d'appel, quand la voix de tous les jus.t i-
ciables se fera.entend.r e, quand le tribunal se verra envi-
ronné d'une multitude animée -et furieuse, que fer~-t-il,.
surtout s'il trouve lui-même la loi mauvaise P Pensez-vous
qu'il se porte facilement à l'enregistrer P Ne vena-t-oo pas,
avec le temps; des tribunaux s'arroger le droit de remon-
trance el celui de modification P On ne craint pas cet abus
dans le moment présent, je l'avoue; mais s'il a existé sous
la monarchie; il peut éclater plus facilement sous la Répu-
blique , où les idées vraies ou fausses de liberté, de bien.
publie et d'opposition se déploient toujours avec beaucoup
plus de latitude et d'éuergie que dans tout autre gouver-
nement.
Dira-t-on que,-pour obvier à cet. abus, ce n'est pas aux
tribuna:ux d'appel , mais aux· tribunaux de première ina-
taoee, qu'on enWft'a . . lois p .. . . dan• œ. temps m.•-
quea, ces aribuaaux inféfieunt ne •ui•iont41s pas la di~
don du h'ibunal 1t1périeur P ·Ne aeroot--Ue pat plut soumis
acore à l'intlue8ce populaire; et quand ib aereo& d~
oord ~ ne trou•erona.-ilt pat dan1 leur 00111bre méœe une
léGurilé tlOD\'elle P ·
· Mait, iadépea4ammeoa cle ces gtaT• inoonTéo~,. le
territoire lrançaie 'tant dMaé en uoe foule de get.i._ lftbu..
naos, quelle Inégalité de droita o'ea Téaultera-t-U pa. eolre
le& citoyen•,. mame tee phn , • • • p
·.Examinons la -ohOIÔ dé plm prh eneeN. EtJteodezo.voos
que; do momeat oà la loi arrivera à l'autorité, cetto auto..
rité ait le tlroit ile la faite enregimer'; et de la publier se•
lem.eut quan.i elle le jugera convcaable P Non , sans deate ;
je oonçoi1 que voua ne vooleJlpasluiaooorderoeclroit. Voua
exigez tleec qu'a1ueit6t qu'elle arrive, la loi soit tnll&Cfite
et publiée. Mais reprdez-vout cette formâlllé de la tra•·
oription comme tellementm!cenaire, que, tantqu'ellea'tW&
pu remplie, la loi n'e9t pofnt exécutoire i' Maie o'e1t hien
vous alOfl qui tombez dans fhérésie la plus oompl~te et· la
plus absurde. La loi arri\'e à la pftfecture : le préfet dit.au
eecrétaÎl'e, le tecrélaire à un chef de bureau, celui-ci à on
oommi•' de t~nscrire la loi sur le restatre; et tant que le
commis n'n pas fai( la ·lPanteription, dam ~e ooio de so•
buteau, la ·loi u'e!lt point a:éoutoire. Voilà sans doute uae
théorie bien pure; bien conforme à la majesté dè la loi !
Ce n'eet pas tout : toit que la loi soi'- traasorite Bar le re-
gistre adminietratir ou sur le registrre judieiaire, lee ci-
toyen•, ceux même qui delÎleureat sur les lieux, n'en ta•
. vent pat le mot. Il faut done,· s'ilt vealent- oonnallfe le.
moment oh ont oommeacl Jean droits ou leoN obliga-
tions, qu'ils aWent em:•mêmee 9'J qo'Ue ea•olent ffri~
le moment où a'eet faite la transcription. Et quelle iaqai6-
tu4e, quel embarras (>eÙI' eax , s'ih eoat au:a: extrémités de
l'anondiuement et surtàut dll' reuort •u trjbanal d'appel l
DB 'LA P1fBLICA TJOl'f DJ!& · fiOIS. 3oi
Voilà donc la t&~rie tout à la fois fa plus fausse et la phù
gênante peur les citoyeoi.
Or, rien de semblable se rencontre-t-U dans Je llJBtème
proposé P Non : dans ee système, ce o'bt pa11 l'harmne,
"'est la loi seale qui l'ègle·le momerrt de l'exécution; et au
moyen du tarif de l'itinéraire dreaé par le gouvernement
sur la base de la toi, il n'est pas un citoyen, dans quelque
lien qu'il· se tre>Ove, qui, sachant le j<nn où la loi a: été
rendue par· le Corps ·Iéghtlatif, et par oou9équent celui où
eHe a été promulguée, prenant soa ifioéttrire à la matn,
ne voie d'un ooup-d'œil le moment oit cette lof ·est ·defe-
nue e~oatoire polH"'lui, et même pom tous ~ citoyens de
la :lépoblique.
Mahr eoilsidérons encore votre système 11ous un autre
poiftt de VOe~ in proposantJa transcription , 'fOUI ne faites
(car tous en êtes réduits là) de l'autoria§ qui doit la faire
qu'un in!Jtl'ument purement .passif, qu'une machine a88u-
·jéne elle-méme au ·calool des distances et du temps: or, ne
'feJeZ-YOua pas que, sans vous en douter, 'fOll8 rentrerez
dans ie &y9tème propOlé, mais que vous n'y rentrerez qu'a-
prèa un long détour? et ne nut-il pas mieux s'en tenir di·
tectement à ce 11ystème, · qui est beaucoup plu11 simple,
que de voulotr arriver au ·même but en employant uue
foule d'agens intermédiaires, qui de•iennent inutiles s'ils
font exaôtellÎènt ce qu'ils doivent faire , mals dont la né-
gligence et les pa111ions compromettront tr~11-sonvent la .
dignité et rexkution de la loi P
~ Enfin, quand Cjn a bien pesé les avantages eÙes Incon:
véniens des deux systèmes, on voit qu'ici tout se réduit à
choisir èntre l'arbitraire de la loi dt l'arbitraire de l'homDie:
or, peut-on balancier P L'arbitraire de la loi est inva'riable ;
Il est égal pour tons : celui de rhomme est cbangeant ·et
capric:lieux, toujours soumis à l'influenre des personnes et
des circonstanceB. Il ·n•y a donc pas de doote que le ·s'f8-
tème proposé ·ne vaille inflniment mieux que celui de la
DJ~CUl&IONS' MOTIFS' etc. '
trau1Criptioo sur le reg~tre. des autorité& chargées clel'exé.-
cution des lois. 1 . • '
. .
.
Comparons-le maintenant à celui de l'~nifonnité de jour
pour tou.te la llépµblique. On.d it: 11 La loi étant promulguée
par le Premier Consul le dixième jour après son émission ,
ne pourrait-on pas fixer un nouveau délai,. par exe111ple,
de trente jours, passé lequel la loi devrait être exécutée dans
toute .l'étendue de la R~publiqueP » J'avouerai que, pour
ma part, s'il fallait choisir.entre ce système et cel•Î de la
transcriptlon sur le registre des. au~orités judiciaires et ad-
ministratives, je donnerais la préférence au premier, parce
qu'.il est i~dépendaat de.la négligence' de8";aprices et des
passions des hommes; mais je ne crois pas qu;il doive
l'emporter sur celui qui est proposé.par le projet. S~il a,
comme celui-:ci, l'avantage de n'offrir que l'arbitraire de
la loi, s'il pnraSt peut-être plusséduisant, au premier conp
d'œil, par une apparence de grandeur et d'égalité,. il.ren-
ferme des inconvéniens très- graves qu'on ne trou'fe pas
dans l'auire. D'abord l'idée d'uniformité et d'égalité. qu'il
présente, bonne ~ans un petit é~t, n'est point applicable
à un grand empire composé de parties très-éloignées dq
centre; Si, dans un tel empire, 1-es parti~ extrêmes ne ·
jouissent. pas si tôt du bienfait d'une ·loi que 1('8 parties
centrales, cette. inégalité est .une suite inévitable de leur
position; c'est un. résultat de la nécessité des choses. D'ail-
leurs, si c'est un _désavantage pour elles quand la loi est fa-
vorable, c'est un avantage quand elle impose de nouvelle1
charges ; ainsi tout se compense encore à cet égard , et l'i-
négalité n'est vraiment qu'apparente. •
Mais dans un état tel que la France, si vous assignez un
jour uniforme pour l'exécution des lois, .i l est évident q~e
ce jour, calcµlé sur la plu11 longue distan.c e (par exemple,
celle de la Corse ) , et sur le11 obstacles de tout genre qui
peuvent retarder fa connaissa~ce de la loi, devra être trè&:-
reculé. Or, que .d'incoovénie.Ds peuve~t résulter d'un si

'
l>J! L.\ PUBLICATION J>BS LOIS. 3o5
long délai!·. Ils se présentent en foule s'il s'agit d'une .loi
urgente, soit de police, soit de. sûreté, soit de subsistances
ou d'impi>sitions. On répond que de telles lois seront bien
, rares. J!aime à me le persuader; cependant, quand .les lois
principales seront faites, quand on aura pourvu par une
Jégislatien 6xe au besoin de la société, que restera-t-il P des
besoins de circonstances. Il n•y aura donc plus réeJlement
que des lois de circonstances à proposer, des lois sollicitées
par l'évidence et par le& cria du besoin. ·or, c'est surtout
pour ciette espèce de Jois qu'il importe d'a.oir un bon mode
de publication. et surtout un mode expéditif.qui faase exé-
cuter succeasivement la loi dans le plus court délai ; et il
est évident que le mode proposé est celui de toua qui rem-
plit le mien cet objet; il est d'aill~un le plus conforme au
but et à la dignité de la loi, qui doit oommai;ider l'obéis-
sance au&Silc\t.qu'elle existe. Ainsi, sous ce double rapport,
ce mode l'emporte de beaucoup sur celui de l'uniformité
de joW', qui, d'ailleurs,- n'a s.ur lui aucun avantage. Il , est
donc, à tout considérer, celui des trois qui présente le
moins d'incoovéoiens et le plus cl'utilité. Il doit donc avoir
· la préférence.
Je pa118e aux autres objeoLions qui ont été fait~s contre
le projer. Mf'is dois-je l~s reJever toutes ? Non , sans doute ;
il en est de si mi~utieuaea, que ce serait abuser' beaucoup .
trep des mo.mens et de l'attention du Corps législatif que
de les réfuter. On a dit que les articJe1 de ce projet n'avaient
eatre .eux aueune liaison essentielle. C~pendant en est-il
un seul qui ne se rapporte au titre et à l'objet du projet,
è•est-à-dire à la publication, at.IZ effets et à r applicalion des
"iois en généraU Non , vous ne pourriez pas en indiquer un
seul•.Il est vrai qu'ils n'ont ·pas entre eux la même.liaison
que celle qui doit exister .e ntre les articles d'une. loi faite
sur une matière particulière; mais n'est-ce pas ici un pro- :
jet préliminaire et ne contenant que det diapositioos géné*
rales? Or, o'ut-il paa de la Pl\,lure dcrteUea ·dispositions de
•••

'
~06 •UCUfHO•t, MOTJM, ote.
n'être ni trèt-précitet, ni tNs-IUes eotte elJesP Aa reate,
lei membret cle l'opposition n'ont pat même été d'a~
là-dellloa. Lee une auraient voulu qu'il y-e~t un pllll grand
aombre de ces diapo1ilion1, et les autres ont tllOuwé .qu'il
y en àvait trop. Le projet n'a admis que celles qui ont paru
néce1aaire1, et le défaut de ~xité de ces diapotitioos
était une cbuae ioéyilable, une chose d'ailleurs fort iodif·
féreote.
· Haie on a fait . contre eea diapoaitioos des objeotiooa
d'une oatnre bien différente, et qu'il est important de N•
lever ici' ne fût.ce qu'à cauae de leur singularité. et pctur
montrer aux yeux de la Fraace entière quel genre d'attaque
on dirige oontre les projeh du Code ciyil, On a coa1idéré
la plupart des &lûpositioot du premier projet. cemme .des
lois oT'fanû/ues et réglementflÛ'tls de la cOostitutioo , et on a
prétendu que comme telle• elles panaient les bornes ~u
pouvoir Jégislatil'. Voilà naiment une grande et précieuse
déoouverte, et dont oo doit .savoir ben gré à son au~r.
Il aurait bien dd aoui iodique• ea. même temi» et nou1
rendre palpable la ligne de démaroati8o qui Bépare selon ·
lui la nature des loi• purement légûilatives de celle des.
lois qu'il appelle organiques ou rég&ementaiN1 .de la Coa-
1litutâon; car il eat fort à craiadr8 qu'on ne les confonde
souvent, et qu'ou ne tombe aia&i dans une forfai&ure poli-
tique, ce qui aerait extn\memeat malheureux pour le goa·
veroemeut, le Tribunat et le Corpe légialatif. Il y a plu., et
voyez dans quel embarras aout noua trouvons, il y a dea
homlDClll' flUi croient térieuaem~t que ~tea les loit ne
sont que dea loia organiques de la Coa1litution, qae la
Constitolioo n'a poaé et n'a clft poser·que les prindipea gé-
néram., et CJlle c'eat aux Wgielateun à ea tl"t toates . Jes
con•quenoes; qu'en organisant le pouYOir législatif-et en.
le confiant à troie autoritél clift'érent.. , la Constitution
leur a donné le droit de pounoir à totu let beeoim publics;
quand cee beeoios eaigeraieot du lois qouvelleai que ce ·

D.B ~ .PVBLICATl01' DBS LOfS-. 507
nu de la Coalltitution eat d'aa1ant plus éYident·que, sans
çela, Ja marche du gouveroemeat, le ·m ouvement et l'ac-
tivité 4lu corps social seraient à chaque instant suspendus,
et qu'aiosi, à chaque iastaat, il C;iudrait·NBsembler·la na-
&.ion et former un nouveau pouvoir constituant,· ce qui
tierait asaùréœenl le .coinble de tous les ma1a. Oh non f ce
. n'eal pat·cela, •'écrie noue publiciate, je ne demande pu
qu'on· fOl'me un nouveau pouvoir constituant; oe pouvoir ,
~il.te par la .Constitution ' c'est le Sénat cooaenateur.
BQD, voilà bit:n·une autre.découv.erte ! Quei ! c'est le Sé-
nat .consenatenr qw aurait le droit de faire les lois orga-
yiqqes. et l'iglementaires de la Comlitution·, c'est..à-dire
à p~u près toatea lea loiail Eo vérité, c'est ulle chose dont
jusqu'à présent penonoe ue..a'était douté, pas même as-
aurémeut le Séoat .comervateur, composé d'hommes si
éclail'és, et où -se trouvent fa plupart ·de ceux à qui . la
Fraoce doii le bienfait de la Co1111titution. Tout le moncle
..
croyait que le Séna1 eonMnateur n'avait d'autre attribo-
tiN , IOUI le .rappcart des Jois .et Oe8 actes publics , que de
8lllinteoir ou d'annuler ces actes quand ils lui étaient dé-
férés cumme ÎDOOD&litu&ionoeJs ' soit par le Tribunat, soit
par te Gouveroemeot; qu'aiosi il n'uait dans son institu-
tioa aueuu prineipe d'aetiYité, aucuo pou•oir de création;
et ·"eilà qoe tout-à-coup ea l'érige eo pouvoir extraordi-
Daire et permaoeat, peur créel' les lois organiques et ré-
glem.eatairet de la ÇoD8titutioo. · .
. · llais ce .a '-.t pas tout -eQ.COre ; le même publiciste, trou-
vant que fercer les tribunaux tle juger dans les cas ~ême
.. da sileaoe, de robeeurité et de l'iD81dliaaoce des-lois, c'est
,lear attribuer un pe>U\IOÏt exorbitant ~ue le :Jégûllateur Joi-
même oe peut, selon lui, lem donner, prétend qae ce
pnvoir ne peut apparteDir qu'à uo jury d'équité. Et oà
yeu&.il placer ce juryi» dans le Sénat eoala'vateur. Env~
rilé , c'est à'foir eur le Sénat coasenateur t1e llieo Yaatea
deneioa. -On sût que jamaie, ou pre&que jama.ie, daDS aqr
20.
008 Dtscuss101'9, •orrrs, etc. ·
cllft procès, on ne peut citer un texte bien clair et bied
pl'écis de Io', en sorte que ce n'est jamais que par le bon
sens et l'équité que l'on peut se décider, d'oh il s'ensui-
yrait qu'en étabU..ant un jury·d'éqùité; ce jury de'rien-
. drait à peu près le juge uuiversel; qu'-ainsi, dans la théorie
qu'on ·vous propose, le Sénat conservateur·serait non 1eu-
lement le créateur de pre&que toutes les lois , mais encore
le juge de presque toutes leà causes. On avait, ·dit-il, pro-
posé cette idée ler&qu'on travaillait à la Constitution, et il
est malheureux qu'elle n'ait.pa1 été adoptée. J'ai bien., en
effet, un souvenir cenfus que cette idée fut miie en avant;
mais je suis très-lllr qu'ell~ n'obtint pas nième les hon-
neurJ de la discu11ion : c'est cependant avec de tels para-
doxes qu'on prétend entraver l'adoption du Code civil. ·
2 Faut-il relever encore l'étrange ab~ que l'on a .fait de
l'arliQle qui porte que /a l.oi ne dispo1e que pour ftUJenir ·et
qu'elle n'a pas d'effet rétrOactif1 Est-il un principe plus vrai,
pins constant, plus universel que celui-là P et fut.il jamais
plus néoe888ire de le consacrer que dans un Code qui
n'embra11e que des matièYes sur lesquelles il y a des lois
antérieures? Ce ·principe , dit-on , ne regarde que la légis·
lation ; et moi je vous soutiens qu'il regarde plui encore
les juges, et, en général, tous les applicateurs des lois, que
le législateur. N'est-il pu, en effet, invoqué chaque jour
dans ies tribunaux, et en est-il un dont on soit dans le cas ·
·de faire un plus fréquent usage P·Mais; s'es~n écrié, a~c
oe principe vous al~ez favoriser la plus épouvantable .réac-
tion ; voua .allez faire revivre tout ce que la révolution a
détruit, les droits d'ainesse, les droits mililairCll, les droits
seigneuriaux , ti>ute la .féodalité. De bon~e foi, ~ui jamais
aurait pu soupçonner qu'on p'O.t donner à. cet article une
telle interprétation P Il exiate dans cette enceinte un gr~d
·nombre de membres cle la Coav~ntion nalionale. Di..,._
nous , législateurs, vous qui avez fait la Gomtitution .de
l'an HI, ditea•noua si, lonque vous iasér4tes dans cette
DB LA. PtJBLICA.TION DBS LOIS. 309
Constitution cet arth:le : A~une loi, ni criminelle, ni civile,
ne peut a110ir d'effet rétroactif, vous vous proposiez pàr là de
bouleverser toute la révolu4ion ; si même il vous est jamais
tombé dans l'esprit qu'on p\\t donner~ cet article un sens.
cootre-révolutiounaire.
n y a des juges' ajoute-t-on' it y a des admiuistrate.\H's
qui se croiront autorisés par l'article à examiner si telle
loi ne renferme pas·des dispositions rétroactives; et qui,
prétendant y en irouver cle semblables, se croiront dispen~
sés de les exécuter. Mais est-ce là le sens de l'article, quand
· on le considère par rapport aux juges? A·t-on jatnais pu
entendre leur donner le droit d'examiner. si la loi qu'on
leur'. envoie renferme ou non des dispositions rétroactives!
C'est là roffice du législateur : celui des juges est d'exécu-
ter les IOis 'telles qu'elles sont; se.ulement, dans les con-
testations qu'ils sont chargés de juger, ils doivent consi-
dérer le temps· où cefl contestations ont pris naissance, et
les lois sous l'empire desqu~lles les eauses·de ces contesta-
tions se sont formées : et si depuis, il est intervenu des lois
nouvelles, différentes des premières ; ce o "est pas par
· cellea-ci; mais par celf~liY qn'ila doivent se décider. Voil à
la·règle sage et nééessaire que leur trace l'article, et c'est
uniq'liem~t dans ce sens qu'il doit être pris et qu'il a tou-
jours ~entendu dans les tribunanx.
C'est ainsi qu'on- a.supposé constamment, dans chaque
article, ce qui n'y était pas, et qu'on n'a pas voulu y voir·
oe qui y était; ,que' par exemple' dans celui qui porte que 3
la loi oblige ceu:c ·qui babitent le territoire, on a pl'étendu y
voir ces mots, qui n'y sont pas: La loi n?oblige pas ceu.x qui
n'habitent pas le territoire, que. dans l'al'ticle qui dit que la
foFme des actes est réglée par les lois du. pays où ·ils sont
faits, au ,lieu de ·s'en tenir à l'idée que présente le mot
fo1me, ·on y a substitué celle que présente le mot condition,
confondant ainsi des choses trèa...diff6reotes; que' dans 4
l'article qui porte que, dans le 1ileoce, l'obscurité et l'in-

•- - .
310 DIIC'l18SI05S ' •OTJPI ' ele.
su&isanee clea lofs ,"les juges sont obligés de jnger ~ · on a
préteniu voir une aulorisalion donnée aux jugeR cte jager
' contre te. lois; et qu'enfin' dans l'applicafü>n de· l'arÏicle
qui défend de déroger par des conventions paniculières
aux lois qui intéressent l'ordre publie et les·bonnes mœnrs;
on a confondu les lois qui sont plus particulièrement rela-
tive. à l'atilité privée des citoyens, et aux av-antages des-
quelles il leur est libre de renoocer, avec celles qui se rap•
portent à l'utilité générale et au bien-être de la masse
enlière du peuple.
C'est eette confusion de toutêti les idées qui a donné lieu
à une si grande foule d'objections de la part.des membre•
du Tribunat; mais. la fausseté de ces objections est bien
démontrée, et nous avons lieu d'espérer, législateurs, qae
vou1 adopterez le projet.

DISCOURS PB:O:NOJJCÉ PA'& LI:.. 1'11.IBUlf FAV'ART,


LW·DU OBATalJllll D11'-....01'.1Jr~I'.

(Séaace da •4 &iGJaire ID x.-15 Mcembre 18o1,)

'Légülateurs; les orate.irs qui m'ont précédé ont déjl


épuisé la diseu88ien IUT le p~ojet de loi ioumil à votre
ex~men • .Je me bornerai à ramener la principale question
à son véritable point; et, tirant de quelques·principes i•·
oontestable1 les· conÎéquences naturelles qui en découlent;
je· vous démontrerai en peu de .inotti que la promnlsation,
telle qu'elle est préeentée, ne peut pas suffire pour taire
. cenoattr&la loi; et que dès-lor~elle oe peut pas teoirUeu
de la poblicatioo, qui s·e ule peut la rendre notoire.
C'etlt à cette' idée simple qu'il faut •'attacher. Je vais
l'examiner a~ec· francliise.
~ premierrartiele du projet dit d'abori CJU8 les lois sont
exécutoires dani tout }e territoire·ft"ançais CD \lerlu de la
promulgation qui en est faite par le Premier Con.W•
Je m'a,rète ici.
DB LA PHLIC.A.Tl01" DU J.OU. 311
Parmi nous. etd'apr&i notre Coostitutieo, an -projet de
loi est pré~oté par le Conseil d'Etat , dûctJté au Tribunat,
décrété par vous, et promulgué par le Premier_Con1ul.
·. Alon le projet eet changé en loi : alon la loi a toua les
earactères qui doi.eot cioostitaer ea force intrinsèque.; elle
e1t ezécltloi~. Je me 118n de oe terme qui est dan1 le plOjèt
de loi, quoiqtril ne reodé pas padaitemeot l'id•e .qui y
semble attachée.
Hais quand doit-elle être exécutée P la deuxième ·partie
du premier article répond en ces terme1 :
• Elle serà exécutée dans chaque partie de la B.éi)ublique,
iu moment où la promulgation JNJUffll y être connue. •
C'est rendre, en terme. fopoela, hommage au principe le
plas sacré de toute bonne légialation : il faut qu'une .l oi
soit connue avant qu'on en puiuo eziger l'edcutioo. Mais
fallai&-il 80 cooteoaer de dire que la loi sera eUçutée dans
chaque partie de la.llépubliqÙe du moment où la promul-
gation pourra y être ooaoueP ne f~llait-il paa dire positi-
vement, du moment où Ja promulgation y sera connue P
Ce n'est pas une connai111aoce.hypothétique et matbé-
matiquemerat po11ible de la loi que l'on a droit de deman-
der; c'est une coqoaiuaooe réelle et certaine.
Il ne faut pu qu'on puis&e réelamer ~'es.écu&ion d'une
loi, parce qu'U a étë p088ible que ea promulgation ait été
connue dans telle ou telle partie do la République; il faut
qu'on puiue ·dire que c'elt parce qu'elle y a été réellement
eoonue.
Ensuite; qu'est-ce que connaitre la promulgatioa d'une
loi? c'e1t,1uoir qu'une loi -a été présentée en projet par le
Cooaeil d'Êtat, discutée au Tribunat, délibérée au Corps
législatif, adoptée par lui, et revêtue do sceau d,i pouvoir
exécutif: car la promulgation du Premier Coraul ne peut
pas être antre chote, d'après l'article 3' de la Coo11titution.
C'est dans ce 8081 que cet article a été exécuté jusqu'à oe
jour, aio1i qu'il résulte de la formule adoptée pour la pro-
DISC11SSIO!l8, MOTI•S , etc.
llUllglltion cles lois,. par un artelé odes Consuls du 29 nivose
an VIII, et que l'on trouve en tête de chaque loi dans les
terme11 suivans .:
•Au nom du peuple français, Bonaparte, Premier Con-
• sui, p1:fJClame loi de la République le décret .suivant, etc. ,.
Enftn, je demande quel sera le moment où la promulga-
tion de la loi pourra être connue dans cbaqlie ·partie de ta
République ? La troisième partie de l'article ·répond :
' • La promuJga&ion faite par .le Premièr Consul. sera ré-
• puté( connue dans tout le reasort du tribunal .d'appel de
• Paria, ·trente-six heures après sa date, et dans tout le
c ressort de chacun 'des ,autres tribunaux d'appel, après
c l'expiration du même délai, augmenté d'autant de fois
•deux heures .qu'il y aura de myriamètres entre Paria et
• la ville où chacun de ces tribuoaux a: son aiége. •
Voua voyez encore ici que, ce n'est toujoun .que la pro-.
mulgiltJon de 1a loi qu'on veut fairè connaltre, et non J.a loi.
Voua voyez qu'on ne parle enoore que d'un.e COD1Jai~11ance
hypothétique, d'une ooooaiuance po88ible math~atique •
. ment.La promulgation, est-il dit dansoette partie du premier·
artlcle, sera "putée conmte :elle sera réputée connue dans un
moment fixé, déterminé irrévocablement par une loi fonda-
mentale. Mais, si des causes majeures, insurmontables, bn.:.
prévues, s'opposentà ce que cette connaissan.ce soit acquiae,
il suffira donc de dire qu'elle est réputée acquise, et un ci-
toyen pourra être côndanmé au nom de la loi qu'il n'aura
pas connue, dont il n'aura même pas su l'existence par une
promulgation qui ait pu physiquementpanenir jusqu'à IUi?
et les tribunaux seront obligés d'àppliquer une loi dont ils
n'auront pas reçu la conuaisaance officielle? Cela ne se peut
eoncevoir : cèla eat trop étranger à nos. mœurs, .et trop
étran~r aux principes de .la liberté politique:et civile.
Si l'on me dit que. la force majeure, qui dérang«:rait Jes.
calculs da !égislateur,-excuaerait le citoyen, e~ que, .daos ce
cas, on ne réclamerait pas contre lui 1'.exé'cutic,>o:ll'upe loi
DB lu\ PVBLICA.T.Ol'f DBS LOIS. ·313
clont il n'aurait·pu visiblement connaitre la promulgation;
.je réponds que. cela 11eul prouve le vice de. c~tte,Ioi, parce
qu~alors _il n'y a que de l'arbitr.a ire. dans.la.loi qni ordonne
la. promulgation. Elle est: arbitraire, parce .qu'elle ne veut
donner .aux. citoyens qu'une coonaiseance hypothétique,
présumée, et non certaine, de la promulgation.de la loi;
elle est arbitrake, parce qu'elle ne veut faire con:oattre que
la promulgation des lois, et non leurs disposilions litté-
rales, et dans toute leur pureté; .elle est arbitraire en&n,
parce qu'elle ne marchera pas d'un pas ferme, et qu'elle
rétrogradera, si des circonstaaces la . forcent à reculer:
Est-ce sous ces traits que la loi• doit se prisenter? .non : elle
doit ordonner, et quand eJle a pulé, rien ne doit la faire
fiéchir: c'est son infle~ible . rigueur qulfait sa fore~ : c'est
sa force inébranlable qui fait sa protection. Si elle peut va-
rier, elle n'est plus Io~ : elle n'est pJus la volonté constante
de tous; elle est sembl...le à la volonté de l'homme indivi-
duel, qui se décide par lés circonstances. '
, On voull-a dit : la promulgation est un acte constitution-
oel qui appartient aa Premier Consul. La Constitution
n'ayant exigé que cette promulgation, elle n'astreint pas à
d'autre publication qui devient i~utile. ..
On s'est étrangement abusé, ou on a mal eaisi l'article 57
de notre Cpnstitution.
Cet article porte " que tou~ décret du Corps législatif,
le dixième jour après son émission , est promu~gué par le
Premier Consul, à moins que'dans le délai il n'y ait eu re-
cours au Sénat poµr cause d'inconstitutionnalité. •
Quel est l'obj6' de cette promulgation P C.' est de certi-
fier qu'il n'y a pas eu de dén'Oneiation au Sénat _pour cause
d'inconstitutionnali&é, et· que le délai constitutionnel étant
espiré sans qu'il y ait eu de réclama~ion ' la loi est .devenue
' l.nattaquable, _qu'àinsi elle a reçu tous le. carac~res qui
la ·constituent loi de la République •
.Eh bien! veut-on s•ar~ter à cette idée ? Plus de ditli-
cuité : la première partie de ratticle. ptemier du pto.fet de
loi se trouve conforme à l'article 37 de la Constitution.
llait, si l'on vent qae eette ptomulgation du Pl'emier·
Consul soit le senl moye~ pour faire connaitre la loi (et
c'est le sens littéral des deuxième et troisième parliel de
l'article premier du projet), al~rs la diOicuUé rebalt ptas·
effrayante; ou, pour parler d'aprèa ma con'tiodon intime;
elle s'aplanit devant les principes de la liberté, de.ant les-
maximes du droit public.
·La loi n'est obligatoire qo'alon qu'elle est connue; elle
n'esteonnue, ou censée l'être, que lorsque tous les moyens
11amsan1 'Ont été employés pour la rendre notoire à tous
. ceux qui doivent lai obéir.
Ainsi , ne 10rton1 pas de là : la loi promulgu~ pat 1&·
Premier Consul n'est pas connue, ne peut pas être censée
connue ; ·C4r la promulgation n'est: pu la pubUcatloo de
la lof. •
Promulguer la lof est un devoir que la constitution impose
au premier magistrat de ·ra République; mais si eHe n'a
parlé que de la promulgation, s'enauit·il que la publlcâtion
de la loi ne doive pas· avoir lieu il En d'autre& teri:ries, s'en·
suit-il que la loi ne doive pas être connue P
De deux chd8es l'une , ou promulgation et pnblièatioo -
sont synonymes, ou ce sont deux termes dffl'érens, et pré.;
aeotant deux ·idées distinctes.
S'B n'y a pas de différence entre promulgation et publi-
cation, faites donc que la promulgation publie la loi et la
fasse connaître au peuple: laites donc que Jonque vo..-
l;lUrez proclamé que la loi est revêtue d• tous les caractètes ·
qui la constituent loi, la loi retentisse aux oreilles de tous
les Français, dans tous les tribunaux qui doivent la faire·
exécuter.
Si la publicaÙbn est ·différente de la pl'OmulgatiOn ,
le Premier Consul doit promulguer la loi, et en rester
là ; car la Conetitution ·ne . bii dit pu de .faire ce eiue je.
DB. l..A. PaLICA.'f.101' D.BI LOIS. 315
vaia daàs la de.r:aimŒ et la. troi1i~m~ parrle du pPOiet.
Prétendra-t-oo que le mode de la promulgation lui •P"'
prmieolP maie non : ce mode ne peut lui appartenir.. C'est
UDe vérilé à laquelle il a rendu hommage, en .vous présen-
1aol à discuter et à décréter le pr0jet de loi qu~ voua occupe.
· Eh bien ! ce mode a paru ioslrllisant au Tribu_.at, Il doit
yoa1 le pa~re aassi; wut l'art des orateurs du gouvet"oe...:
m~l n 1au~ pu eo~vrir d'un voile épais la ~érilé des princi-
pes. et tel a'a pas été leur projet.
Qu.elle est la vérité qui doit luire à vos yeux et vott• dé--
eider P C'est que la loi qui n'a pas pour but l'iotél"êt do
peuple doit être rejetée. Or, jamais loi ne fut plus contraire
am ~ls do peuple que eeUe qui' vous est offerte; elfe·
est contraire à ses intérêts les plus chers et les phu sacrés;
li doit coonaltre ta loi avant de kii obéir. La publi~atioo
eet le 1eul moyen· qtri. pulHe la lui falr.e eoanaltre : on la:
lu:i Jefqee.. La promulgation qui bl Iélfhe Ignorer 11 'est
qu'une vlllioe formalité, et c'est le seul moyen dont on veut·
ee Mll!'fir poor rendre la loi exécutoire.
'VOJeg maintenant,- légielateurs , combien , en coofon-·
dant les idées, on s'écarte des routes qui conduisent au
but qu'on se propose. C'est parce qu'on a confondu la p1'o-
mulgatiGn d'ooe loi .avec sa publication , qn'on est tombé
dan• )•erreur que je combats, et qui, sans doute, t1era
sentie par ·le Conaeil d'Etat, dont lei vues ont été putes
autant que celles du Tribunat. Oui , c'est la confusion de
oies deu idées qui Il dicté le prémier article du projet. Il
furt dODc remonter aux prfocipes.
La promulgation n'est autre chose que le cachet du gou-
"8l'D'ême11t, qui atteare que la loi qui ést présentée am: ei-
t01ens a re~ tous les c*t'a~res qui la constituent loi,
et n'a point été dénoncée aa Sénat consenateu1' pour eause.·
d'inconstitnlionoalité. Elle n'apprend au ·peuple , je le.l'é-
~le, . que l'historique de la fonoation de la loi; elle·
n'iottrult poiat le peuple des cli~positionsde cette méme loi.
516 DIBCUNJ01'8, MOTIFS, etc.
Qu'est-oe donc qui peùt l'eli i.nstruireP C'est sa publi·
cation.
Je n'irai point cherch~ chez les peuples llociêns quels
étaient les dift'érens moyens par letquels on leur faisait con-
naitre Jea loil. Je sais que les précautions qu'ils ·prenaient
ne peuvent convenir à un état auNi·étendu, auui populeux
1

que le nôtre, à un état dont ies l'elalfoni de citoyen à citoyen


sont plus nombreuses, plus dUliciles, plus variées; ·
Dan11 un petit état,. ches un peuple na!'sant, on peut
atteindre à la perfection dei moyèns propres à faite con- 1
naitre à chaque individu le textè d'une loi. · 1

Parmi nou~, Io législ~teur a atteint le but·qnand il a pria


ceux qui sont en son pouvoir, et qufenbalneot le moins
d'inconvéniens possibles.
Défendons-nous de la manie d'ia.iter ce qui ne peut
D0\1S convenir, et de celle de tonjours chercher da nou-
veau. Ch6"Chons ~ bJen de bonne foi, et prenons-le par-
tout où il se trouve.
Dana les décombres de cet édifice que la révolution a
fait écrouler, il est pottible da déterrv des matériaux di-
gnes de figurer dans celui que nous.élevons.
Sous l'ancien régime, on ne se catentait pas de faire
connaitre la promulgation d'une ~oi, o'est la loi elle-même
qu'on faisait connaître; elle était envoyée.aux.parlem&Ds, ·
•1ui la transmeuaient aus: autres tribu11anx:, par -le min;,..
tère des procureurs,;généraus:.
Par oe moyèn simple, et conforme am: principes,. la loi
recevait toute la publicité qu'on peut lui·donoer·dans ·un
état v4aste et renfermant une énorme population.
Il y avait sans doute des iaconvéniens daas ce mode: les
remontrances entraînaient des abus dont les parlemees
étaient souvent punis, sans se corriger.
Mais notre Constitution ne permet plus am tribu.IUIUX
de s'interposer entre le peuple et les légillateurs cp'il s'est
choisis.,Dès-lors le11 abus des remontrances ne sont plus à
DB· LA. PtfBLlCA.TJON DBS . LOIS.

œaindre~ Le vice de .l'ancienne publication des lois 'a dis- .


paru• .Pourqu!)i donc ne .nous saisirions-nous pas de ce
mode, qui avait été adopté par l'assemblée constituante,
et qdi avec .des modi&ations· serait très-be>n ?-C'eat peut-
être le.seul.qqi nous convienne.: c'est èelui du moine qui
pare. à tous les incon~nfens; autres. que ceux qu~ .sont-in-
séparables dea inatitutions humaines •
.Un, dea orateurs du gouvernement ra cependa~t com-
battu. a Soue la monarchie, a-t·il dit, on n'envoyait la loi
aux 'tribunaux que parce qu'il y 'avait différentes p;inci-
pautés' dont .les statuts particuliera exigeaient.que les lois
n'y fussent obligatoires qu'après leur publication; mais au-
jourd'hui que la République est une, il faut aussi' que la pu-
blication de la loi soit une , et qu'elle ~evienne obligatoire
par la.seule promulgation. •
Je_. répoo<à que, si par quelques traités on a stipulé SOUS
la monarchie ,.que la loi ne serait obligatoire qu'après avoir
été•publiée~ il ne faut pas en conclure que la publication
n'avait lieu en .France qu'en vertu de ces traités.
On.pourrait en tirer cette conséquence, si la publication
n'a.vait _eu lieu que pour les. pays ~anis· ou conquis, et
dont-.le sort a été .réglé par le traité de paix ou d~ réunion,.
et ai elle.n'avait commencé qu'après la ratification de-ces
mêm~ traités.
Mais Ja. poblication re.monte à des époques antérieures à
ces .traités.· Ainei ;, on publiait les lois en France avant la
réunion d~ Béarn, avant la conq~êle de l'Alsace et de la
Franche,Comté. Ainsi, .on publiait les lois non seulement
dam1 les pays conquis et réunis, mais dana toute la France ;
et c'est parce qu'on. les publiait pa~out q.ue les pays con-
quis et réunis, voulant en tout être traités. a!lssi favorable-
ment que. le reste des Français, demandaient .e t inséraient
dans. les traités que la, loi. serait publiée chez eux comm~.
dans le reste de la France. ·
· Au surplus, légialateurs, ce n'est pas parc~ que la publi-
J>JICVllJOIS.•or&n. •le.
calloo a fll lle11110W la moaarchie, ct11'il faut la dééréter,
de même qu'il . ue faudrait pat la. rejetèr :quaDd elle n'y
iurait paa é&6 oonnue.
Il faut l'a4opter. parce qu'elle fait oon..altre la.loi; car
e'eat une maxime sacrée dans tousles états libl'811 et mo-
db'étl, qoe la loi ne peut être obligatoire •i elle n•eat pas
connue.
La pro•uJgatioa da Premier Cou11Ul ne falt pa• cennat-
Lre la loi; la publica1ion en donne wae eonoaiaaaoe aU11i
parfaite qu'on puil88 '. raiaoenablement le désnr.
li'envoi de chaque loi dans les tribunaux d'appel par le
gouvern.,meat, ·c omplète la promulgation.
La lecture qui en est faite dam lea trU>uuaux i~pel .en
est la publication. . .
Il est donc indispensable d'ordoDoer l'emoi dès IOil à
tous les tri&unaox d'appel 4ans un délai fixe, nec ol'llre
à ces tribunaux d'en faire sur-Io-champ la pDblicatioo ,
sou peine cle forfaitwe.
Je ne chercherai pu à ~ou• prouver l'io..u&aiu;e du
délai pour remp!ÏI' même' le but du projet. VO.s avez sttns
doute remarqué qu'à l'absene>e :abaolue de tftt moyen lé-
gal employé pour répandre la loi, se" joint l'impoui"bllilè
physique qu'elle •oit parvenue dan1 le délai mé, partout
où le projet veut qu'elle soit obligatoire et par eoniéquent
présumée eonnue. C'èst un ea&eul.que cliacun de vo'us peut
facilement faire par la coonaiuàoce qu'il à des localitél.
Qu'il me soit permi1 de •ous metùe llOlls les yeux celui
q\te j'ai fait pour mon d.épartemeot, et prenoae poul' exem-
ple le tribunat d'appel de Riom, plaOé à quatre--vingt-douze
lieues de Paris. ~ la loi y sera présu~e connue le sixième-
jour de sa promuJgation ; ·et ce jou..,..là ..ème ellè sera
eûeutoi..e au ·fond du reseort de ce tribwial, à llaars, cl&-
partement du Canial, qui est à plus de quanutie lieues d~
Riom, el où ia poste, partant de Paris, ne parvieal paa eo
moias de hqit jol1l"8 par la :voie la pllH dil8Clte, tauclis
DB U P11fJ..U:4TIO~ D~9 LOIS. 319
qu'elle arrive à Riom en trois jours, et que les P!lquets s.' J
distribuent le quatl'ièmti. Il n'y a. pas, en général, !llO.itié
du délai indispensable pour que le,s tribun.aux de première
instance aient pu recevoir la loi. On veut dono qu'ils soient
souvent ob~és de l'applique~ avant d'avoir la certitude
officielle de aon ei,iateoce et de sa teneur.
Je résume ~ peu de pi<Jtl. ce que je 'fiens de vous .dire.
L'ïlrtiC11e pr;mier du projet confond la promulgation et
la publication.
Il faut.un mode de publication qui assure aux tribunaux
la col)naiuaoce certaine et officielle de la loi ; elle ne peut
être obligatoire pOUT . l'homme 11bre qu'autant qu'il est
èeosé la ceonaître; il ne pciû la connaître qu'autanl que
le gouv.ernement a pris toutes les mesures qui étaient en
spo P9UVOir pou~ la lui fait"e connaître. Le projet ne con-
tient aucune de -0es mesures~ elle ne sauraient être sup-
plééet par des arrêtés du . gouvernement' parce 'I• tout
ce qui tfent au mede de la publicatioa des loia , qui doit
être ~.ussi invari~le que la loi mêine, se trouve essentiel•
lement dans le domaine du législateur.
Ces consi!)érations et celles qui vous ont été présentées
par mes eoUèguea, ont déterminé le Tribunat à rejeter .le
proiet de loi •
. Il les a discutées avec calme, non pas ce cal.m e qui tient
de l'iodiflërenee ou de laorainte, maia oecalnie qui atteste
l'amour de la.vérité et le désir de la trouver.
Il n'a paa entenda de déckpnations••••• ; U a été dirigé par
des , priooip~ ~ : il a vu aTeo peioe·qap les droits et le&
intél'.êts du peuple setaient comp.-omis, et il B 'a pas balaq~
~ le d,ire ; il ne balancç pas à croire que le Corps législatif, ·
à qJti oes droits èt ces iatérèb sont ausli chers; s'empres-:-
sua ~'écarter un pareil projet, dont le rejet n'a~tera.au.
cuneJlleDt la disoussioo des autres parties du Code'ciyjl.
3to JUSCIJSSIOl'IS , . •OTIPS, etc. :

JllSCOUU Pao11101rnt PAR ·L'E COllSJ:ILL'Ell n'·i T&T Bl!&Ln:a,


' ·· L'1JJI DU Oli'l'BVU D11 GOVVSUllXDT.

(Séuce •• •4 frimire aa X.-15 Ucemllre 1801.)

Législateurs, aplh ce qui a Mé dit par mes collègues


Portalis et Boulay à rappui du projet qui VOJIS eat soumis,
il me reste .saus·doute peu de cho~ neuves à dire.
Cependant, tel eat le caractère de cette discussion, telle
est l'importance de son objet, que je puis et dois vous SQll-
mettre encore ,quelques idées qui. peuvent n'être pas sans
utilité , même en ne les .considérant que comme le résumé
desdéba&squi se sontétablis slll' les points les plus importans ..
La discU11ion •'est divisée ea deux parties.principale• :
La premi0re embl'aue les objeçtions d'ordre-et de formes;
La seconde , les objections J"elatives au fond.
A l'égard des .premières, la difficulté .consistak beau-
coup plus, si je ne me trompe,· à les eaiair qu'à y .ré-
pondre.
·Ainsi, l'on reproehe au projet de loi de n'être point à sa ·
place : et poul'quoi il. parce que la . publication, les effets et
fapplication . des loû sont une matière qui ne régit pas seu-
iement I.e Code civil, mais encore les Codes criminel, ju-
diciaire, commercial, rurâl, etc.; d'où l'on inftre que
o'était·une loi de l'ordre politique à isoler de chaque Code,
puiequ'elle n'appartenait privaUvement·à ·aucun. ,
Il a déjà été répondu à ce sujet, par mon collègue Por-
talis, que la critique porte à faux, puisque le projet dont il
s'agit, discuté comme loi particulière, n'a pas, dès à pré~
sent du moins, de place awgo4e dans un corps d'ouvrap
qui n'exillte point encore, et qu'ainsi rien ne ferait obsta-
cle à ce qu'on l'isoltt du Code civil, s'il paraissait ne point
lui appartenir. · '· ·
Quant à moi, j'ajoute que, lonqu'il devrait s'y incorpo-
rer un jour, et en constituer. le livre préUmiaaire, selon
DB L&. PU'lll.ICATIO!l 1 l>BS LOIS. 3u
l'idée des premiel'll rédacteurs de ce grand ouV..age, la ·cri·
tique 88l'ait sans fondement.
Je me funde, à ce sujet, sur les· rapports nécessaires qui
e:sisteut entre- UD Code .civil et ces autres Codes que l'on
juge à'tnopos .de plaéer sur une ligne parallèle.
Je demaride ce que sera· un ·code de procMure judi.;.
ciaire' sinon la collection. 'des règles propres à défendre les
droits établi!!. par le Code civil : il sera donc au CocJ.,e ci'fil
ce que la forme est à la matière.
Je demande ce ~ue sera'. un·Code de commerèe, un Code
rural, sinon des .collections de ·règles qui ne deuont s'écal'-
ter. de celles poséu au Code ·p'rincipaJ, qu'autaot que l'in-
térêt spécial du commerce on de l'agriculture sollicitera
des exceptions.
. Dans ~n tel·état, qu'on cesae donc de crier à la confu-
sion d~idées; et si une loi'. relat{ve 'à la pu/JlicRl'ion, au:r ef-
fets et à ·ffi1pplication des loù en· gémirai,· n'est pas un être
parasite qu'il faille écarter de tous les Codes, je dis qu'elle
appartient au Code civil. ' ·
· Mais, a-t-oo dit, la ·plupart de ces articles·sont sans ~o­
héaion eiltre eux; on pourrait en intervertir l'ordre sans .
en changer le sens. ·
Eh bien 1si l'article ~ est aussi bien placé sous ce numér0
qu'il le serait sous le numé.-o 4, quel peut être l'objet d6·
votr~ critique i»
. Soutenez-vous,ces . artieles ùautiles? c'est une objectioQ
d'une ~utre nat11re. Mais comme en ce moment je par-
cours celles qui appartiennent plus à ·l'ordre et à lit forme
qu'au fond des mali~rea·, je crois la critique vaine sous le
premier rapport.
La.plupart de ces articles, avez-vous ajouté, ne sont que
des maximes qu'il fallait laisser dans le domaine de la
science·, sans en faire des dispositions de loi.
Sans doute des maximes ne sont point des dispositions de
lois, à moin1 qu'à raison de leur. importance le lé8'itlateur
'fi, :u

_ ______ __ _ _ ,. _, .... - - - . -.,o.__ •.


~,,

n'ait jugé "Jtve(llble de ltlt éJe~ à ceU.e .itMP•I• qualitl.


llai11 c'eat dans le11 détails q~ l~-op . .,,a .si . le preje~ a
élé lrup libéral 8'lf ~. poiQt: léyMt\ da"8 1100.chois., il.n'a
aclmia qu'un bien petil D~ de préoepto 1-plna,utilea~
ce· qui fai\ qtJ'il a peu cl~é&Qadue, tlt ae. ttai a donné Jâe_.
pe u~-t~ à ut.e ùieet~D 4'.uOA auwe catégeeie..
Lo pro~ otfert n'~t po.~•h 4itr0.a., a11e.in1..-.ioo tli-
llJO,dtJ. Cocle,c1"'1; • .D'W pet Dll porûqae .qai r.époede à
lia maje1t6 de l'édifice.
1.4Watèur1, le fa.li\ n'•· P'- t..;oar..·llindille. clea
naiea r~J..-• : telle. ~n. ''w. app&Bw. mndeate
vau&touv~s.t aieu.<pl" l'tWi~oe ruineu et.pe•.tOlide;qaie
~d~h~ 1-.....,,i& co~•lD.I ,..._ _Mais qnittpna,8
figures, et ne voyons que la réalité. Le beau1,. .llUlliùe en
de légill.Atlon • n'eel _ . . ùe# q11a ce .,ai èlt "'1ta et. arile.
Âll &eM, a-~ili.té .,..,••. q.,oo. reprpehe à mob8
projet n'a pit• ,&ailllô. ~ 4e Ùllaer ~. peine à seà
au~ua. ··
Un premier travail ae préaentafa.ueo. plua. de pe!Df4;·
~"en l'aQ-.,.at •l ea.le ~ll1u1a. tle!ees-or~ns
fe.oJ.iote. •· éblaagen, u, a danoé:,pom ;mol.... le .prOJet
qui voua est souinis, et des détails- dwpe• ·je .p,.ïa.én&.
••qt\ÇQpP.,
. &&-.il. ~ eJ utile.' &o~e la Cl"•tiao nt.là.
, Plusieurs arlicles ont été combattus comm~ iautilee;
~ ·~· p,re..-ier l'a1 t\té. QCN11UNS,i9'u1te : .c'est.. celai matif
au.mod~de.re&Are,laloi oé4u•ice.. .
V-eua 11~aUea48- pas "8:JRPi • .légWaleal'i.,.qU& j'aille de
aw.-vea~~tailer ;n:ep. éw.duo..utt •uit•~iala éJé appmfondï.
par ceux qui ont parlé avant moi.
J~ IQ8 J.wrµ•ai .doac à..cv*q-. it'Well·Jù..,.~
ltt. •H~. P.-Mt•ai. Pll4 ® l'~f! .dirigée .conln11la.iédao..
tioo du premie.- ar~lQ;. ~111.coU6pe1PHtalia.y a~11icdQ..
ltJQ#l~Qi. ~~... . '
Qu.eA i\~. r~;diDeé1 "4Jldrc · ee& ,aJ1ide ,.eu.ce qa'ili
• • 1

h a .. a
_ ... -- - -:....J
1
DB LA Jlnt.1CU161' t>tf tnts. 5-d
·a. canetéme ptllt I« ·Pfomà~atloa et n'eli tfatjé' polril' lèi
fedaee,· j'obeert~ tl'abôl'd que la ;rem~a'ti~ â'ion· cariiè•
the déterminé par l'artiéle 3' de· la Con11ilutlon , qui ·ne 'I
i.Îlle rion à .ure 80t ee·point, 1

J~ re1De11Cfàe.elflaite que se8 fonnts •ent ~fabUes, con•


• • ea pretiqlMDaYec uantage~ .!
'

Je ......,.... 41ue la fermule' llti la· ftto"1algliti01u prbf


aamaooo peo apr~• la Conslfürtioti m&•e; et que d~ptiflt
ee tempe elle a obtenu l'approbation de tods- les· grands
po~ein9 e& .n 'a jamate"&;.oublé· l"lieuren~· lhttmdrrie qui
rigae ilDh•wx, parèeqo'eHe a·reàpecœ lM'Mfls 'I.e touit,
· . teu1qeoi·4eoo .. remettr.ait:.e1r en que1min· un~· fàftnUI~
qui depu~ deux ans eal revêtue d'un cataejltitl"a~llllf solèn-
..i., ....,..juate ~· irutrlli·palaiblement et~ p·
Cela posé, la que11ioo teste teuté ee!fè'rê· ttàite"lfl p<rid~
de 8"0ir ·qr...t te .. eommeo& let· 1011 dttiefl4i-obt 'aéeu-
1

toirea, car le projet n;ioo'o te rierfà bf ·~rgftîon·; :n la'


laitle .-.W. Ntat•• eU. eati il ma· ret!'ùf)llilft:1•miited~iio­
tnitate, :q1Jallllj· ïti• ·i-Je ·~ cm dé't'eloppetnim'i · qui
•'°"ièl'éllt:m·w'lk •ria- pititnaita''itni.
La quealioat a61iti :•iippeNe :à•1es ~....,. t.woies·. e'est en
oe&i4tû t[aè·jer~i la•b-aitèn ·
Uoe•o~n.priihiaaire'qu•n m~ ~Mbte·oo~~oll'-L
ble!4•plaee11 idi;iet quliporle 1ur av. pt1hrfd'et'p'Ethiffee';
o'elti~ilaaa llll:wets· ~t·, oom-Ute & 'ftàûce, it 'éàt im•
pollibla qtlë lai pultlièaliJn-et' l'qf.)tèk~ ew c1huque comm\Wrê'
cW1etmieem Je moment O'à;ohaq_ue foi 1 dcMenèlr'a oMiga.•:
toile...
· Uae·lôi 'tro.pfamlm98'f ceHe4tu ·ait fri1n11tlte'an II, a'fait'
iott"Oduit cette règle, dont le moiodte fn6od\t~n1dlir saüs'
deutlt •ldak ~ lee-frem •h•Nlelf ~'~.d'ffntralnalt : il.
ea 41ail un· belm0oup;pl•·sn•e·da'tla · Vex~ divewt~·
d'etfe91upai eu était lnéenMati.l· ·
CiaqUllilte·•mille .ap••' pemafdt·~ 1H9'. être l Mfemt!ttf;
eucll, que la con4iti0Jf'dtrleatir aidlldütM ftiilM~ë;' ·
:u.

:.
it4 DISCl7UIOJ'8 • •OTJJPI • etc.
et ne vit.on pas souvent .la loi pub~iée dans un village y
recevoir son application, tandis qu'elle était sans force dans
le village voisin faute de publication P
Un tel mode ne pouvait 1ubsi1ler toog-temP9, et 11808
doute il n'entre dan1 l'idée de peraonne d-.. le faire revivre.
Cela posé, el comme il est encore. moins praticable de
noli6er la loi à chaque individu ' il faut bien reconnaltt'e
uo point .capital en ceue matière; c'eet qu'ici tout git eo
préeomption légale.
Maintenant troü systèmes te présentent : la meilleure ma-
nière de résoudre une foule de difticultés, c'est, si je ne
me trompe , de comparer ces t110is systèmes entre eus, et je
le ferai brièvement.
Je ne connais que trois modes de déterminer l'époque où
la.loi deviendra obligatoire.
Celui de la transcription sur les rtf!Îltres d't1ne autorité lo-
cale; el c'est le demier état. · ·
Celui d'un tNiai général et uniforme, à partir . d'on point
déte~iué, de Ja promu/galion, par nempJe, et .c'est ce
qu'avait proposé la section de législation au.ConaeiM'État•
.En8n le délai succe11if en raison des distances.
Le premier de ces modes o8're des inconyénien1 bien
attestés par l'expérience ; il dépend d'autorité• négligentes
ou malveillaates.que la1oi 1oü publiée ou .plus.t6t, qu plus
tard, ce qui établit de11 inégalités frappantes, et comme le
moment. de l'arrivée et celui de la t.ran&Criptioo ne ii<•nt
pu aussit6t connu•, il en résulte , dab1 le pauage d'une
.légi&latiou à une autre, ou beaucoup d'incertitudes dao•
lei premier& tempe, ou beauCGUp d'embarras 1'il faut aller
vérifier les regiatres.
J'observe, au :~urpbu, que le moindre .ïaeonvénient de ce
mode ( que>ique. eet inconvénient sait déjà · trè9-grave ) ,
consiste dans la part qu'il donne aus . ageos d'eJEéclltien,
agens dCNtt l'actbité pôurrait,·jmqu'à un certain. point,
itre stimu1'e) 01da atalveillance pani~

. ...io..:-
DE LA PUBLJCA 1'101' DBI LOIS. 5t5
,Mai11 ce qui a'élè•e le plus fortement contre ce •J•tème,
o'est qu•n ne peul donner aus. citoyens la connaiitsance
précise du moment oh ta loi devient obligatoire; c'est
qu'à moins d'avoir été préilens à la transcription, ou de
venir matériellement vérifier le rt>gistre, les citoyens igno-
' reront nécessairement, au moins dans les premientempa,
sous l'empire de 'luelle loi ils •ivent; c'est qu'en un mot
Ja présomption· légale ne repclaera, à leur égard, 8111' rien
de précis.• ·
Figurez-voua, en eft'et (et ce cas sera le plus fréquent),
UJ1 homme domicilié à cinq ou six myriamètres de la ville
où la loi devra arriver et être eoregistr.ée.
Si cet envoi est extrêmement rapide; la loi obligera
avant qu'on ait pu la connaitre; si au contraire l'enregis-
trement est tardif, il arrivera souvent que la loi sera con-
nue par les débats et papiers publice avant qu'on pqisse en
recueillir le11 eft'ets.
Dans l'une et l'autre espèce, la présomption' légale de la
connaiuance (le vrai "poii:lt de départ en cette m'a tière)
sera tuut-à-fait dénaturée et subvertie .
. J'examine le second système, celui du délai général et
unifomce. Dans ce second mod~, les inconvéniens que j'ai
·retracés ditparaltraient 88ns ·doute; mais pour faire place
à ·un· autre; c'est que la loi> resterait inerte pendant un dé·
lai auez considérable dans les liens même où elle serait
connue, ce qui i;erait peu compatible avec 88 dignité ; maïa
ce qui, surtout en certains cas, deviendrait ·une .Ogrce de
nombreux abus.
. Suppose-t-on en éft'et une loi qui · prohibe certains
actes ? Voyez ·comment on l'éluderait dans l'intervalle; ce
délai de grâce serait un avert-issement à tous ceus. qui vou-
draient y contrevenir pour se hâter de le tàire; et cet
étrange béné6cc de la fraude appartiendrait eneore, copime
par privilége, aus. habihns des lienx voisins de celui d-'où
la loi partirait.

'-·
l.o~IND.t ·av.ibto.n, dut ee ·aptMie, laistM§· eetre-
•oit 14 ~billté .dOI dirogatioGa ·~en as ·d'..,.:.
g~QC; ~-f' CO. rtnnède -*ne, s'il n'e'llt· .oamiatcl que ilans
l'.,br~vialJMl 4u tWlai gélléral, n'e6t 'éàté uo mal qu'en
Cll et°Q~g~l UP. eut.le,: el en .com......at ~aoe •grande
ioj~ -~ lte1. babit•n• de Maneille ou de )Jaydnne·,
OPJ4r• '®J .Cl805, OD DO mol, qui 18 - • n t tlÎOU'fé9 dans
l'i\llp.-ibilii\é phffique de œnaaltre la loi daoi un cMlai
lrop rapide.
, QplJ .1W"4il-~ 4'ailleun qu'un ~ qui o'.aurait l'Ïen de
6i.o, i:t -MlqJM!l il f4'w\nl~ jOQl'IJellemeat 4bogér P La m ...
jesté de la loi pourrait-elle a'aocommolilel' -d'ua tel mode,
q11.i~ .JJ'offraot·plu11 qu'un système jnferme, ne produirait
q~ 1 ~~4Jtiff ei incertitude P
~lctaJrlJ., oo rejetant l'u et l'autre 4e oes ty•tèmea,
~ Pl'Pit.l'JW )'U,.S elll·aoumit·~ aclop,lé urt parti q11i me .tem.;
hie puisé da na la nature même des cbotes : en ree~nt
l.~ Jl)i .de,s .d~nc:,p q\l~il n'es& pennia:au 1'8ï•lalcur ni de
\'-.;~nnillJ'-"O 1•i de .fr101chir • il ob.Yie.tout é . fa.·foill ;,.111 Rtl-
gligence, puisque l'eft'.,t 4e la loi ne dépendra plus·i'dne
ttéUllf.IJÎp~ion; à figTWTrmce, pailque:daG1 obaque "81161't
wi ~a , ea•s reeourir aus 1198Î'h!t1 ~ ·à quelle éfl61ae la
lRi Y. M& .de.v•mue obligatoire; eDfio a laf.NU4Ù, puiaque
d<JJas Ja tra••ition · la lei ue daâ.. ~ ' pas · le ·jeut · ie
eans · qui, caanaiuald 11e1 di1poaitioa1, .ri.,raient néan-
IRQiil• '°"' l'eœpir.e.de la ~i ancieooe ·1 éU°ftlge . eontra-
•li-:tioq.qpj no .peut 4)0ffer .quo tlasu Je IJlt•é .d'uu -clélai
sucoeMif. ··
·Utti • lésifJateaiJ'J , çe qat ème el&. le •ul qui ·aoit ~­
IWlPi ~ .c\e mua le.a baœa~aieo•-ifue j'ai ~11acés•
.l/146c tt:M débll. paéra• et uaifermc a.qaelque chose
de. 16du.Jlli\tat, lllo,. dOAtc; _mais le• eaprita habituét <à 'l'a..
oalyl)e en .M.i4i111Mt fiJoilefiaent la faUNeté.
Jl,p'y JI pas, et1 effet, jusqu'à l'égalil4 qu'cslle semble
.offrir, qui ne ·sott une illW1ioJ1; car en· q~oH~lité. con-
DB I.A. ' l'UBLl~ll TlOlt bzs :Lois. 5-t;
aisto-t-elleP à ~ke·tra~ de la Même ~1dêre quand où est
dans ta, méme llituatiDn..
Eh . bMol •i, eh calcùlant ce délat géMralsuTle point
le pbn élcJipé du tertltolre' l'o'n rend 'la 1oi oblfgatoire
·pour l'habitant !le Marseille, du moment pn!ois ou il est
oeaté la. œn'Datwe, e& llllns ·•aëun inlenalle. pourquoi
ea ·tettait~il aut"ntent 'pat' .-appart aux ~parlemens inter~
....ialMP
N!e9t41 pat ·4l~aiilénn dèoll leà n'ollôns de toWi les peu-
,._, eJ ana l'esprit de to'àfet ·1e. lëgîslàtlOns, que la loi
oblif:O cMè qu• ttlit ·œtlé CUDDllé, et a'il est dans )a
na~re des choses que celai q'ài 'est placé à oerrt inyrtartiè~
_tres la ooavwai88è plus tllrd que celui qlli n'est qu'à .cinq,
peunjuoi.œ lui-che lil8rait-it plis ubllgé pti:.s tôt P. '
La véritable égalM est 4onc dans le syilème du délai suO.:.
..a.1(, :et l pour blrie1't pl>lntde départ Ja p~mplitJn lé-
gale de la coonaimilcè de la 'ioi.
l'ai, 4u rooilts je lë -arota; 8'i1fisaMinent établi Ja preé-
mioeocedn délai sucoouif sur le délai général et uniforme :
sès avaùtagee 11ur: la ·Ji~hHeatioo usît~ Josqtt'à ee )our ne
llODt pas dlOÎil9 sewi&ibleé. .
Dans ~ dernlet syll'lème. comme en tont llulre, l'obli-
gation d'oMir l la loi 'D'est touJours Fondétl qtte ~ur la pré<-
somption l~ale qu'on en o· c0iihlllt1Altnce, et la trausbrip- -
~~ 11urdet l'ë8i1tre11 n'eiit ll911Urétn"nt pas iioe noti6câtloo
oSloielle à èhàqt\e hâbitaat du _..11101'1. ·
Mais puilqti'oo e&t réduit Ase contenté!' 41Rne ~somp­
lion légale, ne coov.ieot-il pas . de •'arf'élèr ft celle que le
projet mdique t> .
Ce n'èilt p81 l~ «Méir d'hlleo~t qtti l'a dtctie, .eHë était
dao• le \lœtt de la Conltltudon .. ·
lut1qu'à l'an VIU; nul&è dlllpotltidn eonttitoliotthelle
n'ayant b'ac~ le jour prt§oitl où.là l6i dffait être·111.ise eh àc-
ti\'ité pat la promulgation , ni pre8$'it au,poo•olNtst\èdlîf
41e la p.ro1nulguet à four cert1dn , ·il-a bien faHu, datte rab-

...... _ .... ·~--


· ---
\

.»18CVllSJOJ'l8 • MO'l'll'll • elc .


.eoce d'un.tel point de départ_, ~nonoer à la donnée d•uu
jour préfix. où la loi deviendrait obligatoire ; il a dès--~ors
fallu faire ce qu'on a fait, ei suivre une forme qui, dans
un tel ordre de chose., était la moins défectuelllê <1u'il fât
po.ssible.
· Il en est autrement aujourd'hui; la. promulgation ·de la
Joi 1e fait à époque certaine et nécessaire; le gouveroemen'
doit y pounoir le dixième jour après sa date; il. ne le·peut
ni plus t~t ni plus tard, il est renfermé dans cetae limite.
Le mode propoeé ae trouve donc. en harmonie parfaite .
avec la Con1titution, qui aemble a90ir elle·même po1é le
jallon ~ indiqué la route à suivre.
La discuwon publiqne qui précède la loi, le• dix joun
qui s'écoulent entre sa date et. aa promulgalion, voilà . ce
qui donne le premier éveil aux citoyen1.
Un délai calculé ensuite sur les distance& donne ·la pleine
assurance que la loi est ou doit être connue.
Et remarquœ,Jégi11lateur~, comb'ien ce systèœe con-
cilie tout.
Chez UJl peuple modeme, qu_i connait bien l'esprit do
la bonne législation, en AngleterJ"e, ainsi qu'on vouR l'a
dil dans le c~. de celte diacusaion, la loi oblige du jour
où l'acte du parlement reçoit la aan.ction royale.-
La publici~ de la discusRion a fait admettre cette doc-
trine chez nos voisins; mais en n'allant pas ju11que là; notre
i;ystème n'en offre que plus de garaalie. aux citoyens :
comment donc le mo~e propoaé .pou.rrait-U être taxé d'im-
prévoyance ou d'h,isu~ance P
Je discute maintenant quelques objections spéciales.
,Il fa11t., a-t· on ·dit 0 quo la loi soit aux mains du magis -
trat; donc il faut pourvoir. à .Penv.oi mat,ériel de la loi.
, · Sans doute il le faut; aans deut.e le Bulletin. doit conti-
nuer d.e. pa.rvonir aux adw.iniatr.ateu... et aux juges; mai11
· c:~~ .o)>a~atioo , . boa-.e en soi, ue fait que manquer de
j~\ell&P. da,W1J'cmplQi q&i'ou eu fait œmme d'une objection.

- ·- .. . - ~ -- ~-----...:_____,;,;; ___ _____..........


......_

I

DB LA PUBLICATION' DJlS LOIS.

Qu'est-ce e·a effet· .que le· projet cootieet. de .contra.ir.e f


Rieo: il règle l'époque où la·loi deyiendra obligatoire pour ·
les citoyens~ ·· · '
Mais cette ép~que ne doit pas être confondue. aveo celle
où le magistrat devra· appliquer. la loi.; cette application
relative aux actes régis par la loi nouvelle, et passés sons
son empire, laisse. ape.rce:voir un intervalle ·nécessaire en-
tre ie moment où elle commen~ à régir, et.celui-oi.t son
application peut être réclamée, intenalle, durant-lequel
{ et à moins de supposer une subvers\on totale.dans l'ordre
naturel des communications) le magistral 11era muni ·de
l~instrumeqt matériel, je veux dire- du. Bulletin, qll'il · est
dans l'i~lérêt du gbuvernement de faire circuler ·prompte~
ment.·
Autre hypothèse qui n'est plus relative au cas d'applica-
tion judiciaire•.
Suppose-t-on·un droit.nouveau, une succession ouverte
après le délJi P suppose-t-~n · encore ·que la loi n'arrive
dans le ressort que trois ou quatre. jours.après P Eh bien!
quand il en ·serait ainsi, quel préjudice réel en. résultera-
t-ilP
L'héritier ~verti de son. droit. aura fait d~s actes conserva-
toires; l'e_x,cution n'a jamais lieu à l'instant même, et le
B_ulletln sera ar.rivé ·long-temps avant qu'il s'agia.se de li-
quider et de partager.
Comment d'aillews ce qui ae praJique en Angleterre et
dans les Étàts-Unis avec simplicité, facilité, et au gra·nd
a.vantage de ces deux nations, serait-il impraticable chez
nous?
Oh! a-t-on dit, .l'elpl'it public qui règne chez ces deu.x
peuples dirige, bien plus qu'en France, leur altention
vers les aft'aires publiques et ~es açies de Jeurs assemblées
politiques. .
Eh quoi! n'est-ce pa$ calomnier le peuple t'rauç:iis que
de le supposer m.oju.s a.tt\ln•if aux ~rands intérêts de l'Ji:lat P

....................
\

81SCUNIOIM , llOTlll•, e'&e. .


Je·Uds Jom·cle pattage\' œ•latlpWlme~ mMI ue .,...,_
.que de quelque pokls ean1 làute., ewt ..-, d'apris eette
·idée même, il n'en conviendrait que mieux ~001'8 d'a-
lopter le miode JWepolé, pom foreer n&tteDtion -par l'in-
Ntêt peraonael, et pour~ almi Ull eeprit pbMlc, s'il
n'ei:litait·pas.
· On a ab}ecté le 08 d'Ïlft"~, et·~anea è ees
~nêles· catutrophes qai, ea ~daot la eoonalllaee i_.;.
ponlble ' font dllparaftre une ptêlomptioo #itabUe fm1' ·~
ikfblp1è tnft de temp•.
·lltaf11 ·tri •mi argumente de cas ahtor"'8a1tea· cooli'e ta
~le ~oéràle , je me bomeftf l npàoètre que la fOree ma-
te.ne fait toujoma cMeler rempire de la rflgle.
Ou a demandé si le projet a'appliquera am eolonies;.
mals le procE..ftl'ball c1a Conseil d'Élat apprend que ·ce
doit être l'objet d'une loi ou d'un riglemeot à part ; c'at
anez JtrObablement ~·plus d'an rappêfrt q'de les eOl.onietl.
atlroet bcMoin de ·1011· 'péoiales. ·
· Mais ·ce que Je dois' me bornl!r, quant A prt!ietrt , à re-
marquer, c'eat que cles objectfoas de Cette espèce ne peu-
vent faire tomber notre syatème, s'il convient d'aillenn ·llll
territoire continental pour lequel il a éff créé.
J'examine saccfncrement quelques autreit obfeotiom qui
ont-du moins l'apparent avantage d'attaquer plus intégra-
lement le projet.
Dans la flsation du délai, :l'on a crftiqtté le calcul par
heures: que d'incertitudes et d'embarras, a-t-on dit, vent
résulter de cette disposition 1 comment trouver oe 'point
mathématique qui Réparera le temps régi par la lol an-
cienne, de celui régi par la iof nouvelle? P~or le dtacerner
faudta-t-il donc dater les actes, ou conttater les faits par
heures, par minutes même f
Cette objection préseoté8 avec tant d'a11Uraneè est-elle
d'eclivement fondée P SI· i 'on s•attacbatit à l'apprêeiv tex-
tuellement, OO dirait que ce pofM mâthéàlatJque qui sé-
DB ·t.à PnLIC:llTl09 Dlll •J.OI&, . ill
p6N le 'peélétib:tjlrillêol,:.et lè prileni·de ~'atealr., 8tt '*1·
,..,.... fa iWgillaliGn '. aotnelle mélile,,. panse qum ut .datitt
la nature des choses.
- ·iAiDli, :etiau.j0mtl1aai àême; le point ci•t·eépud le tour
4cHa-, pablieaai•.tlll :jour·.;.t la: •ui~e1t notre lrè81e .pour
MtermÏllel' Je moment .où la loi:devleat :elliilffl!Oin•
.. .Ne:~._.D 7 .· ou ile ~h criliqtler qae l'idée de
.m._·Je foim eà •ux partiea, clàat l'une:aer&it •ngie pal'
la Jei enci...
;et l'auf9Ct parldei ·..OU.elleP -.s. fl .a
Mjà ·iÎé:~p0ndu ·que le .cialool par··htllll'!ll tt'est iei:f1ré118oé
~ooinme· le·prlneipe-.p:af1n.U.cle:baee.t• répaaeot
uns lequel,:pour 4éte~ f"ééllreaoee à jour franc, ·l a
plua fatbte fnctioa pourrait ~<hr à la P. l•re. ·
· ·tlailrœtte iiée. même :d'un ~meat~emapMmeaeaïre
a>tto•ié - .:oo.aradielelll'J; ea qaoi 4one bie..Mfle1Jes
p•füeipea P
, ·Si ÎJo1lrd~~ wpdalfllllin, le projet.~i •oaseit'pso--
pe.é, n':e"ntléra..t..u tJU, je pe dit pll8 aealemedt·cfaM ·lat
droits, mais encore dans les devo~rs du gouvernement,' dis
eoiDpléter , _ un :caloél pr;eia, pour àaque ftJl&eet., Pin-
-tlication -donnée par le l~late11r P Un &el rfglement ne
sera e88eotiellemeot que le moyen de · donner à la lot a
rleira8~.
··n ne 1Utep'l'11tiar ce.point qu'une objection puiaéeftll1
un esemple. ÂUxel'Jl8, a-t-on ait, quoique plus éloignë de
Ptri• que n'•n eet B.ouen, ne jouira pas, oomme-étant·du
reil.IOl't .ae P.aril, èle l'adcl't.ion de délai aecqfllée am autres
·reuorts, et sera ainsi _moins bien traité que ne le seront detl
Mttll: ptu1 dppWOcbés. ·
·Ugi1l&tei.1H, ~te abjeetion qoi ne s'atta~he véritaMe•
ment-qu'au poiotooiW, et qui oeue, quaacl oo a fraecbi ..
NAOrt du t~nal ·9'appel cl6 J>aris, • l le résultat d'un
aoeident, d'une. oireoo1eriptio11--de essort, dans laquella
Pjpis H bouve Ù• peu exeentrkfoo; mais oe léger iooon·
W...nt pe saUl'ai, btliucoup arrêtu; èar si on aspirJiU la

1 - · _ _ , , __ _ _ _ __
. DJSCOUIO!tll, ll01'Jl'S, etc.
préciùon mathématique, il fantltaiUtablir le oalcul pad•
diata.nce de chaque commune au cent~, ce qui ellt im1,>ra-
tieable. ·
Dira·t-oo que l'uniformité du délai obvitn"&it à . cet io-
con~énientP mais il en créerai& d'autNI, et d'ailleunl'of>.:.
jection . se reproclail'a~t &OUI un autre point de YUe, dani
l'intérêt des parties d11 territoire les plus éloignées : l'on ·
dirait pour les habitao• de Marseille, qu'ils ne doivent pu
être oblig'• au même moment que les habitans de Paris.
Dira-t-on auui que cet iocon'fénient cesserait par la pu-
blication matérielle ; je pourrais reconnaître le fondement
d~ celte auenion, ai l'obligation légale ~'établÏl8ait .par la
publicialioa et l'aftiche dans les cinquante et quelques mille
communes de la . Bépublique; mais, ai ce mode, .oomme
impraticable, n'a pas même reçu les bonneW'8 de la dia-.
cuaalon ; s'il faut ; dans le système même de la publication
matérielle, s'arrêter à un point central, les lieux qui s'en
tro11veront lea plw éloigné• pourront faire la même ob-
ieclioo.
. Il faut donc l'éèarter, pùisqu'elle exi~ dans tous les _
système•, et s'arrêter aux autres considérationi que pré-
sente la matière.
Or, en jugeant par les maues, et en ·appréciant les di-
ven,aystèmes, il me semble c1ue l'idée aimple et élémen..
taire de rendre la loi.obligatoire d'après un délai sùcceuif,
calculé sur les distances des chefs-lieux de tribunaux d'ap-
pel, cet de toutes lea données la plus naturelle et la meil-
leure.
Et comment ne serait-elle pas la meilleure et la pl11t1
utile aux oitoyens P prenons pour exemple un habitant de
Lyon , et 11uppo50ns que , par l'application du ~arif des dis-
&ances, la loi ue soit obligatoire à Lyon que le septième
,jour après la promulgation. Ce point une fois connu, aaua
KOrlir de sa mai110n, et à la seule inspection d'ua jeurual,
ee c:itoyeu saura que. la. loi po~ée le· premier, et proowl~

...... ___ .
a± r .... s ·- >< .., ,z · m d'
DB· LA PUB'LICA TIO!lf Dl!S liOIS.

guée Je. 11, est 'obligatoitie:le tS peur tout sou re8IOl'l.


Quel iriapprééiable a\ràotage,J et-0ommeot un tel bien-
fait, un système ai heureux a-t-il épl'Ouvé' tant de contra-
diclio'n l' . · ·
Je passe à l'article· second. :r

' :. Il a aussi subi.la ceasure•du-Tribuoat. ·


Le rappodeur l'avait présenté comme inutile.
D'autl'.es orateurs· l~oùt envisagé comme dongereu.x.
Qùe' porte cet:articlei' :
La loi ne dispose-que fiJurl'tllJenir.; elle n'a point d'effet.ré-
troactif: · i . · '
Est-il trai d'abord que· ce ne soit là qu'une maxime iuu~
tile; et bonne.tout:au·p&às à renvoyer 110 titre des règles du.
droit, si l'on en fait.un P .
Non, co·n'eàt-pas une ma:ûme à clauer dans le domaine
de la science; c'est un·précepte·pour•le légielateur et pou"'
le juge, précepte que la loi•ieule peut tracer, puisque la
Constitution, qui n'a paa voulu le détruire; ne·l'a oepen-.
ditnt · pofüt rappelé·, · comnie· l'avaient fait qt1elque...uo~a.
des Constitutions antbiOUl'e8.
· · Haia·n'a-t-en pas, au Tribunat même, émis des doutes
sur la ·compétence du pouvoir législatif, en ce qui touche.
aux lois, qu'on juge à propoe d'appeler lois organiques de la
Cotiltiiutjon. ·
N'a-t-on pas prétendu q'de lé Sénat seul pouvait les.por-
ter!' comme .ai la Constitution faisait ce:te clistinctioo !
comme si le Séoafn'iwait -pas se1 fonctions limitées au
seul droit de statuer sur les inconstitutionnalitéa. légale.. ·
ment déf4réea I ,
· .J'abandonne celte ·opiaion . sans cloute solitaire, ·p our.
en rappeler une, qui, bien que placée da.os. une autre r..a-
tégorie, n'en est pu moins extraordinaire• .
Un autre' orateur. clu 'tribunat a'a-.t-U·pas, à l'occasion
du principe wappel& ·dans l'article 2 ~ témoigné la crainte
que oe: ne ftt ·uo signal ~donné aux tribwaaux paar. se ·dis-

. rl' •
:
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i' i '. =· l """'1"" t JJ E= i1 ~ i ~ S'


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•f 1 !-1,Ql 1· 1 · 1a.i~t°'tl 1·l'lllï"i;!


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- DB i.4 · PIDl&•TJGl:'llU· ...... ~à

~pNe.d'-* .à ~.. . eo...ai&a.-1- ~-de


ou à ce qui eo aHure Ica elfet&•
'-"'°"'
. . L'a~• 6 a ~:à. q'1elq... OnJteap cln. Trüwoa~,.un 'el s-
~yea d!_
ieYaaÎQA oft#.lap peu.ve>MjudieiMre-..,
C~ artjc)A pePtli ~ /e.jMi-· q14i reff'fll:Fa IÙ Jf.ll:t:T S'Olll. pré-
18.x~ ~ ,;u,..., dtt,l'~é fll4. .de J.'ills'4[/isqlf4e .·• Ili loi,,
Jl(INlf'tl "1'e•,,_,lffÜJi.eit11111W· d~/f·dei4éni~dt,.faulife~.
_ QuJ' ~a,..Q,_clitat il&t ine~. ~.la piWopti~e da ,
~W111P: . ."
· Je oe Ais eo véllité oommeot GeUe·•a ~-a. pu.-'inll'Off.
cluiN,darM r.,riti.. ·---: 0'1 D'•~ paa 1.Wu lire
l'~ele ,.,.~lit: !\,wiaethlka.6, ,e&.quidér,od a• jug•
4'1·p,....w. ''*•lee:~-.•lelMr .e1Ui IOQ.-Ïle1.par-'VOÏ4
t/e. -,..,.,~:et~~(~· .
Voilà le poioa par lequel les tribunaux eu11eQ&p Jliy.,,
liter aJeo·le, pwroif .WtP*ti&;. et .loÎlll 4JM1. ClfU..-!ta,ie.ldur
•il.• ~,.....,-... -i;aJll:tC>-fiÎl'D1f0119tJHefqdat. i11H
telda. ;
. llait ........... _Jlaltkllt\.6,à aet:vc!oftaaw., ........
qll'a-t-il voulu il Faire C81118r cette foule de .....,qui.leh
S.AJ.trdi:lJ<....W:fltl~a.juttiee :i .Io JleyoiJ!.è'tm;jimge eN>de
juger, et •'il .w..i,:ftQ!l1llt ~:a'i9gM6a·.-p•:•Ollp
à..1~)·~ v.ole :d'i11-.'6taticut. auri . .11. eaa-,~iou
deaa~, ,Glllai"'fliMl~àl'etpril llJbis
boAD.e.WgWt&ionP .Cella M.....,.r.&l~tu<ua P••lllop·
lel,a.cri~tèa1P1,.......;•trl••••10i•C.reatlitllllilel
, ll;J\.a, ... ~~poÎM _ . Yérltâ 10.ple etiéWeleataine, .de8'
que là où la volonté de la loi oe s'est ·pas fait conoallre;i
le iup 4t•j•; PIM; la, u~ .d•uhoiea. OD rrdmallll8 ..d'é-
quü6.
· lllai&,.a--t-oa &,.que erlM>e 4-c.qqceet.:éumpe·poa-.
\IQÜ''en. ma&itn;~•anoa&P
V•il;te;&a)IGlllJ·.earic'ti& là:.que, 4a"'aJe·lileD.CJ8 auJ!~
curité de la loi, il n'y a nulle poioe à pOIW ~.et·...,. toatJ
'
536 01scuu101ff; . •oT,.s, etc. •
18 ffllont en &veur de l'accueé ; 'nos maximes sont cons-
tantes ù cet égard. , . , ..
Aiaai, ce ministère d'équité ne s'applique réellement
qu'aux a Ifaires civiles, mais là il derientsoovent uéceuaire.
Ce n'est, au surplus, ni une proposition ni une prati-
que nouvelle; ce que vel!lt l'article ·est précisément ce
qu'obiervent aujourd'hui les juges qui connaissent leun
devoirs et·veulent'les remplir; il n'est véritablement né-
cessaire que pollr ceux qui s'écartent d'une route tracée
par la railoo et la ·néeeuité. ·
· · Au reste, légielateurs·, il-ne voue .a point échappé que ee
.ministère forcé ne pent jamais · établir ·un .pouvoir ·rival ;
car làoù la volonté du lésialateur s'est fait :connattre~ elle
doit être respectée : -le jugement· qui y contreviendrait
serait cal8é.- ··
· Fixerai-je· maintenant votre. attention sur le dernier ar-
ticle du projet? attaqué seulement .dans sa rédaction·et
comme maxime déplacée à la tête du ,Code, il a été dé-
ièndu comme ayant un trait · direct au caractère et aux
effets de la loi. ·
· . Cet objè\ ne mérite donc pas, au. point surtout où nolfti
seftlmes ·arrivée, une dilèu11sion ·pluuérieuse. :· ·
Législateurs, j'ai·parcouru lea pririoipales objections cli-
rigéel èontre le projet de loi,. je erois;y .avoir répondu •
. Jl:eat;au :surpfos,,aaez évident que•, si la-critique s'est
attàehée au. projet · dans · ses .plus . téSers •détails , l'article
p~œier est néanmoins le vrai· et même l'unique foyer du
débat. ' .1. .
. Votre· sagesse l'appréciera; et VOIJI· portera .sans doute
à consacrer une disposition , qui , sans donner lieu à au-
cun déplaoemeut~ procurera, . à tous les citoyens ,de la
l\épublique , l'inappréciable. avantage. de ·connaitre .d'uue
· mlliniêre. précise ·1~ iour où la loi deviendra obligatoire
pour chaque reuoft.

> •
'DB LA PUBLIC~ TIOl'I DBS. LOIS.

TI me reste à exprimer uoe pensée plus VaSle et digne


·de figurer dans la première discussion relatiye au Code
4livil. . . . . .
Jaloax de donner à la République ce Code sHong-temp1
attendu, le gouvernement s'est envir.onné d'hommes distin-
gués par de lougues études et .de gr~nds succès dans la car-
1'ière· des fois; il a appelé' toutes les fomières; il s'est livré
lui•méme· à ·un travail opiniâtre,: dans la :yue de' réaliser oo
.grand .et imposant ouvrage, le premier de cette espèce
qui doive 'émaner d~un pouvoir national ·et ·vraiment repré- .
sen.tatif. ·.', · · ·
L'espri1 quïvous anime, législatenrs, votre.amour pour
·le bien public., prouvera que la coopératioa des diverses
branches du pouvoir législatif à cet important ouvrag~,
n'en ralentira' point la marche en l'éclairant.
Ainsi, dans des débats où l'on verra presque toujours les
systèmes se heurter ( parce:que nulle matière n'en est plus
susceptible) , et où ~uvent les systèmes les plus opposés
·seront de 'part et d'autre appuyés -de raisons plausibles,
. votre sagesse ' votre patriotiso:ie et votre propre gloire vous .
diront qu'il faut,· abstraction faite d'un rhieux .souvent
.idéal' accueillir ce qui est bon, approcher du but et mm-'
ter la reoonoaissance du peuple français par des travaux
dont il puisse ressentir-les effet.a. ·

·La di~assion fut· fermée dans la séance· du ll4 ·frimaire


an X ( i5 décembre 1801); et 'après avoir procédé au.
scrutin sec~et , le' Corps légiilatif déclara qÙ'il ne ·pouvait
adopter le_.projet ,de loi.
o~8 . .DllC1111101'fl , .MOTJJ!S, ..ele.

COMMUNICATION OFFICIEUSE .
A LA IBÔTI01' DB t.SGllLATJO• DU TBIBÛllj,T.

Dèe que le goa,ememeo~ eut orgaQisé .les comiounica-


tion1 officieuses, on repril la diseuuioo du Code au point
où elle Hait ~ lai11~e Ion du 1De11888 du 1111 oivose an X.
Le projet da tiLre préliminaire fut adre&H à la section ,
sans avoir éprouvé de chaogemens, et sans même BYoil' subi
aucune discussion nouvelle au Conseil d'État; l'examen
s'en fit dans' les séances de. 19 ,et !IO messidor an X
( 8 et 9 juillet 18011 ).

Ua membre .de la .COIDDÛMioa ob.. rgée de l'~a~eo du


pro;et ~tif à la pahlù:41i()R. aiu: effet• e,t à rapplicahon des
m en ~IOZ, fait no rapport ~u DQm.de ceUe ço~:=.
·einD. . 1

-Qa~ sne~• demandent qu'on examine -Pf~­


blement si l'on doit placel' en tète da Cocle ~vil., el co..-me
en faisant partie, un titre relatif à l'organisation du mode
de publication dea lois : si ensuite on doit Jaiuer subsister
da• ce tit• la article• qui suife~ l'articlo preœiCJ" qui
fixe le DUMle de pAtbli.eation •
. La aeclion renvoie l'examen de cette question,après la
diacusaion des articles qui composent Je titre_.
L'article premier don1,1e lieu à la discussion des différens
modes de publication des lois, pour choisir celui qui doit
être préféré.
Cea modes sont réduits à trois :
·1°. Le mode ~e publication par la lectu~ .de la loi aux

lli1il•ai1:1••===--ll0 •-=-::;;;;.;:
·-:..:-:.:";;:i.iililF•llllllll•~ .- - ·- - - -- . - j
DB ·U PUBLICATION DIS t.OIS. 539
audiences cle8 kibunaux et par sa transcription mr les re-
giltres.
s•. La publication opérée uniforrnémènt, dans toute la
llépublique et au même. inst.aot, par le laps d'un· dél&i do
41uin:œ jours ou' de tout aùtre à compter de la promulga- '
'tioo du Premier Consul.
5". Le mode progreuif, calculé sur les distances, pro-
polé par le projet de loi dont il s'agit.
. La section 116 prononce contre le premier mode;
Sea 111otiû sont : i•. L'incon'fénieot de faire dépencli'e le ·
caractère eKécutoire de la·loi, du zèle ou de la négligence
deJ'homme. :1°. Que, si on adoptait ce mode; on serait peut-
étre forcé de distinguer les lois, à raison .des matières qui
en seraient l'objet, et de reconnaitre le caractère exécu-
toire dea k>is à la pubHcatiaa faite auprès de certaines au-
torités particulières, selon l'ordre dans lequel on croirait
devoir les claaee_r : ce ·qui présente une foule d 'entra.es et
de diaicultés. 5•. Que ces incoovénien11 graves ~e sont ra-
clletée par au.mn ayantage particulier qu'on pUÎ.lle attacher
à ce mode , comparativement aux autres. 4•. Que dans i!0-
1re·Consti11Uiioo aotuelle, l'autorité des tribunaux: ne de-
vant rien ajouter à la loi, rien \l'empêche de cousir à- tout
autre mode qoi sera reconnu plus ut.ile.
· ·La ÜICUMioo se porte sur les·deux auCres modes de pu-
blication. La section se prononce pour le ~ode progreuif
ealeulé en raison de& dûtances.
. SQ&molifnont :.
Que Je mode progressif ut l'image même de la ·"éii~; il
eu îoa~ eur la na.tore : il fait rendre la loi ex~&oite au
motoeal où on la ·ooouatt.
Qu'H n•eo est pas de même du mode gui ferait ·exécuter
la loi pat-tout au mê.-e instant : què i'ailleura, poul'
mettre ce mode en pratique, il faudrait ne tendre la Joi
uéoutoire _qu'après le temps où )'on devl'ait Ili\ pl'é1n1mer
ooooue à l'extrémité du rayon qui s'éloigne le plui du lieu
22.

' -

---~- · ----- - - ~ · - - ~--


340 Jlf8Ct788101'8, •OTIJl'S , elC.

où siége le gouvernement, délai qul devraifétre au moio•


de quinze jours, à compter de la promulgdtion de la loi~·
ce qu;.emporteraft vingt-cinq joun, en y comprenant les
·jours d'intervalle entft' la sanction de la loi et 1a promul-
gation: d'où il résulterait un trop gran~ retard dana l'exé-•
cution de la loi' pour les lieux où .déjà elle serait connue.
Qu'en proposant le mode uniforme, on a été obligé .d'a-
jouter: a Que le délai pourra' selon l'exigence des' cas, être
• modifié par la loi qui serait l'objet de la publication~ •
Restriction qui renverse le 1yst~me de l'uniformité, et dont
la néceHité ne se fait pa88entir dans le mode progre&1if.•
Mais ce mode progressif n'eat adopté que sous les modi-·
&cations suivantea :
1 •. Que le délai commence et coure par jour et non par
heures, en ajoutant, pour éviter toute difficulté sur la fixa-
tion du commencement ·et de l'échéance, que , dans le dé-
lai, ne aera point compris le jour de· la promulgation.
· 2°. Qu'il doit être dit que le délai courra de la promul-
gation faite au lieu où siége le t;tJUi>ernement, et non ·à com.Jll-
te~ de la promulgalionfaite à.Paris. ·
5°. Que les points de station '.où la connaiuance de la loi
doit opé..er pour tout un arrondiaseme~t soient les chefs.-
lieux des départemens; pour chacun. d'eux, et non ·les
cbe&-lieux dei tribunaux d'appel pour les arrondiAemens
qui en fotment les 1'8810rts. · -
Un membre fait la proposition que le gouvemement soit
invité par un vœu fonnel à présenter à la suite de chacun
des Codes qui seront succe&1ivement décrétés, ·un J>rojet
de loi. qui fixe l'époque à laquelle leur exécution commen-
cera dans toute la F.rance ; il fait sentir ·les hu:onvéniens
d'une exécution partielle dana ce ca1. Il se fonde 1ur
l'exemple d'une ordonnance particuHère qui ·1e ·voulut
ainsi pour _le Code pruS1ien.
Cette proposition mi1e. am voix cet adoptée par· Ja eec-
tion.

:m· -:;:.· ---. œ a -'~---...-_...- ..


DB. LA PUBLICA TIOl'f DB& LOIS.

L'article ~, · conçU en ces termes: la loi ne dûpose q"e pour ~


l'avenir; elle n'a point d'effet rétroactif, eat adopté.:
, Oo se fonde sur ce que la disposition de cet·arth:le est
un principe constant dont l'application ne peut être dou-
teuse·, et qu'ell4' rentre dans le droit positif.
Un membre· propose par amendement d'ajouter à cet
article une disposition:qui fixe l'effet:des lois déclaratives.ou
. inlerprétalives, afin de déterminer les cas où il y aurait ré-
troactivité el ceux où il n'y en, aurait.pas.
Cet amendement,:mis aux voix;.n'est:point adopté •
.: L'art. 3, ainsi conçu : la loi oblige ceu.x qui habitent le terri~ a
tm"re, est discuté.
Oo fait obierver que cette disposition est trop vague , et
peut prêter à des raisonoemens faux et dangereux.
. Uo membre propose une· rédaction·· dans laquelle il a
fondu les dispositions des articles 16. et 17 -du second
projet d·e loi.relatif à la jouissance des droits. civils, les-
qu!'llles·dispositioùs doivent avoir leur place a~ titre dont
il s'agit.
' La rédaction est ainsi conçue :
• Les loÏll·de palice et· de 81\reté obligent tous ceux qui
·• · habitent le territoire.·
• Les immeubles·, môme· ceux polllédés par· des étran-
• gers, sont régis par la loi.
• Les lois concernant l'état et la capacité des personnes,
• régissent les Français, même résidant en pays étran-
• gers. •
· Cette rédaction, mise aux voix, est adoptée.
La discussio~ s'ouvre sur l'art. 4, conçu en ~s termes : op. 3
la forme des actes est nfglée par les lois du pays dans lequel ils
sontfaits ou passés.
L'article est adopté.
o~ discute l'article 5. ap. 5
·La section en vote le retranchement.
•J&CU..IOJQ. ·•oTll'I. etc.
Ce& arliole n'a pa• prélenlé no principe ll8IJea géoual p
et d'une application assez certaine.
Étant aioal conçu, il pourrait préaenter uae application
· dangereltle, loraqu'un fait de banqueroute 'lterailJlorlé de-
vant les tribunaux crimiaels, en parainanl •nterdire la
preuve de faits tenclaat à 1e ditculper d'un délit.
EnSn une dispoaition à ce 11ujet a pal'à être mieux placée*
ou dan• le Code ;udlciaire , au titre des preuvee , on au
Code de comme"'8, au titre où il sera parlé dea ae.., faitl
dana ltllH!h'jours antirieurs à Ja faillite. ,
L'article 6 eet adopté; mais sous la modi&ealioa 'qu'il
ne doit pas être dit que le ;uge pourra être potanuivi comme
eeupable de déni de ;utiœ.
5 .,, Lee arlicles 7 et 8 sont adopta.
. 'nlre ' Oa discute la questioa relali•e au plaeemeot da titre ,
,.-Sim.
~ avait été reDYoy~ apràs l'examen des artioles qui le
compoeent.
Ul seetioo ne voit pas d'iacoovéaieoe à ce qQ8 les dispo-
sitions contenues dans ce titre soient placées en tète du
Code civil; mais elle penae qu'il ne clôit pas, à proprement
parlH, en fahe partie; et elle émet le vœu qu'il ferme un
titre particulie.r et préparatoire , sous uae nomeaelature
st*iale qui le dietingue·el Je détache da Code cMI.

Lea observations de la section de législation .du Tri-


bunat furent communiquées à la section du Conseil d'État,
et par suite un.e conférençe •'engagea entre Jet deux sec-
tions. 800I la présidence.~ Consul Gambac:érèl, à l'e&'et
de s'entendre sur· les ekaogemens 11'18 le Tribunat pro-
posait de faire subir au projet.
DB L.l PUBLICÂTlol'f· .OS LOIS. , 34,5
.. '

~ACTION DÉFINITIVE DU CONS~ D'ÊTAT.

' M. Pouu1s, d'après la conférence tenue avec les·inem• ·


bres de ïa section de- législation du Tribunat, présente la
.
~dactiou définitive du titre de la puhlicati,on, •tJes effetnt
~•l'application des·loù en général.
Le Conseil l'adopte, elle est ainsi conçue:
Art. 1er, Les lois sont exécutoires dans· tout le territoire •
français, en vertu de la promulgation qni en est faite par
/le Premier Con sui.
Elles seront exécutées dans chaque partie de la ltêpu-
blique, du moment ~ù la pTOmolgation ee pourra être
connue•
La promll]gatioo . faite pat le Premier Consul- sera ·ré-
·putée conn~e dans le département ou siégera le gouverne-
·ment,. un jour après ~lui de la promulga&ion, -et dans
chaè11n des autrés dépal'lemens après l'expii-ation du même
·délai, augmenté d'autant de jours qu'il y aura de fois dia:
myriamètres (environ vingt lieues) entre la ville oh. la
promulgation en aura été tài~, et 16 cher-Heu dé chaque
département. . ·
Art. !.l. La loi ne dispose que pour l'avenîr; elle n'a point a
d'effet ~troact'if.
Art. 3. Les lois de police et d-e sih-et6 oblige'nt tous ceux ,.
qui habitent le territoire. · ·
Les immeubles, même c~x posiédés par des·étrangers,
sont régis par la loi françaiSe. ·
tes fois concernant l'état et la capa'Cité des personnes
ngïisent les Français, même résidant en pays étrangen.
Art. 4. :Le juge qut refusera de juger sou1t prétexte du 4
silence' de l'dbscurité-oo de l'insnfiisance de ra loi' pourra
être poursuivi comme coupable de déni de justice.
:;.44 JUSCUSSIOl'rl 1 MOTJft , etc.
Art. 5. Il est détendu aux jugea de prononcer, ·par vofe-
de disposition générale et réglementaire, sur les causes qui
leur sont soumises. ·
6 Art. 6. On ne peut déroger, par des conventions particu-
lières, aux lois qui ultéteS1ent l'ordre publie et les bonnee-
mœun.

Lb gouvernement arrêla, dans la séance.a~ '5o 'pluviose


an XI ( 19 février 1805) ; que le proj~t du . titre- prélimi-
naire, adopté ~u Conseil d'État le 29 vendémiaire. XI, an
serait proposé .le. 4 venlose au Corps législatif;. le·Pi:e- et
mier Consul nomma MM. Portalis , Lacuée.~t· Miot pour
le présenter, et pour en soutenir la discu.ssion dans la
' '
s~nce du 14 du même mois.

PRÉSENTATION .AU toRPS .LÉGISLATIF.


, . EXPOSÉ DllS XOTIFS) PAR LE CONSEILLER D'ÉTAT PORTALIS.

(Séance da 4 ventote an XI. - 23 févtier 1803.)

Titr~ Législateurs, le projet de ~oi que je viens vous présenter;


préhm. au nom d u gouvernement, ..est re lah·r a. la pu b" .
ucatwn, aux
effets et. à l'applicatwr>. des. lois en généra!. , .
Le moment est arrivé où votre sagesse va fixer la législa-
tioo civile de la France. Il ne faut que de' la violence. pour
~étruire; il faut de la constance, ~u courage et des lumiè-
res pour édifier.
Nos travaux toucbeDt à le~r terme.
Le , vœ,u des Français, celui de toutes nos .assemblées
1,1at.io~a~s ser~ot remplis. Jusqu'ici la diversité des.cou-
tumes formait, dans un . même état, cent' états· différeo1.
La loi, partout opposée à elle-même, divisait les citoyens.
an lieu ~e les unir. Cet ordre de choses ne . sa.~rait eXister.

7 2 e· ··< ~m c c • mt
DB LA PVBLICATIOJf DBS LOI&.

plus long- tempi:·Des hommes, qui, à la voix puissante de


la ·patrie' et par un élan ' sublimé et généretlx ~ ont subite-
ment' renonQé à leurs privilégea et à leurs habitudes, pour
reconnaitre un intérêt commun, ont conquis le droit inap-
préciable· de vivre sous une commune loi. ·
C'est dans le mQment de cette grande et salutaire révo-
lution·dans nos lois, qu'il"importe de proclamer quelques-
unes de ces maximes fécondes, qui ont été consacrées par
tous 'les peuples policés, et qui lervent à diriger la ~arche
de toùte législation bien ordonnée. Ces . maximes sont
l'objet du projet de loi' que je présente; elles n'appartien-
nent ·à aucun Code particu~er; elles sont comme les pro-
légomè.nes de tous les Codes.
· ·Mais il nous a paru que leur véritable place était en avant
du Code civil, parce que cette espèce de Code est celle
qui; plus que toute autre, ·embrasse l'universalité des
chosea'et des ·personnes.

Publication des lois.

Dans un gouvemement, il est easentiel que les citoyens


puissent connaitre les lois sous lesquelles ils vivent et aux-•
queJles ils doivent obéir. ,·
De là, les formes établies chez toutes les nations pour la
promulgation et la publication des loi11.
On a cru de•oir s'occuper de ces formes aux.quelles l'exé-
cution des lois se trouve nécessairemenÙiée.
Il èst sans doute une justice naturelle émanée de la
raison seule, et cette justice, qui constitue pour ainsi dire
le cœur humain, n'a pas besoin de promulgatiob. C'est
une lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde,
et qui, du fond de la conscience' réfléchit sur toutes les
actions de la vie.
Mais, faute de sanction, la justice naturelle qui dirige
sans contraindre, serait vaine pour la plupart des hommes,
346 J>JSCUH101'fl , MOTIP!.> , etc •
.i la raison ne ee déployait avec l'appateil de la pw•aee
pour unÎI' les droits aux deyoin, pour S'Ubttïtuer J'ohliga•
lion l l'instioct, et appuyer, par les oommaodemeus· de
l'autorité, les iotpiratioo• là la natare.
Quand on a la force de faire ce que l'on •eut; it est dif..
flcile de ne pas croire qo•on en a le droit. On ee ré9ignerait
peu à se eoumettre à des gênes, si i'oo pou~ait avec impu..
ulté ee liner à ses peocb•s·
Ce que nous appelons le droit nà!"1'8l ne· eatlùait donc.
pas : il fallaf\ del commaodeme"9 eu ~ préceptes fo~
mels et coaotiFs. ·
On •oit clone la difFérenée qui existe entre1111erigle de
morale et une loi d'état.
Or' ce tlO'IJt les lois d'état qof ont beaoin a·~re premol-
gl1ffs pour devenir eskutoires : caf ces aort., de lois, qui
n•oet pas tellfoan exisf6, qui •baogient aouvent , ét qui ne
peuvent tout embrasser, ont leur époque détnmiaée et
leur objet particu.lier. On ne saurait être tenu de leur obéir
sans lils couoaîlre.
Sous l'ancien régime, la loi était une volonté du prince.
Ce.ue volo.~t~ était.·ametllée aµx eoun aonveraiaea, qui
~ient chargée. de la vérificetioo et da dépôt dea lois.
La loi o•étalt J:>Oint exécutoire dans 1iD rasort annt ci'J
aYOir été vérifiée eC enregistrée.
La vérification était un e.am.e. , uoe diaotl98iori cle: ta
loi ueuvelle. :Ille représentait 1a délibératiea · qcri el& de
l'essence de toutes les lois. L'enregilltremtDt Bait hl: tran..-
oription aar le regiltre de la loi 'fén'liée.
· Les COCll'I poaffient susp~odrePeo"8ilh'•JP.etâtd"-8 W
aa même)& rWu1er;·ellespoonieat modifier la loi ea •'•n-
weg~nt, et d•Ion e«t moiiicatiomi ~~t,..nie: cle
~·oi~e. 1 ' • " ·

Une loi,pouvait èt~ refusée par une COdr &0uveraiae •.t


aoceptée pàr uoe autre : elie po\l'AÎC t.tre
dherlement mo-
diOée par les divenea eoon•

.......r~•;•···-~-.~. . .z...,~,...., ...


DE LA PUBLICAtION J>M LO!lf.

· · Q lt!g{tfai.ioÙ marchait ainsi cl'WI wehimeelani, timide


ct-incel'lain. Dans cette confusion et dans ce eonftit de '\'0-
1ontés différentes, il ne pou.ait ·y avoir d'unité , de. cerfi.. .
tude ·ni de majesté dans les opérations du 1égislateut". On
.re sanit jamats si l'état était régi par la volonté générale,
Ôu s'il était livré à l'anarchie des Tolon~s particulières.
Tout cela te·n ait à la Constitution d'alors.
La Franee, dans les temps qtti.ont précédé-fa ré"Yolution,
pn§sentait JnOins one nation particulière qu'un assemblage
de nations divenes, suceeni"Yement réunies ou conquises,
dfstinele8 par le climat' par le sol, par les pri'Yiléges ' par
. les coutumes, par I& droit ei\'ft, par le droit politique.
Le prince gouvernait ces différentes nations sous les ti-
tl'es différeos de due, de roi , de comte : 11 aTait promit de
maintenir chaque pays dans 1189 coutumes et dans ses·fran-
chises. On sent que, dans une pareilte situation, c'était ua
prodige quand une mjme loi poOTait convenir à toutes les
parties de l'empire. Une marche uniforme dans la législa-
tfÔo ~i& donc iDipostiibJe.
· s•n n'y imait point d'unit6 dans l'exereiee du p0U'fOir
n
légielatlf'pat' rapport au fond même dei lois, ne pouvait
y en noir clans le mode de leur promulgation.
ChatJUe province de France formant un état à part, il
fàJlait pour natUTaliser une loi dans-chaque prQvince que
cette loi y fat · expres~ment acceptée et promulguée en
. Tertu de eette acceptation.
Il fallait doue dans chaque province une promulgation
particulière. .
Dans certaias ressorts, la ·loi était censéè promulguée,
et·elle de'fenait exécutoire pour tous les habitaos ·du pays ,
du jom qu'elle avait été enregistrée par le parlement tle la
pro'tince.
· Dans d'atllres 1'8llsorts, on ~ regardait l"enregistremeot
.dans .les cours- que comme le ëomptément de la loi consi-
dérée en elle-même, et non comme àa promulgation ou sa

. ·- - --- ---~-- ----· - . --


DfSCUNIO.!lfS. llOTIFS •. etc.
publication; On juge!lit _que l.a,foi:matjon 'de.la .l oi était con-
sommée par l'enregistrement; mais qu'elle n'était promul-.
guée que par l'e.nvoi aux sé~échaus~es et .~illiages, ~t
qu'elle n'était exé.c utoire, dans chaque terr.itQire, que du
jour de la publication faite~ l'audien~ pai: la .sén~c!i,ussée,
ou par le..bailliage de.ce tei:ritoire.
Les choses c~angèf'.eot sous l'assemblée.constitu;10te . .
. .Un décret de cette assemblée, du !1 ._ novembrc )!790,
porta qu'une loi était ·compl~te d~s. l'instaùt qu'elle.ayait
été sanctionnée par le, roi; qu.e la transcripJion et la _puJ>li-
cation · de la loi , faites par les corps adoûnistratifs.et par
les -~ibu~aux, étaient-~out!lS. également de .même .valeur;
et que la loi était obliga_toire du moment où }a p~bl~catioo
en avait été fai~, 110it par le ~orp11 administratif, soit pac
le tribunal de -l'arrondissement, sans qu'il. filt,nécessaire
qu'elle eftt été faite par. tous les deµx. . ..
Le même décret voulai~ que . ~a p..Wlication .fftt .faite par
lecture , placards et affiches.
La Convention ordonna l'impression d'.un .buUetio _des ·
loû,.et l'envoi de ce ;bulletin à toutes.les .autoi:ités .constj-
tuées. Elle. décida que, daus chaq\ie lieu, la prQmulgation
. de la l~i serait faite dans les vingt-qu~tre .heures. de ~a ré-
. cep~ion par une publicatio~ au son .de tro~pe ou de .t am-
bour, et que la loi y deviendrait obligatoire.à.compter d~
jour de la pr0o_:iulga~o~. La même a.sseDJblée ~ationale,
après avoir achev~ la Coustituti~n de l'an IV, et avant de
se séparer, fit, le u vendémiaire , un noÙveau décret sur
la promulgation et la pubÜcation des lois. Par ce _décret,
elle supprima les publications à s9n de tr~mpe ou ~u bruit
du tambour. Elle conserva l'usage d'un bulletin officiel que
le ministre de la ju_slice fut chargé d'adresser aux présidens
des administrations départementales et municipa).es; et
aux divers fonctionnah;es mentio,nnés dans le décret. Elle
déclara que les lois et acteulu Corps législatif obligeraient_,
dans l'étendue de chaque département, du jour au.quel le

.....~.........~.~~~ll!IÎll. . . .~~ :"'!11....................................... _...........


DB LA. p11BLICA.TION DES ~ors.

bulletin officiel serait distrfüué au chef-li~u du département;


et que ce jour serait constaté par Ùo ~egistrè oà .les a·d~i-·
nistrateurs de 'chaque.· d~pa~tement · certi~ëraient l'.a~riv~i:
de chaqùe numéro~ ..
L'envoi d'un bulletin officiel aux administrations et aux
tribunaux est ..e.ncore ·aujourd;hui Je mode que .l'on suit
. I .• . .
pour la promulgation et pour la publication des lois.
Dans le projet de Code ·éivil, les rédacteurs se sont oc-
cupés de cet objet ; ils ont consacré le principe qué les lois
doivent être adressées '.am ·autorités chargées de les exécu-
ter ou de les' appliquer~ : . '
Ils ont pensé ·qué les lois dont l'application appiutieiit.
aux tribunaux devràien't être ·exécutoires da~s chaque pa~tie
de la République du jour:de leur publication par les ·t ribu-
naux· d'appel,- et ·q ue les i~is adminÎstratives devraient être
exécutoires du jour de la·publication ·faite par les corps ad-
ministratifs.. · · .
Ill! ont 'ajouté que les iois dont l'exécution et l'application
appartieiidrâient à la foie auii: . tribunaux et à d'autres au-
torités, leur seraient respectivement adreisées' et qu'elles
seraient exécutoires, en ce qui est relatif à la compétence
de chaque àutorité·; dù jour de là publication ·par l'autorité
compétente. ·
Les avantages et les inconvéoiens des divers systèmes
ont été balancés par le gouvernement, et il a su s'élever
am véritables principes. ··
Une loi peµt'être considérée sous deux rapports : i• re~a-·
tivemlini à l'autorité dopt elle est émanée, 2° relativement
au peuple ou à la nation pour qui elle est faite.
Toute loi suppose un législateur.
Toute loi suppoae encore ·un peuple qÙi l'observe ·et qui
lui obéisse.
Entre la loi et le peuple pour qui elle est faite , il faut un
moyen ou un lien de éomm~ieàtioo : car il .est" nécessaire
350
que le peuple ache· ou puisse savoir · que fa lei existe et
qu'elle existe comme loi.
La promulgatiuD eat le, moyen de conatater l'~teaoe.
de Ja loi ~uprè1 du peuple, et de lier le peaple 'à i·obam:.va'
tioo de la loi. ·
Avant la promulgation, la loi-e~ parfaite relativement
à l'autorité dont elle est l'ouvrage; mais elle o•est point
·encore obligatoire pour le peuple en faveur de qui le légia·
lateur dilpoae.
La promulgation ·ne fait .pu la loi; maïa l'eUicuti.on ~
la loi oe peut copimeocer qu•après la promulgation de lai
loi : Non obligat le.r, nûi p_romuliata.
La promulgation eat la vive voix du légialateur~
En France, la forme de la promulgatiœ est cooslitu•
tioaoelle : car la Co~alitution règle que les loil 1eroot
promulguées, et qu•etlea le aero~t par le Premier Cooaul.
D'après la Constitution, et d'après les maximes du droit
public uoivenel, noll811-voas établi, daosleprojet, que les
lois 88l'aient exéoutoirea en vertu de Ja promaJgatioo faiie
par te Prepiier Consul•. Si la voix de co premier magistrat
pouvait retentir à la fois ·daoa tout l'uoiven fraiiçaia, toute
pncautioD ultérieure ·deviendrait .inutile. Mail la nature
même des choses résiste à une telle supposition.· ·
li faut poustaot que la ~malgatiOD IOÏt couaue ou
puiue l'être.
Il D'est certainement pas D~e&B!Ûl'8 d'atteindre· chaqee
iocli~ La ic>i pread lea ~ommea en O.U.e. Elle parle,
aoo à 'c:baque partMlulier,. m.aia au eœpa oo,iier de la 10-
ciété.
· Il 1t1tlit que les particuliers aien' pu ooonaUre la loi.
c•ut leur faute s'ils i•.ïgooreat quand iJ, _, pu e' dû la
connaitre, idem est scire aut sein: debuisse, a~ ~is1e.
L'ignorance du droit n'CJ:CU1!6 p11,1.
La loi était autref9il ua my11tèN jiilqu'à sa fonnation,

t
SS i
DB LA PtJBLlc.A.TlOlf DU 1.QIS. 351
Ellç était préparée duis les COD88ila seerets du prin.ce. Lors
.de la vérification qui en était faite p,ar les COU1'8, la dise~
· tioo p'ep était pas pubUquè, tout était déJ,-obé constam-
ment.à la curiosité des citoyens. La loi n'arrivait à la con.-
naissance des citoyens que comme l'éclairquisort du nuage.
4JJjourcl')lui il ei:i eat autreme~t. Toutes les ~iscussions
et J~tes le• ~élibération11 . se font avec solennité et en pré-
IJeQOO da public. Le législateur ne se cache jamaiS derrière
un voile. On connait ses pensées avant même qu'elles
eoient ,réduites eo. commaodemens. Il prononce la lol au
moment même où elle vient d'.étre formée, et il la pro-
nonce publiquement.
Un délai de dix jours précède la promulgation, et pen-
~* ee délai, la loi cii:cule dans toutes les p'rties de
l'empire.
Elle est donc cf.éjà publique avant .d.ètre promulguée.
~pendant, comme ce n'eat, là qu'une publication de
fait, oous avons ..:ru devoir encore garantir cette.publicité
4e ~it qui produiU'obl~ation et qui force · l'obéissanc~.
Après la pl'QD1ulga~ion, nous avons en ~n&équence mé-
nagé de nou-yeaux délais pendant lesquels la loi promul-
g•ée. clflps le. li4u où siége .l e gouvefnement, peut &tre
tUcceuivelJ'Cnt parvenue ju~u'aux extrémités de la Répu-
Wique.
On avait jeté l'idée d'un délai unique, d'un déliû uni-
ÎOl'ln4', apr~s lequt;l la loi aurait été? dans -Je même ins-
-t, exéç~ttiirépartonl.
Maja cette idée ne. présebtait qu'une ~ction démentie
par la réalité. Tout est auccessif dans la marche de la na-
~ure : to~ doit l'étra daua la ~arcbe de la loi;
ll eût été absurde o.~ iojuateque la loi fût sans. exécution
«Molle lieu d' aa. promulgation et dans les contrées envl-
ronnantes, par~ qu'elle il~ pouvait pas encore être. -<;Oi\-
-Jie daoa. 18' t*t~ le~ plut éloigoéet1 du territoire na·
Uooal. ,.
J>ISCVS8101'8 , MOTI.FS , .etc. :
Personne n'est ~migé de la dépendance des choses. On
l'est de l'arbitraire de l'homme.
J'ajoute que de grands inconvéniens politique• auraient
pu être la 1uite d'une institution aussi contraire àla justice
qu'à la raison, et à l'ordre physiqUe des .choses.
Nous ayons donc gradué les délais d'après les distances.
Le système du projet de loi fait disparattre tout ce que
les dilférens systèmes admis jusqu'à ce jour offraient de
vicieux. / .
Je ne_par.le point de ce qui se pratiqUait sous l'ancien
régime. Les institutions d'alors sont inconciliables avec les
nôtres. .
Mé,li& j'observe que dans ce qui s'est pratiqué depuis la..
révolution, ~D avait trop subordonné l'exécution de la loi
au fait de l'homme.
Partout' on exigeait des lectures; des transcriptions de
la loi; eÙa Io\ n'était p~s 'exécutoire avant ces transcrip-
tions et ces lectures. A chaque instant, la négligence ou la
mauvaise foi d'un officier public pouvaient paralyser la lé-
gislation,, ~~ ~ratld préjudice de l'État et des cit~yens.
Les traoscri,Ptions et les leetures peuvent figurer comme
moyens secbndaires, comme.précautions de sècours.
Mais ·n ~e fa~t pas que la loi soit abandonnée au caprice
des hommes. Sa marche doit être assurée et 'imperturba-
ble. Image deÏ'ordre ·éternel, .elle doit, pour ainsi dire, se
suïlire à elle-même. Nous lui ~eodons · toute son indépen-
dance, en ne subordonnant son ex,écution·qu'à des délais,
à des p~ê~ution11 commandées par la nature même:
Le plan des rédacteurs du projet de Code joignait aux
vices de tous les autres' systèmes un vice de plus.
Dans ce plan ; on distinguait les lois administratives d'a-
vec les autres; et, pour la publication, on faisait la part
des tribunaux et celle des administrate~rs, ·
Il fallait donc, avec un . pareil plan , juger chaque loi ,
pour fixer l'autorité qui devait en faire la publication.

2 m é >
, 1

bB LA Pl1BLICATI01' DBS l-OIS. 353


Cela.~t eD!l'alné des'difticultés loterminables, et des ques-
tions indiscrètes qui eussent pu -compr0mettre la dignité
-des lois. • ·
Le projet que je présente prévient tous' les doutes, "rem-
plit tous lea intérèts, et satisfait à toutes les convenances.

Effets rétroactif$.

Après avoir fixé l'époque à laquelle les :lois deviennent "


-exécutoires, nous nous sommes occupés des eft'et~.
C'est un principe général que les lois n'ont point d'effet
;rétroactif.
' A l'exemple de toutès nos assemblées na,tionales, nous
avons proclamê ce principe.
n est des vén"tés utiles qu~il nè sufiit pas de publier une
fois, mais qu'il faut publier toujow:s, et qui doivent sans
cesse frapper l'oreille du magistrat, 'du juge, du législa-
teur, parce qu'elles doivent cons,tamment être présentes à
teur esprit.
· L'office des lois est de régler ravenir. Lep.aisé n'est plus
en leur pouvoir. '
Partout où la rétroac~vilé des lois serait ~admise, non
ileulemeot la· stlreté o'existe~ait plus,, mais son ombre
même.
La loi naturelle n'est limitée ni par le temps, ni par les
lieux, parce qu'elle est de tous les pays et de tous les siècles.
: Mais les lois p08itives, qui sont l'ouvrage des hommes,
o 'existent pour nous que quand on l~ promulgue, et elles
ne peuvent avoir d'effet que quand elles existeo&.
La liberté civile consiste daoa le droit de faire ce que la
loi ne prohibe pas. On regarde comme permis tout ce qui
n'es& paa défendu.'
Que deviendrait donc la liberté civilè, si le citoyen pou-
vait craindre qu'ap~s coup il serait exposé au danger d'être
... 23

-- ~----....·
3!)4 . . DJ&CUffJOlJI • . llOTll'S •• etc.
recherobé dan.8 aes·actiom, ou troqf>lé dans aet droita·ac-
quia, par une loi p.ostérieure f
Ne confoQdons pas les jugemens a-yec les lois. Il est de
la nature dés jugeiuens de régler le pa&llé} parce qu'il• ne
peu-yent intuvcoir que sur de8 actions -0u-Yerle1, et sar des
faits auxquels ils appliquent les loia existantes. Mais Je
pané ne saurait être du domaine des fois nouvelles, qui ae
Je régissaient pas.
Le pouvoir législatif est la toute-puissance humaine.
La loi établit , conserve , change, modifie , perfeclionne.
Elle détruit ce qui est; elle crée ce qui n'est pas encore.
La tête d'un grand législateur est une espèce d'Olympe
d'où partent ces idées vastes, ces conceptions heureuses
qui président au bonheur des hommes et à la destinée des
empires. Mais le pouvoir de la loi ne p_eut s'étendre sur
dea choses qui ne &ont plus' et qui ' par là même , sont
hon de tout pouvoir.
L'honu~e, qui n'occupe qu'un point dans le temps.comme
dans l'espace, serait un étre bien malheureux, s'il ne pou-
vait pas se croire en sûreté , même poul' sa vie passée !
pour cette portion de son existence, n'a-t-il pas déjà pot~
toul le poids de sa destinée? Le -paesé p~l\t laisser dea re-
grets; mais il termine toutes les incerti\udes. Dans l'ordre
de la nature, il n'y a d'incertain que l'avenir, et encore
l'incertitude est alors adoucie par l;espétao.ce, celte com-
pagne fidèle d~ notre faibleHe. Ce serait empirer la tria~
condition de l'humanité, que d.e vouloir changer, par le
système de la législation, le système de la nature, et de
chercher, pour un temps qui n'est plus,·à faire revi~Qoa
craintes, sans pouvoir nous rendre-nos espérances. ·
Loin de nous l'idée de ces loi.a à deux faces, qui, ayant
saDI ces&e Un œil SUr Je paué, et l'autre Sur
l'avenir, ~
sécheraient la IO'l;lrce.de la QOR~e, et·deviendraieoa-un
principe éternel d'jnjustice, ·de boulev~ment' e~ d• déa-,
ordre. ·
I>& LA. P'llBLICATION D.11 LOIS. 535
Pewquoi, dira-&.,on, laiuer impuaisdea a.bus q:oi e:ûs-
taientayantla foi que l'on promu!pe pour les r.éprimerP
Parce qu'il ne faut pa1 que le remède soit pjre~e le mal.
'J'ou&è foi nait d'un abus. Il n'y aurait donc point de loi
qui ne ddt être rétroactive. Il ne faut point.exiger que les
hommes soient avant la loi oe q!l'ils ne doivent devenir .
que par elle,

Lois <Je p<>à'<:e et de sûreté.

Toutes les lois, quoique émanées du même pouvoir, s


p'ont point le même caractère, et ne sauraient conséquem-
pient avoir la même étendue dans leur application, o'est-
à-dire les ~mes e.fîets; il a donc fallu les distinguer.
. Il est des lois, par éxemple, sans. lesquelles un état ne
pourrait subsister. Ces lois' sont toutes celles qui main-
tiennent la polie~ de l'État, et qw veillent à sa sûreté.
No~1s déclarons que des lois de cette impottaneeoblig~ot
indistinctement tous ceux qui habitent le territoire.
Il ne peut, à cet égard, exister aucune différence entre
ltll citoyens' et les étrangers.
' Un étranger devient le sujet çasuel de l~ loi du pays dans
lequel il passe, ou dans lequel il réside. Dans le cours. de
Îon voyag~, ou pendant le temps plus ou moins long de sa
résidence, il est protég~ par cette Joi : il doit ~no lit res-
lM'oter. à son tour. L'hospitalité qu'on lui do~ne apptille. et
force sa reconnaissance.
·D'autre part, chaque état a le droit de veiller à sa con-
servation; et c'est dans ce droit que réside la souveraineté.
Or, comment un éta~ pourrait-il se con~erver et se. mam-
~nir, s'il existait dans .son sein des hommes qui pusaeot
~puné~ent enfrc~iodre sa police et troubl~r sa tranquil-
lité ~ Le pouvoir souverain ne pourrait remplir la fia (>OUI'
l_aquelle .il est établi, ai des ho6unea étrangers ou natio.
oaux étaient indépendant de ee pouvoir. ll ne ~t être
\

:a3.
.

~ ........·~ - --:· _ . --- ·""-::~~--


-
566 DllCIUIOJrl , KOTll'I , etc.
)imité, ni quant alix chosei , ni qoaot aux përeonnes: Il
n'est rieu s'il n'est tout. La qualité d'étranger ne saurait
être uoe exception légitime pour celai qui s'en prévaut
contre la p.uÎllaoce publique qui régit le pays dans lequel
fi réside. Habiter le territoire, c'est se 10UD1ettre ·fl la aou~
veraineté. Tel est le droit politique de toutes lea nations.
A ne consulter même que le droit naturel, tout holDllle
peut repouuer la violence par la force. Comment donc ce
droit, qui compète à tout individu, 'serait-il ·refusé aux
grandes sociétét contre un étranger qui troublerait l'ordre
de .cet sociétés P Dea millions d'hommes réunis en corps
d'état eeraient-ila dépouillés ·du droit de la défense mitu~
reUe, tandis qu'un pareil droit est sacré dans la personne -
du moindre individu?'
Auui, chez toutes les nations, les étrangers qui délin•
quent sont .traduits devant les tribunaux do pays: ·
Nous ne parlons pu des ambauadeun; ce qui les con-
cerne est réglé par le droit det gens et par les traitée.

Lois peraonnelles.
S'agit-il des lois ordinaire8 POn a toujours distingué celles
qui sont relatives 6 l'état et à la capacité ·des personnes~
d'.a!ec celles qui règlent la diip0sition des biens. Les pre-'
oûères sont ·appelées personneUes; et les secondes réelles.
Les lois personnelles suifent la· personne partout. Ainsi
là loi française, avec des yeux de mère , suit les Français
j111que dlns les régions les plus éloignées ; ~lle les suit jus-
. qu'aux extrémités du globe. · ·
.La qualité de Français, comme celle d'étranger, ·esi
l'auvrag~ de la l!lature ou celui de la loi. On est Français
par la nature, quand on l'est par sa naiuance, par son
origine. On 1~e1t par la loi, quand on le devient en reJD-
pli818nt toutes. les conditions que la loi preacrit poâr ed'a-
cer les.vioea de la naiuauco ou de l'origine.
.

nm &?? 7 r ï
' DB LA PUBLICA.TI01' DBS LOIS.

Mais il suftlt d'être Fr~açais P<>ur être régi par la loi


française, daas lc:iut ce qui concerne l'état de la personne.
Un .Français ne peut faire fraude aux lois de· son pays
p0ur. aller contracter mariage en pays étrangers sans le
consentement de ses père et mère, avant l'âge de vingt-
cinq âns. Nous citons cèt exemple -entre mille autres pa-
1'.tlils, pour douner une idée de l'étendue et de la force des
lois personnelles. ·' . · , . .
Les différeas peuples, depuis les progrès du commerce
et de la civilisation, ont .plus de rapport entre .eux qu'ils
n'en avaient autrefois. L'histoire du commerce est l'his-
toire de la communication des hommes. Il est donc plus
important qu'il ne l'a jamais été de fixer la maxime que,
dans tout ce qui regarde l'éta~et la capacité de la personne,
le ,Français , quelque part qa'il soit , continue d'être régi
par la loi française.

Lois réelles.

Les lois qui règlent la dispe1ition des biens sont appelées 1


réelles: ces loierégissent les immeubles, lors même qu'ils
sont· poiiédés par des étrang-en.
Ce principe dérive de ce que les publicistes appellent
le domaine 'éminent du 1oullt!rain.
Point de méprise sur les mots domaine éminent; ce serai a
une erreur d'en conclure que chaque état a un drqit uili-
'Yenel de propriété sur tous les biens de son territoire.
Les mots élomaine éminent n'expriment qu" le droit qu'a
la puissance publique de régler la disposition dés biens par
des lois civiles, de le'Yer sur ces biens des imp6ts propor-
tionnés aux besoins publics; et de disposer de ces mêmes
biens pour quelque &bjet d'utilité publique , en indemni-
sant les particuliers qui les po•deut.
Au citoyen appartient la propriété , et au souverain l'em-
. pire. Telle est la mUime de ~ les pays eJ de tous les

'
358 J)JSCtlllJ01'•' KOTIF•' etc. . .
tempe; mai• Jee prepriétéa particulières des ciloyéos, ~-
11lel et contiguës, formenlleterritoire'pablie d'an ~t; et,·
.ela&iyement aux nations étrangère&, ee territeire forme
•. teol tout, qui eat sous l'empire du souverain ou de l'E-·
tat. ta aounraineté est ua choit à la fois réel et peraoo-
oel. ConMquemmeot, aucune partie du territoif& ne pent
être aomtraite à l~administration du souverain, ·c omme
aucune persooi;ie habitant le territoire ne peut être sous-
kaite à sa auneillanoe ni à son autorité.'
La souveraineté eat indMsible. Elle cesserait de l'être, si
lea portions d'un même territoire pouvaient être régies par
des lois qui n'émaneraient paa<lu même souverain.
n "est dono de l'eMeDce même 'des choses' que les im-
meubles, dont l'eottemble forme le tenitoire publie ' d'un
peuple, aoieat e:i:oluswement légis par les lois de ce peu-
ple, quoiqu'une partie de ces imm.eubl~ puiue être pos-
aédée par des étrangers.

Règles paur les f Uffes.

4 Il ne.au161ait paa de parler des·etfets priaoipawt. dœ lois~


il fallait encore présente~ · aux juges quelques règles d"p-
plioat,ion.
La justice est la première dette de-la souveraineté; c'est
pour acquitter cette dette aaorée · que les tribunau aont
é.,.blis.
Maïa les t.ribunaus ne rèmpUraient pa&. le but de ·ieuo
~blU.ement, si, sou prétexte du ailence, de .l'obecurité
ou de. l'iosut1iaance de la loi, ila refuaaiont de jugm:. y. n
avait des juges avant.qu'il y eât des loia, ~t liici loi8,Qè peu.;.
· veat prévoir toua. le. cas. qui peulent s'offrir aux. jugu..
L'admioiatratioa de'la. jualice. serait dono ·perpëtueile1D8nt
interrompue, si un itJS•·s'abatenl'it d& juger toutes 18' fais.,
que la aontelllalion qui lui· OJ&-.soJ.UDÏ8a ·ora. pu ét6 ·prévue
par uae.loii11 ·

7 •
DB LA PtlBLICATJON DES LOIS. 359
.L'office des \ois est de stataea: ·sur les cas qui arrivent le
plus fréquemmen~. Les accidens, les cas Co~uits, les cas
extraordwaires, ne sauraienl être la matière d'une loi.
Dans les choses même qui méritt)nt de fixer la sollici-
tude ~u législateur, il est impossible de tout 6.i.er par des •
nstes prêeises. C'est une sage prévoyance de penser qu'on
ne peut tout prévoir. ·
De plus, on· peut prévoir une loi à Caire sans croire de-
voir la ·précipiter. Les lais doivent ~tre préparées avec une
sage leôtem. Les états ne meurent pas; et il n'est pas ex-
pédient de Caire tous les jours de nouvelles. lois. ..
Il est donc nécessairement une foule de circonstances
dam ie8cJuelles un juge se trouve saris Joi. Il fairt donc iais-
11er alors an juge la faculté de Btippléer à ra loi par les lu-
ntlères naturelies de la droiture et du bi>'D sens. ilièn ne Se·
rait plus puéril qne de vouloir prendre de8 précauticins suf-
flfan1~ pour qu•un· .juge n'dt jamaüi qu'un texte précis à
appliquer. Pour pré'fén·tr ies jugemens aTbmaires, on ex-
po~l'ait Ja: société à miDé jugemenw iniques ; et, ce qui est
pis, on l'exposerait à ilë poi:rvoi~ plus sé faire rendre jos-
tic6; et avee la folle idée de décider ious les cas; .on ferait
de la législafion un dédale immense, daus lequel la mé-
môire et la raison se perdraient également.
· Quand: la loi se tait, la raition D'aturelte parle éncore : si
la préV()yance des législateurs ést limitée, fa nature èst infi-
nie: elle s'applique à tout ce qui peut intéresser les hom-
mes : poarquoi ·voudrait~oo .méconnaitre les ressources
qu'elle nous ·offre? · ·
NoU'S raisonnons comme si les légi'slateun étaient des
di~u:t, et comme si les juges n'étaient pas même des'
&ommes.
De tôns les temps on a dit'que l'éqtti(é était~ ~tipplé­
meôt des· loi's. Ot, qu'ont voulu dke les jurisconsultes to-'
mains'; quand·ils ont ainsi parlé de l'équitéi' .
Le m~\ équité est susceptible de diverses ~cceptions.
.»UC:VttlOlfl, MOTIFS, e&c.

Qoelquelois il ne désigne qiie la 'folonté constante 4'~


juste, et tians ce aeos il .n'exprime qu'une vertu. Da.q•
d'autre.e ocoaaions, le mot éq1Ulé désigne une certaine ap- .
ti&ude ou disposition d'esprit qui distingue le juge éclairé
de celui qui ne l'est pas, ou qui l'est moins. Alon l'équité
n'est, dans le magistrat, que le coup-d'œi• d'UÙe raiaon
~ercée par l'observation, et dirigée F, l'expériençe. Mak
tout cela n'est relatif qu'à l'équité morale, et non.à cette .
équité judiciaire .dont les juriaconsultea romai~s ae ·•ent
occupés. et qni peut être définie un retour à .la loi . na~u­
relle, dans l~ silence, J'ubtouriU, ou l'jnsuftiaa~ des lois.
positives.
C'est cette équit! qui est le Yl'lli aupplément de la Jégi.-
lation, et sans laquelle le ministère du juge, dans .le plutf .
grand ~omb~e des oas, de'fiendrait impouible.
Car il est rare qu'il ·naisse cJ,es contes~tions sur l'appli-
cation d'un texte précia. C'est touiours parce que.la loi est.
obscure ou insuffisante, ou ~ême paroe qu'elle ae t,ait,.
qµ'il y a matière à litige. Il fa~t donc fNe Je juge ne •'ar.réte.
japiais. tJne flU~tion de propriété ~ peut demeurer in~­
cise. ~ pou'foir de juger n'est pu toujqurs dirigé dans
son exe~ice par des précepteJfor~ls.11 l'est par des maxi-
mes, .par des usages, par des exemples, par la dOctrh,le.
Aussi le 'fertueux chancelier d'-"gue11eau disait très-bien
que le temple de la justice n'était pas moins consacré à la
science qu'aux ·loia, ~t que la 'féri~ble doctrine, qui coo.-
siste dans la. connaissance ~e l'esprit des lois, est l!Upé-.
rieure à la connaissance des lois mêmes.
.Pour que les aft'airea de la société pui111ent marc:Jier .- il
faut donc q~e le . juge. ~it le droit d'interpréter les lois et
d'y suppléer. Il ne peut y avoir d'exception à ces règles
que pour les matières cri~ellea: et encore, dans ces ma-
tières, le juge choisit le parti le plns dooi:, ai la loi est o._
cure ou insuffisante, et il abeoot l'accusé,. si la loi se tait
sur le crime.

,
i

""- -~ ·-- -- -,; ;.- . . . -------------=----


DB LA. PtrlLICA.TIOl'f Dll LOIS. 561
. Mals en laiseant à l'exercice du ministère da juge toute s
la latitude convenable, nous lui rappelons les bornes qui ·
dérivent de la nàture même de son pou'foir.
Un juge est a880Cié à l'esprit de législation : mais il ne
aaurait paJ18ger le pouvoir légialatit· Une loi est un ~cte de ,
souveraineté, une· décision n'est qu'on acte de juridiction .
ou de magistrature.
Or, le juge deyiendrait légialatem, s'il pounit, par des
~lemen•, statuer sur les questions qui s'oft'rent à son .
tribunal. Un jugement ne lie que les partieeentre lesquelles"
il intervient•.Un réglement Herait toue les jueticiables et le
tribunal lui-même.
D y aurait.bient6t autant de l~latioas que de reuorte.
Un tribunal n'est pas dans une région assez haute pool'
délibérer des réglemeos et des .lois. Il serait circonsorit
dans ses vues comme ill'~st dans.son territoire; et ses mé-
prises ou ses eneurs pourraient être funestes au bien pu-
blic. .
L'esprit de judicature., qui est toujours appliqué à des
détails, et qui' ne prononce que.sur des intérêts parliou-
liere, ne pourrait IOtJvent 1'accorder ·avec l'e1prit du légis-
lateur, qui voit les ch0eee plus généralement et d'une ma-
nière plue étendue et plue vaste. t ,
Au 1urplue, les pouvoirs sont réglée; aucun ne doit
franchir ees limites.

.
ConPentio111 contrdiru à r ordre pu/Jlic et auz bonnes
11I01U1'8•.
"

Le dernier article du projet de loi porte qu'on ne peut '


déroger, par des conventions particulières, aux loi,s. qui
inté1'8886Dt l'ordre public et les bonnes mœurs. Ce n'est
que pour maintenir l'ordre public , qu'il y a des gouverne·
meoe et des fois.
Il est donc impouible qu'on autorise entre les citoyens
56s :l>llC11ff101'5 • SOTIFI ' elc.
d8 COD\'entlont capables d'altérer oa
de compromettre
l'eNie public.
Dea jurisconsu1tetl ont. poo886 le délire jUsqn'à croire que
d• particulien pouvaient traiter entre eux comme s'ils
•h'aleat dan11 ee qu'ils appellent l'état de .nature, et
consentir tel contrat qai peu.t convenir à leurs intérêt&,.
comme s'ils n'étaient gênés par aucune loi. De tek eon-
tra.. , diseaf.Ds, ne peu'fent êtrè protégés par des lois qu'ils
oSeasent; mals comme la bonne foi doit être gardée entré
det partiee qni se IOôt engagéet réciproquement, il fau-
c1nit obliger la partie qai refuse d'exécuter le pacte à
fonroir par équivalent ce que les lois ne permettàient pas
d'~~ en natate.
Tntes ces dangereuees doctrines , fondées sur des ~ub­
. tilltâ, et éventfes des maximes ·fondamentales, doivent
dbparattre devant la sainteté des lois.
I.e maintien de l'ordre public dans une société, est la loi
auprême. Protéger des conventions coutre ce•te loi, ce -se-·
rait placer des volontés partioalières ae-dessus de Ja -ro-
lonlé générale, ce serait din~ndre l"État.
·'Quant aux con'fentions contraires au bonnes mœur&,' ·
- elles soot prollc'rites chez toutei les nations policée&; Les
_,.nes mœun peuvent suppléer les bonnes lois : elles sont·
le 'féritable ciment de l'édifi'ce 8ociat Tout ee qui les of-
fense, offènse la nature et les lois. Si on pou'fait les blesser
par des conventions, bientôt l'honnêteté publique ne se-
rait plu1 qu'un ".âin nom, et toutes· les .idées d'hon-,
de 'fert. de justice, seraient 'f'81Dplacée8 par les lâches
combinaisons de l'intérêt penonnel , et par les calculs du
vfce. I

Tel est le j>r6jet de loi qui est soumis à. votre sanction.


If n'offre abcune de ces matièl'és vrnblèmatique' qui ptru!:
vent prêter à l"'etprit dt système. n rà1>f>elle toutes les
grandes maximes des gouvernemen1 : il les ·fixe , il les con-
~creo ~eet à vous, citoyeo1 légi8Jateurs; à leB dt!ttéU~r (iàr

- "'·"'
- - - - - - - - ·----------- - -- -

DB L~ PV'BLIC.&TIOff DBS LOU. 3~5

vonua'ragŒ. ·CJaacrue loi ,no&V'elle f(lil ~nt! à promulguer


m.: \lérita utilee affeimit la prospérité de l'État et ajootè
à •o&re gloil'e.

te Cori)s léPslatif arrêta que le pl'ojet présenté par les


or~teurs du gouvernement serait t~ansmis au Tribunat pa.r
un message. La com!l'uoieation se fit le 5 veotose an XI •.
et la section ~e législation fut chargée de rexamioer.

·COMMUNICATION ·OFFICIETJ.E . AU TRilIDNAT.

liPPOB.T F.UT. AV 1'0M DE LA SECTION DE LÉGIS~TIOlf,


PAa· r.a TU11qt GilDXU.

( Séa•ce cl119 nalose 111 XI. - •8 fnrier 1803.)

.TribUBa, le projet ·da: ti.!re pi;élimillaire du Code ci.vil .


«11t préuoté à Yotre disouuioo.
Vous eu avez reovoJé,l'examen à votre section de légis-
}fltion. Je vien9) eo son nom; vous soumettre- les idées
qu'elle s'en est formées.
Ce Code est l'analyse des méditations des. savans iu.ris..
oonaultes, des tribunaux -et des ,bommes cle génie, qtti,
aeisisaant l'eese~le des rapportsdes.oitoyeoa entre eu:r;et
avec les choses, ont composé un faisceau de règles dont
l'observation cleviendra la morale .universelle, censolidera
lea fortunes partù:ulières., et stabilisera la prospqitQ pu-
bliq.ue. .
Le titre' prélimin~ire coµapreod peu d'article•; mais il
n'en est pas moins ilÎlportaot. Déterminer Je mode de pu-
blication de& lois, régler l'instant où elles obligent ohaque ·
{lit&J~n ,. fixer le Boint de vue. soua lequel elles. doiyent ~tre.
conaidé.féea. qua))t. à leurs. effets . et. ~ ~qr appµcatioD : tel
e1t le but de ce. titro.
364 1>11c:11ss101's. •o:r1n. etc.
. Cea articles JOnt a~nt de diapo,litiou générales. qui ;0nt
un point de contact avec toutes. les lois.. Lenr applioalipn
dépend, soua un rapport eaentiel, de ces .dilpositions,
comme d'un ttgulateur général; et si e~es s'écartaient, en
quelques points, des véri~és immuable. qui doiv.e nt .être
les principes fondamentaux et. préliminaire• de toute lé-
gislation' il est aiaé de aentir oomhien les ~ntéquences en
seraient funestes.
L'article 1er est ainsi conçu :
• Lei lois sont exéoutoiree dans tout le territoire .fran-
• çaia , en vertu de la promulgation qui en est faite par le
• Premier Consul.
• Elles _seront exécutées dans chaque partie de .l a. Répu-
• blique, dn moment où la .,Promulgat,ion en pourra être
• oonnue.
· • La p~mulgatioo faite par le Premier Consul sera ré-
• potée connue dans le département où 1iégera le gou'ver-
• nement, un jour aprèe' celnf de la promuigation Î et, ~
• dan1 chacun des autres départemeos, après l'expiration j
• du même délai, augmenté d'autant de joun qu'il y aura 1

• de fois dix myriamètres (environ vingt lieuei) entre la


•ville où la promulgation en aura été fàile, et le chef-Heu
• de chaque département~ • ··
Le premier paragraphe de cet article n'a rièn présenté
à la section de contrairè à la Constitution, ni à-la d~nÙé
de la loi. . . .
Ce n'est pas de la promulgation qu(I la loi tient son exis-
tènce ; elle a exiaté auparavant!. Mais il ne éuftit pa1 qu'ellj'
~te, il faut qu'il y en ait une preuve authentique ; et
c'est cette preuve qui sort de la promulgation. .
C'eit seulement cette promu~~tion qufa~e1t~ au,c0rps
social l'exiatence de l'acte qui constitue la loi, et que cet
acte est revêtu de:toutea les formes 11001ti~Ïionnelle1.AJors­
seuieme1U la loi parait armée de toute 1a force, et com-
mande l'obéiÙanoe pour l'imtant où elle sera connue•

•• •• .,,.,J!l!ri,.-
DB LA. P'OBLICIA.TI01' DBI LOll, 565
S'if est donc vrlii que la loi.ne reçoive tous ces caraotèrei
que par la promùlgation, on a pu dire que les lois sont e:&écu-
toires dans tout le territoire français en -vertu de la promulga-
tion qui 'en ·est faite par le Premier Con:sul. Il serait bien diffi-
cile de saisir une différence réelle entre. ce• .expreaaionil
en '-vertu de la promulgation de la loi, et Cenès-ci après, ou
d'après /a promulgation.
llelati'fement aur deux autres paragraphes de l'article,
avant de les examiner, il est à propos de rappeler un prin-
cipe· élénieataire en ce qui concerne l'exécution ou l'obli-
gation· d~ la loi. · ,
C'est qu'en même temps que tous les législateurs ont
consacré le ·principe que la loi .ne· pouvait obliger sans
qu'elle Cdt connue, ils ont senti l'impoHibilité de se procu
· rer la certittide que chaque parliculier eiit eu réellement .
cette connaissanoe ••On ne pouvait la noti6er à chaque in".'
dividu; et ·é'e\\t été rendre la loi illusoire que de laisser à
Chaque nieoibre de la aooiélé la faculté de s'y 80Ultraire,
en alléguant qu'il l'avair' ignorie.
En éonléquenoe, tous les législateurs ont établi une ·p~
somption de droi&, équivalente à une certitude, que la IOi
a été ·connue de toua, après l'obaenjltion des formes ad-
miies pour sa publication. Un individu qui ·ignore la loi
doit •'imputer d'avoir· négligé les moyens de la connaître.
Il y a aan~ doute bien moins d'inconvénient à ce qu'un
citoyen .soit lié par une loi qu'il n'a pas connue, lorsque
toua les moyens de publicité ·o nt été pria, qu'à laisser la
société sana loi ; ~u , ce qui est la même choae , lui d~ri­
ner des lois que chacun pourrait violer impunément, sous
prétexte d'ignorance.
C'est avec un grand sens què Domat, dont l'on'V'rage est
le recueil des principes les plus a\\rs en matière de législa-
tion civile, s'est upliqué aur la néoeuité qu'il y a que. les
lois soient connues pour qu'elle• obligent, ~ Toutei les rè-
• glea, dit-il, doivent être ou connuea, ou tellement ex-
iG6
c.poléea.àJa CIODO,.illiloœ .~ tout~llaOade, Cf88 penoane
.• 'a e puiue impuoégaeaty cout.revenir 1em pré&eil;te de lea
• igao.rer.
• .4in1i, le• ~ea naturelles é'8.Dt denériléa immuablea
•dont la conœiu~nce eat eueotiell.o à la ai~a, oo ne
• peut dire qu'on Je1 ait igporéel, COIOme.on ne peut dire
•qu'on ait manqué de la raison quiJe1fait coODaltre. ,
, • ~ais le1 loil arb$trairea n'ont·Jeur. elfet qu'&pft• ciue le
• Ugillateur a/ail tout ce IJIÛ est possillle pour leelaire .ocm..
• oaltre; ce qui 1e fait par lei voies-qui 10Dt ea 1191tp po1111
• la publication de ces sortes de lois; et, :~rè& · qu'elles
• IOD& publiée& 1 Oii les tiant pour COIUIUU a toua le 1110fUle, et
~ ellea oblige~ autant.ceux qlli.prét~Mai4,., ks ïpqrer, 9'"'
• ce14.r qf4Ï les 1aPe11t (a). •
Le Wgillateur · ferait dono dee et'ollb impcüuao., quelll
qu'il• fu89f3nt, •'il olaercbait le moyeSJ . d'attester de ·fait
fJUO cbaquc iadividu a eu les oreille1 frappées de la ~oi.
Ne la renclre obliga&oire qu'à nue époque où l'on paiue
avoir une juate présomptipn q11'elle eat général~nt con-
nue; 11181W'81' Io lem.Pl' daDB lequel elle doit l'étre, de. ma-
taière qu'oJJ oe puille, eatre llil pre>m~)gation et 10D ~eu­
tioD, pratiquer dei fraude1 pour l'éluder j mai1-1urtout faire
p IOl'te que la loi détem:üne, d'ap~ dea règle• me.,
l'é_poqueclua miHea aoUoa 1ur leadiftërenspoiotsqu'~e
riel', eo railou de1 di.aaueee, aaoa tfU6 cette mi8e en ac-
.ion dépende du plua QU lllOWI d'exaotitwle des différeotea
autori&U looale•: telle ea1. cüoyeu tril>um,.la tâche du
légitlateur en .ceue matitre.
kamioou donc quel eat œ.lu~ dea IJB~ pt0poM&
juaqu'à préleot, dont on puisse le plm raiacmnablement
eepérer \out œ1 aw~•Ugei.
On peut lei nduire à troil.
1 •. La publieadon opéric a~ent aqr tou ..le9

,., ............... ...:,.


»• LA. PUBLACATl~l'f Dll J.PJ8. · 3$7
poiut• de ·la :&épubliqoe, et au Plê'dl(} ipataa4, par le 1-pa
d'un délai.quelconque, à coinpter de la promulgatiOP fiaï&e
par le Premier Consul.
~·. Le inode de publication opéré-e de droit, mail pro-
gressivement sur les différens points cle la République, à
raison .de11 distances , eq par~nt toujours de la promulga-
tion , qui e11~ éelul propo11é par le projet de lqi. ·
5°. La publication matériell~, si on pe11t· s'mpriœer
ainsi, .qui \lUraiC lieu par la lecture de la loi aux audiences
de• tribunaux. ec par la transoripti<tn aur les .registres.
Comparons d'abord les .avaatages et les inconvéniens
c\e8 deuJ prerp.ien modes. Les réfiexioos qui sortiront na-
turellement de ce parallèle feront aillément juger que l'ua
ou l'autre de ces deux p.-emiers doit être nécessaire.ment
ttltop&é• .
Le systèuie de l'action .de la loi, au·•ème moment, sqr
&ous les points de la République, a Séduit de très•bons e&-
prits,
· l\appelona en aubstaace la. raisons sur lesquelles on le
fonde. · ·
On a dit qae l'llDifennité du délai·est simple à concevoir
et faoile à reaeair ~
·.Qu'elle dispea•e d'ét.udier le ta,U que nécleeeite le mode
. progrenif;
Qu'il y a, à la 'féfit6., un inconvénient, en ce que l'e.i4·
eutioo de la loi seraitquekaudOis trop re1a?dée; eu on CO•
1ien.t qu'il doit toujours y avoir, à oomp~r de·Ja promulg--.
tion, un délai suffisant pour que la loi puisse être·cooaue
du pamt central à l'ex•rémilé de cbaçun de& •yona; mais
41\ioo.poutraity re&lédienn faisa•t diroplJr 14 loi'qu'ello
pourrait, sefon les cas., fix~ l'époque de eoia exécqticta
avallllt le déla( _
ord.Waire;
~ Q~'l:\U 1urpJQ11,· oct b,aco.ovénient n" pol'leratt poiat ""
les lois faoultl.aives et llU' oe1Je1 .CJllÏ agia80llt U.clépeda.œ·
ment do la "ffloll&é do· l'homme, couuae 111r oeJlee ·tJUi rè-

,
·W 1>uevss1011 , •oTrn , etc.:
glent l~ sucèeeeions. Le retard du momènt où eiles devfen-
nènt obligatoires ne ·blesse que l'intérêt particulier' et non
l'intérêt génér1tl ; ·
Que cet inconvénient, s'il &'fait quelque con1ittant>e,
serait racb~ par tant d'autrea anntagel;
. Que l'intérêt général vfl1lt que l'exéoution de la loi com-
mence à la meme épo,(ue dana toatea lee partiea du pays
-pour lequel elle eat.-faite; ·
Que là où les hommes ~nt égaux en droits; ils doivent
toua être 1oumia, au même moment, à l'empire de la loi,
quelle qu'elle soit, rigoureme ou favorable;
- Qu'en Angleterre, et dan1 toutes lei partie• de l'.lméri-
que, on ne •'est tamaie écarté de ce principe; ·
Qu'il. serait étrange que, le meme j«>ur et au mêm.è mo-
ment, la peine de mort ee t10uv4.t abolie pour une partie
de la France; et subtietât p0or l'autre: ce qui arriverait
avec le délai succeuif.
Enfin, on suppoee qu'un fait, qui juequ'alon n'aurait
point été compris dans la claue des crimes, Mt qualifié tel
par une nouvelle loi : quel serait l'efl'et du délai aucceBaifP
Le même acte , con:imis le même Jour, peut-être à la·même
heure·, dans deux endroits dift'érena, et sépara 1eulement
par une rivière o• par un chemin, ol'rirait d'an côté ·du
chemin ou de la rivière un crime à punir, et de l'autre un
-IÎIDple délit,, 1ueoeptible d'une bien moindre peine. D'où
. cela proviendrait...il P Uniquement de ce que CC1 deux o6tét
appartiendraient à deux pabate cWlëreos de l'écheµe de
progression.
' Je ftia exposer lei réponsee dont la ICCtion a cru que
' ces objectiom étalent IUICleptiblee, et il en sortira toua 168"
avantages que présente le mode progreeeit:
Si la loi ne peut être obligatoire avant qu'elle soit ooo-
nue, il eet éplemeot certain qu'elle doit être obligatoire
dès l'inetaot cpa'elle l'eet. Son action ·ne peut ê~ 1111pcn-
due : on croit que oe lont là d~ priaoipu oomtane.

_ _.: - ...
DE LA PUBl.ICA'tlOl'f DES LOIS.

Or, l'.idée de rendre la loi obligat'?ire , au même ~


ment, sur toua les points de la Rtpublique, attaque de
front ces deux principes.
Ce système suppose, en effet, que la loi est connue par-
.tout a11 JD.éme instant; mais cela n'est point,,et il n•y en' a
pas de pouibilité.
Qu'on remarque ensuite l'inconvénient majenl' qai lé~
-11ulte de la longueur du délai qui s'écoulera depuis la pro-
mulgation jwrqu'au moment où la loi deviendra obliga-
toire!
· Ce délai dcnait être en proportion de la distance du liea
où serait promulguée la loi, jusqu'à l'extrémité du plus
-long des rayons : ou , ce qui est de même, en proportion
du temps qu'il faudrait -pour qu'on pdt présu1nel' que :la
connaissance de la loi est parvenue à cette extrémité. Cc
délai ne pourrait être moindre de quinze jours; ce qui,
avec les dix jours qui s'écouleraient entre l'émiuion de la
loi et sa pr<Jmulgation, emporterait vingt.cinq joun. Et l'on
voudrait qu,e pendant ce temps la loi fllt sans action , quoi~
que con11ue P Cette mesure serait non seulement trop pe·u
conforme à la d.igaité de. la loi, mais encore ce aerait inviter
à l'éluder en tolérant d~s fraudes qu~ l'on n'a que trop à
.,.-aindre de la cupidité.
. Cel inconvénient a élè si Men . senti par ceux qui out
conçu ridée de .donner·à la loi sen action, an même ma.
ment, sur tous les points de la llép11blique, qu'ils ont été
forcé1 de dire que l'on pomrait y Pemédier en ..voulant
qu'elle pût, selon les cas, fixer l'époque de son exécution
avant le délai ordinaire; aveu qui , seul , fait absolument
crouler le système.
On ne saurait voir que l'in~rêt général exige l'action de
la loi, à '1a ruême époque, sur tontes les parties de la
l\épublique, et qu'en agissant autremenl, ce eoit violer le
principe de l'égalité en droits.
Le mode progressif et r~iaonnablement calculé ~r tes
n ~
/

DHCUISl01'1, llOTIF8, etc. .


distances, est plus dans l'égalité que le mode uniforme.
Soit que.la loi soit favorable, soit qu'elle soit . rigoureuse~
Jes citoyens doivent en ressentir les effets ou plus tôt·ou
plus tard, selon qu'ils sont réputés la connaitre ou l'igno-
rer. Nous . devons tous demeurer paisiblement dans la po..,
sition , soit physique, soit politique, où nous ont pla.cés la
nature ou l'ordre social. La différence des époques de l'exé-
çution des lois, selon les distances, est fondée sur une vé-
dté.immllable qui doit faire la base~de la présomption de
droit, à laquelle les législateurs ont toujours été obligés.de
recollrir en cette matière. Toute présomptiOn, toute fiction
établie par la loi, doit se rapprocher, autant que possible,
de.la nature; et cela est si vrai, qu'on ne concevrait pas
une présomption de droit, si elle était évidemment con•
traire à la vérité.. •·
Par là disparaissent tous les autres inconvéniens qu'on a
déjà relevés.
Ce ne sont même pas des inconvéniens, ce sont des
suites naturelles d'une exacte distribution · de la justice
selon les .dift'érences de position, qu'il ne dépend pas du
législateur de changer pour l'inlérêt de quelques•uns au
détriment de certains autres.
D'ailleurs, ces prétendusinconvénieuspeuventégalement
se rencontrer dans le système de l'action de la loi, au
1
même .moment, dans toute la République. ·
Faisons en effet l1De autre hypothèse que celle qui a déjà
j
élé pro~osée, et supposons qu'au moment où serait émise ·
une loi qui abolirait la peine de mort, un particulier vlnt ·
f
1
à ,êt.-e définitivement condamné à ittbir cette peine par un •,
tribunal cJe Paris. La loi serait bien connue de fait; mais
n'étant pas promulguée, elle ne serait point connue' de
droit. Pourrait-on suspendre l'exécution, et attendre le i
délai nécell88ire pour qu'elle f~t connue aux extréuiités de
la République, comme, par exemple., à Perpignan!' · · ·
Voilà une difficulté , et cela prouve que, lorsqu'il s'agit
'
.j
J
l
i
DB LA PUBLICJ\ TION DJ!S LOIS.

de donner .des lois·, il ne faut point s'arrêter àux cas par-


ticulièrs; qu'on doit considérer c~ qui arrive dans le cours
ordinaire des choses.
On ne peut d'ailleurs altirer les regards sur les cas par-
ticuliers dont on a déjà. parlé, qu'en supposant qu'il y au-
rait une· émission habituelle de lois qui y donnerait lieu~
~ ~lais cette erainte est chimérique. On ne doit pas · s'y
attendre, après la promulgation du Code civil et des lois
sur· les matières les plus imp()rlantes qui le suivront de
près , et surtout lorsque le retour . à l'ordre fait de toutes
parts des progrès aussi rapides. .
· Enfin·, l'exemple des deux peuples que l'on a cités ne
prouve rien pour l'un des systèmes contre l'autre.
En effet, ils n'admettent aucun délai après la promul-
gation ou ce qui en tient lieu. Ils ont pensé que la publi-
cité des débats et de leurs résultats suffisait pour que per-
- sonne ne pdt raisonnablement alléguer la cause d'igno-
rance de la loi, après qu'elle avait reçu le sceau de
l'authenticité.
On ne voudrait pas aller sans doute jusqu'à proposer,
et personne n'a proposé en effet, pour la France, un tel
usagé, qui peut être justifié, pour les états où il est suivi;
à raison des mœurs, 'des habitudes et de l'étendue du ter-
ritoire, en sorte que· toute discussion à cet égard serait
supeJ;flue. Il suffit de dire que la citation' était inutile.
Venons actuellement au troisième mode de publication ,
qui résulterait de l'envoi des lois aux tribunaux., et de la
transcription sur Jeurs registres.
Il est impossible de ne pas être frappé d'abord de l"in.:.'
convénient qu'il présente, en ce qu'il fait dépendre l'ap- .
plication de la loi de la volonté de l'homme; Je plus ou le
moins de zèle de la part ·d'un agent peut en avancer ou en
retarder l'exécution~
Sous la monarchie, la connaissance de la loi se·trans-
mettait par l'intermédiaire des tribunaux; ce mode tenait
1
,.l>JSCUSSJONS. llOTJFS. etc.
à la forme con1titutionoelle. L'enregistrement des cours
SQ.uverainea, qui avaient droit de remontrances, était né-
ceasaire pour le complément de la loi, et il eût été difficile
de changer cet ordre de choses, parce qu•n y avait des
stipulations particulières qui avaient assuré à pluaieurs ,
provinces ajoutées à la mon\rchie le droit d'y faire véri-
fier par leurs tl'ibunaux les lois qui y seraient envoyées,
auivant ce qui se pratiquait en France depuis de11 siècle&.
Cet usage pouvait eucore être justifié par la diversité
des coutumes et des intérêts des provinces, diversité qui
donnait souvent lieu à des lois particulières pour le ressort
de certains parlemens.
Enfin, ce sy11tème conduirait pent-être à la nécesaité do
distinguer les lois 1elo11 l'ordre des matières qui en 118raient
l'objet, et <le les envoyer distributivement aux autorités
compétentes, judiciaires ou administratives : ce qui pré-
sente au premier abor.1 une foule d'entraves qui ont été
généralement prévues.
&lais quand ce mode présenterait moins de difficulté,
pourquoi le choisirait-on de préférence, lorsqu'il peut être
remplacé plu1 utilement, el avec des formes propres à
cona.acrer, pour ainsi dire, notre régénération politique?
Ce fnt 11eu1e~ent sous les e1Dperenra romaius que s'in-
troduisit l'usage cl'adresaer ltlfl lois aux préteurs• aux q~es­
teurs, ou à d'autres magistrats, selon que les objets des
lois étaient de leur compé•ence ·' avec iojonction de pren-
dre le11 mesures convenables pour les faire connaltre (a).
Mais du temps de la République, les provinces qui avaient
eu le droit de bolU'geoisie et de 11ufl'rages , apprenaient ce
qui se pas1ait i.nr le Furum bitn plus prQmptement que çe
qui serait arrivé plue prè11 d'eux; et en France la renommée
transmet les événemens de Ill capitale aux extrémités, avec
une rapidité qui, sous le rapport de la connai1U1anee JJJO-
rale de la loi, rend inntilea une lectur49 ou une tr1u111orip-
(•) Vo1n lot lermlllot d• •ant priÎiolnll ' " - , p. ab , Id , lh al Hf, ~I. da 118J.
'\

DJI LA PUBLJCATJOl'f DBS LOIS.

tioo faites, 8ouyeot obscurément, dans l'e1iceinte<·de l'au-


di~oire .d'un tribunal bien moins éloigné.
· C'est donc avec raison qu'on a dit; dans les motifs, que
les ' précautions prise11, pour cet ·objet, dans une monarchie
oà les lois étaient.mûries et tédigées dans le silence du ca-
binet, ne conviennent plus à un peuple libre qui prend
part aux lois, ou par lui-même ou par ses représentans,
où la publicité des délibérations, le11 relations journalières
et la circulation des journaux, transmettaient aussi rapi- ·
dement la connaissance des lois.
L'envoi des lois doit sans doute être fait aux tribunaux,
el il est toujours à désirer qu'il soit prompt et sûr.
Mai·s cc qui tient à la l~cture èt à l'application du texte
authentique de la loi, à sa conservation , est étranger aux
effets qu 1Qn doit attribuer à sa notoriété, sons le rapport.
de P.on caractère ~bligatoire respectivement aux citoyens.
Après avoir balancé les avantage11 et les inconvéniens, la
11ection s'est décidée pour le mode proposé par le projet de
loi.
Ce mode est l'image même de la vérité et de la nature.
Il fait ~encire la loi ~bllgatoire pour chaque citoyen au mo-
ment oi.1 il est présumé la conufttt~e. li fait sur chaque
station l'otlice d'un courrier qui l'y porterah. C'est toujours
la loi qui agit, soit qu'elle s'annouc&, soit ·qu'elle ordonne.
Nal secours hnmain ne d~viênt nécessaire. Chaque indi-
vidu, au ~uoyen d'nn tarif des dist<,rnces, fondé sur t1h
orclre de choses invariable, et indépe11dm1\ de la volont.;
des ·hommes. pourra savoir par ltti-'même le jour auqtiel
il aura été l~é par la loi. L'idée est aussi. ingénieuse ttn'utile;
elle nous di!fPense d'envier, 'sur ce point, les usages des an-
tr~ nation11.

L'article 2 e~t ainsi conçt~ : c La loi ne dispose que pour a


~ l'avénir; elle n'a point d'effet rétroactif. »
C'~st là une règle ~ternelle, <tui, rp1and tlle' ne serait
éc1·ite dans aucune loi, serait gravée rla'us tous les cœurs.
DJSCUSSJOl!IS • MOTIFS. etc.
Pourquoi ne la placerait· on pas eD tête du livre des loi•,
puisqu'elle a trait particulièrement à leur application P
Elle peut être considérée comme un précepte de morale;
mais c'est la morale de la législation.
Au88i la trouve-t-oo dans tous les Codes. Toujours oo a
voulu la rendre présente à l'esprit des juges, et il n'eat paa
un juriscopsulte qui n'ait dan a sa mémoire les termes de
la loi romaine : Leges et constituliom!sfuturis certum estdare
fonnam negotiis, non adfacta prœterita revocari (a) •.
On ne peut avoir oublié les rétroactivités dont plusieurs
lofs furent entachées au milieu des orages poli&iques tou-
jours inséparables des grandes révolutions. Us ne sont paa
éloignés les temps où, au retour du calme, les législateurs
se sont empreuéa de les faire disparaitre, et il faut conve-
nir qu'après uoe expérience aussi récente, oo serait dans
une pe>sition désavantageuse, si on voulait s'opposer à ce
qu'on gravât sur le frontispice du Code civil une maxime
qui garantit le repos des familles.
' Art. 5. •Les lois de police et de sdreté obligent tous ceux
. • qui habitent le territoire.
•Les immeubles ,_même ceux possédés par les étrangers,
'sont régill par la loi française. _
• Les lois concernant l'état et la capacité des personnes ,
• régissent les Français, même résidant en pays étrangen.•
Voilà autant de principes enseignés par tousJes publi-
cistes, généralement admis chez les nations civilisées , et
sans lesquels il serait impossible d'organiser uo ordre social
Ils sont exposés avec autant de précision que de vérité.
Toute société doit vouloir, pour sa conservation, que
tout individu. quelconque qui èst dans son sein soit sujet
à aes réglemeos de police.
Cette règle est susceptible de modifications relativement
aux personnes revêtues d'un caractère représentatif : mais
ces modifications doivent être l'objet de traités ou de sti-
DB . L.A. PU.LICATI0.111 DES LOIS,

. P'-latioos entre les Ètats. n ne peut être ici queition que de


la .règle générale. .
Que les immeubles suivenl la loi du territoire ~ur lequel·
ils soot situélf, cela. est incontestable; sans quoi il y aurait
da os un état autant de statuts .réels que · de possesseurs
étrangers de' différentes parties du sol, ce qui serait absurde.
Enfin, les citoyens oe peuvent être régis personnelle-
ment que par les lois de.la société dont ils soot membres.
Ni eux, ni la société, ni leurs familles réciproquement ne
peuvent~ sous prétexte d'absence ou de simple résidence
daos uo pays étranger, rompre Jes.lieos qui ·les uoisseot.
Art. 4. c Le juge qui refuser.a de juger, sous pré~exte du 4
a 11iieoce, de l'~bscurité' ou 'de l'iosuffisaoce de la loi'
• pourra être poursuivi comme. coupable de déoi de justice.•
. Art. 5. • Il est défendu aux juges de proooucer, par.voie
• de. disposition générale et réglementaire, sur les causes
• qu.i leur sont soqmises. •
Ou.ne peut p~ plus surprendre l'action.de la justice que .
celle de la police et dè l'admioist~ation , sans compromet-
tre. d'une manière.grave l'intérêt et le.repos des citoyens,
et par. conséquent la. tranquillité publique.
;Le législateur ue peut tout prévoir. Cette tâche est au-
. dessll!J des efforts humains.
. Des.règles positives, des principes lumineux et féconds
eo coosé.queoc;es, qui puissent être aisément saisis et ap-
pliqués à tous les cas ou au plus grand. nombre; voilà ce
qui caractérisera ~oujours toute bonne législation.
Les tribunaux oe peuvent donc refuser la 'justice, sous.
prétexte du silence de la loi•.Le seotimeot du juste .et. de
l'injuste o~a~odoooe jamais le jQge probe et instruit. Le
législa.teur. doit seul examiner s'il existe réellement ou non
un sile.nce .dans.la.loi, tel qu'il faille y suppléer par une
nouvelle. 11.ne .pourrait même . éo1ettre .la, loi ·supplétive,
que quand plusiears -jugemens sur le cas. qu'on prétend.
n'avoir pas été prévu auraient éclairé sa sagesse.
. DJSC8SSIOKS, MOTll'I, etc.
Eafto) Pabue dea •ombreux l!éfém de la part des tribW-
naux qui, sous le régime de la Constitution de l'an 5 ·, aoea-
blalentle Cer~ législatif 1 noba garantit la aageue de l'ar-
ticle 4.
· Quant à l'arlicle 5, il est une conséquence de la dMsion
des pouvoir&; et toute& réflexions podr eu prouver le mérite
aeraient ei&euses.
6 Art. 6 et del'aier. • On ne peut déroger par des cooven-
• liens parlieulières aux lois qui intéressea& l'ordre publie
• et les béones mœors. •
Let conventions ne peuvent porter que sur des iotérêls-
partionlien. Ce qui constitue l'ordre public tidnt à l'intérêt
de toue, et la loi doit protéger les mœurs. ·
Sans cette mesure, la société veillerait en vain, par les.
lois les plus sages, à son repo11 et à &a prospérité.
· Les règles reafennées dans tous ces articles &Ont aatant
de principes fondamentaux en législation. Quofqu'il:s'agiue
de dispositions générales, leur application n'en est pas
moimcertaine, et elleuont l'art d'appliquer toutes Rif lois.
Il sel'ait dttaisonoable de vouloir tes isoler; i) llefait in-'
convenant de les placer à la tète de tout autre recueil de•
lois; tel que le Code judiciaire, 'ou crimi1fel-, quaed même
leur émission concourrait avee celle clu Codè ci,,iJ. <;es
maximes doivent servir d'introd9ction à ce Cotie, aoprès
doquei tous les autres n'aurerit qu'uo·oaraetère àcce880ire~
Tl'ibuoi, quelle époque mémOf'able dans leK fastes de I~
nation, qtte eelle cte l>a promulgati&n d'un Code civil 1 En;..
fto , nous voyons effacel' les dernières tta~ du régime
f~odat.
Lat l"ranee, par rapport à la cth•erslté des lois, était en-
œre, à peu de chose près~ au même état où César l'aval"
we. n dit au commencement au line fait au milieu deo
.11es conqaêtes, IOTsqu•n parle des mœurs et des usages' de&
peaples gautois :· Hi omneS'littgud~ ·ins'titfdis, leglb1u, intt!r ·sr
differunt. - ·
Ce ne aoat cependant pa11 lee m~m.es :loia qui étaient·t>a
usage daos les dernièrs temps. L'hi1toire aous apprend que
noe eoutumes Haien,. été donoéeR. aqx· peuples par._
grands vauaux de la cooroone, lorsqu'ils se fureot appro-.
prié les fiefs, et, ce qui eal bien remarquable, nom y
voyous aussi que' ces mêmea aeigneurs s'étaient· conatam-
1
mcnl opposés à uoe uniformité de lois, da~a la cuiote de ·'
favoriser l'agrandissement de l'autorité royale. . .
. Dans ia suite, la force de l'habitude, l'attachement à ses
propres usages, pt'8dui1irent les mêmes effets que la poli;.
tique.
L'idée, conçue sou11 Charles VII, de réuDir toutes les
· coutumes en uue, après avoû- ordonué la rédaction de
ohacune, produilit seulement l'uantage d'avoir des cou..:.
tnmn écrites, aan11 être obligé de recourir à des:enquétu
longues et dispendieuses, lorsqu'ils'élevaitquelquea doutes
·air ce qu'un 1imple u.age avait érigé eo loi. .
Ce même projet fut encore renouvelé 10011 Henri III;
mais les fureurs de la ligue et la mort .tragique .du prési-
dent Bri110n , qui était .chargé de aoo exécution , le fbenl
échouer.
li fallait toute la puiuance de la ré'\lelution., ·la fusion
cle toutes 'lea 'YOWUléll~ pour avoir enfin l'espérance d'un
.Code civil.
· 'Mais si la révolutiou .eole a .r endu l'entreprise. possible 1
il était réserv~ a11 bérOll dont le génie ne laia8e rien écbap--
per de tout ce qui est g•aod et utile, d'en hàtcr et d'eo fa-
ciliter l'exécutien. ..
Quelle confianee ne 4evait-il pa11 avoir en ses propres
.lumières! Il a prouvé dans la suite qu'il avait, en légû;kt.
lion civile, des couceptions aussi heureuses qu'il en a eu
de grandes et de sublimes à la tête des armées, qu'ila
constamment menées à la victoire.
Quels secours n'a.vaitril pas à attendPe de .ses collègues 1
L'un d'eux avait présenté à la Conreot.fon nationale &U
DJSCUaJ01'8 , •OTIF8 , etc.
projet de Code civil, ouvrage précieux par la précision do
1tyle, la netteté dei idées, et l'ordre dans ta cla1Sification
des matières, qui a seni de guide à tous les travaux pré-
paratoires qui l'ont suivi : et .les modifications dont il était
susceptible tenaient principalement au chaogement d'or-
dre cooslitutioooel et 'des temps.
Quelles re1Sources ne trouvait-il pas encore dans le Con-
seil d'Ètat l .
Toutes ces circonstances n'ont pas empêché le premier
magistrat de la République de provoquer de nouvelles lu-
mières, et, à sa voix, combien n 'eo est-.il pas sorti de·
toutes parts, et en si peu de temps!
Lei quatr,e jurisconsultes qui, sur son invitation, ont
rédigé le nouveau projet de Code civil; le tribunal de cas-
ation ' et les tribunaux d'appel' qui ont ,reçu la mission.
de le réviser, tous ont .acquis , par leur zèle et par leurs.
talens, des droits à l'c8time et à la recoD.Daissance de la
oàtion.
Enfin, tous Jes citoyens ont été·assurés de voir accueillir
le tribut de leurs connaissances; et plusieurs se ·s ont ho-
norés eo secondant les vues du gouvernement.
Mesure aussi ·grande, aussi politique que sage en elle-
même 1 Elle a nationalisé, si l'o'n peut s'exprimer ainsi, les
matériaux du Code civil. Elle a éloigné l'envie, qui s'atta-
che 'trop aisément à :un grand ouvrage, lorsque la direc-
tion en est confiée à un seul ; il en est résulté des change-
mens utiles, et elle aura excité la confiance avec laquelle
la nation accueillera le fruit de tant d'honorables travaux.
La section vous pr.opose de voter l'admiHion du projet
de loi.·

Le Tribunat vota l'adoption du projet et chargea l\IM. Gre-


nier, Faure et Gillet de la Jacqueminière , de porter son
vœu au Corps législatif.
Dl· J.A PUBLICATION DBS LOIS.

CORPS ' LÉGISLATIF.

DISCOURS PR~l!IONCÉ PAR LE TRIBUN FAURE,


L''lllf. DU OUTBUBS CIUllGU Dll l'llsUTllB Lll VOl,11 DU TBIB'lllf.A,~.

(Séance cla 1~ veatose an XI.-5 mus 180 3.)

Législateurs, les bonnes lois.sontles fruits ·tardifs de l'ex-


périence et des lumières.
L'expérience fait reconnaître lesJois .vicieuses; sans le
~cours des lumières, elle ne saurait indiquer le remède.
Avec les lumières seules, .uue imagination féconde peut
enfànter des théories sublimes; mai11 il' n'est réservé qu'à
l'expérienc~, de découvrir le ·prestige.des illusions: jusqu'a·
~ors les 'yeux sont plutôt éblouis qu'éclairés. Ce n'est qu'in-
sensiblement que la vue s'accoutume 1au. jour ·pur .de la
vérité.
Quelles ressources, citoyens législateurs,- la Franoe n'a-
t-elle pas aujourd'hui .poul'.corriger et perfectionner ses
lois l Tout ce qu'on peut attendre des vastes connaissances
d'un grand nombre de jurisconsultes distingués, tout ce
que peut produire une très-longue observation des hommes
et des choses , notre législation en sera le résultat. ·
' Et dans quel .temps cette législation va-t.:eue p~raître?
C'est à l'époque où la République, illustrée par des vic-
toires à jamais mémorables, recueillant ·chaque jour les
bienfaits inappréciables de la paix la plus glorieuse, ornée
1>ar les sciences, embellie par les arts, présidée par le gé-
nie, se voit élevée au plus haut degré d'éclat et de gloire.
Le l'ribunat m'a chargé de .vous présenter son _vœu ~ur
le projet de loi qui a pour titre : De la.puhlication ides effets
et de l'application des lois en général.
A ces mots des lois en général; déjà. vous reconnaissez
qu!il s'agit de dispositions qui appartiennent à . tous les
Codes, et non pas au Code civil seul.
380 DJSCllllSJONI , MO'l'IPll , èlc,
Le premier artlcle établit on
nouveau mode de publica-
tion des lois.
Les autres renferment des maximes sacrées que le légis-
lateur ne doit jamais omettre, comme le citoyen ne doit
jamais les oublier.
Je vais parcourir chacun des arti~les.
Anciennement les lois n'étaient exécutées qu'après avoir
été enregiatrées, et le refus d'enregistrement de la part
d'une cour souveraine emportait' la défense d'exécution
dao1 toute l'étendue de ion i'e1eort. Ce droit, que la tri.
bunanx du premier rang prétendaient avoir d'empêcher
l'exécution des lois, était une émanation de la puissance
législative.
On a depuis reconnu les dangers dé la confusion des
deux pouvoir11.
Les tribunaux ont été obligés de se renfermer dans les
limites de leurs attribu lions; il ne leur a plus été permis de
refu..r d'enregistrer les lois, et les acres du pouvoir Jégis· ·
latif n'ont plus eu be11oiu de la sanc:tiou du pouvoir judi-
ciaire.
Alot's l'enregistrement, borné à une simple transcrip-
tion, n'a plus eu <tn'un seul objet, celui de servir à la pn-
blication des lois.
Pourquoi faut-il que les lois 1oient publiées? Ce n'est
pas seulement pour que. les juges en ~ient connaissance,
e'e11~ aui;si pom· qu'elles 11oient conn!l1's de tous les ci-
toyens. La transcription produit-elle ce dernier effet P
Non , 11an11 doute.
tJne lecture faite à l'audience, au moment de la trans-
cription, nt-elfe pTOpre·à donner cette connai888nce gé-
nérale!> 11 est évident qu'elle ne le pèUt pa11.
Cependant ce n'est que du moment où la loi est rép.ut!e
connue, qu'elle doit être exécutée.
Ce mode de publication .contient d'âille.-s uo grand
vice, c'est qu'il fait dépendre de la voloulé de l'homme ce

- . .0 .. . - . . . - - -
J
.,

DE U PllJI.lC,ATION QBS J.O!S. ~81

qui ne doit dépendre que de l~ volonté de la loi. La perte


- d'un bulletin, les accident· de la poste, la négHgene4; d'un
officier public, peuvent ellposer la loi à re~ter long-temps
sans esécution, et SOU\'.ent à être exécµtée plus tar!l dan•
le voisinage du Ueu où elle a été rendue qu'au point le
plus .éloigJlé. Un tel mode laisre encore au pouvoir judi-
ciaire la faculté de hâter ou de différer l'exécution de la loi,
en hâtant eu différant sa tran&eriplion, et ainsi d'obtenir,
par un retard, au moin1 une partie de ce qu'il ne peut plus
obtenir par un refus,
Le but du. projet actuel est que l'instant où l'exécution
de la Joi doit commencer dans chacun des départemens d~
&.a République, 11olt fixé d'uue manière invariclblc, et que
cette fixation soit l'ouvrage de la loi seule.
Autant il était difficile avan.t la révolution de connaitre la
loi lorsqu'elle était rendue, autant il est facile ~ujourd'hui
d'acquérir oette connai1111ance.
Autrefois lesJoiue faisaient secrètement; souvent même
elles. re1taieot cacbéea dans les ténèbres long·temps apr~s
avoir été faites.
Aujourd'hui, dès qu'un projet de loi est adressé au Corps
légi1latif, il se r~pand dans toutes les parties de la Jlépu 7
blique. Bient&t ensuite le• débats circulent, et lor&qu'enfio
la loi est décrétée, les oopies en i;out tellement multipliées
par la voie de l'impression, que chacun peut .aisément en
prendre c.onnai11ance. L'acte constitutionnel exige qu'il y
ait un intervalle de dix jour11 enh·e. le décret du Corps lé-
gislatif et la-promulgation ~nérale faile par le Pre~ier
Consul; et to11t le monde sait qu'aucune_feuille publique
n'attend, ponr annoncer la loi, que l'époque de la promul-
gation soit arrivée .
Autrefois la loi devait" être exécutée •uMSitôt après l'en-
. registrement, qui produisait le double effet d'ope .anctio1,1
et d'une promulgation. Aujourd'hui , comme je viens de
l'observer, la loi n'est promulgué~ que · di~ jours après
"»JSCUSlllONS' MO'rJFS. etc.
qu'elle a été rendue·; ainsi son exécution ne· pôurrait ja-
mais commencer avant l'échéance· de ce délai.
Mais la loi proposée ajoute ùn autre délai pour que la
promulgation soit réputée connue. Elle le gradue· suivant
les d,istances. ·Elle prend un terme 'moyen entre le plus ei
le moins·d~ célérité dans le passage d'un lieu à l'aÙtre. Elle
porte enfin que la promulgation faite par le Premier Con.:
sui sera réputée conoue ·dans le·département où siégera:le
gouvernement, un jour après celui de la· promulgation ; .et
clans chacun des autres départemens, après l'expiration du
même délai, augmenté d'autant de jours qu'il y aura de
fois dix myriamètres (environ vingt lieues·) entre la ·ville .
où la promulgation en aura· été faite et le .chef-lieu·de cha-
que département.
Telle est la disposition du premier article, le seul• qui
traite .de la -publication des· lois. Il n'en résulte pas la con-
séquence qu'à l'avenir le gouvernement cessera d'envoyer
Je bulleti,n aux tribunaux; On doit en conclure seulement
que l'envoi du bulletin-ne sera -plus nécessaire pour qu'on
ne puisse se disp(lnser d;exécuter la loi.
Quelques per~onnes, en conveuant·que le délai progres-
sif était· plus avantageux que· la transcription, ont ajouté ·
qu'ils· ne ·préféraient l'un à l'autre qu'à cause des termes
fixes attachés au · délai, tandis que la transcription n'en
avait aucun.
Mais ils ont prétendu que le meilleur ·de tous les modes
était le délai uniforme.
Le délai uniforme, 'ont-ils · dit, n'a qu'un seul terme ·
p~mr toutes les parties,de la France.
Le délai· progressif en a -un différent· pour chaque· dis-.
tance de vingt lieues. ·
Le premier est simple et naturel. .
Le second exige des calculs.
L'un ne laisse aucune ·difficulté dans l'exécution.
L'autre ne pré9.ient point tous les embarras.
D.8 LA PUBLIC4.TION DB8 LOJS,

_ Avec le délai unifonne, tous les biens de chaque i~di­


'Vidu devièndront au même moment soumis à la même loi.
. Av,ec le délai progressif, il s'écoulera souvent ·un inter-
valle de tèmps.pendant lequel partie des biens de la même
famille · restera sous l'empire de l'ancienne législation,
.tandis qu'une autre partie sera déjà sous l'empire de la
nouvelle,
Ou a répondu que si le délai uniforme se.m bltlit, au p·r e-
miel' coup-d'œil, ·plus séduisant que le délai progress_if,.
il était facile, avec un peu d'attention, de reconnaître que
le délai progressif devait être préféré.
D'abord, en fait de calcul, ce dernie.r mode est si clàir,
il présente si peu de difficultés, qu'il n'est personne qui ne
· puisse en un moment le concevoir et le retenir.
. En second lieu, n'est-il pas évident que l'action de la
loi doit rester suspendue le moins de temps possible P Elle ·
doit l'être seulement le temps nécessaire pour que la loi
soit réputée connue; et comme H est impossible que la loi
soit connue partout au même instant, il en résulte que
son exécution doit commencer à des époques plus ou
moins reculées, .selon le plus ou le moins d'éloignement
des lieux.
En troisième lieu, le délai uniforme ne pourrait pas être
applicable à toutes lès lois indistinctement, comme.le sera
le délai progressif. Dans l'hypolhèse de l'uniformité de dé-
. lai, il y aurait, pour les départemens vQ.isins du lieu où
11iége le gouvernement, un intervalle de temps considéra-
ble entre le moment où la connaissance de la loi leur serait
'.lrrivée, et celui où ils pourraient-l'exécuter; car le délai
unique devant être réglé d'après le temps nécessaire pour
que la loi fût réputée connue au point le plus éloigné ,du
centre, il faudrait àccorder quinze jours au moins, ce qui.
avec lès dix jours antérieurs à la promulgation, formerait
UD délai de vingt-cinq jours. Cela posé, toutes les fois
qu'il s'agirait de lois particulières à l'égard desquelles il
H4 D11cuae101u, KOTm , elc. ·
importerait à l'Élat d'obtenir la plu prompte exécution ,
n serait b1di11pensable que ces mê$e• loia contioll8ent une
dérogation au délai uniforme. Sam eelte dérogation, béau-
coup de loÏll, 1urtout en matière de Suaoce, deviendraient
illaaoirea, quelquefois même plus dangereuse• qu'utiles.
Au11i les partisan& du délai uniforme n:ont-ils jamai1man-
qué de proposer. en même temps une disposition quJ au-
torisât la dérogation. N'était-ce pas con11acrer la mutabi-
lité sur un point de légillation qui doit être invariable P
Enfin, depuis de11 11iècles_, 11i l'on excepte quelques ordon-
nances, jamai11 les loi11 n'ont été mises à. exécution ·partout
au même instant, et l'on ne voit pas que cette exécu-
tion progressive ait été jamais· le fondement d 'aucuue
plainte.
On a remarqu~ que, suivant le mode proposé par la loi,
le chef.lieu de chaque département 1.1ervira d'échelle de
diatance. A ce J;Doyen, les époques dUl'érenle11 d'exécution
ne 1eront point tror multipliées, comme elles l'eussent éM
en. prenaut le chef-lieu de chaque arrondis11emeot com-
munal. D'un autre .eô&é, les dl1tance11 auraient été trop
longues en prenant le cbef-lieq de chaque · tribunal d'ap•
pel. En un mot, la division sera plus juste et plus égale
·que si l'on cnlt pris l'une ou l'autre meimre.
Tant de motifs n!uoi1 onl détenilio~ le Tribuna·t· en.~­
veur du délai progreHif.
Je pa111e à l'article !l.
a L'article !l porte: La loi ne .dispose que poar l'~nir; e/k
n'a.point d'effet rétroactif.
La loi ne doit avoir pour but que dé régler les cas DOD
encore arrivé•. S'il en était au&iement, jam~11 il ne p.out'-
rait uiater rien de stab~e. Ce qu'on aurai~ fait aujourd'hqi
cei;ûormément à la loi, ou aansgu'aucuae loi s'y oppOtlAt.
•rait détruit demain pa, une seconde Joi ' et l'ouvrage de
demain pourrait être à son tour •n~nti pat l'intenieation
d'une loi nouvelle. ·
DE Là PHLICàTJ01' D&S LOIS. ~85
·Bien de plus Np que le principe éqooe6 par l'article 2.
0 Ea mu on opposerait qu'il ne doit point 't rouver place
dans un Code de lois., parOe: q11'il ae regarde que les légi•-
làt~un, qui pe0vm.t · tooP,an 41haqger le1 lois qu'ila ont
tàitea; et iluhst.ituer a.u prlncipé aoe ne>ovelle loi rétl'98oUve
cloot lea tribunam ~e poanàieot-. dMpeoser d'ordou•
l'exéoGtion , et ·à laquelle lea citoyen•· ne pourraient· se
dttpenlier d'obéir. ·
Cette disposition ne oontient·paneulemni on precepte
poû1Ueil légialaféura·, elle ooolient de plus une o•ligaùon
pbuai lê•.jagea et uoë gal'Blltie pour les ciloyens.
·JWe .recemmande aux ju~ de ne jarèài8 appliquer la
loi'à del fâts:aatbieuril à· ioa mlieooè.
Elle -garntit aux Clitoyens qu'ils ne seront jamais réehe....
AN. pour 4ue!que acte que ee séit, si cet' aca o..~it d6-
• feo4u p,ar euoune loi lor8qu'on·1'aot. oomniis. '
Tels sont les principaux motifs de l'aHentiment que le
Trilninat a doaué ·à l'artiOle 2 . · ·
L'article 5.rèsJe pluie.na. points. dont l'import&Dce de· J
'IBÎt en effet ·1eor a1aigôef aae · plàce au rang des aisp011i:_
tions iélatiff& à' l'applic'âtioo aea lois en général.
· 11 oôntient les prinoipaJ.eB ba1e1 d'WJe matièret connue
clans le droit, sons le titre de 1tatutt1 personnels et de ita:.
bill léeh: U flétetmiDe d'one manière précise et foiinetle
quelles sont lea penanaei> etqaels iOnl lês biens que régie
la l~ fll&açaise.
. 'A l'~al'd dù bieât ~il 1Uffit qu'ilit soienl aitaéil en France
poul' que J8 loi de .Prané& les régisse. · Peu importe ·d'ail,.
lcnnt que le· propriftaire .soif Français ou ~tranger; caril
ae peut' y aTOir, pour régir ce& biem1, que les lots du pay•
au terrileire duquel Hl loot attaohét. Tel e&t lé ttaiut réel •.
On à toujours eotopté en FÏ'anee· autant de ·1tatuf11 rdel1
qu'il y ·a'fllit de coutumes et d'usages locaux:; déiormar. if
D'J da auta phts qo'uii se~I·, puisque nôus liur0n8un Cod•
ualfOl'Rle pool' Co01e la l\lpubliqcie.
Vt.
'f

336 . DUC171SIO!lfl , · kOTrn. etc•

. Quant au statut penonnel,:on distingue .entre les loi1


qui règleol l'état et la capaeité des personnes, et cellea qui
concernent la police et la stlreté du pays.
11 auftit d'être Françaï. pour que l'état et la capacité de
la penonne soient régis par Ja loi française. Que l'indMdu
~ide · en France ou qu'il . réside en paya étraôger, dès
qu'il eat .Français, la règle est la même ; sa qualité .de
Français le suivant partout, les lois qui dérivent de cette
f1Ualité.doivent le suivre également.
Quant am lois de police et de aiUeté, il aumt d'habiter
le territoire français pour être sous l'empire dei lois_de
.,•1, France. L'individu contracte, en. entrant dans an paya
. dont il n'est pas sujet, l'obligation de se aoumettreà toutes
let lois établies pour l'ordre et la tranquillité du paya. S'il
elt alllleZ téméraire pour les enf1-eindre, comment ce pays
pourra-t-il lel .traiter plus favorablement que ses propres
eitoyensll
Je ne m'étendrai point davantage sur les motifs de cet
article, qui a obteon un auenliment général.
4 . L'article 4 porte que le : juge qui reflllera de juger sous
prétexte du silence et de l'obscurité, ou de l'insuftisance
.de la loi , .pourra être. poursuivi comme coupable de déni
cle justice.
Cette dispOtiition est une.de celles dont l'expérience a ·le
. plus fait reconnaître l'indispensable nécessité.
Il est souvent arrivé, surtout pendant un
ails~z long in-.
tenalle de t.emps, que des.tpbun!lux civils, trouvant la loi
muette ou obscure sur une question qui leurétaitsoumi1e,
ee aont adreasél au Corps législatif pour avoir une solutiou.
qu'ils·croyaient ne pas devoir donner, et en conséquence
ont saspendu le jugement jusqu'à ce qu~ la réponse fât
arrivée. On n'aurait point ainsi suspendu le cours de la.
justice, si l~on edt été sans cesse. pénétré de ce principe,
que la;loi n'a point.d'eft'et rétroactif. Il est incon&utable
que la loi , ne pouvant dispoaer que pour l'aveo~r, o.e· doit

.
. !-
na LA. PVBLICA.TlOJ.'F. DJl8 . LOIS.

point. atatuer aur del queations soumises . aux. tribunaux


antérieurement à son existence. Si: elle le fait, cette loi.
n'est point, par rapport à. ces ·mêmes questions., une diil-
position législative, elle ne l'est que dans l'expression;.
J;Dais dana la réalité c'est uo jugement. Et de là résulte une
confusion manifeste du pouvoir législatif avec le pou-.oir
judiciaire•.
D'ailleurs, en, émettant uné loi sur chaque difficulté DOll'
prévue, de quelle quantité prodigieuse de lois ne setait-on
pas bient&t accablé? Combien de ·fois aussi n'arliverait-il
pas que la loi particulière dérogerait à la toi générale, au
· lieu 'd'être seulement ioterprétative?·Et comme l'ancienne
loi se trouvait liée,à d'autres lois corrélatives, il n'y aurait
plus d'eose,mble dans l~ différentes partiea de la législa-
tion : on y verrait au contraire une incohérence mons-
trueuae, d'où résulleraü une source ·de procès. Alor.,.
COIQme a dit un philosophe célèbre'( a) : • Les lois qui doi-
vent servir de fiambeau pour nous faire marcher, seraient
autant·d'entraves qui nous arrêteraient à chaqué (>Ils. •
En ·matière criminelle , le11 inconvéniens seraient .bieo-
plus graves encore. S'il fallait attendre une loi pour juger
un acte que les juge~ croiraient condamnable; et sur feqne~
-aucune loi ne leur parallraitavoir prononcé' certe11-il n'est
pa~· un citoyen qui ne dt\t être continuellemt1nt effrayé par
la crainte de se voir un jour poursnivi comme coupable,
en vertu d'une loi postérieure à l'acte qn'il aurait oommi~
·daps un temps oh 'cet acte n'était nullement défendu.
En un·mot, pour'toute affaire, soit civile, sbit criminelle,
ou la loi parle, ou elle se tait. Si'la ·Joi·parle , it.faut,juger
en se conformant à sa volonté.- Si elle se tait, il fautJuger
encore, mais· avec ,cette différence ·qu~ ,, . lot$qu'il •'agit
d'une affaire civile, les juges doivent se dé&ermilier.par les
règlea de l'éqliité t qui consistent·daos leil mammea de droit
naturel, de justice llDÎ.,el'selle et ~e TatiOD; et .C(UO, forequ'il
. ,;

''
1
~.p&d'un procèacrimlnel, l'àoe.uM ieit-tllwneo.o,r.S •. nc
le llilenee de bl loi. lnftn n.ee+il encore dea Aillcul. .P
C'•t ati tribunal de eauatioa. de les le'feri tribunal ·...,.
pl'fme, établi pour yenir au seooure cleA citoyens dans le•
... où l'on aurait . appliqœ des loi• qui ne. devaient· pu

...
l'être-, comme dans éeù Où l'on n'au~ait trouvé aueune
lof applicable , lonqu'il en existait qui devait éCre eppli-

SaiHnt l'arliole 4, qui yient d'être analyeé, lee légilla-·


teatl ne doitent pu a•attribuer 1es fôactioos de jagee. · .
s ·Sui•ant l'article 5. lea jugea ne doivent pa11 •'ériger en
WgûlAtews. Ou lit daa..ce dernier article, qu'ü e1t dé.fe11tbi
•ua: i"P.s de prr>11oneer. par voie de düpôsi.li01& gélUJrale iJt nfB/IJ·
111tenl•~ 1•r ltJS CatlR!~ qui. lnr sont IOUlllÛU.
Autrefois les coari •uverahle1 rendaient des. arrêta de
"slement : le ·droit qu'elles ~codaient avoir à ~t égard
était foltdé sur uoe :ançieone p081euioo et mr .Je& mêmes
till'es que celui qu1el~s .ezer9aient par rappèrt à l'enregis-
trement dea loü. Il est évident que ce• 1trrétl de réglemeot
«i&aient tout à la fois 1'e1 jagemena et des·lois; des jagemena
pour la eauee sur laquellll illi 1latuaient, dea lois :pour lq
q~tioa• semblaltlee ou analogue• qui peuvaient se présen-
ter 'à rate1tir.
Aujeurd'bui de tel1 acta Hl'llieot tout à la fo~ ûut11Utitu-
tiM1Ull et i111praticobla.
bwoiutÎtlltÏDllllels: car l~ Ugne de.démarcation nt èoDBti-·
tutioanellement 6:aée entre le pon•oir Jc!gisJatif et le pon...
•oit judiciaite. Celei-ci -o 'e .pu plu1 le droit·de faire des
le»~, ·que celui-là.de ·rendre .dei jugemene. .
. Inip~aliea/J/IJ,r.: car., ·Ili, par:èumple, un tribunal d'appel
pbu:fai& faire une .!iipOlili•n ~énérale e~réglemeataire, il
eet ilaCQD&eltabté qu'elle 1erait obligatoire pour aout IOD
re990d~ etiqu'elle ne '•''teDllrait poio~ au-~elà de son l'Cll-
t!Gl'l. Aleu ·ciaaque trib11narl .cle cette claue pouvant auBAi 1

taire la même chose, il en ~aulterait inéyitablement une 1

~
Da .LA PV&Llc&TlOJf lt.U · l.OU. ~
foule de üpoAftion• d0Dltadictoh$: 80r lell _ . . , pohats,•
et le bienfait d'un Code général qui coaaiale à reaère:Ja loi;
partout uniforme, ·deviendrait' apéanti par ~' loill par-
tielles., dont la réunion oft'ri.ait, ap~• 'Un oer~âo lapsd&
lemps. ua Code· partftiulièr poul' chaque l'tll80rt «i ·trihooat
d'•Pl>e•· .
·.l/article 6 oootieu& aile mmmé:c:fonibrm6 à oel1e que le& •.
Romains ava~nt conaaorée• .Voe cooven1ion particuUàre
blelle'-t-èlle l'ordre public ·ou lès' bonne. mœun ,. ·eue est
réprouvée par la loi. Ne.contient-elle rien ni ;contre ·tew
bonnes mœu~, ni contre l'Ol'dre public·, elle . deil être -et
est en effet permise, lors même qu'elle porterait déroga-
tion à quelque disposition de loi. Tel est le vœu de l'ar-
(icle 6. Le principe est juste' son application est facile.
Ainsi, par exemple, deùx époux ne pourraient eoovenir
de diuoudre leur mariage à la volonté de l'un des:<feux, el
sans l'observation préalable des conditions que la loi pres-
crit. Mais un débiteur et un créancier peuvent faire entre
em: une convention particulière, d'après laquelle l'un
promettra de ne pas user contre l'autre d'une prescription
légale acquise en sa faveur.
Dans le premier cas, ·la convention est. Illicite, . parce
qu'il s'agit de l'exiskmce d'un mariage, et tiue cet objet
tient eBBentiellement à l'ordre public.
Dans le second cas, il s'agit_d'un intérêt privé, suscep-
tible d'être modifié au gré des parties; il s'agit d'un acte
contre lequel l'ordre public ne peut réclamer en aucune
façou. La conventiou est don.c valable.
A l'égard des bonnes mœurs, il y a même raison, je dirai
plus, l'une est une dépeudance nécessaire de l'autrè. Les
mots ordre public eussent seuls pu suffire, et l'addition
qu'on a faite n'a pour objet que de doouer à la rédaction de
l'article toute la clarté dont elle était susceptible. En effet,
t-0ut œ qui couceroe les bonues mœun intér688e l'ordre

,._,,..
3gO DUC1JUI01'1 • •OTIJPI , etc.
public; maïa tout ce qui intérelee Portlre public ne concerne
pas les bonnes mœun.
Citoyen• lqislateura, j'ai cru de•oir ·me borner à cette
oour&e analyse sur la loi p~polH. ·L'orateur éloquent qui
voua en a dévelopJ>' les motifs m'a dilpensé de tout autre
aoio. Une loi conçue par la 1age11e,mt\rie par la réd.e:d(>D,
recommandée par des talens supirieun, appelle de toutes
parts la confiance publique. Le Tribunat 1'e1t empressé de
l'adopter. C'est à voua, 'législateurs, qu'il .appartient d'en
auurer lei avao&ages, en lui accordant une sanction
qu•ene aollicite à tant de titres. ,

Le Corps législatif adopta ce projet de loi .dam. la blêm!'


'léance , et la promulgation en fut faite le 14 ventote an XI
(15man1803.)

Fil'( DU SJ'IJÈMJ!: VOLUME. ',


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