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CORRECTION TD 3

La question que doivent se poser les étudiants est celle de savoir si un contrat a été conclu entre
Madame BRANCHÉE et Madame DENFER afin :

• Dans un premier temps, d’envisager le transfert de propriété du manteau ainsi que le transfert
des risques afférents.

• Dans un second temps, de déterminer qui devra supporter le coût de la destruction du


manteau.

Les étudiants devront rappeler ce qu’est un contrat, à savoir « un accord de volontés entre deux ou
plusieurs personnes destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations » (article 1101 du
Code civil).

Ils devront ensuite identifier le contrat dont il s’agit en l’espèce et le définir c’est-à-dire un contrat de
vente qui est « une convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une chose, et l’autre à la payer » (article
1582 alinéa 1er du Code civil).

Résolution du cas pratique : deux solutions à envisager

Solution n° 1 : Les transferts de propriété et des risques de la chose s’opèrent au moment du paiement
de l’article

Il convient de rappeler le principe selon lequel dans les contrats ayant pour objet l’aliénation de la
propriété ou la cession d'un autre droit, le transfert de propriété s’opère lors de la conclusion du contrat
(article 1196 alinéa 1er du Code civil) ; le transfert de propriété emportant transfert des risques de la
chose (article 1196 alinéa 3 du Code civil).

Selon la jurisprudence, la remise de la marchandise au prétendu acheteur au comptant ne confère à ce


dernier, jusqu’au paiement du prix, qu’une détention purement matérielle, le vendeur conservant
jusqu’à ce moment la propriété et même la possession de ladite marchandise (Crim., 18 juillet 1963, n°
63-90045).

L’acheteur ne consent véritablement à la vente que lorsqu’il paie le prix à la caisse (Com., 8 janvier
2002, Bull. civ. IV, n° 1).

Ainsi, la remise définitive de l’objet vendu n’est consentie par le vendeur à l’acheteur qu’au moment
du paiement du prix. Jusqu’à cet instant, il n’existe donc qu’une détention matérielle provisoire de la
chose.

Ces règles, appliquées au cas d’espèce, permettent de considérer que, malgré le souhait affiché de
Madame BRANCHÉE d’acheter le manteau, cette dernière n’en a pas acquis la propriété au moment où
elle s’en est saisie ; le transfert de propriété de la chose ne s’étant pas opéré.

En conséquence, la destruction du manteau, du fait de la maladresse de Madame BRANCHÉE, étant


survenue avant son passage en caisse et donc avant le paiement de l’article, les risques pesant sur la
chose sont restés à la charge de Madame DENFER qui est ainsi contrainte d’assumer elle-même la perte
du manteau et ce conformément aux dispositions de l’article 1196 alinéa 3 du Code civil.
Solution n° 2 : Les transferts de propriété et des risques de la chose se sont opérés avant le paiement
du prix en caisse

Il conviendra ici d’indiquer qu’en application du principe du consensualisme, le transfert de propriété


s’opère dès la conclusion du contrat lors de l’échange des consentements, solo consensu c’est-à-dire
même si le vendeur n’a pas livré la chose et l’acheteur pas payé le prix.

La vente est donc parfaite entre les parties et la propriété acquise de droit à l’acheteur à l’égard du
vendeur dès que l’on est convenu de la chose et du prix, quoique la chose n’ait pas encore été livrée ni
le prix payé (article 1583 du Code civil).

Deux éléments sont donc à identifier pour que le contrat soit formé valablement : la chose et le prix.

Appliqué au cas d’espèce :

• La chose est représentée par le manteau.

• Le prix, quant à lui, est celui qui est affiché dans le rayon.

Il est tout à fait possible de considérer que l’accord sur la chose et sur le prix a eu lieu, dans la mesure
où le prix a été accepté par la cliente puisqu’elle se dirige vers la caisse pour acheter le manteau.

Le contrat a donc été valablement formé.

En ce sens, dans la vente en libre-service la marchandise est exposée sur des rayons et ainsi offert par
le commerçant au public. Lorsque le client s’en saisit, on peut estimer que ce dernier exprime sa volonté
d’acheter aux conditions proposées par le vendeur et que, la marchandise ayant été individualisée, le
contrat de vente a été conclu. Le transfert de la propriété et des risques de la chose se produisant à ce
moment.

Par conséquent, en ayant pris connaissance du prix affiché dans le rayon, à l’instant où Madame
BRANCHÉE s’empare du manteau et le conserve à son bras, le contrat de vente est conclu et les
transferts de propriété et des risques s’opèrent concomitamment.

Les risques inhérents à la destruction du manteau pèseront ainsi sur elle, à charge pour elle de payer
le prix de celui-ci à Madame DENFER et ce conformément aux dispositions de l’article 1583 du Code
civil.

Conclusion : s’il existe en pareil cas des divergences de solutions, la jurisprudence retient la première
des solutions présentées.

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