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Biographie
Sa généalogie est prestigieuse [non neutre] : il descend d'un prince
de Bosnie, Marko, chassé comme beaucoup de chrétiens par le
sultan et venu en Ukraine au xve siècle, puis fixé et anobli. Le
nom Marke-vitch signifie « fils de Mark ». La famille avait
prospéré jusqu'au xixe siècle. Son arrière-grand-père, bien que
juriste, avait fondé avec Anton Rubinstein le Conservatoire de
Saint-Pétersbourg en 1862. Brillant violoncelliste, il participait
Igor Markevitch dirigeant
avec son stradivarius à des concerts de grands musiciens comme
Rubinstein, Rimsky-Korsakov, Liadov, Glazounov. Son grand- Biographie
père, maréchal de la noblesse, peintre de formation, avait épousé
une Française et recevait le compositeur Mikhaïl Glinka dans sa Naissance 27 juillet 1912
demeure. Toute la famille avait, depuis fort longtemps, Kiev
« divinisé » la musique, qui occupait tout le monde. Décès 7 mars 1983 (à 70 ans)
Antibes
Formation
L'enfant commence à étudier le piano avec une élève de son père, Mme Pasteur. Son père ne lui donne que
quelques leçons. Avec sa mère, il se rend à son premier concert symphonique où la toute jeune Clara Haskil joue le
Concerto de Schumann (1921).
En 1923, son frère Dimitry (en), qui deviendra violoncelliste, naît et, la même année, ils perdent leur père, âgé de
47 ans. La mère d'Igor, sa sœur Nina, Dimitry et lui, emménagent dans un infect rez-de-chaussée en ville. L'enfant
est sans cesse poussé à lire ou à étudier une Ballade de Chopin plutôt que de partir en excursion à bicyclette :
« Voyons, mon petit, est-ce que Beethoven faisait de la bicyclette ? », répondait sa mère. Le soir, la récompense est
la lecture de Tolstoï ou de Pouchkine en russe.
Il s'échappe parfois et découvre les quatuors de Beethoven sur le gramophone de son professeur de littérature,
Emmanuel Buenzod, qui voue une « admiration mystique » au maître de Bonn.
Pendant les trois années qui suivent, son premier maître de piano est Paul Loyonnet (1889-1988). Il prend ses
leçons à Lausanne, où Madame Pasteur lui sert de répétitrice et l'accompagne. Il a ainsi deux professeurs.
Markevitch rapporte : « Avec Loyonnet, jetant loin études et exercices, nous plongions alors avec délice dans
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Mozart, Schubert ou Schumann ».
Igor travaille ensuite avec Émile-Robert Blanchet, un élève de Busoni. En 1925, son jeune élève lui présente une
œuvre intitulée Noces dont son maître pressent la valeur : « Ce qui le frappa dans cette musique d'enfant fut sans
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doute moins sa valeur intrinsèque que le savoir qu'elle démontrait et que je n'avais appris nulle part . » Blanchet
organise une rencontre avec Alfred Cortot, de passage à Lausanne. Cortot l'invite, à sa charge, à l'école qu'il a
fondée à Paris, l'École normale de musique de Paris. Il confie à la mère de l'enfant : « Ce garçon, Madame, vous
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donnera beaucoup de joies et de fierté [...] Il doit apprendre à se servir de ce qu'il sait de Dieu . », ce qui la ravit.
À l'automne 1927, la famille s'installe de nouveau à Paris, mais partage le temps de l'année entre Vevey et la
capitale [Laquelle ?]. Unique enfant de l'institution qui accueille une vingtaine d'élèves adultes (par exemple, Lennox
Berkeley, dont il devient l'ami et qui lui fera connaître Hindemith et Milhaud), il répète dans la classe de piano la
composition et l'harmonie avec Mme Kastler, et le contrepoint avec Nadia Boulanger (russe par sa mère), avec qui
il entretiendra toujours des rapports privilégiés, fondés sur l'admiration et l'affection. Elle lui dévoile la musique
dans toute son intelligence, lui faisant acquérir le sens privilégié de l'interprète, confluent d'objectivité présente et
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de subjectivité du passé. Nadia lui transmet « l'art d'enthousiasmer par la rigueur . »
Il gagne ses premiers sous en effectuant des arrangements pour des courts métrages. Sa mère lui fait la lecture en
français pendant qu'il écrit et, plus tard, lorsqu'il compose sa propre musique. Il donne quelques cours, ce qui
permet d'améliorer l'ordinaire.
Alors qu'il n'a que seize ans, il rencontre Diaghilev à l'Opéra de Paris, en décembre 1928. Toujours à la recherche
du nouveau et de musiques de ballets propres à surprendre, étonner ou provoquer le public, Diaghilev pense avoir
trouvé un compositeur à même de lui donner une partition pour la prochaine saison des Ballets russes. Après avoir
écouté trois fois le Finale de la Sinfonietta, il lui commande un concerto pour piano en guise d'essai. Pour
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développer ses « notions encore primaires dans le domaine de l'orchestration », Diaghilev lui fait donner des
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leçons par un compositeur italien, à qui il avait déjà commandé deux ballets : Vittorio Rieti, un élève de Ottorino
Respighi et Alfredo Casella, lié à Alban Berg et Arnold Schönberg à Vienne. Diaghilev surveille et stimule le travail
en cours, discutant pour changer tel ou tel passage. Le Concerto est créé par l'auteur au piano et sous la direction
de Roger Désormière lors d'une soirée de ballet à Londres le 15 juillet 1929 et remporte un réel succès. La mort
inopinée de Diaghilev à Venise le 19 août 1929 laisse inachevée l'œuvre suivante projetée.
Le 3 novembre de la même année est créée à Bruxelles la Sinfonietta, toujours sous la direction de Roger
Désormière. Peu après le succès de l'œuvre, Igor a l'idée de réutiliser le matériau accumulé pour L'Habit du Roi
destiné aux Ballets russes : ainsi naquit Cantate sur un texte de Jean Cocteau. En fait, la composition fut achevée
avant même que Cocteau, pris par le tournage du Sang d'un Poète, ne soit intervenu. « L'œuvre présente donc le
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cas particulier d'un ouvrage lyrique où les paroles ont été écrites sur la musique, non le contraire . » La pièce est
créée le 4 juin 1930 par Désormière, le chœur d'hommes Yvonne Gouverné et la soliste Madeleine Vitha.
Le 13 mai 1932 est créée une commande de la princesse de Polignac : la Partita (1930) par Marcelle Meyer et
Roger Désormière.
Il poursuit sa formation dans l'art de la direction avec Pierre Monteux (1933), qui avait créé tant de chefs-d'œuvre
avec les Ballets russes à partir des années 1910 et venait de fonder l'École Monteux, destinée aux jeunes chefs. Son
premier concert ne sera rien moins qu'au Concertgebouw d'Amsterdam, où il est invité par Monteux pour la
création de Rébus. Il a vingt ans. L'œuvre fut donnée la même année à Boston et New York par Serge Koussevitzky.
Puis il travaille avec Hermann Scherchen (1934-1936), qui l'appelle « mon orchidée empoisonnée ».
Ses modèles en compositions sont Honegger, Hindemith et surtout Stravinsky. Mais à la fin des années 1930, sa
production se raréfie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1943, Igor Markevitch fait partie de la résistance italienne dans la
région des Apennins au nord de Florence.
Il épouse à Budapest le 20 avril 1936 la fille de Nijinski, Kyra (1914-1998) qui lui donnera un enfant, Vaslav, né le
20 janvier 1937.
Puis il se remarie à Lausanne le 22 juillet 1947 avec la princesse Topazia Caetani (1921-1990), qui lui donnera
quatre enfants : Allegra (née en 1950), Natalia (Nathalie, née en 1951), Oleg (Oleg Caetani, chef d'orchestre, né en
1956) et Timour (1960-1962).
Le chef d'orchestre
La fin de la guerre marque le début d'une carrière internationale. Il entreprend une carrière de chef d'orchestre qui
le rendra universellement célèbre, à la tête principalement de l'Orchestre Lamoureux, de l'Orchestre
philharmonique de Berlin et du Philharmonia à Londres. C'est pourquoi, comme Gustav Mahler en son temps, il
est aujourd'hui plus connu pour son activité de chef que pour ses talents de compositeur.
De 1948 à 1956, il assure la classe de direction d'orchestre du Mozarteum de Salzbourg où il forme de futurs chefs
prestigieux, tels Jean-François Paillard ou Jean Périsson.
De 1952 à 1955, il est le chef de l'Orchestre de Stockholm. Il y découvrira le compositeur Franz Berwald et en
laissera des disques magnifiques grâce aux sessions d'enregistrement des années 1953 à 1955 avec l’Orchestre
philharmonique de Berlin.
Après deux saisons à Montréal, puis à La Havane, il revient sur le vieux continent pour prendre la direction de la
meilleure phalange française de l'époque, l'Orchestre des Concerts Lamoureux, de 1957 à 1961. C'est une période
faste où sont commandées et créées de nombreuses œuvres : Doubles de Pierre Boulez, Hymne de Messiaen,
Achorripsis de Xenakis, le Concerto pour alto de Milhaud, la Troisième symphonie de Barraud. Avec cet orchestre
sont aussi gravés de nombreux enregistrements de référence, encore incontournables aujourd'hui : Berlioz,
Milhaud, Honegger, Debussy, Gounod, Roussel.
Il meurt le 7 mars 1983 à Antibes, d'un infarctus, après une tournée au Japon et en Russie. Signe du destin, son
dernier concert est à Kiev, sa ville natale.
Le musicologue suisse Robert-Aloys Mooser (1876-1969) disait de lui : « Je n'ai guère rencontré que deux
compositeurs qui possédaient d'égales aptitudes dans l'art d'écrire et dans celui de diriger : G. Mahler et R. Strauss.
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À ces deux exceptions vient s'ajouter aujourd'hui celle d'Igor Markevitch . »
Œuvres principales
Orchestrations
En tant qu'écrivain
Made in Italy, souvenirs, 1940
Point d'orgue, entretiens avec Claude Rostand, 1959
Être et avoir été, mémoires, Gallimard, 1980, 512 p (30 pages d'introduction en lecture libre (https://budin.inf
o/index.php?option=com_content&view=article&id=69:etre-ou-avoir-ete&catid=80&Itemid=518)).
Le Testament d'Icare, essai philosophique, Grasset, 1984, 189 p.
Théorie
Étude historique, analytique et pratique des symphonies de Beethoven (Die Sinfonien von Ludwig van
Beethoven: historische, analytische und praktische Studien, Leipzig : Éditions Peters, 1982
Compositeur
Œuvres complètes pour orchestre, 7 volumes - (1995-2004, Marco Polo 8.223653/666/724/882 &
8.225054/076/120 ; albums réédités sous label Naxos)
L'Envol d'Icare, Noces, Galop, Sérénade - Christopher Lyndon-Gee, Kolja Lessing (piano), Franz Lang
(percussions) - Markevitch Ensemble (1993, Largo 5127)
Symphonique
Ballets français : Auric Les Fâcheux, Milhaud Le Train Bleu, Poulenc Les Biches, Satie Jack in the box,
Sauguet La Chatte - Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (La Guilde du Disque)
Beethoven : Symphonies n° 1 (+ Haydn, Symphonie n°103 "Roulements de timbales"), 5, 8, 9 - (Decca)
Beethoven : Symphonie n°6 "Pastorale", Schubert, Symphonie n°5 - (DG)
Berlioz : Symphonie Fantastique (1954), Moussorgski Tableaux d'une exposition (1953) - (DG)
Berlioz : Symphonie Fantastique (1962), Cherubini Ouverture d’Anacréon, Auber, Ouverture de la Muette de
Portici - (DG)
Berwald : Symphonies no 3 & 4, Schubert Symphonie no 4 - (DG)
Bizet : L'Arlesienne - Suites, Carmen - Suites - Orchestre des Concerts Lamoureux (1959, Philips)
Debussy : La Mer, Danses pour Harpe (Suzanne Cotelle, harpe) - (DG + Images par Michael Tilson Thomas)
Dukas : L'Apprenti sorcier - (EMI)
Milhaud : Les Choéphores, Honegger Symphonie no 5, Roussel Bacchus et Ariane - (DG)
Prokofiev, :Symphonie no 1 « Classique » op. 25, Orchestre Philharmonia - (EMI)
Rimsky-Korsakov : Capriccio espagnol & La Grande Pâque russe, Orchestre symphonique de Londres -
complément : Shéhérazade dirigée par Kyrill Kondrachine (Philips).
Rimsky-Korsakov : Shéhérazade & le Capriccio Espagnol - (Decca, collection Eloquence)
Rimsky-Korsakov : Le Coq d'or, suite de l'opéra & La Nuit de mai, ouverture de l'opéra ; Borodine, Dans les
steppes de l'Asie Centrale ; Liadov, Fragment de l'Apocalypse ; Tchaïkovski, Francesca da Rimini - (DG)
Schubert : Symphonies n°3 et n°4 "Tragique" - (DG)
Stravinsky : Le Sacre du printemps, Petrouchka, Pulcinella, Suite du Baiser de la fée, Prokofiev Suites
L'Amour des trois oranges, Suite scythe, Le Pas d'acier - (EMI)
Stravinsky : Le Sacre du Printemps versions 1951 & 1959 (Testament 1076)
Stravinsky : Symphonie de Psaumes ; Mahler : Symphonie n°1 "Titan" - (Montaigne)
Tchaikovski : intégrale des Symphonies avec Manfred - Orchestre symphonique de Londres (Philips
Classics)
Concertos
Berlioz : Harold en Italie, violon alto, CD DG
Bartók : Concerto pour piano no 3, Annie Fischer, Orchestre symphonique de Londres - (EMI)
Berg : Concerto « À la mémoire d'un ange », Arthur Grumiaux, violon ; Orchestre du Concertgebouw -
(Philips)
Chopin : Concerto pour piano no 2 ; Falla, Nuits dans les jardins d'Espagne - Clara Haskil, piano ; Orchestre
des Concerts Lamoureux - (Philips)
Mozart : Concerto pour piano n°20, K.466 & Concerto pour piano no 24, K.491 - Clara Haskil, piano ;
Orchestre des Concerts Lamoureux - (Philips)
Vocales
Berlioz : La damnation de Faust, Richard Verreau, Faust, Consuelo Rubio, Marguerite, Michel Roux,
Méphistophélès, Pierre Mollet, Brander, Orchestre des Concerts Lamoureux, Chœurs Elisabeth Brasseur,
Choeur enfants RTF, 2 CD DG 1960 - report 2019 (remastered at 24-BIT 192 kHZ) et Blu-ray disc Pure
audio.
Boulanger : Du fond de l'abîme, Psaumes 24 & 129, Pie Jesus, Vieille pièce bouddhique - Orchestre
Lamoureux (1958) - (EMI)
Cherubini : Requiem en ré mineur, Mozart Messe du Couronnement - (DG)
Glinka : Une vie pour le tsar, opéra - (EMI)
Gounod : Messe solennelle de sainte Cécile (DG)
Haydn : La Création - (DG)
Mompou : Los Improperios (oratorio), et œuvres vocales d'Espla, Ferrer et Victoria - (Philips)
Moussorgski : Chants et Danses de la Mort + 6 Mélodies orchestrées par Markevitch - Vishnevskaya,
Russian State Symphony Orchestra (Philips + mélodies de Prokofiev et Tchaïkovski)
Offenbach : La Périchole, Orchestre Lamoureux - (EMI)
Stravinsky : L'Histoire du Soldat avec Jean Cocteau - (Philips)
Verdi : Requiem avec G. Vichnievskaïa et I. Petrov - (Philips)
Anthologie de la Zarzuela - (Philips)
Collection Great Conductors of the 20th Century (IMG Artists - 2 CD) : Tchaïkovski (Manfred), Glinka (extraits
d'Une vie pour le Tzar), Verdi (ouverture de La Force du destin), Chabrier (Espana), Strauss R. (Till
l'espiègle), Ravel
Notes et références
1. Igor Markevitch, Être et avoir été, p. 66.
2. Idem, p. 125.
3. Idem, p. 129.
4. Idem p. 130.
5. Claude Nanquette, Anthologie des interprètes, Stock, 1979, p. 399.
6. Idem, p. 171.
7. Il s'agit de Barabau en 1925 et Le Bal, créé pour la saison 1929.
8. Idem, p. 198.
9. Cité par Nanquette, op. cit, p. 399.
Voir aussi
Liens externes