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HERMÉTISME
ET
MYSTIQUE PAIENNE
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A. J. FESTUGIÈRE
MEMBREDELIN' STITUT
HERMÉTISME
ET
MYSTIQUE PAÏENNE
AUBIER—MONTAIGNE
PARIS
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AVERTISSEMENT
BIBLIOGRAPHIE
L'HERMÉTISME
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tre part parce que l'ordre immuable des astres qui préside
à tout ce monde matériel est, en ce qui concerne l'homme,
un désordre puisqu'il nous fait souffrir, d'où l'on conclut de
ce désordre particulier à un désordre universel. L'ordre, et le
Principe de l'Ordre, sont donc à chercher hors du monde,
dans une divinité qui soit supérieure à ce monde, non liée par
l'Heimarménè cosmique; le salut, la délivrance, sera des'unir,
par un moyen quelconque, à cette divinité.
Dece principe général dérivent un certain nombre de traits
communs qui affectent également (a) la forme et (b) le conte-
nu de ces «mystiques de salut».
a) Aspect formel des mystiques de salut.
1. Si le monde, régi par l'Heimarménè, est mauvais, tout ce
qui, dans l'homme, est du monde, est mauvais aussi, du moins
entaché de mal. Or la partie cosmique de l'homme n'est pas
seulement son corps, hylique par définition, mais aussi son
âme liée au corps et, dans cette âme, la raison raisonnante,
laquelle est bien capable de connaître ce qui est à l'intérieur
du monde, mais non pas de s'élever, au-dessus du monde,
jusqu'à l'appréhension du vrai Dieu hypercosmique. Le pessi-
misme à l'égard du monde conduit ainsi à unpessimisme, plus
ou moins radical, à l'égard de la raison humaine. L'homme
ne peut donc se sauver pas les seules forces de la raison: il
lui faut une aide étrangère, une grâce divine.
a. Cette grâce divine se manifeste d'abord dans l'ordre de
la connaissance. Puisque la raison humaine est incapable d'at-
teindre Dieu, Dieu ne sera connu que s'il se révèle. La con-
naissance de Dieu sort donc ici du plan logique ou intellec-
tuel et d'une mystique qui, tout en dépassant ce plan, le pro-
longe sur une même ligne, pour entrer dans le domaine de
la gnose (essentiellement γνῶσις ϑεοῦ), qui est une connais-
sance de foi: on croit à la révélation ou l'on refuse d'y croire.
grâce divine se manifeste en second lieu dans l'ordre
de l 'action. Ceux qui ont cru en lui, Dieu les protège durant
leur vie, en leur accordant un δαμ ί ων πάρεδρος, en les aidant
à bien agir.
y. Elle se manifeste enfin, et c'est son bienfait le plus con-
sidérable, dans l'ordre des fins dernières. Une fois mort, le
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doute pour lui valeur de moyen, en ce que cette extase lui con-
fère la certitude du salut, elle a aussi valeur de fin, elle est dé-
jà, par anticipation, une prise de possession de la fin. Cequica-
ractérise, au contraire, les dernières formes de mysticisme
qu'il nous reste à étudier, c'est que la vision y est seulement
un moyen. Certes, les croyances fondamentales et l'aspect for-
mel sont les mêmes que dans les mystiques de salut: pessi-
misme radical à l'égard de la raison humaine, d'où le recours
aux dieux, seuls maîtres de toute vérité et de tout pouvoir;
désir, souvent passionné, de voir le dieu, de jouir de sa pré-
sence, de converser avec lui (ὁμιλεῖν, προσμιλεῖν τῷ ϑεῷ); ré-
vélation-mystère, élus et profanes, serment de garder le se-
cret, etc. Mais le but final est différent. L'«autopsie» n'est plus
recherchée pour elle seule, ni même comme garantie de sa-
lut: ce que l'on vise avant tout, c'est d'obtenir du dieu une
révélation, un oracle dont on tirera avantage (dans l'ordre de
la science ou de l'action) dès ici-bas, durant cette vie terrestre.
Même quand l'oracle porte sur des questions théologiques,
comme sur l'essence de Iao ou sur la nature solaire de Man-
doulis Aiôn, le désir du fidèle ne va pas plus loin que cet
oracle même. La réponse obtenue, il s'en va content. En
d'autres termes, on ne constate pas ici de véritable conver-
sion, un état nouveau succédant à la manière ancienne de vi-
vre. Ni Aelius Aristide, ni le médecin Thessalos, ni toute la
tribu des magiciens, ni même le pèlerin anonyme de Man-
doulis Aiôn ne manifestent un souci, du moins explicite, de
leur salut spirituel après la mort. De cette différence initiale
résulte enfin une diversité quant au mode même de la vision.
Le dévot des mystiques de salut cherchait à s'élever vers Dieu,
d'une manière définitive après la mort, dès maintenant par
la purification, l'ascèse, le recueillement et l'extase (obtenue,
quelquefois, par des moyens moins purs — mais la fin reste
identique). Ici, c'est plutôt le dieu qui descend sur terre, et
qui apparaît, momentanément, dans la veille ou en songe,
pour rendre le service particulier qu'on lui demande, peu
importe d'ailleurs qu'on l'ait attiré par des supplications et
des sacrifices ou qu'on l'ait forcé à venir par les ressources
de la magie; la présence divine n'a pas été atteinte par un
changement dans le sujet, et elle ne se renouvelle point de
manière à constituer comme un «état» où le myste vit en com-
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L'HERMÉTISME
I. LA RÉVÉLATION D'HERMÈS TRISMÉGISTE
I. LALITTÉRATUREHERMÉTIQUE
La littérature hermétique comporte deux sortes d'écrits très
divers:
1. Une série d'écrits —ce sont les plus anciens, quelques
uns d'entre eux peuvent remonter jusqu'au III siècle avant
notre ère au plus tôt — qui ressortissent à l'astrologie, à
l'alchimie, à la magie et généralement aux sciences occultes:
c'est ce que je nommerai, pour faire court, l'hermétisme
populaire, et que j'ai étudié dans un volume publié en
1944 (La Révélation d'Hermès Trismégiste: I L'astrologie
et les sciences occultes).
2. Une série d'écrits, composés dans l'ensemble aux II et
III siècles de notre ère, qui ressortissent à la philosophie et
à la théologie: c'est ce que je nommerai l'hermétisme
savant.
Ces deux séries ne sont pas sans rapport. Il y a ainsi des
traces d'astrologie en plusieurs traités de l'hermétisme savant,
des traces d'alchimie dans le traité savant intitulé Koré Kos-
mou (Vierge ou Pupille du Monde). D'autre part, deux écrits
de l'alchimiste Zosime (III s. ap. J. C.), les Commentaires
sur la lettre Q et le Compte Final, subissent l'influence ma-
nifeste des spéculations gnostiques et mystiques de l'hermé-
tisme savant. Néanmoins ces interférences ne touchent pas
au caractère essentiel de chacune des deux séries, et la dis-
tinction entre l'une et l'autre demeure assez nette. Le seul
point commun, le seul trait qui permette de rapporter tous
ces ouvrages à l'hermétisme, c'est qu'ils se présentent tous
comme des écrits révélés, et révélés par Hermès Trismégiste.
Nous verrons tout à l'heure quelle est la signification de ce
fait. Commençons par énumérer les écrits.
Planche XI
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