Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2020/2021
SESSION 1 --------------------------------------------------------------------------------------------------- 4
SESSION 2 --------------------------------------------------------------------------------------------------- 4
DOCUMENTS AUTORISÉS :
- Code civil non annoté (post-it vierges d’écriture et surlignage autorisés)
- Dictionnaire bilingue courant autorisé pour les étudiants étrangers non francophones
ou
/20 points
ou
SUJET PRATIQUE
Cas n° 1 (/ 4 points)
Thomas Ripley a une grande idée : il veut créer un site internet de vente de
livres en ligne. Pour cela, il a besoin d’un financement de départ de 100 000
euros. Il se rend à sa banque, la Greenleaf Bank, et réalise cet emprunt au
nom de sa société PleinSoleil. Comme sa société est nouvellement créée,
la banque n’a pas confiance en sa solvabilité et demande à Thomas de se
porter garant pour cet emprunt. Ils concluent un contrat intitulé « Garantie à
première demande » qui stipule : « Le talentueux Monsieur Ripley s’engage
solidairement à payer l’intégralité de la dette due par la société PleinSoleil à
la Greenleaf Bank sur ses revenus pendant toute la durée de l’engagement
de la société débitrice si elle n’y satisfait pas elle-même, sans pouvoir
opposer le bénéfice de discussion, dans la limite de 100 000 (cent mille)
euros incluant le principal, les intérêts, les frais et les accessoires. » Dans
les premiers mois après le lancement du site, un gros bug informatique
empêche toute transaction et la société PleinSoleil n’est pas en mesure de
remplir ses échéances. La Greenleaf Bank se retourne contre Thomas
Ripley et lui réclame le paiement de l’intégralité de la dette.
Thomas Ripley vient vous demander conseil.
Ruinée par une attaque militaire ayant eu lieu dans sa ville ainsi qu’une
mauvaise gestion patrimoniale, Andromaque ne dispose plus des fonds
suffisants pour rembourser sa dette désormais exigible. Priam décide alors
de se retourner contre Hélène, qui s’exécute rapidement pour le remercier
de ce qu’il a pu faire pour elle naguère.
Vous devez penser que l’histoire se répète ; vous n’avez pas tout à fait tort…
Ayant payé l’intégralité de la dette, Hélène souhaite exercer un recours
personnel contre les autres cautions. Simplement, elle vous apprend qu’Hector
et Chryséis sont insolvables, et que la maison secondaire de Cassandre est
évaluée à 500 000 euros.
Durée : 3 heures
SUJET 1 : Dissertation
OU
Pour information : articles du code civil visés par l’arrêt et en vigueur en 2012, dans leur version
antérieure à l’ordonnance n°2016-13 du 10 février 2016.
DOCUMENT AUTORISE : Code civil, Code de commerce, Code des sociétés et Dictionnaire
bilingue courant autorisé pour les étudiants étrangers non francophones
OU
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 16 décembre 2004), que la société à responsabilité
limitée Villiers promotion (la SARL), constituée entre les membres de la famille X..., détenait
la quasi-totalité des parts composant le capital de la société civile immobilière Résidence Le
Courbet (la SCI), dont elle assurait la gérance ; que M. Z... et son épouse Mme A... ainsi que
M. B... et son épouse Mme C... (les acquéreurs), auxquels la SCI avait vendu des
appartements, invoquant divers manquements contractuels, ont engagé des procédures
judiciaires qui ont abouti à des décisions condamnant la SCI ou fixant leur créance au passif
de sa liquidation judiciaire, prononcée le 3 décembre 1991 ; que les acquéreurs ont poursuivi
la SARL qui a été mise en liquidation judiciaire le 19 août 1993, le jugement la condamnant
n'intervenant que le 12 octobre 1993 ; qu'ils ont alors recherché la responsabilité de MM.
Gérald et Luc X... en leur qualité de gérants de la SARL et de la SCI ; que la cour d'appel
ayant accueilli ces demandes et Gérald X... étant décédé le 10 janvier 2004, un pourvoi a été
formé par MM. Luc et Marc X..., agissant tant en leur nom qu'en leur qualité d'héritiers de
leur père Gérald X... ;
Attendu que MM. Luc et Marc X... font grief à l'arrêt d'avoir condamné in solidum MM.
Gérald et Luc X..., en leur qualité de gérants de la SARL, elle-même gérante de la SCI, à
payer diverses sommes aux acquéreurs, alors, selon le moyen :
1 / que la responsabilité personnelle d'un dirigeant de société à l'égard des tiers ne peut être
retenue que s'il a commis une faute séparable de ses fonctions, qui lui soit imputable
personnellement ; qu'il en est ainsi lorsque le dirigeant commet intentionnellement une faute
d'une particulière gravité incompatible avec l'exercice normal des fonctions sociales ; qu'en
jugeant que la gérante de la SCI Résidence Le Courbet aurait commis une faute détachable
de ses fonctions, aux motifs qu'elle avait prélevé, le 16 juin 1988, une somme de 600 000
francs dans la trésorerie de la SCI, "par anticipation sur les bénéfices", sans qu'aucune
provision n'ait été comptabilisée pour le montant des litiges à venir avec les époux Z... et B...
, "contrairement au principe de prudence qui aurait dû guider les dirigeants", que ce
prélèvement "excessif" aurait mis en péril la SCI et l'aurait conduite vers la cessation des
paiements, quand de telles circonstances, jointes au fait constaté par la cour d'appel du
reversement de 200 000 francs par les associés dans la trésorerie de la société, ne permettaient
pas de caractériser une faute d'une particulière gravité incompatible avec l'exercice des
fonctions de la gérante, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article
1850 du code civil ;
2 / que la responsabilité personnelle d'un dirigeant de société à l'égard des tiers ne peut être
retenue que s'il a commis une faute séparable de ses fonctions, qui lui soit imputable
personnellement ; qu'il en est ainsi lorsque le dirigeant commet intentionnellement une faute
d'une particulière gravité incompatible avec l'exercice normal des fonctions sociales ; qu'en
jugeant que la gérante de la SCI Résidence Le Courbet aurait commis une faute détachable
de ses fonctions, aux motifs qu'elle aurait "abusivement" opéré, le 16 juin 1988, un
prélèvement "excessif" de 600 000 francs dans la trésorerie de la SCI "par anticipation sur
les bénéfices", qui aurait "traduit la volonté délibérée des personnes physiques agissant sous
couvert de personnalités juridiques distinctes, de s'approprier dans un but personnel étranger
à toute finalité sociale, des sommes détenues par une personne morale, les faisant ainsi
échapper au gage des créanciers déjà révélés lors de cette soustraction", sans même se
prononcer, comme elle y était invitée, sur les résultats de l'exercice au cours duquel le
prélèvement litigieux avait été décidé, et sans rechercher si la gérante avait pu légitimement,
et sans sortir de ses fonctions, effectuer ce prélèvement dans l'optique d'une simple répartition
de bénéfices, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision au regard de l'article
1850 du code civil ;
3 / que la faute d'une personne morale gérante ne peut être imputée personnellement qu'au
dirigeant en fonction au moment où cette faute a été commise ; qu'il est constant et ressort de
l'arrêt attaqué, que la SCI Résidence Le Courbet avait eu pour gérante la SARL Villiers
promotion ; que cette SARL avait été gérée "successivement" par Mme X... mère jusqu'à son
décès, puis par M. Luc X... jusqu'au 4 janvier 1991, et enfin par M. Gérald X... jusqu'en
septembre 1991 ; qu'en jugeant que le prélèvement effectué par la SARL le 16 juin 1988
caractérisait une faute personnelle détachable des fonctions de la gérante et que, par le jeu de
l'article 1847 du code civil, Gérald X... "encourt la responsabilité de cette faute" quand Gérald
X... n'était pas gérant de la SARL Villiers promotion à l'époque du prélèvement litigieux, et
ne pouvait donc se voir imputer personnellement la prétendue faute susvisée, la cour d'appel
a violé les articles 1850 et 1847 du code civil ;
Mais attendu, en premier lieu, qu'après avoir constaté que la SCI avait été informée dès les 6
et 14 juin 1988 du contentieux qui prenait naissance avec les acquéreurs, l'arrêt relève
qu'aucune provision n'a été comptabilisée pour le montant prévisible de ces litiges et qu'au
contraire, la SARL a pratiqué dans la trésorerie de la SCI, dès le 16 juin 1988, soit alors
qu'elle venait de prendre connaissance des litiges à venir, un prélèvement par anticipation sur
les bénéfices dont le montant excessif a suffi à mettre en péril la société et l'a conduite à la
cessation des paiements, et retient que la faute ainsi commise traduit la volonté délibérée de
faire échapper cette somme au gage des créanciers de la SCI ; qu'en l'état de ces constatations
et appréciations établissant que la SARL avait commis une faute intentionnelle d'une
particulière gravité incompatible avec l'exercice normal de ses fonctions de gérante de la SCI,
la cour d'appel, qui a fait la recherche visée par la deuxième branche, a légalement justifié sa
décision ;
Et attendu, en second lieu, qu'il ne résulte ni de l'arrêt ni de leurs conclusions que les consorts
X... aient soutenu devant la cour d'appel que Gérald X... n'avait pas la qualité de gérant de la
SARL lors du prélèvement effectué le 16 juin 1988 ; que le moyen pris de cette circonstance
est donc nouveau ; qu'il est mélangé de fait et de droit ;
D'où il suit que le moyen, non fondé en ses deux premières branches, est pour le surplus
irrecevable ;
REJETTE le pourvoi ;
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Répondez à l’un des deux sujets ci-dessous à partir des auteurs et courants étudiés dans le
cours et en TD :
OU
OU
N’ayant pas réussi à obtenir auprès de la mairie le permis de construire qu’il avait
demandé, Monsieur Feuille s’estime victime de corruption commise par des
personnes haut placées à la mairie de Truc-Les-Bains. Le 10 juin 2020, il dépose
plainte contre le maire, Madame Plume. Les premiers éléments de l’enquête de
police portent à croire que Madame Plume est bien coupable de corruption passive
au sens de l’article 432-11 1° du Code pénal, tout comme son premier-adjoint
Monsieur Duvet. Ils encourent chacun 10 ans d’emprisonnement et 1 000 000
d’euros d’amende.
Ne souhaitant pas attirer l’attention sur cette affaire de corruption, tout en trouvant un
coupable pour satisfaire Monsieur Feuille, Monsieur Bateau réfléchit à autre réponse
pénale que des poursuites. Son jeune stagiaire lui suggère une composition pénale
car Monsieur Duvet a reconnu les faits.
Qu’en pensez-vous ?
SUJET 1 :
OU
SUJET 2 : Commentez la disposition suivante contenue dans la Charte des Nations Unies :
Article 51
Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense,
individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l'objet d'une
agression armée, jusqu'à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour
maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans
l'exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du
Conseil de sécurité et n'affectent en rien le pouvoir et le devoir qu'a le Conseil, en vertu de la
présente Charte, d'agir à tout moment de la manière qu'il juge nécessaire pour maintenir ou
rétablir la paix et la sécurité internationales.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
La justice a pour but l’aequum et bonum du jurisconsulte Paul ; elle vise à établir entre les
hommes, dans les relations sociales comme dans les prestations, le plus d’égalité possible en
vue du Bien. L’ordre social, en tant qu’il est la réalisation d’une idée, a pour but la stabilité de
l’état social [...]
Il faut bien se résigner à cette constatation. L’ordre social établi est ce qui nous sépare de la
catastrophe ; en majorité, les hommes des pays civilisés, préfèrent supporter une certaine dose
d’injustice plutôt que de risquer la catastrophe. L’ordre social représente le minimum
d’existence, et la justice sociale est un luxe dont, dans une certaine mesure, on peut se passer.
Ajoutons, qu’en fait, l’ordre social disposant du pouvoir et de la contrainte, ainsi que de tout
l’appareil juridique, ne se prive point d’employer, pour se maintenir, ces autres atouts qu’il a
dans son jeu.
Ces aperçus trop pessimistes doivent cependant être corrigés par deux observations : la
première est que les organisations d’un état social quelconque, même truffées d’injustice, ont
intérêt à durer et qu’elles ne le peuvent qu’en introduisant, dans leur conduite quotidienne,
une certaine dose de justice, afin d’obtenir autour d’elles un certain assentiment et parque l’on
ne peut pas employer la contrainte à jet continu ; c’est le phénomène historique de l’institution
qui a bonifié et humanisé progressivement les organisations sociales, qui a rendu la seigneurie
féodale plus humaine au douzième siècle qu’au dixième et le patronat industriel plus humain
au vingtième siècle qu’au dix-neuvième. La seconde observation [...] est que les progrès de
justice, introduits dans la conduite des organismes sociaux durant une génération, pénètrent, à
la seconde ou à la troisième génération, dans l’ordre social lui-même comme chose établie, de
telle sorte que cet ordre social se réincorpore de la justice.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
SUJET 1 : Dissertation
Sûreté réelle et circulation du bien offert en garantie
OU
Faits et procédure
1. Selon l’arrêt attaqué (Montpellier, 20 novembre 2018), se prévalant d’une créance de restitution d’un
acompte versé, le 20 juin 2014, sur le prix d’un contrat d’entreprise conclu avec la société de services de
distribution et de fabrication (la société SDF), placée en sauvegarde puis liquidation judiciaire sans avoir
exécuté ses obligations, la société Centrale solaire des terres rouges (la société Centrale solaire), dont cette
créance a été admise au passif de la société SDF, a exercé un droit de rétention sur une foreuse hydraulique
apportée sur le chantier par la société SDF, crédit-preneur de ce matériel appartenant à la société Natixis
Lease, laquelle a assigné la société Centrale solaire en restitution.
Sur le premier moyen, pris en ses première et deuxième branches, ci-après annexé
2. En application de l’article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n’y a pas lieu de statuer par une
décision spécialement motivée sur ce moyen qui n’est manifestement pas de nature à entraîner la cassation.
3. La société BPCE Lease, anciennement dénommée Natixis Lease, fait grief à l’arrêt de rejeter sa demande de
restitution de la foreuse hydraulique et de juger la société Centrale solaire bien fondée à exercer son droit de
rétention jusqu’à complet paiement de sa créance, alors « que peut se prévaloir d’un droit de rétention sur la
chose notamment celui dont la créance impayée résulte du contrat qui l’oblige à la livrer ou dont la créance
impayée est née à l’occasion de la détention de la chose ; qu’en l’espèce, la cour d’appel a jugé que la société
Centrale solaire était bien fondée à exercer son droit de rétention sur la foreuse hydraulique appartenant à la
société Natixis Lease dès lors qu’il existait un lien de connexité entre la créance de celle-là sur la société SDF et
la détention du matériel litigieux, apporté sur le chantier par celle-ci pour exécuter le contrat avec la société
Centrale solaire ; qu’il n’existait pourtant aucun lien de connexité matérielle ou juridique entre la créance de
remboursement d’un acompte d’une prestation de service non exécutée et ladite foreuse, si bien qu’en jugeant
le contraire, la cour d’appel a violé l’article 2286 du code civil. »
Réponse de la Cour
4. Après avoir relevé, par motifs propres et adoptés, que la société Centrale solaire exerçait son droit de
rétention sur la foreuse hydraulique pour garantir le remboursement de l’acompte versé à la société SDF en
contrepartie de la réalisation de travaux non exécutés, cette créance étant certaine, liquide et exigible, et
retenu que la foreuse avait été placée sur le terrain de la société Centrale solaire par la société SDF en vue de la
réalisation du chantier inexécuté puis abandonnée sur les lieux après la résiliation du contrat, la cour d’appel,
qui a fait ainsi ressortir que la créance impayée dont se prévalait la société Centrale solaire résultait du contrat
qui l’obligeait à restituer la foreuse à son cocontractant, en a exactement déduit qu’elle était fondée à opposer
son droit de rétention à la société Natixis Lease, propriétaire de cette chose.
SUJET 1 : Dissertation.
OU
Sur le moyen unique : Vu les articles L. 1234-1, L. 1234-5 et L. 1234-9 du code du travail ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. Y..., engagé le 16 juin 1992 en qualité de vendeur de véhicules
d'occasion par M. A... aux droits duquel se trouve la société Ornallia et occupant, en dernier lieu, les
fonctions de directeur du site de Flers, a été mis à pied à titre conservatoire le 5 juin 2013 et licencié
pour faute grave par lettre du 27 juin suivant ;
Attendu que pour requalifier le licenciement notifié au salarié pour faute grave en licenciement pour
cause réelle et sérieuse, de condamner la société à payer au salarié diverses sommes à ce titre, l'arrêt
retient que les propos à connotation raciale et dévalorisant retenus à charge du salarié, s'ils étaient
inacceptables de la part d'un salarié exerçant des fonctions d'encadrement et constituaient un motif de
licenciement, n'étaient pas de nature à justifier une rupture immédiate du contrat de travail dès lors
que durant ses vingt et une années de service, celui-ci, reconnu pour ses qualités humaines et
professionnelles, n'avait fait l'objet d'aucune remarque de nature disciplinaire ;
Qu'en statuant ainsi, alors que des propos humiliants et répétés à connotation raciste tenus par un
salarié à l'encontre d'un autre salarié sont constitutifs d'une faute grave rendant impossible le maintien
du salarié dans l'entreprise, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
SEUL DOCUMENT AUTORISE : Dictionnaire bilingue courant autorisé pour les étudiants
étrangers non francophones
SUJET 1 :
Dissertation
OU
SUJET 2 :
Commentaire d’arrêt
Texte intégral
RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Sur le moyen unique, pris en ses deux premières branches, ci-après annexé :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 7 décembre 2017), que la société civile
immobilière Echirolles (la SCI) a été constituée entre M. H... J... et ses enfants, W... et X..., et M.
M... S... et ses enfants C..., L... et U... ; que, lors d'une assemblée générale extraordinaire, les
associés ont décidé de créer des catégories de parts sociales donnant droit à un bénéfice
distribuable variable selon les catégories créées, afin de permettre à M. H... J... et à M. M... S...,
titulaires de deux parts sociales chacun, de bénéficier l'un et l'autre de 40 % du bénéfice
distribuable, les 498 parts de M. W... J... et Mme X... J... ne donnant plus droit qu'à 10 % du
bénéfice distribuable, comme les 498 parts détenues par Mme C... S..., M. L... S... et Mme U... S...
; que Mme C... S... a assigné la SCI en annulation de ces délibérations ;
Attendu que Mme C... S... fait grief à l'arrêt de rejeter cette demande ;
Mais attendu qu'ayant retenu que la décision, motivée par le souhait de remercier les associés
fondateurs de leur engagement, n'avait pas été prise dans l'unique but d'avantager les associés
majoritaires au détriment des minoritaires, les deux associés minoritaires ayant été avantagés et les
associés majoritaires qui avaient voté en faveur de la résolution ayant au contraire vu leur quote-
part dans les bénéfices et les réserves distribuées diminuer et que la répartition inégalitaire des
bénéfices et des réserves entre les associés n'était pas contraire à l'intérêt social, la cour d'appel en
a exactement déduit que l'abus de majorité n'était pas caractérisé ;
REJETTE le pourvoi ;
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
À l’aide de votre cours et de vos travaux dirigés vous traiterez l’un des sujets :
OU
Vu les requêtes du Syndicat national des transporteurs aériens tendant à ce qu’il plaise au
Conseil annuler pour excès de pouvoir le décret en date du 24 sept. 1953 relatif au régime
juridique administratif et financier des aéroports ouverts à la circulation aérienne publique et
l’arrêté interministériel en date du 11 oct. 1954 fixant les conditions d’établissement et de
perception des redevances d’usage des installations aménagées sur les aéroports pour la
réception des passagers et des marchandises;
(…)
Considérant que le décret susvisé en date du 24 sept. 1953, relatif au régime juridique,
administratif et financier des aérodromes ouverts à la circulation aérienne publique, prononce,
par son art. 28, l’abrogation des textes législatifs ou réglementaires antérieurs ayant créé des
taxes à percevoir sur les aérodromes de l’État, et, par son titre 4 (art. 18 à 22) substitue à ces
taxes des redevances nouvelles qui seront perçues sur tous les aérodromes ouverts à la
circulation aérienne publique; que la requête du Syndicat National des transporteurs aériens
est dirigée contre les art. 18 à 22 précités, contre les dispositions transitoires contenues dans
les art. 23 à 25, enfin contre l’art. 28 en tant qu’il prescrit la continuation temporaire du
recouvrement des taxes actuellement perçues ;
Considérant que le syndicat requérant, à l’appui de ses conclusions dirigées contre lesdits
articles, soutient que ces dispositions institueraient, sous le nom de redevances pour
atterrissage des aéronefs, pour usage des dispositifs d’assistance à la navigation aérienne, pour
stationnement et abri des aéronefs, pour usage des installations aménagées pour la réception
des passagers et des marchandises et pour installations de distribution de carburant d’avion,
des taxes présentant un caractère fiscal et violeraient ainsi l’art. 7 de la loi du 11 juill. 1953,
portant redressement économique et financier, en application duquel le décret attaqué a été
pris ;
Considérant que l’art. 7 de la loi du 11 juill. 1953 dispose dans son paragr. l que le
Gouvernement pourra, par décrets pris en conseil des ministres .sur le rapport du ministre des
Finances et des Affaires économiques, et des ministres intéressés, et après avis du : Conseil
d’Etat, prendre des mesures relatives notamment CI à la coordination et à la coopération des
transports, à la répartition, sans accroissement de leur montant global, des charges fiscales
grevant les divers modes de transport et à l’adaptation de ceux-ci à la situation économique et
sociale du pays ; qu’aux termes du paragr. III du même article CI les décrets prévus au présent
article pourront modifier ou abroger les dispositions législatives en vigueur sans qu’il puisse
être porté atteinte aux matières réservées à la loi, soit en vertu des dispositions de la
Constitution, soit par la tradition constitutionnelle républicaine dont les principes ont été
réaffirmés dans le Préambule de la Constitution, ni à la protection des biens et des libertés
publiques ;
Considérant qu’au nombre des matières réservées à la loi par la tradition constitutionnelle
républicaine, compte tenu notamment de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à
laquelle se réfère le Préambule de la Constitution de 1946, figurent, l’institution d’un impôt
de même que la modification des règles applicables à un impôt existant dans des conditions
aggravant la charge fiscale des contribuables ; que, par contre, ne sauraient être regardés
comme réservés à la loi l’institution ou l’aménagement de redevances demandées à des
usagers en vue de couvrir les charges d’un service public déterminé ou les frais
d’établissement et d’entretien d’un ouvrage public et qui trouvent leur contrepartie directe
dans des prestations fournies par le service ou dans l’utilisation de l’ouvrage ;
Considérant qu’aux termes de l’art. 18 du décret attaqué ‘‘les services rendus aux usagers
donneront lieu à une rémunération sous la forme de redevances perçues au profit de la
personne qui fournit le service » et que « les redevances devront être appropriées aux·
services rendus » ; que ces redevances, compte tenu de leur affectation et des modalités
prévues par le décret attaqué pour leur assiette, leur taux et leur recouvrement, ne sont pas au
nombre des impôts ou taxes fiscales, dont l’institution est réservée à. La loi par la tradition
constitutionnelle républicaine ; qu’elles ont donc pu légalement être instituées par un décret
pris dans les conditions prévues à l’art. 7 de la loi du 11 juill. 1953 ;
Art. 1er – Les requêtes susvisées du Syndicat national des transporteurs aériens sont rejetées.
CE, 7 octobre 2009, 309499, Sté d’équipement de Tahiti et des Iles (extraits)
Considérant en premier lieu qu’il résulte des dispositions précitées de l’article R. 224-1 du code de
l’aviation civile en vigueur en Polynésie Française pendant le contrat du 30 août 1999, que des
redevances pour services rendus peuvent être perçues sur l’usager des zones publiques des
aérodromes au titre de l’occupation de terrains et d’immeubles ; que ces redevances peuvent tenir
compte de la valeur économique des avantages procurés à la société utilisatrice du domaine public
; qu’ainsi, ladite clause pouvait légalement prévoir, sans méconnaître les dispositions de l’article
R. 224-1 précité, que la redevance pour services rendus dont la SHRT était redevable à SEDIL
Aéroports, était calculée proportionnellement au chiffre d’affaires réalisé par la SHRT avec les
compagnies aériennes qui recourent à ses services ;
(…)
Considérant qu’il résulte de ce qui précède que la SHRT n’est pas fondée à soutenir que c’est à
tort que le tribunal administratif de Polynésie française a rejeté sa demande tendant à ce qu’il
prononce la nullité de la clause litigieuse ; (…)
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE
POLITIQUE CENTRE DE BORDEAUX
DOCUMENT AUTORISE : Dictionnaire bilingue courant autorisé pour les étudiants étrangers non
francophones
1er SUJET : Peut-on dire que le juge administratif est gardien des libertés fondamentales ?
OU
Vu la requête, enregistrée le 30 mars 2012 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée par le
Syndicat national des professionnels de santé au travail, […] ; le Syndicat national des professionnels de santé
au travail et autres demandent au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler pour excès de pouvoir le décret n° 2012-137 du 30 janvier 2012 relatif à l'organisation et au
fonctionnement des services de santé au travail ;
2°) de mettre à la charge de l'Etat, au profit de chaque requérant, la somme de 2 000 euros au titre de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative ;
1. Considérant qu'aux termes de l'article L. 4624-4 du code du travail : " Des décrets en Conseil d'Etat précisent
les modalités d'action des personnels concourant aux services de santé au travail ainsi que les conditions
d'application du présent chapitre " ;
2. Considérant que le décret attaqué du 30 janvier 2012, pris pour l'application de la loi du 20 juillet 2011 relative
à l'organisation de la médecine du travail, a notamment inséré dans le code du travail des articles D. 4624-37 à
D. 4624-41 relatifs à l'établissement par le médecin du travail d'une fiche d'entreprise ou d'établissement, des
articles D. 4624-42 à D. 4624-45 relatifs au rapport annuel d'activité du médecin du travail, un article D. 4624-
46 relatif au dossier médical en santé au travail et un article D. 4624-50 relatif à la participation du médecin du
travail aux recherches, études et enquêtes entrant dans le cadre de ses missions ;
3. Considérant qu'aux termes de l'article L. 112-1 du code de justice administrative : " Le Conseil d'Etat participe
à la confection des lois et ordonnances. Il est saisi par le Premier ministre des projets établis par le
Gouvernement (...)/ Le Conseil d'Etat donne son avis sur les projets de décrets et sur tout autre projet de texte
pour lesquels son intervention est prévue par les dispositions constitutionnelles, législatives ou réglementaires
(...)/ Saisi d'un projet de texte, le Conseil d'Etat donne son avis et propose les modifications qu'il juge nécessaires
(...) " ; qu'eu égard au rôle ainsi dévolu au Conseil d'Etat, le défaut de saisine de ce dernier entraîne l'illégalité
des actes administratifs dont le projet devait lui être obligatoirement soumis ; que cette illégalité constitue un
moyen d'ordre public que le juge administratif doit, le cas échéant, soulever d'office ;
4. Considérant que les dispositions introduites par les articles mentionnés au point 2 ont pour objet de préciser
les modalités d'action des personnels concourant aux services de santé au travail ; qu'elles devaient, par suite,
être prises par décret en Conseil d'Etat en application de l'article L. 4624-4 du code du travail ; qu'il ressort des
pièces du dossier que le Conseil d'Etat n'a pas été saisi du projet de texte les concernant ; que, par suite, ces
articles sont entachés d'illégalité ;
5. Considérant, en revanche, qu'aux termes de l'article L. 4622-17 du code du travail : " Des décrets déterminent
les conditions d'organisation et de fonctionnement des services de santé au travail (...) " ; qu'aux termes de
l'article L. 4625-1 du même code : " Un décret détermine les règles relatives à l'organisation, au choix et au
financement du service de santé au travail ainsi qu'aux modalités de surveillance de l'état de santé des
travailleurs applicables aux catégories de travailleurs suivantes : / 1° Salariés temporaires ; (...) / 7° Travailleurs
saisonniers. / Ces travailleurs bénéficient d'une protection égale à celle des autres travailleurs. / Des règles et
modalités de surveillance adaptées ne peuvent avoir pour effet de modifier la périodicité des examens médicaux
définie par le présent code (...) " ;
6. Considérant que, d'une part, les dispositions des articles D. 4622-25 à D. 4622-28 et D. 4622-48, introduits
dans le code du travail par le décret attaqué, se rapportent à l'organisation et au fonctionnement des services
de santé au travail et pouvaient être adoptées, en application de l'article L. 4622-17, par un décret simple ; que,
d'autre part, les dispositions des articles D. 4625-1 à D. 4625-7 et D. 4625-13 à D. 4625-22, également introduits
dans le code du travail par le décret attaqué, se rapportent aux modalités de surveillance de l'état de santé des
salariés temporaires et des travailleurs saisonniers et relèvent, en application de l'article L. 4625-1, d'un décret
simple ; que, par suite, le syndicat national des professionnels de santé au travail et autres ne sont pas fondés
à soutenir que le Conseil d'Etat aurait dû être consulté avant l'adoption de ces dispositions ;
7. Considérant qu'il résulte de ce qui précède que les requérants sont fondés à demander l'annulation du décret
du 30 janvier 2012 en tant seulement qu'il insère dans le code du travail les articles D. 4624-37 à D. 4624-46 et
D. 4624-50 ;
8. Considérant que la présente décision n'a pas pour effet de remettre en cause la validité des fiches
d'entreprise ou d'établissement, mentionnées aux articles D. 4624-37 à D. 4624-41, et des rapports annuels
d'activité, prévus aux articles D. 4624-42 à D. 4624-45, qui auraient été établis entre le 1er juillet 2012 et
la date de la présente décision ; qu'elle ne fait pas obstacle à ce que le médecin du travail, en application
de l'article L. 4624-2 du code du travail, utilise les dossiers médicaux en santé au travail qu'il aurait déjà
constitués et continue à y verser les informations mentionnées par cet article ; qu'enfin, elle ne s'oppose
pas à ce qu'il participe à des recherches, études et enquêtes dans le cadre de ses missions ; que, par
suite, il n'y a pas lieu de limiter dans le temps les effets de l'annulation des dispositions citées au point 6 ;
9. Considérant qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'Etat, au titre
des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, le versement à chaque requérant
d'une somme de 750 euros ;
DECIDE:
-------------
Article 1er : Le décret du 30 janvier 2012 est annulé en tant qu'il insère dans le code du travail les articles
D. 4624-37, D. 4624-38, D. 4624-39, D. 4624-40, D. 4624-41, D. 4624-42, D. 4624-43, D. 4624-44, D.
4624-45, D.
4624-46 et D. 4624-50.
Article 2 : L'Etat versera au Syndicat national des professionnels de santé au travail, à l'Union syndicale
solidaires, au Syndicat national des médecins du travail des mines et des industries électriques et gazières
et à l'Association santé et médecine au travail une somme de 750 euros chacun au titre de l'article L. 761-1
du code de justice administrative.
Article 3 : Le surplus des conclusions de la requête du Syndicat national des professionnels de santé au
travail et autres est rejeté.
Article 4 : La présente décision sera notifiée au Syndicat national des professionnels de santé au travail,
à l'Union syndicale solidaires, au Syndicat national des médecins du travail des mines et des industries
électriques et gazières, à l'Association santé et médecine au travail, au Premier ministre et à la ministre des
affaires sociales et de la santé.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
SUJET 1 : Dissertation
Les libertés de circulation à des fins professionnelles
OU
ayant pour objet une demande de décision préjudicielle au titre de l’article 267 TFUE,
introduite par le Helsingin hovioikeus (cour d’appel d’Helsinki, Finlande), par décision
du 16 avril 2014, parvenue à la Cour le 22 avril 2014, dans la procédure
Valev Visnapuu
contre
Kihlakunnansyyttäjä,
Arrêt
2 Cette demande a été présentée dans le cadre d’un litige opposant M. Visnapuu,
agissant pour le compte de European Investment Group Oü (ci-après «EIG»), au
Kihlakunnansyyttäjä (procureur de district) au sujet de la vente à distance et de la
livraison de boissons alcooliques à des consommateurs finlandais en violation de
réglementations finlandaises relatives, notamment, au droit d’accise sur certains
emballages de boissons et à la vente au détail de boissons alcooliques […].
30 EIG, dont le siège se trouve en Estonie et qui est contrôlée par M. Visnapuu, a géré un
site Internet dénommé «www.alkotaxi.eu», au moyen duquel des résidents finlandais
pouvaient acheter différentes marques de boissons alcooliques à faible ou à fort titre
alcoométrique. Après paiement des achats, EIG assurait, pour une partie de ses clients,
la livraison à domicile à partir de l’Estonie vers la Finlande.
35 La juridiction de renvoi souligne que le déroulement des faits n’est pas contesté
en appel. Des clients finlandais ont commandé sur le site Internet d’EIG des boissons
alcooliques et M. Visnapuu, en qualité de représentant d’EIG, a livré ces boissons à une
partie des clients en les important d’Estonie à destination de la Finlande, alors qu’il ne
disposait pas de l’autorisation prévue à l’article 8, premier alinéa, de la loi sur l’alcool.
EIG, qui n’a pas établi de système de recyclage ou de réutilisation des emballages de
boissons et qui ne s’est pas affiliée à un tel système, n’a pas effectué de déclaration
auprès de l’administration douanière lorsque lesdites boissons alcooliques sont arrivées
à destination, de sorte qu’aucun droit d’accise n’a été imposé. Dans le cadre de la
procédure d’appel, il n’est pas non plus contesté que M. Visnapuu a importé les
volumes de boissons alcooliques constatés par le Helsingin käräjäoikeus (tribunal de
première instance de Helsinki) et qu’il a éludé les impositions mentionnées dans le
jugement rendu par celui-ci.
40 Étant donné que les première à quatrième questions posées visent tant des
dispositions de la directive 94/62 que des dispositions du traité, il convient de rappeler
que, selon une jurisprudence constante, toute mesure nationale dans un domaine qui a
fait l’objet d’une harmonisation exhaustive à l’échelle de l’Union doit être appréciée au
regard des dispositions de cette mesure d’harmonisation, et non pas de celles du droit
primaire (arrêt UNIC et Uni.co.pel, C-95/14, EU:C:2015:492, point 33 et jurisprudence
citée).
48 Il résulte de ce qui précède que l’harmonisation opérée par les articles 1er, paragraphe 1,
7 et 15 de la directive 94/62 ne revêt pas un caractère exhaustif, comme l’a souligné
M. l’avocat général au point 75 de ses conclusions. Par conséquent, les mesures
nationales mettant en œuvre ces articles doivent être appréciées au regard non seulement
des dispositions de cette directive, mais également des dispositions pertinentes du droit
primaire […].
103 Certes, la Cour a jugé que des dispositions nationales limitant ou interdisant
certaines modalités de vente qui, d’une part, s’appliquent à tous les opérateurs
concernés exerçant leur activité sur le territoire national et, d’autre part, affectent de la
même manière, en droit comme en fait, la commercialisation des produits nationaux et
de ceux en provenance d’autres États membres ne sont pas de nature à entraver le
commerce entre les États membres au sens de la jurisprudence inaugurée par l’arrêt
Dassonville (8/74, EU:C:1974:82) (voir, notamment, arrêts Keck et Mithouard, C-
267/91 et C-268/91, EU:C:1993:905, point 16, ainsi que Ahokainen et Leppik, C-
434/04, EU:C:2006:609, point 19).
105 En ce qui concerne, d’une part, l’exigence d’autorisation de vente au détail visée
à l’article 14, premier alinéa, de la loi sur l’alcool, la Cour constate que celle-ci ne
s’applique pas à tous les opérateurs concernés exerçant leur activité sur le territoire
national […].
107 Par conséquent, l’exigence d’autorisation de vente au détail pour l’importation de
boissons alcooliques en vue de leur vente au détail à des consommateurs finlandais, en
cause dans l’affaire au principal, ne satisfait pas à la première condition établie dans
l’arrêt Keck et Mithouard (C-267/91 et C-268/91, EU:C:1993:905, point 16), de sorte
qu’il n’est pas nécessaire d’examiner si cette exigence affecte, de la même manière, en
droit comme en fait, la commercialisation des produits nationaux et de ceux en
provenance d’autres États membres.
108 Eu égard à ce qui précède, il y a lieu de juger qu’une réglementation d’un État
membre, telle que celle en cause dans l’affaire au principal, en vertu de laquelle un
vendeur établi dans un autre État membre est soumis à une exigence d’autorisation de
vente au détail pour l’importation de boissons alcooliques en vue de leur vente au détail
à des consommateurs résidant dans le premier État membre, lorsque ce vendeur assure
le transport de ces boissons ou confie leur transport à un tiers, constitue une mesure
d’effet équivalent à une restriction quantitative à l’importation au sens de l’article 34
TFUE.
109 Selon l’article 36 TFUE, les dispositions des articles 34 TFUE et 35 TFUE ne
font pas obstacle aux interdictions ou aux restrictions d’importation, d’exportation ou de
transit, justifiées par des raisons de moralité publique, d’ordre public, de sécurité
publique, de protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou de
préservation des végétaux, de protection des trésors nationaux ayant une valeur
artistique, historique ou archéologique ou de protection de la propriété industrielle et
commerciale. Toutefois, ces interdictions ou ces restrictions ne doivent constituer ni un
moyen de discrimination arbitraire ni une restriction déguisée dans le commerce entre
les États membres.
110 Il ressort d’une jurisprudence constante qu’une entrave à la libre circulation des
marchandises peut être justifiée par des raisons d’intérêt général énumérées à
l’article 36 TFUE ou par des exigences impératives. Dans l’un ou l’autre cas, la mesure
nationale doit être propre à garantir la réalisation de l’objectif poursuivi et ne pas aller
au-delà de ce qui est nécessaire pour qu’il soit atteint (voir, notamment, arrêt Ker-
Optika C-108/09, EU:C:2010:725, point 57 et jurisprudence citée).
115 La Cour a déjà constaté qu’une réglementation qui a pour objectif d’orienter la
consommation d’alcool de manière à prévenir les effets préjudiciables causés à la santé
des personnes et à la société par les substances alcooliques et cherche ainsi à lutter
contre l’abus d’alcool répond à des préoccupations de santé et d’ordre publics reconnues
par l’article 36 TFUE (arrêts Ahokainen et Leppik, C-434/04, EU:C:2006:609, point 28,
ainsi que Rosengren e.a., C-170/04, EU:C:2007:313, point 40).
116 Pour que des préoccupations de santé et d’ordre publics puissent justifier une
entrave telle que celle qu’entraîne le système d’autorisation préalable en cause au
principal, il est toutefois nécessaire que la mesure considérée soit proportionnée à
l’objectif à atteindre et ne constitue ni un moyen de discrimination arbitraire ni une
restriction déguisée dans le commerce entre les États membres (arrêt Ahokainen et
Leppik,
C-434/04, EU:C:2006:609, point 29; voir également, en ce sens, arrêt Rosengren e.a.,
C-170/04, EU:C:2007:313, points 41 et 43).
117 En premier lieu, pour ce qui est du caractère proportionné de la mesure, s’agissant
d’une exception au principe de la libre circulation des marchandises, il appartient aux
autorités nationales de démontrer que leur réglementation est nécessaire pour réaliser
l’objectif invoqué et que cet objectif ne pourrait pas être atteint par des interdictions ou
des limitations de moins grande ampleur ou affectant de manière moindre le commerce
intracommunautaire (voir, en ce sens, arrêts Ahokainen et Leppik, C-434/04,
EU:C:2006:609, point 31, ainsi que Rosengren e.a., C-170/04, EU:C:2007:313, point 50
et jurisprudence citée).
129 Eu égard à l’ensemble des considérations qui précèdent, il y a lieu de répondre aux
cinquième à huitième questions que les articles 34 TFUE et 36 TFUE doivent être
interprétés en ce sens qu’ils ne s’opposent pas à une réglementation d’un État membre,
telle que celle en cause dans l’affaire au principal, en vertu de laquelle un vendeur établi
dans un autre État membre est soumis à une exigence d’autorisation de vente au détail
pour l’importation de boissons alcooliques en vue de leur vente au détail à des
consommateurs résidant dans le premier État membre, lorsque ce vendeur assure le
transport de ces boissons ou confie leur transport à un tiers, pour autant que cette
réglementation soit propre à garantir la réalisation de l’objectif poursuivi, en
l’occurrence la protection de la santé et de l’ordre publics, que cet objectif ne puisse pas
être atteint avec une effectivité d’un niveau au moins équivalent par des mesures moins
restrictives et que cette réglementation ne constitue ni un moyen de discrimination
arbitraire ni une restriction déguisée dans le commerce entre les États membres, ce qu’il
appartient à la juridiction de renvoi de vérifier.
1°/ que l'interdiction de publication prescrite par l'article 226-2 du code pénal ne peut
résulter exclusivement des conditions d'obtention des enregistrements, mais suppose aussi
que, dans leur contenu, les propos diffusés portent effectivement atteinte à l'intimité de la
vie privée ; qu'en jugeant que la diffusion par les défendeurs d'enregistrements qu'ils
savaient provenir de l'intrusion dans la sphère intime de Mme C... caractérisait un trouble
manifestement illicite, la cour d'appel a violé les articles 226-1 et 226-2 du code pénal,
ensemble l'article 809 du code de procédure civile ;
2°/ qu'en se fondant sur les circonstances inopérantes que la société Mediapart et ses
journalistes « savaient » que ces enregistrements provenaient d'une intrusion dans la sphère
intime de Mme C..., pour dire que leur diffusion constituait un trouble manifestement illicite
et en ordonner le retrait, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de
l'article 226-2 du code pénal, ensemble l'article 809 du code de procédure civile ;
3°/ que la diffusion par voie de presse d'enregistrements, même lorsqu'ils portent atteinte à
l'intimité de la vie privée des personnes intéressées, ne constitue pas un trouble
manifestement illicite quand elle est justifiée par l'exercice légitime du droit à la liberté
d'expression ; qu'en se fondant, pour retenir que la diffusion des enregistrements litigieux
constituait un trouble manifestement illicite, sur la constatation d'une atteinte à l'intimité de
la vie privée, sans rechercher si cette publication ne relevait pas de l'exercice légitime de la
liberté de la presse, en permettant à la société Mediapart d'établir l'exactitude des
informations diffusées, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de
l'article 809 du code de procédure civile ;
Mais attendu que constitue une atteinte à l'intimité de la vie privée, que ne légitime pas
l'information du public, la captation, l'enregistrement ou la transmission sans le
consentement de leur auteur des paroles prononcées à titre privé ou confidentiel et, qu'à
cet égard, l'arrêt relève que les enregistrements litigieux publiés, outre leur réalisation
pendant une année, l'avaient été au domicile de Mme C..., à son insu, et en pleine
conscience de leur origine illicite par les défendeurs à la saisine qui qualifiaient eux-mêmes
le procédé, dans le journal Mediapart, « de moralement sinon pénalement condamnable » ;
que la cour d'appel a ainsi caractérisé l'atteinte à l'intimité de la vie privée de Mme C..., la
conscience du caractère délictueux des agissements litigieux et le trouble manifestement
illicite qui en résultait ; que le moyen, qui manque en fait en sa première branche, n'est pas
fondé pour le surplus ;
Sur le même moyen, pris en ses quatre dernières branches :
Attendu que la société Mediapart, MM. X..., Y... et Z... font aussi grief à l'arrêt de statuer
ainsi qu'il le fait, alors, selon le moyen :
1°/ que lorsque sont en conflit le droit au respect de la vie privée et le droit à la liberté
d'expression, il convient, pour déterminer lequel de ces deux droits doit primer sur l'autre,
de mettre en balance, d'une part, l'intérêt public s'attachant à la publication et, d'autre part,
l'impératif de la protection de la vie privée ; que cette mise en balance suppose
nécessairement une analyse du contenu des informations publiées ; qu'en jugeant que
l'exigence d'information du public dans une société démocratique ne pouvait, en aucun cas,
légitimer la diffusion, même par extraits, d'enregistrements obtenus en violation du droit au
respect de la vie privée d'autrui, la cour d'appel a violé l'article 10 de la Convention de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
2°/ que, pour effectuer la mise en balance entre l'intérêt public s'attachant à la publication
et l'impératif de la protection de la vie privée, les juges doivent prendre en compte, en
priorité, la contribution des informations litigieuses à un débat d'intérêt public ; que la
société Mediapart, MM. X..., Y... et Z... faisaient valoir dans leurs conclusions d'appel que les
enregistrements diffusés concernaient trois questions au coeur de la vie publique, à savoir
une possible fraude fiscale par l'actionnaire majoritaire de l'un des principaux groupes
industriels français, un conflit d'intérêts, résultant des liens entre cette personne et la
femme de M. B..., ministre du budget, le financement de partis politiques et de campagnes
électorales, notamment celle de M. A..., dont M. B... était le trésorier ; qu'en se fondant,
pour faire primer le droit au respect de la vie privée sur le droit à l'information du public, sur
les seules conditions d'obtention des enregistrements litigieux, sans rechercher si le contenu
des extraits diffusés ne contribuait pas à un débat d'intérêt général, la cour d'appel a privé sa
décision de base légale au regard de l'article 10 de la Convention de sauvegarde des droits
de l'homme et des libertés fondamentales ;
Mais attendu que l'arrêt, après avoir rappelé que l'article 10 de la Convention de sauvegarde
des droits de l'homme et des libertés fondamentales dispose que la liberté de recevoir et
communiquer des informations peut être soumise à des restrictions prévues par la loi et
nécessaires, dans une société démocratique, à la protection des droits d'autrui afin
d'empêcher la divulgation d'informations confidentielles, retient exactement qu'il en va
particulièrement ainsi du droit au respect de la vie privée, lui-même expressément affirmé par
l'article 8 de la même Convention, lequel, en outre, étend sa protection au domicile de chacun
; qu'il s'ensuit que, si, dans une telle société, et pour garantir cet objectif, la loi pénale prohibe
et sanctionne le fait d'y porter volontairement atteinte, au moyen d'un procédé de captation,
sans le consentement de leur auteur, de paroles prononcées à titre privé ou confidentiel,
comme de les faire connaître du public, le recours à ces derniers procédés constitue un trouble
manifestement illicite, que ne sauraient justifier la liberté de la presse ou sa contribution
alléguée à un débat d'intérêt général, ni la préoccupation de crédibiliser particulièrement une
information, au demeurant susceptible d'être établie par un travail d'investigation et d'analyse
couvert par le secret des sources journalistiques, la sanction par le retrait et l'interdiction
ultérieure de nouvelle publication des écoutes étant adaptée et proportionnée à l'infraction
commise, peu important, enfin, que leur contenu, révélé par la seule initiative délibérée et
illicite d'un organe de presse de les publier, ait été ultérieurement repris par d'autres ; que le
moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;
Durée : 3 heures
DOCUMENT AUTORISE :
- Dictionnaire bilingue courant pour les étudiants étrangers non francophones
Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 15 mai 2019, 18-11.036, Publié au bulletin
Attendu que le représentant de section syndicale qui ne demande pas la poursuite du contrat
de travail illégalement rompu a droit à une indemnité pour violation du statut protecteur égale
à la rémunération qu'il aurait perçue depuis son éviction jusqu'à l'expiration de la période de
protection, dans la limite de trente mois, durée minimale légale du mandat des représentants
élus du personnel augmentée de six mois ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. H... a été engagé le 5 janvier 2006 par la société MAP ;
que son contrat de travail a été transféré le 1er janvier 2009 à la société Altran Cis, aux droits
de laquelle vient la société Altran Technologie (la société) ; qu'il a été désigné en qualité de
représentant de section syndicale le 22 août 2012 ; qu'il a été licencié pour faute grave le 8
novembre 2012 ; qu'il a signé un accord transactionnel avec son employeur le 12 décembre
2012 aux termes duquel il renonçait à contester son licenciement en contrepartie du versement
d'une certaine somme ; qu'il a saisi la juridiction prud'homale le 6 février 2013 en nullité de
son licenciement ;
Attendu que pour condamner la société à payer au salarié une somme correspondant au
montant des salaires de ce dernier de novembre 2012 à novembre 2015, soit pendant trente-
six mois, la cour d'appel retient que le salarié a été licencié sans que soit sollicitée
l'autorisation de l'inspecteur du travail, qu'au titre de la méconnaissance de son statut
protecteur, il doit percevoir une indemnité équivalente au montant des salaires qu'il aurait dû
percevoir entre la date de son éviction et la fin de sa période de protection, que,
conformément aux dispositions de l'article L. 2142-1-1, alinéa 3, du code du travail, le
mandat du représentant de la section syndicale reste valable jusqu'aux premières élections
professionnelles qui suivent sa désignation, lesquelles sont intervenues en novembre 2015,
qu'en conséquence, le salarié, qui ne demandait pas sa réintégration au sein de l'entreprise,
est en droit de percevoir une somme correspondant à son salaire du mois de novembre
2012, date de son licenciement, jusqu'au mois de novembre 2015, fin de son mandat ;
Cas n° 1 (7 points)
Pierre-Yves Andreu habite une petite maison en Dordogne. Il a été licencié le mois dernier et cherche
à survivre. Il a plusieurs idées pour faire rentrer de l’argent, mais se demande si elles sont légales. Il
vous consulte sur les points suivants :
1) la maison voisine est inhabitée depuis quelques années. Il estime qu’il peut donc louer le jardin de
cette maison pour que des personnes puissent venir y planter leur tente. Le coin étant touristique, ça
devrait fonctionner, du moins tant que les propriétaires ne se manifestent pas ;
2) il a aperçu dans la forêt à côté de chez lui des oiseaux très rares, visiblement très chers sur
internet. Il voudrait donc récupérer des œufs et commencer un élevage pour faire commerce de ces
volatiles. En creusant un peu, vous vous apercevez que ces oiseaux sont une espèce protégée ;
3) il a vendu son vélo à deux personnes différentes. Le premierr jour du mois, il a vendu son vélo 200
euros à un voyageur de passage qui a dit qu’il viendrait prendre le vélo à la fin du mois. Le 15 du
même mois, Pierre-Yves Andreu a vendu à nouveau son vélo, pour 250 euros, à la jolie factrice qui
l’utilise désormais pour faire sa tournée matinale.
Qu’en pensez-vous ?
Cas n° 2 (7 points)
Jennyfer est une femme d’affaire très occupée qui n’hésite pas à recourir à des tiers pour conclure
des affaires à sa place. Elle est propriétaire d’un château à Arcachon qu’elle désire louer cet été. Elle
fait appel à un mandataire. Ce dernier a trouvé des personnes intéressées mais pour acheter ledit
château. Le mandataire conclut la vente pour un très bon prix. La vente est conclue et publiée le 15
mars 2021. Puis, le 5 mai 2021, une terrible tempête détruit le château. La veille, le 4 mai 2021,
Jennyfer apprenait de son mandataire qu’il avait vendu son château. Celle-ci était furieuse. Mais il est
évident que le 5 mai elle était plutôt contente d’avoir vendu ce bien avant sa destruction. Elle vous
consulte pour savoir si les acheteurs, déçus de ne pouvoir profiter du château, peuvent remettre en
cause la vente.
Par ailleurs, elle a confié au même mandataire la tâche de vendre un cheval de course. Le
mandataire, passionné de cheveux avec son cousin, fait acheter ce cheval par ce cousin pour un prix
dérisoire (3/12 du prix véritable). Jennyfer voudrait ici savoir si elle est obligée par cette vente.
Cas n° 3 (6 points)
Philippe, Michel, Paul et Hélène sont propriétaires d’un restaurant à Toulouse. Michel est
responsable de l’acquisition des fruits et légumes. Il rencontre un agriculteur local et il est décidé de
conclure plusieurs ventes. Une vente porte sur 50 kilos de carottes. Une autre vente porte sur 100
kilos de pomme de terre d’une variété extrêmement particulière qui ne se trouve que chez ce
producteur local. Au moment de la vente, carottes et pommes de terre sont déjà récoltées et sont
stockées dans un immense entrepôt (il y a environ une tonne de carottes et deux tonnes de pommes
de terre). Hélas, deux incidents interviennent. Premièrement, le camion devant transporter les
carottes jusqu’au restaurant de Philippe Michel, Paul et Hélène a eu un accident dû à un cas de force
majeure alors qu’il ne restait plus dans le camion que les 50 kilos à livrer à Michel. Deuxièmement,
avant même d’avoir pu être transporté, tout le stock de pomme de terre (à savoir les deux tonnes) a
été contaminé chez l’agriculteur, ici encore à cause d’un cas de force majeure.
Michel, qui n’a encore rien payé, se demande s’il va devoir le faire. Il se demande aussi s’il peut
contraindre le vendeur à lui livrer d’autres carottes pour remplacer celles qui ont été perdues, auquel
cas évidemment il acceptera de payer.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Durée : 3 heures
DOCUMENTS AUTORISÉS :
Code civil et Code de commerce (édition Dalloz ou LexisNexis)
et l’usage d’un dictionnaire bilingue courant pour les étudiants étrangers
non francophones
OU
Rejet
Arrêt n° 99 F-P+B
Pourvoi n° W 19-12.584
La société DP Logiciels, société par actions simplifiée, dont le siège est [...], a formé le
pourvoi n° W 19-12.584 contre l'arrêt rendu le 20 novembre 2018 par la cour d'appel de
Paris (pole 5, chambre 8), dans le litige l'opposant :
défendeurs à la cassation.
Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 20 novembre 2018), M. Y... et l'EURL Un Élément ont cédé la
totalité des actions de la société par actions simplifiée Entities (la société Entities) à la
société DP Logiciels.
2. Estimant avoir été trompée sur l'état de la société Entities, la société cessionnaire a
assigné les cédants devant le tribunal de commerce de Paris en application d'une clause
attributive de juridiction stipulée dans l'acte de cession.
Examen du moyen
Énoncé du moyen
4. La société DP Logiciels fait grief à l'arrêt de dire que le tribunal de commerce de Paris est
incompétent au profit de celui de Rennes alors « qu'a la qualité de commerçant celui qui
exerce des actes de commerce et en fait sa profession habituelle ; que doit être considéré
comme commerçant l'associé fondateur d'une société commerciale, qui participe à
l'exploitation de cette entreprise à titre professionnel, en cède le contrôle et souscrit, à
l'occasion de la cession, une garantie d'actif et de passif ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a
constaté que M. Y... était l'un des trois fondateurs de la société Entities, qu'il en avait cédé le
contrôle à la société DP Logiciels et avait contracté une garantie d'actif et de passif ; que la
cour d'appel a encore constaté que M. Y... avait fondé la société commerciale Un Élément
dont il était l'associé unique et le gérant ; que pour écarter la qualité de commerçant de M.
Y..., la cour d'appel a considéré que les actes d'exploitation de la société Entities accomplis
par celui-ci l'avaient été en qualité de mandataire social puis de mandataire ; qu'en statuant
par un tel motif, dont il résultait au contraire que M. Y... avait participé à l'exploitation de la
société Entities à titre professionnel, et qu'il accomplissait ainsi des actes de commerce à
titre de profession habituelle, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses
constatations et a violé les articles 48 du code de procédure civile et L. 121-1 du code de
commerce. »
Réponse de la Cour
5. La cour d'appel a tout d'abord exactement retenu que les différents contrats
commerciaux signés par M. Y... avec les clients des sociétés Entities et Un élément ne
s'analysaient pas à son égard en des actes de commerce, dès lors qu'ils l'ont été en sa qualité
de mandataire social pour le compte de ces entités et non pour son compte personnel.
6. Elle a ensuite constaté que les seuls actes de commerce accomplis par M. Y... étaient
constitués par l'acte de cession ayant conféré le contrôle de la société cédée et la signature
d'une garantie d'actif et de passif à l'occasion de ce transfert de contrôle, et en a, à bon
droit, déduit que ces actes ne suffisaient pas, du fait de leur nombre limité, à démontrer que
M. Y... en avait fait sa profession habituelle, de sorte qu'il n'était pas commerçant.
REJETTE le pourvoi ;
En application de l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande formée par
la société DP Logiciels et la condamne à payer à M. Y... et à l'EURL Un Élément la somme
globale de 3 000 euros ;
Durée : 3 heures
Extrait :
1. La Cour, dont la mission est de régler conformément au droit international les différends
qui lui sont soumis, applique : …
SUJET 1 (Dissertation) :
En France, les droits et libertés fondamentaux font-ils l'objet d'une protection absolue ?
SUJET 2 (Commentaire) :
Conseil d'État, Juge des référés, 25 février 2016, M. J. et autres, Inédit au recueil Lebon
(extrait)
(…)
M. J. et autres ont demandé au juge des référés du tribunal administratif de Melun, statuant sur
le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, de suspendre l'exécution
de l'arrêté du 1er décembre 2015 par lequel le préfet de Seine-et-Marne a ordonné la fermeture
de la salle de prière dite " mosquée de Lagny-sur-Marne ", située 6-14 rue Jean Mermoz, à
Lagny-sur-Marne, pour la durée de l'état d'urgence, sur le fondement de l'article 8 de la loi du
3 avril 1955 instituant un état d'urgence. Par une ordonnance n° 1600881 du 4 février 2016,
le juge des référés du tribunal administratif de Melun a rejeté leur demande.
Par une requête, enregistrée le 19 février 2016 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat,
M. J...et autres demandent au juge des référés du Conseil d'Etat, statuant sur le fondement de
l'article L. 521-2 du code de justice administrative :
Vu :
- la Constitution, et notamment son Préambule ;
- la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
- le code de la sécurité intérieure ;
- la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 ;
- la loi n° 2015-1501 du 20 novembre 2015 ;
- le décret n° 2015-1475 du 14 novembre 2015 ;
- le décret n° 2015-1476 du 14 novembre 2015 ;
- le décret n° 2015-1478 du 14 novembre 2015 ;
- le code de justice administrative ;
(…)
1. Considérant qu'aux termes de l'article L. 521-2 du code de justice administrative : " Saisi
d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes
mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale
de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait
porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale " ;
2. Considérant qu'en application de la loi du 3 avril 1955, l'état d'urgence a été déclaré par le
décret n° 2015-1475 du 14 novembre 2015, à compter du même jour à zéro heure, sur le
territoire métropolitain et prorogé pour une durée de trois mois, à compter du 26 novembre
2015, par l'article 1er de la loi du 20 novembre 2015 ; qu'aux termes de l'article 8 de la loi du
3 avril 1955 : " Le ministre de l'intérieur, pour l'ensemble du territoire où est institué l'état
d'urgence, et le préfet, dans le département, peuvent ordonner la fermeture provisoire des (...)
lieux de réunion de toute nature dans les zones déterminées par le décret prévu à l'article 2.
(...) " ; qu'il résulte de l'article 1er du décret n° 2015-1476 du 14 novembre 2015, modifié par
le décret n° 2015-1478 du même jour, que les mesures de fermeture provisoire de lieux de
réunion prévues à l'article 8 de la loi du 3 avril 1955 sont applicables à l'ensemble du territoire
métropolitain à compter du 15 novembre à zéro heure ;
3. Considérant qu'il résulte de l'instruction que, par un arrêté du 1er décembre 2015, le préfet
de Seine-et-Marne a, sur le fondement de l'article 8 de la loi du 3 avril 1955, ordonné la
fermeture de la salle de prière dite " Mosquée de Lagny-sur-Marne ", située au 6-14 rue Jean
Mermoz à Lagny-sur-Marne, à compter de la notification de cet arrêté à " l'Association des
musulmans de Lagny-sur-Marne ", qui assure la gestion de cette salle, et jusqu'à la fin de l'état
d'urgence ; que, par une ordonnance du 4 février 2016, le juge des référés du tribunal
administratif de Melun, saisi en application de l'article L. 521-2 du code de justice
administrative, a rejeté la demande de M. J...et autres tendant à la suspension de l'exécution de
cet arrêté ; que M. J... et autres relèvent appel de cette ordonnance ;
4. Considérant que la liberté du culte a le caractère d'une liberté fondamentale ; que, telle qu'elle
est régie par la loi, cette liberté ne se limite pas au droit de tout individu d'exprimer les
convictions religieuses de son choix dans le respect de l'ordre public ; qu'elle a également pour
composante la libre disposition des biens nécessaires à l'exercice d'un culte ; qu'un arrêté
prescrivant la fermeture d'un lieu de culte, telle qu'une salle de prière, est susceptible de porter
atteinte à cette liberté fondamentale ;
5. Considérant qu'il appartient au juge des référés de s'assurer, en l'état de l'instruction devant
lui, que l'autorité administrative, opérant la conciliation nécessaire entre le respect des libertés
et la sauvegarde de l'ordre public, n'a pas porté d'atteinte grave et manifestement illégale à une
liberté fondamentale, que ce soit dans son appréciation de la menace que constitue le lieu de
réunion, compte tenu de la situation ayant conduit à la déclaration de l'état d'urgence, ou dans
la détermination des modalités de la fermeture ; que le juge des référés, s'il estime que les
conditions définies à l'article L. 521-2 du code de justice administrative sont réunies, peut
prendre toute mesure qu'il juge appropriée pour assurer la sauvegarde de la liberté fondamentale
à laquelle il a été porté atteinte ;
7. Considérant qu'il résulte de l'instruction, et notamment des " notes blanches " précises et
circonstanciées versées au débat contradictoire, que cette salle de prière, gérée depuis 2010 par
l'association " Retour aux sources ", créée et présidée par M. I...G..., a servi à ce dernier pour
ses activités de prêche et d'enseignement en faveur d'un islamisme radical, prônant le rejet des
valeurs de la République et de l'Occident, l'hostilité aux chrétiens et aux chiites et faisant
l'apologie du djihad armé ainsi que de la mort en martyr ; que cette salle a également servi de
lieu d'endoctrinement et de recrutement de combattants volontaires, dont plusieurs ont rejoint
les rangs de Daech et ont combattu en Irak et en Syrie, où certains sont décédés ; qu'à la suite
du départ de M. G...pour l'Egypte, en décembre 2014, afin d'y rejoindre une vingtaine de
disciples qu'il avait formés à Lagny-sur-Marne et auxquels il continue d'enseigner une vision
radicale de l'islam et de prôner l'engagement dans le djihad armé, la salle de prière a été gérée,
en fait ou en droit, par trois associations étroitement imbriquées, " Retour aux sources ",
" Retour aux sources musulmanes " créée en 2013 et l'" Association des musulmans de Lagny-
sur-Marne " créée en 2015, comprenant les mêmes dirigeants, proches de M.G..., qui ont
continué à propager son idéologie ; que ces trois associations ont été dissoutes par décret en
date du 14 janvier 2016 comme provoquant à la discrimination, à la haine ou à la violence
envers un groupe de personnes à raison de leur non-appartenance à une religion, au sens du 6°
de l'article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure, et comme se livrant à des agissements en
vue de provoquer des actes de terrorisme en France ou à l'étranger, au sens du 7° du même
article ; que plusieurs des prédicateurs ayant officié à la mosquée ainsi que des fidèles ont fait
l'objet de mesures d'interdiction de sortie du territoire français sur le fondement de l'article
L. 224-1 du code de la sécurité intérieure, qui concerne les Français dont il existe de sérieuses
raisons de penser qu'ils projettent des déplacements à l'étranger ayant pour objet la participation
à des activités terroristes ou sur un théâtre d'opérations de groupement terroristes, ou de mesures
d'assignation à résidence dans le cadre de l'état d'urgence ; que certaines des personnes
fréquentant la mosquée ont été interpellées, mises en examen ou incarcérées en raison de leur
participation à des filières terroristes ; que la salle de prière, fréquentée, chaque vendredi, par
environ deux cents personnes, regroupe de nombreux pratiquants de tendance salafiste venant
de la commune et des communes environnantes ; que, s'il n'est pas contesté que les perquisitions
administratives effectuées le 2 décembre 2015, soit après l'intervention de l'arrêté de fermeture
litigieux, à la salle de prière ainsi qu'au domicile du président de " l'Association des musulmans
de Lagny-sur-Marne " n'ont pas permis, selon les procès-verbaux de ces opérations, de découvrir
des éléments susceptibles de révéler des activités à caractère terroriste ou d'intéresser les enquêtes
en cours, il ressort de " notes blanches " relatives à l'exploitation des résultats de perquisitions
administratives réalisées le même jour au domicile d'autres personnes fréquentant la mosquée,
notamment au lieu d'assignation à résidence du gestionnaire de la mosquée et de son école
coranique, qu'ont été découverts des documents de propagande d'organisations islamistes
radicales et appelant au djihad ; que, s'il n'est pas contesté non plus que les prêches faits à la
mosquée ne comportaient plus de caractère radical depuis plusieurs mois et si les requérants
produisent en appel plusieurs témoignages selon lesquels de tels prêches n'auraient jamais été
entendus à la mosquée, ces éléments, au demeurant récent pour le premier, de même que les
tentatives actuelles de création d'une nouvelle association de gestion de la salle de prière, ne sont
pas de nature à établir que la menace grave à l'ordre et à la sécurité publics fondant l'arrêté
litigieux ne serait plus réelle ;
8. Considérant qu'eu égard à l'ensemble des éléments ainsi recueillis au cours des échanges
écrits et oraux, il n'apparaît pas, en l'état de l'instruction, que l'arrêté du préfet de Seine-et-Marne
porte une atteinte manifestement illégale et grave à une liberté fondamentale ; que, par suite, les
requérants ne sont pas fondés à soutenir que c'est à tort que, par l'ordonnance attaquée, le juge
des référés du tribunal administratif de Melun a rejeté leur demande ;
9. Considérant qu'il résulte de ce qui précède que la requête de M. J...et autres doit être rejetée, y
compris ses conclusions tendant à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative ;
ORDONNE:
DOCUMENT AUTORISE :
- Dictionnaire bilingue courant pour les étudiants étrangers non francophones
- Code du travail Dalloz (hors Mégacode) et LexisNexis autorisés
OU
Mais attendu que si les critères posés par l'article L. 2121-1 du code du
travail tenant au respect des valeurs républicaines, à l'indépendance et à la
transparence financière doivent être satisfaits de manière autonome et
permanente, l'absence d'indépendance judiciairement établie d'un syndicat
lors de l'exercice d'une prérogative syndicale ne le prive pas de la possibilité
d'exercer ultérieurement les prérogatives liées à la qualité d'organisation
syndicale dès lors qu'il réunit, au moment de l'exercice de ces prérogatives,
tous les critères visés à l'article précité ; que le tribunal a exactement décidé
que la décision de la cour d'appel de Paris du 4 mai 2015 ne pouvait, à
elle seule, remettre en cause la régularité des élections des 25 février et 11
mars 2014 ; que le moyen n'est pas fondé ;
DOCUMENT AUTORISE :
- Dictionnaire bilingue courant pour les étudiants étrangers non francophones
- Le code civil est autorisé. Les repères, post-it et surlignage sur le code sont également
autorisés.
Sujet n° 1 : Dissertation :
Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Douai, 5 juillet 2018), la chambre syndicale des cafetiers-hôteliers-
restaurateurs-discothèques de Douai (l'UMIH de Douai) a pour objet social de représenter et
défendre les intérêts économiques, sociaux et moraux de ses membres et, notamment, des
propriétaires, administrateurs délégués, directeurs ou gérants, exploitants d'un café, débit de
boissons toutes catégories, cabarets, hôtels, restaurants et généralement tout commerce de
vente de denrées solides ou liquides à consommer sur place nécessitant des prestations de
service.
2. Soutenant que douze associations, dont Billon club de [...], La Boule douaisienne, Mineurs
catholiques italiens, Union football [...], La Boule joyeuse des mineurs, La Pétanque
somainoise, L'USM [...], Club sports et loisirs des mineurs de [...], L'Amicale du stade [...],
Avenir bouliste de [...] et La Boule guesninoise (les associations), avaient vendu des boissons,
alcoolisées ou non, en contravention avec les normes en vigueur, et leur reprochant ainsi des
actes de concurrence déloyale, l'UMIH de Douai les a assignées, aux fins de cessation de ces
pratiques illégales et en paiement solidaire d'un euro à titre de dommages-intérêts.
Examen du moyen
Sur le moyen, pris en sa première branche
Enoncé du moyen
3. L'UMIH de Douai fait grief à l'arrêt de rejeter ses demandes, alors « que le juge doit trancher
le litige conformément aux règles de droit qui lui sont applicables ; qu'en matière de
concurrence déloyale et de parasitisme, la jurisprudence déduit l'existence du préjudice du
comportement déloyal ; que la cour d'appel ne pouvait rejeter au fond les demandes de la
chambre syndicale des cafetiers-hôteliers-restaurateurs-discothèques de Douai tendant à la
réparation de son préjudice et à la cessation des troubles illicites résultant des pratiques des
associations défenderesses qui vendent des boissons alcoolisées (ou non) en dehors de toute
autorisation administrative ou manifestation sportive telles que limitativement énumérées
par les dispositions des articles L. 3334-2 et L. 3335-4 du code de la santé publique et donc en
totale violation de ces textes, disposent de tout le matériel pour opérer commerce de cette
vente, tels que tireuses à bière, frigidaires, caisse, tarifs des boissons,... et ce en totale
violation des dispositions de l'article L. 442-7 du code de commerce, ne limitent bien
évidemment pas l'accès à leur buvette à leurs seuls adhérents mais opèrent bien commerce,
sans répondre aux obligations fiscales en la matière et taxations y afférentes "sans même qu'il
y ait besoin d'analyser les fautes reprochées à chaque association par l'UMIH de Douai" ; qu'en
statuant ainsi, la cour d'appel a violé l'article 12 du code de procédure civile. »
Réponse de la Cour
Bien-fondé du moyen
Vu les articles 1382, devenu 1240, du code civil et 12 du code de procédure civile :
7. Aux termes du premier de ces textes, tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui
un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. Selon le second, les
juges doivent trancher le litige conformément aux règles de droit qui lui sont applicables.
8. Pour rejeter les demandes de l'UMIH de Douai, l'arrêt retient que celle-ci ne verse aucune
pièce pour attester de la perte de clientèle ou de la baisse du chiffre d'affaires subie par ses
membres, en lien direct avec l'activité incriminée des associations, et relève, en particulier,
que le rapport d'enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et
de la répression des fraudes du 16 décembre 2011 relatif à l'activité de nombreuses
associations, s'agissant notamment de la gestion interne de « buvettes », ne fait pas mention
des conséquences que pourraient avoir ces activités sur celles des exploitants de débits de
boisson. Il en déduit que, sans même qu'il soit besoin d'analyser les fautes reprochées à
chaque association par l'UMIH de Douai, cette dernière ne rapporte pas la preuve de
l'existence d'un préjudice dont elle pourrait demander réparation.
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour : CASSE ET
ANNULE…
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
SUJET 1 : Dissertation
SUJET 2 : Commentaire
Veuillez commenter l’article 53 de la Convention de Vienne sur le droit des traités (1969).
Est nul tout traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit avec une norme impérative
du droit international général. Aux fins de la présente Convention, une norme impérative du
droit international général est une norme acceptée et reconnue par la communauté
internationale des Etats dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation
n’est permise et qui ne peut être modifiée que par une nouvelle norme du droit international
général ayant le même caractère. »
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
SUJET 2 : Commentaire
Vu la procédure suivante :
Par une requête, enregistrée le 14 février 2018 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat,
le Groupe d'information et de soutien des immigré.e.s (GISTI) demande au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler pour excès de pouvoir la note d'actualité n° 17/2017 de la division de l'expertise
en fraude documentaire et à l'identité de la direction centrale de la police aux frontières du
1er décembre 2017 relative aux " fraudes documentaires organisées en Guinée (Conakry) sur
les actes d'état civil " ;
2°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 1 500 euros au titre de l'article L. 761-1 du
code de justice administrative.
Vu les autres pièces du dossier
Vu : - le code civil ; - le code des relations entre le public et l'administration ; - le code de justice
administrative ; (…)
3. La " note d'actualité " contestée, du 1er décembre 2017, émanant de la division de
l'expertise en fraude documentaire et à l'identité de la direction centrale de la police aux
frontières, vise à diffuser une information relative à l'existence d'une " fraude documentaire
généralisée en Guinée (Conakry) sur les actes d'état civil et les jugements supplétifs " et
préconise en conséquence, en particulier aux agents devant se prononcer sur la validité d'actes
d'état civil étrangers, de formuler un avis défavorable pour toute analyse d'un acte de naissance
guinéen. Eu égard aux effets notables qu'elle est susceptible d'emporter sur la situation des
ressortissants guinéens dans leurs relations avec l'administration française, cette note peut faire
l'objet d'un recours pour excès de pouvoir, contrairement à ce que soutient le ministre de
l'intérieur.
4. En premier lieu et en tout état de cause, la note contestée entre dans les attributions de la
division de l'expertise en fraude documentaire et à l'identité dont elle émane. Et, dès lors
qu'elle ne revêt pas le caractère d'une décision, le moyen tiré de ce qu'elle méconnaîtrait les
dispositions de l'article L. 212-1 du code des relations entre le public et l'administration,
relatives à la signature des décisions et aux mentions relatives à leur auteur ne peut qu'être
écarté. (…)
6. Il résulte de ce qui précède que le GISTI n'est pas fondé à demander l'annulation du
document qu'il attaque. Les conclusions présentées au titre de l'article L. 761-1 du code de
justice administrative doivent par suite être rejetées.
DECIDE:
Article 1er : La requête du Groupe d'information et de soutien des immigré.e.s est rejetée.
Article 2 : La présente décision sera notifiée au Groupe d'information et de soutien aux
immigré.e.s et au ministre de l'intérieur.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTÉ DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Durée : 3 heures
DOCUMENTS AUTORISES :
Code de procédure civile
Dictionnaire bilingue courant autorisé pour les étudiants étrangers non francophones
Sujet 1 : Dissertation
Camille, une adolescente de 17 ans vivant à Pessac (33) a profité des longues semaines de
confinement pour faire, avec sa mère, du tri dans ses placards. Elle est ainsi devenue une adepte
de la vente d’objets d’occasion en ligne via la plateforme de e-commerce Vitevendu, une société
dont le siège social est à Edimbourg en Ecosse. Elle y a aussi fait de multiples achats ce qui lui
a permis de constater que tout acheteur est tenu de payer, pour chaque opération, des frais
présentés comme facultatifs mais qui se révèlent, en réalité, obligatoires.
Elle estime avoir ainsi subi un préjudice en raison de ces multiples sommes, certes modiques
mais qui, par addition, représentent quand même une somme de 250 euros. Elle et sa mère vous
consultent afin que vous vérifiiez d’une part, leur possibilité d’agir en justice et d’autre part,
que vous leur indiquiez la juridiction vers laquelle elles doivent se tourner.
Convaincue qu’elle n’a pas été la seule à avoir subi de telles pertes, Camille se demande si elle
n’aurait pas intérêt à unir ses forces avec d’autres personnes pour gagner en efficacité. Quelles
solutions pourraient être envisagées ?
Vous présenterez les diverses solutions possibles et les hiérarchiserez compte tenu de leurs
avantages et inconvénients respectifs.
Semestre 6 - Juin 2021
Epreuves de 3 heures
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Ou
B/ GIGI, JEAN-CLAUDE, POPEYE et BERNARD ont décidé de créer une société spécialisée
dans la construction immobilière. Les statuts ont été signés le 4 janvier 2020 par tous les
protagonistes, à l’exception de BERNARD.
Le 5 novembre 2020, GIGI reçoit un mandat signé par JEAN-CLAUDE et POPEYE, pour le
compte de la future société, en vue d’acquérir à crédit des biens mobiliers chez la société
LES BRONZES FONT DU SKI, pour une somme totale de 10.000 euros.
Le 25 janvier 2020, un autre mandat est délivré par les 4 associés à la cousine de GIGI,
Mademoiselle CHRISTIANE, spécialisée dans les techniques de financement immobilier,
chargée d’accomplir, au nom de la société en formation, toutes les opérations nécessaires
au démarrage rapide de la société.
Au titre de ce mandat, Mademoiselle CHRISTIANE conclut les opérations suivantes :
Crédit bancaire (Banque LES BRONZES A LA PLAGE) de 1 million d’euros pour financer
l’achat d’un terrain à bâtir pour lancer une opération immobilière par la société.
Deux véhicules de liaison achetés à crédit chez Renault pour 45.000 euros.
a) Finalement la société n’a pas été immatriculée. Dès lors, se posent plusieurs
questions : qui doit rembourser les différentes dettes contractées au nom de la
société en formation ?
b) Les créanciers, à savoir la société LES BRONZES FONT DU SKI, la Banque LES
BRONZES A LA PLAGE et la société RENAULT viennent vous consulter pour obtenir
remboursement de leur crédit. Imaginez cette fois-ci que la société formée par les 4
associés ait été immatriculée le 20 avril 2021. Indiquez alors quelles sont les
modalités de remboursement de chacune des dettes.
c) Feront-elles l’objet d’une reprise automatique ou non
? Justifiez vos réponses.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
DOCUMENTS AUTORISES : Code du travail et, pour les étudiants étrangers non
francophones, Dictionnaire bilingue courant
SUJET 1 : Dissertation
DOCUMENTS AUTORISÉS :
- Code civil non annoté (post-it vierges d’écriture et surlignage autorisés)
- Dictionnaire bilingue courant autorisé pour les étudiants étrangers non francophones
ou
/20 points
ou
Figaro a vendu une statue à l’un de ses meilleurs clients, le comte Almaviva, qui en
avait déjà acheté plusieurs quelques mois auparavant afin d’agrémenter son domaine.
Toutes les statues sont parfaitement identiques et représentent la déesse Aphrodite. La
dernière achetée a été incrustée – par un entrepreneur agissant sur demande du
comte – à l’immense terrasse donnant sur la piscine, aux côtés de celles qu’il avait déjà
achetées.
Le même jour il a acheté deux grands bénitiers en marbre noir. Tous deux ont été
placés dans le vestibule et simplement fixés sur le sol, constitué de pierre blanche.
Figaro vous sollicite car le comte Almaviva rencontre des difficultés financières et n’a
pu régler qu’un seul des deux bénitiers, et la moitié seulement du prix de la dernière
statue.
Vous précisant que les ventes ont été conclues sous réserve de propriété, il souhaiterait
savoir s’il peut récupérer les biens vendus non payés.
Au cours du même entretien, Juliette vous évoque la triste situation de ses parents. Il y a
plusieurs jours de cela, leur voisin Edmond Taigu, un vieux fermier abîmé par la vie, est
parti en week-end à Vérone. Pendant cette courte absence, un ouragan a frappé la
région oU VIvent nos protagonistes. Se trouvant à l’extérieur au moment oU la tempête
faisait rage, le cheptel d’Edmond était menacé.
Disposant d’une immense grange à l’épreuve des colères naturelles, les parents de
Juliette ont décidé de sauver les animaux au péril de leur propre vie. Ils sont intervenus
juste à temps car plusieurs bêtes étaient déjà blessées. Devant l’urgence de la situation,
un vétérinaire a exceptionnellement accepté de pratiquer les diverses interventions
nécessaires, aux frais des deux parents. Ils ont également prodigué eau et nourriture au
bétail. Depuis son retour, Edmond Taigu s’est montré particulièrement ingrat avec son
couple de voisins prévenants : non seulement il ne leur a pas rapporté de souvenir de
son séjour en Vénétie, mais de surcroît il refuse de leur rembourser le moindre centime.
Juliette se demande donc si ses parents peuvent garder les animaux jusqu’à qu’ils soient
intégralement désintéressés des frais qu’ils ont avancés.
Emma s’ennuie. Elle ne travaille pas et possède pour tout bien propre une vieille
maison aux confins de l’Orne et de la Sarthe, d’une valeur de 100 000 euros, qu’elle a
héritée de son père en 2004.
Sans rien dire à son époux Charles (avec lequel elle est mariée depuis 2006, sous le
régime légal de la communauté réduite aux acquêts), Emma s’est engagée le 20 juin
2018 auprès de la BPN (Banque de la Pluvieuse Normandie) à cautionner toutes les
dettes que pourrait lui devoir à l’avenir le jeune Rodolphe, son « remède à l’ennui » de
cinq à sept, le mardi et le jeudi.
Joueur invétéré sans cesse à la recherche de fonds nouveaux pour nourrir la roulette et
les croupiers du casino de Deauville, Rodolphe apprend que Charles possède une
fortune personnelle qui se chiffre en millions d’euros et décide, en cachette d’Emma,
d’aller lui emprunter, le 10 novembre 2018, 200 000 euros (remboursables avec un
terme fixé au 10 novembre 2020). La BPN se porte caution, auprès de Charles, du
remboursement de ce prêt.
Rodolphe a toutefois un cas de conscience : par respect pour le sympathique cocu qui
lui fait crédit, il décide de ne pas flamber la somme au black-jack mais d’acquérir avec
ces fonds une petite ferme dans l’Eure, singeant ainsi ses amis parisiens « soucieux de
se réenraciner au plus près des vraies gens ».
Rodolphe consent, le 1er mars 2019, une hypothèque sur ladite ferme ainsi acquise, au
profit de la BPN, en garantie des différentes dettes de remboursement qu’il a
contractées envers cette banque depuis mai 2018. La BPN néglige d’inscrire son
hypothèque.
Ce qui devait arriver finit, sans surprise, par arriver : d’une part, le 20 avril 2020, lassée
pêle-mêle du climat normand, du cidre, du confinement, du camembert et de
l’immaturité de son amant, Emma met fin à ses jours ; d’autre part, après avoir
contracté un énième emprunt à hauteur de 100 000 euros auprès de la BPN le 14
octobre 2020, Rodolphe flambe tout, redoutant la fermeture du casino pour cause de
reconfinement imminent, et ne peut faire face à ses obligations de remboursement, ni
envers la Banque, ni envers Charles. Ayant accepté la succession de sa défunte épouse,
Charles a la surprise de se voir réclamer par la BPN, en juin 2021, la somme de 500 000
euros correspondant au total de ce que Rodolphe doit rembourser à la banque dont les
créances sont arrivées à échéance.
Charles vient vous consulter pour savoir quels moyens de défense il pourrait opposer à
la BPN pour ne pas payer cette somme ou du moins payer une somme inférieure.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Sujet 1 :
Commentaire de texte :
Toute société doit avoir un objet licite et être constituée dans l'intérêt commun des associés.
La société est gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et
environnementaux de son activité.
Sujet 2
Commentaire d’arrêt
Faits et procédure
1. Selon l'arrêt attaqué (Lyon, 13 novembre 2018), M. D..., gérant de la société Bessimo, et la
société Compagnie foncière du Genevois, dont M. Mercieca est l'actionnaire majoritaire, se
sont rapprochés en vue de constituer deux sociétés, l'une, entre M. D... et la société
Compagnie foncière du Genevois et l'autre, entre cette dernière et la société Bessimo.
2. M. D... ayant décidé de ne pas concrétiser ce projet, les sociétés Compagnie foncière du
Genevois, Europe enchères et [...], aux droits de laquelle vient la société [...] , l'ont assigné,
ainsi que la société Bessimo, en responsabilité. M. D... et la société Bessimo ont soulevé la
nullité de la promesse de société invoquée au soutien des demandes de dommages-intérêts.
Examen du moyen
Enoncé du moyen
3. Les sociétés Compagnie foncière du Genevois, Europe enchères et [...] font grief à l'arrêt
de rejeter leurs demandes de dommages-intérêts, alors :
(…)
Réponse de la Cour
4. D'une part, l'arrêt énonce que l'affectio societatis se définit comme une volonté non
équivoque de tous les associés de collaborer ensemble et sur un pied d'égalité à la
poursuite de l'oeuvre commune. Il constate qu'il est établi que M. D... tenait M. Mercieca
au courant de l'avancement de ses démarches en vue de l'acquisition des biens immobiliers
que les futures sociétés devaient exploiter, que la société Compagnie foncière du Genevois
avait versé la moitié du dépôt de garantie et qu'un rendez-vous avait été organisé chez le
notaire pour discuter des statuts des sociétés dont la création était envisagée. Il retient que
la preuve n'est pas rapportée d'un échange entre les parties sur leurs projets respectifs
concernant la destination des biens immobiliers concernés, ni sur les modalités pratiques
de leur occupation respective. Il retient ensuite que le contenu du courriel de M. D... du 29
juillet 2011 démontre son ignorance des projets de M. Mercieca ainsi qu'une absence de
communauté de vue sur l'usage de ces biens et de volonté de collaborer ensemble et sur
un pied d'égalité à une oeuvre commune, que les activités ponctuelles de M. D... et de la
société Bessimo, qu'il décrit, ne suffisent pas davantage à démontrer. En l'état de ces
constatations et appréciations, faisant ressortir que les parties ne s'étaient pas entendues
sur l'objet des sociétés qu'elles envisageaient de constituer, que les biens à acquérir
devaient servir à réaliser, ce dont elle a pu déduire l'absence d'affectio societatis et, par
voie de conséquence, la nullité de la promesse de sociétés, la cour d'appel a légalement
justifié sa décision.
(…)
6. Le moyen, pour partie irrecevable, n'est donc pas fondé pour le surplus.
REJETTE le pourvoi ;
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
DOCUMENTS AUTORISES :
Code du travail (éditeur au choix de l’étudiant)
Dictionnaire bilingue courant autorisé pour les étudiants étrangers non francophones
SUJET 1 : Dissertation.
1°) Monsieur CHABOT travaille comme vendeur dans le magasin NADD 33 de Pessac, qui
commercialise des automobiles. La société TRACK 64, concurrente de NADD 33, lui propose
un emploi qu’il envisage d’accepter. Les deux entreprises sont concurrentes. Le problème est
que le contrat de travail de Monsieur CHABOT contient une clause rédigée en ces termes :
« Dans l’hypothèse où son contrat de travail viendrait à être rompu, pour quelque cause que
ce soit, Monsieur CHABOT s’engage à n’exercer aucune activité concurrente à celle de la
société NADD33, pendant un an et sur l’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine. En
contrepartie, la société versera à Monsieur CHABOT, après cessation effective de son contrat
et pendant toute la durée de l’obligation de non-concurrence, une indemnité compensatrice
mensuelle de 3.000 euros. Le non-respect de la présente clause sera sanctionné par le
versement d’une pénalité forfaitaire de 10.000 euros à la société NADD 33. Cette pénalité
pourra être cumulée avec des dommages et intérêts correspondant au préjudice réel subi par
la société NADD 33 du fait de la violation de la présente clause de non-concurrence. De plus,
le versement de l’indemnité forfaitaire ne prive pas la société NADD 33 de son droit d’exiger
en justice la cessation de l’activité concurrente ».
Monsieur CHABOT voudrait connaître les risques qu’il encourt en se faisant embaucher par la
société TRACK 64 après avoir démissionné.
2°) Hier, Madame CARION est venue vous voir pour vous expliquer qu’elle est employée
depuis 1998 en qualité de directrice d’un magasin de sport, situé à Bordeaux. Le contrat de
travail contient une clause indiquant qu’elle s’engage à être mobile sur l’ensemble des
établissements de l’employeur. Elle vient de recevoir une lettre de son employeur qui lui
demande de prendre la direction du magasin de Metz, à partir du 1er juillet 2021. On lui précise
dans cette lettre que sa rémunération restera inchangée et que ses frais de déménagement seront
pris en charge par l’entreprise.
Madame CARION est totalement opposée à cette mutation et voudrait l’éviter. Qu’en pensez-
vous ?
3°) Le lendemain, Madame CARION vous rappelle et vous indique qu’elle vient de retrouver
un avenant à son contrat de travail, signé en 2018, qui contient une clause libellée en ces termes :
« Madame CARION a pris, dans son contrat de travail initial, un engagement de mobilité. Elle
renouvelle cet engagement dans les mêmes termes et reconnaît qu’en cas de refus de mutation
de sa part, l’employeur disposera du droit de la licencier. Madame CARION reconnaît
expressément qu’un refus de mutation de sa part constituera une faute grave de sa part
justifiant un licenciement immédiat ».
Cette nouvelle information modifie-t-elle votre réponse à la question 2°) ?
4°) Monsieur ALFRED a été engagé en qualité de Chauffeur-livreur par la société CALIPO
TRANSPORTS en 2004. Il transporte et livre des petits colis au moyen d’un véhicule
automobile nécessitant un permis B. À la suite d’une réorganisation de ses activités, CALIPO
TRANSPORTS envisage de placer Monsieur ALFRED sur un poste de Chauffeur poids lourd.
Monsieur LUCIE serait d’accord, mais il ne dispose pas du permis C (32 tonnes). Il faudrait
donc l’envoyer en formation. Le stage de formation dure au minimum 3 semaines et
représenterait un coût de 2 000 euros, à la charge de CALIPO TRANSPORTS, qui voudrait
éviter que cet investissement soit perdu si Monsieur ALFRED quittait l’entreprise après avoir
obtenu son permis C. L’employeur envisage donc de proposer à Monsieur ALFRED de signer
un avenant à son contrat de travail, lui interdisant de démissionner pendant six mois, à compter
de l’obtention du permis C. Quelles sont les règles applicables en la matière ?
5°) Monsieur JAMIN est employé à mi-temps. Son contrat de travail prévoit que l’employeur
peut lui demander d’accomplir deux heures de travail par semaine, en plus de son horaire
habituel. L’employeur lui a toutefois fait signer un avenant au contrat de travail pour remplacer
un salarié temporairement absent de mai à juin 2021, ce qui a porté la durée totale de travail à
35 heures dans cette période. Le 1er juillet, Monsieur JAMIN est censé retrouver son horaire
habituel. Cette situation ne lui convient pas, car il préfèrerait rester sur l’horaire actuel. En a-t- il
le droit ?
6°) La société MAJIREX emploie 85 salariés et fabrique des meubles. Son directeur général,
Monsieur GÉRARD, vous expose que le 27 mai 2021, 16 salariés se sont mis en grève pour
réclamer une augmentation de salaire : ils ont présenté leurs revendications pour la première
fois le 27 mai au matin (une augmentation de salaire de 450 euros par mois). Face au refus de la
direction, ces salariés ont cessé le travail pour une durée illimitée. M. GIRARD estime que ce
mouvement est illicite, pour les raisons suivantes.
a) Les grévistes sont très minoritaires et les autres salariés n’adhèrent pas à leur mouvement,
bien que leurs revendications visent l’ensemble du personnel de l’entreprise.
b) Le préavis de grève prévu par l’accord d’entreprise conclu en 2017 n’a pas été respecté.
c) Les grévistes n’ont pas cherché à négocier, la présentation préalable de leurs revendications
le matin même n’étant qu’un artifice destiné à masquer leur mauvaise foi.
e) La grève a été engagée sans l’accord des délégués syndicaux, qui n’ont présenté aucune
revendication et n’ont pas cherché à négocier avec la direction.
Statuant tant sur le pourvoi principal formé par Mme X... et M. Y... que sur le pourvoi incident relevé par
la société Caisse d'épargne et de prévoyance Ile-de-France ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la société Caisse d'épargne et de prévoyance Ile-de-France Paris,
devenue la société Caisse d'épargne et de prévoyance Ile-de-France (la caisse), a consenti à la société
ADMF participation un prêt de 480 000 euros (prêt n° 2047790) et à la société AFI conseil trois prêts d'un
montant respectif de 39 470 euros (n° 2047332), 60 000 euros (n° 2047299) et 30 000 euros (n° 2047301)
; que le 6 juillet 2007, Mme X... et M. Y... (les cautions) se sont rendus cautions solidaires du
remboursement du prêt de 480 000 euros à concurrence, chacun, de 312 000 euros ; que le 2 décembre
2007, ils se sont rendus cautions solidaires à concurrence de 23 447,29 euros pour le deuxième prêt et de
54 296,48 euros pour chacun des deux autres ; que les sociétés ADMF participation et AFI conseil ayant
été mises en redressement judiciaire les 20 juillet et 20 novembre 2008 puis en liquidation judiciaire le 30
mars 2010, la caisse a assigné les cautions en exécution de leurs engagements, lesquelles ont invoqué la
disproportion de ceux-ci ;
Sur le pourvoi incident, qui est préalable [pourvoi formé par la caisse] :
Attendu que la caisse fait grief à l'arrêt de confirmer le jugement qui avait rejeté sa demande en paiement
au titre des cautionnements du prêt n° 2047790 alors, selon le moyen :
[…] que la proportionnalité de l'engagement de la caution au regard de ses biens et revenus s'apprécie au
jour de la souscription du cautionnement ; que, pour dire que la caisse ne pouvait se prévaloir des
cautionnements consentis le 6 juillet 2007 par les cautions, les juges du fond ont apprécié leur
proportionnalité en tenant compte du montant des cautionnements souscrits le 2 décembre 2007 ; qu'en
statuant ainsi quand ils auraient dû apprécier la proportionnalité des engagements du 6 juillet 2007 au
jour où ils ont été conclus, les juges du fond ont violé l'article L. 341-1 du code de la consommation ;
[…]
Mais attendu […] que, pour apprécier si les cautionnements du 6 juillet 2007 étaient disproportionnés
aux biens et revenus des cautions, la cour d'appel n'a tenu compte que du montant total de leurs
engagements à cette date, sans prendre en considération ceux résultant de leurs cautionnements,
postérieurs, du 2 décembre 2007 ;
Mais sur le moyen unique du pourvoi principal [pourvoi formé par Mme X... et M.
Attendu que pour condamner solidairement les cautions à payer les sommes dues à la caisse au titre
des prêts n° 2047332, n° 2047299 et n° 2047301, dans la limite pour chacune d'elles de 23 447,29
euros pour le premier et de 54 296,48 euros pour les deuxième et troisième, l'arrêt retient que pris
individuellement, les cautionnements consentis le 2 décembre 2007 n'étaient pas disproportionnés aux
biens et revenus des cautions à cette date ;
Qu'en statuant ainsi, sans prendre en compte, pour apprécier la disproportion des engagements du 2
décembre 2007 par rapport aux biens et revenus des cautions à cette date, leurs cautionnements
antérieurement souscrits le 6 juillet 2007, pour un montant de 312 000 euros chacun, quand bien
même elle les avait déclarés disproportionnés, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
ET ANNULE »
1) Dire que « le moyen manque en fait » signifie que le pourvoi reproche à la cour d’appel d’avoir dit
quelque chose qu’elle n’a pas dit (la cour d’appel a dit rouge, le pourvoi reproche à la cour d’appel
d’avoir dit bleu : rejet du pourvoi, la cour d’appel n’a jamais dit bleu).
3) La cour de cassation a décidé, dans deux autres décisions, les choses suivantes :
- « la disproportion du cautionnement s'apprécie en prenant en considération l'endettement global de
la caution au moment où cet engagement est consenti, sans avoir à tenir compte de ses engagements
postérieurs » (Cass. Com., 3 novembre 2015, n° 14-26.051, publié au Bulletin)
- « si la disproportion doit être appréciée en prenant en considération l'endettement global de la
caution, y compris celui résultant d'autres engagements de caution, il ne peut être tenu compte d'un
cautionnement antérieur que le juge déclare nul, et qui est ainsi anéanti rétroactivement » (Cass.
Com., 21 novembre 2018, n° 16-25.128, publié au Bulletin)
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Vu la procédure suivante :
1°) d'annuler cet arrêt, en tant qu'il annule la décision du maire de Chalon-sur-Saône révélée
par le communiqué de presse du 16 mars 2015 et la délibération de son conseil municipal du
29 septembre 2015 ;
2°) réglant l'affaire au fond, de faire droit dans cette mesure à son appel. (…)
2. Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que par un communiqué de presse
publié le 16 mars 2015 et intitulé : " restauration scolaire à Chalon : retour au principe de
laïcité ", le maire de Chalon-sur-Saône a décidé de mettre un terme " à la pratique installée
dans la collectivité depuis 31 ans, qui consistait à proposer un menu de substitution dès lors
qu'un plat contenant du porc était servi dans les cantines ". Par une délibération du 29
septembre 2015, au motif que " le principe de laïcité interdit la prise en considération de
prescriptions d'ordre religieux dans le fonctionnement d'un service public ", le conseil
municipal de Chalon-sur-Saône a modifié le règlement intérieur des restaurants scolaires afin
qu'il ne soit plus proposé qu'un seul type de repas à l'ensemble des enfants inscrits dans les
restaurants scolaires de la commune. Par un jugement du 28 août 2017, le tribunal
administratif de Dijon a fait droit aux demandes de la Ligue de défense judiciaire des
musulmans, de Mme A... B..., de Mme E... et de M. D... C... tendant à l'annulation de ces deux
décisions. Par un arrêt du 23 octobre 2018, la cour administrative d'appel de Lyon, après avoir
annulé ce jugement, a prononcé l'annulation de la décision du maire de Chalon-sur-Saône
révélée par le communiqué de presse du 16 mars 2015 et de la délibération de son conseil
municipal du 29 septembre 2015. La commune de Chalon-sur-Saône se pourvoit en cassation
contre cet arrêt, en tant qu'il annule ces deux décisions.
3. En premier lieu, si, en principe, le fait qu'une décision administrative ait un champ
d'application territorial fait obstacle à ce qu'une association ayant un ressort national justifie
d'un intérêt lui donnant qualité pour en demander l'annulation, il peut en aller autrement
lorsque la décision soulève, en raison de ses implications, notamment dans le domaine des
libertés publiques, des questions qui, par leur nature et leur objet, excèdent les seules
circonstances locales. Eu égard à l'objet de cette association, la Ligue de défense judiciaire des
musulmans a un intérêt à agir à l'encontre de la décision du maire de Chalon-sur-Saône du 16
mars 2015 et de la délibération de son conseil municipal du 29 septembre 2015 décidant de
mettre un terme à la pratique consistant à proposer un menu de substitution dès lors qu'un
plat contenant du porc était servi dans les cantines municipales, qui présentent, dans la
mesure où elles cherchent à interdire une pratique susceptible d'être rencontrée dans
d'autres communes, une portée excédant leur seul objet local. Par suite, le moyen tiré de ce
que la cour aurait commis une erreur de droit en retenant que la Ligue de défense judiciaire
des musulmans disposait d'un intérêt à agir contre ces deux décisions doit être écarté. (…)
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
Faits et procédure
2. Une enquête préliminaire a été ouverte suite au renseignement selon lequel une
habitation située à Wattrelos était susceptible d'abriter une plantation d'herbe de
cannabis d'environ mille plants devant être récoltée à court terme.
4. Les enquêteurs ont, dans le cadre de l'enquête préliminaire, mis en place des
surveillances physiques, appuyées par des moyens vidéos sur la voie publique, puis
procédé à l'interpellation de différentes personnes.
5. Parmi celles-ci, M. X... C..., lequel a été filmé par le moyen de vidéosurveillance utilisé, a
été mis en examen le 29 mars 2019 des chefs susvisés.
6. Le 11 juillet 2019, son conseil a déposé une requête devant la chambre de l'instruction
aux fins de voir constater que les vidéosurveillances réalisées sur la voie publique,
datées des 21 janvier 2019, 14 février 2019 et 27 février 2019, ont été mises en oeuvre
sans l'accord d'un magistrat du siège indépendant et en conséquence de voir ordonner
la nullité des procès verbaux relatifs aux surveillances précitées ainsi que la cancellation
de différents actes subséquents.
Examen du moyen
Enoncé du moyen
Réponse de la Cour
10. L'ingérence dans la vie privée qui résulte d'une telle mesure présentant par sa
nature même un caractère limité et étant proportionnée au regard de l'objectif
poursuivi, elle n'est pas contraire à l'article 8 de la Convention européenne des droits de
l'homme.
12. L'arrêt indique en outre que la mise en oeuvre d'un tel dispositif n'implique pas
d'acte de contrainte, ni d'atteinte à l'intégrité des personnes dont l'image est ainsi
recueillie, ni de saisie, d'interception ou d'enregistrement des paroles de ces personnes
et que les officiers de police judiciaire, agissant en préliminaire, tiennent de l'article 14
du code de procédure pénale le droit de mettre en place et d'exploiter, au surplus avec
l'autorisation préalable du procureur de la République et sous le contrôle de celui-ci, un
dispositif de vidéosurveillance ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, de
capter, fixer et enregistrer les images de personnes se trouvant dans un lieu public, afin
d'identifier les auteurs ou complices d'infractions.
13. C'est à tort que l'arrêt écarte toute atteinte à la vie privée pouvant résulter de la mise
en oeuvre d'une vidéosurveillance sur la voie publique, et considère que les enquêteurs
pouvaient y procéder sans autorisation du procureur de la République.
14. L'arrêt n'encourt cependant pas la censure, dès lors qu'il résulte de ses propres
constatations que le procureur de la République a spécialement autorisé les enquêteurs
à installer le dispositif contesté selon des modalités précises et qu'il en a effectivement
assuré le contrôle.
La procédure précontentieuse
46. Par une lettre du 18 octobre 2006, la Commission a mis en demeure la Hongrie de lui
présenter, dans un délai de deux mois, ses observations au sujet de la conformité aux
articles 49 et 51 TFUE de la condition de nationalité requise pour l’accès à la profession
de notaire en Hongrie.
47 La Hongrie a répondu à cette lettre de mise en demeure par une lettre du 20
décembre 2006.
48 N’ayant pas été convaincue par les arguments avancés par la Hongrie, la
Commission a, par lettre du 23 octobre 2007, adressé à cet État membre un avis
motivé auquel la Hongrie a répondupar lettre du 12 février 2008 […].
50 La Commission a, par une lettre du 9 novembre 2011, attiré l’attention de la
Hongrie sur les arrêts mentionnés au point précédent du présent arrêt et lui a
demandé de préciser quelles mesures elle avait prises ou envisageait de prendre,
sur la base de ces arrêts, afin de rendre sa législation conforme au droit de l’Union.
51 La Hongrie a, par un courrier du 13 janvier 2012, répondu à cette lettre en
faisant valoir que les fonctions exercées par les notaires dans l’ordre juridique
hongrois couvraient également desactivités autres que celles examinées par la Cour
dans le cadre des affaires ayant donné lieu aux arrêts mentionnés au point 49 du
présent arrêt et que ces fonctions différaient, par leur nature, de celles en cause
dans lesdites affaires.
52 Le 27 septembre 2012, la Commission a adressé un avis motivé complémentaire
à la Hongrie, auquel cet État membre a répondu par lettre du 30 novembre 2012.
53 Après avoir examiné les modifications que la Hongrie avait, entre-temps,
apportées à sa législation relative aux activités des notaires, la Commission est
parvenue à la conclusion que le manquement persiste et a donc adressé, le 10
juillet 2014, un nouvel avis motivé complémentaire à cet État membre.
54 Par une lettre du 18 septembre 2014, la Hongrie a répondu à cet avis en
exposant les motifs pour lesquels elle estimait que la position défendue par la
Commission n’était pas fondée.
55 C’est dans ces conditions que la Commission a décidé d’introduire le présent
recours.
Sur le recours
Appréciation de la Cour
97 Il y a lieu de préciser, à titre liminaire, que le recours de la Commission concerne
uniquement la compatibilité de la condition de nationalité requise par la
réglementation hongroise en causepour l’accès à la profession de notaire au regard
de la liberté d’établissement consacrée à l’article 49 TFUE. Ce recours ne porte ni
sur le statut et l’organisation du notariat dans l’ordre juridique hongrois ni sur les
conditions d’accès, autres que celle afférente à la nationalité, à la profession de
notaire dans cet État membre.
98 La Hongrie fait valoir que la profession de notaire ne saurait être considérée
comme une activité économique et que, par conséquent, cette profession ne relève
pas du champ d’application de l’article 49 TFUE.À cet égard, il convient de rappeler
que la Cour a déjà jugé que la liberté d’établissement, telle que consacrée à l’article
49 TFUE, est applicable à la profession de notaire (arrêt du 10 septembre 2015,
Commission/Lettonie, C-151/14, EU:C:2015:577, point 48 et jurisprudence citée).
99 En effet, selon une jurisprudence constante, une prestation de services
rémunérée doit être regardée comme une activité économique, pourvu que les
activités exercées soient réelles et effectives et non pas de nature telle qu’elles se
présentent comme purement marginales et accessoires (arrêt du 20 novembre
2001, Jany e.a., C-268/99, EU:C:2001:616, point 33 ainsi que jurisprudence citée).
100Or, il est constant que, dans l’ordre juridique hongrois, les notaires exercent une
profession libérale qui implique, en tant qu’activité principale, la prestation de
plusieurs services distincts contre rémunération.
101Il convient encore de rappeler que l’article 49 TFUE vise à assurer le bénéfice du
traitement national à tout ressortissant d’un État membre qui s’établit dans un
autre État membre pour y exercer une activité non salariée et interdit toute
discrimination fondée sur la nationalité résultant des législations nationales en tant
que restriction à la liberté d’établissement (arrêt du 10 septembre 2015,
Commission/Lettonie, C-151/14, EU:C:2015:577, point 52 et jurisprudencecitée).
102 Or, en l’espèce, la législation nationale litigieuse réserve l’accès à la profession
de notaire aux seuls ressortissants hongrois, consacrant ainsi une différence de
traitement en raison de la nationalité, prohibée, en principe, par l’article 49 TFUE.
103 La Hongrie fait cependant valoir que les activités notariales sont soustraites du
champ d’application de l’article 49 TFUE, puisqu’elles participent à l’exercice de
l’autorité publique,au sens de l’article 51, premier alinéa, TFUE.
104 S’agissant de la notion d’« exercice de l’autorité publique », au sens de cette
dernière disposition, il convient de l’interpréter en tenant compte, selon une
jurisprudence constante, ducaractère propre au droit de l’Union des limites posées
par ladite disposition aux exceptions permises au principe de la liberté
d’établissement, afin d’éviter que l’effet utile du traité en matière de liberté
d’établissement ne soit déjoué par des dispositions unilatérales prises par les États
membres (arrêt du 1er décembre 2011, Commission/Pays- Bas, C-157/09, non
publié, EU:C:2011:794, point 56 et jurisprudence citée).
105Il est également de jurisprudence constante que l’article 51, premier alinéa, TFUE
constitue une dérogation à la règle fondamentale de la liberté d’établissement.
Comme telle, cette dérogation doit recevoir une interprétation qui limite sa portée à
ce qui est strictement nécessaire pour sauvegarder les intérêts que cette disposition
permet aux États membres de protéger (arrêt du 1er décembre 2011,
Commission/Pays-Bas, C-157/09, non publié, EU:C:2011:794, point 57 et
jurisprudence citée).
106 En outre, la Cour a itérativement souligné que la dérogation prévue à l’article
51, premier alinéa, TFUE doit être restreinte aux seules activités qui, prises en elles-
mêmes, constituent une participation directe et spécifique à l’exercice de l’autorité
publique (arrêt du 1er décembre 2011, Commission/Pays-Bas, C-157/09, non
publié, EU:C:2011:794, point 58 et jurisprudencecitée).
107À cet égard, la Cour a eu l’occasion de considérer que sont exclues de la
dérogation prévue à l’article 51, premier alinéa, TFUE certaines activités auxiliaires
ou préparatoires par rapport à l’exercice de l’autorité publique (voir, en ce sens,
arrêts du 13 juillet 1993, Thijssen, C-42/92, EU:C:1993:304, point 22 ; du 29 octobre
1998, Commission/Espagne, C-114/97, EU:C:1998:519, point 38 ; du 30 mars 2006,
Servizi Ausiliari Dottori Commercialisti, C- 451/03, EU:C:2006:208, point 47 ; du 29
novembre 2007, Commission/Allemagne, C-404/05, EU:C:2007:723, point 38, et du
22 octobre 2009, Commission/Portugal, C-438/08, EU:C:2009:651, point 36), ou
certaines activités dont l’exercice, bien qu’il comporte des contacts, même réguliers
et organiques, avec des autorités administratives ou judiciaires, voire un concours,
même obligatoire, à leur fonctionnement, laisse intacts les pouvoirs d’appréciation et
de décision desdites autorités (voir, en ce sens, arrêt du 21 juin 1974, Reyners,
2/74, EU:C:1974:68, points 51 et 53), ou encore certaines activités qui ne
comportent pas l’exercice de pouvoirs décisionnels (voir, en ce sens, arrêts du 13
juillet 1993, Thijssen, C-42/92, EU:C:1993:304, points 21 et 22 ; du 29 novembre
2007, Commission/Autriche, C-393/05, EU:C:2007:722, points 36 et 42 ; du 29
novembre 2007, Commission/Allemagne, C-404/05, EU:C:2007:723, points 38 et
44, ainsi que du 22 octobre 2009, Commission/Portugal, C- 438/08, EU:C:2009:651,
points 36 et 41), de pouvoirs de contrainte (voir en ce sens, notamment, arrêt du 29
octobre 1998, Commission/Espagne, C-114/97, EU:C:1998:519, point 37) ou de
pouvoirs de coercition (voir, en ce sens, arrêts du 30 septembre 2003, Anker e.a., C-
47/02, EU:C:2003:516, point 61, ainsi que du 22 octobre 2009,
Commission/Portugal, C- 438/08, EU:C:2009:651, point 44).
108 Il convient dès lors de vérifier, à la lumière de la jurisprudence rappelée aux
points 105 à 108 du présent arrêt, si les activités confiées aux notaires dans l’ordre
juridique hongrois comportent une participation directe et spécifique à l’exercice
de l’autorité publique.
109 S’agissant de l’activité de délivrance d’injonctions de payer, il est constant
qu’elle ne concerne que les créances pécuniaires incontestées et échues. En outre,
l’injonction de payer délivrée par le notaire ne devient contraignante que si le
débiteur ne s’y oppose pas. L’intervention du notaire suppose ainsi l’existence du
consentement du débiteur.
110 Force est donc de constater que la compétence du notaire en matière de
délivrance d’injonctions de payer, qui repose exclusivement sur la concordance de
la volonté du créancieret de celle du débiteur et laisse intactes les prérogatives du
juge en l’absence d’accord de ceux-ci en ce qui concerne la réalité de la créance, ne
comporte aucune participation directe et spécifique à l’exercice de l’autorité
publique.
111 Cette conclusion n’est pas affectée par l’argument de la Hongrie relatif au
règlement no 1896/2006. En effet, il ressort notamment du considérant 9 et de
l’article 1er, sous a), de ce règlement que la procédure européenne d’injonction de
payer ne concerne que les créances pécuniaires incontestées. En outre, aux termes
de l’article 18, paragraphe 1, dudit règlement, l’injonction de payer européenne est
déclarée exécutoire si aucune opposition n’a été formée dans les délais impartis. La
délivrance de l’injonction de payer européenne instituée par le règlement no
1896/2006 présente donc les mêmes caractéristiques que celles mentionnées au
point 110 du présent arrêt.
112 S’agissant du mandement de l’exécution de l’injonction de payer, il convient
d’indiquer qu’il permet, ainsi que le fait valoir la Hongrie, la mise à exécution de la
créance qui fait l’objet de l’injonction de payer devenue, en l’absence d’une
opposition, contraignante.
113 La force exécutoire qu’acquiert ainsi l’injonction de payer ne traduit cependant
pas la détention par le notaire de pouvoirs comportant une participation directe et
spécifique à l’exercice de l’autorité publique. En effet, si l’apposition par le notaire
de la formule exécutoiresur l’injonction de payer devenue contraignante confère à
cette dernière la force exécutoire, celle-ci repose sur l’absence de contestation par
le débiteur de la créance à mettre à exécution.
114 Quant aux missions exercées en matière de successions, il convient de
souligner, d’une part, que, en vertu de l’article 83, paragraphe 1, de la loi relative à
la procédure de succession, le notaire ne peut procéder à la transmission avec plein
effet du patrimoine qu’en l’absence de désaccord entre les héritiers et, d’autre part,
qu’il est tenu, en cas de désaccord, conformément à l’article 85, paragraphe 1, de
cette loi, de transmettre le patrimoine avec effet provisoire, le désaccord étant
tranché par le juge dans le cadre de l’action successorale.
115 Les tâches confiées au notaire en matière successorale étant ainsi exercées sur
une base consensuelle et laissant intactes les prérogatives du juge en l’absence
d’accord des parties, elles ne sauraient, en conséquence, être considérées comme
participant, en tant que telles, directement et spécifiquement à l’exercice de
l’autorité publique.
116 Cette conclusion n’est pas infirmée par le fait que le notaire dispose, ainsi
que le fait valoirla Hongrie, du pouvoir d’adopter certaines mesures conservatoires
et certaines mesures préparatoires en vue de l’organisation de la réunion
successorale ainsi que de requérir de divers organes publics la communication de
certaines informations et la production de certains documents. Il convient de
préciser, à cet égard, que ces mesures revêtent un caractère accessoire par rapport à
la tâche principale du notaire d’effectuer la transmission de l’héritage (voir, par
analogie, arrêt du 1er décembre 2011, Commission/Pays-Bas, C-157/09, non publié,
EU:C:2011:794, point 83). Or, ainsi qu’il ressort des points 115 et 116 du présent
arrêt, cette tâche ne saurait être considérée comme participant directement et
spécifiquement à l’exercice de l’autorité publique.
117 S’agissant des activités des notaires en matière de dépôt notarié, il y a lieu de
relever qu’elles ne comportent pas l’exercice de pouvoirs décisionnels, le rôle des
notaires se limitant à la vérification du respect des conditions légalement requises.
118Quant à l’activité d’authentification confiée aux notaires dans l’ordre juridique
hongrois, il convient de souligner que, ainsi qu’il ressort de l’article 112 de la loi
relative aux notaires, font l’objet d’une authentification les actes traduisant des
engagements unilatéraux ou les conventions auxquels les parties ont librement
souscrit. L’intervention du notaire suppose, ainsi, l’existence préalable d’un
consentement des parties ou d’un accord de volonté entre celles-ci.
119 À cet égard, la Cour a jugé que l’activité d’authentification ainsi confiée aux
notaires ne comporte pas, en tant que telle, une participation directe et spécifique à
l’exercice de l’autorité publique, au sens de l’article 51, premier alinéa, TFUE (voir
par analogie, notamment, arrêt du 24 mai 2011, Commission/Belgique, C-47/08,
EU:C:2011:334, point 92).
120La Cour a jugé, en outre, que le fait qu’une activité donnée comporte
l’établissement d’actesdotés d’effets tels que la force probante et la force exécutoire
ne saurait suffire pour que cette activité soit considérée comme participant
directement et spécifiquement à l’exercice del’autorité publique, au sens de l’article
51, premier alinéa, TFUE (voir, en ce sens, arrêt du 1er
décembre 2011, Commission/Pays-Bas, C-157/09, non publié, EU:C:2011:794, point 73
et jurisprudence citée) […].
135 Force est ainsi de constater que la compétence du notaire en matière de
dissolution du partenariat enregistré, qui repose exclusivement sur la volonté des
parties et laisse intactes les prérogatives du juge en l’absence d’accord de celles-ci,
ne comporte aucune participation directe et spécifique à l’exercice de l’autorité
publique (voir, par analogie, arrêt du 10 septembre 2015, Commission/Lettonie, C-
151/14, EU:C:2015:577, points 68 à 70).
136 Quant à l’inscription d’informations dans le registre des déclarations de
partenariat ainsi que dans le registre national des contrats de mariage et le registre
national des contrats de partenariat, la Cour a déjà jugé que les activités qui se
rapportent aux mesures de publicité des actes ne traduisent pas un exercice direct et
spécifique de l’autorité publique par le notaire (voir, par analogie, arrêt du 24 mai
2011, Commission/Luxembourg, C-51/08, EU:C:2011:336, point113).
137 Pour ce qui est de la détermination de la succession en cas de mort de
personnes physiques ou de dissolution de personnes morales ayant fait des
déclarations dans le registre des sûretés mobilières, de la conservation d’actes et de
la consignation de valeurs numéraires, d’objets de valeur et de titres négociables, il
y a lieu de constater que la Hongrie n’avance aucun argument visant à démontrer
spécifiquement que de telles activités participent à l’exercice de l’autorité publique,
au sens de l’article 51, premier alinéa, TFUE.
138 Par ailleurs, la Hongrie reconnaît, elle-même, que l’activité de conservation
d’actes dans les archives électroniques ne participe pas à l’exercice de l’autorité
publique, au sens de cette disposition.
139 En ce qui concerne, enfin, le statut spécifique des notaires dans l’ordre
juridique hongrois,il suffit de rappeler que c’est au regard de la nature des activités
en cause, prises en elles- mêmes, et non pas au regard de ce statut en tant que tel,
qu’il convient de vérifier si ces activités relèvent de la dérogation prévue à l’article
51, premier alinéa, TFUE (arrêt du 1er décembre 2011, Commission/Pays-Bas, C-
157/09, non publié, EU:C:2011:794, point 84).
140 Dans ces conditions, il y a lieu de conclure que les activités notariales, telles
qu’elles sont définies dans l’ordre juridique hongrois dans son état à la date
d’expiration du délai fixé dans le second avis motivé complémentaire, ne participent
pas à l’exercice de l’autorité publique, ausens de l’article 51, premier alinéa, TFUE.
141 Il convient par conséquent de constater que la condition de nationalité requise
par la réglementation hongroise pour l’accès à la profession denotaire constitue une
discrimination fondée sur la nationalité interdite par l’article 49 TFUE […].
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTE DE DROIT ET SCIENCE POLITIQUE
CENTRE DE BORDEAUX
3ème Année de LICENCE EN DROIT
Année 2020 – 2021
Durée : 3 heures
Sujet n°1 : Sujet théorique : La répression pénale internationale vous paraît-elle efficace
pour le règlement pacifique des différends ?
Sujet n°2 : Sujet pratique: Commentez l’article 36 du Statut de la Cour Internationale de
Justice :
Article 36
1. La compétence de la Cour s'étend à toutes les affaires que les parties lui soumettront, ainsi
qu'à tous les cas spécialement prévus dans la Charte des Nations Unies ou dans les traités et
conventions en vigueur.
2. Les Etats parties au présent Statut pourront, à n'importe quel moment, déclarer reconnaître
comme obligatoire de plein droit et sans convention spéciale, à l'égard de tout autre Etat
acceptant la même obligation, la juridiction de la Cour sur tous les différends d'ordre juridique
ayant pour objet :
a. l'interprétation d'un traité;
b. tout point de droit international;
c. la réalité de tout fait qui, s'il était établi, constituerait la violation d'un engagement
international;
d. la nature ou l'étendue de la réparation due pour la rupture d'un engagement international.
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTÉ DE DROIT ET SCIENCE
POLITIQUE CENTRE DE BORDEAUX
Commenter le texte suivant extrait de Guy Coquille, Les Coustumes du Pays et Duché de Nivernois, avec les
Annotations… de Me Guy Coquille…, Paris, L’Angelier, 1605.
Nos coutumes sont notre vrai droit civil, droit commun et originaire, et non survenu ou
adventice. Aussi nous n’alléguons les lois des Romains, sinon pour la raison qui y est, et quand nos lois
particulières nous défaillent, nous avons recours aux romaines, non pas pour nous obliger précisément,
mais par ce que nous connaissons qu’elles sont fondées en toute raison. Feu Monsieur le président de
Thou, quand il parlait du droit écrit des Romains, il l’appelait la raison écrite.