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1.1. Définition
1.1.1.Cas du corps pur
Soit n la quantité de matière du constituant M corps pur dans la phase et G
l’enthalpie libre du système dans cette phase, par définition, le potentiel chimique du
constituant
M dans cette phase est : .
C’est une grandeur qui s’exprime en joule par mol (J mol.-1). Le potentiel chimique d’un
corps pur s’identifie à son enthalpie libre molaire.
Conséquence :
L’enthalpie libre d’un système mettant en jeu une quantité de matière n d’un corps pur est
donnée par la relation G = nµ*
C’est une grandeur dimensionnée ; son unité est le joule par mole (J.mol-1). Le potentiel
chimique d’un constituant d’un mélange s’identifie à son enthalpie libre molaire partielle.
Conséquence importante
L’enthalpie libre d’un système mettant en jeu N constituants est donnée par la relation
Le potentiel chimique d’un gaz parfait pur sous la pression P à la température T est
µ°(T) est le potentiel chimique standard du gaz parfait pur, c’est une grandeur tabulée. Son
unité est le J. mol–1
De façon générale, le potentiel chimique d’un constituant Mi est lié à son activité a par la
relation
est le potentiel chimique standard de l’espèce Mi, c’est une grandeur tabulée. Son unité
est le J.mol-1.
1.3.1. Définition
L’état standard d’un constituant est l’état pour lequel son potentiel chimique µ est égal à son
potentiel chimique standard µ°.
Il existe autant d’états standard que de température. On parle toujours d’état standard à la
température T. Pour un constituant donné, l’état standard peut être réel ou fictif. On peut aussi
bien envisager l’état standard de l’eau liquide à 300 K que l’état standard de l’eau gazeuse à
300 K. Dans le premier cas, il s’agit d’un état réel, dans le second d’un état fictif.
L’état standard d’un constituant gazeux pur ou en mélange, à une température T, est l’état de
ce constituant pur, à l’état gazeux, se comportant comme un gaz parfait à la température T et
sous la pression de référence P°.
L’état standard à une température T d’un constituant dans un mélange solide ou liquide ou
d’un constituant condensé pur ou du solvant, est l’état de ce constituant pur, dans l’état
physique considéré, à la température T et sous la pression de référence P°.
Pour un système comportant N constituants, les fonctions d’état du système dépendent aussi
des variables de composition du système, c’est-à-dire des quantités de matière ni des
différents constituants. En particulier, l’enthalpie libre du système est une fonction des
variables T, P et ni. sa différentielle est donnée par : – .
Le système étant fermé, la variation des quantités de matière est uniquement liée à
l’avancement de la réaction par la relation
Or
Il vient : – (1)
Les relations (1) et (2) montrent que dans le cadre de notre étude (système fermé soumis
aux seules forces de pression en transformation chimique), la création d’entropie est
quantitativement liée à l’irréversibilité due à la transformation chimique spontanée. En
effet :
• est une grandeur dimensionnée, son unité est le joule par mole ( J. mol–1).
• Si l’évolution est spontanée, la transformation est irréversible : δSc > 0.
• Si le système est à l’équilibre chimique, la transformation est réversible : δSc = 0..
On peut montrer que si une espèce chimique est présente dans plusieurs phases (solide,
liquide, gaz) alors, à l’équilibre thermodynamique du système, son potentiel chimique est le
même dans toutes les phases.
Le potentiel chimique d’un constituant est le même dans toutes les phases d’un système à
l’équilibre.
2.5. Variance
2.5.1. Définition
La méthode la plus simple, a priori, pour calculer la variance est de faire la différence entre le
nombre de paramètres intensifs et le nombre de relations indépendantes qu’il existe entre eux:
I. Notion de phase
I.1 Introduction
Dans le langage usuel, le mot de phase décrit les trois états physiques de la matière : solide,
liquide et gazeux. En réalité, cette notion est plus riche et il faut proposer une définition qui ne
soit pas qu’une simple succession d’exemples.
Définition
Une phase est définie comme une région de l’espace où les grandeurs intensives associées à
cette région de l’espace varient de façon continue en fonction des variables d’espace et à
l’échelle mésoscopique.
Pour une même substance chimique, l’entropie de la phase solide est la plus faible.
En effet, dans une phase solide, il y a un ordre de position de portée infinie (chaque atome ou
ion occupe une position bien définie et en relation avec les positions des autres atomes ou
ions). Il y a aussi un ordre d’orientation pour les édifices poly-atomiques (les molécules ou
ions occupent une direction fixe, il n’y a pas libre rotation).
Dans un liquide, seul un ordre à courte distance existe (sur quelques diamètres moléculaires)
et il ne permet pas de prévoir la position des autres molécules situées à grande distance. Les
mouvements de rotation sont beaucoup plus faciles. En conséquence l’entropie de la phase
liquide est notablement plus élevée que celle de la phase solide.
Dans un gaz, le désordre de position et d’orientation est total : l’entropie est encore plus
élevée.
a) Les gaz
b) Les liquides
Les liquides peuvent former des phases qui restent distinctes après un mélange partiel
éventuel (liquides non miscibles, partiellement miscibles, totalement miscibles).
L’eau et l’hexane sont, à T = 298 K et sous p = 1 bar, des liquides quasiment non miscibles.
L’eau et l’éthanol sont des liquides miscibles en toutes proportions : quelles que soient les
quantités de matière relatives des deux corps, une seule phase est observée après mélange.
Lors du mélange d’eau et de butan-1-ol on obtient en général deux phases liquides, l’une riche
en eau, l’autre riche en butan-1-ol: on parle alors de liquides partiellement miscibles.
c) Les solides
De nombreuses espèces chimiques peuvent exister à l’état solide sous plusieurs arrangements
cristallographiques, appelées variétés allotropiques. Ces différentes structures seront stables
dans différents domaines de température et de pression. Par exemple, le fer qui existe sous
pression usuelle et selon la température sous deux arrangements cristallins différents (fer α et
fer γ ) ou le carbone qui existe sous forme diamant ou graphite.
Le passage d’une variété allotropique à l’autre se traduit par une variation de l’entropie
molaire car l’ordre n’est pas identique dans tous les arrangements cristallins.
Un liquide, substance isotrope, est transparent à la lumière (sauf dans le cas où les molécules
constitutives du liquide absorbent celle-ci).
L’arrangement spatial des molécules dans un cristal liquide n’est ni celui du solide
tridimensionnel périodique, ni celui du liquide. Il existe de nombreuses catégories de cristaux
liquides :
les nématiques : les molécules sont représentées par un bâtonnet (qui est une
modélisation simplifiée de leur structure moléculaire réelle). Dans un cristal liquide
nématique, il existe une direction privilégiée de l’espace et les molécules sont
orientées préférentiellement selon cette direction. Il n’existe pas d’ordre de position
mais un ordre d’orientation.
les smectiques: l’arrangement spatial s’organise par plans : dans un plan, les
molécules occupent des positions fixes (dans un plan, l’ordre est du type de celui
observé dans les solides). Les plans sont indépendants les uns des autres.
Figure 1 : Arrangement spatial des molécules dans un cristal liquide : a) nématique ; b) smectique
pV = ng.RT.
Cette égalité établit une relation implicite entre température et pression. Donc, lorsque
l’équilibre de phase existe pour un corps pur, température et pression ne sont pas librement
choisies. Le choix de la température impose la pression et réciproquement.
L’équilibre diphasé du corps pur est qualifié alors de monovariant (libre choix d’un seul
paramètre intensif : par exemple, pour l’équilibre de vaporisation de l’eau corps pur, si la
pression totale est choisie, alors la température de l’équilibre est fixée).
Pour un corps pur, la coexistence des phases solide, liquide et gazeuse ne s’observe que pour
un couple (TT, pT) de température et de pression caractéristique de la substance étudiée. Ce
point est appelé point triple.
Cette relation différentielle établit, de façon implicite, la relation entre température et pression
pour l’équilibre entre deux phases α et β.
Et l’entropie molaire
Cette relation joue un rôle fondamental dans l’étude des équilibres de phase des corps purs car
si elle remplace une équation fonctionnelle (égalité des potentiels chimiques) par une équation
différentielle, ce qui est un point négatif, elle a le mérite de remplacer la manipulation des
potentiels chimiques par l’utilisation de grandeurs facilement accessibles à l’expérience :
enthalpie molaire de changement de phase et volumes molaires.
Cette grandeur étant caractéristique d’un changement de phase, elle ne dépend que d’un seul
paramètre intensif (pour le corps pur). L’enthalpie de changement de phase ne dépend que de
la température.
Dans la plupart des cas, le volume molaire du solide est plus faible que le volume molaire du
liquide (le solide est plus dense que le liquide). Donc ΔVα →β> 0. D’autre part Lα →β> 0 (car
l’entropie de la phase liquide est supérieure à celle de la phase solide). La courbe p = f (T) est
donc de pente positive.
L’eau constitue une exception importante (la glace flotte sur l’eau et une augmentation de
pression abaisse la température de transition liquide/solide). La masse volumique plus faible
pour la glace que pour l’eau liquide s’explique par la structure lacunaire du solide. Dans ce
cas, la pente de la courbe p = f (T) est négative.
Dans tous les cas, les volumes molaires des liquide et solide sont proches, et très inférieurs à
celui de la phase gazeuse, tant que l’on est loin du point critique. Dans ce cas, la pente de la
courbe p = f (T) pour l’équilibre liquide/solide est très supérieure à celle observée pour les
transitions mettant en jeu la phase gaz.
Les trois hypothèses nécessaires pour effectuer l’intégration ne sont pas toujours
simultanément bien vérifiées mais la formule intégrée donne un résultat tout à fait
convenable.
L’approximation qui néglige le volume molaire du liquide devant celui du gaz est bien
vérifiée si le système étudié est loin du point critique.
Un liquide qui subit une contrainte extérieure pext est à ébullition lorsque la contrainte
extérieure est égale à la pression de vapeur saturante. La pression de vapeur saturante est une
fonction croissante de la température et lors d’une augmentation d’altitude, la pression
extérieure diminue. En conséquence, une augmentation d’altitude se traduit par la diminution
de la température d’ébullition des liquides.
Il faut noter sur ces schémas la grande différence de pente entre les courbes relatives aux
équilibres entre phases condensées et les courbes relatives aux équilibres faisant intervenir
une phase gazeuse.
Sur ce diagramme (voir figure suivante), plusieurs isothermes sont représentées. En-deçà
d’une certaine température (appelée température critique Tc), il existe des paliers : à
température choisie, la pression est fixée. Ceci correspond à l’existence de l’équilibre
liquide/gaz. Les isothermes dans la partie gauche du diagramme sont de pente très forte car
les liquides sont très peu compressibles : il faut d’importantes
L’ensemble des points anguleux des isothermes est relié par une courbe. Cette courbe en
forme de cloche dissymétrique représente les points où le système passe d’un comportement
monophasique (à l’extérieur de la cloche) à un comportement bi-phasique (sous la cloche). Un
point appartenant à un palier représente un système biphasique : l’intersection du palier avec
la courbe en cloche donne les valeurs des volumes molaires des deux phases qui coexistent (à
gauche, celui du liquide, à droite, celui du gaz).
Le sommet de la courbe en cloche est le point critique de coordonnées (Vm,c, Pc) avec T = Tc.
En ce point Vm, liq = Vm,gaz = Vm, c. Pour que les propriétés du gaz et du liquide soient
notablement différentes, il faut être loin du point critique.
Utilisation de fluides supercritiques en chimie
Le volume molaire est proche de celui des liquides usuels (par exemple 18 cm3·mol−1 pour
l’eau liquide). La viscosité est, en revanche, proche de celle des gaz, donc beaucoup plus
faible que celle des liquides, ce qui permet un transfert de masse rapide lors des écoulements.
Les fluides supercritiques sont des solvants aux propriétés versatiles dépendant de façon
importante de la pression et de la température. Il est posssible d’effectuer des réactions
chimiques en fluide supercritique.
C’est de loin le fluide supercritique le plus utilisé. Les conditions critiques sont atteintes assez
facilement et c’est un composé de très faible toxicité.
Les solides ou liquides contenant des molécules sont mis en présence de dioxyde de carbone
supercritique. Les bonnes propriétés de solvant assurent la solubilisation des espèces
chimiques recherchées (principe de l’extraction par un solvant). La nature des molécules
extraites est liée au choix de la pression de travail : les molécules de faible masse molaire sont
en général extraites à basse pression et celles de masse molaire plus élevées sont extraites à
haute pression.
Le fluide contenant les molécules recherchées est ensuite détendu, la solubilité des solutés
diminue alors notablement et il y a donc précipitation de ceux-ci qui sont récupérés. Cette
méthode est utilisée depuis la fin des années 1970 pour extraire la caféine dans la fabrication
de café décaféiné.
Dépollution
Les terres polluées par des substances chimiques organiques (les dioxines) sont placées en
présence de dioxyde de carbone supercritique qui solubilise les composés toxiques.
Stockage
Dans l’espace, les fluides sont souvent stockés dans des conditions supercritiques ; ceci évite
les problèmes liés à l’absence de gravité.
Chapitre 3 : Equilibre des phases de systèmes à plusieurs constituants - Equilibres
binaires.
1. Introduction
On étudie dans ce chapitre, l’équilibre de changement d’état liquide vapeur d’un système
binaire. Les deux constituants A et B du système ne réagissent pas entre eux (ce qui n’exclut
pas l’existence d’interactions moléculaires). La phase gazeuse est idéale, chaque gaz est
assimilé à un gaz parfait.
On rappelle que le système étant à l’équilibre, le potentiel chimique de chaque constituant est
le même dans les deux phases.
Dans le cas général, les paramètres intensifs nécessaires à la description du système sont :
La température T
La pression P
se trouve moles de A et moles de B (on peut dans certains cas préférer travailler avec
les masses et présentes dans les la phase étudiée, les paramètres intensifs de
composition de la phase sont alors les fractions massiques : et )
Quels sont les relations entre ces paramètres intensifs ?
● Pour chaque phase dans laquelle les deux constituants sont présents, on peut écrire une
relation entre les paramètres de composition de phases : ou bien
). Les données et étant redondants, on choisit par suite comme
paramètre de composition de la phase (mais on aurait bien pu choisir ).
● Pour chaque espèce i présente dans les deux phases à l’équilibre, on peut écrire
l’égalité des potentiels chimiques . Cette égalité conduit à à une relation
entre les paramètres intensifs puisqu’elle peut s’écrire en fonction des activités.
dans la phase liquide, éventuellement égale à 1 si le constituant est seul dans la phase.
Ainsi, dans un diagramme isobare (pression fixée), il apparait tout un domaine dans lequel la
composition du système monophasé et sa température peuvent varier.
De même, dans un diagramme isotherme (température fixée), il apparait tout un domaine dans
lequel la composition du système monophasé et sa température peuvent varier.
Deux phases sont présentes dans le système en équilibre. Dans la pratique, on rencontre ce cas
de figure :
nombre de paramètres 6 5
intensifs
Relations entre les
paramètres intensifs ou
ou
nombre de relations 4 3
Variance 2 2
Ainsi lorsque deux phases sont présentes à l’équilibre, la variance vaut v=2.
De toutes les relations que l’on peut écrire à propos des barycentres, la plus utile est celle qui
fait intervenir la quantité de matière totale :
Ou
Ou
Ce cas de figure se rencontre lors de l’équilibre entre la phase gazeuse et les deux liquides
non-miscibles. Chaque constituant liquide est seul dans sa phase.
Les paramètres intensifs nécessaires à la description des du système sont la température T, la
pression P et les deux paramètres de composition de la phase gazeuse
Pour l’équilibre
saturante du constituant i
Remarque : on peut également dire qu’un mélange liquide est idéal si la pression partielle Pi
de chaque constituant du mélange est proportionnelle à sa fraction molaire en phase liquide
avec un coefficient de proportionnalité égal à la pression de vapeur saturante
On fixe la pression
Dans ce cas, le liquide est homogène (une seule phase) puisque les liquides sont miscibles.
La courbe de dessus (en noir) est la courbe de rosée. Elle donne, à l’équilibre, la
composition de la phase gazeuse. Elle sépare le domaine du gaz de celui de
l’équilibre .
La courbe de dessous (en couleur) est la courbe d’ébullition. Elle donne à l’équilibre la
composition de la phase liquide. Elle sépare, ici, le domaine du liquide de celui de
l’équilibre
Remarque 1 : Deux définitions sont admises pour les courbes d’ébullition et de rosée :
Soit on considère que ce sont les courbes qui, à l’équilibre, donnent la composition
des phases (phase gazeuse pour la courbe de rosée, phase liquide pour la courbe
d’ébullition) ;
Soit on considère que ce sont des courbes qui séparent le domaine du gaz (pour la
courbe de rosée) ou du liquide (pour la courbe d’ébullition) du domaine biphasé
liquide-vapeur.
Soit, à une température T0, le point M (de composition x0). Si ce point M apparait dans le
domaine d’équilibre liquide-vapeur, alors la composition du système est parfaitement
déterminée (la variance vaut 2 et on a fixé P et T0). Pour déterminer celle-ci, on trace une
horizontal à la température T0 :
Soit un système fermé de composition x0, à la température T0 telle que le mélange soit
totalement liquide. Ce système est enfermé dans une enceinte adiabatique et apporte une
quantité de chaleur constante par unité de temps.
Le domaine biphasé est scindé en deux, mais dans chaque cas, on a un équilibre entre une
phase liquide homogène et la phase gazeuse.
b) Analyse thermique
Comme la pression est fixée, la variance est réduite à 0. Ce qui implique d’une part que la
composition de la phase gazeuse est parfaitement déterminée (notons la ) ; d’une part que
la température est fixée tant que les trois phases coexistent. Celle-ci est in dépendante de la
composition du système (notons la ).
On a une droite horizontale sur le diagramme binaire à la température TH. Le point H est
appelé hétéroazéotrope.
4.2.1 Diagramme
Le seul domaine monophasé est le domaine du gaz (au dessus de la courbe de rosée).