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Bégué Jean. Sur les critères de choix des projets spécifiques d'investissement. In: Tiers-Monde, tome 6, n°24, 1965. pp. 873-
890;
doi : https://doi.org/10.3406/tiers.1965.2152
https://www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1965_num_6_24_2152
Introduction
La prise de conscience de la gravité des problèmes du
sous-développement et de la nécessité pour la plupart des pays d'Amérique latine,
d'Afrique et d'Asie de s'efforcer à les résoudre en accélérant la marche
vers le développement a conduit à faire reconnaître tant par l'analyse
économique que par les hommes politiques l'importance fondamentale
du plan de développement. Cela veut dire que l'on n'attend pas des
mécanismes spontanés de l'économie classique de marché la réalisation
d'un taux de croissance du revenu national suffisant ni surtout d'une
structure convenable de ce revenu. Des interventions de l'État sont
donc nécessaires pour modifier les équilibres économiques spontanés,
et la cohérence de ces interventions demande qu'elles soient faites
selon un plan (i).
Si l'accord est pratiquement unanime sur la nécessité d'un plan de
développement, de nombreuses conceptions s'opposent sur la nature
et le domaine de la planification envisagée. Du plan impératif, centralisé
et couvrant l'économie entière à la simple juxtaposition de projets
spécifiques d'investissement en passant par une planification du type
« indicatif » à la française, il existe de nombreux schémas possibles pour
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imparfaits, souvent même inexistants; les unités sont mal reliées entre
elles par des réseaux de flux, de prix et de communication; des blocages
de propagation se produisent entre des secteurs mal intégrés ou même
inarticulés ; les propensions à innover et à travailler sont faibles,
notamment parce que les besoins fondamentaux de l'homme sont mal satisfaits ;
des firmes dominantes, souvent d'origine étrangère, exercent des effets
asymétriques sur les petites unités nationales ; la dépendance de l'extérieur
y est très forte, notamment par la nature des exportations et par le besoin
d'importations de produits manufacturés ou de biens d'équipement.
Le plan ne saurait donc y avoir seulement un rôle de correcteur de marché,
mais il doit être l'instrument destiné à restructurer fortement l'économie
du pays en permettant la mise en place de structures sociales et mentales
favorables au développement.
Des interventions directes de l'État grâce à un secteur public
important, des projets spécifiques d'investissements destinés à briser les
obstacles au développement, et des mesures indirectes permettant de
contrôler efficacement l'ensemble de l'activité économique apparaissent
donc nécessaires pour que le plan de développement soit autre chose
qu'un document théorique. On peut toujours envisager, dans un plan,
de faire des estimations du taux de croissance; de déterminer le
pourcentage du revenu national à investir; de répartir ce montant entre
investissements publics et investissements privés, ou entre
investissements d'infrastructure, investissements productifs et investissements
sociaux; de répartir ces sous-agrégats d'investissement entre les divers
secteurs d'activité ; de répartir le montant des investissements de chaque
secteur entre les projets de ce secteur, avec les différentes variantes
relatives aux techniques et aux localisations possibles. La projection
d'un tableau économique désagrégé permet en principe, du moins de
façon grossièrement approchée, d'y parvenir : c'est le principe de la
planification par décontraction de relations globales de croissance, qui
descend des grands agrégats aux petits agrégats. Mais le problème est
de savoir qui réalise les investissements nécessaires ou prévus. Si la
planification se trouve en présence de centres de décision autonomes et en
face desquels il est impuissant, ses calculs se révéleront illusoires.
Or quels sont pratiquement, du point de vue de la liberté de décision
du planificateur, assimilé ici au gouvernement, les types de projets
spécifiques auxquels on peut avoir affaire dans les pays en voie de
développement. Nous en distinguerons trois : les projets des entre-
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prises privées étrangères, les grands projets collectifs financés par des
organismes internationaux et les projets publics ou financés par des
fonds publics.
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P=K<?I (! + /)<
où К est le capital investi, R, et Dť les recettes et les dépenses engendrées
par le projet au cours de l'année / et ; le taux d'actualisation. Selon qu'il
s'agit de rentabilité financière ou économique, le numérateur est le
bénéfice annuel brut direct du projet ou bien la valeur ajoutée relative
à toutes les unités intéressées par le projet. Bien entendu, ce critère peut
faire l'objet de raffinements de calculs très poussés sur les éléments à
prendre en considération. Des hypothèses doivent être faites sur les prix
des matières premières, de l'emploi et des services requis ainsi que des
produits dégagés par le projet. Des prix fictifs peuvent être employés
à l'aide de méthodes mathématiques raffinées. On peut faire appel aux
techniques de programmation linéaire notamment pour juger l'effet des
variantes techniques possibles. Mais l'essentiel de ces méthodes est
d'obtenir un indice de rentabilité qui permette de déterminer la rentabilité
propre d'un projet — tout projet ne valant d'être entrepris que si son
bénéfice total actualisé est supérieur à son coût total actualisé — ainsi
qu'un classement par ordre de priorité entre différents projets. Pour un
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p.m.s. = v_^ç+rB
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Conclusion
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pas approfondir ici, on peut pour terminer indiquer des critères pouvant
guider le choix du planificateur ou l'organe de décision intéressé par
les effets de développement d'un projet, et qui font l'objet de recherches
à FI.S.E.A. Ces critères reposent sur la définition fonctionnelle du
sous-développement proposée par le Pr Perroux et permettent de juger
des effets d'articulation, d'intraversion et d'intégration des projets
étudiés à côté des effets quantitatifs habituellement calculés, ceux-ci
étant d'ailleurs, dans les calculs de l'LS.E.A., étendus aux effets primaires
indirects et à plusieurs cycles d'effets secondaires.
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