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UNIVERSITE DE LOMe

ECOLE SUPERIEURE D’AGRONOMIE

COURS DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE

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Semestre harmattan 2021

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ODAYE Komlanvi 1

Ingénieur Macroéconomiste
Planificateur
Section 1-2

UE 345 : PLANIFICATION AGRICOLE

Le programme du cours qui va meubler nos rencontres au cours de ce


semestre harmattan 2021 est intitulé « Planification Agricole ». Il est articulé
au tour de six (06) chapitres qui sera dispensé en douze (12) séances.

OBJECTIF GENERAL DU COURS DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT


AGRICOLE

• Préparer les étudiants à participer à la conception et à l’exécution d’un plan


de développement
OBJECTIFS OPERATIONNELS
A la fin de ce cours :
• Les étudiants auront été informés sur les différents concepts de
planification, les buts généraux de tout développement, les stratégies
adaptées ainsi que la typologie de la planification.
• Maîtriseront les principales étapes d’élaboration et d’exécution d’un plan
de développement, le cheminement de la planification au Togo et plus
particulièrement les étapes de la planification agricole.

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PLAN DU COURS

Secteur 1-2

Introduction

I- Les concepts et définitions

Section 3

II- La théorie de la planification


II.1-L’objet de la planification
II.2-Les étapes d’élaboration et d’exécution du plan

Section 4-5
III- Orientations quantitatives du développement
3.1 -Buts généraux de la planification du développement
3.2 -Les potentialités et moyens du pays
Section 6

IV- Stratégies adaptées


4.1 -Les grandes options de la politique extérieure

4.2 –Les choix des productions et des techniques de production

4.3 La répartition et l’utilisation des revenus


4.4- L’aménagement du territoire

Section 7-8

V- La démarche prospective
5.1 La vision
5.2 Les PAS ou la période de remise en cause de la planification et les
mesures correctrices qui en ont suivi
5.3- La Gestion Axée sur les Résultats (GAR)

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Section 9-10-11-12
VI- La planification agricole
6.1- Les caractéristiques techniques, économiques et sociales du secteur
6.2- La planification et les politiques agricoles menées au Togo
6.3- Pourquoi la planification agricole est-elle opportune ?
6.4- Les étapes de la planification agricole

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INTRODUCTION

Etymologiquement planification vient de planifier, venant du latin planus, plan,


plat, uni. La planification est l’action de planifier, c’est-à-dire d’organiser dans le
temps une succession d’actions ou d’évènements afin de réaliser un objectif
particulier ou un projet. La planification désigne aussi l’action et l’effet de
planifier c’est-à-dire d’organiser à l’avance quelque chose (son temps ses
activités) selon un plan. Cela implique qu’il faut avoir un ou plusieurs objectifs à
satisfaire tout en prenant les mesures nécessaires dans le but de parvenir à ces fins.
Il y a lieu de mentionner qu’au sens large du terme, la planification a lieu presque
à chaque instant de la vie quotidienne.
La planification permet de décrire :
- Les objectifs recherchés
- La manière dont ils seront atteints,
- Les rôles et responsabilités des différents acteurs,
- Le calendrier,
- L’estimation des moyens à mettre en œuvre et des coûts,
- Les modalités de suivi et de contrôle.
La planification utilise un certain nombre d’outils comme :
- L’analyse multicritères,
- La prévision,
- Le budget,
- L’étude des différents scénarios entre lesquels il faut choisir,
- Les probabilités,
- L’étude des risques
- Les solutions alternatives ou de repli
En économie, au niveau d’un Etat, la planification est l’organisation d’un
programme économique avec ses objectifs et ses moyens pour plusieurs années à
venir.
Exemples : plan de développement économique et social, plan de redressement
économique, plan d’austérité budgétaire, plan d’aménagement du territoire.
Le concept de la planification économique s’est développé durant la Première
Guerre mondiale. L’objectif des Etats était d’encadrer la production et de
soumettre l’économie aux impératifs de la guerre.
La question qu’on est en droit de se poser est la suivante : Pourquoi planifier le
Développement ?

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Un plan, pourquoi faire ? A cette question, quelque peu impertinente et implicite
pour beaucoup, un sondage d’opinion apporterait sans doute des réponses
relativement convergentes.
Rattraper et dépasser l’opulence américaine dirait un moscovite, assurer à notre
économie un taux de croissance élevé et soutenu déclarerait un parisien, sortir
notre pays de l’ornière du sous-développement, répliquerait un habitant de Dakar.
Le plan apparaît ainsi comme un symbole et instrument d’efficacité économique.
Après les indépendances juridiques des pays africains, les nouveaux dirigeants du
continent n’ont pas eu tort de croire que la planification, processus rationnel de
mise en valeur des ressources naturelles humaines les aiderait à promouvoir
rapidement le développement économique et social de leurs pays caractérisé par :
- Le bas niveau de vie
- La mauvaise gestion administrative, économique et politique ;
- La mauvaise répartition des richesses ;
- La forte dépendance de l’extérieur dans les domaines culturel, financier,
politique et commercial ;
- La non prise de conscience des populations de leur état de misère ;
- L’absence de volonté d’en sortir.
-
I- CONCEPTS ET DEFINITIONS

I.1-Concept de plan et de planification

Selon Pierre BEAUCHET, « le plan est une volonté collective d’orienter


l’économie en fonction du progrès prévu. Le plan est l’acte d’une collectivité qui
soumet les décisions des personnes physiques et morales à des objectifs cohérents
et à long terme ».
Le Plan, c’est aussi un ensemble cohérent d’objectifs économiques et sociaux et
des moyens matériels, financiers et humains permettant la réalisation des objectifs
retenus.
On peut encore définir un plan comme un ensemble d’actions tendant à organiser
la meilleure utilisation dans le temps et l’espace d’un ensemble limité de
ressources. La planification est définie par Roland Julienne comme « une
méthode d’organisation et d’emploi rationnel, dans l’espace et dans le temps, de
tous les moyens disponibles en vue de transformer la situation de la collectivité
dans le sens d’un meilleur développement ».Selon Peter DRUCKER, « la
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planification apparaît comme une attitude de l’esprit humain qui veut orienter
son avenir et ne pas subir passivement les événements, qui souhaite dominer la
nature et rester maître des faits et du temps : le but du plan n’est pas de perpétuer
le présent mais d’anticiper et de renforcer le futur ».
La planification consiste à concevoir un futur désiré ainsi que les moyens réels
d’y parvenir. C’est un mode de raisonnement qui consiste à décider dans le présent
en tenant compte de l’avenir. C’est un processus volontariste par lequel on
cherche à déterminer : (i) les objectifs /résultats d’une institution/ organisation ou
d’une intervention pour une période déterminée ; (ii) les actions à mettre en
œuvres pour les atteindre ;(iii) les moyens et les ressources nécessaires pour les
réaliser. Pour plus de clarté, la définition qui va retenir notre attention est la
suivante :
« La planification est un processus de décisions et de gestion visant à définir, à un
horizon fixé dans le temps, un état futur désiré de la société, les étapes à suivre
pour l’atteindre et les moyens nécessaires pour y parvenir ».
En d’autres termes, planifier, c’est organiser rationnellement les moyens
disponibles en vue d’atteindre des résultats précis dans une période de temps
déterminé
Il y a comme on le voit, trois notions essentielles dans la définition de la
planification : la notion d’objectifs, la notion de moyens et la notion de temps.
Il faut que ces trois conditions soient réunies en même temps avant qu’on ne
puisse parler de planification.
1.2 Les types de planification

Les différents types de la planification se dégagent à partir de l'analyse, de


l'évolution et de l'expérience de la planification à travers le monde, selon mode de
l'intervention de l'Etat ou de sa politique dans la gestion du pays ou selon la portée
des objectifs poursuivis par la planification du développement et de l'approche de
la planification utilisée.

1.2.1. Types de la planification selon l'intervention de


l'Etat :

Lorsqu'on considère le mode d'intervention de l'Etat dans la gestion de l'économie


d'un pays, il se dégage 3 types de planification :

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• Planification impérative, c'est-à-dire centralisée ;
• Planification libérale ou indicative ;
• Planification mixte (indicative et impérative).
1.2.1.1 Planification impérative, centralisée

I' Etat intervient directement dans la gestion de l'ensemble de l'économie


nationale. Il s'agit de type de planification dite : centralisée, planifiée ou
collectiviste. On trouvait cette planification en URSS jusqu'avant la perestroïka,
et dans les pays de l'Europe de l'Est. Donc l'intervention de l’Etat va jusqu'à la
gestion courante de l'économie à travers les entreprises (publiques) pour fixer les
objectifs à atteindre comme la quantité des intrants à produire, le niveau de
salaires et des prix, le volume des interventions. Etc.

Le gouvernement influence activement et directement l'évolution de l'économie


du pays à travers un organe central de planification (cas de soviet suprême en
URSS), un ministère du plan au nom du parti voire URSS qui procède à
l'allocation des ressources en fonction des besoins du plan.

Donc la planification oriente ici les investissements vers les projets efficaces de
développement, on contrôle la rentabilité du projet et son effet sur l'ensemble de
la vie du milieu concerné et de la vie nationale. Ce type de la planification freine
ou bloque les initiatives au sein des entreprises, (c'est-à-dire qu'il ne développe
pas une classe d'entrepreneurs) la créativité n'existe pas car on attend tout de
l’Etat. La production mise à la disposition de la consommation locale est souvent
de mauvaises qualités. Son avantage est qu'à tout moment la production est là et
à bas prix car imposé par l'Etat.

1.2.1.2 Planification libérale ou indicative :

L’Etat se limite à indiquer les orientations fondamentales souhaitées, à créer les


conditions favorables à la réalisation des objectifs et des décisions dans le sens
souhaité ou indiqué par le plan. C'est le libéralisme, l’Etat se limite seulement à
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orienter en créant des conditions incitant à produire, et pour attirer les
investissements vers un secteur donnés, tout en laissant la liberté aux
investisseurs de décider.

L'Etat intervient indirectement dans les décisions des agents économiques : les
ménages, les entreprises, l'administration publique à travers la réglementation et
les mesures fiscales, monétaires et autres qui poussent ces derniers à se comporter
selon les directives du plan. L’Etat ; offre des avantages fiscaux qui incitent
librement les investisseurs à opérer librement leurs choix, dans le sens indiqué
par le plan.

Ce type de planification est d'application dans les pays capitalistes où domine la


primauté de l'initiative privée dans l'organisation de l'activité économique. La
planification joue un rôle indirect mais important dans le processus de
développement, car elle oriente les Investissements. L'Etat y joue un rôle indicatif
en offrant aux agents économiques le loisir de prendre des décisions dans le sens
souhaité par le plan, des mesures fiscales comme remise des impôts, et des
exonérations pour les investissements dans les secteurs et régions jugés
prioritaires.

1.2.1.3 Planification mixte (indicative et impérative)

Elle est issue de la combinaison des 2 types précités. Cette planification est donc
impérative pour les actions initiées par l’Etat dans le secteur public, et indicative
pour les actions qui touchent le secteur privé.

Ce type de planification est de mise dans les Pays en Voie de Développement où


il y a des interventions remarquables de l’état à coté de celles du secteur privé peu
développé.

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1.2.2 Les types de planifications selon la portée des objectifs
poursuivis

Selon la portée des objectifs poursuivis, on distingue 3 types :

• Planification par projet


• Planification sectorielle
• Planification macroéconomique ou globale.

Planification par projet

Ce type constitue le début de la planification surtout dans les pays à économie


mixte. On concentre les efforts sur quelques bons projets capables d'entrainer le
développement d'un secteur où de l'ensemble de l'économie nationale.

Planification sectorielle

Elle divise l'économie à planifier en secteurs principaux considérés comme clé


ou capables d'entrainer le reste de l'économie nationale. Ici on peut retenir par
exemple le secteur minier et dans ce cadre, on peut opérer le choix des minerais
à exploiter. Il se dégage ici l’idée de développement de « pôles de croissance »
On peut par exemple concentrer les investissements importants sur le secteur
agricole et compter sur ses effets positifs en disant que son développement va
entraîner le développement d’autres secteurs de l'économie national. Car il a été
démontré que la croissance de la production agricole peut améliorer
l'approvisionnement des manufactures en matières premières et réduire la
dépendance du pays vis-à-vis des produits alimentaires importés.

Il faut noter que l'efficacité de la planification sectorielle exige un réseau


développé des relations intersectorielles qu'on ne trouve pas dans les pays en voie
de développement mais très avancées dans les pays développés. Il est important,

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pour le pays où l'appareil statistique est encore rudimentaire de promouvoir le
développement de celle-ci. Car sans statistiques, il n’y a pas de développement.

Planification macroéconomique ou globale.

C'est la vraie planification pour les pays en voie de développement, il est


souhaitable de faire la planification macroéconomique. La planification
macroéconomique est celle qui couvre la totalité ou l'ensemble des secteurs de la
vie nationale du pays. C'est la forme la plus évoluée de la planification, la
méthode consiste à déterminer d'abord l'objectif principal ou global du plan à
savoir : « le taux de croissance à atteindre ». L'objectif doit être chiffré : par
exemple 6%, de taux de croissance du PIB. Il est préférable que le taux de
croissance visé soit supérieur au taux d'accroissement démographique, mais
généralement dans nos pays sous-développés, cet objectif est peu réalisable. Ce
qui pose de problème d'alimentation et de pauvreté de la population.

Il faut noter que le diagnostic de l'économie permet d'identifier la nature des


problèmes à résoudre. S'il est démontré que les problèmes sont multiples et
indépendants, on a recours à la planification macroéconomique.

1.2.3 Types de planification selon la durée du plan

Les plans de développement sont établis pour une durée déterminée. Plusieurs
facteurs expliquent les différentes durées des plans de développement d'un pays.
(La première caractéristique de plan est qu'il a une durée). Il s'agit de considérer
d'abord des impératifs internes d'ordre administratif ou politiques. Mais, il y a
aussi des facteurs externes.

On tient compte de la nature des problèmes à résoudre par le plan, des données
techniques. Il y a aussi des considérations d'ordre politiques. Notons aussi que
les problèmes structurels exigent des solutions de plus longue durée.

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Selon la durée, on peut distinguer différents types de perspectives. Précisons
qu’un plan a une année de départ et une année terminale appelée « Année
Horizon ».

a) Perspectives à très long terme


Pour expliquer ce concept, on peut citer quelques exemples :
- Les perspectives à 25 ou 30 ans décrivent quelle sera « probablement » la
vie quotidienne (niveau de vie moyenne) du citoyen dans 25 ou 30 ans. C’est
l’objet des Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme qui détermine la
vision du pays.
- Les perspectives démographiques prévoient l’évolution de la population
(taille, structure, accroissement) dans les 25 ou 30 ans à venir.
- Les plans d’aménagement de l’espace appelés plans directeurs ou schémas
directeurs. Ils ont pour but de présenter une géographie future plus réaliste du
pays. Ils concernent souvent les communications, l’urbanisation,
l’aménagement des sites, etc.
b) Plans à moyen et long terme

Il s’agit des perspectives et plans s’étendant sur des périodes de 5 à 10 ans. On


peut citer :

- Les perspectives quantitatives de 5 à 10 ans


- Les plans à moyen terme (4 à 7 ans) qui sont plus précis que les
perspectives.

Il y a lieu de signaler que dans le moyen terme, on rencontre des plans :

- Quinquennal
- Quadriennal
- Triennal
c) Les programmes à court et à moyen terme (1 à 3 ans)

Il s’agit de données et de mesures concrètes, de dossiers prêts pour l’exécution.

Notons qu’un programme est un ensemble d’opérations à réaliser, localisées et


datées.

Il faut signaler que l’élaboration des programmes se fait dans le cadre des
perspectives, des plans et projets déjà définis. Ces programmes sont révisés avec
le temps en tenant compte des contraintes et des effets de la conjoncture.

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Questions relatives à cette section de cours

1. Qu’est-ce que la planification ?


2. Quelles sont les notions essentielles contenues dans la définition de la
planification ?
3. Selon le mode d’intervention de l’Etat dans la gestion économique et
sociale du pays, quelles sont les types de planifications qui peuvent se
dégager ?
4. En quoi diffère la planification impérative ou centralisée de la
planification libérale ou indicative ?

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