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Chapitre 4

La consolidation

C
’est en 1904 qu’ont eu lieu aux États-Unis les premiers débats
sur les comptes consolidés dont les premiers avaient été établis
en 1892 par la société National Lead. Au Royaume-Uni, il fallut
attendre 1922 pour que l’attention des milieux professionnels soit atti-
rée par la pratique de la consolidation et 1948 pour que le « Companies
act » rende les comptes consolidés obligatoires. En France, un congrès de
la Compagnie nationale des experts-comptables s’intéressa au sujet en
1954 mais c’est le décret du 23 mars 1967 sur les sociétés commerciales
qui donna la possibilité d’annexer des comptes consolidés aux comptes
individuels. L’obligation d’établissement des comptes consolidés a été
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introduite par la loi 85-11 du 3 janvier 1985 applicable à compter du


1er janvier 1990.

1. La consolidation selon les normes IFRS


En 1976, l’IASC avait adopté sa troisième norme (IAS 3) portant sur les
états financiers consolidés, norme applicable à compter du janvier 1977.
Compte tenu de l’évolution des structures, cette norme a été remplacée
en 1989 par la norme IAS 27 « États financiers consolidés et comptabi-
lisation des participations dans les filiales » devenues en 2003 « États
financiers consolidés et individuels » accompagnée des normes IAS 28
« Comptabilisation des participations dans les entreprises ­ associées »

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4. La consolidation


devenue en 2003 « Participations dans des entités associées » et IAS 31


« Information financière relative aux participations dans les co-entre-
prises » devenue en 2003 « Participations dans les coentreprises » trai-
tant toutes deux de la comptabilité des participations. En mai 2011,
l’IASB a publié trois nouvelles normes relatives à l’établissement des
comptes consolidés, les normes IFRS 10 « États financiers consolidés »
(Consolidated financial statements), IFRS 11 « Partenariats » (Joint arran-
gements), et IFRS 12 « Informations à fournir sur les intérêts détenus
par d’autres entités » (Disclosure of involvement with other entities). Les
normes anciennes IAS 27 et 28 ont été largement amendées devenant
IAS 27 « États financiers individuels » (Separate financial statements) et
IAS 28 « Participations dans des entités associées et des coentreprises »
(Investments in associates and joint ventures). La norme IAS 31 a été abro-
gée. Cet ensemble s’applique pour les exercices ouverts à compter du
1er janvier 2013, une application anticipée étant autorisée.
À côté de ces normes, il y a également lieu d’analyser la norme IAS 24
« Informations relatives aux parties liées ».

2. Les états financiers consolidés


La norme IFRS 10 doit être appliquée à la préparation et à la présentation
des états financiers consolidés d’un groupe d’entités contrôlées par une
société mère. Elle fournit dans son annexe A un certain nombre de défi-
nitions comme celles de contrôle, de filiale, de groupe, d’états financiers
consolidés, et d’intérêts non assortis de contrôle (intérêts minoritaires).
Le contrôle (au sens de la norme) est ainsi défini : « un investisseur
contrôle une entité faisant l’objet d’un investissement lorsqu’il est
exposé ou qu’il a droit à des rendements variables en raison de ses liens
avec l’entité faisant l’objet d’un investissement et qu’il a la capacité d’in-
fluer sur ces rendements du fait du pouvoir qu’il détient sur celle-ci ».
Une société mère (ou mère) est une entité qui contrôle une ou plu-
sieurs autres entités.
Une filiale est une entité contrôlée par une autre entité (appelée la
mère).
Un groupe est un ensemble composé d’une société mère et de ses
filiales.
Les états financiers consolidés d’un groupe représentent les actifs,
passifs, capitaux propres, produits, charges et flux de trésorerie de la

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société mère et ses filiales, présentés comme ceux d’une entité écono-
mique unique.
Les intérêts non assortis de contrôle ou participations ne donnant
pas le contrôle (appelés « intérêts minoritaires » avant la révision de la
norme IAS 27 en janvier 2008) sont les capitaux propres d’une filiale
qui ne sont pas attribuables, directement ou indirectement à la société
mère.

2.1. Présentation des états financiers consolidés


Une mère se doit de présenter des états financiers consolidés comme
ceux d’une entité unique. Toutefois, une société mère n’est pas tenue de
présenter des états financiers consolidés si :
–– la société mère est elle-même une filiale détenue totalement ou par-
tiellement par une autre entité et ses autres propriétaires, y compris
ceux qui n’ont, par ailleurs, pas le droit de voter, ont été informés de
la non-préparation d’états financiers consolidés par la société mère et
ne s’y opposent pas ;
–– les instruments de dette ou de capitaux propres de la société mère ne
sont pas négociés sur un marché public (une bourse des valeurs natio-
nale ou étrangère ou un marché de gré à gré, y compris des marchés
locaux et régionaux) ;
–– la société mère n’a pas déposé, et n’est pas sur le point de déposer ses
états financiers auprès d’un comité des valeurs mobilières ou de tout
autre organisme de réglementation, aux fins d’émettre une catégorie
d’instruments sur un marché public ;
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–– la société mère ultime ou une société mère intermédiaire présente des


états financiers consolidés, disponibles en vue d’un usage public, qui
sont conformes aux IFRS.
D’autre part, il ne faut pas intégrer aux états financiers consolidés les
régimes d’avantages postérieurs à l’emploi ou d’autres avantages à long
terme pour lesquels s’applique la norme IAS 19 « Avantages du person-
nel » (voir chapitre 13 § 5.4).

La société Alpha détient 90 % du capital et des droits de vote de la société Bêta


laquelle détient 70 % du capital et des droits de vote de la société Gamma. La
société Alpha est une société mère, ses filiales sont Bêta et Gamma et elle doit

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4. La consolidation


présenter des états financiers consolidés. La société Bêta est aussi une société
mère et sa filiale est Gamma et elle doit aussi présenter des états financiers
consolidés. La société Bêta peut se dispenser d’établir des comptes consolidés
(elle est détenue quasi totalement par Alpha) si elle n’est pas cotée en bourse,
si la société Alpha publie des comptes consolidés conformes aux normes inter-
nationales et si elle obtient l’unanimité des détenteurs d’intérêts minoritaires
(soit les détenteurs de 10 % du capital de Bêta). Elle devra indiquer également
comment elle a évalué ses titres Gamma dans son bilan (soit au coût, soit à la
juste valeur selon IAS 39 ou IFRS 9).
Il est évident que si les intérêts minoritaires de Bêta sont substantiels (par
exemple 30 % ou 40 % du capital), on ne pourra certainement plus obtenir
l’unanimité des intérêts minoritaires et la dispense d’établissement des états
financiers consolidés n’est plus possible.

2.2. Périmètre des états financiers consolidés


Déterminer le périmètre des états financiers consolidés, c’est, dans un
groupe, déterminer les sociétés qui sont consolidables et celles qui ne le
sont pas.
Les états financiers doivent intégrer la mère et toutes les filiales que
la société mère contrôle.

2.2.1. Principes applicables


Dans l’application de la norme IFRS 10, le concept de « contrôle »
l’emporte sur le concept de « propriété ». On peut, en effet, concevoir
qu’il faille consolider une « filiale », même si la mère n’est propriétaire
d’aucune part, parce qu’elle est contrôlée par la mère, alors qu’il ne faut
pas consolider une autre « filiale » dont la mère est propriétaire de la
majorité des parts lorsqu’elle n’exerce aucun contrôle. Dans IFRS 10,
pour entraîner la consolidation, le contrôle doit porter sur les « activités
pertinentes » de l’entité considérée.
Ceci peut s’expliquer par l’application, dans les normes IFRS, du prin-
cipe de prééminence de la substance sur la forme (voir chapitre 2, § 4.1).

➢➢Contrôle
Le contrôle (défini par IFRS 10 annexe A – voir ci-dessus § 2) comporte
trois critères nécessaires caractérisant les liens entre l’entité détentrice
présentant ses comptes consolidés et l’entité détenue susceptible d’être
incluse dans le périmètre de consolidation. Ces trois critères sont le pou-
voir, l’exposition à la variabilité des rendements de l’entité détenue et

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la capacité d’utiliser le pouvoir pour influencer le montant des rende-
ments (lien entre le pouvoir et les rendements) :
–– pouvoir de diriger les activités de l’entité détenue. Ce pouvoir
existe lorsque l’investisseur a des droits qui lui donnent la capacité de
diriger les activités qui affectent la rentabilité de la société émettrice
(activités dites « pertinentes »). Parfois, cette évaluation du pouvoir
est simple, lorsque le pouvoir sur une entité détenue est obtenu direc-
tement et exclusivement à partir des droits de vote accordés par des
instruments de capitaux propres. Dans d’autres cas, l’évaluation est
plus complexe, nécessitant un certain nombre de facteurs à considé-
rer, par exemple lorsque le pouvoir est lié à une ou plusieurs disposi-
tions contractuelles (cas d’entités ad hoc)1 ;
–– capacité à générer un rendement variable pour lui-même. Le
rendement pour l’investisseur doit pouvoir varier en fonction de la
performance de l’entité détenue et peut être positif ou négatif : sont
considérés comme des formes de rendement (IFRS 10 § 10 B 57) des
dividendes ou autres formes de distribution d’avantages économiques,
une modification de la valeur de l’investissement, un rendement indi-
rect tel que synergies des activités et économies d’échelle ;
–– capacité, pour l’investisseur, d’utiliser son pouvoir sur l’entité
détenue pour influer sur le rendement de celle-ci. Il ne suffit pas
que l’investisseur ait le pouvoir ou qu’il ait des droits sur les rende-
ments variables, il faut encore qu’il ait la capacité d’utiliser son pou-
voir sur l’entité détenue pour affecter les rendements qu’il en retire.

➢➢Pouvoir
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Le pouvoir est défini dans la norme (IFRS 10 Annexe A) comme « les


droits effectifs qui donnent la capacité actuelle de diriger les activités
pertinentes ». Il peut être conféré par les droits de vote ou résulter de
circonstances où les droits de vote ne sont pas déterminants. Le pouvoir
par les droits de vote n’implique pas que la majorité absolue de ceux-
ci soit détenue. Une majorité relative est suffisante dans de nombreux
cas de figure, par exemple lorsque les autres actionnaires sont très dis-
persés et qu’il est peu vraisemblable qu’ils se coalisent pour prendre

1 Une entité ad hoc est une structure juridique distincte, créée spécifiquement pour gérer une opéra-
tion ou un groupe d’opérations similaires pour le compte d’une entreprise. L’entité ad hoc est struc-
turée ou organisée de manière telle que son activité n’est en fait exercée que pour le compte de cette
entreprise, par mise à disposition d’actifs ou fourniture de biens, de services ou de capitaux. Il n’est pas
nécessaire que le capital de l’entité ad hoc soit la propriété de l’entreprise qui en exerce le contrôle.

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4. La consolidation


le pouvoir. En outre les droits de vote potentiels sont pris en compte


à condition qu’ils soient exerçables et substantifs. En effet, une entité
peut posséder des bons de souscription d’actions, des options d’achat
d’actions, des instruments d’emprunt ou de capitaux propres conver-
tibles en actions ordinaires ou autres instruments analogues qui, s’ils
sont exercés ou convertis, ont la faculté de donner à l’entité un pouvoir
de vote ou de restreindre le pouvoir de vote d’un tiers. Le pouvoir peut
aussi être obtenu par des moyens autres que les droits de vote, en par-
ticulier lorsque ceux-ci ne s’exercent pas sur les activités pertinentes. Il
en est ainsi lorsque l’entité exerçant le pouvoir a le droit de nommer ou
de révoquer les principaux dirigeants et dans nombre d’entités ad hoc.
La notion d’« activité pertinente » remplace le critère d’IAS 27 à
savoir « les politiques financières et opérationnelles de l’entité ». Elle est
ainsi définie par IFRS 10 (annexe A) : « aux fins de la présente norme,
les activités pertinentes sont des activités faisant l’objet d’un investisse-
ment qui ont une incidence importante sur ses rendements ».
Le pouvoir doit aussi permettre d’agir sur le montant des rendements
(le terme « rendements » s’entendant de façon large et ne limitant pas
aux dividendes ou autres rémunérations monétaires perçues par le déten-
teur du pouvoir). Un rendement peut être positif ou négatif. Il faut que
le pouvoir puisse être utilisé pour influer sur le montant des rendements.
Une entité n’a pas le contrôle lorsque tout en ayant le pouvoir, elle
n’a aucune influence sur les rendements qui lui reviennent. c’est le cas,
par exemple, d’un mandataire qui agit pour le compte d’une autre partie
et qui est un simple agent de cette autre partie.

2.2.2. Application des principes


• Le contrôle est présumé exister si un investisseur détient, directement
ou indirectement par l’intermédiaire de ses filiales plus de la moitié
des droits de vote, y compris les droits de vote potentiels (sauf si dans
des circonstances exceptionnelles, il peut être démontré que cette
détention ne permet pas le contrôle) et détient le pouvoir dans les
conditions suivantes :
–– les activités de l’entité sont dirigées par un vote du détenteur de la
majorité des droits de vote ;
–– la majorité des membres du conseil d’administration qui dirige les
activités de l’entité est nommée par un vote du titulaire de la majorité
des droits de vote.

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Toutefois, lorsque les droits de vote sont relatifs uniquement à des
tâches administratives, alors que les activités significatives font l’objet
d’autres arrangements contractuels, les droits de vote ne sont pas un
facteur décisif pour établir le contrôle ; il convient alors d’examiner
d’autres facteurs et leur combinaison.
• Un investisseur pourrait avoir plus de la moitié des droits de vote
dans une autre entité sans avoir le pouvoir de diriger les activités de
cette entité. Ce peut être le cas lorsque des dispositions légales ou les
documents constitutifs de l’autre entité ou encore d’autres accords
contractuels limitent le pouvoir de l’investisseur à un point tel qu’elle
ne peut pas diriger les activités de l’autre entité, ou lorsqu’une autre
partie a ce pouvoir. Par exemple, si une entité dans laquelle l’inves-
tisseur a plus de la moitié des droits de vote est mise sous surveillance
légale, l’investisseur ne contrôle plus l’autre entité, car il a perdu le
pouvoir d’en diriger les activités.
• Un investisseur a le pouvoir de diriger les activités d’une autre entité
avec moins de la moitié des droits de vote si :
–– il a plus de droits de vote que toute autre partie ;
–– il en a suffisamment pour pouvoir déterminer les politiques straté-
giques d’exploitation et de financement de cette entité.
• D’autres pouvoirs de décision, en combinaison avec droits de vote,
peuvent donner à un investisseur la capacité de diriger les activités
d’une entité. Par exemple, les droits au sein d’un arrangement contrac-
tuel en combinaison avec des droits de vote peuvent être suffisants
pour donner à un investisseur la capacité d’orienter des procédés de
fabrication d’une entité ou de diriger d’autres activités d’exploitation
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ou de financement d’une entité qui influent considérablement sur les


rendements de l’investisseur. Toutefois, la dépendance économique
d’une entité par rapport à un investisseur (tels que les relations d’un
fournisseur avec son principal client) n’a pas, seule, à donner à l’in-
vestisseur un pouvoir sur ladite entité.

La société Alpha détient 90 % du capital et des droits de vote de la société


Bêta, laquelle détient, nous l’avons vu (§ 2.1) 70 % du capital et des droits de
vote de la société Gamma. Elle détient 40 % du capital de la société Delta, mais
s’accordant avec d’autres propriétaires, elle a pouvoir sur plus de la moitié des
droits de vote. Elle détient aussi 30 % du capital de la société Epsilon, mais un

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4. La consolidation


accord d’exclusivité qu’elle a fait signer aux dirigeants de cette société lui per-
met de diriger les différentes activités de cette dernière et d’en tirer des résultat
positifs. Elle détient encore 40 % des droits de vote de la société Zêta, mais a
pu faire nommer dans cette société la majorité des membres du conseil d’admi-
nistration. Enfin, elle détient aussi 40 % des droits de vote de la société Eta, n’a
pu faire nommer que trois membres sur sept du Conseil d’administration, mais,
s’accordant habituellement avec un administrateur possédant 20 % du capital,
elle est capable de réunir la majorité des droits de vote dans les réunions du
conseil d’administration.
La société Alpha doit comprendre dans le périmètre de consolidation pour
l’établissement des états financiers consolidés, elle-même, mais aussi la société
Bêta, la société Gamma, la société Delta, la société Epsilon, la société Zêta et
la société Eta.

Pour ce qui concerne les entités d’investissement (investment enti-


ties) entités qui se caractérisent par un objectif d’investissement en
vue de sa valorisation ou de se procurer des revenus de placement
ou les deux à la fois (sociétés de capital-risque, fonds investissant en
LBO, organismes de placement collectif ou autres entités similaires),
la norme IFRS 10 n’a pas à s’appliquer et l’entité d’investissement n’a
pas à consolider les participations dans les entités qu’elle contrôle,
mais simplement à évaluer ces participations à leur juste valeur
(conformément à IFRS 9 ou à IAS 39, tant que cette dernière norme est
applicable), les variations de juste valeur étant constatées en résultat.
Toutefois, la société mère d’une entité d’investissement, sauf si elle
est elle-même une entité d’investissement, doit consolider toutes les
entités qu’elle contrôle, y compris celles qui sont contrôlées par une
entité d’investissement.
Un certain nombre de critères sont à prendre en compte pour qu’une
entité soit qualifiée d’entité d’investissement :
–– elle doit obtenir des fonds d’un ou de plusieurs investisseurs en vue de
leur fournir des services de gestion d’investissements ;
–– elle doit s’engager auprès de ses investisseurs à ce que l’objet de son
activité soit d’investir des fonds dans le seul but de réaliser des rende-
ments sous forme de plus-values en capital et/ou de revenus d’inves-
tissement ;
–– elle doit évaluer et apprécier la performance de la quasi-totalité de ses
investissements sur la base de la juste valeur.

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Enfin, même lorsque le contrôle est destiné à être temporaire, la
filiale ayant été acquise et détenue dans l’unique perspective d’une ces-
sion dans un avenir proche, celle-ci doit être intégrée à la société mère.
Cette dernière (voir chapitre 11, § 4.2) doit présenter séparément dans
son bilan consolidé les actifs (et passifs) de la filiale destinée à être cédée.
Si la filiale fonctionne sous l’emprise de contraintes durables qui
l’empêchent de transférer des fonds à sa société mère, celle-ci doit tout
de même effectuer la consolidation, des informations spécifiques sur les
restrictions étant cependant fournies en annexe.

La société Alpha détient 60 % des droits de vote de la société Thêta et 70 % de la


société Iota. La société Thêta a été acquise en novembre N et Alpha envisage de
la céder (avec bénéfice) durant le premier semestre de l’année N + 1. La société
Iota, acquise depuis très longtemps est située dans un pays du Moyen Orient et des
contraintes politiques empêchent la société Alpha de bénéficier de transfert de fonds
de sa filiale. La société Iota reste cependant sous le contrôle de la société Alpha.
La société Alpha devra intégrer la société Thêta dans son périmètre de consolida-
tion. Elle présentera les actifs et passifs de cette filiale sur une ligne (ou plusieurs)
séparée(s). La société Iota sera aussi consolidée (car le contrôle subsiste) et une
information spécifique sur les restrictions qui limitent la capacité de la participa-
tion de transférer des fonds à la société mère sera fournie dans l’annexe.

2.3. Procédures de consolidation


La consolidation consiste à combiner les éléments semblables d’actifs,
passifs, capitaux propres, produits, charges et flux de trésorerie de la
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société mère avec ceux de ses filiales.


Afin que les états financiers consolidés présentent l’information
financière du groupe (actifs, passifs, capitaux propres, produits, charges,
flux de trésorerie) comme celle d’une entité économique unique, les
étapes ci-dessous sont alors suivies :
–– lorsque les états financiers individuels (sociaux) des entités à consoli-
der ne sont pas établis conformément aux IFRS, il y a lieu, préalable-
ment, dans des opérations de pré-consolidation, de retraiter ces états
en vue de les rendre conformes aux IFRS11 ;

1 Pour plus de détail sur ces opérations voir Robert OBERT, Marie Pierre MAIRESSE, Arnaud DESENFANS,
Comptabilité et audit, DSCG 4, 7e édition 2016/2017, chapitre 4, section 5.

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4. La consolidation


–– les éléments semblables de la mère et des filiales sont totalisés ligne


par ligne en additionnant les postes semblables d’actifs, de passifs, de
capitaux propres, de produits et de charges ;
–– la valeur comptable de la participation de la société mère dans chaque
filiale et la quote-part de la société mère dans les capitaux propres de
chaque filiale sont éliminées (voir IFRS 3 qui décrit le traitement du
goodwill en résultant, chapitre 5, § 2.4) ;
–– les actifs, passifs, capitaux propres, produits, charges, flux de tré-
sorerie relatifs aux transactions entre entités du groupe sont éli-
minés (soldes au bilan, transactions, profits et pertes intra-groupe
et transactions intra-groupe). Ainsi, lorsque deux dettes sont réci-
proques (par exemple « compte fournisseur » dans la société mère
et « compte client » dans une filiale, il y a lieu de solder ces deux
comptes. Il est en de même dans l’état de résultat net des achats
et ventes (ou des charges financières et produits financiers réci-
proques). Lorsqu’une société du groupe vend régulièrement des
marchandises à une autre société et que dans celle-ci un stock reste,
il y a lieu d’évaluer ce stock à sa valeur dans la société vendeuse
(la différence étant constatée dans le résultat, dans les réserves et
dans un poste d’impôts différé). Il en est de même lors de cession
de biens immobiliers à l’intérieur du groupe1 ;
–– les intérêts minoritaires (intérêts non assortis du contrôle) dans le
résultat et l’actif net des filiales consolidées sont identifiés sépa-
rément des capitaux propres et du résultat de la société mère : ils
doivent être présentés dans l’état de situation financière (bilan)
consolidé dans les capitaux propres, séparément des capitaux
propres de la mère. Les intérêts non assortis de contrôle dans les
capitaux propres comprennent le montant à la date du regrou-
pement d’origine, calculé selon la norme IFRS 3 (voir chapitre 5,
§ 2.5) et la part des minoritaires dans les mouvements des capitaux
propres depuis la date du regroupement.
IFRS 10 rappelle également (dans son guide d’application, en
annexe B de la norme) un certain nombre de principes à respecter :
–– les états financiers de la mère et de ses filiales utilisés pour l’établis-
sement des états financiers consolidés doivent être établis à la même
date. Quand les dates d’établissement des états financiers de la mère et

1 Pour plus de détail sur ces opérations voir Robert OBERT, Marie Pierre MAIRESSE, Arnaud D
­ ESENFANS
Comptabilité et audit, DSCG 4, 7e édition 2016/2017, chapitre 5, section 1.

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d’une filiale sont différentes, la filiale prépare, pour la consolidation,
des états financiers additionnels à la même date que les états finan-
ciers de la mère sauf si cela est irréalisable ;
–– lorsque cela n’a pu être réalisé quand les états financiers d’une filiale
utilisés pour la préparation des états financiers consolidés ont été éta-
blis à une date différente de celle de la mère, des ajustements doivent
être effectués pour prendre en compte les effets des transactions et
événements qui se sont produits entre cette date et la date des états
financiers de la mère. En aucun cas, la différence entre la date de clô-
ture de la filiale et celle de la mère ne peut être supérieure à trois
mois. La durée des exercices et la différence entre les dates de clôture
doivent être les mêmes d’une période à l’autre ;
–– les états financiers consolidés doivent être établis en utilisant des
méthodes comptables uniformes pour des transactions et autres évé-
nements semblables dans des circonstances similaires.

Supposons deux sociétés, les sociétés Alpha et Bêta dont les bilans (résumés en k€)
sont donnés ci-dessous :

Bilan société Alpha


Immobilisations 80 000 Capital 1 000 000
incorporelles 850 000 Réserves 600 000
Immobilisations corporelles 450 000 Résultat 160 000
Titres de participation Bêta 180 000 Dettes 1 200 000
Autres immobilis. financières 1 400 000
Actif circulant 2 960 000 2 960 000
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Bilan société Bêta


Immobilisations corporelles 800 000 Capital 600 000
Actif circulant 1 000 000 Réserves 300 000
Résultat 100 000
Dettes 800 000
1 800 000 1 800 000

La société Alpha possède 75 % du capital de la société Bêta, acquis au moment


de la constitution de ladite société. Si la société Alpha doit présenter des comptes
consolidés, elle réalisera une intégration globale de la société Bêta (car elle en a
le contrôle exclusif).
Si l’on utilise la méthode des écritures (il existe aussi une méthode par tableaux)
pour réaliser cette consolidation, on effectuera les enregistrements suivants :

139
4. La consolidation


–– celui de la reprise du bilan de la société Alpha ;


–– celui de la reprise du bilan de la société Bêta ;
–– celui de l’élimination des titres Bêta.

20 Immobilisations incorporelles 80 000


21 Immobilisations corporelles 850 000
261 Titres de participation Bêta 450 000
26-27 Autres immobilisations financières 180 000
4-5 Actif circulant 1 400 000
101 Capital Alpha 1 000 000
106 Réserves Alpha 600 000
120 Résultat Alpha 160 000
4-5 Dettes 1 200 000
Reprise bilan annuel société Alpha

21 Immobilisations corporelles 800 000


4-5 Actif circulant 1 000 000
101 Capital Bêta 600 000
106 Réserves Bêta 300 000
120 Résultat Bêta 100 000
4-5 Dettes 800 000
Reprise bilan annuel société Bêta

101 Capital Bêta 600 000


106 Réserves Bêta 300 000
120 Résultat Bêta 100 000
261 Titres Bêta 450 000
106 Réserves Alpha 225 000
120 Résultat Alpha 75 000
108* Intérêts minoritaires 225 000
128* Résultats minoritaires 25 000
Intégration société Bêta

* Comptes spécifiques à la consolidation, les numéros et les noms ne figurent pas dans
le PCG lequel ne concerne que les comptes individuels des entités.
Le bilan consolidé après ces écritures est le suivant.

Immobilisations 80 000 Capital 1 000 000


incorporelles 1 650 000 Réserves 825 000
Immobilisations corporelles 180 000 Résultat 235 000
Immobilisations financières 2 400 000 Intérêts minoritaires 225 000
Actif circulant Résultats minoritaires 25 000
Dettes 2 000 000
4 310 000 4 310 000

Il est à noter que le poste capital de ce bilan représente le capital de la société


mère. D’autre part, les titres de la société intégrée ont disparu de ce bilan.
Reprenons les comptes des sociétés Alpha et Bêta dont nous avons effectué ci-
dessus la consolidation du bilan. Les comptes de résultat de ces deux sociétés
vous sont donnés ci-après (en k€). Il n’y a pas d’autres éléments du résultat global.

140
Compte de résultat société Alpha
Charges d’exploitation 1 780 000 Produits d’exploitation 2 100 000
Charges financières 140 000 Produits financiers 100 000
Impôt sur les sociétés 120 000
Résultat 160 000
2 200 000 2 200 000

Compte de résultat société Bêta


Charges d’exploitation 1 560 000 Produits d’exploitation 1 720 000
Charges financières 60 000 Produits financiers 80 000
Impôt sur les sociétés 80 000
Résultat 100 000
1 800 000 1 800 000

Comme pour le bilan, le compte de résultat est obtenu en cumulant les élé-
ments (par des écritures ou un tableau) des comptes de résultats des sociétés
intégrées Alpha et Bêta.

Tableau d’obtention du résultat cumulé


Alpha Bêta Total
Charges d’exploitation 1 780 000 1 560 000 3 340 000
Charges financières 140 000 60 000 200 000
Impôt sur les sociétés 120 000 80 000 200 000
Résultat 160 000 100 000 260 000
2 200 000 1 800 000 4 000 000
Produits d’exploitation 2 100 000 1 720 000 3 820 000
Produits financiers 100 000 80 000 180 000
2 200 000 1 800 000 4 000 000

Le compte de résultat consolidé se présentera comme suit :


Produits d’exploitation 3 820 000
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Charges d’exploitation 3 340 000


Résultat d’exploitation 480 000
Produits financiers 180 000
Charges financières 200 000
Résultat financier – 20 000
Résultat courant des entreprises intégrées 460 000
Impôts sur les sociétés 200 000
Résultat des entreprises intégrées 260 000
Intérêts minoritaires 25 000
Résultat net (part du groupe) 235 000

NB. Résultats majoritaires et minoritaires sont donnés dans l’analyse qui a


conduit à la consolidation du bilan.

141
4. La consolidation


2.4. Perte de contrôle


Si la société mère perd le contrôle d’une filiale, elle doit :
–– décomptabiliser les actifs (y compris le goodwill, le cas échéant) et les
passifs de la filiale à leur valeur comptable à la date de la perte du
contrôle ;
–– décomptabiliser la valeur comptable, à la date de la perte du contrôle,
des participations ne donnant pas le contrôle détenues le cas échéant
dans l’ancienne filiale (ainsi que les composantes des autres éléments
du résultat global qui leur sont attribuables) ;
–– comptabiliser la juste valeur de la contrepartie reçue, le cas échéant,
par suite de la transaction, de l’événement ou des circonstances ayant
entraîné la perte du contrôle ;
–– comptabiliser la distribution des actions de la filiale aux propriétaires
en leur qualité de propriétaires, si la transaction, l’événement ou les
circonstances ayant entraîné la perte du contrôle donne lieu à une
telle distribution ;
–– comptabiliser la participation conservée dans l’ancienne filiale, le cas
échéant, à sa juste valeur à la date de la perte du contrôle ;
–– reclasser en résultat net, ou virer directement aux résultats non distri-
bués lorsque d’autres normes IFRS l’imposent, les montants compta-
bilisés dans les autres éléments du résultat global au titre de la filiale ;
–– comptabiliser en résultat net, à titre de profit ou de perte attribuable
à la société mère, tout écart restant.
Les changements d’intérêts (variations du pourcentage) de la
société mère dans l’entité, lorsqu’il n’en résulte pas par une perte de
contrôle, sont des transactions sur capitaux propres (aucun résultat
n’est constaté).

3. Participations dans les entités associées


La norme IAS 28 révisée définit les notions d’entité associée de coen-
treprise et d’influence notable, et précise la méthode comptable à pra-
tiquer dans l’élaboration des comptes consolidés pour ce qui concerne
ces entités.
Depuis la révision de 2011, IAS 28 traite également de l’évaluation
des participations dans les coentreprises (voir ci-après § 4).

142
La norme IAS 28 ne fait pas véritablement référence à la notion
de consolidation, cette expression étant conservée uniquement pour
décrire les procédures qui s’appliquent à la comptabilisation des entités
contrôlées.

3.1. Entité associée et influence notable


Selon la norme IAS 28, le terme « entité associée » désigne une entité
dans laquelle un investisseur a une influence notable.
L’influence notable est le pouvoir de participer aux décisions de poli-
tique financière et opérationnelle de l’entité détenue, sans toutefois en
exercer un contrôle ou un contrôle conjoint sur ces politiques (pour la
définition de la notion de contrôle et de contrôle conjoint, voir ci-des-
sus § 2 et ci-dessous § 4).
Si un investisseur détient directement ou indirectement par des
filiales 20 % ou plus des droits de vote dans l’entité détenue, il est pré-
sumé avoir une influence notable, sauf à démontrer que ce n’est pas le
cas. Inversement, si l’investisseur détient, directement ou indirectement
par ses filiales, moins de 20 % des droits de vote dans l’entité détenue, il
est présumé ne pas avoir d’influence notable, sauf à démontrer que cette
influence existe. L’existence d’une participation importante ou majori-
taire d’un autre associé n’exclut pas nécessairement que l’investisseur
ait une influence notable.
Toujours selon IAS 28, l’existence de l’influence notable d’un inves-
tisseur est habituellement mise en évidence par une ou plusieurs des
indications suivantes :
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a) représentation au conseil d’administration, ou à l’organe de direc-


tion équivalent, de l’entreprise détenue ;
b) participation au processus d’élaboration des politiques, incluant
la participation aux décisions relatives aux dividendes et autres distri-
butions ;
c) transactions significatives entre l’investisseur et l’entreprise déte-
nue ;
d) échange de personnels dirigeants ;
e) fournitures d’informations techniques essentielles.
Une perte d’influence notable peut intervenir sans modification du
niveau de participation par exemple lorsque l’entreprise passe sous le
contrôle d’un administrateur judiciaire ou par un accord contractuel.

143
4. La consolidation


Remarque
Outre les exemptions proches d’IFRS 10 (entité détenue par une autre entité),
une entité peut ne pas appliquer la méthode de la mise en équivalence si :
– la participation est détenue par, ou détenue indirectement à travers un orga-
nisme de capital-risque, un fonds ou une entité équivalente et la participation
est comptabilisée à la juste valeur par résultat conformément à IFRS 9 ou IAS
39 (voir chapitre 6) ;
–
la participation est classée comme destinée à être vendue ; elle est alors
comptabilisée conformément à IFRS 5 (voir chapitre 11).
Contrairement à IFRS 10 (voir ci-dessus § 2), les droits de vote potentiels
peuvent être pris en compte pour déterminer le niveau d’influence notable.
sauf si, dans certaines circonstances, ces droits de vote potentiels donnent,
en substance, actuellement, droit au résultat. Les instruments contenant des
droits de vote potentiels qui ne donnent pas droit au résultat sont comptabilisés
conformément à IFRS 9. Ceux qui contiennent de tels droits au résultat ne sont
pas comptabilisés conformément à IFRS 9. n

3.2. Choix de la méthode comptable


Ayant défini la notion d’entité associée et rappelé celle de coentreprise,
la norme IAS 28 traite de la comptabilisation dans les états financiers
consolidés des participations dans ces entités.
Une participation dans une entité associée ou une coentreprise
doit être comptabilisée dans les états financiers consolidés selon la
méthode de la mise en équivalence sauf si la participation est classée
comme destinée à être cédée. Dans ce cas elle doit être comptabilisée
conformément à la méthode développée par la norme IFRS 5 (voir
chapitre 11, § 3).
La méthode de la mise en équivalence est une méthode comptable
qui consiste à comptabiliser initialement la participation au coût et
à l’ajuster par la suite pour prendre en compte les changements de la
quote-part de l’investisseur dans l’actif net de l’entité émettrice qui sur-
viennent postérieurement à l’acquisition. Le résultat net de l’investis-
seur comprend sa quote-part du résultat net de l’entité émettrice, et
les autres éléments du résultat global de l’investisseur comprennent sa
quote-part des autres éléments du résultat global de l’entité émettrice.
La quote-part du résultat interne provenant de transactions entre l’en-
tité consolidante (ou une filiale consolidée) et l’entité mise en équiva-
lence doit être éliminée.

144
Supposons que la société Alpha détienne 25 % du capital de la société Gamma
acquis au moment de la constitution de ladite société pour 50 000 € (compris
dans les immobilisations financières). Les titres de la société Gamma sur lesquels
la société Alpha a une influence notable pourront être mis en équivalence, c’est-
à-dire en fait réévalués.
Le bilan et le compte de résultat de société Gamma sont donnés ci-après.

Bilan société Gamma


Immobilisations corporelles 400 000 Capital 200 000
Actif circulant 460 000 Réserves 180 000
Résultat 60 000
Dettes 420 000
860 000 860 000

Compte de résultat société Gamma


Charges d’exploitation 410 000 Produits d’exploitation 520 000
Charges financières 40 000 Produits financiers 30 000
Impôt sur les sociétés 40 000
Résultat 60 000
550 000 550 000

La valeur d’équivalence des titres Gamma possédés par Alpha peut se détermi-
ner ainsi :
• Actif net comptable de Gamma :
Capital200 000
Réserves180 000
Résultat60 000
 440 000
• 440 000 × 25 % = 110 000
• Plus-value : 110 000 – 50 000 = 60 000
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Les écritures de consolidation suivantes pourront être passées :

Pour le bilan :

261 Titres Gamma mis en équivalence 110 000


261 Titres Gamma (ou Immobilisations financières) 50 000
106 Réserves Alpha 45 000
120 Résultat Alpha 15 000
Mise en équivalence

Pour le compte de résultat :

120 Résultat Alpha 15 000


755* Résultat des sociétés mises en équivalence* 15 000
Résultat Gamma

* Nom de compte propre à la consolidation. Numéro de compte attribué par nos soins.

145
4. La consolidation


Lorsque la quote-part de l’investisseur est ramenée à zéro, les pertes


supplémentaires font l’objet d’une provision, et un passif est comptabilisé,
seulement dans la mesure où l’investisseur a encouru une obligation légale
ou implicite ou a effectué des paiements au nom de l’entreprise associée.

Remarque
Dans certains cas (notamment sociétés de capital-risque, fonds de placement,
sociétés d’investissement à capital variable, etc.) la méthode de mise en équiva-
lence n’est pas applicable et l’entité doit comptabiliser ses titres conformément
à IFRS 9 (ou IAS 39) (voir aussi § 2.2.2.). n

4. Partenariat et participations
dans les coentreprises
En vue de réduire les divergences avec le référentiel américain, l’IASB a
publié en mai 2011, une nouvelle norme IFRS 11 « Partenariats » desti-
née à remplacer la norme IAS 31 « Participations dans les coentreprises »
à compter du 1er janvier 2013.
Les principales dispositions d’IFRS 11 concernent les notions de par-
tenariat, de type de partenariat, de coentreprise et de contrôle conjoint
et la présentation du traitement comptable correspondant.

4.1. Partenariat et contrôle conjoint


Un partenariat (joint arrangement) ou accord conjoint est défini
par IFRS 11 comme un accord dans lequel une ou plusieurs parties
exercent un contrôle conjoint. Un accord conjoint doit présenter les
caractéristiques suivantes : les parties sont liées par un accord contrac-
tuel ; l’accord contractuel donne à deux parties ou plus le contrôle
conjoint de cet accord. La norme IFRS 11 distingue deux types de
partenariats : l’activité conjointe (joint operation), et la coentreprise
(joint venture).
La forme de l’accord de partenariat importe peu : ce peut être un
écrit, tel qu’un contrat. Lorsque le partenariat prend la forme d’une
entité, il est alors défini dans les statuts de l’entité.
L’accord contractuel précise généralement les points suivants :
–– l’objet, l’activité et la durée de l’accord conjoint ;
–– la nomination des membres de la direction ;

146
–– le processus de décision, les sujets requérant une décision des parties,
le niveau de consensus requis pour ces sujets ;
–– le capital et autres contributions requis des parties ;
–– comment les parties partagent les actifs, passifs, revenus, dépenses,
profits ou pertes de l’accord conjoint.
Le contrôle conjoint est le partage convenu par contrat du contrôle
d’une entité, qui n’existe que lorsque des décisions pertinentes au sujet
des activités nécessitent le consentement unanime des parties parta-
geant le contrôle.
Une activité conjointe est un partenariat résultant d’un accord par
lequel les parties qui ont un contrôle conjoint ont des droits sur les actifs
et des obligations pour le passif relatif à l’activité. Chaque partenaire
utilise ses propres actifs, tels que ses immobilisations corporelles et ses
stocks. Il assume également ses propres charges et ses propres passifs et
réunit son propre financement. Il peut aussi utiliser des actifs acquis en
commun, et assume sa quote-part de charges et sa quote-part de passifs.
L’accord contractuel précise le mode de répartition entre les partenaires
du produit de la vente des produits communs et des charges partagées.
Les participants d’une activité conjointe sont appelés « coparticipants »
ou « opérateurs conjoints ».

(inspiré du Feuillet rapide comptable Francis Lefebvre,


FRC 12/11 p. 15)

Deux fabricants de bateaux de plaisance à moteur Alpha et Bêta détiennent


chacun 50 % de la société Gamma. Gamma produit des moteurs de bateaux et
les vend à Alpha et Bêta uniquement. Le prix de vente des moteurs est fixé par
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Alpha et Bêta de telle sorte qu’il couvre les coûts de Gamma. Ainsi la gestion de
trésorerie est assumée par les encaissements reçus des achats de moteurs par
Alpha et Bêta. Dans ce cas, Alpha et Bêta ont des droits directs sur les actifs de
Gamma et des obligations directes sur les passifs de Gamma. La société Gamma,
pourtant structure financière directe distincte, est donc une activité conjointe.

Une coentreprise est un partenariat par lequel les parties qui exercent
un contrôle ont des droits sur l’actif net de l’entité contrôlée conjointe-
ment. Les participants d’une coentreprise sont appelés « coentrepreneurs ».
Les coentrepreneurs n’ont ni droits sur des actifs isolés de la coentreprise
ni obligations au titre des charges. À la place, chaque coentrepreneur a
droit à une quote-part du résultat des activités de la coentreprise.

147
4. La consolidation


La norme IFRS 11 emprunte beaucoup à IFRS 10. Elle partage avec


celle-ci les deux notions essentielles de pouvoir et d’activité pertinentes,
ainsi que les liens avec les rendements qui découlent de ce pouvoir. La
différence est que l’exercice de ce pouvoir sur les activités pertinentes
exige le consentement unanime des parties signataires de l’accord. Pour
distinguer les activités conjointes et les entités sous contrôle conjoint
(coentreprises), indépendamment de la forme juridique, on recher-
chera si les coentrepreneurs ont des droits sur tout ou partie des actifs et
­passifs faisant l’objet de l’accord (et des charges ou des produits qui en
découlent) (pour les activités conjointes) ou bien s’ils n’ont des droits
que sur l’actif résiduel (pour les coentreprises).
La distinction entre activité conjointe et coentreprise nécessite l’exa-
men du montage de l’opération : aspects juridiques, contractuels et éga-
lement tout fait de nature à mettre en évidence les droits et obligations
effectifs des partenaires.

Remarque
La norme IAS 31 qui s’est appliquée jusqu’en décembre 2012 distinguait trois
types de contrôle conjoint : les activités contrôlées conjointement, les actifs
contrôlés conjointement et les entités contrôlées conjointement. n

4.2. Traitement comptable des deux principaux


types d’organisation de partenariat
La norme IFRS 11 doit être appliquée par l’ensemble des entités à leurs
participations dans des partenariats. Elle distingue le traitement comp-
table des activités conjointes et des coentreprises.

4.2.1. Activités conjointes


En ce qui concerne sa participation dans une activité conjointe, un par-
tenaire doit comptabiliser, selon les IFRS applicables :
–– ses actifs, y compris sa part de tout actif détenu conjointement ;
–– son passif, y compris sa part de tout passif encouru conjointement ;
–– ses produits provenant de la vente de sa part de la production décou-
lant de l’activité commune ;
–– sa part de produits provenant de cession de l’activité commune ;
–– ses dépenses, y compris sa quote-part de charges engagées en com-
mun.

148
La société Kappa a une activité conjointe avec le groupe Omicron sur la société
Lambda (laquelle n’est pas une coentreprise, car elle ne peut prendre aucune ini-
tiative, l’analyse montrant en substance que Kappa et Omicron contrôlent les actifs
et les passifs de Lambda et les flux qui en découlent) et qu’elle a des droits de 40 %
sur les actifs non courants, de 50 % sur les actifs courants, de 45 % sur les dettes,
de 50 % sur les charges et produits, y compris l’impôt, sauf sur les amortissements
portant sur des immobilisations détenues à 40 %. Il vous est demandé de présenter
le bilan consolidé et le compte de résultat consolidé du groupe Kappa.
Vous trouverez ci-après les bilans et comptes de résultat des sociétés Kappa et
Lambda au 31 décembre N (en milliers d’euros).

Bilan société Kappa


Immobilisations 21 500 Capital 20 000
Titres de participation Lambda 4 000 Réserves 9 600
Actif circulant 25 500 Résultat de l’exercice 1 200
Dettes 20 200
51 000 51 000

Bilan société Lambda


Immobilisations 16 800 Capital 8 000
Actif circulant 18 400 Réserves 4 200
Résultat de l’exercice 1 600
Dettes 21 400
35 200 35 200

Compte de résultat société Kappa


Achats et variation de stock 60 000 Ventes 100 000
Autres charges 39 200 Autres produits 6 000
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Dotations aux amortissements 6 000 Produits financiers 3 000


Charges financières 1 600
Impôts sur les bénéfices 1 000
Résultat de l’exercice 1 200
109 000 109 000

Compte de résultat société Lambda


Achats et variation de stock 24 800 Ventes 50 000
Autres charges 21 600 Autres produits 3 000
Dotations aux amortissements 3 000 Produits financiers 2 000
Charges financières 3 000
Impôts sur les bénéfices 1 000
Résultat de l’exercice 1 600
55 000 55 000 »

149
4. La consolidation


» Pour effectuer cette consolidation, on passerait alors les écritures suivantes :


21 Immobilisations 16 800 × 40 % 6 720
4-5 Actif circulant 18 400 × 50 % 9 200
101 Capital Lambda (apport en titres) 4 000
106 Réserves Lambda (par différence) 1 190
120 Résultat Lambda (voir écriture résultat) 1 100
4-5 Dettes 21 400 × 45 % 9 630
Reprise bilan annuel société Lambda

60 Achats et variations de stock 24 800 × 50 % 12 400


61 Autres charges 21 600 × 50 % 10 800
68 Dotations aux amortissements 3 000 × 40 % 1 200
67 Charges financières 3 000 × 50 % 1 500
69 Impôts sur les bénéfices 1 000 × 50 % 500
120 Résultat (par différence) 1 100
70 Ventes 50 000 × 50 % 25 000
75 Autres produits 3 000 × 50 % 1 500
77 Produits financiers 2 000 × 50 % 1 000
Reprise compte de résultat société Lambda

101 Capital Lambda 4 000


106 Réserves Lambda 1 190
120 Résultat Lambda 1 100
261 Titres Lambda 4 000
106 Réserves Kappa 1 190
120 Résultat Kappa 1 100
Intégration Lambda

On obtiendra le bilan et le compte de résultat consolidés

Bilan consolidé société Kappa


Immobilisations 28 220 Capital 20 000
Actif circulant 34 700 Réserves 10 790
Résultat de l’exercice 2 300
Dettes 29 830
62 920 62 920

Compte de résultat consolidé société Kappa


Achats et variation de stock 72 400 Ventes 125 000
Autres charges 50 000 Autres produits 7 500
Dotations aux amortissements 7 200 Produits financiers 4 000
Charges financières 3 100
Impôts sur les bénéfices 1 500
Résultat de l’exercice 2 300
136 500 136 500

150
4.2.2. Coentreprises
Il s’agit d’entités créées par des associés entre lesquels existe un contrat
établissant un contrôle conjoint sur l’activité. Les coentreprises doivent
tenir une comptabilité propre et établir des comptes individuels
conformes aux normes comptables habituelles.
Le coentrepreneur doit comptabiliser sa participation dans une coen-
treprise selon la méthode de la mise en équivalence telle qu’elle est pré-
sentée dans IAS 28 (voir ci-dessous § 1.3).

Remarque
Pour la préparation des comptes consolidés des membres de la coentreprise,
IAS 31 (applicable jusqu’au 31 décembre 2012) permettait l’utilisation de deux
méthodes : la consolidation proportionnelle et la mise en équivalence.
La consolidation proportionnelle est une méthode de comptabilisation et de
présentation selon laquelle la quote-part d’un coentrepreneur dans chacun des
actifs et passifs, produits et charges de l’entité contrôlée est regroupée, ligne par
ligne, avec les éléments similaires dans les états financiers du coentrepreneur ou
est présentée sous des postes distincts dans les états financiers du coentrepreneur.
La méthode de mise en équivalence a été particulièrement défendue par ceux
qui font valoir qu’il est inapproprié de regrouper des éléments contrôlés avec
des éléments seulement contrôlés ­conjointement. n

Supposons maintenant que le groupe Kappa a pris une participation de 50 %


dans la société Lambda contrôlée conjointement (sous forme de coentreprise)
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par Kappa et Omicron. Les bilans et comptes de résultat des sociétés Kappa et
Lambda au 31 décembre N sont ceux présentés ci-dessus (§ 4.2.1).
Si l’on utilisait la méthode de mise en équivalence, on aurait les écritures suivantes :
Pour le bilan

261 Titres Lambda mis en équivalence 6 900


(8 000 + 4 200 + 1 600) × 50 %
261 Titres Lambda 4 000
106 Réserves Kappa 4 200 × 50 % 2 100
120 Résultat Kappa 1 600 × 50 % 800
Mise en équivalence Lambda

151
4. La consolidation


Pour le compte de résultat

120 Résultat Kappa 800


755 Résultat des sociétés mises en équivalence 800
Quote-part de résultat

Et l’on obtiendrait le bilan et le compte de résultat consolidés suivants :


Bilan consolidé société Kappa
Immobilisations 21 500 Capital 20 000
Titres de participation 6 900 Réserves 11 700
Lambda mis en équivalence Résultat de l’exercice 2 000
Actif circulant 25 500 Dettes 20 200
53 900 53 900

Compte de résultat consolidé société Kappa


Achats et variation de stock 60 000 Ventes 100 000
Autres charges 39 200 Autres produits 6 000
Dotations aux amortissements 6 000 Produits financiers 3 000
Charges financières 1 600 Résultat des sociétés
Impôts sur les bénéfices 1 000 mises en équivalence 800
Résultat de l’exercice 2 000
109 800 109 800

5. Informations à fournir sur les intérêts


détenus par d’autres entités
La norme IFRS 12 intègre dans une seule norme, les informations à
fournir relatives aux participations dans des filiales, dans des accords
conjoints, dans des entreprises associées et dans des entités structurées
non consolidées.
Son objectif est d’imposer à une entité de fournir des informations
permettant aux utilisateurs de ses états financiers d’évaluer :
–– la nature et les risques associés à ses intérêts dans d’autres entités ;
–– les effets de ces intérêts sur la situation financière, la performance
financière et les flux de trésorerie.
L’entité consolidante doit fournir des informations sur les jugements
importants et les hypothèses qu’elle a faits (et modifications apportées
à ces jugements et des hypothèses) pour déterminer :
–– qu’elle a le contrôle d’une autre entité ;

152
–– qu’elle a le contrôle en commun d’un partenaire ou une influence
notable sur une autre entité ;
–– le type d’accord de partenariat (opération faite en commun ou coen-
treprise) lorsque l’entente a été structurée par une structure financière
identifiable séparée.

5.1. Informations à fournir sur les filiales


Une entité doit fournir les informations permettant aux utilisateurs de
ses états financiers :
• de comprendre la composition du groupe, et l’intérêt que les intérêts
minoritaires ont dans les activités et des flux de trésorerie du groupe ;
• d’évaluer :
–– la nature et l’étendue des restrictions importantes sur sa capacité à
accéder ou à utiliser les actifs et payer les créanciers du groupe ;
–– la nature et les changements dans les risques liés à ses participations
dans des entités consolidées ;
–– les conséquences de l’évolution de sa participation dans une filiale
qui n’aboutissent pas à une perte de contrôle ;
–– les conséquences de la perte de contrôle d’une filiale au cours de la période.

5.2. Informations à fournir sur les partenaires


et les entités associées
L’entité doit fournir des informations permettant aux utilisateurs de ses
états financiers d’évaluer :
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–– la nature, l’étendue et les effets financiers de ses participations dans


des partenariats et des entités associées, comprenant la nature et les
effets de sa relation contractuelle avec les autres investisseurs exerçant
un contrôle conjoint, ou une influence notable sur des accords de
coentreprise ou d’entité associée ;
–– la nature, et les changements dans les risques liés à ses participations
dans des coentreprises et entreprises associées.

5.3. Informations à fournir sur les entités


non consolidées
L’entité doit fournir des informations permettant aux utilisateurs de ses
états financiers :

153
4. La consolidation


–– de comprendre la nature et l’étendue de ses intérêts dans des entités


structurées non consolidées ;
–– d’évaluer la nature, et les changements dans les risques liés à ses par-
ticipations dans des entités structurées non consolidées.

6. Les informations relatives aux parties


liées
Une partie liée est une entité (ou une personne physique) qui est liée à
l’entité qui établit ses états financiers.
Selon IAS 24, une partie est considérée comme étant liée à une entité
si directement ou indirectement la partie contrôle ou est contrôlée par
l’entité, ou a un contrôle conjoint ou est contrôlée conjointement ou
a une influence notable sur l’entité (pour les définitions de contrôle,
d’influence notable ou de contrôle conjoint voir les § 2, 3 et 4 de ce
chapitre). Elle est aussi considérée comme liée si la partie est un membre
de la direction de l’entité ou si la partie gère un régime de prestations
postérieures à l’emploi (voir chapitre 13 § 5).
IAS 24 prévoit notamment de fournir un certain nombre d’informa-
tions sur les transactions entre les parties liées dans les états financiers.
Les relations entre une société mère et ses filiales doivent être présen-
tées, qu’il y ait eu ou non des transactions entre elles.
Une entité doit indiquer la rémunération des principaux dirigeants,
en cumul, et pour chacune des catégories suivantes : avantages du per-
sonnel à court terme, avantages postérieurs à l’emploi, autres avantages
à long terme, indemnités de fin de contrat de travail, paiement fondé
sur les actions.
Si une entité a effectué des transactions entre parties liées pendant
les périodes couvertes par les états financiers, elle doit indiquer la nature
des relations entre les parties liées et fournir des informations sur les
transactions et les soldes, y compris les engagements, qui sont néces-
saires à la compréhension par les utilisateurs de l’impact potentiel de
la relation sur les états financiers. Les informations à fournir doivent
inclure au minimum :
–– le montant des transactions ;

154
–– le montant des soldes, y compris des engagements, leurs termes et
conditions, y compris l’existence éventuelle de garanties et la nature
de la contrepartie attendue lors du règlement et les modalités des
garanties données ou reçues ;
–– les provisions pour créances douteuses liées au montant des soldes ;
–– les charges comptabilisées pendant la période au titre des créances
douteuses sur parties liées.
Les informations à fournir doivent être communiquées séparément
pour chacune des catégories suivantes :
–– la société mère ;
–– les entités qui exercent un contrôle conjoint ou une influence notable
sur l’entité ;
–– les filiales ;
–– les entreprises associées ;
–– les coentreprises dans lesquelles l’entité est un coentrepreneur ;
–– les principaux dirigeants de l’entité ou de sa société mère ;
–– les autres parties liées.

7. Traitement des participations


dans les états financiers individuels
établis par l’entité en complément
des états financiers consolidés
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La norme IAS 27 révisée précise (§ 4) que « Les états financiers indi-


viduels sont ceux que présente une entité, et dans lesquels celle-ci
peut choisir de comptabiliser ses participations dans des filiales, des
coentreprises et des entreprises associées soit au coût, soit confor-
mément à IFRS 9 Instruments financiers, soit selon la méthode de
la mise en équivalence, décrite dans IAS 28 Participations dans des
entreprises associées et des coentreprises ». Les états financiers d’une
entité qui n’a pas de filiale, d’entreprise associée ou de participation
dans une coentreprise ne sont pas des états financiers individuels au
sens d’IAS 27.

155
4. La consolidation


7.1. Traitement des participations


dans les filiales, les coentreprises
ou les entités associées
Quand des états financiers individuels sont établis, les participations
dans les filiales, les entités sous contrôle conjoint et les entités asso-
ciées, consolidées par intégration ou mise en équivalence dans les
états financiers consolidés doivent être comptabilisés soit au coût, soit
conformémement à IAS 39 ou IFRS 9 soit selon la méthode de mise en
équivalence (en dehors de celles qui sont classées en actifs appelés à être
cédés conformément à IFRS 5 – voir chapitre 11). Si des participations
dans les entités contrôlées conjointement et les entreprises associées
sont comptabilisées selon IAS 39 (ou IFRS 9) dans les états financiers
consolidés, elles doivent être comptabilisées de la même manière dans
les états financiers individuels de l’investisseur.
Les dividendes restent comptabilisés en résultat dans les comptes
individuels.

La société Kappa a fait l’acquisition le 1er janvier N – 2 de 27,5 % des actions


(soit 275 000 actions) de la société Iota pour 97 000 k€. Les frais d’acquisition
se sont élevés à 2 000 k€.
Au 31 décembre N, la situation nette comptable de la société Iota est de
350 000 k€ et le cours moyen de décembre N du titre en bourse est de 400 €.
Deux solutions sont donc possibles pour la comptabilisation des titres de parti-
cipation Iota dans le bilan de Kappa au 31 décembre N :

Comptabilisation au coût
Dans ce cas, les titres Iota figureront au bilan pour 97 000 + 2 000 = 99 000 k€.

Comptabilisation à la juste valeur


Le cours boursier peut être considéré comme une bonne approche de la juste
valeur des titres (45 % des titres sont la propriété des minoritaires et peuvent
être échangés en bourse). Dans ce cas les titres Iota figureront au bilan pour
275 000 × 400 = 110 000 k€.

Comptabilisation à la valeur d’équivalence


Comme la situation nette comptable de la société Iota est de 350 000 k€, dans
ce cas les titres Iota figureront au bilan pour 350 000 k€ × 27,5 % = 96 250 k€.

156
La même méthode doit être appliquée pour chaque catégorie de
titres. Les participations dans des filiales, entités sous contrôle conjoint
et entités associées classées comme actifs appelés à être cédés (confor-
mément à IFRS 5 – voir chapitre 11), doivent être comptabilisées confor-
mément à cette dernière norme, c’est-à-dire à la juste valeur, diminuée
des frais de cession.

7.2. Traitement des participations qui ne sont


ni des filiales, ni des coentreprises, ni des entités
associées
Les participations qui ne sont ni des filiales, ni des entités sous contrôle
conjoint ou des entités associées, et qui sont comptabilisées conformé-
ment à IAS 39 ou IFRS 9 dans les états financiers consolidés (voir cha-
pitre 6, § 2.2), doivent être évaluées de la même manière dans les états
financiers individuels de l’entité.

7.3. Informations devant figurer dans les états


financiers individuels et relatifs aux participations
Doivent notamment, être fournies les informations suivantes :
–– une description des méthodes utilisées pour comptabiliser les partici-
pations dans les filiales, les co-entreprises et entités associées ;
–– les raisons pour lesquelles une société mère n’établit pas de comptes
consolidés et ne présente que des états financiers individuels ;
–– la liste des principales participations dans les filiales, les co-entreprises, les
entités associées, comprenant, le nom, le pays d’implantation, le pour-
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centage de capital et s’il est différent, le pourcentage de droits de vote.

Test de connaissances

Pour chacune des 10 questions suivantes, choisissez la bonne réponse (une seule
réponse est possible).

Q1. Une société A possède 42 % des actions d’une société B dont 20 % du


capital est constitué d’actions à dividende prioritaire sans droit de vote,
50 % des actions d’une société C (dont la société X possède également »
157
4. La consolidation


» 50 %), 30 % d’une société D et 10 % d’une société E. La société B possède


70 % des actions de la société F et la société D possède 90 % des actions
de la société G. Quelles sont les sociétés qui entrent dans le périmètre de
consolidation du groupe A ?
a) A, B, C, D, E, F, G.
b) A, B, C, D, F.
c) A, C, D.

Q2. Dans quel cas une société Alpha, filiale de la société Oméga, peut-elle,
conformément à IFRS 10, être exemptée de la consolidation ?
a) Quand elle a des activités dissemblables de celles des autres entreprises du groupe ;
b) Quand elle fait partie d’un groupe qui établit des comptes consolidés (la
société mère Oméga possède 55 % du capital de la société Alpha)
c) Dans aucun cas.

Q3. Comment est définie la notion de contrôle dans IFRS 10 ?


a) Le contrôle est le pouvoir de diriger les politiques financière et opérationnelle
d’une entreprise afin de tirer avantage de ses activités.
b) Le contrôle est le partage du contrôle d’une entreprise exploitée en commun
par un nombre limité d’associés ou d’actionnaires, de sorte que les politiques
financière et opérationnelle résultent de leur accord.
c) Un investisseur (investor) contrôle une entité détenue (investee) lorsqu’il a
des droits ou supporte des rendements variables du fait de son implication
avec l’entité détenue et a la capacité d’influer sur ces rendements grâce à son
pouvoir dans l’entité détenue.

Q4. Quand un contrôle est-il présumé exister selon IFRS 10 ?


a) Lorsque l’entreprise a disposé, au cours de la période, directement ou indirec-
tement, d’une fraction supérieure à quarante pour cent des droits de vote et
qu’aucun autre associé ou actionnaire ne détenait, directement ou indirecte-
ment, une fraction supérieure à la sienne.
b) Lorsqu’un investisseur a des droits effectifs qui lui confèrent la capacité actuelle
de diriger les activités pertinentes, à savoir les activités qui ont une incidence
importante sur les rendements de l’entité émettrice.
c) Lorsqu’une entité a une dépendance économique par rapport à un investisseur
(tels que les relations d’un fournisseur avec son principal client).

Q5. Que doit-on faire lorsque le contrôle d’une « filiale » est destiné
à être temporaire ?
a) ne pas consolider ;
b) consolider la filiale comme tout autre filiale ;
c) consolider la filiale en inscrivant ses actifs dans une rubrique « Actifs (ou groupe
d’actifs) appelées à être cédés » et ses passifs dans une rubrique « Passifs direc-
tement associés à des actifs (ou groupes d’actifs) destinés à être cédés ». »
158
» Q6. La société Alpha a fait l’acquisition le 1 er
janvier N–2 de 30 % du capital
de la société française Delta pour 2 607 000 €. Au 31 décembre N–3,
31 décembre N–2, 31 décembre N–1, 31 décembre N, les rubriques de
capitaux propres de la société Delta s’analysaient comme suit (en milliers
d’euros) :

N–3 N–2 N–1 N


Capital 5 000 5 000 5 000 5 000
Réserves 2 500 2 800 2 900 3 000
Résultat 800 900 1 100 600
Provisions réglementées * 600 500 400 1 000
* Provision pour hausse de prix et amortissements dérogatoires

Le taux de l’impôt est de 35 %. Quelle écriture de mise en équivalence


(écriture de consolidation du bilan en milliers d’euros) passe-t-on le
31 décembre N ?

La valeur d’équivalence au 31 décembre N se calcule à partir de l’actif net


retraité de la société Delta. Il y a lieu de tenir compte de l’impôt différé sur
les provisions pour hausse de prix et les amortissements dérogatoires.
a)

261 Titres Delta mis en équivalence 2 880 000


261 Titres Delta 2 607 000
106 Réserves Delta 93 000
120 Résultat Delta 180 000

b)

261 Titres Delta mis en équivalence 2 880 000


261 Titres Delta 2 607 000
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106 Réserves Delta 156 000


120 Résultat Delta 117 000

c)

261 Titres Delta mis en équivalence 2 775 000


261 Titres Delta 2 607 000
106 Réserves Delta – 129 000
120 Résultat Delta 297 000

Q7. Comment peut être classée dans le cadre d’IFRS 11 une société
en participation (au sens de l’article 1871 du Code civil) ?
a) une activité conjointe ; »
159
4. La consolidation


» b) un actif commun ;
c) une coentreprise.

Q8. Dans le cadre des normes IFRS quels sont les états financiers consolidés
qui doivent être établis ?
a) un état de situation financière et un état du résultat global consolidés ;
b) un état de situation financière, un état du résultat global et une annexe conso-
lidées ;
c) un état de situation financière, un état du résultat global, un état de variation
des capitaux propres, un tableau de flux de trésorerie consolidés et un état
comprenant les méthodes comptables et des notes explicatives.

Q9. Quelle est, selon la norme IFRS 11, la méthode préférentielle


pour les co-entreprises ?
a) la consolidation proportionnelle ;
b) la mise en équivalence ;
c) aucune des deux méthodes.

Q10. Précisez dans quels cas il ne s’agit pas d’une entité liée au sens d’IAS 24 ?
a) si une personne ou un membre de la famille proche de cette personne fait
partie d’une société mère de l’entité présentant les états financiers ;
b) les deux entités sont des entités associées du même tiers ;
c) une entité est une entreprise associée ou coentreprise d’une filiale du groupe
dont l’autre entité fait partie.

Corrigés et commentaires p. 564.

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