Vous êtes sur la page 1sur 144

Dr Bruno Donatini

La Bouche, miroir de votre santé


Flammarion
Département Art de vivre
Direction éditoriale : Ronite Tubiana
Éditrice : Élise Bigot
Rédaction : Alix Lefief-Delcourt
Préparation et correction des textes : Sabine Kuentz
Fabrication : Élodie Gicquel
Tous droits réservés.
© Flammarion, Paris, 2022.
ISBN Numérique : 9782080275950
ISBN Web : 9782080275943
Le livre a été imprimé sous les références :
ISBN : 9782080275936
Ouvrage composé et converti par Pixellence (59100 Roubaix)
Présentation de l’éditeur
REGARDEZ VOTRE BOUCHE ET VOUS SAUREZ QUEL
DYSFONCTIONNEMENT VOUS RONGE !
La bouche (langue, muqueuses, gencives) et son microbiote
sont la voie d’entrée de nombreuses maladies. Ce livre expose
pour la première fois cette thèse révolutionnaire : depuis la
bouche, tout est connecté, de l’intestin au système nerveux.
Virus, bactérie, carence, tout se lit sur la langue, dans l’air que
nous expirons… Et quoi de plus logique ? Ce que nous
respirons, mangeons, entre par la bouche et descend dans le
tube digestif.
Le Dr Donatini développe des pistes d’actions concrètes et
simples pour préserver sa bouche, son écosystème et donc sa
santé en général.
EXAMEN DE LA BOUCHE (SYMPTÔMES
RÉVÉLATEURS : APHTES, SAIGNEMENTS, CARIES,
ASPECTS DE LA LANGUE, ETC.)
REPÉRER LES ENNEMIS DE LA BOUCHE (SUCRE,
TABAC, BAINS DE BOUCHE, MÉDICAMENTS,
INFECTIONS, ETC.)
BONNES HABITUDES À ADOPTER (HYGIÈNE, SOIN,
ALIMENTATION)
TRAITEMENTS SPÉCIFIQUES À CHAQUE TRANCHE
D’ÂGE
Le docteur Bruno Donatini est gastro-entérologue-
hépatologue, diplômé en cancérologie, immunologie,
ostéopathie et médecine anti-âge. Il s’investit depuis 25 ans
dans la mycothérapie (traitement par les champignons
alimentaires) et l’hygiène de vie pour améliorer l’immunité,
la flore et la muqueuse digestive, ou la préservation du
système nerveux autonome.
La Bouche, miroir de votre santé
SOMMAIRE

Introduction
1. À la découverte du microbiote buccal
Un champ de bataille permanent
La bouche : un nid (super organisé) de bactéries, virus et phages
Le biofilm et ses couches
Petits portraits de famille des bactéries buccales
Les trois types de flores (ou « biofilms »)
Les trois doshas de l’ayurvéda
Comment se forme la flore buccale chez le nouveau-né ?
La flore buccale de la maman et celle du nouveau-né
Le rôle de l’allaitement
La complexification de la flore buccale, quand l’enfant grandit
La diversification de la flore buccale, l’apparition des dents, les infections
virales
La flore buccale à la puberté
L’heure du baiser adolescent (et adulte)
Un équilibre à préserver
Quand la flore buccale est déséquilibrée
Les caries
La gingivite et la maladie parodontale
Les cancers de la bouche, de l’œsophage (mais aussi de l’estomac, du côlon, du sein ?)
Les principaux facteurs de risque
Muqueuse, innervation, immunité : les trois composantes de l’équilibre
L’étanchéité de la muqueuse
La qualité de l’innervation
L’immunité antivirale
La porte d’entrée vers l’intestin…

2. Ces maladies qui commencent dans la bouche


La bouche, premier organe à inspecter pour rechercher une inflammation
chronique
La rectocolite hémorragique
Le diabète de type 1
La polyarthrite rhumatoïde
Le cancer de l’estomac
Les pathologies cardiaques
Les pathologies pulmonaires
La maladie de Parkinson

3. L’heure du diagnostic : les examens à réaliser et les signes à


surveiller
Examiner la bouche
Analyser le microbiote buccal
Les signes buccaux qui doivent alerter
Le saignement des gencives
La candidose buccale
Les aphtes
La mauvaise haleine
La bouche sèche
Le bouton de fièvre, ou herpès labial
La langue dite « géographique », ou fissurée
La langue gonflée avec l’empreinte des dents

4. La bouche : un écosystème global à préserver


La flore buccale, garante du bon fonctionnement de tous les organes : le rôle du
monoxyde d’azote
La qualité de la salive et de la mastication, des secrets de longévité
La bonne santé de la bouche, garante de notre équilibre psychique
Le monoxyde d’azote, protecteur du système nerveux autonome
La voie vagale, voie de la contamination cérébrale
Une nouvelle explication à la dépression

5. Les principaux ennemis de votre bouche


Le sucre sous toutes ses formes
Les antibiotiques, les huiles essentielles par voie orale et l’argent colloïdal
Les antibiotiques
Les huiles essentielles par voie orale
L’argent colloïdal
Les médicaments
Les bains de bouche du commerce
Les bains en piscine
Le tabagisme et les poussières
Les mauvaises habitudes et le défaut de nettoyage
Les infections virales

6. Les bons gestes à adopter


Une bouche propre : l’importance de l’hygiène et d’une alimentation adaptée
Une hygiène bucco-dentaire irréprochable
Les bons gestes
La brosse à dents idéale
Et le dentifrice ?
Le bain de bouche à l’eau oxygénée, une bonne habitude à prendre
Les pratiques ayurvédiques
Attention aux soins « maison » !
Amalgames dentaires : une incidence sur l’inflammation ou sur la flore buccale ?
Des soins dentaires aussi pour nos animaux de compagnie !

Une alimentation adaptée


Le régime pauvre en FODMAPs
Privilégier les légumes bio
Attention aux mycotoxines
Haro sur les aliments assemblés (transformés) et les micronutriments : privilégier l’« effet matrice »
Une bouche saine : la guerre contre les virus et la diminution des bactéries
indésirables
Les virus, c’est la guerre !
Lutter contre les bactéries indésirables
Les huiles essentielles microdosées
Les bactéries concurrentes
Les polyphénols

Changer régulièrement d’environnement


Une bouche qui fonctionne bien : maintenir ou réparer les fonctions
Bien mastiquer, bien déglutir, bien saliver, bien respirer
Réparer le nerf vague ou le plexus myentérique
Réparer les muqueuses
Améliorer la flore
À chaque âge ses traitements spécifiques
De 0 à 4 mois : la protection maternelle est optimale !
De 4 à 24 mois : des virus à foison
De 2 à 6 ans : la période des bactéries… et de la varicelle
De 7 à 12 ans : l’âge des bactéries inflammatoires
De 12 à 25 ans : des virus, et parfois la toxoplasmose
De 25 à 55 ans : préserver une immunité buccale forte
De 55 à 75 ans : toujours supplémenter les carences et réparer
Après 75 ans : supplémenter, réparer, assister pour maintenir les fonctions

Conclusion
Références bibliographiques
INTRODUCTION

Chaque jour, nous en apprenons un peu plus sur


l’importance de notre microbiote intestinal et sur son rôle
central dans notre santé. Mais nous avons tendance à oublier la
base : c’est dans la bouche que tout commence, pas dans le
côlon. Notre bouche, porte d’entrée de notre monde intérieur,
est donc aussi la première barrière aux virus, bactéries et
autres indésirables venus du monde extérieur.
Pour assurer ses différentes fonctions (celle de barrière,
mais aussi la salivation, la phonation, la mastication…), la
bouche s’appuie sur un écosystème complexe, où
interviennent la salive, les muqueuses, les muscles
masticateurs, les os des mâchoires, la langue… Sans oublier le
microbiote buccal, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries et des
virus qui la peuplent, qui représente la deuxième flore la plus
abondante de l’organisme après celle du côlon. L’équilibre de
ce microbiote, la qualité de la salive, la force de la mastication
sont autant de facteurs clés pour notre bonne santé générale,
aussi bien physique que psychologique, mais aussi pour notre
qualité de vie et notre longévité.
La santé de notre bouche et son bon fonctionnement ont en
effet un impact sur l’équilibre du système digestif, mais aussi
sur celui de tous les autres systèmes (pulmonaire, cardiaque,
cérébral…). On découvre d’ailleurs aujourd’hui que c’est dans
la bouche que de nombreuses maladies commencent !
Inversement, notre bouche est un fidèle miroir de notre état
digestif et de notre santé globale.
L’observation de l’écosystème buccal (palais, langue,
muqueuses, gencives, dents…) devrait donc faire partie de tout
examen médical. Malheureusement, les médecins ont perdu
l’habitude d’examiner la bouche de leurs patients. De
nombreux indices se trouvent pourtant sur les gencives, les
dents et la langue ! L’avenir médical ne se lit pas dans les
lignes de la main, mais bien dans la bouche.
Prendre soin de sa bouche, au-delà des simples règles
d’hygiène bucco-dentaire, qui restent bien sûr centrales et
indispensables, est donc une priorité. Ce livre accordera ainsi
une large place à ce qu’il convient de faire, et surtout de ne pas
faire, pour préserver la santé de sa bouche et de son
écosystème.
1
À la découverte
du microbiote buccal

La bouche est un écosystème complexe, composé à la fois


de muqueuses, de glandes (salivaires) et d’organes (langue et
dents). Plusieurs fonctions essentielles à la vie s’y déroulent :
la mastication, la salivation, la déglutition, la phonation (on
sait aujourd’hui que c’est grâce au langage articulé que la
lignée des sapiens sapiens a pu se perpétuer…). C’est aussi –
avec le nez – un lieu de passage, un point de contact entre
l’extérieur et l’intérieur, une porte d’entrée indispensable pour
les aliments et l’air, mais aussi pour les microbes et les
poussières. En l’absence d’une hygiène buccale stricte, c’est
donc un univers particulièrement sale, et particulièrement
fragile.

Un champ de bataille permanent

Le monde extérieur, opportuniste – recycleur de végétaux,


de peaux mortes, de cadavres ou de déjections d’insectes… –
s’engouffre dans notre bouche via nos aliments, la poussière
de nos maisons, les mains contaminées, l’eau du bain ou de la
piscine, mais aussi via les microparticules de peau et les
microgouttelettes orales émises par les autres personnes ou les
animaux de compagnie. En réalité, 80 % de la poussière
ambiante provient de ces résidus humains ou animaux, que
l’on se trouve au travail, dans les transports en commun ou
dans un café ! Dans ce dernier lieu apparemment banal, elle
couvrira votre table, puis la tartelette que l’on vient de vous
servir, votre tasse de café, votre livre et vos mains. Imaginez
un peu l’étendue du désastre : alors que, une fois votre
tartelette terminée, vous entamez la lecture de ce livre (avec le
plus grand intérêt, je l’espère), vous posez le doigt sur votre
langue pour l’humidifier et tourner la page ; en même temps,
vous sirotez votre café, vous grattez la tête, puis le nez… avant
de repasser le doigt sur votre langue. Toutes ces petites saletés
qui s’accrochent à vos doigts arrivent dans votre bouche. Elles
vont venir s’associer à votre tartelette, en partie restée sous
forme de dépôts ou de tartre dans votre bouche (entre les dents
ou à la base des gencives). Or, votre bouche, milieu humide
maintenu à une température de 37 °C, constitue un parfait
substrat alimentaire pour la plupart des bactéries, virus et
champignons. Les sucres vont fermenter, les protéines se
putréfier. Des acides vont se former et attaquer les dents, et
déclencher peut-être aussi une mauvaise haleine, voire une
inflammation des gencives.
Heureusement, dans le corps, un grand nettoyage des
éléments ingérés s’opère avant l’arrivée dans l’intestin. Après
une première sélection orchestrée par nos sens, qui nous
poussent à rejeter les produits dégradés – malodorants, trop
acides, trop amers, etc. –, les hordes d’indésirables venant de
l’extérieur vont subir dans la bouche différentes
« exterminations » permettant à nos tissus « nobles » d’être
préservés. Les bactéries pathogènes seront détruites avant de
pouvoir gagner les zones absorbantes vitales de l’intestin grêle
que sont le duodénum puis le jéjunum. La bouche arrête ainsi
de nombreux agents infectieux. La fréquence des angines,
aussi bien virales que bactériennes, mais aussi la fréquence des
herpès ou des mycoses buccales, témoignent de l’activité des
zones lymphoïdes (où s’amassent les globules blancs) : ces
dernières assurent la prolifération des cellules immunitaires et
une synthèse d’anticorps rapide et adaptée, avec apparition de
fièvre et de ganglions, qui permettent le contrôle de l’infection
en quelques jours dans la plupart des cas, sans antibiotiques.
L’efficacité de nos défenses naturelles, assurée entre autres par
la flore buccale saine (les bonnes bactéries, qui assurent cette
mission de défense), est donc remarquable.
Or il se trouve que, paradoxalement, tout mettre à sa bouche
– ce que fait l’enfant, mais aussi l’adulte, qui n’est finalement
qu’un grand enfant – est en réalité l’expression d’un réflexe de
survie qui nous permet d’enrichir notre flore, de stimuler notre
immunité, bref, de nous adapter au mieux et au plus vite à
l’environnement extérieur (règle d’or de la survie). Dans la
nature, rien n’est totalement le fruit du hasard, tout ce qui a
perduré a prouvé son efficacité. Si ce geste de tout porter à sa
bouche, très dangereux pour notre santé (car c’est ainsi que
l’on contracte les maladies orofécales, l’hépatite A, la
typhoïde, les gastro-entérites virales, le Covid-19…), se
perpétue, cela veut bien dire que ses bénéfices sont plus élevés
que ses possibles conséquences infectieuses, pourtant terribles.
La théorie hygiéniste le suggère d’ailleurs fortement : trop
de nettoyage et de désinfection de notre environnement
extérieur conduirait petit à petit à notre stérilisation interne, ce
qui serait délétère pour notre système immunitaire. En réalité,
notre information génétique est d’une incroyable pauvreté, et
notre mobilité génétique, c’est-à-dire notre capacité
d’adaptation génétique vis-à-vis de notre environnement, quasi
nulle. Nous devons donc compter sur l’enrichissement de notre
flore, de notre microbiote, pour renforcer notre immunité. Et
nous faisons cela en « ingérant » l’extérieur, via des aliments
riches en diversité bactérienne, virale et fungique.
Bien sûr, nous devons continuer à sélectionner nos aliments,
à les nettoyer, à les cuire. Mais que se passera-t-il si le monde
qui nous entoure, à force de « désinfection », s’est appauvri ?
La flore symbiotique qui nous défend ne pourra plus se
renouveler, ni bénéficier des multiples recombinaisons
génétiques que la nature concocte en dehors de notre corps
pour lutter contre les ennemis extérieurs. À force de stériliser
l’extérieur, notre capacité d’adaptation s’amenuise, et la nature
devient dangereuse. Pire, notre égocentrisme s’accroît et nous
ne concevons même plus de subir la sélection naturelle. Nous
sommes en train de créer l’anthropocène intérieur, une
dévastation de notre terre intérieure. Qui viendra à notre
secours en cas d’épidémies virales répétées et à mutations
rapides ? Comment survivrons-nous, avec une immunité
atrophiée ? Notre intelligence a émergé grâce à notre capacité
d’évolution physique. Comment continuer à évoluer si nous
prenons le chemin de l’immobilité ? Nous devons réapprendre
à cultiver notre jardin intérieur et à entretenir la diversité.

La bouche : un nid (super organisé) de bactéries, virus


et phages

L’efficacité du nettoyage et du tri qui permettent notre


adaptation et notre survie dépend avant tout de la flore de
notre bouche 1, c’est-à-dire de l’ensemble des bactéries qui y
assurent une mission clé : empêcher les vilains germes
d’entrer. On sait aujourd’hui que notre côlon contient des
milliards de bactéries par gramme de selles et que la bouche
abrite, après lui, la deuxième flore la plus abondante de
l’organisme, avec 10 milliards de micro-organismes – c’est
plus que l’estomac, le duodénum et les soixante-dix premiers
centimètres du jéjunum (à surface égale).
La particularité de la flore buccale est d’être au carrefour
des voies de la sphère ORL (nez, oreilles, gorge et larynx), de
celles qui mènent aux poumons (toux et respiration) et à
l’estomac (reflux), mais aussi d’être au contact de la peau, de
la plaque dentaire et des espaces gingivodentaires.
Or, les microbiotes du nez, des sinus, des alvéoles
pulmonaires, de l’estomac et de la peau sont différents. En
effet, chaque tissu (nez, estomac, intestin, etc.) est conçu
comme un ensemble de cellules assurant une fonction vitale
spécialisée indispensable à la vie. Ces fonctions spécialisées
reposent sur des structures de compositions différentes, qui
seront propices à la survie ou à la prolifération d’organismes
commensaux, parasites ou prédateurs différents. Ces tissus
fonctionnels doivent être préservés toute la vie durant, malgré
leur colonisation par des microbes plus ou moins destructeurs.
Plus l’organe est fragile (par exemple : le cerveau, les
articulations, les organes endocriniens comme la thyroïde ou
les surrénales, etc.) vis-à-vis des agents infectieux ou
inflammatoires, plus il est éloigné de la source de microbes
destructeurs. Ceci prolonge la survie de l’individu, somme
intégrative d’organes spécialisés.
La bouche doit par ailleurs composer avec des flores
extérieures très changeantes, qui varient en fonction de
l’alimentation (et de sa cuisson), de la saison, de la géographie
et des coutumes. Recueillant au moins en partie ce dont se
débarrassent les organes voisins (les reflux gastriques, et donc
la flore de l’estomac ; les écoulements provenant des sinus ; la
toux et les crachats provenant des poumons), elle doit aussi
composer avec les différentes flores intérieures.

Le biofilm et ses couches


La flore, aussi appelée « biofilm », est un monde
fonctionnel de bactéries, de virus (surtout des bactériophages,
voir ci-dessous) et de champignons. Les biofilms sont
comparables à des cités structurées, avec des architectures
tridimensionnelles solides, des voies de communication
liquides ou électriques, des zones actives et des zones
dormantes. Les biofilms peuvent produire ou nettoyer les
déchets provenant de nos aliments et des micro-organismes en
transit. Ils participent ainsi soit à encrassement et à l’asphyxie
de nos muqueuses ou bien à leur entretien.
Dans un biofilm, on identifie souvent plusieurs couches :
• Les couches profondes, à l’abri de l’air ambiant, qui
contiennent plus de bactéries anaérobies et de bactéries
susceptibles de se nourrir de nos tissus (notamment de nos
tissus blessés, desquels exsudent des sérosités plus ou moins
sanguinolentes). Ainsi, les bactéries retrouvées dans
l’interstice entre la dent et la gencive sont très souvent
pathogènes. Capables de se nourrir de sang, elles migrent
facilement dans la circulation générale et contaminent les
organes éloignés.
• Les couches superficielles, qui contiennent plus de
bactéries aérobies, capables de transformer les nitrates des
végétaux en nitrite, puis en monoxyde d’azote. Ce gaz est
essentiel à l’élasticité des tissus, à la protection antivirale et à
la préservation des échanges des fluides comme des électrons,
et donc au maintien des fonctions automatiques. Aux
premières loges, la flore superficielle profite à plein des
apports alimentaires, tandis que la flore profonde utilise
davantage nos tissus.
• Parfois, des couches intermédiaires, qui servent de relais
aux échanges énergétiques. Il est important que le flux soit
organisé du milieu nutritif extérieur vers nos tissus, et non pas
dans le sens inverse. La flore intermédiaire trouve ici toute son
importance, car c’est elle qui détermine le sens des échanges.
Les électrons (un des types de déchets produits pas les
biofilms) doivent être dirigés vers la lumière, pas vers les
tissus, sinon ils seront endommagés, ulcérés et infectés par des
bactéries charognardes.
Le biofilm idéal est donc riche en flore superficielle
productrice de monoxyde d’azote, qui repose sur une couche
intermédiaire exportant vers la lumière les déchets de ses
digestions (gaz, électrons, débris, etc.). La flore profonde est
pauvre, ou composée de bactéries inaptes à la consommation
de nos tissus, en particulier de tout fluide circulant (donc de
sang, de sels biliaires, d’acide hyaluronique, etc.). Le pire
biofilm est celui qui est dépourvu de flore productrice de
monoxyde d’azote, qui contient des bactéries anaérobies au
contact de zones blessées (véritables orifices béants vers nos
tissus nobles et nos vaisseaux), le tout associé à une flore
intermédiaire qui exporte les déchets vers l’intérieur et non
vers l’extérieur. Une bouche blessée contient une flore
particulièrement néfaste, qui peut s’étendre au reste du corps
et amener une masse de débris vers le cerveau. On notera qu’il
n’existe pas d’organe stérile, et que nos tissus nobles sont fort
heureusement protégés par des bactéries commensales
respectueuses.
En ce qui concerne la bouche, on peut donc parler de
biofilm interne, de biofilm muqueux (composé de plusieurs
couches, par exemple de couches supra-gingivale et infra-
gingivale) et de flore passagère, dans la lumière (la lumière
d’un organe creux désigne l’espace intérieur circonscrit par ses
parois). Tels les biotopes d’îles différentes, les biofilms sont
spécialisés en fonction de l’endroit où ils prospèrent. Leur
fonctionnement dépend des nutriments qu’ils collectent sur
place (y compris sur le sol, c’est-à-dire sur notre dos, parfois
nos propres tissus), du pH local (qui dépend en grande partie,
pour la bouche, du reflux gastro-œsophagien) et de l’oxygène
local (qui dépend de l’existence ou non d’anfractuosités
gingivodentaires).
Au sein de ces microbiotes, les bactéries cohabitent avec
divers autres micro-organismes, notamment les virus (comme
l’herpès, ou le papillomavirus), les phages et les levures (dont
le fameux Candida albicans). Parmi cette large population
d’habitants, les bactériophages (littéralement « mangeurs de
bactéries »), plus communément appelés phages, sont un type
de virus spécifiques fondamentaux : ils ne contaminent que les
bactéries, et pas les cellules humaines. Chaque bactérie peut en
contenir d’une centaine à plusieurs milliers. Les phages
peuvent soit tuer leur hôte – on les qualifie alors de
lysogéniques – soit rester quiescents, c’est-à-dire au repos, et
les respecter. Ils participent activement aux échanges de
fragments d’ADN (ils s’insèrent et se désinsèrent sans cesse
du génome de leur hôte, en lui laissant un morceau du leur, en
échange d’un morceau de gène de l’hôte) et donc à
l’acquisition de nouvelles fonctions, prises à d’autres
bactéries. Ainsi, ils diffusent par exemple les propriétés
d’antibiorésistance. Les phages implantés dans notre
muqueuse déterminent les bactéries qui vont être capables d’y
survivre. Ils préservent les bactéries dans lesquelles ils restent
quiescents et détruisent totalement (c’est une extermination
absolue !) toutes les autres bactéries, assurant ainsi la stabilité
de la symbiose. Les phages sont extrêmement nombreux dans
la bouche. Ils représentent probablement la protection buccale
la plus efficace.

Petits portraits de famille des bactéries buccales

Selon les résultats du projet « Human Oral Microbiome


Database », réalisé en collaboration avec la Faculté dentaire de
Harvard, aux États-Unis, il existe 771 espèces différentes de
bactéries buccales. Chaque individu abrite 100 à 200 de ces
espèces, et dispose d’un cocktail de bactéries spécifique. On
peut ainsi distinguer les bactéries aérobies (qui ne peuvent se
développer qu’en présence d’oxygène) et les bactéries
anaérobies (qui n’ont pas besoin d’oxygène pour se
développer), en particulier dans les sillons gingivaux
enflammés, c’est-à-dire dans les espaces entre les dents et la
gencive, et chez les sujets producteurs d’une grande quantité
de tartre (nous en reparlerons). On peut aussi distinguer les
bactéries commensales (c’est-à-dire protectrices) et les
bactéries opportunistes ou pathogènes, qui peuvent déclencher
des maladies. Faire la distinction entre les bactéries amies et
les bactéries ennemies est fondamental ; la plupart des
bactéries sont neutres ou bénéfiques.
Malgré la multitude de germes existants, il n’existe que trois
grands types de familles de microbiotes buccaux, c’est-à-dire
de « communautés » de bactéries compatibles avec la vie, ou
« biofilms ». Ces biofilms sont des configurations spécifiques
permettant à des bactéries différentes d’échanger des
molécules ou des électrons ; les déchets des unes devenant les
aliments des autres, transitant par des voies
d’approvisionnement et d’élimination. Cet assemblage
spécifique protège les bactéries et leur permet de survivre aux
antibiotiques, aux désinfectants, aux réponses immunitaires ou
encore à des conditions environnementales hostiles, comme un
pH acide ou les sels biliaires. Il est comparable à une
« éponge-forteresse », une sorte de plateforme blindée
composée d’individus avides et hétérogènes, conçue pour leur
permettre de survivre à partir des tissus sur lesquels elle s’est
installée 2.

Les trois types de flores (ou « biofilms »)


• La flore Streptococcus. C’est une flore plutôt aérobie ou
aérotolérante, avec des bactéries de la famille des
streptocoques et des lactobacilles. Cette flore normale
(considérée comme telle car elle existe chez les sujets en
bonne santé) tapisse les dents et les muqueuses, permet la
préservation de ces dernières, une bonne absorption des sucres
(énergie), des protéines (muscles), ainsi que la synthèse de
monoxyde d’azote, dont le rôle est essentiel pour une bonne
santé générale (nous y reviendrons plus loin). C’est la flore
idéale, vers laquelle il faut tendre.
• La flore Prevotella. Riche en bactéries de la famille des
Prevotella, ou campylobacters, c’est une flore agressive et
plutôt anaérobie. Elle résulte soit d’une génétique défectueuse
(synthèse basse d’interférons), soit (le plus souvent) d’un
environnement inadéquat : carences en apports (surtout en
vitamine D, fluor, zinc), flore familiale agressive (riche en
Propionibacterium acnes avec acné, psoriasis, rhumatisme
articulaire aigu…), tabagisme (actif ou passif), grande
humidité ambiante… Les caries sont alors précoces, voire
sévères. Des abcès les compliquent rapidement, aboutissant à
des dévitalisations, et nécessitant la pose de couronnes. Une
immunité antivirale insuffisante permet l’expression d’un
herpès virus (bouton de fièvre), d’un zona, d’un Covid-19
symptomatique ou de papillomavirus. Les aphtes sont
fréquents. Plus tard, à l’adolescence, le visage peut être soit
dévoré d’acné, soit souffrir d’une peau très sèche présageant
un futur terrain psoriasique. Proche de la bouche et porteur du
même type de microbiote, le nez est souvent irrité, voire
bouché. On retrouve un terrain allergique avec éternuements,
écoulement nasal abondant (souvent très influencé par la
dysbiose rattachée à la prise de sucres rapides, dont le lactose).
Cette flore inclut Helicobacter pylori (détectable par des tests
minutes sur prélèvement salivaire), Fusobacterium nucleatum
et Porphyromonas gingivalis, détectables sur les collets
dentaires par une fluorescence verte ou rouge (selon les filtres
et l’éclairage employés).
• La flore de charognards, avec les bactéries de la famille
des Fusobacterium nucleatum. Cette flore facilite la
dissémination des agents infectieux et l’essaimage des cellules
tumorales. Il s’agit d’une flore Prevotella altérée ou vieillie,
qui concerne les adultes malades, avec destruction massive des
muqueuses et reconstruction désordonnée. Elle peut être en
corrélation avec un déficit immunitaire génétique sévère
(rarement), une atteinte précoce et importante par des virus,
une cause toxique extérieure (alcool festif avec ivresse,
exposition à des agents mutagènes comme le tabac, ou
consommation de médicaments immunosuppresseurs) ou des
erreurs alimentaires répétées (farines contenant des levures ou
des mycotoxines, excès de nickel ou de gluten). L’hygiène
buccale est alors appauvrie, les dents gâtées et les gencives,
sanguinolentes, abritent des germes charognards (véritable
gangrène de surface), voire des amibes qui tentent vainement
de brouter les déchets laissés sur le champ de bataille. Plus
rien n’arrête les virus, qui altèrent les tissus profonds, arrivent
au contact des neurones, et seront transportés vers le cerveau.
Notons que l’on peut rencontrer un quatrième type de
biofilm : celui qui a été appauvri par des antibiothérapies
drastiques ou répétées, ou encore par un excès d’hygiène
(désinfectants buccaux, bains réguliers en piscine, aliments
avec des produits industriels stériles, absence de contact avec
la terre ou les aliments « bio »). C’est la flore typique du sujet
en surpoids ou avec obésité. Les flores pauvres produisent de
grandes quantité d’acides gras et se retrouvent fréquemment
chez les sujets en surpoids.

Les trois doshas de l’ayurvéda


Les trois biofilms principaux rappellent en partie les trois
entérotypes décrits pour le côlon (grâce aux études génétiques
récentes menées sur les selles).
Il est également intéressant de noter que ceux-ci croisent les
trois doshas (ou bioénergies) déterminés par la médecine
ayurvédique, la médecine traditionnelle indienne. Les doshas,
au nombre de trois donc, sont responsables de tous les
processus physiologiques et psychologiques de notre corps et
de notre esprit. Ce ne sont pas trois énergies différentes, mais
les trois aspects d’une même énergie. Ils sont en équilibre
permanent, et se modifient constamment. Tout trouble
physique ou psychologique a pour origine un déséquilibre des
doshas, et le but de l’ayurvéda est de restaurer cet équilibre.
Ainsi, le dosha Pitta correspond à la flore Streptococcus, le
dosha Vata correspond à la flore Prevotella, et le dosha Kapha
à la flore de charognards. Ces trois doshas sont présents chez
tout le monde, le rapport entre eux variant d’une personne à
l’autre, avec un dosha dominant. Aucun dosha n’étant meilleur
ou supérieur, chacun assurant un ensemble de rôles
fonctionnels. Leurs proportions, qui déterminent notre
« constitution ayurvédique », influencent la physiologie, les
goûts, les habitudes, le caractère, les vulnérabilités de chacun.
Dans la conception de l’ayurvéda, la santé est avant tout une
question d’équilibre global, d’art de vivre personnel. Cette
approche vise ainsi à responsabiliser chacun. A contrario, la
médecine occidentale actuelle, technique, spécialisée et donc
segmentaire, peu préventive et surtout « économique », voire
« comptable » (très dépendante de l’industrie pharmaceutique
et de la gestion hospitalière), déresponsabilise les individus.

Comment se forme la flore buccale


chez le nouveau-né ?

La flore buccale de la maman et celle du nouveau-né


En 2014, Kjersti Aagaard et son équipe 3 démontrent que la
flore buccale de l’enfant dépend de la flore buccale (et non
vaginale) de sa maman, et que le placenta n’est pas stérile. Les
travaux de Xu-Dong Dong et son équipe 4 le confirment en
2015. D’autres chercheurs 5 constatent que le mauvais état
buccal de la maman altère le biote placentaire, retentit sur le
poids à la naissance et instaure un microbiote déséquilibré
chez l’enfant. Une flore buccale altérée peut même favoriser
l’infertilité, puisqu’une flore utérine déséquilibrée (de type
buccal Prevotella) peut provoquer des avortements spontanés
précoces simulant une infertilité.
Par ailleurs, il est possible qu’une dysbiose (déséquilibre de
la flore) chez la maman conduise à une diminution de la
capacité d’expulsion (et donc au recours à plus
d’instrumentation ou à une césarienne). Inversement, une
bonne flore (eubiose) est toujours associée à une bonne
motricité automatique, et donc à une bonne expulsion.
On peut donc supposer que, chez une jeune maman fertile,
une flore buccale saine a un effet protecteur sur les
muqueuses : elle semble protéger sa muqueuse buccale, sa
muqueuse utérine et la muqueuse de son nouveau-né. Il s’agit
logiquement d’un biofilm « pionnier » (peu consommateur
d’énergie), producteur de monoxyde d’azote (favorisant à la
fois l’immunité antivirale de l’utérus, son élasticité et sa
capacité d’expulsion) et porteur de bactériophages
extrêmement sélectifs et tueurs de bactéries pathogènes
(staphylococoques, Fusobacterium, etc.). Une telle flore
buccale ne peut exister que dans un milieu présentant peu de
virus et de lésions !
Le type d’accouchement n’a probablement aucun rôle dans
la colonisation de la flore buccale de l’enfant. Une étude
menée en 2018 6 indique que les naissances par césarienne ou
par voie basse avec instruments seraient associées à un risque
très modérément accru de dysbiose intestinale chez l’enfant
devenu adulte, et presque uniquement chez la femme. Aucune
autre publication convaincante n’indique que les naissances
par césarienne diminuent l’espérance de vie, la qualité de vie
ou les performances physiques ou intellectuelles de l’enfant ou
de l’adulte. Il semble donc que, lors de l’accouchement, la très
peu probable contamination de la bouche de l’enfant par les
sécrétions vaginales (lors de cette phase d’hyperpression,
l’enfant ne respire pas et déglutit peu) soit sans impact sur le
reste de son existence. Ainsi, l’enfant qui naît par voie basse
n’est pas affecté par la flore vaginale de sa mère. Le rôle
protecteur de la flore acquise pendant la grossesse (y compris
des bactériophages) est en revanche fondamental.

Le rôle de l’allaitement
On estime que la mère et le nourrisson auraient 85 % de leur
microbiote buccal en commun. En réalité, la transmission du
microbiote maternel de la mère à son bébé est universelle (elle
a lieu chez les mammifères, mais aussi chez les oiseaux, les
poissons, les insectes, les reptiles), et elle s’opère même si les
contacts sont réduits, même si la maman ne postillonne pas sur
son bébé, même si elle porte un masque. Cette colonisation
s’accomplit dans les 48 heures qui suivent la naissance.
Comment expliquer cette vitesse de colonisation ? Par la
faiblesse des protections du bébé, de sa flore, qui accueillerait
sans distinction les microbiotes étrangers ? Mais alors
pourquoi n’accueille-t-il pas aussi ceux des infirmières, des
sages-femmes ou des nourrices ?
Deux hypothèses :
• Soit la muqueuse est « préformatée » durant les 9 mois de
grossesse (par des bactériophages) pour n’accueillir qu’une
flore identique à la flore buccale maternelle, première pierre
singulière d’un édifice qui se poursuit avec un biote extérieur
plus universel ;
• Soit la flore pré-existait à l’accouchement et ne fait que se
« révéler » dans les 48 heures suivantes, comme le microscope
révèle la bactérie jusque-là invisible mais bien présente dans la
boîte de Pétri (boîte de culture pour bactéries).
Quarante-huit heures est une durée beaucoup trop courte
pour croire qu’un biofilm, systématiquement identique à celui
de la mère, capable de survivre immédiatement et résistant aux
autres biofilms, puisse se structurer. Le microbiote est un
organe à part entière. Pour qu’il naisse viable, il faut que les
germes (au sens propre comme au figuré) aient été présents
dans nos tissus, et surtout dans nos muqueuses, avant la
naissance. C’est le biofilm buccal qui apparaît le premier. Le
placenta et le liquide amniotique contiennent probablement
des germes d’origine maternel (transmis par voie sanguine).
Ces germes vont coloniser la peau et surtout la bouche du
bébé. La succion du pouce ou les mouvements de la langue
sont très souvent constatés durant les échographies fœtales. La
flore buccale sera transmise par voie digestive et sanguine au
reste du fœtus. Elle permet la survie.
Le lait maternel n’est bien sûr pas stérile. Il contient des
bactériophages particuliers, que l’on trouve aussi dans la salive
(tout existe dans la salive) et pour certains dans les fluides
corporels (sang, lymphe, liquide intercellulaire, etc.).
Cependant, s’il participe probablement à la construction des
biofilms digestifs – et demeure le meilleur nutriment du
bébé –, il ne diminue pas les risques d’allergie et n’enrichit pas
la flore. L’hypothèse ci-dessus explique que le lait n’est pas
l’artisan principal de la construction du biote.

La complexification de la flore buccale,


quand l’enfant grandit
La diversification de la flore buccale, l’apparition
des dents, les infections virales
Quand l’enfant a entre 1 et 7 mois, sa flore buccale est
proche de celle des personnes qui le gardent (la nourrice, le
papa, etc.). Après la phase de survie, c’est la phase
d’adaptation à l’environnement. La diversification alimentaire
débute précocement, dès le 4e mois. Certaines bactéries
buccales commensales (par exemple, Bacillus fragilis,
Bacillus subtilis, Bacillus pumilus) permettent le
développement des tissus lymphoïdes digestifs et la synthèse
des premiers anticorps non spécifiques chez le bébé.
Plus tard, les premières dents constituent une nouvelle
surface pour la colonisation microbienne. Les biofilms adorent
les surfaces synthétiques ou minérales, car elles ne se
défendent pas (ni cellules immunitaires ni bactéries
concurrentes en nombre). N’oublions pas que les antibiotiques
proviennent d’organismes vivants, qui dispersent autour d’eux
ces agents toxiques, tuent leurs concurrents et s’aménagent
ainsi une place au soleil. Les germes capables de s’accrocher à
l’émail possèdent ainsi un avantage majeur sur les autres.
Les streptocoques sont les premiers à se fixer sur les dents.
L’érythème fessier, qui apparaît souvent lors des poussées
dentaires, s’explique par la fixation des streptocoques sur la
peau des fesses du bébé, après le transit de ces bactéries dans
le tube digestif, jusqu’à l’anus. Sur ces streptocoques, d’autres
bactéries vont pouvoir se fixer, comme Porphyromonas
gingivalis, un grand pourvoyeur de caries. Si l’hygiène
dentaire est satisfaisante et si le streptocoque ne s’associe pas
à d’autres malfaiteurs, point de caries.
Entre 3 mois et 18 mois surviennent aussi des infections
virales qui pourront induire de graves maladies dès l’enfance,
par exemple les bronchiolites dues au virus respiratoire
syncytial, qui est associé à l’asthme, le syndrome pieds-mains-
bouche, qui est associé à la maladie cœliaque, ou la roséole
(herpès de type 6), qui est associée à l’eczéma. Ces terrains
viraux sont favorisés par des déficits immunitaires modérés
(peu de synthèse d’interférons). La flore buccale est souvent
inflammatoire. On observe plus de caries, et une flore
Prevotella se met en place. L’herpès buccal est plus fréquent,
ainsi que les allergies au nickel (qui inclut aussi les réactions
aux boucles d’oreille fantaisie). Ces patients/patientes feront
plus d’acné lors de la puberté.
Entre 2 et 4 ans, la flore buccale est relativement proche de
celle de l’adulte. Elle restera stable jusqu’à la puberté. Jusque-
là, elle évolue en fonction de la présence ou non de dents, de
leur position, du volume et de la teneur de la salivation, de la
mastication.

La flore buccale à la puberté

Lors de la puberté, l’explosion hormonale conduit à la


production massive de graisses sous-cutanées ou sous-
muqueuses. Du pain béni pour Propionibacterium acnes, qui
prospère dans les milieux gras et acides. Cette bactérie est
également présente au niveau des follicules pileux, qui abritent
aussi les glandes sébacées et les cellules souches de la peau.
Bactéries + milieu de culture + abus de sucre : la bombe est
prête pour l’acné, les caries, les fermentations digestives avec
stagnations gastriques, et reflux gastro-œsophagiens (rots). La
flore des 12-22 ans n’a souvent rien d’enviable.

L’heure du baiser adolescent (et adulte)


Le risque du baiser amoureux concerne surtout les virus, en
particulier les herpès virus : l’herpès de type 1 et 2, le virus
d’Epstein-Barr (aussi appelé le virus de la « maladie du
baiser », ou mononucléose infectieuse) ou le cytomégalovirus.
Le virus du Covid-19 peut s’ajouter à cette liste des virus
transmissibles par le baiser. On citera aussi les papillomavirus,
le HIV et les virus des hépatites virales B ou C en cas de
microlésions gingivales, même si le baiser n’est pas vraiment
impliqué. Les infections par herpès virus sont favorisées par
une immunité basse et une carence en monoxyde d’azote,
c’est-à-dire par une flore pauvre ou une flore Prevotella, donc
par un terrain allergique (toujours survenu précocement).
Il est important que les membres d’une même famille (ou
les amoureux) essaient d’éviter d’attraper les virus buccaux les
uns des autres, car ces virus sont extrêmement néfastes pour la
santé (nous y reviendrons largement). L’idéal, en cas de
contamination, est de pouvoir stimuler son immunité et
renouveler sa flore, pour que les poussées et réplications
virales disparaissent (sinon, un traitement antiviral devra être
prescrit par le médecin traitant). Attention aussi aux périodes
de gingivites ou de parodontites, car les trois grandes familles
d’herpès se répliquent alors intensivement. Attention enfin aux
patients porteurs de maladies auto-immunes : la grande
majorité d’entre eux excrètent de grandes quantités de virus
herpétiques dans leur salive, et pas seulement pendant les
poussées. Un traitement adapté et une amélioration de la flore
s’impose pour eux, leur entourage, et leur amoureux.
Qu’en est-il du biofilm bactérien ? S’échange-t-il par les
baisers ? Beaucoup moins. Il est troublant de constater que
certains couples partagent exactement les mêmes biofilms,
alors que leurs passés médicaux prouvent qu’ils avaient des
flores bien différentes à l’origine ; et que d’autres couples
possèdent des flores incompatibles, qu’ils ne se transmettent
pas… Souvent, ce sont les enfants qui vont panacher les deux
flores et en subir les graves conséquences, souvent
précocement.
Une étude suédoise a montré que les couples très unis qui
s’embrassaient souvent avaient le même biofilm. J’ai
également remarqué que l’analyse des gaz expirés donnait des
résultats similaires chez de tels couples. En général, deux
années de vie commune sont nécessaires. Il est probable qu’un
même régime alimentaire et une même hygiène, le partage du
lieu d’habitation, la promiscuité physique et les baisers répétés
en soient la cause.
Rappelons que c’est la greffe de phages qui permet à un
sujet obèse de redevenir mince, alors que la destruction d’une
flore par antibiotiques aboutit à une prise de poids. Le partage
du biofilm buccal (et donc des phages buccaux) nécessite
probablement des conditions d’accueil spécifiques et s’opère à
travers un processus nécessitant beaucoup de temps et une
certaine répétition.
Un équilibre à préserver

Dans les conditions idéales, tout ce petit monde présent


dans la bouche fonctionne de manière optimale. Le microbiote
est riche et équilibré (on parle d’eubiose) ; et les bactéries
commensales sont présentes sur toutes les surfaces de la
bouche, ce qui laisse peu de place au développement des
bactéries pathogènes. Voilà le cadre idyllique. Dans la réalité
des faits, les facteurs de déséquilibre (dysbiose) sont
nombreux.

Quand la flore buccale est déséquilibrée


L’équilibre de la flore buccale joue un rôle déterminant sur
la bonne santé de la bouche dans son ensemble. Tout
déséquilibre est une porte ouverte aux infections dentaires,
osseuses (abcès ou kystes) et gingivales, la plupart étant dues
aux bactéries anaérobies. Schématiquement, le déséquilibre de
la flore supragingivale entraîne une déminéralisation des tissus
durs : c’est la carie dentaire pouvant in fine atteindre l’os au
niveau de l’apex (l’extrémité de la racine) de la dent. Le
déséquilibre de la flore sous-gingivale, lui, est responsable des
maladies parodontales. Les bactéries vont prospérer dans des
tissus mous très vascularisés et pouvoir essaimer par voie
sanguine vers des organes éloignés.

Les caries
La carie est le résultat d’une dysbiose buccale : les bactéries
pathogènes prolifèrent dans la plaque dentaire, et
déminéralisent l’émail et la dentine, aboutissant à la
destruction progressive de la dent. La plaque dentaire est une
sorte d’enduit qui se dépose à la surface des dents et des
gencives. Elle est formée de protéines salivaires, de déchets
alimentaires (sucre et acides) et de bactéries. Avec le temps, la
plaque dentaire se densifie, se calcifie, provoquant la
formation de tartre. Certaines bactéries, comme Streptococcus
mutans, utilisent le sucre de l’alimentation pour fabriquer des
acides qui vont attaquer les dents, et entraîner l’apparition des
caries. Deux bactéries très dangereuses s’accrochent sur
Streptococcus mutans : Fusobacterium nucleatum et
Porphyromonas gingivalis, les deux grands affreux des
microbiotes, bien pires que le célèbre Candida albicans (plutôt
inoffensif).

La gingivite et la maladie parodontale


La carie est un moindre mal. Certaines bactéries (différentes
de celles qui provoquent les caries) s’attaquent à la gencive,
qui est le tissu de soutien de la dent. Le mal est alors plus
profond. Localement, l’infection provoque l’inflammation de
la gencive (gingivite) et la mort des cellules épithéliales,
aboutissant à une rétraction gingivale et à la mise à nu des
collets ou des racines dentaires. Cette atteinte gingivale,
appelée maladie parodontale, touche 10 à 30 % de la
population. Elle commence souvent à s’installer vers l’âge de
30 ans avec, au départ, une évolution très lente. En l’absence
de traitement, elle détruit également l’os, d’où une mobilité
des dents saines, puis leur chute prématurée.
Une dizaine de variétés de bactéries anaérobies, ainsi que
les virus de la famille des herpès (herpès simplex 1/2, EBV et
CMV), sont clairement impliqués dans cette pathologie, selon
les spécialistes de ce domaine. Néanmoins, et malgré les
efforts de ces derniers, aucun progrès notable n’a été accompli
depuis trente ans. Les nouveaux concepts sur
l’antibiorésistance des biofilms et sur les contaminations ping-
pong entre les sites hébergeurs via la voie hématogène aident à
comprendre pourquoi la maladie parodontale résiste aux
traitements locaux.
La maladie parodontale n’est pas une maladie locale, mais
générale. C’est un signe d’inflammation chronique diffuse, qui
augmente considérablement le risque de neurodégénérescence
(Parkinson, Alzheimer), de problèmes cardiovasculaires,
d’ostéoporose, et mène à la destruction de l’ensemble des
muqueuses et à l’atteinte du système nerveux autonome
(acouphènes, vertiges, malaises vagaux, troubles du rythme,
mauvaise vidange vésicale, troubles sexuels, etc.). On peut la
classer parmi les maladies auto-immunes, et il convient, chez
la personne qui en est atteinte, de vérifier qu’elle ne souffre
pas d’autres maladies inflammatoires. Les atteintes de la
thyroïde, des articulations (mains ou lombaires), de la peau
(psoriasis ou dépigmentation, chute des cheveux) et de la
muqueuse colique – avec recto-colite a minima (d’où
l’augmentation notable du risque de polypes coliques) – sont
en effet souvent associées aux atteintes gingivales.
La maladie parodontale est également associée à un risque
accru de cancer. Dans une étude, j’ai montré que, en cas de
maladie parodontale, lorsque le cytomégalovirus se réplique et
lorsque la thyroïde est touchée, le risque de polype colique, de
cancer (sein, côlon-rectum, prostate, col de l’utérus) ou de
syndrome métabolique est très augmenté.
On constate très souvent une atteinte du système nerveux
autonome et une mauvaise vidange gastrique, aboutissant à des
reflux gastro-œsophagiens et à une hyperacidité buccale.

Les cancers de la bouche, de l’œsophage


(mais aussi de l’estomac, du côlon, du sein ?)
La bouche contient très souvent des papillomavirus, ces
virus rendus célèbres par leur implication dans le cancer du col
de l’utérus, cause des dépistages réguliers et de la mise en
place de la vaccination chez les jeunes filles. Particulièrement
cancérigènes, ils sont en train de devenir la première cause de
cancers de la bouche, devant le tabac ou l’alcool. Les cancers
buccaux ont en effet été associés à une poignée de virus et de
bactéries, les mêmes que ceux impliqués dans les maladies
parodontales – à savoir, les papillomavirus donc, mais aussi
Porphyromonas gingivalis, Fusobacterium nucleatum, et le
virus d’Epstein-Barr (EBV). Ces quatre malfaisants sont aussi
directement impliqués dans les cancers de l’œsophage, de
l’estomac et du côlon. Pour les papillomavirus et
Fusobacterium nucleatum, plusieurs publications suggèrent
une circulation hématogène menant à une colonisation du sein,
avec risque tumoral accru. À noter : c’est l’association
Fusobacterium nucleatum et papillomavirus qui est désormais
considérée comme la cause du cancer du col de l’utérus.
Le mécanisme pathogène observé au niveau vaginal se
produit en fait à l’identique au niveau buccal, œsophagien,
gastrique, colique et mammaire. Cette physiologie maligne est
ubiquitaire (c’est-à-dire potentiellement présente à plusieurs
endroits en même temps). Fusobacterium y joue un rôle
essentiel, puisqu’il inhibe les défenses immunitaires (en se
fixant sur les récepteurs de certains globules blancs), bloque
l’apoptose (mort spontanée) des cellules tumorales et
augmente l’autophagie (et donc la résistance) des cellules
tumorales, en particulier à la chimiothérapie ou à la privation
de ressources. Fusobacterium ouvre les portes grâce à ses
enzymes destructrices (protéases) et se disperse via les voies
lymphatiques jusqu’aux ganglions. Il favorise ainsi largement
les métastases. Il se fixe sur certains sucres de surface de
cellules muqueuses spécifiques, en particulier celles qui
viennent d’être réparées (et donc davantage susceptibles d’être
porteuses d’une mutation viro-induite). Fusobacterium circule
dans le sang et chemine jusqu’à sa cible : une cellule en
prolifération, mutée. Il va lui ouvrir la voie de l’apport de
nutriment par la destruction tissulaire environnante, de la
permissivité immunitaire et de l’extension sanguine. Il est
possible que d’autres cancers procèdent d’une même
physiologie : cancer de l’ovaire, du pancréas, certains cancers
du foie…

Les principaux facteurs de risque


Notre flore buccale dépend bien sûr de ce que nous
mangeons et de notre environnement. Une alimentation sucrée
favorise les bactéries cariogènes. Le tabac, l’alcool ou les
acides favorisent les atteintes des muqueuses ou de la langue.
Les squames cutanées des autres membres de la famille, ou les
microgouttelettes de salive transmises par les parents, frères et
sœurs, personnels de crèche ou de maternelle, peuvent
contenir des herpès simplex, ou des herpès buccaux, et
provoquer des désastres.
Les poussières environnementales jouent aussi un rôle
important. C’est le cas par exemple de l’aspergillus, une
moisissure que l’on trouve dans les lieux humides et qui colore
les murs et les parquets des appartements affectés par un dégât
des eaux ou un défaut de ventilation. C’est aussi le cas des
grains de silice ou des microparticules dégagées par les
moteurs diesel. Il est également possible que des poussières
organiques, comme les poussières de farine (parfois
contaminée par les levures et leurs toxines, ou par les pollens)
modifient les muqueuses et donc les flores qui y sont
accrochées.
Enfin, notre flore buccale dépend aussi, bien sûr, de notre
hygiène dentaire et de nos comportements. Les flores
consommatrices de débris alimentaires et donc
« charognardes » ne doivent pas entrer en contact avec nos
muqueuses, au risque de les consommer. Les dents (et tous les
recoins interdentaires) doivent donc être soigneusement
débarrassées des moindres débris. Elles ne doivent pas non
plus être traumatisées, et ne doivent donc pas servir d’outil aux
bricoleurs grands ou petits pour, par exemple, sectionner un
fil, déchirer un emballage ou un morceau de scotch, tenir des
clous… Ni pour couper ses ongles… Attention aussi aux
fractures dentaires fréquentes dans certains sports. Il faut se
rappeler qu’un canal dentaire est un accès direct à l’os de la
mâchoire. Or, l’os se défend très mal contre les infections, il
ne peut que circonscrire un foyer, pas le stériliser. L’infection
gagnera soit la gencive, soit une autre dent (les caries des
collets sont souvent multiples et d’évolution très rapide), soit
la voie sanguine et un autre organe (articulations, prostate,
cœur, rein, muqueuse du côlon, etc.). Nous reviendrons plus
tard sur ce qu’il convient de faire, et surtout de ne pas faire,
pour préserver sa bouche et tout son écosystème.

Muqueuse, innervation, immunité :


les trois composantes de l’équilibre
L’eubiose implique une bonne flore, donc une bonne
muqueuse avec une bonne élimination des déchets (molécules
et électrons) vers la lumière digestive et les selles. Cela
implique aussi une bonne innervation et une bonne immunité.
À l’inverse, la dysbiose signifie la destruction de l’équilibre
entre ces trois composants : la muqueuse est fine et
perméable ; l’innervation est inadaptée, aboutissant soit à un
spasme (une hypertonie), soit à une suppression de la motricité
aboutissant à une hypotonie ; l’immunité est altérée, avec une
inflammation permanente et une baisse des défenses
antivirales.
L’étanchéité de la muqueuse
L’inflammation de la muqueuse conduit à un mécanisme de
réparation que l’on appelle « transformation
mésenchymateuse ». Les cellules normales des muqueuses
adhèrent les unes aux autres par des protéines d’ancrage (par
exemple, la zonuline ou la E-cadhérine). Normalement, les
jonctions entre les cellules étant très serrées, elles ne
permettent pas le passage de fragments, et encore moins de
germes ou d’autres cellules. On peut imaginer des carreaux de
carrelage sans joint, étroitement unis les uns aux autres. Si un
carreau se brise, une cellule voisine va sortir du rang en
perdant ses accroches, se diviser. L’une des deux cellules filles
va se déplacer dans le trou à obturer puis re-synthétiser des
molécules d’accroche. Tout cela prend du temps, durant lequel
la perméabilité n’est plus assurée.
Si des molécules ou des germes indésirables s’engouffrent
alors dans la brèche, ils peuvent induire une réponse
immunitaire inflammatoire, avec synthèse d’anticorps et de
médiateurs inappropriés à l’eubiose. Parfois, la réparation est
trop lente, et un aphte, un ulcère ou un abcès survient, voire
une infection à distance. La protection mécanique du corps
n’est plus assurée. Parfois, la réparation est hypertrophique :
elle s’accompagne de l’apparition d’un polype ou d’une lésion
pré-tumorale sur les berges de la lésion initiale.

La qualité de l’innervation
Les virus peuvent endommager les nerfs. C’est aussi le cas
de l’alcool, de nombreux médicaments, des carences (surtout
en vitamines B), des toxiques environnementaux (pesticides,
composés pétroliers volatiles, comme les vernis, les colles,
etc.), des particules aériennes (tabac, silice, métaux, spores de
levures), des mycotoxines (toxines de moisissures), etc.
L’innervation sous-muqueuse dépend du système nerveux
autonome (nous en reparlerons). Elle assure la régulation de
l’immunité, la qualité de la perfusion, la régulation du tonus
des tissus (essentiel pour le calibre d’un canal ou pour un tissu
barrière, comme le palais mou, le pharynx, les joues).
Toute détérioration de l’innervation aboutit d’une part à une
perte de fonction, d’autre part à la transmission d’une
information négative vers le cerveau, qui répondra par une
tentative de réparation ou de protection (apparition d’un
œdème, d’où gonflement des lèvres ou de la langue,
déclenchement d’un spasme, d’où gêne respiratoire ou de la
déglutition). Les filets nerveux terminaux vont jusqu’au
contact des muqueuses. La moindre information gustative,
thermique, agressive est analysée. Le biofilm bactérien nous
préserve d’un excès d’information et d’un excès de réaction. À
noter : une inflammation de la muqueuse est immédiatement
rapportée au cerveau, qui s’inflamme à son tour et peut
transposer le « stress » à un autre organe. La survenue d’un
infarctus du myocarde par spasme coronarien est
abondamment décrite après des grippes ou des ulcères
d’estomac.

L’immunité antivirale
L’immunité antivirale repose surtout sur les interférons,
dont la synthèse est principalement contrôlée par des
lymphocytes T auxiliaires (un sous-groupe des globules
blancs). Leur nombre et leurs performances dépendent de
facteurs génétiques, mais aussi de la maturation de notre
système immunitaire entre 3 et 18 mois. Une carence en
vitamine D, une exposition à des poussières ou une
contamination virale dans cette période critique conduisent à
des dérives qui ne pourront pas être totalement corrigées
ensuite. Les virus chroniques détruisent régulièrement les
muqueuses, tout particulièrement la partie superficielle (qui
accueille la flore aérobie, productrice de monoxyde d’azote),
ce qui avantage encore la prolifération virale. Ces virus sont
malheureusement souvent neurotropes (agissent sur le système
nerveux) et ils diminuent l’innervation intrinsèque de l’organe
touché, qui va perdre de son efficacité. Par exemple, la
sécrétion salivaire peut diminuer ; les ligaments alvéolo-
dentaires (ou parodontaux) peuvent devenir fragiles ou
douloureux, ce qui retentit sur la mastication ; les tissus
élastiques s’étendent moins, ce qui peut gêner la déglutition, la
phonation, la respiration ou la vidange d’un canal comme la
trompe d’Eustache.
La porte d’entrée vers l’intestin…

Au-delà de la bouche, le microbiote buccal va déterminer en


partie la composition du microbiote de la partie haute du
système digestif. D’où l’importance d’en prendre soin !
Par opposition à l’estomac et au duodénum – qui emploie de
grandes variations de pH et les sels biliaires pour décimer les
bactéries –, la bouche dispose de peu de mécanismes de
défense pour se protéger, et pour éviter la dissémination des
bactéries buccales vers la suite du système digestif.
L’immunité de surface (anticorps – IgA en particulier – et
lymphocytes, sous-groupe des globules blancs) guette les
germes en cours de transit, bloque ceux qui ont déjà été
reconnus lors d’une précédente exposition (immunisation
buccale, respiratoire, cutanée, digestive…) et apprend à
reconnaître les nouveaux venus. La salive des sujets sains
participe également à la désinfection, via une enzyme, le
lysozyme, mais aussi grâce à un processus particulier, la
réduction des nitrates en nitrites, qui ne survient que dans la
bouche et permet la production de monoxyde d’azote, un
composé chimique essentiel éliminant de nombreux agents
pathogènes, bactéries ou virus (je reviendrai plus loin sur son
rôle central dans la santé).
La flore buccale est un miroir assez fidèle de la flore sous-
jacente, au moins jusqu’à ce que l’on appelle la « pince aorto-
mésentérique ». Comme son nom l’indique, celle-ci est
localisée entre l’aorte et l’artère mésentérique, qui est l’artère
digestive principale. En raison de notre position debout, ce
croisement forme une pince, qui coince le début de l’intestin
grêle. Plus l’estomac – situé juste au-dessus – est plein, plus la
pince se ferme, et donc moins la vidange est aisée, ce qui
favorise les reflux de l’estomac vers l’œsophage, provoquant
des rots et des brûlures acides derrière le sternum ou dans la
bouche. Cela explique pourquoi la bouche est plus facilement
agressée par l’acidité gastrique chez les humains que chez les
quadrupèdes. Cette particularité favorise aussi l’inflammation
buccale, les caries, les gingivites… Mais rassurez-vous : cette
acidité gastrique, modérée, n’est pas en mesure de trouer
l’œsophage. Sur le long terme, les flores buccales et gastriques
sont souvent mélangées. Cela explique pourquoi, dans la
bouche et dans l’estomac, on retrouve fréquemment une même
bactérie, Helicobacter pylori.
Au-delà de la bouche, la sélection du microbiote s’appuie
sur :
– Les variations de pH (acide ou alcalin) : ils s’opèrent dans
l’estomac et dans le duodénum, sur tout au plus 50
centimètres.
– Le taux d’oxygène. Celui-ci décroît progressivement de la
bouche jusqu’à la fin de l’intestin grêle, donc sur 7 à
8 mètres. La flore est donc essentiellement aérobie.
– Les sels biliaires synthétisés par le foie.
– La barrière formée par la muqueuse, dont la nature varie :
riche en mucus ou non, kératinisée (donc cornée) ou pas,
très absorbante ou non.
Les bactéries buccales anaérobies ne retrouvent un milieu
propice à leur culture que dans l’appendice puis dans le côlon.
Elles se servent des lipides et de leur transporteur, les sels
biliaires, pour rejoindre la fin de l’intestin grêle. Les bactéries
buccales invasives, comme Fusobacterium nucleatum
(souvent présente dans la plaque dentaire), sont libérées à la
fin de l’iléon, à proximité de l’orifice appendiculaire, et dans
le cæcum. Celle-ci est souvent reconnue comme responsable
des cancers du côlon droit. Par diffusion hématogène ou bien
par reflux, elle est aussi impliquée dans les cancers hépatiques,
ORL, pancréatique ou du sein.
L’essentiel de la sélection bactérienne s’effectue donc dans
la première partie de l’intestin, que l’on peut délimiter entre
les arcades dentaires et la dernière portion du duodénum (qui
passe entre la pince aorto-mésentérique). Cette première partie
reçoit les aliments, les sécrétions buccales, gastriques,
hépatiques et duodénales. Elle coordonne la vidange
gastroduodénale, éliminant, chez le sujet en bonne santé, 99 %
des germes buccaux. Elle permet la fabrication de la totalité du
monoxyde d’azote d’origine bactérienne, soit plus de 50 % du
monoxyde d’azote total, et elle assure l’essentiel de
l’autophagie protectrice de l’intestin (processus de destruction
et de recyclage des éléments cellulaires endommagés). Elle
détermine la flore du grêle et du cæcum. Si l’on inclut les 70
premiers centimètres du grêle (sous l’influence directe de la
flore, de la motricité, des sels biliaires provenant du
duodénum), cette première section de l’intestin permet 70 %
de l’absorption totale des nutriments, et 70 à 80 % de
l’immunité digestive. En un mot : la bouche, c’est la vie !
Bouche, estomac, duodénum et début du jéjunum
constituent donc une unité fonctionnelle. Si cette unité est
endommagée, les reflux jéjunaux-gastriques puis gastro-
œsophagiens, extrêmement fréquents, brassent et uniformisent
la flore haute. Les sels biliaires déconjugués et pro-
inflammatoires exercent un effet destructeur sur les gencives.
Les variations de pH entre l’estomac (très acide) et le
duodénum (alcalin) s’estompent. Le sphincter d’Oddi (reliant
le foie et le pancréas) se distend, permettant des reflux vers le
canal cholédoque (canal par lequel la bile fabriquée par le foie
peut s’écouler dans le tube digestif) ou le pancréas. Reflux et
flore inflammatoire augmentent le risque de pathologies
pulmonaires avec fausses routes (pneumonie, bronchites
bactériennes), de sinusite, de crises d’asthme ou de bronchites
chroniques.
Est-ce une modification de la flore buccale qui provoque, en
cascade, l’altération d’un biote sous-jacent ou bien est-ce la
flore gastro-duodénale qui commande ? Tout plaide plutôt en
faveur du rôle prépondérant des herpès virus qui contaminent
la bouche, puis l’estomac/duodénum et le grêle, ce qui induit
un reflux gastro-duodénal, une abrasion des muqueuses, un
afflux de lymphocytes infectés et, enfin, une flore anaérobie
buccale qui prospère spécifiquement sur les muqueuses viro-
infectées. Cet ensemble dresse un tableau de dysbiose propice
à l’inflammation hépatique, à la gastroparésie (ralentissement
des mouvements de l’estomac, associé à une baisse de leur
amplitude), aux cancers, à l’auto-immunité, aux maladies
auto-immunes. Le jardin qui va nous protéger contre ces
complications se situe dans notre bouche, ainsi que dans nos
poumons, nos sinus et notre estomac-duodénum. Tant que ces
grands réservoirs ne sont pas surnettoyés par des antibiotiques,
nous pouvons les réensemencer mutuellement…
En conclusion, retenons avant tout que la flore buccale
influence fortement la flore sous-jacente, surtout jusqu’au
duodéno-jéjunum. Cette flore est particulièrement importante,
car elle protège nos fluides via les phages, qu’elle maintient en
circulation, probablement par la voie hématogène. C’est cette
flore, et ces phages, qui permettent la fertilité, grâce à leur
pouvoir destructeur sur les flores agressives (Prevotella).
Comme nous le verrons par la suite, l’appauvrissement de
cette flore, ainsi que des infections virales chroniques,
conduisent à la plupart des pathologies sévères de notre
époque. La prévention, qui doit débuter le plus tôt possible,
doit chercher à maintenir la qualité de cette flore buccale le
plus longtemps possible. Il est difficile de savoir qui de la
poule ou l’œuf initie une pathologie. On peut néanmoins
avancer que l’altération progressive de la flore buccale (ou de
la flore digestive haute) provoque une atteinte des muqueuses,
puis du système nerveux automatique, avec notamment des
troubles des fonctions sécrétoires, musculaires et
immunitaires.
2
Ces maladies qui commencent
dans la bouche

La bouche n’est pas un organe isolé, qui serait associé à une


flore de surface que l’on ne retrouverait que sur quelques
centimètres carrés. Elle est au contraire en lien permanent avec
le reste de l’organisme. En effet, malgré sa résistance, la
muqueuse buccale peut être endommagée par des aliments
durs et pointus, des débris interdentaires ou du tartre, qui
entrent alors en contact avec le sang. Or, ce dernier constitue
un excellent substrat de croissance pour certaines bactéries
buccales, qui pourront ensuite gagner le flux sanguin ou
lymphatique, y prospérer, et contaminer d’autres organes à
distance. Cette voie de contamination dite « hématogène »
semble dominer les autres. Ainsi, quand un biofilm intrusif (de
type Prevotella) domine la flore buccale, certains éléments de
ce biofilm vont avoir tendance, dès qu’il y aura lésion, à
contaminer par voie hématogène l’ensemble des tissus de
même signature biochimique ou immunologique, soit avec des
éléments constitutifs proches (beaucoup de tissus
viscoélastiques par exemple) et une défense immunitaire faible
(comme les articulations, la thyroïde, le pancréas ou la
prostate).
Parfois, d’autres éléments du biofilm essaiment, par d’autres
voies. La voie neurologique pour certains herpès, la voie
hématogène pour certains papillomavirus (ou virus
herpétiques), la voie digestive pour certaines bactéries. Le
biofilm ainsi reconstruit sera proche de l’original mais encore
plus adapté à son environnement. En effet, la bactérie buccale
emportée par le flux sanguin ne s’arrêtera sur une cellule cible
que si cette dernière porte une molécule de surface – souvent
un sucre ramifié – pour laquelle elle présente un récepteur
avec une forte affinité. Ce lien étroit garantit la pérennité du
biofilm. Tant pis pour les cellules qui arboraient la cible. On
comprend pourquoi le biofilm est souvent diffus sur tous les
organes d’un même type, surtout en cas de lésions
sanguinolentes.
Parfois, les biofilms génèrent des pathologies par les
déchets qu’ils produisent. Le plus souvent, il s’agit de déchets
provenant de nos propres cellules mortes, pas des germes eux-
mêmes. Ces déchets se propagent en suivant le nerf vague et
contaminent surtout le cerveau. Certes, on peut en retrouver
dans la circulation, les muscles, la peau et différents organes.
Néanmoins, la grande masse converge vers le système nerveux
central. Les biofilms buccaux, qui s’étendent à l’estomac et au
début du grêle, sont ainsi à l’origine des
neurodégénérescences.
De nombreux organes peuvent donc être affectés par les
biofilms (bactéries et virus) buccaux et déclencher des
maladies inflammatoires à distance : l’intestin (par exemple
dans le cas d’une rectocolite hémorragique) ; le pancréas (par
exemple, diabète de type 2) ; les articulations (polyarthrite
rhumatoïde ou rhumatisme articulaire aigu) ; le cœur ; les
poumons ; le cerveau (par exemple, maladie de Parkinson)…

La bouche, premier organe à inspecter


pour rechercher une inflammation chronique

Quel est l’impact de la cavité buccale ou de sa flore sur


notre santé générale ? Lors de mes recherches, je n’ai pas
trouvé de publications synthétiques et transversales
(interdisciplinaires) sur ce sujet. Il existe certes des études sur
le lien entre les angines à streptocoque et les atteintes
cardiaques, rénales, articulaires ou neurologiques, ou sur le
rôle de certaines bactéries buccales dans les rhumatismes
articulaires aigus, mais aucun travail récent ni surtout global.
Je me suis donc posé la question suivante : si la bouche est
le point de départ d’infections bactériennes chroniques et de
réactivations d’infections virales, je dois pouvoir y trouver
certains germes en cours de réplication dans la plupart des
maladies auto-immunes. J’ai donc engagé une recherche pour
détecter la présence de différents virus dans la bouche de
patients porteurs de maladies auto-immunes :
Propionibacterium acnes, virus herpétiques (virus d’Epstein-
Barr EBV, cytomégalovirus, virus herpétiques simplex 1 et 2)
et Mycobacterium avium paratuberculosis (MAP). Durant une
année, j’ai collecté la salive de 269 patients atteints de
maladies auto-immunes venant me voir en consultation, et
recherché par amplification quantitative l’ADN de ces germes
dans la salive.
Alors que la bouche des sujets en bonne santé en est
pratiquement dépourvue, les examens retrouvent, chez les
personnes atteintes de sclérose en plaques, EBV en cours de
réplication dans 39,4 % des cas, Propionibacterium acnes dans
42,4 % des cas et MAP dans 21,2 % des cas. Chez les
personnes atteintes de la maladie de Crohn, on retrouve des
herpès virus en réplication chez plus de 60 % des patients,
Propionibacterium acnes dans 20 % des cas et MAP dans
25 % des cas. Ce sont les taux « a minima », détectables à un
instant t qui ne correspond pas forcément à un moment de
poussée. Ces taux sont également très élevés dans le cas de la
rectocolite hémorragique, de la thyroïdite d’Hashimoto ou de
la polyarthrite rhumatoïde. La palme de la contamination
revient au rhumatisme psoriasique, ou à la spondylarthrite
ankylosante, où les herpès détectables atteignent 88 % des cas,
Propionibacterium acnes 51 % et MAP 7 %. La combinaison
bactéries + virus étant présente chez au moins 41 % des
patients !
Quand on sait que la durée moyenne d’expression des
herpès virus chez les patients avec des lésions visibles n’est
que de 5 jours tous les 2 mois pour les herpès virus simplex
1/2, de 15 jours tous les 2 mois pour le CMV et de 45 jours
tous les 2 mois pour EBV, on peut affirmer sans trop se
tromper que les herpès virus vont inéluctablement être
détectables dans la bouche au moins plusieurs jours tous les
2 mois chez les patients avec une maladie auto-immune. Ces
patients, contagieux, vont alors contaminer leurs proches. La
détection de certaines bactéries, en particulier de
Mycobacterium avium paratuberculosis (qui est
intracellulaire), est encore plus délicate. Et ne parlons pas des
bactéries qui peuvent se situer dans des canaux dentaires, à
l’apex des racines ou bien au fond des renfoncements, entre
dents et gencives. Ces bactéries et virus participent à
l’inflammation chronique et se dispersent à la fois par voie
digestive et sanguine. La bouche est donc bien le premier
organe à inspecter pour rechercher une inflammation
chronique. Peut-être même avant la peau ou les cheveux.
Chez le jeune enfant, l’inflammation chronique commence
soit par les poumons (avec, initialement, un épisode de
bronchiolite), soit par la peau (avec l’eczéma), soit par la
bouche (avec les caries précoces) ou les sinus (avec les
rhinites allergiques). Avec les bactéries anaérobies qui
pénètrent les muqueuses buccales, les canaux dentaires, voire
l’os, l’inflammation sera plus intense et la dispersion sanguine
plus massive à partir de la bouche. Celle-ci serait bien à la
source principale de la plupart des maladies inflammatoires
sévères.

La rectocolite hémorragique

On sait aujourd’hui que les maladies inflammatoires


chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn,
sont liées à un déséquilibre de la composition du microbiote
intestinal. Et que celui-ci, chez les personnes atteintes de
MICI, renferme de grandes quantités de bactéries issues du
microbiote buccal, qui s’y installent à la faveur d’un
appauvrissement du microbiote intestinal. Prenons l’exemple
de la rectocolite hémorragique (RCH), également
appelée colite ulcéreuse. Cette maladie évolue par poussées et
entraîne des maux de ventre, une fatigue, le besoin d’aller
souvent aux toilettes et l’émission de sang ou de glaires
sanguinolentes. Sa prévalence (nombre de cas dans la
population) en France est d’au moins 2 cas pour
1 000 habitants. Elle dépasse probablement 0,5 % si l’on inclut
les formes débutantes ou latentes pas encore diagnostiquées.
Pour la médecine classique, seuls le côlon et le rectum
seraient touchés. En pratique, il existe souvent une abrasion
(sans aphte ni saignement) de la muqueuse jéjuno-iléale, avec
malabsorption et dysbiose dans l’intestin grêle. Le côlon est
touché avec aphtes, saignements, réparation hypertrophique de
la muqueuse (pseudo-polypes) et risque important de
cancérisation.
La flore typique de la RCH est notamment composée de
bactéries anaérobies d’origine buccale, qui peuvent également
trouver refuge dans l’appendice (cela explique qu’une
appendicectomie avant l’âge de 25 ans diminue d’environ
50 % le risque de recto-colite). La flore buccale associée, de
type Prevotella dégradée, est très agressive : Fusobacterium
nucleatum et Desulfovibrio abîment dents et gencives, alors
que Prionibacterium acnes favorise l’acné. Lorsqu’elle atteint
le duodénum et le jéjunum à la faveur d’une prise excessive
d’alcool, de sucres (en particulier de fructose) ou de boissons
gazeuses, le biofilm buccal entraîne une réaction immunitaire
qui provoque psoriasis et douleurs articulaires
(spondylarthrite). On constate alors des caries multiples, une
maladie parodontale, une chute de cheveux, de l’acné, ou, plus
tardivement, du psoriasis et des douleurs articulaires.
L’immunité est amoindrie, avec risque accru d’infections par
les herpès virus, le papillomavirus ou le Sars-Cov2. La flore
agressive, présente dans les quatre bastions (la bouche, le
carrefour duodénal, l’appendice et le rectum) peut se répandre
par voie hématogène aux articulations, aux voies urinaires, à la
prostate ou à l’utérus.
En un mot, la RCH est une pathologie infectieuse, mais qui
n’est pas rattachée à un seul agent infectieux : elle s’explique
par un biofilm d’origine buccale. Celui-ci ne va pas provoquer
la maladie chez tous ceux qui le portent, mais seulement chez
ceux qui, par leur comportement, permettent son implantation
dans le duodénum puis dans l’appendice, avant 25 ans. Pour
l’éviter, il est nécessaire d’adopter une excellente hygiène
buccale : brossage des dents deux à trois fois par jour,
élimination du tartre deux à trois fois par an chez le dentiste,
utilisation d’eau oxygénée diluée une fois par jour (voir les
conseils d’hygiène p. 143). La consommation de sucre doit
être limitée, et celle de sodas bannie. La consommation
d’alcool doit elle aussi être limitée, au moins avant 35/40 ans
(deux verres de vin maximum dans une soirée). La plus
discrète ébriété signifie en effet que le nerf vague et les plexus
myentériques ne vous protègent plus, et que la flore buccale va
pouvoir accéder à l’appendice et au cæcum. L’alcool est un
neurotoxique, d’où l’ébriété, les vomissements, les troubles de
l’équilibre, la diminution de tous les réflexes (y compris
oculaires, cardio-respiratoires, etc.), dont les réflexes digestifs.
Le liquide gastrique (chargé en bactéries buccales) va pouvoir
rejoindre l’intestin grêle et l’appendice sans bénéficier de la
désinfection par l’acidité gastrique ou par les sels biliaires.
Parfois, ce liquide gastrique chargé de bactéries va refluer vers
les voies biliaires ou vers le pancréas, car le réflexe qui
protège ces organes ne fonctionne plus : le sphincter d’Oddi
reste grand ouvert, le nerf vague étant paralysé. Si l’on fait
montrer la pression par quelques bulles, le reflux sera massif et
se propagera très loin dans le foie et le pancréas, qui ne savent
pas se défendre contre les biofilms. Désormais, ils ne pourront
plus en être délogés, et ils contamineront sans cesse l’intestin
sous-jacent.
La RCH augmente par ailleurs le risque de polypes
colorectaux. Ceux-ci touchent environ 30 % de la population
après 50 ans – seulement 5 % d’entre eux évoluent vers un
cancer en sept à dix ans. Cette fréquence augmente chez les
personnes qui présentent ou ont présenté une RCH, mais aussi
chez les personnes en surpoids, qui consomment de la viande
rouge ou de l’alcool. Le risque tumoral est clairement associé
à la flore Prevotella et aux bactéries buccales anaérobies ayant
pu abraser les muqueuses à la faveur de la prise d’alcool et de
la déconjugaison gastroduodénale des sels biliaires. Il existe
une association avec la maladie parodontale, l’existence de
nodules thyroïdiens et la séropositivité au CMV. La fréquence
de cette pathologie diminue chez les végétariens ou grands
consommateurs de légumes, ou encore en cas de prise
régulière d’aspirine débutée avant l’âge de 70 ans. Chez les
sujets sans antécédents familiaux de cancer colorectal et ayant
une bonne hygiène de vie, donc une bonne immunité et une
bonne flore buccale, on peut considérer que le risque après
50 ans concerne bien moins de 1 % de la population.
Rappelons que l’on peut scinder (en simplifiant) la
population en deux groupes : celui à risque de cancer
colorectal, qui doit subir une coloscopie après 50 ans ; et celui
sans risque, qui doit effectuer un dépistage par recherche de
sang dans les selles (et idéalement de la protéine kinase M2)
tous les deux à trois ans (en cas de positivité, il faudra faire
une coloscopie). Pour plus de précisions, je vous encourage à
consulter les pages dédiées à ce sujet sur le site de la Haute
Autorité de santé 1.
Revenons un instant sur le rôle de l’appendice. La plupart
des mammifères omnivores (sauf l’ours) en possèdent un. Il a
pu augmenter ou diminuer en taille selon les époques, mais il
n’a jamais disparu, ce qui a fait dire aux chercheurs qu’il a une
utilité. En réalité, l’appendice active l’autophagie. Ce
mécanisme physiologique, intracellulaire, de destruction et de
recyclage d’éléments cellulaires endommagés, de débris
protéiques ou d’éléments infectieux intracellulaires, permet
d’éviter la mort cellulaire, de diminuer les infections
chroniques et l’accumulation de déchets. En excès,
l’autophagie peut tuer la cellule ou aboutir à la création de
micro-déchets encore plus toxiques que les macro-déchets.
Insuffisante, l’autophagie ne permet pas l’élimination des
dépôts, de bactéries ou de virus conduisant à certaines
maladies de surcharge ou d’inflammations chroniques, voire
de cancers, car les cellules anormales ne disparaissent plus par
apoptose (autodestruction des cellules anormales, vieillies ou
endommagées). La flore de l’appendice reflète la flore buccale
(présence des herpès virus ou pas, de mycobactéries ou pas,
d’Helicobacter ou pas) : c’est en quelque sorte un réservoir de
bactéries venues de la bouche.
L’appendicectomie présente des bénéfices avérés : avant
l’âge de 25 ans, elle permet une diminution de 50 à 70 % du
risque de rectocolite hémorragique. Cela s’explique par la
baisse généralisée de l’autophagie digestive, qui diminue
l’inflammation de la muqueuse colique. Cependant,
l’appendicectomie provoque une augmentation du risque
tumoral dans les deux années suivantes, à cause de la
diminution de l’apoptose des cellules tumorales existantes. La
survenue d’une appendicite est plus fréquente en cas de
maladie parodontale et est statistiquement associée à certaines
maladies auto-immunes. On apprécie, à l’aune de ces
informations, l’importance de ce petit réservoir de germes
anaérobies d’origine buccale.
Il est possible que cet appendice puisse contaminer par voie
hématogène les viscères digestifs (mésentère, foie, pancréas),
puis l’ensemble des autres organes pouvant accueillir une telle
flore – articulations, peau, prostate, sein… Cette dissémination
va conduire soit au déclenchement d’une auto-immunité –
réaction inflammatoire chronique contre les tissus infectés –,
soit à l’effondrement immunitaire, si l’organisme était
préalablement affaibli ou s’il est submergé par une masse
bactérienne telle qu’il la considère désormais comme un
organe à part entière, et ne cherche plus à la détruire.
En un mot, une bouche et un appendice présentant tous deux
un microbiote équilibré et riche suffisent à maintenir un
individu en bonne santé. À l’inverse, une bouche et un
appendice présentant un microbiote agressif ou pauvre
suffisent à générer la plupart des maladies. L’appendice nous
permettrait ainsi d’avoir une seconde chance de réimplanter
notre diversité par voie hématogène.

Le diabète de type 1

Cette maladie apparaît brutalement chez l’enfant ou chez le


jeune adulte. Son incidence (nombre de nouveaux cas par an)
est de 1 cas pour 10 000 en France (1 pour 1 million en Chine ;
40 pour 1 000 en Finlande). Et sa prévalence atteint dans notre
pays 2,5 pour 1 000 habitants. Il s’agit d’une destruction des
îlots endocriniens du pancréas (cellules béta des îlots de
Langerhans) par des lymphocytes T. Cette destruction
provoque une carence brutale en insuline : la glycémie s’élève
brutalement, le sucre passe dans les urines, les rendant très
abondantes et provocant une déshydratation. Le sucre ne peut
plus entrer dans les cellules, d’où un amaigrissement malgré
un appétit augmenté. Le sujet consomme ses graisses, ce qui
induit chez lui une haleine chargée en corps cétoniques (odeur
de pomme reinette). Le diagnostic est établi quand la glycémie
est supérieure à 1,26 g/l.
Il existe des formes familiales de la maladie, mais les gènes
ne constituent qu’une susceptibilité. Un facteur infectieux est
fortement suspecté, en particulier les entérovirus. Les sujets
avec un diabète déséquilibré souffrent en effet davantage de
maladie parodontale. Cette maladie pourrait probablement
s’expliquer par une infection chronique gastro-duodéno-
pancréatique, peut-être également bucco-rhino-sinusale. En
tentant vainement de détruire les cellules infectées par des
entérovirus, les lymphocytes détruiraient les cellules nobles
pancréatiques par poussées. Dans près de 96 % des cas, la
présence d’auto-anticorps confirme l’origine auto-immune de
la maladie.
Des études préliminaires 2 ont montré qu’une double
vaccination par BCG supprimait l’évolution du diabète de
type 1, voire peut faire régresser une forme débutante.
Le BCG est une mycobactérie atténuée, donc vivante, qui
s’implante souvent dans les muqueuses pulmonaires, ORL,
vésicale, gynécologique ou digestive. Elle va éliminer les
biofilms Prevotella et les herpès virus. Il n’y a qu’un pas pour
formuler une hypothèse proche de celle de la rectocolite
hémorragique : le diabète de type 1 ne serait-il pas une
pathologie infectieuse pancréatique qui surviendrait après la
contamination du pancréas par une flore buccale propice à la
survenue d’une infection virale par un entérovirus ? Une flore
Prevotella serait ainsi favorable, et une flore à mycobactérie
défavorable. Une génétique qui permettrait une synthèse haute
en interférons protègerait ; dans le cas contraire, elle laisserait
les entérovirus se diviser librement et servir d’amorce à une
tempête inflammatoire localisée dans le pancréas, où s’est
préalablement installée une flore buccale Prevotella. Encore
une fois, une prévention simple existerait !
À noter : le BCG vésical (utilisé contre le cancer de
la vessie) diminuerait les risques de Parkinson et
d’Alzheimer 3.
La polyarthrite rhumatoïde

La polyarthrite rhumatoïde est le plus fréquent des


rhumatismes inflammatoires chez l’adulte : elle concerne
environ 0,4 % de la population française, et atteint surtout les
femmes. Cette maladie serait induite par une bactérie buccale
au nom démesuré : Aggregatibacter actinomycetemcomitans.
Cette bactérie anaérobie est aussi à l’origine d’abcès dentaires
apicaux, situés à l’extrémité des racines dentaires, (certaines
publications impliquent aussi EBV, le virus d’Epstein-Barr).
La maladie débute par une polyarthrite aiguë, c’est-à-dire
l’inflammation d’au moins quatre articulations. Les douleurs
sont intenses, avec des réveils la nuit et un « dérouillage
matinal » (c’est-à-dire une mise en route articulaire) de plus de
30 minutes. On note un gonflement articulaire net à cause
d’une synovite. En effet, la réaction inflammatoire touche la
synoviale, qui s’épaissit. L’inflammation va libérer
d’immenses quantités de médiateurs, qui vont gagner
cartilages et structures osseuses adjacentes. L’atteinte est
bilatérale et symétrique. Elle touche aussi les tendons. Les
synovites affectent surtout les petites articulations : phalanges,
mains, pieds, poignets et chevilles. Les sacro-iliaques sont
toujours respectées. Le rachis est également épargné, sauf le
rachis cervical.
Parmi les causes de cette maladie, on retrouve un terrain
génétique. L’exposition au tabac ou aux poussières pourrait
aussi être impliquée. Il existe souvent (plus de trois fois sur
quatre) des caries sévères avec abcès, plutôt sur les incisives
ou les prémolaires. Aggregatibacter actinomycetemcomitans
appartient au groupe des bactéries associées aux maladies
parodontales, mais aussi aux artériopathies aortiques ou
coronariennes. Il existe un lien épidémiologique étroit entre la
polyarthrite rhumatoïde et la maladie parodontale d’une part,
et avec la pathologie artérielle d’autre part. L’atteinte des
disques cervicaux (parfois particulièrement marquée) pourrait
correspondre à une extension locorégionale de la bactérie
buccale. La bactérie atteint les articulations, les disques
vertébraux et les artères par voie sanguine ou lymphatique.
À noter : cette bactérie est anaérobie et sensible à l’eau
oxygénée diluée. Le bain de bouche quotidien à l’eau
oxygénée diluée (voir p. 150) constitue une prévention simple
et facile à mettre en place. On utilisera aussi des microdoses
d’huiles essentielles de cannelle, d’origan et de clou de girofle.

Le cancer de l’estomac

La bactérie Helicobacter pylori (HP) est incriminée dans la


survenue de l’ulcère de l’estomac (qui peut se transformer en
cancer). Cette affirmation a valu le prix Nobel de physiologie
et de médecine en 2005 à deux chercheurs australiens : Barry
J. Marshall et J. Robin Warren.
Cette bactérie touche plus de 50 % de la population
mondiale, avec une fréquence relativement stable depuis
plusieurs décennies, alors que l’incidence des cancers de
l’estomac, elle, s’effondre. Helicobacter pylori n’est donc pas
le seul facteur impliqué dans la survenue du cancer de
l’estomac. Seulement 3 % des personnes avec HP
développeraient une dysplasie gastrique, qui est l’étape
prétumorale. HP ne possède pas la faculté de s’intégrer au
génome des cellules épithéliales (d’induire une mutation) et de
les « immortaliser » (l’« immortalisation » cellulaire permet
aux cellules de proliférer indéfiniment, à la manière des
cellules tumorales). Les tentatives d’éradication d’HP qui ont
eu lieu au Japon n’ont pas diminué la mortalité par cancer
gastrique dans ce pays.
Par ailleurs, si l’ulcère chronique de l’estomac peut se
cancériser, ce n’est jamais le cas de l’ulcère du duodénum, qui
suit immédiatement l’estomac. Pourtant, HP est aussi présent
dans la muqueuse du duodénum. De plus, si HP diminue
l’acidité de l’estomac (en réduisant l’épaisseur de la muqueuse
gastrique), il ne l’atrophie jamais totalement ; ce qui surprend
beaucoup les chercheurs, car le cancer ne survient qu’en cas
d’atrophie. Autre élément de curiosité : HP diminue le risque
d’œsophagite et de cancer de l’œsophage. Par ailleurs, il est
également très présent dans la bouche, où il ne favorise ni
ulcère, ni aphte, ni cancer. Pour toutes ces raisons, un débat
s’est amorcé au sein de la recherche médicale, entre les
« anciens » – voire trop anciens ? – qui relient la survenue du
cancer de l’estomac à cette seule bactérie, et les « modernes »,
qui pensent que seules quelques souches agressives d’HP sont
à même de provoquer la cancérisation, associées par ailleurs à
d’autres facteurs.
Actuellement, la recommandation officielle est de détruire
HP, dès qu’il est diagnostiqué, par une antibiothérapie
extrêmement dure, et cela même sans lésion gastrique visible.
Une aberration totale, mais que l’on constate
quotidiennement ! Cela va totalement à l’encontre des théories
émergentes, qui contre-indiquent les antibiothérapies inutiles,
qui renforcent par ailleurs les antibiorésistances, peuvent
provoquer des effets secondaires, et impliquent des dépenses
de santé irréfléchies, voire contreproductives. La diversité de
la flore permet de réduire les risques d’obésité, de développer
la maladie de Crohn, la maladie cœliaque, une maladie auto-
immune (dont la sclérose en plaques ou la sclérodermie), le
Covid-19, mais aussi une œsophagite, une gastrite ou une
jéjunite à éosinophiles, la neurodégénérescence… Autant de
maladies en pleine explosion, alors que la fréquence des
cancers de l’estomac s’effondre.
Aujourd’hui, les publications impliquent de plus en plus un
virus de la famille des herpès dans la survenue des cancers
gastriques (au moins 15 % des cancers gastriques, selon les
publications « officielles ») : le virus Epstein-Barr (EBV). Il
peut aussi être à l’origine d’autres cancers : cancer du pharynx,
tumeur de Burkitt de l’intestin, maladie de Hodgkin, certaines
leucémies ou lymphomes non hodgkiniens, peut-être certains
myélomes. Il fait partie des agents infectieux cancérigènes
reconnus par l’OMS. À la différence de HP, celui-ci peut
immortaliser des lignées cellulaires. Il est même employé à
cette fin pour créer des clones de globules blancs synthétisant
des anticorps monoclonaux (utilisation diagnostique ou
thérapeutique).
En réalité, seules certaines variétés de la bactérie
Helicobacter pylori (variants mutants appelés CagA+ ou
VacA+) pourraient amplifier l’inflammation initiée par les
virus herpétiques. Ces variants existent surtout en Turquie ou
dans le Sud-Est asiatique, où l’incidence des cancers
gastriques est la plus élevée ; en Europe, elle reste faible.
Dans les nouvelles études sur les cancers gastriques
attribués à HP, on retrouve une co-infection par EBV dans
92,3 % des cas, et une co-infection EBV/CMV dans plus de
46 % des cas. Le cytomégalovirus (CMV), qui est un autre
virus de la famille des herpès, diminue l’immunité, augmente
le vieillissement et la destruction des tissus. Il favorise la
survenue de cancers.
Quel rapport avec la bouche, me demanderez-vous ?
Rappelons qu’EBV et CMV se répliquent fortement dans les
gencives, et participent (c’est officiel et surdémontré) à la
survenue des gingivites et des maladies parodontales. Le
biofilm à l’origine des cancers gastriques trouve donc bien son
origine dans la bouche, en particulier lorsque la maladie
parodontale y prospère.

Les pathologies cardiaques

Les bactéries buccales peuvent être dangereuses pour le


cœur. La flore buccale peut ainsi être à l’origine
d’endocardites infectieuses, les bactéries impliquées provenant
presque toujours de la bouche, d’une plaie surinfectée ou
d’une injection intraveineuse réalisée sans hygiène
(toxicomanie). Les bactéries purulentes essaiment par voie
sanguine pour toucher la paroi interne du cœur, ce qui, faute
d’un traitement rapide, engendre des complications
potentiellement mortelles. En effet, les bactéries se multiplient
dans le cœur et se distribuent dans l’ensemble du système
artériel du corps. À la clé, des embolies septiques (abcès du
foie, du rein, du cerveau, du poumon, etc.) et une septicémie.
Localement, les tissus cardiaques (surtout les valves) sont
détruits. L’endocardite infectieuse est très rare chez les
personnes qui n’ont aucun problème cardiaque ; les facteurs de
risque sont les antécédents de maladie ou de chirurgie
cardiaques. Chez ces personnes, toute situation pouvant
occasionner l’intrusion dans le sang de bactéries ou de
champignons augmente le risque. Il peut s’agir d’un soin
dentaire (même d’un simple détartrage), d’un tatouage, d’un
piercing, ou d’une chirurgie classique. Maintenir une hygiène
bucco-dentaire irréprochable (en se brossant les dents, en
utilisant du fil dentaire et en consultant régulièrement un
dentiste) contribue à prévenir l’endocardite. La prise
préventive d’antibiotique est le plus souvent proposée avant
les gestes invasifs.
Autre exemple : celui du rhumatisme articulaire aigu
(RAA), qui est une cause majeure de morbidité cardiaque chez
les moins de 50 ans. Cette maladie inflammatoire résulte d’une
complication d’une infection pharyngée à streptocoque du
groupe A. Dans les pays industrialisés, l’incidence du RAA est
devenue très faible (moins de 1 pour 20 000 individus) ; mais
dans les pays en développement, elle peut atteindre plus de
1/200. Le RAA survient entre l’âge de 5 et 15 ans, après une
angine rouge mal ou non traitée. L’atteinte articulaire (46 à
66 % des cas) frappe genoux, chevilles, coudes et poignets ;
l’atteinte cardiaque (53-68 % des cas) touche surtout la valve
mitrale (90 %). Plus rarement, des mouvements anormaux
(chorée de Sydenham) ou une atteinte rénale (parfois sévère)
sont à déplorer, alors qu’un simple traitement de quelques
jours par pénicilline aurait suffi pour contrôler l’angine et
éviter des destructions tissulaires. Cette flore à streptocoque
domine chez les enfants et adolescents, et favorise les caries.
Elle formera le terreau des flores Prevotella,
Propionibacterium, Fusobacterium et Porphyromonas après
l’adolescence.

Les pathologies pulmonaires

La flore buccale des fumeurs contient davantage de


bactéries Fusobacterium nucleatum et de Prevotella que les
autres. Au rôle mutagène du tabac se combinent les effets
invasifs et immunosuppresseurs de certaines bactéries. Le
tabac remplace les virus. L’agent causal principal pourrait
donc être une dysbiose buccale. Des travaux récents rapportent
la présence de Fusobacterium nucleatum dans les cancers du
poumon classiques (cancers épithéliaux, dits cancers du
fumeur). Les papillomavirus (HPV), impliqués dans les
cancers buccaux et de l’amygdale, sont également de plus en
plus suspectés d’être des virus oncogènes pour les bronches.
On retrouve en effet 5,2 fois plus d’HPV dans les tissus
cancéreux que dans les tissus sains. Cela ne prouve pas le lien
causal. Quant à la dispersion de ces virus, elle pourrait être
hématogène ou respiratoire. Le rôle des herpès virus ou du
CMV semble exclu dans le développement des pathologies
pulmonaires.

La maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson s’explique par la mort de certains


neurones, qui ont été « intoxiqués » par une protéine appelée
monomère d’alpha-synucléine. Celle-ci provient du
« découpage » d’une molécule plus volumineuse, présente sur
les extrémités neuronales, et donc dans les sous-muqueuses
saines : le tétramère d’alpha-synucléine. Une inflammation
excessive des muqueuses conduit à la formation de cette
protéine, qui entre au contact du nerf de l’intestin, le nerf
vague. Ce dernier amène alors ces dépôts vers le système
nerveux central, sachant que 80 % des informations qui
transitent par ce nerf vont de l’intestin vers le cerveau
(seulement 20 % des informations étant descendantes) – c’est
en effet le cerveau qui obéit à l’intestin, pas l’inverse !
Les modèles animaux confirment cette hypothèse : les
monomères d’alpha-synucléine injectés à la sortie de
l’estomac migrent vers le cerveau et déclenchent des
tremblements parkinsoniens en quelques semaines ; la section
des nerfs vagues empêchant la survenue de la maladie.
Les dépôts d’alpha-synucléine s’observent surtout dans la
partie haute de l’intestin (principalement dans la bouche, peu
ou pas dans le rectum). Le rôle du côlon est exclu, et celui de
l’intestin grêle, négligeable. La partie digestive haute étant
touchée, on constate alors communément des troubles de
l’odorat, une maladie parodontale, un risque accru de fausse
route – d’où un risque croissant de pneumonie (première cause
de mortalité dans cette pathologie) – et un ralentissement de la
capacité de déglutition. Il existe d’ailleurs deux tests
diagnostiques simples : le test de l’odorat et le test du verre
d’eau. Le test de l’odorat s’effectue avec du jasmin ou du
caramel. Le patient avec un Parkinson ne perçoit ni l’un ni
l’autre. Ce trouble débute précocement, plus de 10 à 15 ans
avant le diagnostic par le neurologue. Lors du test du verre
d’eau, le patient met deux fois plus de temps à boire un verre
de 150 millilitres : 15 secondes, contre 7,5 secondes pour le
sujet sain.
Par ailleurs, la motricité de l’estomac et de l’intestin est
abolie, d’où une constipation sévère précoce, précédant de
vingt à trente ans le diagnostic médical. La synthèse de
monoxyde d’azote est supprimée. Le taux d’acide urique est
bas. La muqueuse jéjunale est amincie.
La maladie de Parkinson correspond donc à l’atteinte du
système nerveux central par le système nerveux autonome
digestif haut, lui-même victime d’une flore buccale agressive
de type Prevotella altérée. Il est pour l’instant impossible
d’affirmer que l’atteinte buccale suffise à induire la maladie.
Cela est cependant très probable, car l’alpha-synucléine se
détecte très fréquemment et massivement dans la bouche des
patients. J’ai plusieurs fois vérifié ce fait par microscopie
simple et par immunofluorescence avec des anticorps
monoclonaux spécifiques. L’atteinte prédominante sur les
nerfs laryngés et pharyngés, ou sur les nerfs olfactifs, suggère
fortement une origine haute. La bouche va ensuite
inéluctablement contaminer la sortie de l’estomac et le début
de l’intestin grêle (le duodénum).
Ce schéma est identique pour la maladie d’Alzheimer, mais
avec une protéine-dépôt appelée tau. Cette maladie, très
dépendante de l’ischémie, et donc à une atteinte vasculaire
(due à un diabète, ou à de l’hypertension, en particulier), est
fortement rattachée à une baisse de monoxyde d’azote et à une
augmentation des radicaux libres. La bactérie impliquée est
probablement Porphyromonas gingivalis. Encore une bactérie
buccale.
3
L’heure du diagnostic :
les examens à réaliser et les signes à surveiller

Vous avez maintenant compris en quoi la bouche est si


étroitement liée à la santé générale, et pourquoi les médecins
devraient s’y intéresser davantage. Malheureusement, ils sont
encore trop peu nombreux à examiner la bouche de leurs
patients, leurs gencives, leurs muqueuses buccales, leurs dents
et leur langue !

Examiner la bouche

Puisque la maladie parodontale est plutôt associée à une


flore Prevotella (agressive pour les muqueuses),
l’interrogatoire médical s’attachera à savoir si le patient a
présenté par le passé des caries multiples, sévères et précoces,
a des antécédents d’allergie, d’acné et de chute des cheveux. Il
convient de rechercher chez lui Helicobacter pylori (souvent
présent dans la bouche ou sur les plaques dentaires), de
vérifier s’il souffre de reflux gastro-œsophagiens, ou s’il
présente (ou a présenté) des signes d’herpès virus (boutons de
fièvre, aphtes, zona). Ce type de flore augmente le risque
d’immunosuppression, et donc de Covid.
En cas de reflux gastro-œsophagien, le médecin devra
penser à une altération de la vidange de l’estomac avec
déconjugaison des sels biliaires, due à une pullulation
microbienne intra-gastrique. L’examen buccal doit également
rechercher un « lichen plan », épaississement fibreux indolore
sur les muqueuses internes de la joue ou sur les gencives,
attribuable aux papillomavirus. Cette lésion pré-tumorale doit
être surveillée.
À l’issue de l’examen buccal, le médecin recherchera une
dépigmentation péribuccale ou périnasale (un vitiligo),
souvent associée à une thyroïdite auto-immune et à un
« syndrome sec » (maladie de Gougerot-Sjögren, qui se
caractérise par une baisse des sécrétions salivaires et
lacrymales, attribuable à l’atteinte auto-immune de ces
glandes).
Une bouche abîmée est très probablement la marque d’une
dysbiose gastroduodénale, avec baisse de la diversité
bactérienne et de la synthèse de monoxyde d’azote. Rappelons
que la production de monoxyde d’azote et de sulfure
d’hydrogène est indispensable au bon fonctionnement des
vidanges digestives.

Analyser le microbiote buccal

En pratique, l’analyse du microbiote buccal s’effectue avec


une lampe à UV noirs (lampe de Wood), qui permet
d’identifier rapidement une bactérie appelée
Propionibacterium acnes. Cette bactérie synthétise des
porphyrines (molécules biologiques essentielles au vivant, en
particulier à la respiration) qui deviennent fluorescentes
(rouges/roses) et tapissent la langue. Une langue couverte de
Propionibacterium acnes suggère un biofilm de type
Prevotella étendu au moins jusqu’au duodénum ou au
jéjunum. On peut aussi retrouver cette bactérie au niveau des
collets dentaires. Helicobacter pylori peut également être
fluorescent (plutôt orangé), et il est localisé uniquement sur les
collets dentaires. Porphyromonas gingivalis et Fusobacterium
nucleatum, eux, apparaissent rouges sous UV noir et avec une
lumière bleue.
On peut également analyser les gaz de l’haleine grâce à des
« nez électroniques » qui mesurent l’hydrogène sulfureux (gaz
nauséabond de type œuf pourri), le monoxyde d’azote ou
encore les composés organiques volatiles. On peut également
analyser le gaz produit dans l’estomac en provoquant un ou
des rots grâce à du jus de citron et du bicarbonate. La flore
gastrique à jeun est en effet souvent un bon reflet de la flore
buccale. On peut ajouter une source de soufre (N-
acétylcystéine, par exemple) pour démasquer un
Fusobacterium nucleatum qui se révélera par une production
élevée d’hydrogène sulfureux en quelques minutes.
Il est également possible d’effectuer une recherche d’uréase
(une enzyme) au niveau des collets dentaires, grâce à un petit
test minute. Si le papier jaune vire au rouge, cela signifie
qu’Helicobacter pylori, qui en produit abondamment, est
présent dans la bouche.
Tous ces examens simples s’effectuent en quelques minutes.
S’ils restent quelque peu approximatifs, ils permettent
néanmoins d’identifier la famille du microbiote buccal. Ce qui
est le plus souvent suffisant pour orienter les premiers conseils
thérapeutiques.
Il existe aussi des tests plus sophistiqués, basés sur
l’amplification génique (aussi dite « par PCR ») des
principaux germes buccaux anaérobies impliqués dans la
survenue des maladies parodontales, ou encore des virus
herpétiques ou des papillomavirus en réplication dans la
bouche des patients. Mais cela demande plusieurs jours
d’attente.

Les signes buccaux qui doivent alerter

Si certains signes buccaux désignent des maladies


diagnostiquées comme telles, d’autres signes alertent sur un
possible déséquilibre du microbiote buccal, qui n’est pas non
plus à négliger.

Le saignement des gencives


Le saignement des gencives est l’un des quatre symptômes
de la maladie parodontale, avec le déchaussement des dents,
une mobilité dentaire et une hypersensibilité des collets
exposés. Les quatre tissus du parodonte sont alors atteints : la
gencive, l’os alvéolaire, le ligament alvéolo-dentaire et le
cément. La perte d’os peut être particulièrement
impressionnante à la radiographie.
Un reflux gastro-œsophagien avec liquide gastrique acide
remontant jusqu’à la bouche, le tabagisme, un diabète ou
même une mauvaise hygiène bucco-dentaire (avec des caries
non soignées, du tartre important ou encore des débris
alimentaires interdentaires négligés) exposent tout
particulièrement à une maladie parodontale.

La candidose buccale
La candidose buccale se manifeste par un dépôt blanchâtre
sur une muqueuse douloureuse et rouge vif, sans ulcération. La
langue et la face interne des joues se couvrent de plaques
convergentes. Les sensations de brûlure sont fréquentes, les
saignements rares. Le goût peut être altéré, diminué, devenir
désagréable. Habituellement, il n’y a pas de difficulté à
déglutir.
Les candidoses sont courantes après une antibiothérapie
longue ou comportant plusieurs antibiotiques. On pensera
aussi à une immunosuppression, évidente après une
chimiothérapie anti-cancéreuse ou une corticothérapie, parfois
annonciatrice chez un sujet HIV positif. Il pourra également
s’agir d’un diabète qui se déséquilibre.
Attention, on diagnostique souvent hâtivement une
candidose. Chez l’enfant, voire le nourrisson, il s’agira le plus
souvent, lors de symptômes approchants, d’une aphtose virale
herpétique (primo-infection). Une langue noire ou
géographique (voir ci-après) n’est pas évocatrice d’une
candidose.

Les aphtes
Un aphte est une petite ulcération douloureuse de la
muqueuse. Tout commence par une sensation de brûlure ; puis
l’ulcération apparaît rapidement, avec un pourtour très rouge
(inflammatoire) et un fond jaune beurre. Le cratère à bord net
et creusant ne saigne pas.
L’aphte est douloureux au contact (langue, aliments).
Unique ou multiple, il siège sur les bords, la face inférieure ou
la pointe de la langue, à l’intérieur des lèvres ou des joues. La
cicatrisation survient spontanément en une à deux semaines,
sans cicatrice. Aucune contagiosité n’est à redouter.
Attention à ne pas confondre les aphtes (non contagieux)
avec les ulcérations accompagnant certaines maladies
infectieuses transmissibles, comme l’herpès (surtout la primo-
infection), la varicelle, le syndrome pieds-mains-bouche, etc.
Il existe aussi des aphtes traumatiques, qui se développent
au contact d’appareils dentaires mal ajustés, de prothèses
dentaires allergisantes ou de matériaux orthodontiques
tranchants. Le nickel ou certains aliments – noix, cacahuètes,
gruyère, fraises, tomates, etc. – peuvent induire une réaction
allergique intense, avec apparition quasi immédiate d’aphtes.
Il en va de même pour certains médicaments : anti-
inflammatoires non stéroïdiens, bêtabloquants, biphosphonates
(traitement contre l’ostéoporose), etc.
Face à des aphtes récidivants, il faudra toujours étudier
l’hypothèse de certaines maladies, comme la maladie de Crohn
(maladie inflammatoire digestive), la maladie de Behçet
(aphtoses récidivantes buccales, génitales, voire cutanées, avec
atteinte oculaire), la maladie cœliaque (intolérance au gluten),
ou encore d’une baisse importante des globules blancs
(neutropénie sévère), d’une carence en vitamine B12, etc.
Attention, il existe aussi des maladies rares mais très
sévères qui ont notamment pour symptômes la formation de
bulles dans la bouche (vésicules remplies de sérum) ;
lesquelles, après s’être percées, ressemblent à des aphtes : on
citera le syndrome de Stevens-Johnson (réaction intense à un
médicament) ou le pemphigus vulgaire.
Ainsi, si les aphtes peuvent être sans gravité, lorsqu’ils sont
récidivants, ou dans le cas de lésions ressemblantes, ces
symptômes peuvent cacher une maladie sous-jacente
débutante. En cas de doute, n’hésitez donc jamais à en parler à
votre médecin !

La mauvaise haleine
La mauvaise haleine correspond à une synthèse exagérée
d’hydrogène sulfureux. Les autres types de gaz exhalés par la
bouche, en particulier ceux trouvés dans une haleine dite
« cétonique » (résultat d’un jeûne prolongé ou d’une
alimentation cétogène, c’est-à-dire sans glucides) ou chargée
en acides acétiques, propioniques ou butyriques, ne sont pas
nauséabonds. L’hydrogène sulfureux pose problème car il sent
l’œuf pourri, éloignant immédiatement les interlocuteurs les
plus courageux. Il est produit par les bactéries anaérobies
consommatrices de soufre et des muqueuses que l’on appelle
mucinophages. Fusobacterium nucleatum ou bien les
Desulfovibrio en synthétisent de grandes quantités.
Un état bucco-dentaire négligé, une maladie parodontale, le
tabagisme, une récurrence d’herpès virus sont les causes les
plus courantes du développement de cette bactérie. Il est
conseillé, lorsque cette mauvaise haleine persiste, de se rendre
le plus vite possible chez le dentiste pour éradiquer les
éventuels foyers infectieux et supprimer le tartre, et, dans tous
les cas, d’appliquer avec rigueur les principes fondamentaux
du nettoyage bucco-dentaire.
Un rééquilibrage alimentaire, une amélioration de la
vidange gastrique afin de supprimer les reflux, une stimulation
immunitaire pour contrôler la récurrence des herpès virus
buccaux et la prise de vitamine D2/D3 s’imposent par ailleurs
rapidement. Il est en effet crucial que Fusobacterium ne
contamine pas les autres tissus par voie digestive ou
hématogène, ou bien que les herpès virus ne touchent pas le
système nerveux autonome ou ne contaminent pas les proches.

La bouche sèche
La sensation de bouche sèche est le plus souvent induite par
une salive insuffisante (hyposialie) ou trop visqueuse, collante.
La langue brûle ou pique. Ce qui conduit à éviter les épices,
les piments, les acides. Les lèvres peuvent se fendiller. Ces
troubles peuvent s’accompagner de difficultés d’élocution ou
de déglutition, ou encore de caries multiples, avec des
gencives sensibles ou qui saignent facilement.
La salive aidant à la digestion des aliments (en particulier
des céréales, grâce à l’amylase) et à la libération des arômes,
une baisse du goût ou de l’odorat peut être ressentie. Par
ailleurs, la salive contient du lysozyme, un puissant bactéricide
impliqué dans les défenses contre les bactéries à Gram positif
(comme les streptocoques, les staphylocoques, le clostridium,
la listeria – autant de grands noms de criminels envers la gent
humaine). Elle possède aussi des propriétés antivirales et
antifungiques (contre le Candida albicans). Par cet effet, elle
réduit massivement le risque de tartre, de caries, de mauvaise
haleine ou d’atteinte des muqueuses.
Cet assèchement de la bouche peut être un effet secondaire
d’un ou plusieurs médicaments, d’une radiothérapie ou bien
d’une maladie auto-immune appelée syndrome de Gougerot-
Sjögren, qui touche surtout la femme de 50 à 60 ans. Dans ce
dernier cas, le syndrome n’est pas seulement buccal ; il peut
aussi être oculaire, vaginal, voire cutané.
Plusieurs mécanismes peuvent intervenir dans la diminution
de la production de salive : manque d’apport d’eau,
destruction plus ou moins importante des glandes salivaires
(auto-immunité, radiothérapie/chimiothérapie) ou perturbation
dans leur fonctionnement (vieillissement). De très nombreux
médicaments peuvent causer cette hyposialie : les
anxiolytiques, les antidépresseurs ou les neuroleptiques, les
antalgiques morphiniques, les antihistaminiques (contre les
allergies) ou les anticholinergiques (contre les nausées ou la
maladie de Parkinson), et certains médicaments
antihypertenseurs.
Les autres causes sont plus rares : diabète, HIV/Sida, Covid-
19, insuffisance rénale chronique sévère, Alzheimer, etc. Le
cas « Covid-19 », encore mal connu, est à surveiller ! Tout ce
qui touche à la salive, à l’odorat ou au goût est très dangereux.
Rappelons que la flore salivaire est particulièrement riche
en bactéries et bactériophages. Cette flore détermine celle du
duodénum, puis de l’intestin grêle, via des bactéries
indésirables dites « disruptives » (comme les klebsielles, les
Escherichia coli, les clostridies ou les entérobactéries).
L’atteinte qualitative ou quantitative de la salive va toujours
retentir sur la flore duodéno-jéjunale et provoquer une
dysbiose intestinale (ou SIBO, Small Intestinal Bacterial
Overgrowth, pullulation bactérienne du grêle). Tout
déséquilibre retentira également sur le risque d’infection virale
par des herpès virus ou par des papillomavirus.
Lors d’un examen médical, le praticien devra donc vérifier
que la salive du patient est claire, abondante et peu filante. Ce
dernier doit pouvoir déglutir rapidement un verre d’eau de
150 millilitres (en moins d’une dizaine de secondes) – dans le
cas contraire, il est possible qu’il y ait atteinte du système
nerveux autonome pharyngé.

Le bouton de fièvre, ou herpès labial


L’herpès labial, plus communément appelé bouton de fièvre,
se manifeste par une éruption de vésicules sur les lèvres,
souvent à la jonction de la muqueuse buccale et de la peau. Il
est dû à un virus de la famille des Herpes simplex virus, le
HSV-1 (qui peut aussi infecter les muqueuses génitales) ou le
HSV-2 (plus fréquent au niveau génital). Dix millions de
Français(es) seraient porteurs du virus qui, dans 90 % des cas,
reste asymptomatique. Très contagieux, il se contracte en
général dès l’enfance (la première infection passe souvent
inaperçue), et il reste présent dans l’organisme à vie. Il peut se
réactiver à la suite de divers facteurs : stress, exposition au
soleil, infection, abcès dentaire, traitement médicamenteux,
intervention chirurgicale…
Si l’herpès est généralement considéré comme un trouble
bénin, il s’agit en réalité d’une infection préoccupante, qu’il ne
faut surtout pas négliger. En effet, le virus peut passer sous la
muqueuse et gagner le nerf vague, qui joue un rôle
fondamental dans la plupart des fonctions vitales. À ce stade il
peut provoquer une altération des fonctions viscérales,
cardiaques, thyroïdiennes, surrénaliennes. Le virus peut
ensuite rejoindre le cerveau et la moelle épinière ; puis
s’installer durablement dans un ganglion du nerf rachidien,
d’où il pourra se réactiver. En effet, lorsque le nerf vague
envoie alors un message de lésion au cerveau, par la voie
sensitive, l’herpès en profite pour emprunter également cette
voie, et redescendre en même temps que l’information de
réparation. Et, à force d’emprunter la voie neurologique, il va
l’abîmer. L’herpès est donc en corrélation étroite avec la
neurodégénérescence et les maladies de Parkinson et
d’Alzheimer.

La langue dite « géographique », ou fissurée


Cette pathologie tire son nom du fait que des zones rouges,
lisses et irrégulières, évoquant une carte géographique,
apparaissent sur le dessus de la langue et sur ses côtés. Elles
peuvent changer de place, parfois en quelques jours. La langue
est discrètement gonflée. Les zones rouges, dépapillées,
correspondent à des muqueuses fines en cours de régénération.
Elles peuvent être douloureuses, surinfectées (Candida), avec
parfois des fissures qui se creusent, le saignement restant
exceptionnel. Ces symptômes perturbent peu la vie courante,
sauf lors de la prise de boissons ou d’aliments acides, qui
provoquent alors des picotements. Hormis s’il s’agit d’une
scarlatine et d’une maladie infectieuse aiguë (rare), la langue
géographique n’est pas contagieuse. Cette pathologie touche
toutes les tranches d’âge. Je la retrouve dans plus de 29 % des
examens que je pratique. Elle concerne 1,5 à 6 % des enfants
(qui représentent moins d’un patient sur vingt dans ma
clientèle).
Les causes de cette pathologie sont très diverses, mais
l’auto-immunité et les poussières ne doivent pas être
négligées. Le psoriasis (maladie auto-immune surtout connue
pour les atteintes cutanées et articulaires) et le lichen (qui peut
être une forme particulière de psoriasis, avec un acide urique
bas et une implication des papillomavirus) figurent parmi les
explications principales. On retrouve souvent un terrain
allergique (atopie, asthme, rhino-conjonctivite, etc.) ou une
exposition aux poussières (professionnelles ou non), et un
terrain génétique prédisposant, comme dans l’atopie. Certaines
substances peuvent déclencher des mécanismes
inflammatoires. Cela va du nickel ou du chrome contenu dans
certains amalgames (alliage de mercure et d’autres métaux
utilisé depuis plus de 150 ans dans le traitement des caries) ou
appareils dentaires, aux bonbons, en passant par les épices et
autres condiments, les noix (tanins), le gruyère (libérateur
d’histamine) ou encore l’ananas (allergisant et riche en nickel).
Le rôle des médicaments dans le déclenchement de cette
pathologie étant moins net que pour les aphtes.
Une carence sévère et chronique en vitamine B12 provoque
une langue rouge, lisse, brillante, gonflée et douloureuse dite
« glossite de Hunter » ou « glossite atrophique », qui ne
ressemble plus à une langue géographique lorsqu’elle est
évoluée et typique.

La langue gonflée avec l’empreinte des dents


Il peut arriver que la langue soit significativement gonflée
par une inflammation, à tel point de donner la sensation
désagréable d’être trop grosse pour la loge buccale.
La plupart des carences en vitamines B (B1, B6, B9, B12)
peuvent provoquer ce phénomène. Une déshydratation aussi
(altération de la salive et gonflement), tout comme
l’inflammation d’une partie de la langue (infection herpétique
ou candidosique, réaction allergique, aphtes).
Autres origines possibles : l’apnée du sommeil, la baisse du
taux d’oxygène pendant la nuit aboutissant à un œdème
modéré des tissus mous du visage et de la langue ; ou encore
l’hypothyroïdie – pathologie très fréquente –, qui peut
provoquer un gonflement des tissus mous et donc de la langue.
Les autres causes étant beaucoup plus rares.
L’examen de la bouche et de la langue apporte donc une
multitude d’indices, surtout lorsque l’on utilise une lampe de
Wood (UV noirs) et des leds bleues. On peut alors savoir
quelles bactéries se sont logées dans les lieux fragiles (les
collets dentaires ou la face supérieure de la langue), vérifier
dans quel état se trouve le dessus de la langue (dépapillée ou
fissurée ?), voir si les dents sont cariées, si elles arborent un
tartre plus ou moins coloré de rouge, et si la bouche présente
des réticules blanchâtres évocateurs de lichen, des aphtes, ou
encore des zones qui ont été brûlées au contact d’amalgames
ou de résines allergisantes.
Associé à l’examen de la peau du visage, du cuir chevelu,
des mains, des oreilles et des conduits auditifs externes, celui
de la bouche nous informe sur l’état de cette zone de transition
entre le monde extérieur et le monde intérieur, et des éventuels
dégâts qui ont été ou pourraient être provoqués plus bas, sur le
duodénum, l’intestin grêle, le foie.
4
La bouche : un écosystème global à préserver

Au-delà des bactéries formant la flore buccale, intéressons-


nous plus globalement à l’écosystème général de la bouche.
Flore, salive, muqueuses, muscles masticateurs, langue et
mâchoires apparaissent fortement intriqués, et essentiels non
seulement au bon fonctionnement physique « vital »
(immunité, force musculaire, synthèses enzymatiques, réflexes
divers) mais aussi, plus largement, au bien-être de l’individu.
Estime de soi, maîtrise du stress, capacité d’apprentissage,
résistance aux dépendances, qualité du sommeil… Tout cela
dépend en effet aussi de la bonne santé de cet écosystème.

La flore buccale, garante du bon fonctionnement de


tous les organes :
le rôle du monoxyde d’azote

J’ai largement évoqué, au début de cet ouvrage,


l’importance d’un gaz spécifique : le monoxyde d’azote, ou
oxyde nitrique (NO). On sait aujourd’hui que ce gaz est
indispensable non seulement au bon fonctionnement du tube
digestif, mais aussi à celui d’un grand nombre d’organes. Les
travaux actuels insistent sur le fait qu’une synthèse adéquate
de NO ne peut se faire qu’en présence d’une flore buccale
diversifiée, à même de transformer correctement les nitrates en
nitrites. Une découverte essentielle, qui atteste encore une fois
de l’importance d’avoir une bouche en bonne santé !
Je m’intéresse au cycle de production du monoxyde
d’azote depuis plusieurs années. En tant que gastro-
entérologue, j’analyse les gaz expirés chez tous mes patients,
en priorité l’hydrogène, le monoxyde d’azote et l’hydrogène
sulfureux (H2S). On sait en effet aujourd’hui que la mesure
des gaz expirés permet de diagnostiquer l’entérotype d’un
individu (c’est-à-dire la typologie de sa flore intestinale). En
réalité, la flore digestive produirait plus de 3 000 composés,
dont une soixantaine capables de traverser l’intestin, de se
dissoudre dans le sang et d’être libérés par simple diffusion
dans les alvéoles pulmonaires (depuis plus de trente ans, les
recherches ont en effet établi que l’on peut détecter une
soixantaine de composés volatils dans l’air provenant des
poumons). Ainsi, une simple mesure des gaz expirés permet de
cartographier le « volatilome » (profil personnalisé des gaz)
des patients. On appelle cette méthode le « nez électronique »,
par analogie au nez du chien, capable de reconnaître
immédiatement son maître ou d’identifier un patient malade
(porteur de Covid, d’un diabète, d’une tumeur), ou encore un
passeur de drogue.
L’analyse de ces gaz permet de mesurer la diversité de la
flore et la qualité de la muqueuse intestinale d’une personne.
Plus précisément, la mesure du monoxyde d’azote permet
d’évaluer l’élasticité de ses tissus, en particulier la capacité de
vidange de son estomac, ou encore l’élasticité de son
mésentère (la racine de l’intestin grêle).
C’est la mesure du monoxyde d’azote intragastrique qui est
la plus facile à effectuer et qui donne le résultat le plus précis,
en pratique usuelle. Pour réaliser cette mesure, on provoque un
rot en demandant au patient d’ingérer du citron, puis du
bicarbonate (on fabrique en quelque sorte de la limonade dans
l’estomac).
Revenons à la fabrication du monoxyde d’azote. Le point de
départ, ce sont les nitrates, des composés chimiques
naturellement présents dans le sol, l’air, l’eau, les légumes…
(Attention de ne pas confondre les nitrates d’origine végétale
et les nitrates ou nitrites rajoutés aux charcuteries, et qui vont
se transformer en nitrosamines – produits cancérigènes – au
contact des acides aminés de la viande.) Les nitrates provenant
des légumes ingérés sont absorbés par le jéjunum (premier
segment de l’intestin grêle, juste après le duodénum). Ces
nitrates circulent dans le sang, puis sont captés par les glandes
salivaires pour y être concentrés vingt fois, concentration
nécessaire à l’action des réductases, les enzymes qui vont
transformer les nitrates en nitrites. Ces derniers vont être
absorbés également par le jéjunum et, enfin, servir à la
production de monoxyde d’azote dans tous les organes
périphériques.
Le monoxyde d’azote ainsi produit est indispensable au bon
fonctionnement de l’organisme : il permet la vasodilatation
(donc une baisse de la tension artérielle et une meilleure
perfusion des tissus, c’est-à-dire un meilleur
approvisionnement en nutriments et en oxygène), la relaxation
des sphincters (donc une meilleure vidange de l’estomac et de
l’intestin) et une meilleure immunité. Le monoxyde d’azote est
aussi scientifiquement reconnu comme un facteur clé dans le
développement et le fonctionnement du placenta et de la
croissance embryonnaire. La durée de vie du monoxyde
d’azote en milieu naturel est extrêmement brève (demi-vie
entre 1 et 5 secondes), ce qui explique que son action reste
purement locale et éphémère. Le temps d’une relaxation d’un
muscle lisse (un clignement de paupière), qui permet par
exemple le passage d’un liquide légèrement mis sous pression.
Le monoxyde d’azote est également un excellent antiviral. Il
est notamment très efficace contre les herpès et le Sars-Cov-2.
Il a été évalué avec succès dans certaines unités de soins
intensifs. Il diminue la mortalité et les séquelles fibreuses
pulmonaires dues au Covid-19, mais aussi la carcinogenèse
colique (en d’autres termes, l’ensemble des phénomènes qui
transforment une cellule normale en cellule cancéreuse, en
l’occurrence au niveau du côlon). C’est un excellent anti-
biofilm, en particulier contre Prevotella. Le monoxyde d’azote
est détruit (oxydé) plus rapidement dans certaines maladies
dites oxydantes. Ainsi, il est abaissé en cas de diabète et
d’obésité, et son taux augmente après une chirurgie bariatrique
(chirurgie de l’obésité) réussie. Sa concentration est
inversement proportionnelle à celle de l’homocystéine, un
marqueur fiable du risque cardiovasculaire. Il participe
également à la qualité de l’autophagie (mécanisme de
destruction et de recyclage des éléments indésirables au sein
même de la cellule).
Il se trouve par ailleurs que le taux de NO est corrélé à la
qualité de la vidange gastrique et au taux d’acide 1 urique.
Rappelons que toutes les maladies neurodégénératives, la
sclérose en plaques, la sclérose latérale amyotrophique et la
dépression sont associées à des taux d’acide urique bas
(l’acide urique est considéré comme le facteur antioxydant le
plus puissant, aucun complément alimentaire, vitamine ou
oligo-élément ne pouvant rivaliser avec lui). Or, il est probable
que le taux d’acide urique soit corrélé à la qualité de la
muqueuse jéjunale, en particulier à l’autophagie, la diversité
microbienne (la présence de NO) et la motricité jéjunale
(plexus myentérique).
Un taux salivaire suffisamment concentré en nitrites est
indispensable à la production de ce gaz. Cependant, les
légumes – pourtant riches en nitrates et en nitrites – ne
suffisent pas, et on sait aujourd’hui que le végétarisme
n’augmente pas la flore productrice de monoxyde d’azote. Ce
sont les bactéries vivantes – synthétisant des réductases – qui
sont bénéfiques. Il est probable qu’il soit donc nécessaire de
consommer des légumes riches en endobactéries (de
préférence, donc, les légumes bio, qui ont poussé au contact de
la terre), susceptibles de coloniser nos muqueuses et de
produire localement du monoxyde d’azote.

La qualité de la salive et de la mastication,


des secrets de longévité

Avec l’âge, la qualité de la mastication se dégrade, car la


force de fermeture de la mandibule diminue, ce qui a aussi un
impact sur la sécrétion salivaire, directement corrélée à cette
force. La force masticatoire dépend aussi du taux
de testostérone chez l’homme et du taux d’estrogènes chez
la femme, ou de leurs précurseurs (la prégnénolone et la
célèbre DHEA), qui chutent lors de l’andropause et de la
ménopause. Testostérone et estrogènes sont des stéroïdes,
c’est-à-dire des hormones anabolisantes qui préservent les
tissus, en particulier les os, les muscles et les muqueuses. Cette
chute hormonale a des conséquences bien connues : fragilité
des os, affaissement de la silhouette, fatigue, perte des forces
musculaires. Autre effet moins connu : le ralentissement du
fonctionnement des glandes salivaires au fil du temps (pic
d’activité à 20 ans pour l’homme, vers 40 ans pour la femme).
Or, la qualité de la mastication (liée au nombre de dents
ainsi qu’à la force de la mâchoire) et celle du flux salivaire ont
un impact non seulement sur la qualité de vie, mais aussi sur
l’espérance de vie. En effet, meilleure sera la trituration des
aliments, meilleure sera leur imprégnation par les enzymes
contenues dans la salive. De la qualité de la salive (richesse de
sa flore et richesse enzymatique, notamment en lysozyme –
enzyme antibactérienne –, pH élevé, donc peu acide) dépendra
ensuite la qualité de la digestion des féculents. Une salive de
bonne qualité participe aussi à la protection des dents et des
gencives. Prenons l’exemple de la maladie de Gougerot-
Sjögren, qui conduit à la destruction des glandes salivaires par
un phénomène auto-immun : la raréfaction de la salive conduit
à l’assèchement de la bouche et à l’apparition de nombreuses
caries, puis, inéluctablement, à une gingivite.
Il est par ailleurs probable que des mouvements
mandibulaires puissants favorisent la vascularisation des
tissus, et donc l’aérobiose (la richesse en oxygène), et
diminuent la présence des bactéries anaérobies, nos principaux
ennemis.
La fonction orale (salivation, mastication, déglutition,
phonation, etc.) favorise la synthèse de NO et d’acide urique.
Cette fonction est très perturbée dans la maladie de Parkinson.
Elle doit être corrigée dès la détection des premières
perturbations ou de la baisse de NO ou de l’acide urique afin
de débuter une prévention efficace.
Rappelons aussi que c’est la flore buccale aérobie qui
produit le monoxyde d’azote. L’oxygénation induite par les
mouvements buccaux (langue, joues, muscles masticateurs,
muscles pharyngés pour la déglutition) permet de protéger
cette flore. Des travaux récents ont également identifié des
bactéries buccales susceptibles de découper le gluten aux
endroits immunogènes stratégiques, permettant ainsi une
meilleure tolérance à cette molécule très indigeste, même chez
les sujets non-cœliaques. C’est un contact prolongé avec les
enzymes des bactéries buccales médiées par une salive fluide
et abondante, autorisé par une mastication appliquée et longue,
qui permet ce découpage, et donc cette digestibilité des
aliments difficilement segmentables.
La qualité masticatoire est directement corrélée avec
l’ostéoporose. En effet, une mauvaise mastication nuit à la
bonne digestibilité des aliments 2. De plus, une baisse du
monoxyde d’azote et une diminution des forces appliquées sur
les mâchoires réduit la qualité des os en altérant leur
reconstruction 3 (un os se remodèle en permanence).
La baisse de l’oxygénation des tissus et du monoxyde
d’azote peut aussi favoriser la récurrence des herpès virus
(virus d’Epstein-Barr, cytomégalovirus, herpès simplex 1 ou
2), très souvent retrouvés dans le cul-de-sac gingivodentaire.
Dans ce même espace, les germes anaérobies peuvent
proliférer en cas de milieu acidifié (reflux gastro-œsophagien,
excès de sucres ou d’alcool, diabète) ou d’hygiène dentaire
imparfaite (bourrage alimentaire interdentaire, plaque dentaire
irritante avec microlésions sanguinolentes). Virus et germes
pourront alors provoquer une maladie parodontale, dont l’une
des caractéristiques est la perte osseuse péridentaire, avec
mobilité de la dent.
La baisse de la force masticatoire va provoquer un autre
phénomène : une diminution de l’épaisseur de l’os, dans son
ensemble. Dans la mandibule, les plaques osseuses larges et
épaisses qui caractérisent les sujets jeunes vont petit à petit
être remplacées par des « baguettes » fines. La mâchoire
carrée du jeune athlète se transforme ainsi en menton pointu.
Le massif osseux facial ainsi que la musculature fondent ainsi
après 50 ans, surtout en cas de malabsorption des nutriments.
Il est donc indispensable, pour lutter contre les signes du
vieillissement, de conserver des fonctions buccales
enzymatique et motrice intactes. L’acide hyaluronique et les
greffes osseuses ne seront pas suffisantes, car elles ne
préservent aucunement la qualité de la salive ou de la flore
buccale.
Les études cliniques ont constaté un lien étroit entre le
dysfonctionnement des articulations temporo-mandibulaire
(douleurs des muscles masticateurs ou claquements de
l’articulation à l’ouverture de la bouche) et l’état anxio-
dépressif. Il est établi que l’état anxio-dépressif est corrélé à
l’atteinte du nerf vague sans qu’un lien causal ne soit encore
démontré.
Notons aussi que, chez la femme, la plupart des signes de la
ménopause s’expliquent en partie par l’altération du
microbiote haut, et donc de la flore buccale. La baisse des
estrogènes caractéristique de cette étape de la vie conduit à un
amincissement des muqueuses, et notamment celles de la
bouche, de l’estomac et du duodénum (pas seulement des
muqueuses génitales). La synthèse de monoxyde d’azote
dépend en partie des récepteurs estrogéniques de type béta. La
baisse des estrogènes provoque ainsi une baisse simultanée de
l’épaisseur des muqueuses et de la synthèse du monoxyde
d’azote. L’estomac se vide beaucoup moins bien. D’où un
reflux gastro-œsophagien, davantage de migraines, une prise
de poids conséquente associée à l’apparition d’une flore
gastrique pauvre. En effet, les sucres rapides ou lents vont
fermenter dans l’estomac, qui ne les évacue plus suffisamment
rapidement. Cette fermentation en milieu acide produit
d’immenses quantités d’acides gras. Ces acides ne sont plus
contrebalancés (à l’inverse de l’acide chlorhydrique) par le
bicarbonate d’origine pancréatique. En conséquence, tout
l’intestin devient acide dès l’estomac. Seules les bactéries
acidophiles, donc une flore très pauvre, va survivre. Cette flore
favorise l’explosion des herpès virus et diminue la présence
d’Helicobacter pylori.
Notons aussi que, chez la femme ménopausée, l’existence
de signes climatériques (bouffées de chaleur) est corrélée avec
la perte osseuse, la mauvaise vidange gastrique, la prise de
poids et la baisse du pH salivaire. On peut poser l’hypothèse
d’un lien de tous ces facteurs avec la baisse des estrogènes, et
son impact sur les muqueuses hautes et la vidange gastrique.
On observe aussi souvent un net accroissement de l’asthme,
de l’urticaire et des gastrites ou œsophagites à éosinophiles.
C’est dans cette période que l’on peut assister à l’apparition
d’une fibromyalgie, d’une fatigue chronique (syndrome
d’activation mastocytaire acquis) avec fonte musculaire et
risque de burn-out. Pour prévenir tout cela, on peut proposer
une stimulation des muqueuses par des phyto-estrogènes (à
faibles doses), une surveillance pour s’assurer du maintien de
la diversité de la flore (nous y reviendrons), et une correction
de toute défaillance vagale afin que l’estomac se vide 4 au
mieux. Il est certain que la qualité de l’hygiène dentaire, des
gencives, de la mastication et de la salive est cruciale.
Outre le monoxyde d’azote, la bouche produit en grande
quantité deux autres substances qui jouent un rôle majeur dans
la longévité : le neuronal growth factor (NGF), ou facteur de
croissance nerveuse, et l’acide hyaluronique.
Le NGF, indispensable à la croissance neuronale et à la
réparation des muqueuses, est essentiellement produit par la
glande sous-maxillaire (située sous la mâchoire). Quand il est
produit en excès, suite à un stress (séparation précoce de la
mère) ou en cas de fibromyalgie, cela conduit à des douleurs
intenses et des troubles du transit digestif.
L’acide hyaluronique, qui joue lui aussi un rôle clé dans la
longévité, est aussi un cheval de Troie pour les virus (il
s’accroche aux cellules souches par le même récepteur que la
plupart des virus herpétiques). Son taux particulièrement élevé
chez deux petits animaux (le rat-taupe et certaines chauves-
souris, comme le grand murin ou la pipistrelle commune)
expliquerait ainsi à la fois leur extraordinaire longévité et leur
faible résistance aux virus (à tous les virus pour la chauve-
souris ; et aux virus herpétiques, et surtout à l’herpès de
type 1, pour le rat-taupe). La chauve-souris est en effet un
animal porteur et transmetteur de virus pour l’être humain,
dont le virus de la rage ou du Sars-Cov-2.
Chez l’être humain, il existe une maladie associée à une
hyperproduction d’acide hyaluronique : la sclérodermie de
Buschke (il s’agit d’une maladie chronique qui touche surtout
la peau). Les personnes qui en souffrent ne développent
aucune tumeur (sauf le myélome, induit par le virus d’Epstein-
Barr) ; elles ne souffrent pas de maladie cardiovasculaire ni de
neurodégénérescence ; leur peau cicatrise très bien et se
surinfecte peu. Mais, comme chez le rat-taupe ou les chauves-
souris, leur corps ne peut développer de réaction
inflammatoire intense, et en conséquence ne détruit pas les
organes infectés. L’immunité antivirale parvient normalement
à contrôler la réplication des virus, lorsque celle-ci reste
modeste, mais plus difficilement celle des virus herpétiques.

La bonne santé de la bouche,


garante de notre équilibre psychique

Le monoxyde d’azote, protecteur du système nerveux


autonome
L’estime de soi, l’anxiété et certaines dépressions dépendent
de l’innervation parasympathique, et donc, indirectement, de
la qualité de la muqueuse et de la flore digestives, ce qui
signifie aussi, par voie de conséquence, de la flore buccale.
Le monoxyde d’azote (encore lui !) est en effet le plus grand
protecteur connu du système nerveux autonome digestif. Ce
dernier gère l’activité motrice (notamment le péristaltisme,
c’est-à-dire les mouvements musculaires permettant l’avancée
des aliments dans le tube digestif), les sécrétions et la
vascularisation. Le système nerveux autonome a trois
composantes : le système nerveux sympathique, le système
nerveux parasympathique et le plexus nerveux myentérique.
• Le système nerveux sympathique est rattaché au stress :
c’est lui qui prépare l’organisme à l’action. Les nerfs
sympathiques sont courts, avec de nombreux relais. Il n’existe
pas ou peu de courants afférents (des organes vers le système
nerveux central). Même en cas de contamination par un agent
infectieux (virus ou prion) ou par des dépôts protéiniques, la
probabilité de contagion au cerveau est quasi nulle.
• Le système nerveux parasympathique induit contractions
et sécrétions, mais aussi les relaxations nécessaires aux
vidanges. En effet, une contraction en amont ne sera efficace
que si l’aval se détend. Dans sa partie haute, il est composé de
longs nerfs dits crâniens, dont le nerf vague, qui assure la
motricité de la plupart des organes cervicaux (dont le pharynx
et la thyroïde), thoraciques (cœur et poumons) ou abdominaux
(foie, pancréas, reins, estomac, intestin grêle et les trois quarts
du côlon). Ce nerf relie par le trajet le plus court possible et
sans le moindre relai, le cerveau et l’organe terminal. Il peut
donc transmettre rapidement un agent infectieux neurotrope,
un dépôt protéique anormal ou un signal inflammatoire au
système nerveux central. C’est le talon d’Achille de notre
cerveau.
• Le plexus myentérique est une résille de très petits nerfs
qui assure le péristaltisme : il enserre les organes creux et en
assure la vidange de proche en proche. Il coordonne la
contraction en amont et la relaxation en aval, ce qui provoque
une sorte de reptation de l’intestin et un tortillement qui
permet à l’estomac et l’intestin grêle de se vider très
rapidement et presque totalement, en seulement quelques
heures. Le plexus myentérique forme plusieurs couches autour
de l’intestin : trois couches de plexus prennent en sandwich les
deux couches musculaires disposées autour des organes creux.
Bien sûr, tous ces nerfs assurent leur fonction de
coordination grâce à des neuromédiateurs : la noradrénaline
pour le système sympathique, l’acétylcholine et le VIP
(vasoactive intestinal peptide) pour le parasympathique, et le
monoxyde d’azote pour le plexus myentérique. VIP et NO
protègent la muqueuse intestinale et les neurones du plexus
digestif (le système nerveux automatique). Alors que le VIP
favorise la prolifération des herpès virus, et peut donc exposer
nos tissus à l’invasion, le NO s’oppose farouchement à leur
pénétration à travers la muqueuse, favorise leur destruction par
autophagie et régule la reconstruction du système neveux
autonome.

La voie vagale, voie de la contamination cérébrale


Les cellules, et en particulier celles des muqueuses, qui se
renouvellent très vite, peuvent détruire des agents infectieux
ou des déchets intracellulaires. Elles peuvent se suicider et
s’autodigérer en cas de vieillissement, d’hyper-oxydation, de
carences sévères ou de transformation tumorale (apoptose). Si
l’autophagie est parfaite, la digestion des débris sera totale et
les éléments fondamentaux (acides aminés, acides gras, etc.)
seront recyclés. Mais parfois, le découpage est imparfait,
laissant de gros fragments toxiques au contact des neurones
sous-muqueux. Les nerfs vont partiellement découper puis
absorber ces gros débris, et les propager jusqu’au cerveau. Les
globules blancs intracérébraux (de la microglie) vont tenter, en
vain, de les éliminer. Ces déchets vont s’accumuler dans
certaines zones privilégiées : le locus cœruleus (centre de la
coordination des mouvements, d’où un risque de maladie de
Parkinson) ou l’hippocampe (centre de l’émotion et de la
mémoire), aboutissant à l’anxiété, à la dépression et à la perte
de la mémoire récente (d’où le risque de maladie
d’Alzheimer). Cette voie, qui emprunte le nerf vague, est bien
démontrée pour les herpès virus, pour les prions (maladie de la
vache folle), pour les neurodégénérescences (Parkinson,
Alzheimer), et probablement pour le Covid neurologique.
L’atteinte débute souvent dans la bouche, ce qui provoquera
des troubles de la phonation et de la déglutition (avec des
risques de fausse route et de pneumonie), puis elle touchera le
pylore et le duodénum avec des troubles de la vidange
gastroduodénale, un reflux et une maladie parodontale.
L’atteinte vagale se suspecte lorsque se manifestent les
troubles suivants : troubles de la déglutition, troubles vésicaux,
arythmie, acouphènes, vertiges, malaises vagaux,
essoufflement, perte de sudation, reflux gastro-œsophagien et
maladie parodontale.
Les examens simples pour assoir le diagnostic sont : le test
de Ruffier (test physique aussi effectué pour vérifier l’aptitude
d’un individu à la pratique sportive), le rapport
neutrophiles/lymphocytes, l’examen de la vidange digestive ou
l’examen du mouvement diaphragmatique central à
l’échographie abdominale.

Une nouvelle explication à la dépression


Une dysbiose (nous avons vu l’importance de la bouche
dans ce contexte) ou bien une maladie parodontale (impliquant
toujours une réactivation des herpès virus à quelques
centimètres du cerveau) peuvent expliquer en partie
l’apparition d’une dépression. Dysbiose et maladie
parodontale favorisent en effet le déversement de toxines dans
le flux sanguin et l’inflammation générale, comme lors d’une
infection chronique. Toute inflammation (par exemple induite
par une infection ou par une mauvaise flore intestinale ou
buccale) va provoquer une perméabilité des membranes dont
la membrane hémato-méningée (entre le sang et le cerveau).
Par ailleurs, de nombreux débris de bactéries, de globules
blancs ou de cellules muqueuses mortes vont se déposer au
contact des terminaisons nerveuses et vont être conduites au
cerveau par le nerf vague, provoquant une réaction
inflammatoire cérébrale. Ce déplacement, voire la
concentration, de l’inflammation vers le cerveau provoque un
stress intense et une altération des fonctions psychiques. Cela
explique pourquoi une infection virale (Covid-19, grippe,
hépatite virale…) ou la réactivation d’un virus latent (herpès
virus) suite à un stress, une fatigue, un infarctus ou une
infection bactérienne sévère (tuberculose, pneumonie,
typhoïde), déclenchent souvent des phases dépressives.
Aujourd’hui, l’une des explications les plus courantes à la
dépression est le déséquilibre de certains neurotransmetteurs
(éléments qui assurent la transmission des messages entre les
neurones), en particulier de la sérotonine. Ce
neurotransmetteur, qui est le médiateur de l’apaisement et de
la relaxation, est sécrété en fin d’après-midi. Il a des vertus
sédatives, et régule aussi l’appétit et l’humeur. On peut
néanmoins constater des discordances importantes entre les
taux réels de ces médiateurs et les signes cliniques. On trouve
parfois des taux de sérotonine effondrés chez des sujets actifs
et motivés, ou bien des taux revenus à la normale chez des
sujets restant déprimés, ou encore des taux bas malgré la prise
de médicaments sensés les augmenter (inhibiteurs de la
capture de sérotonine) chez des sujets sortis de la phase
dépressive.
D’autres mécanismes interviennent donc dans la dépression.
L’un des mécanismes principaux est l’inflammation
intracérébrale, avec une augmentation des cytokines (comme
l’interleukine 6) et un taux élevé d’anticorps dirigés contre les
toxines bactériennes d’origine digestive. Le nombre de
cellules gliales (globules blancs fixés dans les tissus) est
également très augmenté ; elles affluent vers le cerveau via le
nerf vague. Tout cela déclenche une oxydation excessive, qui
altère le fonctionnement neuronal, pouvant même détruire les
neurones.
Il existe un autre lien entre la bouche et la dépression et
l’anxiété. Il est à rechercher du côté de l’équilibre des
articulations temporomandibulaires (les articulations situées
entre les deux os qui forment la mâchoire : l’os maxillaire, en
haut, et la mandibule, en bas). Notons que, à l’instar des
organes, la bouche est soumise à une asymétrie : l’hypertonie
gauche touche 85 % de la population. En d’autres termes, les
humains mastiquent et salivent davantage du côté gauche que
du côté droit. En cas d’atteinte de l’équilibre de l’articulation
temporomandibulaire (gauche en particulier), le risque de
dépression ou d’anxiété est multiplié par deux à trois, dès
l’adolescence (et le risque d’intestin irritable est multiplié par
quatre). Il est très probable que le mauvais fonctionnement de
la mastication soit induit par une dyspraxie des muscles
masticateurs : le système nerveux autonome (le nerf vague) ne
coordonne pas bien l’ouverture et la fermeture de la mandibule
(un os suspendu très difficile à faire fonctionner en respectant
l’articulé dentaire, la respiration, les mouvements de la langue,
des joues, du pharynx et de la glotte). Notons que, dans les
modèles animaux, la dépression rattachée à l’atteinte de
l’articulation temporomandibulaire disparaît après la section
du nerf vague gauche. C’est un argument majeur d’implication
de l’immaturité ou de l’inflammation du nerf vague dans la
dépression.
Le nerf vague est en effet un régulateur des sécrétions
hormonales, et on sait qu’un déséquilibre hormonal peut
déclencher une dépression. La dépression du post-partum
l’illustre bien : un excès ou un défaut de production hormonale
(ACTH, produite par les surrénales, TSH, produite par la
thyroïde, prolactine, ocytocine, hormones sexuelles) peuvent
diminuer l’effet des neurotransmetteurs.
Le nerf vague est directement connecté à l’hypothalamus,
qui contrôle l’hypophyse. Le nerf vague digestif distille ses
ordres à ce centre de commande, placé au centre du cerveau, et
module la synthèse des kisspeptides, qui maîtrise la chaîne des
neurotransmetteurs régulateurs des hormones et de l’humeur,
en particulier de l’ocytocine. Appelée « love hormone »,
l’ocytocine est l’hormone de l’attachement et de la sociabilité.
Sa synthèse augmente par le massage, surtout abdominal, et la
stimulation du mamelon (tétée). Elle fortifie le lien social et
diminue l’exclusion, mais seulement chez ceux qui n’ont pas
éprouvé de manque maternel. Elle augmente aussi la
reconnaissance des signaux d’expression intra-groupe et
promeut l’ethnocentrisme, ce qui peut poser problème dans
une communauté hétérogène, comme la nôtre. Malgré ce
qu’affirment quelques publications, l’ocytocine n’augmente ni
l’immunité ni la longévité. Elle n’a aucun effet sur l’acide
hyaluronique, les os, les muscles ou bien contre la maladie
parodontale ou les herpès virus. Le nerf vague stimule sa
production. Le monoxyde d’azote est le principal régulateur de
sa synthèse dans l’hypothalamus.
Notons aussi au passage le rôle sous-estimé du monoxyde
d’azote (NO) et de la position de la mâchoire et de
l’articulation temporomandibulaire gauche dans l’apnée du
sommeil. Ce trouble, souvent associé au ronflement, se
caractérise par des pauses respiratoires nocturnes pendant
lesquelles la personne cesse de respirer. Environ un tiers des
personnes souffrent d’apnée du sommeil. Les pauses
respiratoires nocturnes provoquent une baisse de
l’oxygénation cérébrale et une chute du NO intracérébral. Une
prothèse d’avancée mandibulaire restaure le mouvement
respiratoire et l’oxygénation, ainsi que le taux de NO. Outre le
risque cardiovasculaire, cette maladie favorise l’inflammation
cérébrale et les troubles de l’humeur.
Revenons à la sociabilité, et à l’ocytocine. A. J. Filiano et
ses collaborateurs ont bien démontré le rôle de l’immunité, et
surtout des interférons IFN-gamma, sur ce point 5 : les souris
déficientes en IFN-gamma souffrent de déficits sociaux. Une
bonne immunité méningée accroît mémoire et apprentissage
spatial, et favorise les échanges : c’est un phénomène
universel, qui se vérifie aussi chez les rongeurs, les poissons et
les insectes. Rappelons que les interférons sont la clé de la
lutte contre les virus (en particulier, les herpès), dont l’entrée
est essentiellement buccale. D’autres travaux ont constaté que
la richesse du biote favorise la sociabilité et l’extraversion, ou
encore que les personnes autistes présentaient une flore
pauvre. Une flore digestive inflammatoire provoque en phase
aiguë une sédation sévère (un burn-out) et, sur fond chronique,
une anxiété puis une dépression. L’implication du nerf vague
gauche a été plusieurs fois évoquée. Les patients inhibés ayant
du mal à s’insérer socialement développent davantage
d’infections virales, car ils produisent moins d’interférons.
Leur système sympathique est surdéveloppé par rapport au
parasympathique (nerf vague). La synthèse de NGF, multipliée
par 2,3, est corrélée au stress ainsi qu’au taux de cortisol. Leur
estomac se vide mal car le taux de NO et d’acide urique est
diminué.
5
Les principaux ennemis
de votre bouche

Préserver la bouche, et tout son écosystème, est une priorité


pour notre bonne santé globale, aussi bien physique que
psychologique, ou encore sociale. Avant d’aborder les bons
gestes à adopter, identifions tout d’abord les principaux
ennemis à combattre…

Le sucre sous toutes ses formes

On le sait, le sucre, notamment quand il est consommé en


dehors des repas, est le premier ennemi de nos dents, et donc
de notre flore buccale. On connaît son rôle prépondérant dans
la formation des caries : en fermentant, il entraîne le
développement d’acides qui gâtent les dents. Il est également
responsable de l’inflammation des gencives et de l’apparition
d’une haleine nauséabonde, lorsque notre propre chair ou notre
sang est attaqué, au niveau buccal, gastrique ou intestinal. Les
ulcérations sanguinolentes nourrissent également certaines
bactéries.
Notons que tous les types de sucres fermentent : le
saccharose (sucre de table), le glucose (sous forme de « sirop »
de glucose dans les bonbons et les pâtisseries industrielles), le
fructose (contenu dans les fruits et le miel), le lactose (que l’on
trouve dans le lait, les laitages frais, le chocolat au lait), les
polyols (comme le mannitol et le sorbitol, contenus dans le
céleri, les carottes, les oignons, les pommes, les poires, etc.,
mais aussi dans de très nombreux édulcorants). Même les
sucres lents fermentent : légumineuses, choux, betteraves,
asperges, etc.
Les boissons à la fois sucrées, pétillantes et acides cumulent
les agressions. D’une part, leurs sucres bloquent la vidange
gastrique, favorisant les reflux de l’acide gastrique et des
sucres ingérés (et cela d’autant plus que la boisson est gazeuse
et glacée). D’autre part, leurs ingrédients acides augmentent la
sensation de fraîcheur et stimulent le goût.
En réalité, un jus d’agrumes frais rendu pétillant sera donc
presque aussi néfaste qu’un soda artificiel, car il sera lui aussi
acide et pétillant, sans apport de fibres. Au jus de fruit même
« fraîchement » pressé, il faudra préférer le fruit entier, à
température ambiante, ses fibres diminuant très fortement
l’agressivité de l’acide. Les fibres augmentent également la
diversité de la flore, tout en diminuant la prolifération des
bactéries Fusobacterium et Porphyromonas. C’est l’effet
« matrice ». Par exemple, si le jus de canneberges (très
bénéfique contre les cystites) est beaucoup plus efficace et
beaucoup moins agressif pour les muqueuses après élimination
des acides gras qu’il contient, la consommation de
canneberges entières séchées élimine complètement cet
inconvénient.
Quant à l’alcool, c’est un facteur de risque de cancer
oropharyngé, de maladie parodontale et de caries dentaires. Il
favorise l’atonie gastrique et le reflux gastro-œsophagien, ce
qui contribue encore à l’abrasion des muqueuses buccales.
Chez le buveur excessif, la flore s’oriente inéluctablement vers
les germes anaérobies : entérotypes Prevotella, avec excès de
Fusobacterium, de Prevotella et de Tanarella.
Il en sera de même pour les grands consommateurs de
vinaigre ou d’autres produits fermentés (alcools, dont le vin,
produits lacto-fermentés, comme le kombucha ou le kéfir,
etc.). Ces produits sont à éviter, car ils risquent de transformer
une flore buccale diversifiée en désert acido-alcoolo-résistant,
le pire des cas de figure : la flore ne résiste plus alors aux
antibiotiques, ni aux antiseptiques, et ne produit plus de
composés protecteurs, plus de monoxyde d’azote et plus
d’hydrogène sulfureux. Les composés de ces produits issus de
la fermentation, très stables et pouvant se conserver des
années, sont morts, et ne protègent plus nos tissus. Le contenu
en polyphénols de certains vins n’est qu’un cache-misère : un
polyphénol ne peut rien contre les bactéries anaérobies, la
destruction de la muqueuse ou un reflux.

Les antibiotiques, les huiles essentielles


par voie orale et l’argent colloïdal

Les antibiotiques
On sait que les antibiotiques sont destructeurs de la flore
intestinale. Mais ils vont aussi détruire la flore buccale. Ils
diffusent dans les tissus après leur passage dans le sang et se
concentrent – selon leur classe et leurs propriétés
pharmacologiques – préférentiellement dans certains organes.
On parle de « volumes de distribution » (ou « espaces de
distribution »). Les muqueuses buccales et digestives font très
souvent partie de l’espace de distribution des antibiotiques.
La flore buccale, qui possède la diversité en bactériophages
la plus grande de l’organisme (des dizaines de milliers de fois
plus grande que celle de l’intestin), est particulièrement
appauvrie après une antibiothérapie. Plus généralement, la
destruction des bactéries protectrices de la bouche livre nos
muqueuses à la barbarie de bactéries beaucoup plus avides en
ressources. Mobiles, ces dernières se divisent rapidement, et
opèrent une exploitation intense des ressources pouvant
engendrer des dommages tissulaires profonds (aphtes,
saignements, déchaussements de dents, fissures de la langue),
voire une inflammation majeure, avec accumulation de
globules blancs. Ces bactéries produisent des gaz et des
toxines qui peuvent endommager d’autres tissus à distance, en
essaimant par voie sanguine (on parle alors de bactériémie),
propageant ainsi l’inflammation chronique.
Ainsi, si une antibiothérapie non maîtrisée peut résoudre
une infection aiguë ponctuelle, elle peut aussi induire une
infection/inflammation chronique diffuse, source
d’immunosuppression, d’atteinte des muqueuses ou des nerfs
sous-jacents. Les bactéries buccales pathogènes jouent un rôle
majeur dans ces pathologies post-antibiothérapie abusive.
Les bactéries résistantes cohabitent désormais chez toutes
les espèces animales vertébrées et occupent des places de
choix dans tous les biofilms, notamment celui de la bouche
(mais aussi celui de la peau et des orifices). Nos habitudes
occidentales conduisent inéluctablement et souvent très
précocement à des flores altérées. Les flores sont détruites par
les antibiotiques, les désinfectants (détergents domestiques,
chlore des piscines, et autres produits halogénés), les
bactéricides ou les bactériostatiques (bains de bouche et usage
de gels hydro-alcooliques répété).
L’intégration de bactéries antibiorésistantes dans les
biofilms rend toute la communauté plus résistante, car les
gènes de résistance sont facilement transfectés d’une bactérie à
l’autre. Un biofilm antibiorésistant devient vraiment un
ennemi inexpugnable, car toutes les bactéries qui le composent
résistent.
Alors que les bactéries sensibles créent des conglomérats de
nombreuses espèces bactériennes différentes pour se protéger,
les bactéries antibiorésistantes forment des biofilms pauvres,
comme si, n’ayant pas besoin de se défendre, elles n’avaient
nul besoin de s’associer.
Nous avons perdu le contact avec le sol (plus de mains dans
la bonne terre de jardins travaillés depuis des lustres) et le bois
(travail forestier, bois de chauffage, maisons ou meubles en
bois massif). Les flores des animaux de rente que nous
mangeons ne valent pas mieux (baisse de la diversité
alimentaire, stabulation, usage irrationnel des antibiotiques).
Même la diversité de la flore de nos animaux de compagnie
commence à décliner. L’obésité commence à frapper chats et
chiens. Et si les antibiothérapies commençaient à tuer les
flores de nos terres agricoles et à raréfier la diversité de
l’endobiote de nos végétaux ? Présents dans les aliments, les
cours d’eau, l’eau du robinet, les antibiotiques détruisent les
flores commensales ancestrales. On retrouve plus de trois
bactéries multi-antibiorésistantes dans certaines eaux
minérales. Les biofilms antibiorésistants se propagent, car les
animaux ou les individus qui en sont porteurs contaminent leur
environnement : fumier, terroir, lieu de vie, en passant par
l’eau du jacuzzi ou de la piscine.

Les huiles essentielles par voie orale


Les huiles essentielles possèdent des pouvoirs bactéricides
similaires aux antibiotiques. En revanche, elles ne possèdent
aucun effet antiviral. En diminuant le nombre de bactéries,
elles atténuent l’inflammation, mais au prix d’une baisse de la
diversité des flores et d’une fragilisation des muqueuses. Si
l’on détruit la diversité de sa flore, les infections deviennent de
plus en plus fréquentes. L’utilisation des huiles essentielles
doit être adaptée à la flore et restreinte à des doses
extrêmement faibles : de l’ordre du trentième de goutte par
jour ! Leur usage oral (ou nasal et même par un diffuseur)
régulier explique plus d’un quart des destructions de flores et
de muqueuses que je constate dans ma clientèle. Une seule
semaine de traitement avec plusieurs gouttes par jour peut
détruire définitivement une muqueuse et une flore haute
(buccale et gastroduodénale) !

L’argent colloïdal
Autre véritable non-sens : l’utilisation de l’argent colloïdal,
qui va venir désinfecter la flore, alors que, vous l’aurez
compris, la santé implique une flore riche ! D’autant que
l’argent est un métal toxique, qui s’accumule dans les tissus. À
proscrire absolument donc (et éviter aussi tous ceux qui le
recommandent !).

Les médicaments

Certains médicaments peuvent provoquer des atteintes


buccales, soit directement, soit indirectement. La cyclosporine,
employée pour éviter les rejets de greffe ou pour traiter
certaines maladies auto-immunes, peut provoquer une
hypertrophie gingivale inflammatoire. Il en va de même pour
la phénytoïne (un anti-épileptique) ou les inhibiteurs calciques
(employés comme anti-hypertenseurs). Tous les médicaments
diminuant la vidange gastrique et provoquant ainsi un reflux
gastro-œsophagien favorisent caries et maladie parodontale.
On citera les antidépresseurs, les anxiolytiques, les anti-
épileptiques, les antihistaminiques, les antitussifs, des
antiasthmatiques, les médicaments contre les incontinences
urinaires.
Certains médicaments peuvent provoquer la chute brutale
du taux d’acide urique sanguin. Cela provoque la réactivation
des virus herpétiques au niveau de la peau ou des muqueuses.
Peuvent alors survenir des aphtes ou des petites bulles
remplies de liquide ou de sang. De très nombreux
antibiotiques (comme l’ampicilline ou le Bactrim®), la
phénytoïne (évoquée plus haut), la névirapine (anti-VIH),
l’allopurinol (antigoutteux), le silicium ou encore le
champignon shiitaké peuvent provoquer de tels désagréments.

Les bains de bouche du commerce

Les bains de bouche du commerce détruisent la flore


buccale sans discernement et appauvrissent la diversité. Petit à
petit, ils vont aboutir au même résultat que les antibiothérapies
prolongées ou répétées, que les huiles essentielles orales ou
que l’argent colloïdal. Il existe heureusement des alternatives,
comme nous le verrons dans le chapitre suivant.

Les bains en piscine

L’eau des piscines contient des désinfectants, comme le


chlore (dans les piscines publiques). Celui-ci supprime la flore
de la peau et des muqueuses exposées, et réagit avec les débris
organiques des nageurs pour produire des chloramines, qui
sont des composés irritants et allergisants. On observe alors
une baisse de la diversité du microbiote et une prise de poids.
Les piscines peuvent aussi contenir de nombreux virus, dont
les papillomavirus, connus pour être la cause des verrues ou du
cancer du col de l’utérus. Elles sont un lieu d’échange de
bactériophages (virus des bactéries), qui modulent les biofilms
à partir des flores buccales, et d’échange des flores agressives
(buccale, urinaire, fécale, pulmonaire, etc.), tous deux
provoquant la destruction des flores bénéfiques. Par ailleurs, la
natation n’est pas un exercice physique suffisant pour
améliorer la vidange gastrique, la mobilité diaphragmatique ou
la reconstruction osseuse. La pratique de la natation ne réduit
pas la dysbiose digestive, alors que le vélo, la course ou la
marche rapide le permettent.

Le tabagisme et les poussières

Le tabagisme agresse la cavité buccale en raison des


poussières émises, des goudrons, des gaz toxiques (monoxyde
de carbone, dioxyde d’azote, acide cyanhydrique, ammoniac),
des métaux lourds et de la chaleur dégagée, qui assèche les
muqueuses. La sécheresse buccale favorise la prolifération des
bactéries anaérobies, responsables de la mauvaise haleine et
des maladies parodontales (rétraction gingivale, perte osseuse
et dents mobiles), et qui envahissent également le tartre.
Les goudrons et la nicotine colorent les dents malgré un
brossage quotidien. Ils s’infiltrent dans les fissures des dents
ou de la langue pour y demeurer de façon permanente, comme
un « tatouage ». Les caries dentaires répétées aboutissent à des
extractions et à une édentation précoce. L’inflammation altère
le goût et l’odorat, favorise les ulcérations et augmente le
risque tumoral.
Au-delà du tabagisme, il est probable que toutes les
particules – organiques ou inorganiques, comme la silice, le
talc, les fumées de graisses chauffées (mécaniques ou
alimentaires), les poussières issues de soudure ou de décapage
de métaux, de bois, de pierre ou d’ongles – puissent générer
des irritations ORL ou buccales. Des poussières de silice, de
talc, de dentine aboutissant à des granulomes buccaux (lésions
inflammatoires) ont été impliquées dans la survenue de
polyarthrites rhumatoïdes. Selon une étude taïwanaise portant
sur plus de 480 000 hommes âgés de 40 ans et plus parue en
2018 dans le Journal of Investigative Medicine, la pollution
aux particules fines (qui contiennent des métaux lourds ou des
hydrocarbures aromatiques) augmenterait de 43 % les risques
de cancer de la bouche.

Les mauvaises habitudes et le défaut


de nettoyage

Notre flore buccale dépend directement de notre hygiène


dentaire et de certains de nos comportements. Comme nous
l’avons vu plus haut, les flores dites « charognardes »
(consommatrices de débris alimentaires) ne doivent pas entrer
en contact avec nos muqueuses, au risque de les consommer.
Les dents et tous les recoins interdentaires doivent donc être
soigneusement débarrassés des moindres débris par un lavage
soigneux (sur lequel nous reviendrons dans le chapitre
suivant).
Il faut également prendre soin de ses muqueuses, et veiller à
ne pas les traumatiser avec des gestes qui, s’ils nous semblent
banals et sans danger, peuvent se révéler délétères. Il vous est
sûrement déjà arrivé de vous servir de vos dents pour défaire
des nœuds, déchirer du scotch, tenir des vis ou des clous…
Peut-être avez-vous aussi l’habitude de vous ronger les ongles,
et peut-être le stress vous fait-il parfois serrer et grincer des
dents ? Peut-être encore, tout simplement, mastiquez-vous
préférentiellement d’un seul côté ou respirez-vous par la
bouche (aggravant le dessèchement de vos muqueuses) ? Ces
mauvaises habitudes doivent être écartées, pour la bonne santé
de votre bouche !
Attention aussi aux fractures dentaires, fréquentes dans
certains sports. Il faut se rappeler qu’un canal dentaire est un
accès direct à l’os de la mâchoire. L’os se défend très mal
contre les infections, et ne peut que circonscrire un foyer, pas
le stériliser. L’infection gagnera soit la gencive, soit une autre
dent, soit la voie sanguine et un autre organe. Conclusion : on
n’oublie pas les protège-mâchoires !

Les infections virales


Nous avons largement souligné l’importance de la bouche
pour transmettre et accueillir – via les microgouttelettes de
salive ou les mains portées à la bouche – la plupart des virus :
Sars-Cov-2, virus d’Epstein-Barr, cytomégalovirus, herpès
simplex, grippe, rougeole, rubéole, oreillons, etc. Les virus
chroniques resurgissent parfois tous les mois, atténuant
l’immunité et la diversité de la flore, et détruisant les
muqueuses, les nerfs et les fonctions automatiques (vidanges
digestives, rythme cardiaque et tension artérielle, amplitude
respiratoire, régulations hormonales, etc.).
La priorité absolue est donc de contrôler régulièrement les
infections virales chroniques buccales.
6
Les bons gestes à adopter

La bouche est un véritable sujet de santé publique. Au-delà


de la seule lutte contre les caries (qui est bien sûr absolument
indispensable), elle doit devenir une priorité pour la santé
globale. Dans nos sociétés occidentales, l’hygiène buccale se
résume trop souvent (dans le meilleur des cas !) à se brosser
les dents deux fois par jour, à faire quelques bains de bouche, à
consulter son dentiste tous les ans ou bien à détruire sa flore.
En réalité, il y a de nombreuses autres mesures à mettre en
place pour protéger son écosystème buccal, et sa santé en
général.
On peut détruire sa bouche – puis sa santé – parce que l’on
néglige les débris alimentaires entre les dents, parce que l’on
boit beaucoup de sodas, parce que l’on souffre d’un reflux
gastrique qui acidifie la bouche, parce que des virus ou
certaines bactéries détruisent les gencives ou les dents, parce
que l’on est allergique au nickel ou au gluten, parce que l’on
consomme des produits contenant des mycotoxines, parce que
la qualité ou la quantité de notre salive ne la protège plus,
parce que la mâchoire supérieure, la mandibule, la langue ou
les muscles masticateurs ne fonctionnement pas bien
ensemble, parce que leur utilisation inappropriée traumatise
l’appareil masticateur (grincement des dents, déviation lors de
l’ouverture avec claquement d’une ou des deux articulations
temporomandibulaires…), etc., etc. La liste est longue, et il est
difficile de penser à tout !
Pour schématiser, trois grandes règles d’or doivent être
respectées, discipline qui aura une incidence sur la qualité et la
durée de vie :
• La bouche doit être propre, sans reflux. Il faut donc un
estomac qui se vide correctement. Pour cela, il faut
consommer peu de sucres et de féculents, et pratiquer une
activité physique suffisante, permettant une vidange gastrique
efficace et régulière.
• La bouche doit être saine. Pas de virus dans la bouche,
pas de flore agressive, afin de garantir l’absence
d’inflammation. Le cerveau n’est pas loin de la bouche, et il
n’y a pas d’étanchéité. Toute inflammation chronique abîme le
cerveau !
• La bouche (et, plus globalement, la sphère bucco-nasale)
doit fonctionner de manière optimale. Cela passe par une
salivation de qualité, une anatomie adaptée à un excellent
mouvement (donc un bon articulé dentaire), une bonne
déglutition, une bonne respiration (notamment nasale), une
bonne ouverture buccale (de l’élasticité), et de la puissance
dans les masticateurs (muscles et os). Éduquer ou rééduquer
ces différents fonctionnements peut être nécessaire pour
retrouver les automatismes.

Une bouche propre : l’importance de l’hygiène et d’une


alimentation adaptée

Une hygiène bucco-dentaire irréprochable


Les bons gestes
Commençons tout d’abord par rappeler les gestes de base en
matière d’hygiène bucco-dentaire… Rappel qui n’est pas
inutile si l’on en croit certains chiffres 1 : plus d’un quart des
Français (26 %) ne se lavent pas les dents au moins deux fois
par jour. L’Union française pour la santé bucco-dentaire
recommande pourtant un brossage des dents 2 minutes deux
fois par jour : c’est un premier geste de prévention efficace
contre les pathologies bucco-dentaires.
Se brosser les dents n’est pas un simple rituel. C’est
l’objectif à atteindre qui compte : enlever tous les débris
interdentaires, sans abîmer les gencives (et en seconde priorité,
enlever le tartre ou empêcher qu’il ne se développe).
Pour répondre à cet objectif, il est nécessaire :
– De se brosser les dents après chaque repas (il faut donc
éviter le grignotage, qui est rarement suivi d’un brossage).
– D’effectuer un brossage doux. Les gencives ne doivent
jamais saigner. Le brossage sera vertical, focalisé sur
l’espace interdentaire et les endroits où surviennent
habituellement les bourrages alimentaires.
– De compléter régulièrement cette chasse aux débris par
l’utilisation d’un fil dentaire (à manier délicatement), d’un
fil avec manche, de brossettes interdentaires ou du jet
dentaire (hydropulseur). Ces accessoires doivent, dans
l’idéal, être utilisés tous les jours. En effet, le brossage par
brosse à dents ne nettoie que 60 % de la surface des dents ;
ces accessoires sont donc indispensables pour nettoyer les
40 % restants. Or ce n’est absolument pas un réflexe pour
les Français : seulement 13 % des personnes interrogées
dans le cadre de l’enquête citée ci-dessus déclarent utiliser
ces accessoires au moins une fois par jour. Attention en
revanche aux cure-dents : plus d’une personne sur deux
déclare utiliser un cure-dents en cas d’aliment coincé entre
deux dents. Or, c’est une très mauvaise habitude, car elle
augmente le risque de blessures de l’émail, de la gencive ou
de la joue. Il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives,
comme les bâtonnets interdentaires en silicone, souvent
intégrés aux fils dentaires.
Si le tartre sévit malgré ce brossage soigneux et ces gestes
d’hygiène complémentaires, une visite tous les six mois (voire
tous les quatre mois) chez le dentiste avec un détartrage sera
indispensable.

La brosse à dents idéale


Pour un brossage optimal, la tête de la brosse doit être plutôt
étroite et la texture des brins souple. Cette brosse doit être
changée dès qu’elle ne permet plus d’enlever les débris
interdentaires. La brosse à dents électrique, elle, relève plus du
gadget, mais elle peut amuser les enfants et permettre de les
réconcilier avec le rituel pluriquotidien.
Bien entendu, une brosse à dents est personnelle. Elle ne se
prête jamais (même une seule fois). Surtout pas de parent
(vieille flore et beaucoup de virus herpétiques ou de
papillomavirus) à enfants (porteurs de virus tels que le Sras-
Cov-2). Si l’on utilise régulièrement de l’eau oxygénée diluée
en bain de bouche (voir p. 150), il est inutile de désinfecter sa
brosse à dents puisqu’elle l’est régulièrement lors du brossage.

Et le dentifrice ?
C’est la qualité du brossage qui compte, pas le dentifrice. Si,
en plus du brossage, vous vous nettoyez la bouche avec de
l’eau oxygénée diluée ou bien avec un hydropulseur qui
projette de l’eau enrichie en oxygène, le bénéfice du dentifrice
est négligeable.
Sachez que, dans le monde très réglementé des dentifrices,
il existe encore beaucoup de produits dangereux. Évitez les
dentifrices contenant, entre autres, du dioxyde de titane (classé
mutagène), du triclosan (cancérigène, perturbateur
endocrinien, allergisant, diminuant la diversité du biote) ou du
sodium lauryl sulfate (cancérigène, irritant, diminuant la
diversité du biote).
Quant à leur teneur en fluor, elle est très contrôlée.
L’efficacité chez l’adulte est limitée.
Selon les directives de l’OMS, les enfants de moins de 3 ans
doivent utiliser des dentifrices contenant au plus un niveau de
fluorure de 1 000 ppm (1 000 millionièmes), tandis que les
enfants de plus de 3 ans peuvent utiliser des dentifrices
contenant 1 000 à 1 500 ppm de fluorure. Les dentifrices ne
doivent jamais être utilisés en quantités excessives, pour éviter
les divers effets secondaires de l’empoisonnement au fluor.
Les enfants de moins de 7 ans ne doivent utiliser qu’une
quantité de dentifrice de la taille d’un petit pois. Il est
cependant conseillé de recracher le contenu de la bouche après
le brossage plutôt que de se rincer la bouche à l’eau – ceci afin
que le fluor présent dans le dentifrice puisse rester en contact
avec les surfaces dentaires pendant une période plus longue.
On trouve aujourd’hui sur le marché des dentifrices enrichis
en probiotiques. Plusieurs études rapportent un effet bénéfique
de certaines lactobactéries (toutes génétiquement modifiées !)
sur la flore buccale, avec une baisse du risque de caries. Les
liquides et les dentifrices ainsi enrichis seraient cependant
plutôt inefficaces, en comparaison avec les pastilles ou les
gommes à mâcher. Notez que ces résultats sont préliminaires
et demandent confirmation : aucun probiotique n’ayant pour
l’instant été classé comme médicament, ils sont pour le
moment considérés par les autorités de santé comme des
placebos.
Ce que l’on sait en revanche, ce n’est qu’aucun probiotique
n’est capable de changer durablement un microbiote. Et fort
heureusement ! Avant de vouloir changer un microbiote, il faut
en effet établir un diagnostic, et confirmer que le changement
de la flore buccale sera bénéfique. Imaginez qu’un lactobacille
incompatible avec votre flore personnelle réussisse à
s’implanter, cela provoquerait une guerre fratricide : une auto-
immunité buccale ou bucco-gastrique, ou, pire encore, une
inflammation chronique avec retentissement sur les voisins
(les sinus, le pharynx, les amygdales, les végétations, la
colonne cervicale, le cerveau…). Cela serait d’autant plus
dramatique qu’il est très difficile – parfois impossible –
d’arrêter le massacre. Il faut donc à tout prix éviter de
remplacer sa bonne flore par une mauvaise.

Le bain de bouche à l’eau oxygénée, une bonne habitude


à prendre
Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, les
bains de bouche du commerce appauvrissent la flore. Alors
quelle alternative avons-nous pour préserver nos gencives et
notre haleine ? Une solution est d’opter pour le peroxyde
d’hydrogène (plus connu sous le nom d’eau oxygénée), qui va
cibler les bactéries anaérobies, dont Fusobacterium ou
Porphyromonas. Contrairement aux idées reçues, l’eau
oxygénée n’est pas dangereuse 2. Elle est efficace sur les
bactéries buccales, le Sars-Cov-2 ou l’herpès simplex (sans
être une protection suffisante à elle seule). Notons qu’une flore
buccale saine et diversifiée produit du peroxyde d’hydrogène
pour réduire la flore pathogène. Utiliser de l’eau oxygénée
diluée revient donc à exploiter une voie physiologique.
En pratique, en cas de maladie parodontale associée à du
tartre ou à une langue couverte de Propionibacterium acnes, le
nettoyage quotidien de la langue avec de l’eau oxygénée
diluée (3 %/10 volumes), diluée par trois (une cuillerée à café
d’eau oxygénée pour 2 cuillerées à café d’eau du robinet),
assurera la disparition des bactéries anaérobies et de
l’entérotype buccal Prevotella/Fusobacterium. Pensez à
brosser la langue, les gencives et les dents puis à bien cracher.

Les pratiques ayurvédiques


Dans l’ayurvéda, l’hygiène bucco-dentaire, et plus
généralement l’hygiène orale, tient une grande place.
Différentes pratiques, simples mais efficaces, sont ainsi
proposées. La première consiste à se racler la langue avec un
racloir en métal, si possible en cuivre, afin d’éliminer les
bactéries indésirables, mais aussi les composés volatils à
l’origine de la mauvaise haleine. C’est la technique du jihwa
prakshalana. Le cuivre est d’ailleurs aujourd’hui reconnu pour
ses propriétés antibactériennes. En pratique, il suffit de se
gratter la langue une dizaine de fois le matin dès le réveil, et
de boire immédiatement après un ou deux grands verres d’eau
à température ambiante : cette méthode est idéale pour
éliminer les toxines ou résidus métaboliques (appelés ama en
ayurvéda) qui se sont déposés sur la langue pendant le
sommeil.

Attention aux soins « maison » !


On ne bricole pas avec la santé de sa cavité buccale.
Attention notamment à la mode des dentifrices homemade et
autres soins maison ! N’utilisez pas tout ce qui peut rayer
l’émail, notamment le charbon, les poudres ou l’argile (sauf
l’eau argileuse).
Évitez les bricolages personnels : mélanges d’huiles
essentielles, d’huiles diverses, d’extraits de plantes, etc., dont
vous n’êtes pas en mesure d’évaluer les conséquences sur la
flore ou sur certains récepteurs hormonaux. Idem pour les
désinfectants, qui vont détruire la flore. Attention également
aux produits artificiels, comme l’argent colloïdal, qui cumule
les inconvénients. Dans l’ensemble, évitez tous les produits
contenant des particules minérales, dont les métaux ou des
huiles de mauvaise qualité. Une huile ne doit jamais refluer
vers le nez. Les muqueuses nasales et pulmonaires sont très
fragiles. Autrefois, les excipients des produits instillés dans les
narines étaient huileux. Cela provoquait des atrophies
muqueuses irréversibles ou des accumulations sous-
muqueuses. Les excipients huileux ont donc été interdits. On
retrouve encore actuellement des mises en garde à propos de
l’usage de quelques produits à instiller dans le nez et contenant
2 à 5 % d’huiles, du type de celle-ci : « Il existe un risque de
dépôt huileux dans les poumons en cas d’usage… supérieur à
1 mois. N’utilisez ce médicament que dans les conditions
prescrites par votre médecin. L’usage prolongé de ce
médicament n’est pas souhaitable » (voilà une intrication
d’euphémismes pour dire qu’en un mois, votre poumon est
définitivement endommagé) ; ou encore : « Ce médicament
contient des terpènes qui peuvent, en cas de dépassement des
posologies, avoir des effets indésirables graves : respectez les
doses préconisées, plus particulièrement chez l’enfant ou en
cas d’épilepsie ». Tout cela pour dégager les narines ! Il est
beaucoup plus simple (et sans danger) d’utiliser du sérum
physiologique ou/et des mouchoirs.
J’insiste encore : pas d’huiles essentielles par voie directe
dans le nez (et vers les poumons) ! On dépose tout au plus une
goutte sur la peau toutes les 6 à 8 heures, pendant trois à
quatre jours. C’est l’arôme exhalé qui traite les poumons et le
nez : une dose infinitésimale suffit. Au-delà, on tue sa flore et
on abîme muqueuses et nerfs autonomes.
Rappelons enfin l’importance de ne pas mettre d’objets dans
la bouche. Et de se laver régulièrement les mains à l’eau et au
savon, puis de les rincer à l’eau.

Amalgames dentaires : une incidence sur l’inflammation


ou sur la flore buccale ?
Concernant les amalgames dentaires, dont l’objectif est
d’obturer durablement les caries, il est certain que la présence
de nickel ou de chrome dans la bouche d’un patient allergique
à l’un de ces deux métaux (environ 8 % de la population)
provoquera inflammation et destruction de la gencive. Par
ailleurs, si des métaux différents sont utilisés dans les
obturations dentaires, il est possible, s’ils entrent en contact,
qu’ils produisent un « courant galvanique ». Ils agiront ainsi
comme une véritable « pile intrabuccale » permanente, créant
des sensations de décharge électrique.
Quant aux amalgames en mercure, la polémique n’est pas
close. Il est à craindre que les deux parties extrêmes aient tort.
Néanmoins, la sagesse ou le principe de précaution
déconseillera l’accumulation de ce métal en bouche. On
préférera les céramiques et, surtout, on chouchoutera ses dents
afin de minimiser le risque de caries !
Attention également à la dépose d’amalgames dentaires ou
aux pratiques de chélation des métaux. Les métaux séquestrés
dans les tissus (par exemple les muqueuses buccales ou
digestives) et qui induisaient peu de toxicité vont être remis en
circulation par les chélateurs (produits utilisés pour stimuler la
désintoxication dont certains sont très dangereux). Ces métaux
vont à niveau soit pouvoir accéder au cerveau (en cas de
perméabilité hémato-méningée) soit au rein particulièrement
sensible aux métaux lourds.
Comment décider ? C’est très simple : si votre flore est
riche (taux de butyrate ou d’hydroxybutyrate > 1 ppm,
d’hydrogène sulfureux > 0,15 ppm et de NO gastrique >
2 ppm), ne faites rien ! Si vos gencives sont saines et que vous
ne faites pas de poussées d’herpès, ne faites rien non plus.
Dans le cas contraire, commencez par augmenter l’hygiène
buccale (brossettes, détartrage, etc.), luttez contre les virus et
améliorez votre flore haute. Ce n’est que si vous échouez
durant plus d’une année, malgré un traitement bien mené, que
vous pourrez envisager la dépose d’un ou de deux amalgames
dentaires susceptibles d’être à l’origine d’un courant
galvanique, d’une inflammation locale avec réveil viral et
dégradation de la flore buccale.

Des soins dentaires aussi pour nos animaux de compagnie !


Si notre hygiène dentaire est importante, celle de nos
animaux de compagnie l’est tout autant… pour eux comme
pour nous ! Des chercheurs affirment que les chiens et les
humains échangent la flore de leur plaque dentaire via les
particules en suspension dans l’air. Puisque la plaque dentaire
devient rapidement le principal réservoir de bactéries
antibiorésistantes, l’hygiène dentaire, l’alimentation et les
soins anti-infectieux prodigués à nos meilleurs amis importent
autant que les mesures que nous prenons pour nous-même.

Une alimentation adaptée


Le régime pauvre en FODMAPs
En cas de flore déséquilibrée ou de troubles digestifs, un
régime pauvre en FODMAPs (fermentable oligo-, di-,
monosaccharides and polyols) semble être le plus approprié.
Les FODMAPs regroupent certains types de sucres (fructanes,
lactose, fructose, sorbitol…) présents notamment dans les
légumineuses, certaines céréales (blé, seigle), certains légumes
(oignon, ail, artichaut, chou-fleur, champignon…), certains
fruits (pomme, poire, melon, mangue…), le lait, le miel, les
sodas, les gommes sans sucre… L’université de Melbourne a
mis au point ce régime et l’a largement diffusé 3. De manière
très simplifiée, il consiste à éliminer au maximum les
FODMAPs pendant 3 à 4 semaines, puis à essayer de les
réintroduire progressivement afin de déterminer la dose
tolérable pour chacun.
Si cette méthode se révèle insuffisante, je préconise
l’instauration d’un régime sans alcool et très pauvre en sucres
rapides (une seule portion de fruit pour quatre portions de
légumes) ou en sucres lents (moins de blé, d’orge, de seigle,
pas de maïs). Les légumes seront blanchis, les produits riches
en nickel (chocolat, noisettes, soja, laits végétaux, crustacés,
confiseries) très limités.

Privilégier les légumes bio


D’après mon expérience, il est évident que la consommation
de légumes verts bio (mais ni les fruits ni les légumineuses)
augmente la qualité de la flore et la santé en général. Je pense
que les bactéries contenues dans ces légumes (des
endobactéries capables de modifier la flore orogastrique et
salivaire) protègent nos muqueuses, produisent du monoxyde
d’azote et participent ainsi à la bonne vascularisation et à
l’élasticité de nos tissus.
Une méta-analyse publiée en 2014 4 confirme que les
produits bio contiennent plus d’antioxydants et moins de
polluants. L’étude NutriNet-Santé publiée en 2018 démontre,
elle, que la consommation de produits bio diminue le risque de
cancers (mais pas de cancer buccal ou ORL). Enfin, la cohorte
NutriNet-Santé 2020 démontre que la consommation de
légumes bio diminue le risque de diabète de type 2, rattaché au
surpoids (diabète gras), mais uniquement chez les femmes.
Trois grandes études prospectives américaines confirment par
ailleurs que les produits peu modifiés et riches en fibres
diminuent la prise de poids. Cependant, aucune mention n’a
été apportée concernant la santé buccale ou la flore.

Attention aux mycotoxines


Les mycotoxines sont des molécules extrêmement toxiques
synthétisées par des moisissures qui prospèrent sur les
aliments sucrés ou sur les céréales. Elles résistent souvent à de
fortes températures. Leur toxicité hépatique, neurologique ou
sur les muqueuses expliquent des complications aussi diverses
que des retards de croissance, des hépatites, des maladies
neurologiques paralysantes. Certaines sont mutagènes et pro-
tumorales.
Les aliments bio se conservent moins longtemps, fermentent
davantage et peuvent contenir plus de mycotoxines. Avant
d’être consommés, ils doivent donc être bien inspectés et, si
possible, blanchis. Attention aux farines (qui peuvent
mélanger des lots contaminés et non contaminés).
Les mycotoxines pouvant abraser les muqueuses digestives,
toute atteinte des muqueuses (y compris des gencives) et toute
malabsorption amènera à choisir un régime pauvre en céréales
(sauf le riz) qui privilégiera les pommes de terre et les légumes
non transformés.
Haro sur les aliments assemblés (transformés) et les
micronutriments : privilégier l’« effet matrice »
Jusqu’à récemment, la diététique s’est focalisée sur l’aspect
quantitatif des nutriments pris isolément. Or, la valeur
nutritionnelle d’un aliment ne se résume pas à sa seule
composition en nutriments (comme les compositions
chimiques d’un cerveau ou électronique d’un ordinateur
n’expliquent pas leurs performances), elle varie en fonction de
sa structure physique, la matrice, qui influence la mastication,
la salivation, la biodisponibilité, l’index glycémique, la
satiété… Par exemple, l’alliance du calcium, des protéines et
de la vitamine D contenus dans le lait et les produits laitiers
explique leurs effets bénéfiques sur les os, alors que la
vitamine D seule a peu d’impact. Malgré une teneur non
négligeable en matières grasses, la consommation de produits
laitiers diminue le risque de syndrome métabolique, de
troubles cardiovasculaires et de troubles glycémiques.
On peut spéculer que la mastication des aliments est bien
plus bénéfique pour la muqueuse buccale que le simple ajout
de compléments alimentaires (même les plus purs et les plus
concentrés) sur une langue.
Inutile donc de multiplier la prise de minéraux, vitamines,
polyphénols, oméga-3 dans le but d’améliorer directement la
muqueuse buccale. L’absorption des métaux, des minéraux,
des polyphénols, des vitamines hydrosolubles et des oméga-3
a lieu surtout dans le duodénum et dans la première partie du
jéjunum, pas dans la bouche.
Les conseils nutritionnels viseront surtout à conserver la
force musculaire, la qualité des os et de la vascularisation, des
principes qui valent pour l’ensemble du corps. Concernant les
compléments alimentaires, cela signifie que :
– Le zinc ne peut être pris que si le dosage confirme un taux
bas. Les autres métaux ne peuvent être pris que de manière
exceptionnelle.
– On supplémente systématiquement en vitamine D2/D3,
souvent en folates, parfois en B12, rarement en vitamine A.
– Les polyphénols sont consommés sous forme de légumes
(avec leurs fibres) et de fruits entiers, pas sous forme de
compléments.
– Les oméga-3 ou oméga-9 seront consommés sous leur
forme alimentaire (huiles végétales).
Notez bien qu’il n’existe pas de complément alimentaire
spécifique ayant démontré une quelconque utilité sur
l’écosystème buccal.

Une bouche saine : la guerre contre les virus et la


diminution des bactéries indésirables

Les virus, c’est la guerre !


Les virus de la cavité buccale sont surtout des virus
neurotropes, c’est-à-dire qui se fixent sur le système nerveux
(dont le Sars-Cov2). L’interféron gamma est la meilleure arme
naturelle contre eux. En pratique, j’utilise le plus souvent des
produits naturels immunostimulants pour les combattre, tels
que le Coriolus versicolor ou le Phellinus linteus, deux
champignons apparemment exotiques mais qui poussent
couramment dans nos forêts. Les études montrent que ces
produits baissent de 85 à 95 % l’expression des herpès virus
buccaux.
La prise de vitamine D2/D3 à la dose de 4 000 UI/jour
augmente leur effet immunostimulant. D’autres espèces, tels
l’échinacée (plante) ou le ganoderme (champignon), sont
moins performantes. Quant aux huiles essentielles, elles ne
possèdent pas de propriétés antivirales et détruisent la flore.
Elles ne font pas partie de l’arsenal antiviral.
Notez que la lutte antivirale (vitamine D2/D3 + Coriolus
versicolor ou Phellinus linteus) dure plusieurs mois,
quelquefois deux ou trois ans, jusqu’à ce que les muqueuses,
la salive et la flore soient réparées.

Lutter contre les bactéries indésirables


Les bactéries indésirables sont essentiellement
Fusobacterium nucleatum, Porphyromonas gingivalis et
Propionibacterium acnes. Ces bactéries seront éliminées par
une hygiène buccale irréprochable et par des bains de bouche à
l’eau oxygénée diluée (une à deux fois par jour, selon
l’inflammation des muqueuses). Ce type de nettoyage s’étend
sur plusieurs mois, voire sur deux à trois ans.
Contre ces bactéries, il existe trois autres méthodes, que l’on
peut combiner : les huiles essentielles microdosées, les
bactéries concurrentes, la protection des muqueuses par des
polyphénols.

Les huiles essentielles microdosées


Les huiles essentielles ne seront employées qu’à des doses
infimes, de l’ordre du 30e de goutte par jour, en une à deux
prises quotidiennes. Le choix des huiles essentielles dépend du
résultat de la mesure des gaz.
• Une flore qui produit trop d’hydrogène (dépendante des
sucres) sera combattue par exemple par le mélange Laetiporus
sulphureus (un champignon lignivore) + thym rouge (riche en
linalol) + menthe poivrée.
Je conseille la recette suivante : 15 cuillerées à café de
poudre fine de Laetiporus sulphureus + 15 cuillerées à café de
poudre fine d’écorces alimentaires (bouleau, tremble, frêne,
aulne, etc.) + 1 goutte d’huile essentielle de thym rouge
+ 1 goutte d’huile essentielle de menthe poivrée. Bien
mélanger pour obtenir une poudre très homogène. Prendre une
demi-cuillerée à café par jour de cette poudre, soit directement
sur la langue, soit mélangée à un aliment.
• Une flore très inflammatoire, avec beaucoup de composés
organiques volatils (de type Prevotella) sera combattue par le
mélange Laetiporus sulphureus + origan + cannelle + clou de
girofle.
Je conseille la recette suivante : 30 cuillerées à café de
poudre fine de Laetiporus sulphureus + 30 cuillerées à café de
poudre fine d’écorces alimentaires (bouleau, tremble, frêne,
aulne, etc.) + 2 gouttes d’huile essentielle d’Origanum
compactum + 1 goutte d’huile essentielle de cannelle de
Ceylan + 2 gouttes d’huile essentielle de clou de girofle. Bien
mélanger pour obtenir une poudre très homogène. Prendre une
à deux demi-cuillerées à café par jour de cette poudre, soit
directement sur la langue, soit mélangée à un aliment.
• Une flore pauvre, acide (terrain acide, candidose,
surpoids), productrice d’acides gras, sera combattue par le
mélange Laetiporus sulphureus + citron + gingembre + arbre à
thé.
Je conseille la recette suivante : 30 cuillerées à café de
poudre fine de Laetiporus sulphureus + 30 cuillerées à café de
poudre fine d’écorces alimentaires (bouleau, tremble, frêne,
aulne, etc.) + 2 gouttes d’huile essentielle de citron + 2 gouttes
d’huile essentielle de gingembre + 1 goutte d’huile essentielle
d’arbre à thé. Bien mélanger pour obtenir une poudre très
homogène. Prendre une à deux demi-cuillerées à café par jour
de cette poudre, soit directement sur la langue, soit mélangée à
un aliment.

Les bactéries concurrentes


Avec le temps, les bactéries agressives ont tendance à
remplacer les bactéries productrices de monoxyde d’azote
(NO). On peut tenter de reconstituer cette flore disparue,
nitrogène, par les endobactéries contenues dans les fibres des
végétaux. On pourra par exemple consommer de l’ortie séchée
ou du chénopode blanc. La betterave rouge ou la carotte
contiennent aussi de nombreuses endobactéries. Les pleurotes
contiennent quant à elles une bactérie protectrice : Bacillus
pumilus.
À ma connaissance, il n’existe pas de probiotiques buccaux
capables d’enrichir la flore buccale productrice de monoxyde
d’azote.

Les polyphénols
Les polyphénols sont issus des végétaux. Il en existe trois
grands types : le resvératrol (raisin noir), la curcumine
(curcuma) et les esters de caféine (produits dans les feuilles et
les écorces d’arbres). Les polyphénols, employés aux doses
idoines, sont d’excellents inhibiteurs de l’immunosuppression
et participent à la lutte anti-oxydante et antitumorale. Ils
agissent tous de la même façon, aussi n’est-il pas nécessaire de
les associer. Attention cependant : un taux élevé est délétère,
car il annule l’effet protecteur (on parle de courbe « en
cloche »).
Afin de faire d’une pierre trois coups (fibres + endobactéries
+ polyphénols), je conseille d’éviter les extraits (dépourvus de
fibres et d’endobactéries) et de sélectionner les produits les
plus riches en fibres : le totum 5 des plantes, ou des écorces,
très riches en rutine, apigénine ou bétuline. On obtient aussi un
effet matrice. L’idéal est d’utiliser des écorces alimentaires
(bouleau, tremble, frêne, aulne, etc…), voire des graines (lin,
psyllium noir) finement moulues, afin d’enrichir en fibres les
compotes, les purées, les pâtes, etc. Les décoctions, infusions
et macérations sont dénuées d’intérêt : pas de fibres, et donc
pas d’endobiotes, et peu de polyphénols.

Changer régulièrement d’environnement


L’environnement peut nuire à la flore buccale. Il est
nécessaire de ne pas rester trop longtemps à la même table de
travail, devant les mêmes écrans, dans la même pièce. Il est
indispensable d’aérer les lieux de vie, de sortir, de se dépenser
en plein air, tous les jours, de nettoyer sa table ou son bureau,
de toucher la terre, les plantes ou les animaux. La diversité ne
s’acquiert pas en baignant dans ses propres desquamations,
dans les microgouttelettes que l’on expectore sur notre écran
d’ordinateur ou de portable, ni en nageant dans des piscines
désinfectées ! La terre couverte de végétaux est probablement
le meilleur milieu pour collecter les bactéries (et les
bactériophages) propices à l’inoculation de nos muqueuses en
cours de réparation.

Une bouche qui fonctionne bien :


maintenir ou réparer les fonctions

Bien mastiquer, bien déglutir, bien saliver, bien respirer


La mastication est un geste essentiel à plus d’un titre. Il est
important de mâcher suffisamment longtemps ses aliments
afin de favoriser leur bonne assimilation, et d’éviter les
carences et les flatulences, voire les douleurs et troubles du
transit. Pour bien mastiquer, il faut posséder une mandibule
bien mobile et des dents bien articulées.
Il faut donc prendre le temps de mastiquer avant de déglutir.
Pour faciliter ce processus, les aliments doivent être réduits en
petits morceaux et imprégnés de salive, surtout les céréales, les
farines, les tubercules et les légumes. Les légumes seront cuits
ou au moins blanchis.
Bien sûr, pour une mastication efficace, toutes les dents
doivent être entretenues, soignées ou remplacées. Le rôle du
dentiste consiste d’ailleurs, entre autres, à veiller au bon
alignement des dents, afin que le découpage et le broyage
soient optimaux. L’ostéopathe nous aidera quant à lui à libérer
les articulations temporomandibulaires, afin de faciliter leur
mouvement. La mobilité de la mandibule doit permettre de
placer les trois travers de doigts de l’index, du majeur et de
l’auriculaire dans l’ouverture buccale (faites le test !).
La salive favorise la digestion, neutralise l’acidité buccale et
joue un rôle majeur dans la protection antivirale et
antibactérienne. Elle doit être abondante : un adulte
correctement hydraté sécrète en moyenne un litre de salive par
jour. Le tabac et les médicaments anticholinergiques, qui
assèchent tous la bouche, doivent donc être progressivement
éliminés.
Par ailleurs, la salive doit être propulsée vers l’arrière lors
de la déglutition, pas vers l’avant. Or, les orthophonistes
constatent souvent que la langue des patients appuie trop vers
l’avant quand ils parlent ou lorsqu’ils déglutissent, ce qui
entraîne une stagnation de salive derrière les lèvres. Ils
rééduqueront le patient afin qu’il prenne conscience du
positionnement de sa langue quand il déglutit, par exemple en
lui faisant avaler un verre d’eau puis sa propre salive. D’autres
exercices permettront au patient de comprendre comment
moins appuyer sur les dents de devant avec la langue et
détendre l’ensemble de la bouche. Il existe aussi des petits
dispositifs (sur mesure ou pas) qui peuvent aider à
repositionner la langue vers le palais, afin de mieux fermer la
bouche et de davantage respirer par le nez – ce qui est
fondamental –, la position de la langue collée au palais
favorisant par ailleurs la sécrétion salivaire.
Pour stimuler la salivation, on peut aussi utiliser des astuces
toutes simples, par exemple mâcher des chewing-gums sans
sucre ou garder un noyau (de pruneau ou d’olive) dans la
bouche. Cela fait saliver, coupe l’appétit (surtout si l’on y
ajoute une petite quantité d’épices), et désinfecte les
muqueuses, tout en activant de multiples fonctions orales et en
diminuant le stress.
Enfin, une bonne respiration est également essentielle au
bon fonctionnement de la bouche. Respirer lentement par le
nez permet de travailler la cohérence cardiaque, donc le nerf
vague, et de ne pas assécher la bouche. On entretient par
ailleurs l’élasticité du diaphragme et des poumons, et on
favorise l’oxygénation des tissus. L’abaissement du
diaphragme participant à la vidange gastrique, la digestion
s’améliore. Cohérence cardiaque, oxygénation et vidange
gastrique régulière estompent ainsi le stress et favorisent non
seulement l’immunité, mais aussi le bien-être et la sociabilité,
par le biais d’une meilleure synthèse d’interférons et
d’ocytocine (l’hormone du bonheur et de la sociabilité). Le
nerf vague, en chef d’orchestre, équilibre quant à lui bien
mieux les synthèses hormonales hypothalamiques.

Réparer le nerf vague ou le plexus myentérique


La flore buccale, le tartre et la santé des gencives dépendent
de la qualité de la vidange gastroduodénale qui, indirectement,
dépend de la vidange de l’intestin grêle dans le côlon.
Ces deux vidanges dépendent respectivement du nerf vague
et du plexus myentérique.
On ne peut pas réparer la bouche sans réparer la fonction
gastro-duodéno-jéjunale !
Comment réparer ces fonctions lorsqu’elles sont
endommagées ?
Premièrement, en supprimant les causes d’atteintes
neuronales :
– Arrêter l’alcool et diminuer la consommation excessive de
sucres.
– Corriger un déficit en vitamine B6, B9 ou B12.
– Diminuer la consommation de produits à base de farines,
car celles-ci contiennent souvent des mycotoxines (voir
p. 157). Notez que le gluten est rarement à l’origine de
l’atteinte neuronale : très souvent, si un régime pauvre en
gluten améliore les symptômes, c’est parce que la baisse de
la consommation de farines diminue aussi la quantité de
mycotoxines ingérées.
– Diminuer la consommation de nickel : pas de bonbons, de
miel, de crustacés, peu de produits industriels, peu
d’enveloppes de céréales ou de fruits secs, moins de
chocolat. Attention aux laits végétaux, aux pâtes à tartiner,
aux compléments alimentaires en gélules ou en comprimés.
Deuxièmement, en bloquant l’entrée des mycotoxines. Le
Coriolus versicolor, l’oreille-de-Judas ou encore les pleurotes
annulent l’effet délétère des mycotoxines en bloquant leurs
récepteurs muqueux (TLR-2 ou 4).
Troisièmement, en tentant de réparer le nerf vague et le
plexus myentérique. Pour cela, on peut miser sur les
polyphénols (curcuma ou berbérine). Les écorces alimentaires,
riches notamment en rutine, apigénine et bétuline, sont
également particulièrement utiles (elles apportent aussi un
support fibreux et des endobactéries nécessaires à la
recolonisation des muqueuses). Il est également possible de
pratiquer une stimulation du nerf vague par un petit dispositif
portable (Urostim2®), à raison de 20 minutes par jour pendant
6 mois à faible intensité et faible fréquence : cela permettrait
une récupération des cellules neuronales digestives. Une telle
stimulation diminue également l’inflammation, augmente les
vidanges et favorise la détente et un sommeil réparateur.
Attention cependant, on ne stimule pas le nerf vague sans être
sûr de l’absence de virus herpétique actif ou d’une parfaite
immunité anti-Covid ! En effet, la stimulation du nerf vague
augmente le risque d’activation des virus neurotropes. Une
bonne flore (riche en butyrate ou hydroxybutyrate et en
monoxyde d’azote) protège contre cet inconvénient.
La vidange gastroduodénale peut être rééduquée par des
manœuvres ostéopathiques, des mouvements de torsions
répétés et des étirements du mésentère et des muscles psoas.
L’ostéopathie peut également améliorer les mouvements des
articulations temporomandibulaires.

Réparer les muqueuses


On peut réparer ses muqueuses en améliorant son
alimentation : il s’agira d’ingérer davantage de protéines et de
lipides assimilables et peu inflammatoires. On choisira plutôt
des protéines cuites, peu allergisantes (le blanc d’œuf cuit ou
la caséine de lait de vache cuite sont quasiment dénués de
pouvoir allergisant). On notera aussi que la viande de volaille,
peu grasse et anti-inflammatoire, diminue les risques de décès
cardiovasculaire ou tumoral, et cela bien plus que ne le font les
légumineuses. Les viandes rouges ou les préparations
industrielles carnées (saucisses, charcuteries, etc.) sont en
revanche à éviter, pour ne pas dire à bannir. Les fromages
pauvres en lactose, comme les fromages à pâte cuite (Comté,
Beaufort, Gruyère, Parmesan, Cantal, Mimolette, Gouda, etc.)
mais aussi camembert, Brie, Reblochon, Saint-Nectaire
permettent eux aussi bien souvent de récupérer rapidement une
bonne muqueuse.
La prise de compléments alimentaires (glutamine, enzymes
digestives, L-carnitine, etc.) ne sera envisagée que quelques
mois (la prise prolongée de L-glutamine, par exemple,
augmente le risque de cancer). Les oméga-3, consommés sous
forme d’huiles alimentaires (inutile de se ruiner en achetant
des capsules), permettent d’épaissir très rapidement la
muqueuse jéjunale, tout comme certains champignons, tels
Hericium erinaceus ou Polyporus umbellatus. En général, la
muqueuse peut récupérer en 4 à 6 mois. On contrôle la qualité
de la vidange gastroduodénale et l’épaisseur des muqueuses du
grêle par échographie abdominale.
Améliorer la flore
Un principe à garder en tête : avant tout, ne pas nuire à sa
flore. Ni antibiotiques, ni huiles essentielles orales (sauf
éventuellement à microdoses), ni piscine, ni désinfectants
buccaux (voir les conseils donnés dans le chapitre 5)… Veillez
également à consommer régulièrement des légumes bio riches
en fibres et légèrement blanchis. Ce n’est pas dans les fruits,
les compléments alimentaires stériles, les huiles ou les
protéines que l’on trouve les bactéries susceptibles de
coloniser la nouvelle muqueuse buccale ou gastroduodénale.
Les aliments riches en endobactéries sont les légumes
comme la roquette, l’ortie, le chénopode blanc (sorte de
quinoa), la carotte, la betterave rouge, la pomme de terre.
On peut aussi utiliser la ronce (en infusion en poudre si
possible), les écorces (également riches en fibres et
polyphénols) ou encore les pleurotes (également bloqueuses
des mycotoxines).
En général, une flore peut récupérer en 4 à 6 mois. On
contrôle par un test respiratoire l’augmentation des butyrates,
de l’hydrogène sulfureux et du monoxyde d’azote. Rappelons
que l’analyse de la flore fécale est inutile pour l’évaluation de
la santé buccale, gastrique et jéjunale, et que les probiotiques à
destinée colique (quasiment la totalité des propositions
actuelles) sont sans intérêt pour la santé buccale, gastrique et
jéjunale.

À chaque âge ses traitements spécifiques

Chaque période de la vie ayant ses problématiques


spécifiques, les points d’attention et les recommandations
évoluent au fil du temps… On ne soigne pas sa bouche de la
même façon à 10 ans et à 50 ans !

De 0 à 4 mois : la protection maternelle est optimale !


De 0 à 4 mois, bébé est protégé par les anticorps maternels.
Les dents n’étant pas sorties, les infections buccales ou ORL
sont rares. L’enfant ne devra recevoir du fluor (pour protéger
les dents sorties) qu’à partir de l’âge de 6 mois.
Pour préserver la qualité de la protection maternelle du
bébé, il est important que ses parents ne fument pas et qu’ils
ne l’embrassent pas (mais plutôt le massent). Il faut également
protéger le bébé des infections ORL de ses proches (parents,
mais aussi frères et sœurs, grands-parents, oncles, tantes, amis,
etc.), qui devront veiller à augmenter leur hygiène buccale.

De 4 à 24 mois : des virus à foison


De 4 à 24 mois, les virus de la petite enfance vont
contaminer la bouche et les voies aériennes supérieures. C’est
la période des rhumes, avec les rhinovirus et le virus
respiratoire syncytial, mais aussi de la rubéole, de la rougeole,
des oreillons, des herpès, du syndrome pieds-mains-bouche.
Toutes ces pathologies frappent la bouche.
À cet âge, les dents sortent et les gencives sont enflammées.
La flore est perturbée. Le taux d’anticorps baisse. Les
infections gagnent la flore basse. L’enfant doit être protégé des
infections environnantes (surtout des maladies infectieuses des
proches), du tabac, des poussières, des spores des moisissures.
Il est préférable de le faire dormir seul dans une chambre
sèche. Dès la moindre suspicion d’infection, il faut supprimer
les contacts avec ses frères et sœurs.
Hormis la vaccination contre la rubéole, les oreillons et la
rougeole, ce sont les taux d’interférons et de vitamine D qui
importent pour protéger l’enfant. Il est nécessaire de lui
donner de la vitamine D2/D3 et de diversifier son alimentation
avec un apport élevé en fibres (donc des légumes en purée).
Chez les enfants fragiles (infections à répétition, eczéma,
bronchiolite), des modifications alimentaires seront parfois
nécessaires pour améliorer la flore et stimuler l’immunité
antivirale.
Petit rappel utile : à cet âge, on n’utilise jamais d’huiles
essentielles, ni par voie orale ni par voie cutanée !
De 2 à 6 ans : la période des bactéries… et de la
varicelle
De 2 à 6 ans, c’est la période des angines, des otites, des
premières caries. On pense aux streptocoques et aux risques de
complications à distance (cœur, reins, articulations, cerveau).
L’excès de confiseries, de chocolats, de fruits, de boissons
sucrées doit être combattu. L’enfant sera supplémenté en
vitamine D. Il est important de bien lui nettoyer les dents (le
dentifrice pourra être enrichi en fluor, selon l’avis du
spécialiste).
En cas de ballonnements importants et d’angines à
streptocoque à répétition, il faudra choisir entre une
antibiothérapie répétée et l’usage de microdoses d’huiles
essentielles de thym et de menthe poivrée. Pour ma part, je
préconise l’utilisation de très petites quantités de Laetiporus
+ thym + menthe poivrée, 10 jours par mois, pendant quelques
mois.
De 2 à 6 ans, c’est aussi la période de la varicelle, qui peut,
comme d’autres infections virales, telles que la rubéole ou les
oreillons, se compliquer de méningites et être à l’origine de
troubles de l’apprentissage ou d’hyperactivité – ce diagnostic
ne pouvant être posé avec certitude qu’après l’âge de 6 ans. La
vaccination contre la varicelle n’étant pas recommandée avant
l’âge de 12 ans, la prise de vitamine D et d’immunostimulants
naturels (comme le Coriolus ou le Phellinus) permet de
diminuer la sévérité de la maladie, comme celle des autres
maladies virales. Encore une fois, une flore riche et une
immunité de qualité sont cruciales à cette période : ils
protégeront le cerveau, et favoriseront donc l’apprentissage et
la socialisation de ces jeunes enfants.

De 7 à 12 ans : l’âge des bactéries inflammatoires


De 7 à 12 ans, c’est la période de latence, avant la puberté et
l’explosion hormonale. Pendant cette phase se développent
parfois des caries dentaires sévères, avec des abcès et des
granulomes (réaction inflammatoire se développant à la pointe
de la racine de la dent), soit sur des fractures dentaires
traumatiques, soit en cas de flore déséquilibrée vers Prevotella
à cause de la consommation excessive de sucres.
Pour se préserver au maximum, il est primordial de protéger
ses dents lors des activités sportives et de ne laisser aucun
abcès ou granulome prospérer. En cas de langue rouge à la
lampe de Wood (signe de la présence de Propionibacterium,
parfois identifiée dès 7 ans !), commencez les bains de bouche
à l’eau oxygénée diluée. En cas de caries ou de dysbiose
sévère, débutez la prise de Laetiporus + origan + cannelle
+ clou de girofle (voir p. 162).
En cas de flore pauvre (liée à un excès d’antibiotiques), les
caries et granulomes ne se développent pas. Une graisse
abdominale apparaît, avec une mauvaise vidange gastrique et
une acidité/inflammation buccale. Il faudra dans ce cas
restreindre les sucres et les féculents, et enrichir la flore. On
augmentera les légumes. Je préconise aussi la prise de
ganoderme (un champignon) + ortie + chénopode,
l’augmentation de l’activité physique et la prise de boissons
chaudes avec du citron.

De 12 à 25 ans : des virus, et parfois la toxoplasmose


De 12 à 25 ans, c’est l’âge des rencontres, de la maladie du
baiser (la mononucléose infectieuse, ou EBV), parfois du
cytomégalovirus (CMV), des papillomavirus, des herpès
simplex, des hépatites virales B ou C et du VIH. La bouche est
la cause exclusive de la transmission de l’EBV et du CMV,
parfois des papillomavirus. Il existe un vaccin efficace contre
certains papillomavirus. Il n’existe pas de vaccin contre EBV
et CMV. La prise de vitamine D et de Coriolus versicolor (un
champignon) diminue la fréquence des récurrences d’EBV, de
CMV, d’herpès simplex ou de papillomavirus (mesurées par
amplification génique au niveau buccal), ces derniers étant très
sensibles au Coriolus versicolor.
Autre maladie courante : la toxoplasmose, qui touche
environ 20 à 30 % de la population adulte, surtout les femmes,
propriétaires de chat. Cette parasitose exacerbe les
inflammations, tant buccales et digestives que cérébrales. La
toxoplasmose est particulièrement dangereuse chez la femme
enceinte, car elle provoque une atteinte cérébrale chez le
fœtus. Chez l’adulte, la toxoplasmose pourrait favoriser des
troubles de l’attention, voire la schizophrénie. Elle augmente
le risque de décès par Covid-19. Elle augmente aussi la
dysbiose, l’inflammation du grêle, le risque de cancer buccal
et la sévérité du syndrome pieds-mains-bouche. Les
toxoplasmes seraient sensibles à l’huile essentielle de romarin,
qui sera toujours consommée en microdoses (30e de goutte par
jour), sur environ 6 mois. La disparition de l’inflammation et
de la dysbiose du grêle confirmeront le bénéfice de cette huile
essentielle.
La sclérose en plaques, elle, survient en général entre 15 et
25 ans et serait attribuable à une infection par EBV exacerbée
par le tabac. Le risque de survenue de cette pathologie est
réduit par une toxoplasmose ou une infection à CMV.
L’objectif, avant tout, est de réduire l’inflammation buccale :
arrêt du tabac, excellente hygiène buccale pour lutter contre
les caries, bains de bouche à l’eau oxygénée diluée et prise du
mélange Laetiporus + origan + cannelle + clou de girofle
permettent de contrôler la maladie parodontale. Toutes les
infections herpétiques seront énergiquement traitées avec du
Valaciclovir® (médicament antiviral antiherpétique).

De 25 à 55 ans : préserver une immunité buccale forte


À cet âge, la bouche reflétera toute inflammation et toute
dysbiose digestive. Toute inflammation buccale (herpès, aphte,
gingivite, maladie parodontale, caries, abcès, sécheresse
buccale, fissure de langue, infections pharyngées à répétition,
etc.) fera rechercher une dysbiose.
La consommation d’alcool, surtout associée à une prise
importante de sucres (jus de fruits) ou de boissons gazeuses
(sodas, bière, eaux pétillantes, etc.), peut déclencher une
rectocolite hémorragique. Une réduction de la consommation
d’alcool, de sucres et de bulles s’impose alors.
Encore une fois, l’hygiène buccale doit être irréprochable.
L’eau oxygénée diluée et le mélange Laetiporus+ origan
+ cannelle + clou de girofle annihile la colonisation
appendiculaire et colique par des bactéries buccales anaérobies
(Fusobacterium, Desulfovibrio…). Une immunité buccale
forte diminue les risques de Covid-19. La prise de Coriolus, de
maïtaké, de ganoderme, de Phellinus divise ce risque par deux
environ. D’autres études suggèrent que la diversité de la flore
digestive formerait un écran très efficace contre le Covid-19,
expliquant le portage asymptomatique chez la plupart des
jeunes.
Le principe restera le même : aucune infection herpétique,
aucun aphte, aucune gingivite ne devront être tolérés. Chacune
de ces affections signifierait en effet « inflammation
chronique », c’est-à-dire risque neuronal, risque infectieux,
risque de dysbiose, ou encore risque cardio-vasculaire,
métabolique ou auto-immun. Les outils de prévention
demeurent le régime pauvre en FODMAPs, en sucres et en
nickel, la lutte antivirale et la désinfection bactérienne par de
l’eau oxygénée diluée et des huiles essentielles microdosées.
La vidange gastroduodénale sera toujours favorisée, comme la
perte de poids en cas d’augmentation du diamètre abdominal.
Cela protège du reflux gastro-œsophagien, particulièrement
délétère pour la bouche.

De 55 à 75 ans : toujours supplémenter les carences


et réparer
De 55 à 75 ans, l’ostéoporose ne frappe pas que les
vertèbres ou le col du fémur. Elle frappe également les os de la
face et la mandibule. Les muscles et les volumes fondent. La
peau se fripe, les ombres occupent le visage, les dents perdent
leur socle, les gencives abandonnent les collets dentaires aux
bactéries et aux acides. Tout doit être fait pour conserver les
os, les muscles et les fonctions : prise de phyto-estrogènes ou
traitement hormonal substitutif à faibles doses, avec des
hormones naturelles, de vitamine D et de calcium ; activité
physique ; contrôle strict de la glycémie (qui ne doit pas
dépasser 0,95 g/l).
À noter : la metformine (le médicament antidiabétique le
plus prescrit contre le diabète gras) aide à lutter contre la
dysbiose buccale et la maladie parodontale. Les champignons
Phellinus linteus et shiitaké semblent faire de même. L’activité
physique, le gainage, le yoga, le qi gong, la respiration nasale
ou la cohérence cardiaque peuvent permettre de récupérer une
fonction vagale. Je prescris aussi souvent à mes patients un
petit appareil pour stimuler le nerf vague (Urostim2®). Il
améliore souvent le sommeil, le transit, la vidange
gastroduodénale, et baisse l’inflammation, y compris buccale.
Attention, uniquement après la victoire totale sur les virus ! On
ne stimule pas le nerf vague (électro-stimulation, acupuncture,
étirement excessif, manipulation chiropraxique ou
ostéopathique) avant la maitrise des virus.

Après 75 ans : supplémenter, réparer, assister pour


maintenir les fonctions
Après 75 ans, il est toujours nécessaire d’enrichir la flore
pour maintenir un taux suffisant mais modéré d’hydrogène
sulfureux, de monoxyde d’azote et de butyrate : les fibres et
les légumes riches en endobiotes et en soufre sont plus que
jamais indispensables. La lutte contre les virus et les bactéries
buccales anaérobies complète la prise en charge.
À cet âge, les phyto-estrogènes ont replacé le traitement
hormonal substitutif. La stimulation du nerf vague peut aider à
récupérer muqueuse et mouvements digestifs. L’activité
physique est la meilleure alliée de la respiration, de la posture,
de l’autonomie et de la socialisation. Diverses pratiques
permettent aussi d’entretenir le bon fonctionnement de sa
bouche : discuter, fredonner, respirer amplement, lire à voix
haute en articulant, réviser tous les classiques de la culture
générale seul(e) ou accompagné(e).
CONCLUSION

D’immenses progrès médicaux ont été accomplis au cours de


ces dernières décennies, repoussant à coup de milliards et de
pollutions diverses (antibiotiques ubiquitaires, désinfections
massives, immunosuppresseurs banalisés, résidus plastiques
ou radioactifs d’analyses dans les eaux de boissons, plus de
4,4 % 1 des émissions mondiales des gaz à effet de serre des
dépenses énergétiques de la planète…) l’espérance de vie au-
delà de 80 ans. Mais cette espérance de vie diminue à
nouveau. L’industrie et l’État providence se heurtent à un
plafond de verre : la médecine n’est pas la santé. La
prévention individuelle reprend donc aujourd’hui ses droits, et
l’on comprend peu à peu que devenir un centenaire en bonne
santé se mérite.
Les petits gestes quotidiens rivalisent avec les fortunes
englouties en médicaments. Désormais, si vous n’avez pas pris
soin de vous, il est inutile de dépenser des fortunes. Cela ne
sert à rien : quand la flore, la muqueuse et le nerf vague sont
abîmés, c’est trop tard !
Vivre vieux est une décision personnelle. Le seul véritable
investissement qui vaille la peine.
La vie est une peau de chagrin. Détruire ou négliger sa flore
buccale relève de l’inconscience et du gaspillage individuel.
J’espère que vous avez retenu de ce livre quelques grands
principes :
– Une bouche propre : le moins d’inflammation et de
destruction possible.
– Pas de virus. Les herpès virus peuvent prospérer ou être
réactivés par le Sars-Cov2 et induire une inflammation
cérébrale chronique, source de fatigue chronique ou de
maladies neurodégénératives.
– Une flore riche, peu de bactéries anaérobies dans la bouche,
l’estomac ou l’intestin grêle. Une flore pauvre favorise la
prise de poids. Une flore agressive détruit les muqueuses et
favorise les atteintes neurologiques. Les dysbioses seraient
responsables de 90 % des maladies sévères actuelles :
cancers, accidents ou insuffisance cardiovasculaires, auto-
immunité ou encore Alzheimer, maladie de Parkinson.
– Une immunité stimulée. Le monde est encore abasourdi par
la pandémie de Covid-19 et découvre que la médecine crée
massivement des immunodéprimés : corticoïdes,
immunosuppresseurs, chimiothérapies, flores digestives
détruites.
– Des fonctions orales et automatiques entraînées, voire
stimulées. Le nerf vague est le premier cerveau.
Appliquez bien ces principes et profitez bien de votre retraite !
J’ai – sans cynisme – remarqué que ce qui peine le plus les
patients, ce n’est pas de vivre quelques années de moins mais
que leurs cotisations soient distribuées aux autres. Ce n’est pas
cet argument qui me choque, c’est qu’il soit vrai !
Ce qui compte avant tout pour moi, c’est que mes patients
vivent longtemps, avec une bonne qualité de vie. Qu’importe
la méthode, même si elle est bon marché et sans gloire.
Ce livre constitue aussi une alerte pour améliorer le système
actuel. Pour que chaque être humain qui le souhaite puisse
prendre soin de lui avec efficacité et dans le respect des autres.
Dans ce modèle, chaque sujet saurait éviter de contaminer son
entourage, il ne consommerait pas de placebos coûteux, ni des
produits toxiques pour lui ou l’environnement. Il serait plus
souriant et plus autonome.
Par ailleurs, la médecine de demain ne pourra pas se contenter
de rester technique et segmentaire. Une médecine intégrative
ou fonctionnelle devra rapidement se développer.
Le microbiote, l’immunité, le système nerveux autonome, tout
comme les maladies aiguës, ne sont pas segmentés
anatomiquement. Tous les organes sont interconnectés !
Enfin, la médecine digestive fonctionnelle (appelons-la ainsi),
destinée à optimiser la symbiose microbiote/immunité
antivirale/nerf vague, s’adresse à tous, dès l’enfance. Elle est
incontournable pour améliorer la santé collective (un sujet sain
transmet moins de virus et présentera moins de pathologies
sévères en cas de contamination). Elle mérite donc une place
officielle, place qu’elle n’a pas encore à ce jour.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Aagaard K. et al., « The placenta harbors a unique


microbiome », Science Translational Medicine, 6 (237), 2014.
Abed J. et al., « Tumor targeting by Fusobacterium
nucleatum : a pilot study and future perspectives », Frontiers
in Cellular and Infection Microbiology, 7:295, 2017.
Alexander JL. et al., « Colorectal carcinogenesis : an
archetype of gut microbiota-host interaction »,
Ecancermedicalscience, 12:865, 2018.
Bae JM., « Human papillomavirus infection and gastric cancer
risk : a meta-epidemiological review », World Journal of
Virology, 10 (5):209-216, 2021.
Bahar B. et al., « Porphyromonas gingivalis (W83) infection
induces Alzheimer’s disease-like pathophysiology in obese
and diabetic mice », Journal of Alzheimer’s Disease,
82 (3):1259-1275, 2021.
Bajaj JS. et al., « Decompensated cirrhosis and microbiome
interpretation », Nature, 525 (7569):E1-2, 2015.
Baran´ski M. et al., « Higher antioxidant and lower cadmium
concentrations and lower incidence of pesticide residues in
organically grown crops : a systematic literature review and
meta-analyses », British Journal of Nutrition, 112 (5):794-811,
2014.
Blaser MJ., « The Jeremiah Metzger lecture. Global warming
redux : the disappearing microbiota and epidemic obesity »,
Transactions of the American Clinical and Climatological
Association, 123:230-8 ; discussion 239-41, 2012.
Burleigh MC. et al., « Salivary nitrite production is elevated in
individuals with a higher abundance of oral nitrate-reducing
bacteria », Free Radical Biology and Medicine, 120:80-88,
2018.
Challis C. et al., « Gut-seeded α-synuclein fibrils promote gut
dysfunction and brain pathology specifically in aged mice »,
Nature Neuroscience, 23 (3):327-336, 2020.
Chao G. et al., « The prevalence of human papillomavirus in
colorectal cancer and adenoma : a meta-analysis », Journal of
Cancer Research and Therapeutics, 16 (7):1656-1663, 2020.
Chen C. et al., « Gut inflammation triggers C/EBPβ/δ-
secretase-dependent gut-to-brain propagation of Aβ and Tau
fibrils in Alzheimer’s disease », EMBO Journal,
40 (17):e106320, 2021.
Chen XH., Wang A., Chu AN., Gong YH., Yuan Y.,
« Mucosa-associated microbiota in gastric cancer tissues
compared with non-cancer tissues », Frontiers in
Microbiology, 10:1261, 2019.
Colognesi M. et al., « Depression and cognitive impairment-
extrahepatic manifestations of NAFLD and NASH »,
Biomedicines, 8 (7):229, 2020.
Costa MJF. et al., « Relationship of porphyromonas gingivalis
and Alzheimer’s disease : a systematic review of pre-clinical
studies », Clinical Oral Investigations, 25 (3):797-806, 2021.
Del Moral-Hernández O. et al., « Multiple infections by EBV,
HCMV and Helicobacter pylori are highly frequent in patients
with chronic gastritis and gastric cancer from Southwest
Mexico : an observational study », Medicine (Baltimore),
98 (3):e14124, 2019.
Ding LJ. et al., « Microbiome and antibiotic resistome in
household dust from Beijing, China », Environment
International, 139:105702, 2020.
Donatini B., Le Blaye I., « Laetiporus sulfureus plus tiny
amounts of essential oils decreases the activity of Crohn
disease », International Journal of Medicinal Mushrooms,
21 (3):267–273, 2019.
Donatini B., Le Blaye I., « Ongoing CMV infection (qPCR+),
nodular thyroiditis and periodontitis are associated with ileal
distension (ileal brake), cancer and increased plasmatic
hyaluronic acid levels », Journal of Clinical Case Studies, 4
(4), 2019.
Frisch M. et al., « Appendicitis, mesenteric lymphadenitis, and
subsequent risk of ulcerative colitis : cohort studies in Sweden
and Denmark », BMJ, 338:b716, 2009.
Funkhouser LJ., Bordenstein SR.; « Mom knows best : the
universality of maternal microbial transmission », PLOS
Biology, 11 (8):e100163, 2013.
He Y. et al., « Dietary Bacillus spp. enhanced growth and
disease resistance of weaned pigs by modulating intestinal
microbiota and systemic immunity », Journal of Animal
Science and Biotechnology, 11:101, 2020.
Hyde ER. et al., « Metagenomic analysis of nitrate-reducing
bacteria in the oral cavity : implications for nitric oxide
homeostasis », PLOS One, 9 (3):e88645, 2014.
Kalakonda B. et al., « Periodontal systemic connections-novel
associations. A review of the evidence with implications for
medical practitioners », International Journal of Health
Science (Qassim), 10 (2):293-307, 2016.
Kim BS. et al., « Comparison of the gut microbiota of
centenarians in longevity villages of South Korea with those of
other age groups », Journal of Microbiology and
Biotechnology, 29 (3):429-440, 2019.
Kim HS. et al., « Effect of breastfeeding on lung function in
asthmatic children », Allergy and Asthma Proceedings,
36 (2):116-22, 2015.
Kõiv V. et al., « Microbiome of root vegetables, a source of
gluten-degrading bacteria », Applied Microbiology and
Biotechnology, 104 (20):8871-8885, 2020.
Kolenbrander PE., « Oral microbial communities : biofilms,
interactions, and genetic systems », Annual Review of
Microbiology, 54:413-37, 2000.
Kunzmann AT. et al., « Fusobacterium nucleatum tumor DNA
levels are associated with survival in colorectal cancer
patients », European Journal of Clinical Microbiology
Infectious Diseases, 2019.
Makeeva A. et al., « Antitumor macrophage response to
Bacillus pumilus ribonuclease (binase) », Mediators of
Inflammation, 2017:4029641, 2017.
Neumann DM. et al., « Sodium butyrate : a chemical inducer
of in vivo reactivation of herpes simplex virus type 1 in the
ocular mouse model », Journal of Virology, 81 (11):6106-10,
2007.
Nie S. et al., « Comparison of clinicopathological parameters,
prognosis, micro-ecological environment and metabolic
function of gastric cancer with or without Fusobacterium sp.
infection », Journal of Cancer, 12 (4):1023-1032, 2021.
Nielsen CC. et al., « Natural environments in the urban
context and gut microbiota in infants », Environment
International, 142:105881, 2020.
Oyebode O. et al., « Fruit and vegetable consumption and all-
cause, cancer and CVD mortality : analysis of health survey
for England data », Journal of Epidemiology and Community
Health, 68 (9):856-62, 2014.
Park SH. et coll., « Effects of mycorrhizal and endophytic
fungi on plant community : a microcosm study »,
Mycobiology, 35 (4):186-90, 2007.
Pérez-Serrano RM. et al., « Dental plaque microbiota of pet
owners and their dogs as a shared source and reservoir of
antimicrobial resistance genes », Journal of Global
Antimicrobial Resistance, 21:285-290, 2020.
Pierangeli A. et al., « Frequent detection of high human
papillomavirus DNA loads in oral potentially malignant
disorders », Clinical Microbiology and Infection, 22 (1):95.e9-
95.e15, 2016.
Piscione M. et al., « Eradication of Helicobacter pylori and
gastric cancer : a controversial relationship », Frontiers in
Microbiology, 12:630852, 2021.
Qin N. et al., « Alterations of the human gut microbiome in
liver cirrhosis », Nature, 513 (7516):59-64, 2014.
Rosenblatt R. et al., « Acquired oral microflora of newborns
during the first 48 hours of life », Journal of Clinical Pediatric
Dentistry, 39 (5):442-6, 2015.
Schleiffer R. et al., « Nitric oxide synthase inhibition promotes
carcinogen-induced preneoplastic changes in the colon of
rats », Nitric Oxide, 4 (6):583-9, 2000.
Shan Y. et al., « Modern urbanization has reshaped the
bacterial microbiome profiles of house dust in domestic
environments », World Allergy Organization Journal,
13 (8):100452, 2020.
Shan Y. et al., « House dust microbiome and human health
risks », International Microbiology, 22 (3):297-304, 2019.
Sharma A. et al., « Association of chronic periodontitis and
psoriasis : periodontal status with severity of psoriasis », Oral
Diseases, 21 (3):314-9, 2015.
Skudutyte-Rysstad R. et al., « Association between moderate
to severe psoriasis and periodontitis in a Scandinavian
population », BMC Oral Health, 14:139, 2014.
Sonnenberg A. et al., « The influence of Helicobacter pylori
on the ethnic distribution of esophageal eosinophilia »,
Helicobacter, 2016.
Șurlin P. et al., « Could periodontal disease through
periopathogen Fusobacterium nucleatum be an aggravating
factor for gastric cancer? », Journal of Clinical Medicine,
9 (12):3885, 2020.
Vieira Borba V. et al., « Breastfeeding and autoimmunity :
programing health from the beginning », American Journal of
Reproductive Immunology, 79 (1), 2018.
Vyhnalova T. et al., « The role of the oral microbiota in the
etiopathogenesis of oral squamous cell carcinoma »,
Microorganisms, 9 (8):1549, 2021.
Wang F. et al., « Impaired vagus function in rats suppresses
bile acid synthesis in the liver by disrupting tight junctions and
activating Fxr-Fgf15 signaling in the intestine », Biochemical
and Biophysical Research Communications, 495 (1):1490-
1496, 2018.
Wang H. et al., « Associations between gastric cancer risk and
virus infection other than Epstein-Barr virus : a systematic
review and meta-analysis based on epidemiological studies »,
Clinical and Translational Gastroenterology, 11 (7):e00201,
2020.
Yamaoka Y. et al., « Fusobacterium nucleatum as a prognostic
marker of colorectal cancer in a Japanese population »,
Journal of Gastroenterology, 53 (4):517-524, 2018.
Zhang H. et al., « Helicobacter pylori colonization protects
against chronic experimental colitis by regulating Th17/Treg
balance », Inflammatory Bowel Diseases, 24 (7):1481-1492,
2018.
Zhang Y. et al., « The presence of human papillomavirus and
Epstein-Barr virus in male Chinese lichen sclerosus patients : a
single center study », Asian Journal of Andrology, 18 (4):650-
3, 2016.
1. La flore est aussi appelée « biofilm ». C’est une
communauté souvent symbiotique et plus ou moins complexe
de micro-organismes comme des bactéries, des virus ou des
levures, qui assurent une mission clé : empêcher les vilains
germes de rentrer.
2. Voir C. Mouton C. et J.-C. Robert, Bactériologie bucco-
dentaire, Paris, Masson, 1994.
3. K. Aagaard et al., “The placenta harbors a unique
microbiome”, Science Translational Medicine, 2014.
4. X.-D. Dong et al., “Bacterial communities in neonatal feces
are similar to mothers’ placentae”, Canadian Journal of
infectious diseases and medical microbiology, 2015.
5. J. Zheng et al., “The placental microbiome varies in
association with low birth weight in full-term neonates”,
Nutrients, 2015.
6. O. Olén et al., “Pre- and perinatal stress and irritable bowel
syndrome in young adults – A nationwide register-based
cohort study”, Neurogastroenteroly & Motility, 2018.
1. Voir : www.has-sante.fr/jcms/c_2772744/fr/cancer-
colorectal-modalites-de-depistage-et-de-prevention-chez-les-
sujets-a-risque-eleve-et-tres-eleve
2. J. Doupis et al., “The role of pediatric BCG vaccine in
type 1 diabetes onset”, Diabetes Therapy, 2021 ; et
G. F. Shpilsky et al., “Bacillus Calmette-Guerin’s beneficial
impact on glucose metabolism : evidence for broad based
applications”, iScience, 2021.
3. D. Klinger et al., “Bladder cancer immunotherapy by BCG
is associated with a significantly reduced risk of Alzheimer’s
disease and Parkinson’s disease”, Vaccines, 2021.
1. L’acide urique (lorsque son taux est modéré) est le plus
puissant antioxydant naturel connu. Il prolonge la demi-vie du
monoxyde d’azote. En cas d’acide urique très augmenté (par
exemple dans le cas d’une crise de goutte), les tissus sont
enflammés et l’oxydation induite par les cellules immunitaires
prend le dessus. On parle de courbe en cloche. L’anti-
oxydation n’existe que pour un taux d’acide urique compris
entre 40 et 50 ng/l. Au-dessous pas de contrôle de l’oxydation
basale, au-dessus il existe une inflammation.
2. L’ostéoporose s’explique en grande partie par la mal-
absorption du calcium et de la vitamine D.
3. Le second paramètre impliqué dans la survenue d’une
ostéoporose est l’immobilité (sédentarité) ou la gravité.
Bouger est essentiel. Pour une mâchoire, mastiquer (appuyer
sur les dents donc sur l’os) participe au remodelage permanent
de la trame osseuse.
4. La vidange gastrique dépend exclusivement du nerf vague.
La section de ce nerf paralyse l’estomac. Aucun médiateur ou
hormone ne permet la récupération de la vidange.
5. A. J. Filiano et al., “Unexpected role of interferon-γ in
regulating neuronal connectivity and social behavior”, Nature,
2016.
1. Enquête Pierre Fabre Oral Care/Union française pour la
santé bucco-dentaire, menée auprès de 22 969 Français en
2019.
2. Voir les travaux de Kim YM, publiés en 2018.
3. Plus d’infos sur monashfodmap.com.
4. M. Barański et al., “Higher antioxidant and lower cadmium
concentrations and lower incidence of pesticide residues in
organically grown crops : a systematic literature review and
meta-analyses”, British Journal of Nutrition, 2014.
5. Totum signifie la totalité de la plante donc les fibres et tous
les nutriments. On insiste actuellement sur l’effet matrice. Une
carotte est supérieure au jus de carotte, une pomme à une
compote de pomme, une amande à de la pâte d’amande. Les
fibres adhèrent aux parois et libèrent lentement les principes
actifs. Elles régulent la flore et le transit. Elles captent certains
toxiques. Elles sont découpées par des bactéries xylophages
qui produisent des composés bénéfiques comme des
entérolactones (des phytoestrogènes hormonorégulateurs et
antitumoraux).
1. Selon l’étude récente publiée dans The Lancet (Lenzen M et
al. The environmental footprint of health care: a global
assessment. Lancet Planet Health. 2020 Jul;4(7):e271-e279).

Vous aimerez peut-être aussi