Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
NEWSLETTER # 3
Chers Clients, Chers Amis, Chers Lecteurs,
Nous avons aussi pris la liberté, dans cette troisième édition de notre Newsletter de traiter, de revenir
sur quelques questions d’actualité, notamment géopolitique, impactant le commerce international et le
Shipping.
Pour information, cette Newsletter est également éditée en anglais. Les deux sont diffusées
simultanément.
Comme les précédentes, vous la trouverez aussi sur notre site internet www.lexline.fr
1 www.lexline.fr
MARS 2024
Arbitrage
international
-
Chambre Arbitrale
Maritime de Paris
-
6 octobre 2023
Le 6 octobre 2023, une importante sentence arbitrale a été rendue, au deuxième degré, par un collège
arbitral intervenant sous l’égide de la Chambre Arbitrale Maritime de Paris (CAMP), saisie d’un litige
relatif à une police d’assurance « commodities » opposant 49% d’une co-assurance et une société
internationale de négoce. Cette dernière recherchait le complément d’indemnisation, qu’elle estimait
dû, au titre d’une perte totale d‘une cargaison de riz, à l’issue d’un long voyage maritime au départ de
l’Inde et de la Birmanie et à destination de Conakry (Guinée).
LES FAITS ESSENTIELS sont les suivants : courant 2018, une société de trading [A] a vendu une
importante cargaison de riz en provenance d’Inde et de Birmanie, à une société guinéenne [B] ; la
marchandise, transportée sur un navire [OP] et assurée auprès d’une co-assurance internationale,
apéritée en France par une compagnie [C], devait être livrée à Conakry.
La police, stipulant une clause compromissoire au profit de la CAMP, était soumise au droit français et,
parmi d’autres conditions, à l’imprimé français « Risques Ordinaires » du 1er juillet 2009. Elle
indiquait couvrir les risques transport de la cargaison de riz au départ de « any point in the world » et
à destination de « Guinea Conakry », lieu de livraison à l’acheteur guinéen. A l’issue du déchargement
de la moitié environ de la cargaison, les Autorités guinéennes ont rejeté l’autre moitié, en invoquant
des problèmes liés au poids et à la qualité de la marchandise.
2 www.lexline.fr
MARS 2024
3 www.lexline.fr
MARS 2024
La société de négoce [A], assurée, devait en effet soutenir avec force que les co-assureurs seraient tout
aussi obligés en cas de règlement commercial / ex gratia, au motif que : « les termes de la rédaction de
la Follow clause sont très larges et ne stipulent aucune limite au pouvoir de l’Apériteur d’engager les co-
assureurs…Règlement ex gratia ou non, il est constant que l’Apériteur [C] a indemnisé [A] et que les co-
assureurs [D] se doivent de suivre cette décision ».
Selon l’assuré [A] « l’absence d’exclusion des paiements ex-gratia dans la Follow clause entraîne que
l’Apériteur aurait eu le pouvoir de consentir un tel paiement pour le compte de la co-assurance ».
4 www.lexline.fr
MARS 2024
De leur côté, les co-assureurs [D] soutenaient qu’il n’y avait pas lieu de ne pas appliquer pour Abidjan
ce qui avait été décidé pour Lomé et que les limites géographiques du voyage assuré faisant partie des
conditions substantielles de la police d’assurance, un accord exprès, non équivoque et valablement
consenti des Assureurs (au moins de la compagnie apéritrice), en vue d’étendre la couverture
d’assurance jusqu’à Abidjan, était absolument nécessaire.
Les co-assureurs [D] devaient enfin insister sur le fait que leur obligation de suivre la décision de
l’Apériteur supposait que celle-ci ait été prise dans le cadre de l’application de la police et de ses
limites, et non au-delà, les co-assureurs ne pouvant aucunement être tenus de suivre une décision de
l’Apériteur d’indemniser en dehors du champ de garantie de la police.
Dit autrement, si l’Apériteur est libre d’envisager un règlement commercial ou ex gratia au profit de
l’assuré, ce règlement ne saurait obliger les co-assureurs, sauf à ce qu’ils aient donné, préalablement,
leur accord.
Les co-assureurs [D] ont enfin ajouté que leurs engagements ne sauraient excéder les conséquences
financières du rejet de la marchandise par les Autorités guinéennes, telles qu’elles sont prévues par la
police (notamment la dépréciation commerciale de la marchandise, résultant du rejet).
5 www.lexline.fr
MARS 2024
Les trois Arbitres, statuant au second degré et de manière définitive ont retenu en substance,
s’agissant de l’extension de garantie, que «…aucun accord équivalent à celui qui a été conclu pour
Lomé n'a été consenti, s'agissant d’Abidjan. Dans la mesure où aucune dérogation à l'article 2 de la
police stipulant un élément essentiel de l'accord des Parties, à savoir la destination de la marchandise,
n'est intervenue, le tribunal ne peut que constater l'absence de couverture de la prolongation du
voyage… en outre, la compréhension de la police d'assurance nécessite d'en analyser toutes les clauses
dans le respect des directives exprimées par le Code civil en particulier l'article 1189 al. 1 disposant que
toutes les clauses d'un contrat s’interprètent les unes par rapport aux autres en donnant à chacune le
sens qui respecte la cohérence de l'acte tout entier ».
Enfin, sur la possibilité pour l’Apériteur d’opposer un éventuel règlement ex gratia à la co-assurance,
les Arbitres ont été définitifs, dans la droite ligne de la jurisprudence : « Claim settlement ne s'entend
pas d'une transaction au sens civiliste commun mais du règlement des indemnités dues au titre de la
police, à l'exclusion des paiements réalisés ex gratia au titre d'un geste commercial […] il reste qu'il ne
saurait engager un mandant que si ce dernier l'a spécialement accepté en reconnaissant son propre
engagement sur le fondement d'un tel règlement ».
6 www.lexline.fr
MARS 2024
Il a résulté de cette sentence que les co-assureurs n’étaient tenus d’indemniser, à hauteur de leurs
parts respectives, que le préjudice ayant pour cause le rejet de la marchandise par les Autorités
guinéennes, à savoir la dépréciation commerciale de la marchandise (résultant du rejet initial) puis
sa destruction.
Cette obligation contractuelle devait résulter des clauses 58.1 et 34 de la police, dont le sens
comme l’étendue n’avaient jamais été contestés par les co-assureurs [D], tant il n’était pas
discutable que le rejet initial s’était bien produit à Conakry, lieu faisant partie des limites
géographiques de la police telles que stipulées à son article 2.
Nous avons eu l’honneur et le plaisir de représenter et de défendre les intérêts des co-
assureurs concernés [D] tout au long de la procédure qui a duré plus de trois ans.
Aucun recours en nullité n’a été engagé par la société de négoce [A].
7 www.lexline.fr
MARS 2024
En fait, Comex avait requis les services de WSM afin qu’elle l’assiste, comme consignataire du navire «
Janus II », dans différentes démarches administratives (autorisation de navigation en Algérie,
admission temporaire - AT) en plus des tâches incombant de manière plus classique au consignataire
(avitaillement, assistance matérielle etc).
38
w
wwww
w .. ll e
exx ll ii n
nee .. ff rr
MARS 2024
Alors que WSM avait fait part à son client d’un délai habituel de 3 jours pour obtenir son Admission
Temporaire (AT), cette dernière n’a été accordée qu’au bout de 18 jours, du fait de jours fériés en
Algérie, de changements de personnels auprès des Douanes algériennes et d’exigences infondées
émanant de divers services administratifs.
Reprochant au consignataire WSM le retard éprouvé, la société Comex l’a assigné en responsabilité,
sollicitant qu’il l’indemnise de son préjudice.
Imputant une quasi-obligation de résultat au consignataire de navire, les premiers juges l’avaient
condamné, sans vraiment caractériser la faute alléguée ni le lien de causalité avec le préjudice subi.
Les Juges d’appel ont réformé le jugement en toutes ses dispositions, rappelant que le consignataire de
navire, mandataire salarié (art. L. 5413-1 du Code des transports), ne peut voir sa responsabilité
engagée que selon les règles de droit commun (preuve d’une faute personnelle en relation causale avec
le préjudice).
Retenant que WSM ne pouvait se voir reprocher ni le retard dans la délivrance de l’AT, imputable à
l’administration algérienne, ni davantage les exigences de cette dernière dont le consignataire n’avait
pas à apprécier la pertinence ni le bien fondé, la Cour a écarté toute responsabilité à la charge de WSM,
ce d’autant que cette dernière justifiait de ses diligences continues dans l’exécution de son mandat.
Cet arrêt de la Cour de Paris était le bienvenu dans un domaine assez pauvre en jurisprudence récente.
39
w
wwww
w .. ll e
exx ll ii n
nee .. ff rr
MARS 2024
10 www.lexline.fr
MARS 2024
Dans sa motivation, la Cour a relevé, à juste titre, que le contrat de transport prévoyait comme fin du
transport, la remise physique de la marchandise au destinataire final, sans rupture de charge pendant
le transport, et que le transit constituait ainsi une prestation nécessaire à l’achèvement du transport.
Pour retenir que le transit des marchandises de quelques heures ne pouvait être séparé du contrat de
transport de bout en bout, la Cour a également pris en compte le fait qu’aucun contrat distinct n’avait
été conclu (ni aucune facture émise) par le prestataire assigné, au titre d’une prestation de dépôt
séparée.
PROCÉDURE CIVILE
Péremption d’instance
-
Délai audiencement
-
Cass. Civ.2e., 7 mars 2024,
RG 21-23.270
La Cour de Cassation est venue au secours des justiciables et de leurs Conseils en ces termes : « une
fois que les parties ont accompli toutes les charges procédurales leur incombant, la péremption ne court
plus à leur encontre, sauf si le conseiller de la mise en état fixe un calendrier ou leur enjoint d'accomplir
une diligence particulière ».
11 www.lexline.fr
MARS 2024
COMMISSION DE TRANSPORT
12 www.lexline.fr
MARS 2024
LA DÉCARBONATION
Sur ce sujet ô combien prioritaire, M. Rodolphe Tel est le cas de PONANT, propriété d’Artémis,
Saadé, président de la CMA CGM, a indiqué holding de contrôle du groupe Kering, première
poursuivre un objectif « zéro carbone » à entreprise française à bénéficier de cette
horizon 2050, et recourir massivement à certification qui oblige l’armateur à faire preuve de
l’intelligence artificielle en vue de réduire les progrès significatifs en matière de décarbonation,
émissions de carbone des 650 navires ce à intervalle régulier.
comprenant la flotte de son groupe. Les
investissements consacrés par la CMA CGM à M. Hervé Gastinel, Président de PONANT a exposé
cette question s’élèvent à près de 15 milliards travailler sur un projet de 14ème navire « zéro
d’euros. émission » et au lancement d’ici 3 ans d’un voilier
de 200 mètres à propulsion vélique et hydrogène.
Le danois MAERSK, premier transporteur
mondial de conteneurs va dans la même Comme pour les automobiles, la nécessité pour les
direction, à l’instar des armateurs de paquebots navires de pouvoir se brancher électriquement et
qui s’efforcent d’être certifiés Green Marine. directement à quai a été évoquée. Aujourd’hui,
50% des paquebots sont en mesure de le faire.
13 www.lexline.fr
MARS 2024
Il arrive aussi que les substances illicites soient cachées au niveau de la coque des navires (« Sea Chest
») quand elles ne sont pas directement jetées à la mer, sous forme de ballots, en vue d’être récupérées
par des petites embarcations. Des quantités importantes sont parfois retrouvées sur les plages de la
Manche ou de l’Atlantique, ainsi que la presse s’en fait régulièrement l’écho.
Les méthodes de lutte contre ces importations dans les ports sont de plus en plus sophistiquées,
incluant l’usage de scanners mobiles permettant de détecter, en deux minutes à peine, des
marchandises suspectes dissimulées dans des conteneurs.
Plus que jamais, la question de la traçabilité par géolocalisation des conteneurs et de la détection
d’incidents en cours de voyage, notamment les ouvertures de conteneurs, à l’insu des chargeurs, est
d’actualité. La société Traxens, qui a inventé le concept des « conteneurs intelligents » ou digitalisés au
moyen de capteurs de suivi de fret maritime, apporte son expertise dans ce domaine sensible.
14 www.lexline.fr
MARS 2024
15 www.lexline.fr
MARS 2024
L’attaque récente du navire « Rubymar » dans le M. Mathieu Berrurier, président de l’Union des
golfe d’Aden, illustre l’augmentation brutale des courtiers d’assurances maritimes et transports
risques maritimes en ce début d’année 2024. (Ucamat), explique dans une interview du 22
Frappé par un missile balistique antinavire des février 2024 au journaliste économique Éric Revel
rebelles houthis du Yémen, le cargo exploité par que l’augmentation des primes est cependant plus
une société libanaise et chargé de 21,000 tonnes importante pour les navires et cargaisons à
d’engrais à base de sulfate de phosphate destination ou au départ de la mer Noire que ceux
d’ammonium, a coulé, causant un risque réel en transit par la mer Rouge (100 fois la prime de
pour l’environnement. base à l’année contre 10 à 20 fois).
16 www.lexline.fr
MARS 2024
17 www.lexline.fr