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UNIVERSITE AFRICAINE DES SCIENCES POLITIQUES ET

DE MANAGEMENT

TRONC COMMUN MANAGEMENT (LICENCE 2)

COURS D’INITIATION AUX TECHNIQUES


D’ASSURANCE

Par
Achille ONDO
Contrôleur des Assurances à la DNA/GABON
I. L’Assurance

1) Historique
a) La pré assurance
b) L’essor de l’assurance
2) Définition
3) Le contrat d’assurance
a) Les différents partenaires dans le contrat d’assurance
- L’assureur (entreprise d’assurance)
- Le souscripteur
- L’assuré
- Le bénéficiaire
b) Les caractères du contrat d’assurance
- Consensuel
- Synallagmatique
- Aléatoire
- A titre onéreux
- Successif
- D’adhésion
- De bonne foi

c) La formation du contrat
- La proposition d’assurance
- Le consentement de l’assureur
- La signature de la police par l’assuré

d) La preuve du contrat
- La police
- La note de couverture.
- L’avenant

e) La cessation des effets du contrat d’assurance


- L’expiration de la période d’assurance
- La disparition du risque
- Le retrait d’agrément à une société
- La résiliation du contrat par une des parties

4) Inversion du cycle de production


5) Les types de contrats d’assurance et mode de gestion

II. Les éléments d’une opération d’assurance


1) Le risque

a) La notion du risque et risque assurable


b) Le transfert du risque à l’assureur
c) L’homogénéité des risques
d) La dispersion des risques
e) La division du risque
➢ La coassurance
➢ La réassurance

2) La cotisation (Prime)
3) La prestation de l’assureur
4) La compensation

III. La tarification

1) L’importance de la statistique et des probabilités


2) La détermination et le calcul de la prime :

a) La prime pure
b) Les composants d’une prime d’assurance
- La prime nette
- Les chargements et taxes
IV. Le sinistre (ou réalisation du risque)

1) La déclaration
2) Les exclusions et les limitations
3) L’indemnisation

Conclusion
I. L’Assurance

1) Historique
a) Pré assurance
On trouve des traces de la pré assurance dans la plus haute antiquité :
o La caisse d’entraide des tailleurs de pierres de la Basse Egypte (4500 avant
J.C)
o En organisant les transports par caravane, le code babylonien de
1
Hammourabi prévoyait la répartition du cout des vols et pillages entre
commerçants (2250 avant JC)
o Un contrat d’assurance transport a été découvert à Babylone par une
expédition archéologique américaine. En vue d’aider les commerçants à
se prémunir contre les risques du transport par caravane, un israélite
entreprit vers 580 avant J.C de prêter une somme d’argent, moyennant
une commission de risque de 20% et un intérêt remboursable avec le
principal en cas de bonne arrivée.
b) Essor de l’assurance : le prêt à la grosse aventure
L’assurance commence avec le grand commerce maritime au moyen âge.
En effet, la première forme d’assurance concernait la protection des
marchandises contre les risques d’avarie, de naufrage ou de captures par les
pirates. En effet, faire appareiller un navire pour la navigation 2hauturière
supposait la mobilisation d’importants capitaux. Les 3armateurs grecs et romains
puis, quelques siècles plus tard les marchands italiens s’adossaient donc aux

1 Hammurabi
Hammurabi est un roi de Babylone, faisant partie de la première dynastie babylonienne, régnant de 1792 av. J.-C. à sa mort en 1750 av.
J.-C..

2Relatif au large, à la haute mer.


3L'armateur est la personne qui exploite à ses frais un ou plusieurs navires marchands ou de pêche, ce qui lui confère des
responsabilités particulières, notamment vis-à-vis de ses clients,
banquiers qui se font assureurs par nécessité au travers du prêt à la grosse aventure.
Fonctionnant selon un schéma proche de celui de l’assurance, le mécanisme du
prêt à la grosse consistait pour un marchand souhaitant transporter une
cargaison par voie maritime, à contracter un prêt auprès d’un banquier pour
financer l’opération. Si le navire arrivait à bon port, le banquier était remboursé de la
somme prêtée, majorée d’intérêts. Dans le cas contraire (naufrage, acte de
piraterie...) le marchand n’avait rien à rembourser.
L’intérêt stipulé n’était pas en rapport avec les chances de réalisation de risque,
souvent à 12% mais pouvant aller jusqu’à 100%. Néanmoins, il se dégageait déjà
du contrat à la grosse aventure, les notions de protection et de transfert de
risque.

2) Définition
La variété des opérations d’assurance et des risques couverts ne permet pas de
donner une définition unique et exhaustive de l’assurance.
Se l o n J o s e p h H E M A R D « l’assurance e s t u n e o p é r a t i o n p a r
laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre,
m o y e n n a n t u n e r é m u n é r a t i o n , l a p r i m e , p o u r l u i ou pour un
tiers, en cas de réalisation d’un risque, une prestation par une autre partie,
l’assureur qui, prenant en charge un ensemble de risques, les compense
conformément aux lois de la statistique. »

On retrouve dans cette définition les deux aspects de l’opération d’assurance :

• une opération juridique : engagement réciproque de l’assuré (payer la


prime) et de l’assureur (verser la prestation si le risque se réalise) ;

• avec des mécanismes techniques propres : gestion de la mutualité des


assurés par l’assureur, les primes payées par l’ensemble des assurés
servent à verser les prestations à ceux pour lesquels le risque se réalise.
Elle a également pour avantage de ressortir les quatre éléments qui
caractérisent l’opération d’assurance : le risque, la prime, la prestation et la
compensation.
Techniquement, elle est définie comme étant une opération par laquelle un
Assureur organise en mutualité une multitude d'assurés exposés à la réalisation
de certains risques ; grâce à la masse commune des primes collectées, l'Assureur
indemnisera les membres de cette mutualité qui auront subi un sinistre ».

3) Le contrat d’assurance
a) Les différents partenaires dans le contrat d’assurance
Le contrat d’assurance met en relation différents partenaires à
savoir :
- L’assureur (entreprise d’assurance) :est celui qui s’oblige moyennant une
rétribution dénommée prime ou cotisation à payer l’indemnité dans les
assurances de dommages, le capital ou la rente dans les assurances vie.
L’assureur est en règle générale une personne morale de formes
juridique différentes (société anonyme, mutuelle...).

- Le souscripteur : C’est celui qui signe la police d’assurance.


- L’assuré : C’est la personne sur la tête (assurance vie) ou sur les intérêts
(assurance de choses ou des biens) de qui pèse le risque assuré ou dont
la responsabilité peut être recherchée...
NB : le souscripteur et l’assuré ne sont pas forcément la même
personne .Il peut s’agir de deux personnes distinctes, Expl :lorsqu’une
entreprise souscrit une assurance pour le compte de son personnel, dans
ce cas, l’entreprise est le souscripteur et les membres du personnel sont
les assurés.

- Le bénéficiaire : C’est la personne qui perçoit l’indemnité en cas de


sinistre. Le bénéficiaire peut être différent du souscripteur et de l’assuré.
Expl : Assurance en cas de décès.
Il peut être aussi à la fois Assuré et Souscripteur, Exple : Assurance en
cas de vie.
Il faut noter aussi « les tiers bénéficiaires » dans les assurances en cas de
décès. En effet, lorsque le risque garanti est le décès de l’assuré, il est
clair que celui-ci ne peut bénéficier lui-même de la garantie prévue au
contrat : C’est donc un tiers bénéficiaire désigné par l’assuré qui recevra
les prestations de l’assureur.

b) Les caractères du contrat d’assurance


- Consensuel : En ce sens que sa conclusion est parfaite dès l’accord des
parties, les écrits ne servant que de moyens de preuve.
- Synallagmatique : En ce sens qu’il met des obligations à la charge de
chacune des parties.
- Aléatoire : Ce caractère aléatoire est fondamental, parce que si la
survenance des sinistres était certaine, assureur ne serait pas en mesure de
faire face à ses engagements eu égard au caractère insignifiant des primes. Il
n’y aurait pas d’assurance si la survenance des sinistres était certaine.
- A titre onéreux : car il y a le paiement de la prime par l’assuré, en
contrepartie, le règlement de l’indemnité par l’assureur.
- Successif : Le contrat d’assurance, pour de nombreux auteurs, se
renouvelle chaque année lors du paiement de la prime et devrait donc
être classé au nombre des conventions à exécution successive.
- D’adhésion : On veut dire par là que le plus souvent du moins, l’assuré
ne peut qu’accepter l’offre générale, permanente et rigide qui lui est faite
par l’assureur ; il se contente d’adhérer au contrat préparé et rédigé par
l’assureur à la volonté duquel il se soumet sans discuter.
- de bonne foi : En effet l’assureur a confiance en l’assuré, ce qui explique
par exemple que le contrat d’assurance se fasse sur la base des déclarations
de ce dernier. L’assuré également a confiance en l’assureur du fait qu’il
consent à payer la prime en contrepartie de la promesse que lui fait
l’assureur de payer les sinistres garantis qui pourraient survenir au cours du
contrat.
c) La formation du contrat
La proposition d’assurance : information de l’assureur par l’assuré, c’est le
document par lequel le futur souscripteur demande une garantie
d’assurance pour le risque qu’il déclare. En pratique, la proposition est
un imprimé pré établi par l’entreprise d’assurance et transmis au client.
Cet imprimé comporte un questionnaire qui permet à l’assureur d’avoir
tous les renseignements que le proposant peut lui fournir et ces
déclarations serviront de base à la souscription du contrat.
Le consentement de l’assureur : une certaine 4jurisprudence estime que ce

4 l'ensemble des décisions de justice relatives à une question juridique donnée. Il s'agit donc de décisions
consentement est marqué par la signature de l’assureur sur la police qu’il
établit conformément à la proposition d’assurance et que le contrat est,
sauf clause contraire, parfait dès cette signature, dès lors qu’il a été fait
conformément à la volonté de l’assuré telle qu’elle a été exprimée sur la
proposition d’assurance.

La signature de la police par l’assuré : Pour éviter toute contestation sur la


date de l’accord, les entreprises d’assurances sont généralement assorties
d’une clause par laquelle l’assureur subordonne la perfection de contrat à
la signature de la police par l’assuré.

d) La preuve du contrat
Elle se fait à l’aide de police d’assurance ou de note de couverture
- La police : C’est un document signé des deux parties souvent
composé de trois éléments, à savoir les conditions générales, les
conditions particulières et les conventions spéciales.

*Les conditions générales : C’est un ensemble de clauses communes à


l’ensemble des contrats d’une branche d’assurance bien déterminée.
*Les conditions particulières : Elles se présentent généralement sous la
forme d’un formulaire sur lequel l’on consigne des informations
permettant d’individualiser le contrat, tel que le nom du souscripteur,
de l’assuré, du bénéficiaire, la période d’assurance, les objets assurés et
leurs capitaux, la prime et les 5franchises.
*Les conventions spéciales : Elle se présente comme une annexe
permettant soit de compléter ou de préciser les conditions générales,
soit de déroger à certaines dispositions.
- La note de couverture: Encore appelée « note de garantie » ou « lettre
de couverture », la note de couverture est un document provisoire
constatant l’existence d’une garantie souvent immédiate avant
l’établissement de la police d’assurance et sur lequel se trouve indiqués
les éléments essentiels de l’assurance.
Quant-à sa forme elle consiste en un imprimé signé du seul assureur.
Bien que ne portant qu’une unique signature, la validité d’un tel
engagement reste entière.
- L’avenant : L’avenant à un contrat correspond à la modification, la
5 Partie des dommages qu'un assureur ne garantit pas; exonération d'une garantie pour certains risques
correction, la clarification ou la suppression d'une clause d'un
contrat que vous avez déjà signé.

e) La cessation des effets du contrat d’assurance


- L’expiration de la période d’assurance : elle met fin au contrat
d’assurance s’il n’est pas renouvelable par tacite reconduction
(renouvellement automatique du contrat à son échéance suivant une
clause de police)
- La disparition du risque : elle peut résulter
de la destruction de l’objet assuré, c’est le cas par exemple des marchandises
assurées contre le vol et entièrement détruite par l’incendie.
du décès de la personne sur la tête duquel repose l’assurance, exemple
l’assurance maladie prend fin dès le décès de la personne assurée.
NB : En cas de disparition du risque et si l’assuré s’est déjà acquitté de
l’intégralité de la prime, l’assureur est tenu de lui rembourser la
fraction de ladite prime afférente à la période non couverte par
l’assurance sauf lorsque la disparition du risque constitue un sinistre
garanti.
- Le retrait d’agrément à une société : Les contrats cessent de plein
droit d’avoir effet le 40è jour à midi à compter de la publication dans
un journal d’annonces légales : les primes sont dues
proportionnellement à la période de garantie.
f) La résiliation du contrat par une des parties
par l’assureur ou l’assuré : chaque année à la date anniversaire de la
prise d’effet du contrat mais moyennant un préavis d’au moins
deux mois ,avant la date d’échéance lorsque le contrat est à tacite
reconduction(par lettre recommandée à la date du cachet de la
poste) art.14 Code CIMA
par l’assureur :
o en cas d’aggravation du risque ;
o en cas d’omission ou d’inexactitude dans la déclaration du
risque de la part de l’assuré à la souscription ou en cours de
contrat ;
o en cas de faillite ou de liquidation judiciaire de
l’assuré(personne morale)mais dans un délais de trois mois
à compter de la date de jugement de la faillite ou de la
liquidation, la portion de prime est restituée à l’assuré pour
la période qui ne sera plus couverte ;
o en cas de sinistre dans un délais de trois mois après qu’il en
ait eu connaissant et moyennant un préavis d’un mois,
mais dans ce cas l’assuré a la faculté de résilier tous ses
autres contrats souscrits auprès de la société qui a pris
l’initiative de résiliation.
par l’assuré : en cas de disparition des circonstances aggravantes
mentionnées dans la police si l’assureur refuse de réduire la prime
en conséquence.

4) Inversion du cycle de production

Dans toute activité économique, le prix de vente d’un bien est déterminé à
partir de son prix de revient. En assurance, au contraire, l’assureur vend un produit
dont il ne connait pas le prix de revient puisqu’il ne peut déterminer à l’avance
l’existence et le montant des sinistres à venir. La cotisation (la prime) doit néanmoins
être perçue d’avance (Article 13 nouveau du Code CIMA) et non à terme échu, parce
que l’assureur doit percevoir le prix du risque dès que l’assuré s’y trouve exposé, le
sinistre n’étant que sa réalisation.
Cela constitue un inconvénient pour les assureurs contraints de ce fait de constituer
des provisions pour qu’ils soient en mesure de faire face à leurs engagements.

5) Les types de contrats d’assurance et les modes de gestion

• Les types de contrat

Il y a deux grands types de contrats d’assurances

a) L’assurance des personnes


Les assurances de personnes ont pour objet de protéger la personne même de l’assuré
dans son intégrité physique.
➢ Soit « en cas de vie » (assurance vie) sous formes de
Capitalisation donnant lieu au bénéfice du titulaire au versement d’un capital ou d’une
rente après une certaine date.
➢ Soit « en cas de décès » (assurance décès) donnant lieu au versement d’un
capital au bénéficiaire,
➢ Soit par une assurance maladie : l’assurance
Complémentaire santé, l’assurance hospitalisation, le contrat « individuelle accident »
➢ Soit en couverture d’autres risques tels que : l’incapacité de gain, l’invalidité, le
décès accidentel…
➢ L’Epargne.

b) L’assurance de dommages
Elle donne droit à une indemnité, normalement égale au montant du préjudice dû à
un événement accidentel et involontaire appelé sinistre :
➢ Assurance de tiers : responsabilité civile, etc.…
➢ Assurance de biens : contre les accidents, incendies, vols (automobile,
habitat…) c’est l’IARDT (Incendie, accident et risques divers, transport)
➢ Assurances dans la construction : Assurance dommages à l’ouvrage et
assurance décennale.

• Mode de gestion

Pour être en mesure de tenir son engagement de payer aux assurés les
prestations prévues dans le contrat, assureur utilise deux techniques de
gestion : la répartition ou la capitalisation les assurances de répartition

Les assurances de répartition

Dans la gestion par repartions la masse des primes payées par la mutualité
des assurés au cours d’une période donnée est repartie entre les sinistrés. Elle se
fait par année d’assurance.
Peuvent être gérés selon le mode de répartition, les risques présentant les
caractéristiques suivantes :

Constants :
constance de la probabilité de réalisation, si la probabilité de réalisation peut connaitre des
variations saisonnières, elle reste sensiblement identique au cours d’une période de
temps.
constance de la prime : les risques sont couverts moyennant une prime constante
pendant une courte période, l’année en général.
L’indemnisation est quasi immédiate et se fait en un versement unique.

Exemple : le régime de retraite des Caisses de Prévoyance Sociale de nos


États, les accidents corporels, l'assurance maladie, les assurances de
dommages.

Les assurances de capitalisation


Ce sont des assurances souscrites à long terme dont les primes sont
capitalisées selon la méthode des intérêts composés.
.

II. Les éléments d’une opération d’assurance


1) Le risque
C'est un événement dommageable de réalisation incertaine.
Il peut aussi s’agir d’un évènement de réalisation certaine, mais à une date
inconnue.
C’est l’éventualité (de survenance) de l’évènement aléatoire couvert par
l’assurance
Nous pouvons noter que le concept d’assurance ne peut être séparé de la
notion de risque.
N. B. : Il convient de noter à toutes fins utiles que le mot risque peut avoir
d'autres acceptions :
o il désigne la personne ou la chose placée sous la garantie de l'assurance.
Exemple une usine assurée contre l'incendie constitue un "risque
incendie" et on précise même "risque industriel"
o il désigne en assurance Incendie la classification des murs extérieurs.
Exemple : on parlera de 1er risque pour un bâtiment construit en dur.

a) La notion du risque et risque assurable

Un risque assurable doit être :


➢ Aléatoire,
➢ Futur,
➢ Licite (non contraire à la Loi),
➢ Involontaire (indépendant de la volonté de l’assuré),
➢ Réel (le bien assuré doit exister),
➢ Suffisamment courant pour pouvoir calculer sa probabilité,
➢ Sans être trop courant, au point d’être quasi certain.

L’aléa est le caractère principal de tout contrat d’assurance et définit donc la notion de
risque assurable. Il peut porter sur la survenance ou la non survenance d’un événement
(par exemple le vol), mais aussi sur la date de réalisation d’un événement certain (par
exemple en assurance décès.)

b) Le transfert du risque à l’assureur


L’assuré moyennant une prime ou cotisation, transfert le risque qu’il encoure à
l’assureur, lequel s’engage à le couvrir en cas de survenance de l’événement assuré.

c) L’homogénéité des risques


Les risques sont classés dans des catégories étroites de façon à leur donner une grande
6
homogénéité. Les risques du particulier ne sont pas mélangés avec les garanties
accordées pour une usine. Les premiers sont des risques simples avec une sinistralité
faible alors que les seconds sont des risques industriels avec des possibilités
d’inflammabilité importante, des stockages considérables et des machines coûteuses.

Si cette distinction n’est pas réalisée, le particulier verrait sa cotisation augmentée en


fonction de la vulnérabilité d’un risque auquel il est totalement étranger.

d) La dispersion des risques


La concentration de biens assurés à un même endroit, dans une même région peut, par
le fait de la propagation, de la densité d’un événement catastrophique naturel ou
technologique, alourdir la charge financière de l’assureur. Exemple : une société qui assure
tous les immeubles d’une même avenue, l’un des immeubles prend feu et le communique aux immeubles
voisins.

Les assureurs doivent donc éparpiller les risques de façon à ne pas compromettre

6 Fait d'être homogène, constitué d'éléments de même nature .


l’équilibre de leur trésorerie en cas de survenance de sinistres.

e) La division du risque
L’assureur ne doit accepter qu’une fraction d’un gros risque menaçant la mutualité en
recourant aux techniques de division des risques.

➢ La coassurance

C'est l’opération par laquelle plusieurs entreprises d'assurance garantissent un


même risque, chacune d'entre elles prenant en charge une fraction convenue de ce
risque sans solidarité avec les autres.

Les risques faisant l'objet d'une coassurance sont garantis dans le cadre
d'un contrat unique appelé police collective, qui est rédigé par 7la société apéritrice et
signé par la suite par chacun des coassureurs et par l’assuré.

La Société Apéritrice (également appelé l’Apériteur) agit comme le


mandataire des coassureurs. En effet, non seulement elle établit le contrat, mais elle
encaisse la prime et la repartit entre les coassureurs. En autre, elle instruit et règle les
sinistres pour le compte des autres coassureurs, mais leur réclame par la suite le
remboursement de leurs quotes-parts respectives.

➢ La réassurance

C'est l’opération par laquelle une entreprise d'assurance, la cédante, s'assure à son
tour auprès d'une autre société, le réassureur, (encore appelée cessionnaire), pour
tout ou partie des risques qu'elle assure.

La technique de la réassurance permet notamment à l'Assureur de diluer le risque


en se protégeant contre les écarts de probabilité et de rendre son portefeuille
homogène en ne conservant que la partie des risques correspondant à sa capacité
financière.

Il est à noter que malgré l’opération de réassurance, l'assureur reste le seul garant du
règlement des sinistres à l'assuré, ce dernier n'étant lié au réassureur par aucun lien
contractuel (article 4 du Code CIMA).

7 assureur qui prend la tête du groupe, qui est généralement celui qui a négocié le contrat avec l'assuré,
2) La cotisation (Prime)

La prime est la contribution que verse l’assuré à l’assureur en échange de la garantie qui
lui est accordée.
La contribution du souscripteur est généralement déterminée à forfait ; il s’agit alors
d’une prime ou cotisation fixe qui ne peut, en principe, être modifiée en cours de
validité du contrat sans le consentement du souscripteur.
les primes ou cotisations doivent être suffisantes pour:

– indemniser les sinistres survenus dans l’année;


– couvrir les frais (d’acquisition, de gestion, d’encaissement) exposés par l’assureur.

3) La prestation de l’assureur
L’engagement pris par l’assureur en cas de réalisation du risque
consiste à exécuter une prestation. Il s’agit du versement d’une indemnité destinée:
soit à l’assuré, par exemple en assurance incendie,
soit à un tiers, par exemple en assurance de responsabilités,
soit au bénéficiaire, par exemple en assurance vie (en cas de décès).

• Il existe deux sortes de prestations :


– des indemnités qui sont déterminées après la survenance du sinistre, en fonction
de son importance;
– des prestations forfaitaires qui sont déterminées à la souscription du contrat,
avant la survenance du sinistre (par exemple : assurance vie).

4) La compensation

Les assurés qui cotisent par des versements de prime pour faire face aux conséquences
d’un même risque, constituent une mutualité. C’est grâce à ses versements que
l’assureur pourra indemniser ceux qui auront été sinistrés.
III. La tarification
Pour qu’un assureur accepte de garantir un aléa, il doit pouvoir tarifier le risque, c'est-
à-dire calculer une prime d’assurance. Toutefois, avant d’aborder les éléments qui
constituent la détermination de la prime, voyons d’abord l’implication et l’importance
de la statistique et des probabilités dans sa détermination.

1) L’importance de la statistique et des probabilités

La détermination de la prime fait appel au calcul de la probabilité et à la


statistique.

Exemple simplifié :
Imaginons 10 000 personnes, chacune propriétaire d’un immeuble de 1 000 000
FCFA et s’assurant auprès d’une même compagnie contre l’incendie. Si à la fin
de l’année,15 immeubles brulent intégralement, l’assureur devra rembourser :
15 x 1 000 000
Mais, puisque les pertes subies par les propriétaires sinistrés doivent être
supportées par l’ensemble de la communauté (revoir la définition technique) des
propriétaires assurés, l’assureur, pour être en mesure de faire face à ses
engagements, devrait avoir perçu auprès de chacun d’eux une prime pure de :
15.000.000
= 1500 F
10.000
Partant de ce calcul, l’assureur demandera à tous ses nouveaux clients qui se
présenteront au cours de l’année suivante pour assurer un immeuble de
1.000.000 contre l’incendie une prime pure de 1500 en faisant l’hypothèse que la
proportion des immeubles brulés, soit de 15 , restera constante.
10000
Cette proportion s’appelle « probabilité » en mathématique et « fréquence » en
statistique

a) Calcul des probabilités

La probabilité est le rapport du nombre de cas favorables à la survenance


d’un évènement au nombre total de cas possibles de survenance de cet
évènement.
Ainsi si nous appelons P la probabilité, on peut écrire :

Nbre des cas favorables


P= avec 0 ≤ P≤1
Nbre des cas possibles

Où :
P=0 correspond au cas d’impossibilité de survenance de l’évènement ; par
exemple la possibilité d’avoir pile et face simultanément en jetant 1 pièce de
monnaie en l’air et en la laissant tomber. En effet, le chiffre zéro est obtenu en
application de la formule ci-dessus par le rapport

0/2 =0

P=1 signifie la certitude de survenance de l’évènement ; par exemple le fait qu’en


jetant une pièce de monnaie en l’air et en la laissant tomber on obtient pile ou
face. En fait, le chiffre 1 s’obtient en application de la formule ci-dessus par le
rapport 2/2= 1.

Toujours dans le cadre du jeu de pile ou face, la probabilité d’avoir la pile après
avoir jeté une pièce de monnaie en l’air est de ½ et elle est la même ½ pour
l’option de face.

b) La statistique

La statistique peut être définie comme une observation chiffrée


d’évènements passés. Compte tenu de cela, elle peut servir de base au
calcul de probabilité a posteriori, c’est à dire après la survenance des
évènements observés.
Cela n’est cependant possible que si la loi des grands nombres joue à fond.

*La loi des grands nombres

Une compagnie d’assurance doit réunir dans son portefeuille un grand


nombre de risque. Cette multitude de risque permet à l’assureur de se
rapprocher le plus possible des calculs de probabilité conformément à la
loi des grands nombres. Ceci lui permet de fixer avec plus de précision le
montant des primes afin d’être en mesure de supporter les sinistres. Selon
le mathématicien Suisse Bernouilli : « Au fur et à mesure que l’on
augmente le nombre de cas sur lesquels doit porter le calcul des
probabilités, on augmente les écarts absolus mais on diminue les écarts
relatifs jusqu’à les rendre pratiquement nul sur un nombre de cas très
importants ». Il résulte de cette loi que la compensation des risques est
d’autant mieux réalisée que le nombre de risque en mutualité est élevé.

Au fur et à mesure qu’on augmente le nombre des cas sur lesquels doit
porter le calcul des probabilités, on augmente les écarts absolus, mais on
diminue les écarts relatifs jusqu’à les rendre pratiquement nuls sur un
nombre de cas très importants.

Selon cette loi, plus est grands le nombre d’expériences effectuées, plus
les résultats de ces expériences se rapprochent de la probabilité théorique
de survenance d’un évènement.

2) La détermination et le calcul de la prime d’assurance :

Les principes de calcul d’une prime d’assurance sont l’ensemble des méthodes qui
permettent à une compagnie d’assurances de calculer la prime qui doit être payée par
un assuré pour se voir garantir un risque ;

Le calcul de la prime est basé :


- Sur des paramètres techniques,
- Sur des paramètres commerciaux,
- En incorporant les taxes.

a) La prime pure
La prime pure d’un risque est la prime permettant à l’assureur de régler les sinistres
frappant la mutualité des assurés.
Elle est appelée également prime de risque ou encore prime d’équilibre (ou même prime
technique).

Soit,
• P : la prime
• N : le nombre de risques en portefeuille de l’assureur pendant une année
• S : le montant des sinistres réglés et payés.
• n :le nombre des sinistres survenu dans l’année.
• c: Coût moyen d’un sinistre

Compte tenu du principe de l’assurance consistant à faire supporter les sinistres par
à faire supporter les sinistres par l’ensemble de assuré
la
l’ensemble de la mutualité des assurés, la prime demandée à chaque est
mutualité des assurés
donnée par la formule suivante :

P=S/N (1)

Or le coût moyen d’un sinistre c est tel que

c=S/n S=c x n

Dès lors (1) devient P= c x n /N P=c x (n/N)

Or f=n/N

D’où P= f x c

PRIME PURE = FREQUENCE x COÛT MOYEN

La prime pure est donc égale au produit de la fréquence des sinistres par leur cout
moyen (cout moyen des sinistres).

b) Les composants d’une prime d’assurance

La prime pure : C’est la valeur du risque. Elle est fonction


de la probabilité de survenance du sinistre relatif au risque garanti
du cout moyen de sinistres probable
de la somme garantie
de la durée de la garantie , du taux d’intérêt de la table de mortalité en assurance
vie.
+Les chargements d’acquisition (Commission des intermédiaires notamment)
+Les chargements de gestion
(Frais généraux : frais de fonctionnement de la société d’assurance)
= Prime chargée ou prime nette
+ Taxes
=Prime totale

PRIME NETTE = PRIME PURE + CHARGEMENTS

PRIME TOTALE = PRIME NETTE + FRAIS ACCESSOIRES + TAXES

NB : Les frais accessoires sont des frais supplémentaires appelés aussi cout de police,
qui s’ajoutent à la prime nette (prime commerciale). On applique le taux de taxe sur la
prime commerciale.

L'ASSIETTE DE LA PRIME : elle varie selon que :

le bien assuré a une valeur déterminable, qu’il s'agisse d'une assurance de responsabilité
ou une assurance de personnes.

Les choses à valeur déterminée :


- Valeur vénale : Pour les biens destinés à être vendus
- Valeur d'usage : Valeur de remplacement, moins vétusté
- Valeur à neuf : Valeur de remplacement sans vétusté.

La valeur assurée peut résulter :


- soit de la valeur déclarée qui résulte des simples déclarations de l'assuré.
- soit de la valeur agréée sur laquelle l'assureur a donné son accord.
IV. Le sinistre (ou réalisation du risque)

Le sinistre est constitué par la réalisation de l’évènement prévu par la police d’assurance
et entrainant la mise en jeu de la garantie. Il se décompose en :

- Un fait générateur à l’origine du dommage ;


- Un préjudice résultant du dommage ;
- Un lieu de causalité.

En assurance de dommages, Il peut s'agir :


- de la perte de la chose elle-même, ou d'une dégradation partielle, de pertes
financières, telles que: Perte d'exploitation, pertes des loyers,
- assurance en cas d'annulation de manifestations sportives ou culturelles, …

La déclaration « article 12 du code des assurances »

En assurance de dommages et dès qu’il en a eu connaissance, l’assuré est tenu de


déclarer le sinistre à l’assureur dans un délai de :
- 05 jours, sauf cas fortuit ou de force majeure.
- 48 heures ouvrables en cas de vol et de mortalité des animaux

*Le contrôle des garanties (couverture)


A la réception de la déclaration du sinistre, l’assureur procède systématiquement au
contrôle des garanties souscrites au contrat d’assurance. Il saura alors si le sinistre
déclaré est couvert par ledit contrat.
Exemple : un contrat Vol ne pourra couvrir un sinistre Bris de glace.

1) Les exclusions et les limitations

Deux cas d’exclusions peuvent compromettre l’indemnisation d’un sinistre :

a) Les exclusions légales


Les exclusions légales : Elles sont prévues par la Loi et nous citerons :
Cas de guerre civile,
Cas de faute intentionnelle de l’assuré.

b) Les Exclusions contractuelles

Les exclusions contractuelles : Elles sont précisées au contrat d’assurance :


- Emeutes et mouvements populaires,

2) L’expertise

Le principe étant qu’il ne peut y avoir d’indemnisation sans expertise préalable. Chaque
compagnie d’assurance sollicite les services d’un expert pour le constat, l’appréciation
et l’évaluation des dommages causés aux biens ou aux personnes.

A dires d’expert et sur la base d’un rapport établi par ses soins, l’assureur procédera à
la réparation des dommages subis par son assuré.

3) L’indemnisation

*Le principe indemnitaire :

L'assurance relative aux biens est un contrat d'indemnité. L'indemnité due par
l’assureur à l'assuré ne peut pas dépasser le montant de la chose assurée au
moment du sinistre. Le montant de la prestation est nécessairement
proportionnel au dommage effectivement subi.

La valeur de la chose sinistrée constitue le montant maximum de l'indemnité due


par l'assureur.

NB : L’indemnisation due au titre d’un sinistre peut être diminuée en raison de la


fausse ou de la mauvaise déclaration de la valeur de l’objet assuré. A ce propos,
il est important de savoir que l’assurance dommages répond au principe
indemnitaire dont l’objectif est d’éviter l’enrichissement sans cause de l’assuré.
Tandis que l’assurance de personne elle, répond au principe forfaitaire car le
montant de la prestation de l’assureur (capital ou rente) est connu d’avance
depuis la conclusion du contrat.

S'il s’avère que la valeur de la chose assurée excède au jour du sinistre la somme
garantie, l'assuré est considéré comme restant son propre assureur pour
l'excédent, et supporte, en conséquence, une part proportionnelle du dommage,
sauf convention contraire.

La règle proportionnelle de capitaux donne le calcul suivant:

Indemnité = Montant des dommages x valeur déclarée / valeur réelle

V. Déclarée
Indemnité = Montant du X
dommage V. Réelle

*La franchise

Lors de la réalisation d’un risque(sinistre), il est possible que l'assureur ne paie pas
la totalité du montant des dégâts subis. L’assureur établit des règles dans le cadre de
l’indemnisation visant à faire participer l’assuré dans la prise en charge de son sinistre.
La somme qui reste à la charge de l’assuré après l'indemnisation de l'assureur
s'appelle la franchise. Pour que l’assureur applique la franchise, il faut que cela soit
prévu par le contrat d'assurance. Il y a plusieurs sortes de franchises. Le contrat
doit préciser, pour chaque situation, le type de franchise qui s'applique. Nous
allons mettre un accent particulier sur les franchises relatives et les franchises absolues.

La franchise :
On distingue deux types de franchises:

• Franchise relative ou simple


• Franchise absolue

- la franchise simple est la franchise selon laquelle l'assureur ne prend pas en


charge les sinistres inférieurs à un montant déterminé. Elle détermine l'intervention
de l'assureur, en fonction du montant du sinistre.

Si le montant du sinistre est inférieur à celui de la franchise, l’assureur n’indemnisera


pas l’assuré pour ledit sinistre.

Mais si le montant du sinistre est supérieur à celui de la franchise, l’assuré sera


entièrement indemnisé.

Exemple :

Si la franchise est de 150 000 FCF A, l’assuré ne recevra rien si le sinistre est de 100
000 F CFA. En revanche, pour un sinistre de 200 000 FCFA, l’assuré sera indemnisé
intégralement.

- La franchise absolue est une somme ou un pourcentage que l'assureur déduit


systématiquement du montant d’indemnisation en cas de sinistre.

Exemple :

Si la franchise est de 150 000 F CFA et que le sinistre est de 100 000 F CFA, l’assuré
ne recevra rien au titre de ce sinistre. Si le sinistre est de 200 000 F CFA, seule la
différence, c'est-à-dire 50 000 F CFA sera versée à l’assuré.

- Le calcul du sinistre
La franchise peut être une somme fixe, par exemple 150 000 F CFA, ou un montant
calculé selon un des 2 modes suivants :

• Calcul par pourcentage : la franchise correspond à un pourcentage (par


exemple 10 % du montant de l'indemnisation)
• Calcul par combinaison d'un montant fixe et d'un pourcentage (par
exemple 10 % du montant de l'indemnisation, avec un maximum de 300 000 F
CFA)

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