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CHAPITRE 3 – LE CONTRAT D’ASSURANCE

Le contrat d’assurance est « une opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre
moyennant une rémunération, la prime, pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d’un risque,
une prestation par une autre partie, l’assureur, qui prenant en charge un ensemble de risques les
compense conformément à la loi de la statistique »
(Joseph Hemard)
SECTION 1 -DEFINITIONS

• Le contrat d’assurance est régi par le LIVRE PREMIER du code des assurances et
s’intitule « LE CONTRAT D'ASSURANCE ».
• Le chapitre premier de ce livre est consacré à des définitions générales dont
notamment celle relative au contrat d’assurance, à l’assuré, l’assureur etc.
ASSURANCE ET RÉASSURANCE TAKAFUL

• Assurance Takaful: Opération d’assurance réalisée en conformité avec les avis conformes du Conseil supérieur des
Ouléma prévu au Dahir n° 1-03-300 du 2 Rabii I 1425 (22 Avril 2004) portant réorganisation des Conseils des Ouléma, tel
qu’il a été complété ayant pour objet la couverture des risques prévus au contrat d’assurance Takaful par un compte
d’assurance Takaful géré, moyennant une rémunération de gestion, par une entreprise d’assurance et de réassurance agréée
pour pratiquer les opérations d’assurances Takaful.
• Réassurance Takaful: Opération de réassurance réalisée en conformité avec les avis conformes du Conseil supérieur
des Ouléma ayant pour objet la couverture des risques prévus au traité de réassurance Takaful par un compte de
réassurance Takaful géré, moyennant une rémunération de gestion, par une entreprise d’assurance et de réassurance
agréée pour pratiquer les opérations de réassurance Takaful.
Les opérations d’assurance et de réassurance Takaful et l’activité de gestion du compte d’assurance et de réassurance Takaful par
une entreprise d’assurances et de réassurance ne peuvent, en aucun cas, donner lieu ni à la perception ni au versement d’intérêt.
COMPTES TAKAFUL

• Compte d’assurance Takaful : Compte constitué par les contributions des


participants dans l’opération d’assurance Takaful et par tous les revenus de ce compte y
compris ceux résultant de l’investissement de son solde.
• Compte de réassurance Takaful : Compte constitué par les contributions des
comptes d’assurance Takaful versées par l’entreprise d’assurances et de réassurance,
Takaful cédante chargée de la gestion desdits comptes, et par tous les revenus de ce
compte y compris ceux résultant de l’investissement de son solde
LE CONTRAT ET LES DOCUMENTS D’ASSURANCE

• Proposition d'assurance : document remis par l'assureur ou son représentant à un assuré éventuel et sur lequel ce dernier doit
porter les informations nécessaires à l'assureur pour l'appréciation du risque à couvrir et la fixation des conditions de couverture.
• Contrat d'assurance : convention passée entre l'assureur et le souscripteur pour la couverture d'un risque et constatant leurs
engagements réciproques.
• Note de couverture : document concrétisant l'engagement de l'assureur et de l'assuré et prouvant l'existence d'un accord en
attendant l'établissement de la police d’assurance
• Police d'assurance : document matérialisant le contrat d'assurance. Il indique les conditions générales et particulières
• Attestation d'assurance : certificat délivré par l'assureur, constatant l'existence de l’assurance
• Avenant : accord additionnel entre l’assureur et l’assuré modifiant ou complétant une police d'assurance dont il fait partie intégrante.
LES ACTEURS DU CONTRAT D’ASSURANCE

• Souscripteur ou contractant : personne morale ou physique qui contracte une assurance


pour son propre compte ou pour le compte d'autrui et qui de ce fait, s'engage envers
l'assureur pour le paiement de la prime.
Pour le contrat d’assurance Takaful, c’est le participant.
• Assureur : entreprise agréée pour effectuer des opérations d'assurances.
• Assuré : personne physique ou morale sur laquelle ou sur les intérêts de laquelle repose
l’assurance
• Bénéficiaire : personne physique ou morale désignée par le souscripteur et qui reçoit le
capital ou la rente dû par l'assureur.
SECTION 2 - LES CARACTÈRES DU CONTRAT
D’ASSURANCE
Le contrat d’assurance est:
▪ Un contrat nommé
• Un contrat consensuel : l’assuré et l’assureur sont d’accord sur les termes du contrat et leur exécution.
• un contrat synallagmatique (obligations réciproques pesant sur les parties paiement des primes pour l’assuré et règlement
du sinistre pour l’assureur))
• conclu à titre onéreux (chacune des parties cherche à en tirer un avantage économique),
• à exécution successive (les effets du contrat se prolongent pendant toute la durée de la garantie)
• un contrat aléatoire : Le contrat d'assurance est, par nature, un contrat aléatoire par lequel l'assureur s'engage à
indemniser un assuré dans le cas de la survenance hypothétique d'un risque ou d'un évènement
aléatoire (dans l’assurance incendie si l’incendie a lieu.
• Un contrat d’adhésion : l’assuré signe un contrat rédigé par l’assureur, (absence de négociation)
1 - CONTRAT NOMMÉ

• Le contrat d’assurance est un contrat nommé spécifique. Sa spécificité vient du fait


qu’une loi particulière lui est consacrée, la loi 17-99 formant code des assurances. Il reste
soumis aux règles générales du droit des contrats en cas de lacune du texte spécial.
• L’assuré consommateur peut également invoquer la loi 31-08 relative à la protection du
consommateur.
2- CONTRAT CONSENSUEL

• Le contrat d’assurance se forme dès la rencontre des volontés de l’assureur et l’assuré.


Le consentement est nécessaire et suffisant à la formation du contrat.
• Le formalisme n’est pas exigé comme condition de validité mais un écrit est exigé en
matière de preuve pour établir l’existence et le contenu du contrat
CODE DES ASSURANCES

CHAPITRE II : LA PREUVE DU CONTRAT D'ASSURANCE, LES FORMES ET LA


TRANSMISSION DES CONTRATS
• Article 11 : Le contrat d'assurance doit être rédigé par écrit, en caractères
apparents. Toute addition ou modification au contrat d'assurance primitif doit être
constatée par un avenant écrit et signé des parties. Les présentes dispositions ne font
pas obstacle à ce que, même avant la délivrance du contrat ou de l'avenant, l'assureur et
l'assuré ne soient engagés, l'un à l'égard de l'autre, par la remise d'une note de
couverture
3 – CONTRAT SYNALLAGMATIQUE

• un contrat synallagmatique (obligations réciproques pesant sur les parties paiement


des primes pour l’assuré et règlement du sinistre pour l’assureur))
2 - CONTRAT ALÉATOIRE

Il n’y a pas d’assurance sans aléas. Le risque est l’essence du contrat d’assurance.
• C’est un évènement incertain comme l’accident de voiture. Il peut se produire ou non.
• D’autres évènements sont inéluctables comme la mort, mais on ne peut pas prévoir leur date
• Enfin certains évènements ne sont pas prévisibles quant à leur intensité Ex: la maladie. En
s’assurant, on sait qu’on finira un jour par être malade mais on ne sait pas ni de quel type de
maladie il s’agira. L’essentiel est qu’elle doit être postérieure à la souscription du contrat
ALÉA ET CAUSE

• Selon la doctrine française1, le contrat d’assurance n’est pas totalement basé sur l’aléa
comme le pari. En effet c’est un contrat synallagmatique dans lequel la cause de
l’obligation de l’assureur est l’objet de celle de l’assuré à savoir la prime et inversement,
la cause de l’obligation de l’assuré est la garantie. Ensuite, l’assureur aura une seconde
obligation: l’indemnisation. C’est à ce niveau là que l’aléa apparait. Le contrat d’assurance
est d’abord un contrat synallagmatique qui devient ensuite aléatoire.
• Ce qui est aléatoire c’est la réalisation du risque et non son existence.
‘1)Droit des assurances Beignier Bernard Ben- Hadj Yahia Sonia Précis Domat LGDJ
SECTION 3 - LES ELEMENTS DU CONTRAT
D’ASSURANCE
ELEMENTS DU CONTRATS D’ASSURANCE

Les éléments essentiels du contrat d’assurance sont :


• Le risque
• L’intérêt d’assurance
• La prime
• L’indemnité
I - LE RISQUE

• Le risque est un évènement incertain qui ne dépend pas exclusivement de la volonté des
parties et à la survenance duquel est subordonnée l’obligation de l’assureur d’exécuter la
prestation convenue.
A - NOTIONS GÉNÉRALES

Évènement ne
Évènement dépendant pas de
incertain la volonté exclusive
des parties
1 -LE RISQUE : ÉVÈNEMENT INCERTAIN

L’incertitude porte :
• Soit sur la réalisation de l’évènement envisagé : l’incendie
• Soit sur le moment de réalisation de l’évènement inévitable : le décès
LE RISQUE DOIT ÊTRE RÉEL

Le risque doit être réel. SI le risque n’existe pas, le contrat devient nul car il est sans objet.
On ne peut pas assurer un bien qui est déjà détruit.
On ne peut pas assurer un risque dont la réalisation serait impossible
Ex : conclure une assurance crédit alors que le crédit n’est pas accordé au final
DROIT MAROCAIN

• Article 50 : L'assurance est nulle si, au moment de la souscription du contrat,


la chose assurée a déjà péri ou ne peut plus être exposée aux risques.
Les primes payées doivent être restituées à l'assuré, sous déduction des frais exposés par
l'assureur, autres que ceux de commission, lorsque ces derniers auront été récupérés
auprès de l'intermédiaire d'assurances.
Dans le cas visé au 1 er alinéa du présent article, la partie dont la mauvaise foi est
prouvée doit à l'autre une somme double de la prime d'une année.
• LE RISQUE DOIT ETRE UN EVENEMENT FUTUR SOUS PEINE DE NULLITE DU
CONTRAT.
2 – EVÈNEMENT NE DÉPENDANT PAS DE LA
VOLONTÉ EXCLUSIVE DES PARTIES
• Si la partie provoque le risque, l’évènement devient certain pour elle, il n’y a plus d’aléa.
Ce qui explique que le dol ne peut être constitutif de risque
• Cependant, la faute involontaire est couverte (assurance responsabilité civile)
DCCM 1919

• Article 363 : Toute assurance faite après la perte ou l'avarie des choses
assurées est nulle, s'il est prouvé que la nouvelle de la perte ou celle de l'avarie est
parvenue au lieu où se trouvait l'assuré, avant qu'il eût donné l'ordre d'assurance, ou au
lieu où a été signé le contrat avant la signature.
• Article 364 : Si, cependant, l'assurance est faite sur bonnes ou mauvaises nouvelles, le
contrat n'est annulé que sur la preuve que l'assuré connaissait la perte, ou l'assureur
l'arrivée du navire, avant la signature du contrat. En cas de preuve contre l'assuré, celui-ci
paie à l'assureur une double prime. En cas de preuve contre l'assureur, celui-ci paie à
l'assuré une somme double de la prime convenue.
B –LES RISQUES INASSURABLES

Les risques sont inassurables :


• En raison de leur illicéité
• Pour des raisons propres à la technique des assurances
1- LES RISQUES EXCLUS EN RAISON DE LEUR
ILLICÉITÉ

ARTICLE 2 DOC : ARTICLE 62 DOC


Les éléments nécessaires pour la validité des obligations L'obligation sans cause ou fondée sur une cause illicite est
qui dérivent d'une déclaration de volonté sont : non avenue.
• 1° La capacité de s'obliger ; La cause est illicite quand elle est contraire aux bonnes
mœurs, à l'ordre public ou à la loi.
• 2° Une déclaration valable de volonté portant sur les
éléments essentiels de l'obligation ;
• 3° Un objet certain pouvant former objet d'obligation ;
• 4° Une cause licite de s'obliger.
LES RISQUES EXCLUS EN RAISON DE LEUR
ILLICÉITÉ

• Dès lors, la nullité absolue frappe également le contrat dont la cause est immorale ou
illicite ou contraire aux bonnes mœurs et à l’ordre public
• La cause est le but poursuivi en contractant. Si ce but est contraire aux bonnes mœurs, à
l'ordre public ou à la loi, le contrat est nul.
• Ceci s’applique à tous les contrats et donc aussi au contrat d’assurance.
RISQUES ILLICITES

a. Assurance de marchandise dont la loi interdit le commerce ou l’importation ou


l’exportation
b. Assurance de biens affectés à une activité illicite (ex : assurance contre l’incendie d’une
maison ; assurance de transport de drogue)
c. Assurance des sanctions pénales (ex: les polices d’assurance RC excluent les sanctions
pénales de la garantie d’assurance)
d. Assurance de la faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré
FAUTE INTENTIONNELLE OU DOLOSIVE DE
L'ASSURÉ.
• Article 17 Code des assurances: Les pertes et les dommages occasionnés par des cas
fortuits ou causés par la faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion
formelle et limitée contenue dans le contrat.
• Toutefois, l'assureur ne répond pas, nonobstant toute convention contraire, des
pertes et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou dolosive de
l'assuré.
ASSURANCE-VIE ET SUICIDE

• C’est un cas d’exclusion de garantie


« Conditions générales Assurance vie
« LES EXCLUSIONS
« La garantie du présent contrat ne s’applique pas : Au suicide conscient et volontaire de
l’Assuré s’il se produit moins de deux (2) ans après la conclusion du contrat
2 - LES RISQUES INASSURABLES POUR DES
RAISONS PROPRES À LA TECHNIQUE DES
ASSURANCES
• Le risque doit être légalement assurable et en plus techniquement assurable.
• Le risque doit être dispersé et suffisamment fréquent.
• Les risques doivent être susceptibles de se réaliser assez souvent pour qu’on puisse
dégager une loi de probabilité et calculer le montant de la prime.
• Par contre, s’il se réalise trop souvent il serait économiquement inassurable
• Il faut que les risques soient suffisamment dispersés
II – L’INTÉRÊT D’ASSURANCE

L’assuré doit avoir un intérêt personnel à ce que le risque ne se réalise pas.


C’est ce qui permet de distinguer l’assurance du pari.
Ex:
• se préserver d’une perte patrimoniale dans l’assurance RC pour le remboursement du
tiers lésé
• Assurer sa propre vie pour avoir un capital en cas de survie ou garantir un capital aux
ayant droit en cas de décès
III- LA PRIME

La prime ou la cotisation dans l’assurance mutuelle est le prix du risque. C’est aussi un
élément essentiel du contrat d’assurance. C’est la rémunération de l’assureur.
La prime est calculée en tenant compte de la probabilité de survenance du risque et
l’intensité du sinistre.
La variabilité est aussi un critère important : dans l’assurance en cas de décès, les
possibilités de réalisation du décès augmentent avec le temps. La prime va varier selon que
le risque est constant ou variable.
IV- L’INDEMNITÉ

C’est une somme d’argent en général. Mais elle peut être:


• une réparation en nature dans les assurances de dommages (bris de glace par exemple)
• une assistance judiciaire (ex : la clause de direction du procès dans les assurances de
responsabilité)
L’indemnité est proportionnelle à la valeur assurée :
- Le versement au moment du sinistre de la somme assurée précisée dans le contrat dans
les assurances de personnes
-le principe indemnitaire dans les assurances de dommages

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