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Module : La rédaction scientifique

Une situation de communication comprend toujours un émetteur, un récepteur et un


message à transmettre au moyen d’un support quelconque, oral ou écrit. Le discours varie
selon les émetteurs, récepteurs et situations de communication. Par exemple, le discours
sera différent selon que l’on s’adresse à des enfants ou des adultes, à des spécialistes ou au
grand public. De la même manière, les articles publiés dans les revues de vulgarisation ou
dans des journaux quotidiens à grand public et ceux publiés dans des revues scientifiques,
universitaires ne répondent pas aux mêmes règles discursives, et ce, même si le thème est
commun. Tous les jours nous adaptons notre discours à nos interlocuteurs, aussi bien dans la
vie sociale, personnelle que professionnelle. Nous adaptons notre stratégie discursive selon
notre auditoire et le type de communication : vocabulaire et structure de phrases plus ou
moins simples ou complexes, etc. Cela s’applique aux discours scientifiques tant écrits
qu’oraux.

Nous pouvons isoler différents types de communication scientifique :

1. Le discours scientifique spécialisé émis par les chercheurs et autres spécialistes à


l’intention d’autres chercheurs et spécialistes. Le principal support, à l’écrit, est
l’article scientifique publié dans une revue spécialisée, à l’oral, la communication ou
l’exposé lors des colloques, des congrès, etc.
2. Le discours scientifique de vulgarisation émis par des journalistes spécialisés ou par
des spécialistes soucieux de vulgariser leurs recherches à l’intention de vaste
auditoire relativement cultivé ou intéressé par la science. Le support le plus populaire
est l’article scientifique de vulgarisation publié dans des revues et magazines
spécialisés.
3. Le discours scientifique pédagogique émis par des professeurs et chercheurs ou
étudiants diplômés à l’intention du personnel enseignant ou des étudiants. Les types
de communication les plus courants sont : le résumé, le compte rendu critique, le
rapport, les travaux de recherche (le mémoire, la thèse).
4. Le discours scientifique de type promotionnel émis par des relationnistes et par des
spécialistes responsables des relations publiques dans divers organismes publics et
privés à l’intention d’un vaste auditoire. Parmi les principaux supports de cette
catégorie, nous mentionnons : le publireportage, l’offre de service, le communiqué et
la brochure corporative.
5. Le discours scientifique de type administratif émis par des professeurs chercheurs,
étudiants diplômés, personnel administratif, etc., à l’intention d’organismes
subventionnaires, centres de recherche, institutions gouvernementales, etc. Les
types de communication les plus populaires sont le rapport de gestion, le rapport de
recherche et autres, les formulaires administratifs, les demandes de subvention.
1. L’article scientifique
L’une des tâches du chercheur est d’informer la communauté scientifique des
résultats de ses recherches, notamment par la publication d’articles dans des revues
spécialisées. La publication de ces résultats de recherche est fondamentale afin
d’informer les autres scientifiques de ces nouveautés, d’éviter la répétition de
recherches similaires et de promouvoir l’avancement des recherches dans le
domaine concerné.
1.1 La structure de l’article scientifique
1.1.1. L’introduction : présentation du problème de recherche, de l’hypothèse,
selon le cas, de l’originalité, du but visé et de la pertinence de la recherche.
1.1.2. La description de la méthodologie et du matériel utilisé, au besoin :
présentation de la manière précise dont la recherche a été menée (exposé
des méthodes d’observation ou d’expérimentation), en mettant l’accent sur
les aspects méthodologiques originaux. En principe, la méthodologie est
présentée selon le déroulement de l’expérimentation, de manière à ce qu’un
autre chercheur soit en mesure de refaire l’expérience afin de la valider, de
la critiquer ou de la poursuivre.
1.1.3. La présentation des résultats : il s’agit ici de fournir les données recueillies, le
plus souvent sous forme de tableaux, de schémas et de graphiques. Cette
partie de l’article est en général facile à rédiger en raison de la description
objective de ce qui a été observé.
1.1.4. La discussion : le chercheur donne une interprétation à la suite de l’analyse
des résultats obtenus ; il s’agit de conclusions auxquelles il est arrivé. Il
fournit la réponse à la question posée dans l’introduction, ou, selon le cas,
infirme ou confirme l’hypothèse de départ. C’est pour le lecteur la partie la
plus importante de l’article. La conclusion fait en outre état des aspects
particuliers, originaux, étonnants, voire contradictoires de la recherche par
rapport à des recherches antérieures. Elle ouvre des perspectives de
recherches ultérieures à la suite des conclusions obtenues.
1.1.5. Une bibliographie des ouvrages pertinents sur le sujet ; il faut veiller à une
présentation uniforme des références bibliographiques.

2. L’article de vulgarisation

Le but du journalisme scientifique est de faire partager à un large public les nouvelles
découvertes scientifiques et de favoriser chez ce dernier l’acquisition d’une certaine culture
scientifique. Plusieurs éléments différencient l’article de vulgarisation de l’article
scientifique.
D’une part contrairement à l’article scientifique, ou les destinataires sont des spécialistes qui
connaissent le domaine et sont intéressés par les méthodes d’investigation scientifique des
chercheurs et chercheuses, l’article de vulgarisation s’adresse à un vaste public qui connait
plus ou moins le domaine et qui est davantage intéressé par les résultats de la recherche que
par la méthodologie utilisée.

D’autres part, l’article scientifique est un modèle de concision et présente une structure fixe
établie par une longue tradition : présentation du problème de recherche, méthodologie
utilisée, présentation des résultats, discussion et références bibliographiques pour appuyer
les affirmations. A l’opposé, l’article de vulgarisation a pour objet de raconter une histoire,
l’histoire de personnages humains (des chercheurs et chercheuses) qui ont fait des
recherches sur l’un ou l’autre aspect d’un domaine scientifique, qui ont trouvé quelques
chose d’important pour la société et qui veulent le transmettre au grand public. Aussi,
contrairement à l’article scientifique, lequel est découpé en rubriques (rubrique « rubrique
méthode », rubrique « résultats », rubrique, « discussion », etc.), l’article de vulgarisation est
plutôt découpé en épisodes. Chaque épisode relate un aspect de la recherche échelonnée
selon une certaine chronologie, en intégrant au besoin, les éléments de méthode, les
résultats et l’interprétation de ces derniers.

Enfin, comme les destinataires ne connaissent pas ou peu le sujet scientifique traité, le
rédacteur ou la rédactrice doit veiller à reformuler tous les termes techniques susceptibles
de ne pas être compris par l’auditoire. (Voir ci-après une typologie des principaux procédés
de reformulation.)

2.1 La rédaction de l’article de vulgarisation.

Le journalisme scientifique s’appuie sur les mêmes techniques que le journalisme général
traditionnel. Il répond aux mêmes questions :

Quoi ? Le sujet de l’article, l’angle sous lequel il est traité, son originalité, son aspect
novateur (il constitue souvent l’amorce) ;

Qui ? Ceux et celles et qui ont fait ces découvertes, c'est-à-dire les chercheurs et
chercheuses, le centre de recherche, etc. ;

Pourquoi ? Les raisons qui expliquent la recherche, ce qui fait que cette découverte est assez
importante pour être publiée (cette information est souvent incluse dans l’amorce) ;
Où ? Quand ? L’endroit et le moment où la recherche a été effectuée.

Compte tenu de ce qui précède, on peut procéder à la mise en forme de l’article de


vulgarisation, soit la rédaction :

1. Du titre (en général il répond à la question Quoi ? et renseigne le lecteur et la lectrice


sur le sujet de l’article) ;
2. De l’amorce, premier alinéa de l’article, qui pique la curiosité du lecteur, qui l’amuse,
qui l’intrigue, bref qui l’incite à lire l’article ;
3. Du corps de l’article, c’est-à-dire le récit de l’histoire de la recherche et de la
découverte découpée en épisodes selon le déroulement chronologique de la
recherche.

Il faut viser à une écriture à la fois simplifiée et bien articulée. Néanmoins, le style doit être
vivant, les phrases simples, le vocabulaire technique reformulé, les paragraphes courts et
bien reliées entre eux ; il faut porter une attention particulière aux charnières ou éléments
de transition (à ce sujet. V .Annexe C) et éviter les longs développements encyclopédiques. A
ce titre, les encadrés sont très utiles pour fournir des explications d’ordre plus techniques,
des informations biographiques, historiques ou autres, que le lecteur ou la lectrice pourra
lire au moment opportun, sans briser la continuité du texte. Après chaque épisode, il
importe de constamment relancer l’intérêt du lecteur et de le garder à l’intérieur du récit ;
pour ce faire, les sous titres peuvent jouer un rôle de premier plan. Il importe également
d’exploiter l’usage de la citation, qui amène un élément humain, vivant et convaincant dans
le récit. Il faut de plus miser sur le caractère évocateur du procédé de l’analogie ou de la
ressemblance d’un phénomène scientifique avec un aspect plus connu de l’auditoire ; cela
facilite la compréhension du phénomène et capte son intérêt. L’humour constitue enfin un
procédé efficace, mais qu’il faut employer d’une manière judicieuse. A titre d’exemples, et
pour apprécier la qualité des articles de vulgarisation, nous renvoyons nos lecteurs et
lectrices aux magazines de vulgarisation scientifiques, qui regorgent d’excellents articles.

3. Le style de la rédaction scientifique : il se caractérise par la clarté et la concision de


l’exposé, par la qualité de la langue utilisée, par la rigueur de l’argumentation et par la
présentation matérielle sobre et adaptée au contenu de l’article.

3.1 La technique de l’argumentation


Toute argumentation défend une prise de position en s’opposant implicitement
ou explicitement à ceux qui pensent le contraire.
3.1.1 La structure de l’argument : Un argument est une série d’affirmations
organisée autour d’une idée maîtresse ou d’une phrase clé de manière à
souligner les liens entre ces idées en vue de démontrer que puisque certaines
affirmations de la série sont considérées comme étant vraies, les autres
devraient aussi être admises comme telles.
3.1.2 Les arguments se composent de trois éléments : l’affirmation, l’appui et
l’inférence.
- L’affirmation est la déclaration que la personne qui avance l’argument veut que la
personne qui écoute l’argument accepte.
- L’appui est une idée ou un ensemble d’idées que l’auditoire admet comme vraies
et qui sert de fondation à l’acceptation de l’affirmation. La personne qui présente
l’argument espère que l’auditoire puisse passer de ce qu’il croit (l’appui) vers ce
qu’il ne croit pas (l’affirmation).
La vraie magie de l’argument s’exerce lorsque l’auditoire découvre le lien entre
l’affirmation et l’appui. La découverte de ce lien s’appelle l’inférence.
- L’inférence (le fait de constater la relation entre les idées) est la force qui fait
passer l’auditoire de ce qu’il croit (l’appui) à ce que nous voulons qu’il accepte
(l’affirmation). Qu’elle soit explicitée par l’auteur de l’argument (par une
explication du lien qui existe) ou que sa découverte soit laissée à l’auditoire (à
travers son propre processus rationnel), l’inférence est le moteur de l’argument.
Toutefois, il faut reconnaître que les arguments peuvent prendre une variété de
formes qui dépendent souvent des fonctions qu’on leur attribue.

3.1.3 Fonctions du texte argumentatif


- Fonction persuasive : c’est la fonction que remplit le texte
argumentatif lorsque l’émetteur cherche à convaincre le lecteur à
lui faire partager son point de vue.
- Fonction polémique : c’est la fonction que remplit le texte
argumentatif lorsque l’objectif premier de l’émetteur est de
ridiculiser celui ou ceux avec lesquels il n’est pas d’accord. Si le
texte n’est pas adressé à l’adversaire lui-même, il vise à empêcher
le lecteur de prendre cet adversaire au sérieux. Si le texte est
directement adressé à l’adversaire ; il vise à réduire l’autre au
silence, sans chercher à le convaincre.
3.1.4 Caractéristiques d’organisation :
Tout texte argumentatif adopte une stratégie de démonstration, son
organisation est donc subordonnée à cette stratégie.
- Relation au point de vue adverse : Un texte argumentatif peut
développer son propre raisonnement sans tenir compte des
thèses opposées, mais il peut se construire tout entier comme
une réponse organisée aux arguments du point de vue adverse.
- Développement d’un raisonnement : Un texte argumentatif est
souvent structuré par un ou plusieurs raisonnements. Les types de
raisonnement sont nombreux :
 Le raisonnement déductif : l’argument suivant découle du
précédent ;
 Le raisonnement concessif : on commence par accorder
quelques crédits aux arguments adverses pour défendre
ensuite plus librement ses propres arguments ;
 Le raisonnement par analogie : on émet la réalité dont on
parle en parallèle avec une réalité plus concrète ou plus
connue.
- Relation entre théorie et exemple : Un texte argumentatif peut
être structuré selon un aller-retour judicieux entre les idées
abstraites et les exemples concrets. L’illustration donne un poids
considérable à l’argumentation.

Texte 2

On s'assure aujourd'hui par le développement des techniques de communication qu'une ère nouvelle est née
où l'homme va enfin sortir de son isolement et, dit-on, triompher des obstacles qui jugulaient sa parole :
courrier électronique, "chat" (prononcez Tchat!) sur Internet, prolifération des chaînes de télévision, que de
moyens offerts aujourd'hui à notre désir légitime d'ouverture à l'autre !Si l'on en croit les nouveaux apôtres de
ce nouvel Évangile, nous n'aurions qu'à nous féliciter de cet élargissement des frontières ancestrales dans
lesquelles l'humanité croupissait :disparu le village où chacun restait confiné toute sa vie dans l'ignorance,
révolue cette époque où l'information arrivait à ses destinataires déjà périmée ! Voici les temps nouveaux où
des citoyens éclairés vont exercer leur sollicitude sur les misères du prochain et participer également à la vie
publique.
Ne rêvons pas trop: cette ère nouvelle, si elle bouscule en effet notre univers, ne réussit guère qu'à substituer
une communication indirecte et désincarnée aux vrais rapports humains qui, à l'évidence, ne peuvent se passer
de la présence charnelle de l'autre. Car on ne communique bien qu'avec des mots. Si la plupart des grands
médias s'adressent à nous, c'est dans une masse d'images confuses et de slogans publicitaires qui ne peuvent
que nous guider à notre insu vers des buts plus ou moins douteux. Et que penser d'une apothéose de la
communication qui permet aux gens de dialoguer jusqu'à l'autre bout de la planète alors qu'ils n'ont pas encore
adressé un mot à leur voisin de palier ?

Exercice : Soutenez ou réfuter ces assertions au moyen d’une


argumentation précise :
Exemple 1 : « L’Etat doit autoriser l’euthanasie pour les malades
en phase terminale. »
Exemple 2 : « Le Sénégal peut atteindre l’autosuffisance
alimentaire en riz en 2017 »
Exemple 3 : « L’Afrique n’est pas concernée par le déséquilibre
climatique. »
Exemple 4 : « Le Sénégal ne peut disposer d’une quantité
suffisante d’eau potable. »
Exemple 2 : « La défectuosité du circuit routier baisse
considérablement le chiffre d’affaire de l’entreprise. »
Exemple 3 : « La réhabilitation qualitative, à coup de milliards,
de l’autoroute sur la corniche ouest de Dakar, constitue un projet
prioritaire, rentable pour le pays. »

5Exemple : 2 « La mauvaise gestion de l’eau provoque à longs


termes une catastrophe mondiale. »

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