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La phrase est un assemblage d’unités combinées selon des règles précises et faisant sens. Elle
commence par une majuscule et se termine par une ponctuation forte. Chaque phrase doit obéir à
un principe d’organisation.
Les constituants principaux de la phrase (P) sont habituellement désignés par les expressions
suivantes : syntagme nominal (SN) et syntagme verbal (SV) [P→SN+SV]. Le syntagme nominal est
une combinaison d’unités linguistiques ordonnées autour d’un nom. Le syntagme verbal a un verbe
pour noyau.
Ces syntagmes peuvent être réduits à leur plus simple expression :
Les enfants jouent (phrase minimale)
ou posséder une extension théoriquement infinie :
(2) L’année dernière, une voiture rouge a renversé la courageuse marchande des quatre
saisons qui vend des légumes, tous les matins, sur le marché. (phrase étendue)
1- La phrase minimale :
La linguistique contemporaine se sert, dans ses descriptions grammaticales, de la notion de phrase
minimale pour désigner une phrase où l’on distingue deux constituants : le syntagme nominal et le
syntagme verbal. La phrase (2) susmentionnée, en dépit de sa longueur, est réductible à une forme
minimale après effacement de tous les éléments facultatifs :
Une voiture a renversé la marchande.
A- La phrase verbale :
La phrase verbale assertive (déclarative) comporte deux éléments : un sujet représentant en même
temps le « thème », c’est-à-dire l’être ou la chose dont la phrase va parler, et le prédicat, c’est-à-dire
l’ensemble des informations données à propos de ce thème :
jouent
Les enfants seront punis
semblent contents
(thème) (prédicats)
Dans la phrase verbale, le prédicat comporte un verbe qui constitue la catégorie centrale et le pivot
fonctionnel permettant d’organiser en structure complète tous les autres éléments de la phrase.
Considérée dans ses éléments essentiels, la phrase verbale minimale comprend éventuellement,
outre le sujet et le verbe :
Le complément d’objet, avec un verbe transitif (ses variétés sont le COD, le COI et le COS) :
Le professeur enseigne la morphosyntaxe à ses étudiants.
L’attribut, avec un verbe copule : La situation devient difficile.
Le complément circonstanciel intégré qui entre dans le groupe verbal et présente certains points
communs avec le complément d’objet : Il habite à Fès
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a- La phrase verbale à verbe impersonnel
Dans ce type de phrases, le verbe reçoit comme seul sujet possible un pronom invariable (il) ne
renvoyant à aucune personne et ne représentant aucun élément : il neige, il pleut, il tonne, il fait
chaud…
Quelques verbes impersonnels peuvent prendre la forme personnelle :
Les coups pleuvaient ; Le canon tonne.
Sous la forme impersonnelle s’énoncent, non seulement des phénomènes naturels, mais des idées
abstraites :
Il faut du courage, Il convient de se décider, ou Il importe…
Certains verbes et locutions impersonnels sont obligatoirement suivis d’un élément qui les complète.
Ils servent à présenter un événement, à en poser l’existence :
Il y a trois livres sur la table.
Ou bien, ils font intervenir des jugements de pensée :
Il faut étudier cette question ; il ne s’agit pas de se tromper.
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a- Les verbes attributifs
L’attribut peut être relié au sujet par :
-Le verbe être : il est éloquent
-Les verbes d’état, avec toutes les variantes possibles qui marquent :
L’apparence : paraître, sembler, avoir l’air, se montrer, passer pour, se révéler, s’avérer, faire,
constituer, etc. : Il paraît éloquent / Elle fait très jeune.
La persistance ou le changement dans l’état : rester, demeurer, devenir, se trouver, tomber, etc. :
Il est tombé malade.
Le titre et l’appellation : s’appeler, se nommer, se constituer, être nommé, être élu, être appelé,
être jugé, etc. : il a été nommé ministre / Il s’est constitué prisonnier.
Certains verbes d’action à l’idée desquels l’esprit associe implicitement l’idée du verbe être :
partir, mourir, vivre, naître, dormir, s’arrêter, etc. : il est reparti dépité.
L’attribut peut être relié à l’objet par :
Des verbes de jugement ou d’appréciation : juger, trouver, estimer, considérer comme, regarder
comme : je le trouve très sympathique
Des verbes indiquant un changement d’état : laisser, rendre, faire, etc. : Cela l’a rendu malheureux
Des verbes donnant un titre ou une dénomination : proclamer, nommer, élire, traiter de, appeler,
etc. : on l’a élu président
b- Nature de l’attribut :
- L’attribut de sujet :
La nature de l’attribut du sujet est diverse, elle peut être :
Un nom : l’homme est un animal
Un pronom : qui êtes-vous ? charmante, elle l’a toujours été.
Un adjectif ou un participe passé: l’homme est mortel/ la chambre semble ouverte
Un groupe prépositionnel : son chapeau est de travers/ il est resté sans voix
Un infinitif : partir, c’est mourir un peu
Proposition relative : je ne suis pas qui vous croyez
Proposition conjonctive : la règle est que l’un mangera l’autre
Adverbe à valeur adjectivale : ce garçon est très bien
- L’attribut de l’objet
La nature de l’attribut de l’objet est limitée, on peut rencontrer :
Un nom : le peuple élut Cicéron consul
Un pronom : je le considère comme celui qu’il nous faut.
Un adjectif ou un participe passé : je juge ces mesures insuffisantes
Un groupe prépositionnel : je l’ai trouvé en paix
Une proposition relative : je le vois qui attend/ j’ai les mains qui tremblent
c- Place de l’attribut
• L’attribut du sujet
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Il se place le plus souvent après le verbe. Il peut cependant le précéder dans les principaux cas
suivants :
- Dans les tours d’exclamation, d’interrogation :
Quel homme merveilleux il est devenu !
Qui est cet homme ? Qu’est-il devenu ?
- Lorsque l’attribut prend la forme des pronoms le ou que ou de l’adjectif tel :
Voilà l’homme que tu es devenu
Telle est ma décision
Charmante, elle le semble
- Pour une raison de style (mettre en relief l’attribut) :
Tendre est la nuit
Béni sois-tu pour la gentillesse
• L’attribut de l’objet
- Il suit généralement l’objet. C’est le cas le plus fréquent :
Je trouve ton ami charmant
- Il le précède quand il est plus court que l’objet :
Je trouve curieux qu’il ne soit pas venu
J’avais cru préférable de ne pas venir
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De par sa brièveté et sa souplesse, elle constitue un outil très important permettant d’exprimer un
grand nombre d’idées à l’aide d’un petit nombre de mots.
Nous ajoutons quelques remarques à cette caractéristique sommaire : la phrase non verbale
correspond à une phrase comportant un terme qui peut être :
L’auxiliaire être : La liberté, un beau mot à La liberté est un beau mot
L’auxiliaire avoir : L’homme de tempérament colérique à L’homme a un tempérament
colérique / L’homme est d’un tempérament colérique
Un présentatif : La bévue d’un responsable à c’est la bévue d’un responsable
Un verbe obtenu par transformation : L’échouage d’un navire à le navire a échoué
La phrase non verbale constitue une assertion dont le caractère est intemporel et impersonnel car,
portant sur un terme réduit à un seul contenu sémantique, elle ne peut mettre en rapport le temps
de l’événement avec le temps du discours sur cet événement. Ainsi, selon son rapport avec
l’énonciation elle « peut prendre une valeur générale ou au contraire particulière ». (Grammaire
méthodique du français, p.764)
1- La phrase non verbale à un seul terme :
Certaines phrases non verbales sont formées d’un seul terme comportant uniquement le prédicat.
Ce terme peut être :
Un seul nom : échec ! Thé !
Un groupe nominal : bon courage !
Un groupe prépositionnel : au secours !
Un adverbe : amicalement/ dehors !
Dans ce type de phrases, le sujet est implicite. Il est identifiable à partir des indications fournies par le
contexte linguistique ou la situation d’énonciation.
2- La phrase non verbale à deux termes :
On trouve également des phrases non verbales à deux éléments, c’est-à-dire constituées de deux
blocs juxtaposés et qu’on peut relier grâce à un verbe copule :
Joli, ce caftan à ce caftan est joli
Victor Hugo, un grand écrivain à Victor Hugo est un grand écrivain
Le premier bloc correspond généralement à un groupe nominal alors que le second peut avoir
plusieurs formes :
Un adjectif : Stationnement interdit.
Un infinitif : Un terrain à vendre.
Un groupe prépositionnel ou adverbial : Le secteur public en grève.
Un groupe nominal : Fès, capitale spirituelle.
Une interjection : Casablanca, bof !
Dans ces exemples, le groupe nominal qui est placé au début constitue le sujet de la phrase; par
contre, l’autre élément, postposé, détient le rôle du prédicat.
Mais cet ordre, notamment à l’oral, peut être inversé. Le groupe nominal se trouve à la seconde
place ; le prédicat étant antéposé :
Extraordinaire, cette histoire ! / Un danger, cette tentative.
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A vous l’honneur. / Impossible d’accepter cette offre.
D- La phrase étendue
La phrase 2 susmentionnée :
L’année dernière, une voiture rouge a renversé la courageuse marchande des quatre saisons
qui vend des légumes, tous les matins, sur le marché.
peut être qualifiée de phrase étendue dans la mesure où l’on peut la considérer comme le résultat de
l’ajout d’un ensemble d’éléments facultatifs aux éléments essentiels de la phrase minimale : Une
voiture a renversé la marchande.
Les différentes additions se situent à différents niveaux de la structure hiérarchique de la phrase :
Certains compléments apparaissent à côté du SN sujet et du SV sans être nécessaires à leur
cohérence syntaxique. Ils se caractérisent par leur mobilité et le cumul avec d’autres compléments.
On les appelle traditionnellement compléments circonstanciels :
L’année dernière, une voiture a renversé la marchande.
D’autres éléments facultatifs tels que rouge, courageuse, des quatre saisons s’adjoignent au
syntagme nominal sujet, ou aux autres SN de la phrase ou bien s’y apposent :
Une voiture rouge a renversé la courageuse marchande
Une voiture rouge a renversé la courageuse marchande des quatre saisons
Une voiture Peugeot a renversé la marchande.
Ces différents éléments facultatifs (adjectif épithète, complément du nom, apposition et autres) sont
appelés expansions du nom.
Enfin, le syntagme verbal peut contenir, outre les compléments essentiels, des compléments
facultatifs de type prépositionnel ou adverbial servant d’expansions.
1- Les expansions du groupe nominal :
a- L’épithète
L’épithète qualifie un nom. Elle est placée avant ou après lui:
Une grande maison silencieuse.
L’épithète est souvent un adjectif, mais peut être un participe ou un groupe participe:
Une maison couverte d’un manteau de lierre.
Quand l’épithète qualifie directement le nom, c’est une épithète liée. Quand elle est séparée du
nom et du reste de la phrase par une virgule, c’est une épithète détachée:
Mystérieuse, la maison se dissimulait derrière un rideau d’arbres.
b- Le complément du nom
Le complément du nom complète un nom auquel il est relié par une préposition (de, à, en, sans,
pour, …). Il peut être un nom, un GN, un pronom ou un infinitif :
Un livre de contes / Un livre pour tous / Le plaisir de lire
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c- La proposition subordonnée relative
Elle fait partie d’un GN. Elle complète un nom ou un pronom appelé antécédent. Elle est introduite
par un pronom relatif : J’ai reçu une lettre d’un ami dont je n’avais plus de nouvelles.
d- L’apposition
L’apposition désigne la même personne ou la même chose que le nom ou le pronom auquel elle se
rapporte. Elle en est généralement séparée par une virgule ou par deux points. Elle peut être un
nom, un GN ou un infinitif:
Léonard de Vinci, cet artiste et inventeur de génie, est mort à Amboise.
Mon chat se livre à sa principale occupation: dormir
a- Le complément d’objet
Le complément d’objet est un complément essentiel du verbe. On ne peut donc ni le supprimer ni le
déplacer.
- Le complément d’objet direct
Le complément d’objet direct (COD) complète le verbe sans l’intermédiaire d’une préposition:
La lune éclaire la prairie.
- Le complément d’objet indirect
Le complément d’objet indirect (COI) complète le verbe par l’intermédiaire d’une préposition: à, de,
en, sur, …: Nous comptons sur vous.
- Le complément d’objet second
Certains verbes peuvent être complétés par deux compléments d’objet:
Un COD (plus rarement un COI) et un autre complément qui est appelé complément d’objet second
(COS). Ce complément est introduit par une préposition: à, de, pour, …:
Sophie a présenté sa cousine à ses amis.
- La nature grammaticale des compléments d’objet
Un complément d’objet peut être un nom, GN, un pronom, un infinitif, un groupe infinitif, une
proposition subordonnée.
Il espère réussir. Il en rêve, mais sait que ce sera difficile.
Remarque:
Un verbe suivi d’un COD est dit verbe transitif direct. Un verbe suivi d’un COI est un verbe transitif
indirect. Un verbe qui n’admet aucun complément d’objet est dit intransitif: dormir, gémir…
b- Les compléments circonstanciels
-Le rôle des compléments circonstanciels
Les compléments circonstanciels précisent les circonstances qui entourent le fait exprimé. Ce sont
des constituants facultatifs de la phrase: ils peuvent donc être déplacés ou supprimés.
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Un événement étonnant se produisit en juin à En juin, un événement étonnant se produisit à un
événement étonnant se produisit.
-Les circonstances exprimées
On identifie un complément circonstanciel en posant une question précise.
Le temps: quand? (date, moment), pendant ou depuis combien de temps? (durée), à quelle
fréquence, (fréquence) : Pendant deux heures, il n’a cessé de parler. (durée)
Le lieu: où? (localisation ou déplacement), d’où? (point de départ), par où? (passage):
Des oiseaux s’envolent de tous les arbres. (Point de départ)
La cause: à cause de quoi? Pour quelle raison? : le chiot tremble de froid.
Le but: dans quel but? : je cherche des idées pour faire ma rédaction.
La manière: de quelle manière? : on nous a rapidement donné une réponse.
Le moyen: avec quoi? Au moyen de quoi? : il a sculpté un meuble avec un canif.
L’accompagnement: avec qui? En compagnie de qui? : elle se promène avec Cécile.
- La nature grammaticale des compléments circonstanciels
Un complément circonstanciel peut être :
Un nom, un GN, un pronom, avec ou sans préposition: avec toi, je n’ai pas peur.
Un infinitif ou groupe infinitif: il fait des grimaces pour nous faire rire.
Un adverbe : longtemps, les randonneurs cherchèrent leur chemin.
Un gérondif: nous avons appris la nouvelle en écoutant la radio.
Une subordonnée conjonctive: dès que les portes s’ouvrirent, la foule se précipita.
A- La modalité déclarative
La phrase déclarative transmet au destinataire une information ou une explication dont le contenu
est considéré comme vrai pour l’énonciateur. Dire le train part implique je crois que le train part.
La phrase déclarative, comme les autres types de phrases, peut être verbale ou non verbale:
J’accepte / D’accord.
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a- Intonation et ponctuation :
La phrase déclarative se caractérise généralement par une intonation dite « circonflexe »: mélodie
d’abord montante puis doucement descendante, le point le plus bas de la voix marquant la fin de la
B- La modalité de l’interrogation
La phrase dont la modalité est interrogative met en question le message qu’elle transmet. Cette
mise en question peut se faire de deux manières:
- Une demande de confirmation globale : Amir est-il parti?
- Une demande de complément d’information: Quand est-il parti?
On distingue ainsi deux types d’interrogation, l’interrogation totale et l’interrogation partielle :
L’interrogation totale: elle porte sur tout le contenu propositionnel de la phrase et demande une
réponse par oui ou par non: Aimez-vous ce film? Oui.
L’interrogation partielle: elle porte sur un élément (une partie) de la phrase qu’elle appelle en
réponse: SN, S PREP, S ADJ, S ADV (jamais sur un le SV):
Qui est parti? Quand est-il parti? Comment est-il parti?
L’interrogation partielle réclame une réponse circonstanciée:
Comment Amir est-il parti? À vélo.
À cette distinction fondamentale, on peut ajouter deux autres formes:
- L’interrogation mixte, marquée par l’emploi du présentatif c’est ….que/qui, est en même temps
partielle et totale: Est-ce Amir qui est parti?
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Elle est partielle dans la mesure où la question porte sur un élément de la phrase (réponse: non, c’est
Karim). Elle est également totale étant donné qu’il n’y a pas un mot interrogatif et qu’on est obligé
de répondre par une confirmation : oui/non).
- L’interrogation alternative qui contient au moins deux éléments coordonnées par ou alternatif
et demande, comme réponse, d’en choisir un : Préfères-tu les bananes ou les fraises ?
Remarque :
On distingue généralement l’interrogation directe et l’interrogation indirecte.
L’interrogation directe est exprimée par une phrase indépendante. Elle se caractérise par une
intonation interrogative et se termine par un point d’interrogation : avez-vous lu cet ouvrage ?
L’interrogation indirecte est constituée d’un verbe principal et d’une proposition subordonnée
complément d’objet : je me demande si Amir partira. C’est la subordonnée qui comporte l’objet de
l’interrogation: est-ce qu’Amir partira ?
Dans l’interrogation indirecte, la prononciation est ordinaire et le point d’interrogation n’est pas
marqué. Dans notre cours, ne sera examinée que la phrase indépendante de structure interrogative,
c’est-à-dire l’interrogation directe.
a- L’interrogation totale:
Elle se caractérise par une courbe mélodique ascendante, la voix demeure en l’air : Avez-vous
travaillé ? ( )
On distingue trois structures de l’interrogation totale :
i. L’interrogation marquée par l’intonation :
C’est la forme la plus simple de l’interrogation. Elle se rencontre souvent à l’oral. En l’absence de
toute autre marque, l’intonation permet de transformer une phrase de type déclaratif en phrase
interrogative : tu connais le directeur. tu connais le directeur? L’ordre des mots y est donc
semblable à celui de la phrase déclarative.
ii. L’interrogation avec inversion du sujet :
En plus de l’intonation, le sujet est postposé au verbe. Cette forme d’interrogation est
particulièrement dominante à l’écrit. Deux types d’inversion du sujet doivent être distingués, selon
la nature du sujet :
Inversion simple, avec les pronoms personnels, le pronom indéfini on et le démonstratif ce placés
immédiatement après le verbe d’une forme simple ou après l’auxiliaire dans une forme composée:
Partez-vous ? A-t-on parlé ? Est-ce vrai ?
L’inversion de ‘je’ est courante avec certains verbes (puis-je, que fais-je, suis-je, dirai-je) mais paraît
un peu bizarre dans certains emplois ironiques comme chanté-je ? Me trompé-je ? Aimé-je ?
Un « t » de liaison « euphonique » a été étendu, à partir du XVIe siècle, à la 3 e personne du singulier
terminée par une voyelle à l’instar des verbes qui terminent par un –t (choisit-il, voit-il) : termine-t-
elle ? A-t-il changé ?
Inversion complexe dans les autres cas, le sujet reste à gauche du verbe, mais il est repris après ce
verbe par un pronom personnel (il/ils, elle/elles) qui s’accorde avec lui : Amir partira-t-il ?
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iii. L’interrogation avec est-ce que
Cette construction qui contient déjà en son sein une inversion (est-ce que à c’est que), permet de
maintenir l’ordre canonique de la phrase déclarative. Cette forme est employée aussi bien à l’écrit
qu’à l’oral. Associée à l’intonation, elle apparaît seule : est-ce que vous êtes satisfaits ?
b- L’interrogation partielle
Dans l’interrogation partielle, l’intonation est descendante, on démarre sur une tonalité haute puis
la voix redescend:
Quel est votre chanteur préféré ? ( )
Mais si le mot interrogatif est placé en fin de phrase (comme à l’oral), la courbe est alors ascendante:
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Avec qui, lequel et quel+nom complément d’objet, la postposition est soit simple soit complexe.
Autrement dit, le sujet est soit placé après le verbe soit maintenu à gauche du verbe et repris à droite
de ce dernier par un pronom:
Qui aide Amir ? – Quel prix a remporté Taher Ben Jelloun ? - Lequel de ces deux films a vu Amir ?
Qui Amir aide-t-il ? – Quel prix Taher Ben Jelloun a-t-il remporté ? - Lequel de ces deux films Amir
a-t-il vu ?
Que est remplacé par quoi lorsqu’il s’agit d’une phrase interrogative à l’infinitif:
Quoi dire ? Quoi faire ?
iv. L’interrogation sur un complément prépositionnel essentiel
Elle est exprimée par qui, quoi, lequel ou quel+nom précédés d’une préposition (à, de, par, …)
Il y a inversion quand le sujet est un pronom personnel : à qui parles-tu ?
L’inversion est soit simple (a) soit complexe (b) quand le sujet est un nom ou un pronom autre que
les pronoms personnels:
(a) À quoi sert un cours ? De quelle matière est composé ce produit ? À qui est destiné ce discours ?
(b) À quoi un cours sert-il ? De quelle matière ce produit est-il composé ? À qui ce discours est-il
destiné ?
Si le verbe est transitif ou attributif, seule l’inversion complexe est possible puisqu’il est difficile de
faire suivre au verbe deux groupes nominaux syntaxiquement différents: *À qui a offert Amir ce
cadeau ? On dit plutôt : À qui Amir a-t-il offert ce cadeau ?
v. Interrogation avec les formes renforcées qui / qu’est-ce qui / que
Elles permettent d’indiquer plus précisément le type de référent et la fonction occupée. Les premiers
pronoms opèrent une distinction sémantique (que/ quoi = non animé; qui= animé). Les seconds qui
sont des pronoms relatifs effectuent une distinction syntaxique (qui =sujet; que = compléments). On
obtient quatre possibilités:
Qui est-ce qui …: animé et sujet
Qui est-ce que …: animé et objet
Qu’est-ce qui …: non-animé et sujet
Qu’est-ce que …: non-animé et objet/attribut
Ces expressions se rencontrent plus souvent à l’oral, étant donné que, ne comportant pas en leur
sein l’inversion du sujet, elles permettent de garder l’ordre des constituants de la phrase déclarative:
Que fais-tu ? Qu’est-ce que tu fais ?
Elles permettent également de lever l’ambiguïté engendrée par l’emploi du seul pronom interrogatif:
Qui aime Amir ? On serait plutôt tenté de dire: Qui est-ce qu’Amir aime ? Ou qui est-ce qui aime
Amir ?
- L’interrogation sur les circonstants
Elle est formulée à l’aide d’adverbes portant sur les circonstances de l’action selon la valeur qui leur
est attachée: cause (pourquoi), nombre (combien), manière, moyen (comment), temps (quand), lieu
(où).
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Avec les adverbes comment, pourquoi, combien, quand, et où, l’inversion est simple si le sujet est un
pronom personnel, on ou ce:
Pourquoi venez-vous? / Comment allez-vous ? / Où vend-on ces robes?
Dans les autres cas, l’inversion complexe est possible, quelle que soit la construction du verbe:
Comment Amir a-t-il raté l’examen ?
Si le verbe n’appelle pas un complément d’objet, l’inversion simple demeure possible:
Comment va Amir ?
Pourquoi est accompagné uniquement de l’inversion complexe :
Pourquoi Amir rit-il ? *Pourquoi rit Amir ?
Ici encore, l’interrogation peut être renforcée par le recours à la locution « est-ce que » qui, placée
après le mot interrogatif, permet d’éviter l’inversion du sujet: quand est-ce que Samir partira?
- L’interrogation à l’infinitif
Généralement, le mode employé dans les phrases interrogatives est l’indicatif, mais on peut
rencontrer aussi l’infinitif qui permet de poser une question uniquement sur le complément d’objet
et les circonstants : Que faire? Où partir ? Comment s’y prendre ?
Remarque: la question posée avec l’infinitif ne peut jamais porter sur le sujet parce qu’il est absent.
C- La modalité de l’injonction :
Dans l’énoncé de type injonctif ou impératif, l’énonciateur veut agir sur l’énonciataire pour obtenir
de lui un certain comportement. L’expression de cette volonté apparaît sous diverses nuances :
ordre, prière, requête, conseil, souhait, etc. Cet énonciateur cherche ainsi à influer sur la conduite du
destinateur, soit directement, en transmettant à celui-ci un ordre (sors!), soit indirectement à travers
l’emploi de la troisième personne visant la réalisation de cet ordre à un tiers extérieur au dialogue
(qu’il sorte !).
La défense est exprimée par la négation à deux éléments (ne…pas/plus…): ne parlez pas/ ne pas
fumer.
1- Morphosyntaxe de l’injonction:
a- Marque prosodique:
Associée souvent à l’impératif, la phrase injonctive est marquée par une courbe mélodique
fortement descendante: Sortez ! Maintenant !
Cette intonation peut se placer sur n’importe quelle structure de phrase :
Phrase sans verbe : Dehors ! / Silence !
Phrase déclarative, au futur ou au présent de l’indicatif : Tu sortiras !
Phrase interrogative impliquant un ordre ou une demande : Pouvez-vous m’aider ?
À l’écrit, elle se marque, selon le cas, par un point ou par un point d’exclamation.
b- Les modes verbaux
L’injonction s’exprime généralement par trois modes dont le choix dépend du récepteur de l’ordre:
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L’impératif : à travers ses trois formes (va, allez, allons), il permet d’exprimer un ordre adressé à un
interlocuteur ou à soi-même. Mais ce mode est considéré comme lacunaire dans la mesure où il est
limité en personnes et exprimé sans groupe nominal sujet.
Le subjonctif : précédé de que, il est employé à la première et à la troisième personnes (que je parte/
qu’il parte/ qu’ils partent) pour lesquelles l’impératif est exclu. Il permet d’exprimer un ordre
transmis par un tiers à quelqu’un étranger au dialogue: Qu’il vienne demain à cinq heures !
L’infinitif : comme mode non personnel et non temporel, il permet d’exprimer un ordre adressé à un
destinataire non spécifié: Ralentir.
c- Modulation de l’injonction
i- Renforcement de l’injonction
L’énoncé de type injonctif peut être renforcé par :
Un nom mis en apostrophe interpellant le destinataire auquel est adressé l’ordre : Amir,
prends ton stylo et écris !
Une interjection : Eh bien sois courageux !
Un adverbe postposé : Approche-toi un peu !
- La dimension grammaticale:
Pour exprimer la négation, la langue recourt à des mots négatifs appartenant à différentes classes
grammaticales :
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a. Les adverbes guère, jamais, nullement, nulle part auxquels s’ajoutent les anciens noms pas et
point.
b. Les pronoms personne et rien référant respectivement à l’animé et à l’inanimé
c. Les déterminants nul, aucun, placés devant le nom qu’ils déterminent.
- La dimension lexicale
Pour exprimer la négation, la langue dispose d’autres moyens que les mots négatifs. Dans sa
dimension lexicale, elle est exprimée par l’opposition de mots de sens antonymique :
a. Des mots morphologiquement différents : mourir/vivre
b. Des mots liés par dérivation : approprié/inapproprié
c. Antonyme formé par un mot négatif (non/pas): Chalet cher/pas cher, La Correspondance/La
non-correspondance.
A- Morphosyntaxe de la négation
a- Fonctionnement:
En français, la négation repose sur la combinaison obligatoire d’un élément ne précédant le verbe et
lançant l’impulsion négative de la phrase et d’un autre élément (pas, point, plus, etc.) appelé
forclusif, permettant de fermer le mouvement négatif.
Ce mouvement négatif peut se réaliser de deux façons:
- Soit on excepte, ou bien on fait sortir un élément du mouvement négatif. Pour ce faire, on
recourt au mot que qui permet de poser l’élément exclut de la négation:
Il n’aime que ses parents (Il n’aime personne, sauf (ou sinon) ses parents)
- Soit on ferme complètement le mouvement négatif en employant plusieurs forclusifs qui
montrent que la négation est forclose, c’est-à-dire verrouillée:
Il n’aime pas les voisins.
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c- Emploi des mots négatifs
• Pas et point:
Considérés comme les deux termes principaux de la négation, pas et point étaient employés à
l’origine comme substantifs ayant une valeur positive, avant de devenir des négatifs à part entière
désignant la quantité nulle.
En français moderne, ces deux termes ne sont pas différenciés. On est plutôt enclin à considérer
point comme la variante archaïque ou littéraire de pas.
Employés notamment en corrélation avec ne, ils indiquent une négation totale :
Il ne se sent pas bien. / Vas je ne te hais point.
Employés sans ne, ils ont une valeur proche de celle de « non » sauf à faire remarquer que pas, par
opposition à non et point, doit être complété par un autre terme surtout dans les réponses :
absolument pas, pas du tout, pas trop, pas encore…
Dans une phrase non verbale, pas et point permettent de nier l’existence du terme qui les suit .Ce
terme peut être:
• Un adjectif: pas célèbre;
• Un adverbe : pas maintenant.
• Un nom : pas la moindre chose; pas de chance;
• Un pronom : pas vous.
• Guère et plus:
Ces forclusifs jouent, par rapport à pas et point, le rôle de variantes aspectuelles :
Plus découpe l’enchainement temporel en distinguant un antérieur et un postérieur :
Il ne fume plus (présuppose Il fumait auparavant).
Le postérieur peut être explicitement situé dans le futur : Je ne commettrai plus de telles bêtises.
Plus peut porter sur :
Un verbe: Amir ne les aime plus.
Un adjectif : il n’est plus engourdi.
Un adverbe: il ne va plus bien.
À l’instar de pas, plus peut être employé seul dans une phrase non verbale pour nier un terme
évoqué antérieurement : Plus de bonheur ! Plus de joie !
Guère indique une quantité minime (= peu pas souvent, pas beaucoup) : On ne trouve guère de gens
de bon sens. Le propos n’est pas complètement nié. Mais, il faut noter que guère peut être employé
dans un sens litotique pour faire comprendre le plus en disant le moins:
On ne trouve pas du tout des gens de bon sens.
Le comportement syntaxique de guère ressemble à celui de plus:
Il ne l’apprécie guère, il n’est guère intelligent, il ne parait guère mieux.
• Jamais, nulle part, personne, nul, rien, aucun
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Ces forclusifs ont la particularité d’être employés comme mots pleinement négatifs ou comme mots
conservant une valeur positive. De même, ils peuvent se combiner entre eux sans affecter
l’interprétation de la phrase : avez-vous jamais rien vu d’aussi bête ?
Jamais situe la négation dans un intervalle de temps plus ou moins étendu : Il ne fume jamais.
Nulle part la situe dans l’espace : Je ne trouve cette clef nulle part.
Aucun, nul, personne et rien expriment la quantité nulle. Associés à la particule ne, Ils permettent de
nier l’existence d’un référant (animé pour personne et nul, inanimé pour rien) dans un domaine de
référence donné ou dans l’absolu :
Nul n’est censé ignorer la loi. / On n’entend nul bruit. / Je n’ai rencontré personne.
Aucun n’est venu. /Aucun étudiant n’est venu. / Je n’ai rien à vous dire.
Ces mots négatifs peuvent être employés même en l’absence de ne tout en gardant une valeur
négative :
- Dans la réponse à une question :
Que fais-tu ? – Rien.
Qui rencontres-tu demain ? - Jamais personne.
Où l’avez-vous trouvé ? – nulle part.
- Dans les phrases non verbales : Personne dans la maison. / Rien à dire.
- Dans des expressions familières : J’ai jamais vu ça.
Avec une valeur positive, ils permettent de désigner l’indéterminé et peuvent être remplacés dans ce
cas par un terme positif :
- Quand ne exprime seule la négation : Il n’a jamais entendu rien (=quelque chose) d’aussi bizarre.
- Avec des mots ayant un sens négatif : Je refuse (je n’accepte pas) de justifier jamais une telle
décision.
- Dans des phrases interrogatives : Avez-vous jamais rien entendu d’aussi curieux ?
- Avec un comparatif : C’est le plus grand menteur que personne (=quelqu’un) ait vu.
- Dans les structures exprimant la conséquence : Je suis trop intelligent pour rien saisir (=pour
saisir quelque chose).
L’adverbe « non »
Non a la propriété d’être employé seul sans avoir besoin d’un support verbal :
Non, centre de la phrase :
Non peut à lui seul représenter négativement toute une phrase. Il fonctionne généralement comme
les deux adverbes « oui » et « si », notamment dans la réponse à une question:
As-tu rencontré Samir ? – Non.
Il a réussi, moi non.
Non, peut être associé à plus lorsqu’il reprend une proposition négative : Il a réussi, moi non plus.
Cette caractéristique de reprendre le contenu de toue une proposition lui permet également de
fonctionner dans le second membre d’une alternative : Tu l’as rencontré ou non ?
Non peut aussi exprimer la négation de toute une proposition, dans la phrase interrogative:
Ce film est extraordinaire, non ?
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Dans cet emploi, non concurrence l’expression n’est-ce pas: Ce film est extraordinaire, n’est-ce pas ?
En tête de phrase, il annonce et renforce une proposition négative : Non, je ne peux pas.
Il peut également remplacer un nom ou une subordonnée conjonctive en fonction de COD:
Il m’a dit non / Je dis que non
Non peut être lié à l’adverbe seulement (en corrélation avec mais, mais aussi, mais encore) pour
mettre en opposition deux expressions de même structure:
Non seulement il écrit, mais encore il interprète.
Non, négation de constituant:
Il ne porte que sur une partie de la phrase à laquelle il s’intègre. Précédé ou non de et, il sert à nier
l’un des éléments constitutifs non verbaux de la phrase: groupe nominal ou prépositionnel, adjectif,
adverbe, pronom… :
Il a acheté une Peugeot, non une Renault.
Il a acheté non une Renault, mais une Peugeot.
Dans ces exemples, non remplace les termes identiques effacés dans la deuxième structure (il n’a pas
acheté une Renault). Non alterne donc éventuellement avec non pas.
Non peut porter sur un adjectif, une préposition,…
Un sauvetage non efficace/ une promesse non tenue /Non sans problème.
Ce rôle lui permet encore de fonctionner comme préfixe notamment devant un substantif :
La non-violence, un non-lieu.
L’adverbe ne :
Ne est un adverbe de négation, toujours appuyé sur le support verbal qu’il précède : c’est donc un
mot qui n’a aucune autonomie.
Ne est par excellence le seul mot qui permet de nier et qui suffit à nier. Mais généralement il est
employé en corrélation avec d’autres termes négatifs (ne…pas/point/jamais, etc.).
Ne s’efface souvent dans le langage parlé : J’ai pas dit ça.
Les emplois de ne seul sont limités à des cas particuliers :
Dans des tours figés (notamment les proverbes) :
À dieu ne plaise ! / Il n’empêche … / Qu’à cela ne tienne.
Avec certains verbes, tels oser, cesser, pouvoir, savoir:
Je n’ose vous dire ma gratitude. / Je ne sais si je peux….
Avec un si hypothétique : Si je ne m’abuse/ Si je ne me trompe
Après qui ou quel interrogatif : Qui ne songe à partir ?
Après que interrogatif ou exclamatif ayant le sens de pourquoi : Que ne le disiez-vous plut tôt ?
Dans certaines expressions de temps introduites par voilà ou il y a :
Voilà une semaine que je ne l’ai vu.
Ne explétif :
Dans le tour dit explétif ne n’a pas d’interprétation négative. Sa présence est facultative. Aussi peut-
on le supprimer : Je redoute qu’il (ne) vienne.
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La subordonnée a un sens positif mais conserve une trace négative implicitement contenue dans le
verbe de la principale (redouter, c’est en fait souhaiter que …ne…pas): Je souhaite qu’il ne vienne pas.
Ce ne explétif se rencontre dans des propositions subordonnées :
-Compléments d’objet d’un verbe marquant le désir négatif (la crainte, l’empêchement, la précaution,
le doute, la négation) :
Je crains/évite/empêche qu’il ne vienne.
Prends garde qu’on ne te voie.
Je ne doute pas qu’il ne réussisse.
-Introduites par les conjonctions de peur que, de crainte que, avant que, moins que. Le procès
introduit par ces propositions est envisagé négativement dans la mesure où il n’est pas encore
réalisé : Vous partez avant qu’il n’arrive (= il n’est pas encore arrivé).
-Introduite par un comparatif marquant l’inégalité ou la différence :
Il est plus intelligent que ne l’est sa sœur (sa sœur n’est pas aussi intelligente que lui)
Il est moins rigoureux que tu ne le crois.
L’opinion ou le procès exprimés dans la proposition subordonnée se trouvent négativisés par rapport
à l’idée exprimée dans la proposition principale.
Remarque:
Pour ces emplois explétifs, il semble que la présence de ne soit liée à une disjonction; soit parce que
la subordonnée ne peut être vraie en même temps que la principale, soit parce que le sujet de la
principale espère la non-réalisation de la subordonnée.
B- La portée de la négation :
a- La négation totale et la négation partielle
Comme l’interrogation, la négation peut être totale ou partielle.
La négation totale porte sur l’ensemble de la phrase. Elle s’exprime au moyen des forclusifs «pas »
et « point ». Un énoncé comme « je n’ai pas vu Amir » est susceptible d’être lu comme « il est faux
que j’a vu Amir » et s’oppose à l’énoncé positif « j’ai vu Amir ».
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La négation partielle porte seulement sur un constituant de la phrase. Elle est exprimé à l’aide de
forclusifs associés à ne qui permettent d’identifier explicitement la partie de la phrase visée par la
négation. Mais il faut souligner que ces forclusifs sont susceptibles d’être combinés entre eux.
Personne n’a accepté à Négation portant sur un GN sujet (≠quelqu’un)
Il n’a rien saisi à Négation portant sur un GN COD (≠ quelque chose)
Il n’a lu aucun roman de Balzac à Négation du référant du GN (≠plusieurs)
Il ne travaille à aucun moment/jamaisà Négation d’un CCT (≠souvent/toujours)
On ne le voit nulle part à Négation d’un CCL (≠partout/quelque part).
Dans le cadre de la négation totale, si le verbe est suivi d’un complément d’objet ou d’un
complément circonstanciel, la négation peut porter uniquement sur ce complément et le reste de la
phrase reste présupposé; dans l’énoncé « il ne l’a pas avec déchirée avec ces ciseaux » implique que
c’est le complément circonstanciel « avec ces ciseaux » qui est nié et l’action exprimée est
présupposée (il l’a déchirée)
Si le verbe est suivi de plusieurs compléments, la négation concerne le dernier complément ; dans
l’énoncé « il ne l’a pas déchiré avec ces ciseaux pour le taquiner », la négation porte sur le
complément circonstanciel.
Dans un énoncé comme « il ne porte pas une veste en soie », la négation peut porter sur plusieurs
éléments de phrase:
Seul le verbe peut être nié : il ne porte pas une veste en soie mais il aime en avoir une;
Le complément d’objet : il ne porte pas une veste en soie mais un manteau noir;
Le complément du nom : il ne porte pas une veste en soie mais en jean.
La négation partielle implique une mise en relief intonative de l’élément nié ou un contexte qui
désambiguïse. La coordination oppositive (avec non pas, mais) et des constructions clivées (en c’est
… que) permettent d’éviter tout équivoque:
Il porte une veste non pas en soie mais, en jean.
Ce n’est pas une veste en soie qu’il porte.
b- Problème de quantification:
Quand la phrase comporte des termes quantifiants (tous, beaucoup…) ou des verbes modaux,
l’identification des constituants affectés par la négation ne va pas sans poser problème.
- La combinaison de la négation et de la quantification dans l’énoncé suivant engendre une
certaine ambiguïté: Tous les singes ne sont pas ici.
On peut hésiter entre deux interprétations : soit il signifie que tous les singes sont absents mais
seulement certains d’entre eux c’est-à-dire que la négation porte sur l’ensemble de la
proposition, soit il peut être interprété comme « les singes ne sont pas tous ici » et la négation
dans ce cas porte uniquement sur l’indéfini « tous ».
- Avec certains verbes modaux comme vouloir, devoir, falloir, la négation ne pose pas un
problème d’interprétation. C’est ce verbe qui doit être nié: Il ne doit pas paresser.
Cependant, un énoncé comme « je ne veux pas mourir » qu’on peut interpréter comme « je
n’accepte pas de mourir » doit être distingué de « je veux ne pas mourir » qui correspond à « je
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veux être immortel ». Le premier exprime une volonté négative, par contre le second constitue
l’objet négatif d’une volonté.
- Avec penser et sembler, la négation peut porter sur le verbe lui-même et sur le verbe qui suit
sans aucun changement de sens :
Il semble ne pas comprendre = il ne semble pas comprendre.
De même dans une phrase complexe comportant un verbe modal, la négation peut porter soit
sur ce verbe soit sur le verbe de la subordonnée :
Je ne pense pas qu’il partira = je pense qu’il ne partira pas.
Mais, il faut signaler que c’est l’alternance des modes qui permet de renseigner sur la portée de
la négation:
Je ne pense pas qu’il partira (la négation porte sur le verbe principal)
Je ne pense pas qu’il parte (la négation porte sur la subordonnée, le locuteur n’intègre pas la
proposition à son univers de croyance)
- Avec des verbes exprimant la possibilité, la nécessité, la permission ou l’obligation, la portée de
la négation varie selon la place de la négation. Ainsi, selon qu’elle porte sur le verbe principal ou
sur son complément, on peut avoir les oppositions suivantes:
Je ne peux pas écrire/ Je peux ne pas écrire.
Il n’est pas nécessaire d’écrire / il est nécessaire de ne pas écrire.
Il ne m’est pas permis d’écrire / il m’est permis de ne pas écrire.
Je ne suis pas obligé d’écrire / je suis obligé de ne pas écrire
A- La voix active :
À la voix active, le sujet accomplit l’action exprimée par le verbe et ne la subit pas. L’action d’attaquer
est faite par « les sujets ».
Cette forme est valable pour tous les verbes. Elle constitue donc un modèle de conjugaison pour la
morphologie verbale.
L’actif peut généralement être lié à diverses constructions :
- Verbes transitifs ou intransitifs : Je le plains / Elle marche lentement.
- Forme pronominale : Je me rappelle les beaux jours d’été.
- Forme impersonnelle : Il neige.
Les verbes de la forme active qui ont un complément d’objet direct peuvent se tourner à la forme
passive. La voix active est considérée donc comme référence à la formation du passif.
B- La voix passive
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D’un point de vue morphologique, le passif n’a pas de forme propre, liant seulement le verbe être et
un participe passé. Syntaxiquement, il est décrit généralement comme la permutation du SN sujet et
du complément de verbe. Le COD de la voix active devient sujet de la voix passive. Mais cette
formation est trompeuse, car elle ne prend pas en considération les passifs sans complément d’agent
et les passifs impersonnels.
D’un point de vue interprétatif, le passif donne lieu à deux lectures qui a priori s’accommodent
difficilement :
-Une valeur résultative impliquant une description d’un état (on indique une propriété pour le
sujet : Joséphine fut répudiée). Le passif ressemble dans ce cas à la structure attributive.
-L’évocation d’un processus, d’un événement grâce au verbe au participe passé : Joséphine fut
sévèrement répudiée par Napoléon
A partir de ces caractéristiques formelles et interprétatives, on est enclin à ne considérer la structure
passive que comme un renversement de la structure active, une sorte de paraphrase tant qu’il s’agit
du même verbe et que les relations entre le sujet et le complément sont identiques dans les deux
phrases.
Cependant, cette présentation s’avère dans les faits bien loin de correspondre à la totalité des
emplois possibles. De nombreux verbes fonctionnent en effet comme autant de contre-exemples.
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- Les verbes transitifs directs à l’exception de :
Avoir, posséder, comporter, contenir…
Les verbes de mesure (peser, valoir…)
Les verbes d’odeur (sentir, puer…)
Beaucoup de locutions verbales (faire les pieds, prendre son temps, prendre la mouche…)
Ces verbes ont en commun d’être difficilement rapportables à un agent, à une instance qui puisse
déclencher un processus, c’est-à-dire jouer le rôle de complément d’agent.
- Les verbes transitifs indirects obéir à et pardonner à.
L’enfant obéit à son père Le père est obéi de son enfant.
Repens-toi et on te pardonnera tu seras pardonné.
- Certains verbes transitifs indirects et intransitifs de la construction impersonnelle :
Il sera répondu à chaque question.
Il n’a pas été toussé une seule fois pendant la projection (Grammaire méthodique du français,
p.733)
- Certains verbes sont employés uniquement au passif :
Le verbe réputer :
La femme dans les proverbes marocains est d’office réputée méchante et écervelée.
Les formes être censé et être tenu à/de
Nul n’est censé ignorer la loi/A l’impossible nul n’est tenu (Grammaire méthodique du
français, p733)
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- Si le verbe est perfectif, le passif incomplet a une valeur résultative.
La banque est dévalisée/ les copies sont corrigées.
- Si le verbe est imperfectif, le passif a valeur de procès :
Une solution est cherchée pour ce problème.
La sémiotique n’est pas enseignée à l’université.
Dans le cas du verbe perfectif, la phrase passive prendra une valeur plus ou moins résultative, plus ou
moins processive. Il suffit en effet d’ajouter des « circonstants » (un agent, une précision de temps ou
de lieu…) pour accentuer le caractère événementiel de l’énoncé. Comparons ainsi :
a. Le bœuf est vacciné.
b. Le bœuf a été vacciné hier.
c. Le bœuf sera facilement vacciné par le vétérinaire.
Dans la phrase (a), on décrit un état, tandis que dans les phrases (b) et (c), il s’agit davantage d’un
événement, lié à divers circonstants.
e- Passif et discours
Le choix de permuter le sujet et le complément d’objet actifs et de laisser la phrase passive
inachevée sans agent indiqué répond le plus souvent à des fins communicatives
i. Le passif incomplet
Dans les tournures passives inachevées, l’énonciateur choisit de ne pas parler du rôle joué par le
sujet de la voix active, considéré comme l’agent responsable du procès évoqué par le verbe :
Si vous êtes arrêté, ne contestez pas. (Le référent de l’agent est indéterminé)
La carte d’identité est exigée à l’entrée (on cherche à garder l’anonymat du responsable du
procès)
La question ne sera pas débattue (président d’un conseil) (l’identité de l’agent identifiable à
partir des connaissances partagées par les interlocuteurs).
Le complément d’agent non exprimé peut être remplacé dans la forme active par le sujet on.
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Il a été perdu un portefeuille noir (=un portefeuille noir a été perdu)
A la différence du passif, la position sujet est occupée par un il invariable et le complément d’agent
est exclu. Celui-ci reste indéterminé (*il a été trouvé un portefeuille noir par un voisin).
Le passif impersonnel s’emploie fréquemment dans le style administratif : il a été signalé à
l’autorité…, il est interdit de…
Remarque : Il n’est pas nécessaire que le verbe de ces constructions impersonnelles soit transitif
direct comme dans la forme passive canonique : Il a été recouru à l’impôt (*l’impôt a été recouru)
La forme pronominale à sens passif
Les fruits se vendent cher cette année (= sont vendus)
Les verbes dits neutres
Ce sont des verbes marquant un changement d’état (changer, pourrir, ressusciter, cuir,…) ou dérivés
d’adjectifs (grossir, brunir, durcir, vieillir,…) et pouvant être employés transitivement ou
intransitivement : Les fruits pourrissent / la chaleur pourrit les fruits.
Les périphrases verbales :
Trois périphrases formées des semi-auxiliaires se faire, se voir, se laisser ont un emploi proche de la
voix passive :
Le député s’est fait/laissé/vu insulté par des manifestants en colère (=des manifestants en
colère ont insulté le député)
Les semi-auxiliaires susmentionnés font de l’objet de la forme active le sujet de la forme équivalant à
un passif.
On rapprochera de la voix passive des verbes et des locutions comme subir, faire l’objet de, être la
cible de, être la victime de, être la proie de,… :
Ce projet a fait l’objet d’une étude profonde ce projet a été profondément étudié/ on a
étudié profondément ce projet.
Amir a subi un accident / Amir a été victime d’un accident.
Les adjectifs en able/ible dérivés d’un verbe transitif :
Cette phrase est passivable / cette phrase peut être passivée.
Le passif dans les GN
L’assassinat d’une star de cinéma par la mafia italienne
L’analogie avec une phrase passive apparaît nettement puisqu’on retrouve en effet un complément
d’agent et un GN, l’assassinat, qui est obtenu par nominalisation du verbe transitif :
Une star de cinéma a été assassinée par la mafia italienne.
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A- La dislocation :
On peut mettre l’accent sur un mot ou un groupe de mot en le détachant :
En tête de phrase : il est ensuite repris par un pronom :
Ce voyage tant attendu, je vais enfin le faire à Noël.
En fin de phrase : il est alors annoncé par un pronom :
Je vais enfin le faire à Noël, ce voyage tant attendu.
Un accent d’insistance est ainsi mis sur le mot disloqué à travers une pause marquée graphiquement
par le recours à la virgule.
Du point de vue de l’enchainement thématique, l'élément détaché est le thème de la phrase, car il
représente l'élément connu. Le reste de la phrase apporte l'élément nouveau. Sauf à faire remarquer
que le déplacement en fin de phrase permet, à travers l’annonce pronominale, de mettre en relief le
groupe détaché.
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a. Triompher de toutes les embûches, cela est possible/ c’est possible.
b. Qu’il ne réussisse pas, cela fait le bonheur des autres / c’est grave.
c. Qu’il puisse réussir, je n’en suis pas sûr.
En fin de phrase :
Remarque : Quand l’infinitif et la complétive sont employés en position de sujet, seule la reprise
avec un pronom démonstratif est possible. (Exemples a et b)
B- L’extraction
On peut mettre l'accent sur un élément de la phrase en l'encadrant avec un présentatif :
C'est... qui (que)..., il y a... qui (que)..., voici (voilà)... qui (que)...
C’est mardi que je pars en voyage.
La structure obtenue est dite phrase clivée.
Sur le plan communicatif, l’élément encadré est le propos, car il représente l'élément nouveau.
L’extraction de l’objet :
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Un GN prépositionnel : C’est à la forêt que nous sommes partis.
Un adverbe : C’est hier que j’ai rencontré le voisin.
Une subordonnée circonstancielle : C’est quand/parce qu’elle a vu le serpent qu’elle s’est évanouie.
Une proposition est dite indépendante quand elle exprime une idée complète qui se suffit à elle-
même. Elle ne dépend pas d'une autre proposition et aucune autre proposition ne dépend d’elle.
Une phrase complexe contient plusieurs noyaux verbaux. Elle comporte donc plusieurs
propositions. Elle est constituée :
- soit d'indépendantes juxtaposées, séparées par une virgule, un point-virgule ou deux points :
Il a remporté une victoire ; il en rêvait depuis longtemps.
- soit d'indépendantes coordonnées, reliées par une conjonction de coordination (mais, ou, et,
donc, or, ni, car) ou un adverbe de liaison (puis, en effet, c'est pourquoi…) :
La montagne est fascinante mais elle peut être dangereuse.
- soit d'une principale et d'une ou plusieurs subordonnées qui la complètent
Il savait [que l’ascension était périlleuse].
Principale Subordonnée
A- La juxtaposition :
La grammaire traditionnelle caractérise la juxtaposition par le fait que deux unités de même nature
sont placées l’une à côté de l’autre, sans mot de liaison ; il s’agit d’un cas particulier de la
coordination caractérisé par l’absence de coordonnant : Alain gémissait : il souffrait beaucoup.
Les deux propositions (indépendantes) sont placées côte à côte et seul le rapprochement des sens
éclaire la pensée.
B- La coordination :
La grammaire traditionnelle caractérise la coordination par le fait qu’un mot dit de coordination
(appelé conjonction) relie deux unités (mots ou groupes de mot) de même nature ou de même
fonction. Ces deux unités coordonnées sont placées sur le même plan :
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Remarque :
Fréquemment, ce sont deux indépendantes que relie la conjonction de coordination; mais elle peut
aussi coordonner deux principales ou deux subordonnées :
J’espère qu’il a compris et je souhaite qu’il ne se trompe pas
Quand il fait chaud et que (quand) la mer est calme, j'adore me baigner.
Les adverbes de liaison sont combinables entre eux (puis ensuite, ainsi en effet…) peuvent être
précédés d’une conjonction de coordination (mais en revanche, et puis,…). Par contre, aucune
conjonction ne peut s’associer avec une autre (à l’exception de donc) : *et ni, *et ou…
Les conjonctions sont toujours placées devant le ou les unités qu’elles relient alors que les
adverbes de liaison ne précèdent pas nécessairement l’unité reliée. Ils sont déplaçables :
Il part pour Meknès, il prendra ensuite le train pour Fès.
Les conjonctions de coordination peuvent être répétées devant les unités qu’elles relient. Les
adverbes de liaison non :
Et les hommes et les femmes voteront.
*Puis les hommes puis les femmes voteront.
Les propositions coordonnées sont liées par un rapport logique et de sens. Ce rapport peut être
copulatif (et, ni, puis, aussi, ensuite, de plus, etc.), disjonctif (ou, ou bien, soit…soit), adversatif (mais,
au contraire, cependant, toutefois, néanmoins, etc.), causal (car, en effet, etc.), et consécutif (donc,
par conséquent, etc.)
Et : C’est le contexte qui détermine l’interprétation de la relation établie par et. Il peut exprimer :
Une disjonction exclusive : c’est du vin ou du thé ? Les deux termes s’excluent mutuellement.
Une disjonction inclusive : les indemnités seront octroyées aux femmes des soldats ou à leurs
enfants. Les deux termes liés impliquent un choix possible et indifférent entre eux.
Ni : Cette conjonction assure la coordination dans une construction négative. Elle est toujours
employée avec l’adverbe ne.
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Il ne parle ni n’entend.
Ni le ministre ni le président ne viendront.
Elle n’a ni garçon ni fille.
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