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I- La structure fondamentale de la phrase simple.

La phrase est un assemblage d’unités combinées selon des règles précises et faisant sens. Elle
commence par une majuscule et se termine par une ponctuation forte. Chaque phrase doit obéir à
un principe d’organisation.
Les constituants principaux de la phrase (P) sont habituellement désignés par les expressions
suivantes : syntagme nominal (SN) et syntagme verbal (SV) [P→SN+SV]. Le syntagme nominal est
une combinaison d’unités linguistiques ordonnées autour d’un nom. Le syntagme verbal a un verbe
pour noyau.
Ces syntagmes peuvent être réduits à leur plus simple expression :
 Les enfants jouent (phrase minimale)
ou posséder une extension théoriquement infinie :
 (2) L’année dernière, une voiture rouge a renversé la courageuse marchande des quatre
saisons qui vend des légumes, tous les matins, sur le marché. (phrase étendue)

1- La phrase minimale :
La linguistique contemporaine se sert, dans ses descriptions grammaticales, de la notion de phrase
minimale pour désigner une phrase où l’on distingue deux constituants : le syntagme nominal et le
syntagme verbal. La phrase (2) susmentionnée, en dépit de sa longueur, est réductible à une forme
minimale après effacement de tous les éléments facultatifs :
 Une voiture a renversé la marchande.

A- La phrase verbale :
La phrase verbale assertive (déclarative) comporte deux éléments : un sujet représentant en même
temps le « thème », c’est-à-dire l’être ou la chose dont la phrase va parler, et le prédicat, c’est-à-dire
l’ensemble des informations données à propos de ce thème :
jouent
Les enfants seront punis
semblent contents
(thème) (prédicats)

Dans la phrase verbale, le prédicat comporte un verbe qui constitue la catégorie centrale et le pivot
fonctionnel permettant d’organiser en structure complète tous les autres éléments de la phrase.
Considérée dans ses éléments essentiels, la phrase verbale minimale comprend éventuellement,
outre le sujet et le verbe :
 Le complément d’objet, avec un verbe transitif (ses variétés sont le COD, le COI et le COS) :
 Le professeur enseigne la morphosyntaxe à ses étudiants.
 L’attribut, avec un verbe copule : La situation devient difficile.
 Le complément circonstanciel intégré qui entre dans le groupe verbal et présente certains points
communs avec le complément d’objet : Il habite à Fès

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a- La phrase verbale à verbe impersonnel
Dans ce type de phrases, le verbe reçoit comme seul sujet possible un pronom invariable (il) ne
renvoyant à aucune personne et ne représentant aucun élément : il neige, il pleut, il tonne, il fait
chaud…
Quelques verbes impersonnels peuvent prendre la forme personnelle :
 Les coups pleuvaient ; Le canon tonne.
Sous la forme impersonnelle s’énoncent, non seulement des phénomènes naturels, mais des idées
abstraites :
 Il faut du courage, Il convient de se décider, ou Il importe…
Certains verbes et locutions impersonnels sont obligatoirement suivis d’un élément qui les complète.
Ils servent à présenter un événement, à en poser l’existence :
 Il y a trois livres sur la table.
Ou bien, ils font intervenir des jugements de pensée :
 Il faut étudier cette question ; il ne s’agit pas de se tromper.

b- Les constructions impersonnelles :


Des verbes ordinairement personnels, à la forme active, à la forme passive, à la forme pronominale,
peuvent s’employer impersonnellement :
 Il tombe des étincelles d’eau.
 Il a été perdu un porte-monnaie.
 Cet été, il se produit de fréquents orages.
La construction impersonnelle permet d’insister sur le verbe, c’est-à-dire sur l’action elle-même, en
rejetant le sujet dans l’ombre.
Le verbe pris impersonnellement peut avoir deux sujets, l’un, apparent, qui le précède (il), l’autre
réel qui le suit. Quand le sujet réel n’apparaît pas nettement, c’est que nous avons affaire à un
gallicisme, c’est-à-dire à une construction propre à la langue française et rebelle à l’analyse :
 Il y a vingt ans de cela…/ - Vous avez tout ce qu’il vous faut
Remarque :
Jadis les verbes impersonnels s’employaient sans pronom et cette forme ancienne se conserve dans
les locutions toutes faites telles que : Plaise à Dieu ; -- Peu s’en faut ; --Mieux vaut se taire;-- Reste à
dire ; -- N’importe…

B- La phrase verbale attributive


La phrase verbale attributive comporte un sujet ou un objet qui sont liés à un nom, un adjectif,… par
l’intermédiaire d’un verbe particulier appelé verbe attributif.
A travers ce verbe, on attribue au sujet ou à l’objet une qualité, une manière d’être ou encore une
identité. Il existe ainsi des attributs du sujet et des attributs de l’objet.
L’attribut apporte enfin l’information essentielle de la phrase.

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a- Les verbes attributifs
L’attribut peut être relié au sujet par :
-Le verbe être : il est éloquent
-Les verbes d’état, avec toutes les variantes possibles qui marquent :
 L’apparence : paraître, sembler, avoir l’air, se montrer, passer pour, se révéler, s’avérer, faire,
constituer, etc. : Il paraît éloquent / Elle fait très jeune.
 La persistance ou le changement dans l’état : rester, demeurer, devenir, se trouver, tomber, etc. :
Il est tombé malade.
 Le titre et l’appellation : s’appeler, se nommer, se constituer, être nommé, être élu, être appelé,
être jugé, etc. : il a été nommé ministre / Il s’est constitué prisonnier.
 Certains verbes d’action à l’idée desquels l’esprit associe implicitement l’idée du verbe être :
partir, mourir, vivre, naître, dormir, s’arrêter, etc. : il est reparti dépité.
L’attribut peut être relié à l’objet par :
 Des verbes de jugement ou d’appréciation : juger, trouver, estimer, considérer comme, regarder
comme : je le trouve très sympathique
 Des verbes indiquant un changement d’état : laisser, rendre, faire, etc. : Cela l’a rendu malheureux
 Des verbes donnant un titre ou une dénomination : proclamer, nommer, élire, traiter de, appeler,
etc. : on l’a élu président

b- Nature de l’attribut :
- L’attribut de sujet :
La nature de l’attribut du sujet est diverse, elle peut être :
 Un nom : l’homme est un animal
 Un pronom : qui êtes-vous ? charmante, elle l’a toujours été.
 Un adjectif ou un participe passé: l’homme est mortel/ la chambre semble ouverte
 Un groupe prépositionnel : son chapeau est de travers/ il est resté sans voix
 Un infinitif : partir, c’est mourir un peu
 Proposition relative : je ne suis pas qui vous croyez
 Proposition conjonctive : la règle est que l’un mangera l’autre
 Adverbe à valeur adjectivale : ce garçon est très bien

- L’attribut de l’objet
La nature de l’attribut de l’objet est limitée, on peut rencontrer :
 Un nom : le peuple élut Cicéron consul
 Un pronom : je le considère comme celui qu’il nous faut.
 Un adjectif ou un participe passé : je juge ces mesures insuffisantes
 Un groupe prépositionnel : je l’ai trouvé en paix
 Une proposition relative : je le vois qui attend/ j’ai les mains qui tremblent

c- Place de l’attribut
• L’attribut du sujet

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Il se place le plus souvent après le verbe. Il peut cependant le précéder dans les principaux cas
suivants :
- Dans les tours d’exclamation, d’interrogation :
 Quel homme merveilleux il est devenu !
 Qui est cet homme ? Qu’est-il devenu ?
- Lorsque l’attribut prend la forme des pronoms le ou que ou de l’adjectif tel :
 Voilà l’homme que tu es devenu
 Telle est ma décision
 Charmante, elle le semble
- Pour une raison de style (mettre en relief l’attribut) :
 Tendre est la nuit
 Béni sois-tu pour la gentillesse
• L’attribut de l’objet
- Il suit généralement l’objet. C’est le cas le plus fréquent :
 Je trouve ton ami charmant
- Il le précède quand il est plus court que l’objet :
 Je trouve curieux qu’il ne soit pas venu
 J’avais cru préférable de ne pas venir

d- Typologie des constructions à attribut :


- La construction de l’attribut se fait le plus souvent d’une manière directe :
 Il paraît fatigué / je le trouve fatigué
- Cependant, l’attribut est parfois introduit par une préposition (de, en, pour, comme.. .) :
 Il a l’air d’un grand nigaud / On l’a pris pour chef
 Il est traité d’idéaliste / On le considère comme coupable

C- La phrase non verbale


Par opposition à la phrase verbale, elle sera une phrase dont le prédicat ne comporte ni verbe ni
copule :
 Extraordinaire, cette histoire.
Dans cette phrase assertive (déclarative), le verbe qui assume normalement la prédication est
absent. C’est plutôt l’adjectif qui assure le rôle du prédicat.
Outre la déclaration, la phrase non verbale peut exprimer d’autres modalités d’énonciation. Elle peut
être impérative (Silence !), interrogative (La chaleur ?) ou exclamative (Dieu ! Mon ami !).
La phrase non verbale est employée en français moderne notamment dans le domaine journalistique
et administratif : La crise gouvernementale / Une route meurtrière / Salle d’attente luxueuse et
moderne / silence !

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De par sa brièveté et sa souplesse, elle constitue un outil très important permettant d’exprimer un
grand nombre d’idées à l’aide d’un petit nombre de mots.
Nous ajoutons quelques remarques à cette caractéristique sommaire : la phrase non verbale
correspond à une phrase comportant un terme qui peut être :
 L’auxiliaire être : La liberté, un beau mot à La liberté est un beau mot
 L’auxiliaire avoir : L’homme de tempérament colérique à L’homme a un tempérament
colérique / L’homme est d’un tempérament colérique
 Un présentatif : La bévue d’un responsable à c’est la bévue d’un responsable
 Un verbe obtenu par transformation : L’échouage d’un navire à le navire a échoué
La phrase non verbale constitue une assertion dont le caractère est intemporel et impersonnel car,
portant sur un terme réduit à un seul contenu sémantique, elle ne peut mettre en rapport le temps
de l’événement avec le temps du discours sur cet événement. Ainsi, selon son rapport avec
l’énonciation elle « peut prendre une valeur générale ou au contraire particulière ». (Grammaire
méthodique du français, p.764)
1- La phrase non verbale à un seul terme :
Certaines phrases non verbales sont formées d’un seul terme comportant uniquement le prédicat.
Ce terme peut être :
 Un seul nom : échec ! Thé !
 Un groupe nominal : bon courage !
 Un groupe prépositionnel : au secours !
 Un adverbe : amicalement/ dehors !
Dans ce type de phrases, le sujet est implicite. Il est identifiable à partir des indications fournies par le
contexte linguistique ou la situation d’énonciation.
2- La phrase non verbale à deux termes :
On trouve également des phrases non verbales à deux éléments, c’est-à-dire constituées de deux
blocs juxtaposés et qu’on peut relier grâce à un verbe copule :
 Joli, ce caftan à ce caftan est joli
 Victor Hugo, un grand écrivain à Victor Hugo est un grand écrivain
Le premier bloc correspond généralement à un groupe nominal alors que le second peut avoir
plusieurs formes :
 Un adjectif : Stationnement interdit.
 Un infinitif : Un terrain à vendre.
 Un groupe prépositionnel ou adverbial : Le secteur public en grève.
 Un groupe nominal : Fès, capitale spirituelle.
 Une interjection : Casablanca, bof !
Dans ces exemples, le groupe nominal qui est placé au début constitue le sujet de la phrase; par
contre, l’autre élément, postposé, détient le rôle du prédicat.
Mais cet ordre, notamment à l’oral, peut être inversé. Le groupe nominal se trouve à la seconde
place ; le prédicat étant antéposé :
 Extraordinaire, cette histoire ! / Un danger, cette tentative.

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 A vous l’honneur. / Impossible d’accepter cette offre.

D- La phrase étendue
La phrase 2 susmentionnée :
 L’année dernière, une voiture rouge a renversé la courageuse marchande des quatre saisons
qui vend des légumes, tous les matins, sur le marché.
peut être qualifiée de phrase étendue dans la mesure où l’on peut la considérer comme le résultat de
l’ajout d’un ensemble d’éléments facultatifs aux éléments essentiels de la phrase minimale : Une
voiture a renversé la marchande.
Les différentes additions se situent à différents niveaux de la structure hiérarchique de la phrase :
Certains compléments apparaissent à côté du SN sujet et du SV sans être nécessaires à leur
cohérence syntaxique. Ils se caractérisent par leur mobilité et le cumul avec d’autres compléments.
On les appelle traditionnellement compléments circonstanciels :
 L’année dernière, une voiture a renversé la marchande.
D’autres éléments facultatifs tels que rouge, courageuse, des quatre saisons s’adjoignent au
syntagme nominal sujet, ou aux autres SN de la phrase ou bien s’y apposent :
 Une voiture rouge a renversé la courageuse marchande
 Une voiture rouge a renversé la courageuse marchande des quatre saisons
 Une voiture Peugeot a renversé la marchande.
Ces différents éléments facultatifs (adjectif épithète, complément du nom, apposition et autres) sont
appelés expansions du nom.
Enfin, le syntagme verbal peut contenir, outre les compléments essentiels, des compléments
facultatifs de type prépositionnel ou adverbial servant d’expansions.
1- Les expansions du groupe nominal :
a- L’épithète
L’épithète qualifie un nom. Elle est placée avant ou après lui:
 Une grande maison silencieuse.
L’épithète est souvent un adjectif, mais peut être un participe ou un groupe participe:
 Une maison couverte d’un manteau de lierre.
Quand l’épithète qualifie directement le nom, c’est une épithète liée. Quand elle est séparée du
nom et du reste de la phrase par une virgule, c’est une épithète détachée:
 Mystérieuse, la maison se dissimulait derrière un rideau d’arbres.

b- Le complément du nom
Le complément du nom complète un nom auquel il est relié par une préposition (de, à, en, sans,
pour, …). Il peut être un nom, un GN, un pronom ou un infinitif :
 Un livre de contes / Un livre pour tous / Le plaisir de lire

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c- La proposition subordonnée relative
Elle fait partie d’un GN. Elle complète un nom ou un pronom appelé antécédent. Elle est introduite
par un pronom relatif : J’ai reçu une lettre d’un ami dont je n’avais plus de nouvelles.
d- L’apposition
L’apposition désigne la même personne ou la même chose que le nom ou le pronom auquel elle se
rapporte. Elle en est généralement séparée par une virgule ou par deux points. Elle peut être un
nom, un GN ou un infinitif:
 Léonard de Vinci, cet artiste et inventeur de génie, est mort à Amboise.
 Mon chat se livre à sa principale occupation: dormir

2- Les modifieurs du verbe

a- Le complément d’objet
Le complément d’objet est un complément essentiel du verbe. On ne peut donc ni le supprimer ni le
déplacer.
- Le complément d’objet direct
Le complément d’objet direct (COD) complète le verbe sans l’intermédiaire d’une préposition:
 La lune éclaire la prairie.
- Le complément d’objet indirect
Le complément d’objet indirect (COI) complète le verbe par l’intermédiaire d’une préposition: à, de,
en, sur, …: Nous comptons sur vous.
- Le complément d’objet second
Certains verbes peuvent être complétés par deux compléments d’objet:
Un COD (plus rarement un COI) et un autre complément qui est appelé complément d’objet second
(COS). Ce complément est introduit par une préposition: à, de, pour, …:
 Sophie a présenté sa cousine à ses amis.
- La nature grammaticale des compléments d’objet
Un complément d’objet peut être un nom, GN, un pronom, un infinitif, un groupe infinitif, une
proposition subordonnée.
 Il espère réussir. Il en rêve, mais sait que ce sera difficile.
Remarque:
Un verbe suivi d’un COD est dit verbe transitif direct. Un verbe suivi d’un COI est un verbe transitif
indirect. Un verbe qui n’admet aucun complément d’objet est dit intransitif: dormir, gémir…
b- Les compléments circonstanciels
-Le rôle des compléments circonstanciels
Les compléments circonstanciels précisent les circonstances qui entourent le fait exprimé. Ce sont
des constituants facultatifs de la phrase: ils peuvent donc être déplacés ou supprimés.

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Un événement étonnant se produisit en juin à En juin, un événement étonnant se produisit à un
événement étonnant se produisit.
-Les circonstances exprimées
On identifie un complément circonstanciel en posant une question précise.
 Le temps: quand? (date, moment), pendant ou depuis combien de temps? (durée), à quelle
fréquence, (fréquence) : Pendant deux heures, il n’a cessé de parler. (durée)
 Le lieu: où? (localisation ou déplacement), d’où? (point de départ), par où? (passage):
Des oiseaux s’envolent de tous les arbres. (Point de départ)
 La cause: à cause de quoi? Pour quelle raison? : le chiot tremble de froid.
 Le but: dans quel but? : je cherche des idées pour faire ma rédaction.
 La manière: de quelle manière? : on nous a rapidement donné une réponse.
 Le moyen: avec quoi? Au moyen de quoi? : il a sculpté un meuble avec un canif.
 L’accompagnement: avec qui? En compagnie de qui? : elle se promène avec Cécile.
- La nature grammaticale des compléments circonstanciels
Un complément circonstanciel peut être :
 Un nom, un GN, un pronom, avec ou sans préposition: avec toi, je n’ai pas peur.
 Un infinitif ou groupe infinitif: il fait des grimaces pour nous faire rire.
 Un adverbe : longtemps, les randonneurs cherchèrent leur chemin.
 Un gérondif: nous avons appris la nouvelle en écoutant la radio.
 Une subordonnée conjonctive: dès que les portes s’ouvrirent, la foule se précipita.

II- Les types de phrases simples


1- Les modalités des phrases
Les modalités des phrases regroupent les diverses variations qui, affectant la phrase en son entier,
déterminent l’attitude de l’énonciateur à l’égard du contenu notionnel évoqué.
Lorsque cet énonciateur prend la parole, quatre possibilités s’offrent à lui : ou bien il apporte une
information donnée pour vrai, ou bien il interroge, ou bien il commande, ou bien il exprime une
réaction affective face à la situation considérée.
Toute phrase est obligatoirement caractérisée par une de ces quatre possibilités, et une seule:
Il y a donc quatre modalités d’énonciation qui sont exclusives les unes des autres:
a- La modalité assertive ou déclarative
b- La modalité interrogative
c- La modalité impérative
d- La modalité exclamative

A- La modalité déclarative
La phrase déclarative transmet au destinataire une information ou une explication dont le contenu
est considéré comme vrai pour l’énonciateur. Dire le train part implique je crois que le train part.
La phrase déclarative, comme les autres types de phrases, peut être verbale ou non verbale:
 J’accepte / D’accord.
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a- Intonation et ponctuation :
La phrase déclarative se caractérise généralement par une intonation dite « circonflexe »: mélodie
d’abord montante puis doucement descendante, le point le plus bas de la voix marquant la fin de la

phrase : Le train partira dans quelques instants ( ).


À l’écrit, la phrase déclarative se termine par un point ou des points de suspension.

b- Ordre des mots :


Généralement l’ordre des mots dans la phrase déclarative suit le schéma suivant : sujet – verbe –
compléments d’objet : Amir a offert un cadeau à sa mère
Cet ordre peut être modifié pour diverses raisons:
 Dans la salle règne un calme. Cette fille, je la connais (mise en relief)
 Amir, m’a-t-on dit, voyagera demain (incise marquant une rupture syntaxique)
 Amir leur en a offert. (les pronoms COD et COI sont placés avant le verbe)

c- La déclaration et l’actualisation temporelle et personnelle


Le verbe de la phrase déclarative doit être employé à un mode personnel actualisant dans la mesure
où les conditions de vérité doivent être précisées. D’où le recours à l’indicatif dont les temps
permettent d’assurer précisément le repérage temporel.
De même, le cadre personnel est également indispensable à l’actualisation de l’énoncé déclaratif. Les
personnes de l’énonciation (je/tu, nous/vous) ou de la troisième personne doivent être
explicitement indiquées.

B- La modalité de l’interrogation
La phrase dont la modalité est interrogative met en question le message qu’elle transmet. Cette
mise en question peut se faire de deux manières:
- Une demande de confirmation globale : Amir est-il parti?
- Une demande de complément d’information: Quand est-il parti?
On distingue ainsi deux types d’interrogation, l’interrogation totale et l’interrogation partielle :
L’interrogation totale: elle porte sur tout le contenu propositionnel de la phrase et demande une
réponse par oui ou par non: Aimez-vous ce film? Oui.
L’interrogation partielle: elle porte sur un élément (une partie) de la phrase qu’elle appelle en
réponse: SN, S PREP, S ADJ, S ADV (jamais sur un le SV):
 Qui est parti? Quand est-il parti? Comment est-il parti?
L’interrogation partielle réclame une réponse circonstanciée:
 Comment Amir est-il parti? À vélo.
À cette distinction fondamentale, on peut ajouter deux autres formes:

- L’interrogation mixte, marquée par l’emploi du présentatif c’est ….que/qui, est en même temps
partielle et totale: Est-ce Amir qui est parti?

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Elle est partielle dans la mesure où la question porte sur un élément de la phrase (réponse: non, c’est
Karim). Elle est également totale étant donné qu’il n’y a pas un mot interrogatif et qu’on est obligé
de répondre par une confirmation : oui/non).

- L’interrogation alternative qui contient au moins deux éléments coordonnées par ou alternatif
et demande, comme réponse, d’en choisir un : Préfères-tu les bananes ou les fraises ?
Remarque :
On distingue généralement l’interrogation directe et l’interrogation indirecte.
L’interrogation directe est exprimée par une phrase indépendante. Elle se caractérise par une
intonation interrogative et se termine par un point d’interrogation : avez-vous lu cet ouvrage ?
L’interrogation indirecte est constituée d’un verbe principal et d’une proposition subordonnée
complément d’objet : je me demande si Amir partira. C’est la subordonnée qui comporte l’objet de
l’interrogation: est-ce qu’Amir partira ?
Dans l’interrogation indirecte, la prononciation est ordinaire et le point d’interrogation n’est pas
marqué. Dans notre cours, ne sera examinée que la phrase indépendante de structure interrogative,
c’est-à-dire l’interrogation directe.
a- L’interrogation totale:
Elle se caractérise par une courbe mélodique ascendante, la voix demeure en l’air : Avez-vous
travaillé ? ( )
On distingue trois structures de l’interrogation totale :
i. L’interrogation marquée par l’intonation :
C’est la forme la plus simple de l’interrogation. Elle se rencontre souvent à l’oral. En l’absence de
toute autre marque, l’intonation permet de transformer une phrase de type déclaratif en phrase
interrogative : tu connais le directeur.  tu connais le directeur? L’ordre des mots y est donc
semblable à celui de la phrase déclarative.
ii. L’interrogation avec inversion du sujet :
En plus de l’intonation, le sujet est postposé au verbe. Cette forme d’interrogation est
particulièrement dominante à l’écrit. Deux types d’inversion du sujet doivent être distingués, selon
la nature du sujet :
Inversion simple, avec les pronoms personnels, le pronom indéfini on et le démonstratif ce placés
immédiatement après le verbe d’une forme simple ou après l’auxiliaire dans une forme composée:
 Partez-vous ? A-t-on parlé ? Est-ce vrai ?
L’inversion de ‘je’ est courante avec certains verbes (puis-je, que fais-je, suis-je, dirai-je) mais paraît
un peu bizarre dans certains emplois ironiques comme chanté-je ? Me trompé-je ? Aimé-je ?
Un « t » de liaison « euphonique » a été étendu, à partir du XVIe siècle, à la 3 e personne du singulier
terminée par une voyelle à l’instar des verbes qui terminent par un –t (choisit-il, voit-il) : termine-t-
elle ? A-t-il changé ?
Inversion complexe dans les autres cas, le sujet reste à gauche du verbe, mais il est repris après ce
verbe par un pronom personnel (il/ils, elle/elles) qui s’accorde avec lui : Amir partira-t-il ?

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iii. L’interrogation avec est-ce que
Cette construction qui contient déjà en son sein une inversion (est-ce que à c’est que), permet de
maintenir l’ordre canonique de la phrase déclarative. Cette forme est employée aussi bien à l’écrit
qu’à l’oral. Associée à l’intonation, elle apparaît seule : est-ce que vous êtes satisfaits ?
b- L’interrogation partielle
Dans l’interrogation partielle, l’intonation est descendante, on démarre sur une tonalité haute puis
la voix redescend:
 Quel est votre chanteur préféré ? ( )
Mais si le mot interrogatif est placé en fin de phrase (comme à l’oral), la courbe est alors ascendante:

 Il est parti quand ? ( )


Dans l’interrogation partielle, figurent diverses classes de termes (déterminants, pronoms, adverbes
interrogatifs) qui, associés ou non à l’inversion du sujet, portent sur un élément de la phrase.
- Interrogation portant sur un constituant essentiel
i. L’interrogation sur le sujet:
Elle se fait par le biais de qui, que, quel+nom ou lequel.
Le pronom Qui intervient pour un sujet animé. Le verbe qui suit doit être au singulier:
 Qui est parti ? *sont partis ?
Le pronom que n’intervient que dans certaines expressions toutes faites : que vous semble? Que
m’importe? Mais que n’est pas un véritable sujet (le sujet grammaticale ‘il’ est absent).
Quand la question porte sur le sujet, l’ordre est le même que dans la phrase déclarative : qui t’a parlé
de cela ?
ii. L’interrogation sur l’attribut
Elle s’exprime au moyen de qui, que, quel, lequel. Le sujet est placé après le verbe selon le principe
de l’inversion simple (sans reprise du pronom) :
 Qui est cette femme ? Laquelle de nous deux est Isabelle ? Que serais-je sans toi? (Aragon).
Quel est généralement employé comme attribut pour questionner sur l’identité du sujet et que sur sa
qualité.
Quel, lorsqu’il se rencontre seul, est employé pour les non-animés : quelle est cette maison ? Mais il
peut alterner avec qui dans cet emploi quand il s’agit de poser la question sur l’identité d’un sujet
désignant une personne: qui/quel est cet homme ?
Si le sujet est un pronom personnel, seul qui est possible: qui êtes-vous ?
iii. L’interrogation sur le complément d’objet direct
Elle est formulée avec les mots interrogatifs qui, que, lequel, ou quel+nom. L’inversion du sujet se fait
comme suit:
Il y a postposition quand le sujet est un pronom personnel ou un nom:
 Qui aimez-vous ? Que lisez-vous ? Que lit l’élève ?

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Avec qui, lequel et quel+nom complément d’objet, la postposition est soit simple soit complexe.
Autrement dit, le sujet est soit placé après le verbe soit maintenu à gauche du verbe et repris à droite
de ce dernier par un pronom:
 Qui aide Amir ? – Quel prix a remporté Taher Ben Jelloun ? - Lequel de ces deux films a vu Amir ?
 Qui Amir aide-t-il ? – Quel prix Taher Ben Jelloun a-t-il remporté ? - Lequel de ces deux films Amir
a-t-il vu ?
Que est remplacé par quoi lorsqu’il s’agit d’une phrase interrogative à l’infinitif:
 Quoi dire ? Quoi faire ?
iv. L’interrogation sur un complément prépositionnel essentiel
Elle est exprimée par qui, quoi, lequel ou quel+nom précédés d’une préposition (à, de, par, …)
Il y a inversion quand le sujet est un pronom personnel : à qui parles-tu ?
L’inversion est soit simple (a) soit complexe (b) quand le sujet est un nom ou un pronom autre que
les pronoms personnels:
(a) À quoi sert un cours ? De quelle matière est composé ce produit ? À qui est destiné ce discours ?
(b) À quoi un cours sert-il ? De quelle matière ce produit est-il composé ? À qui ce discours est-il
destiné ?
Si le verbe est transitif ou attributif, seule l’inversion complexe est possible puisqu’il est difficile de
faire suivre au verbe deux groupes nominaux syntaxiquement différents: *À qui a offert Amir ce
cadeau ? On dit plutôt : À qui Amir a-t-il offert ce cadeau ?
v. Interrogation avec les formes renforcées qui / qu’est-ce qui / que
Elles permettent d’indiquer plus précisément le type de référent et la fonction occupée. Les premiers
pronoms opèrent une distinction sémantique (que/ quoi = non animé; qui= animé). Les seconds qui
sont des pronoms relatifs effectuent une distinction syntaxique (qui =sujet; que = compléments). On
obtient quatre possibilités:
 Qui est-ce qui …: animé et sujet
 Qui est-ce que …: animé et objet
 Qu’est-ce qui …: non-animé et sujet
 Qu’est-ce que …: non-animé et objet/attribut
Ces expressions se rencontrent plus souvent à l’oral, étant donné que, ne comportant pas en leur
sein l’inversion du sujet, elles permettent de garder l’ordre des constituants de la phrase déclarative:
 Que fais-tu ? Qu’est-ce que tu fais ?
Elles permettent également de lever l’ambiguïté engendrée par l’emploi du seul pronom interrogatif:
Qui aime Amir ? On serait plutôt tenté de dire: Qui est-ce qu’Amir aime ? Ou qui est-ce qui aime
Amir ?
- L’interrogation sur les circonstants
Elle est formulée à l’aide d’adverbes portant sur les circonstances de l’action selon la valeur qui leur
est attachée: cause (pourquoi), nombre (combien), manière, moyen (comment), temps (quand), lieu
(où).

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Avec les adverbes comment, pourquoi, combien, quand, et où, l’inversion est simple si le sujet est un
pronom personnel, on ou ce:
 Pourquoi venez-vous? / Comment allez-vous ? / Où vend-on ces robes?
Dans les autres cas, l’inversion complexe est possible, quelle que soit la construction du verbe:
 Comment Amir a-t-il raté l’examen ?
Si le verbe n’appelle pas un complément d’objet, l’inversion simple demeure possible:
 Comment va Amir ?
Pourquoi est accompagné uniquement de l’inversion complexe :
 Pourquoi Amir rit-il ? *Pourquoi rit Amir ?
Ici encore, l’interrogation peut être renforcée par le recours à la locution « est-ce que » qui, placée
après le mot interrogatif, permet d’éviter l’inversion du sujet: quand est-ce que Samir partira?
- L’interrogation à l’infinitif
Généralement, le mode employé dans les phrases interrogatives est l’indicatif, mais on peut
rencontrer aussi l’infinitif qui permet de poser une question uniquement sur le complément d’objet
et les circonstants : Que faire? Où partir ? Comment s’y prendre ?
Remarque: la question posée avec l’infinitif ne peut jamais porter sur le sujet parce qu’il est absent.

C- La modalité de l’injonction :
Dans l’énoncé de type injonctif ou impératif, l’énonciateur veut agir sur l’énonciataire pour obtenir
de lui un certain comportement. L’expression de cette volonté apparaît sous diverses nuances :
ordre, prière, requête, conseil, souhait, etc. Cet énonciateur cherche ainsi à influer sur la conduite du
destinateur, soit directement, en transmettant à celui-ci un ordre (sors!), soit indirectement à travers
l’emploi de la troisième personne visant la réalisation de cet ordre à un tiers extérieur au dialogue
(qu’il sorte !).
La défense est exprimée par la négation à deux éléments (ne…pas/plus…): ne parlez pas/ ne pas
fumer.
1- Morphosyntaxe de l’injonction:
a- Marque prosodique:
Associée souvent à l’impératif, la phrase injonctive est marquée par une courbe mélodique
fortement descendante: Sortez ! Maintenant !
Cette intonation peut se placer sur n’importe quelle structure de phrase :
 Phrase sans verbe : Dehors ! / Silence !
 Phrase déclarative, au futur ou au présent de l’indicatif : Tu sortiras !
 Phrase interrogative impliquant un ordre ou une demande : Pouvez-vous m’aider ?
À l’écrit, elle se marque, selon le cas, par un point ou par un point d’exclamation.
b- Les modes verbaux
L’injonction s’exprime généralement par trois modes dont le choix dépend du récepteur de l’ordre:

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L’impératif : à travers ses trois formes (va, allez, allons), il permet d’exprimer un ordre adressé à un
interlocuteur ou à soi-même. Mais ce mode est considéré comme lacunaire dans la mesure où il est
limité en personnes et exprimé sans groupe nominal sujet.
Le subjonctif : précédé de que, il est employé à la première et à la troisième personnes (que je parte/
qu’il parte/ qu’ils partent) pour lesquelles l’impératif est exclu. Il permet d’exprimer un ordre
transmis par un tiers à quelqu’un étranger au dialogue: Qu’il vienne demain à cinq heures !
L’infinitif : comme mode non personnel et non temporel, il permet d’exprimer un ordre adressé à un
destinataire non spécifié: Ralentir.
c- Modulation de l’injonction
i- Renforcement de l’injonction
L’énoncé de type injonctif peut être renforcé par :
 Un nom mis en apostrophe interpellant le destinataire auquel est adressé l’ordre : Amir,
prends ton stylo et écris !
 Une interjection : Eh bien sois courageux !
 Un adverbe postposé : Approche-toi un peu !

ii- Atténuation de l’injonction :


L’énonciateur peut atténuer la force de sa demande par le recours à plusieurs formules de politesse :
S’il vous plaît/ je vous prie / veuillez avoir l’amabilité de…

III- Les formes de phrases simples:


À chacune des trois modalités susmentionnées peuvent s’adjoindre d’autres modalités appelées
généralement formes de phrases. Ces formes ne s’excluent pas mutuellement; elles peuvent donc se
combiner entre elles. On distingue plusieurs formes de phrases:

 La phrase affirmative/ La phrase négative


 La phrase active/ La phrase passive
 La phrase neutre/ La phrase emphatique

1- La phrase affirmative/ La phrase négative


La négation consiste à nier, c’est-à-dire à inverser la valeur de vérité d’un propos. L’énoncé « Amir
n’est pas venu » comporte une valeur de vérité contraire à l’énoncé affirmatif « Amir est venu » ; si
l’un est vrai, alors l’autre est faux.
Le fonctionnement de la négation linguistique est particulièrement complexe : non seulement elle
peut avoir une portée très variable, mais encore la présence d’un marqueur de négation ne suffit pas
à conférer une valeur négative à un énoncé.
La langue dispose d’un ensemble d’outils, constitués en système, qui permettent d’exprimer la
négation. Elle le fait généralement selon deux dimensions:

- La dimension grammaticale:
Pour exprimer la négation, la langue recourt à des mots négatifs appartenant à différentes classes
grammaticales :
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a. Les adverbes guère, jamais, nullement, nulle part auxquels s’ajoutent les anciens noms pas et
point.
b. Les pronoms personne et rien référant respectivement à l’animé et à l’inanimé
c. Les déterminants nul, aucun, placés devant le nom qu’ils déterminent.

- La dimension lexicale
Pour exprimer la négation, la langue dispose d’autres moyens que les mots négatifs. Dans sa
dimension lexicale, elle est exprimée par l’opposition de mots de sens antonymique :
a. Des mots morphologiquement différents : mourir/vivre
b. Des mots liés par dérivation : approprié/inapproprié
c. Antonyme formé par un mot négatif (non/pas): Chalet cher/pas cher, La Correspondance/La
non-correspondance.

A- Morphosyntaxe de la négation
a- Fonctionnement:
En français, la négation repose sur la combinaison obligatoire d’un élément ne précédant le verbe et
lançant l’impulsion négative de la phrase et d’un autre élément (pas, point, plus, etc.) appelé
forclusif, permettant de fermer le mouvement négatif.
Ce mouvement négatif peut se réaliser de deux façons:
- Soit on excepte, ou bien on fait sortir un élément du mouvement négatif. Pour ce faire, on
recourt au mot que qui permet de poser l’élément exclut de la négation:
 Il n’aime que ses parents (Il n’aime personne, sauf (ou sinon) ses parents)
- Soit on ferme complètement le mouvement négatif en employant plusieurs forclusifs qui
montrent que la négation est forclose, c’est-à-dire verrouillée:
 Il n’aime pas les voisins.

b- Place des mots négatifs


Ne …pas/plus/jamais,…encadrent le verbe à la forme simple. S’il est composé, ils encadrent les
pronoms compléments et les auxiliaires :
 Ils ne parlent pas. / Je ne le lui ai pas donné.
Personne, aucun+nom et nulle part sont placés après le participe et non après l’auxiliaire:
 Je n’ai rencontré personne/ aucun étudiant
 Je ne l’ai trouvé nulle part.
Rien se comporte comme pas (il n’a rien dit), mais s’il est précédé d’une préposition, il se place après
le participe passé : Il n’a parlé de rien.
Avec un verbe à l’infinitif présent, ne pas/plus…sont placés en bloc devant cet infinitif:
 Il bosse pour ne pas échouer.
Aucun+nom, rien, personne, nul précèdent le verbe quand ils sont employés comme sujet :
 Personne ne s’est absenté. / Rien ne le motive. / Nul n’est infaillible. / Aucun élève n’est venu.

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c- Emploi des mots négatifs
• Pas et point:
Considérés comme les deux termes principaux de la négation, pas et point étaient employés à
l’origine comme substantifs ayant une valeur positive, avant de devenir des négatifs à part entière
désignant la quantité nulle.
En français moderne, ces deux termes ne sont pas différenciés. On est plutôt enclin à considérer
point comme la variante archaïque ou littéraire de pas.
Employés notamment en corrélation avec ne, ils indiquent une négation totale :
 Il ne se sent pas bien. / Vas je ne te hais point.
Employés sans ne, ils ont une valeur proche de celle de « non » sauf à faire remarquer que pas, par
opposition à non et point, doit être complété par un autre terme surtout dans les réponses :
absolument pas, pas du tout, pas trop, pas encore…
Dans une phrase non verbale, pas et point permettent de nier l’existence du terme qui les suit .Ce
terme peut être:
• Un adjectif: pas célèbre;
• Un adverbe : pas maintenant.
• Un nom : pas la moindre chose; pas de chance;
• Un pronom : pas vous.
• Guère et plus:
Ces forclusifs jouent, par rapport à pas et point, le rôle de variantes aspectuelles :
Plus découpe l’enchainement temporel en distinguant un antérieur et un postérieur :
 Il ne fume plus (présuppose Il fumait auparavant).
Le postérieur peut être explicitement situé dans le futur : Je ne commettrai plus de telles bêtises.
Plus peut porter sur :
 Un verbe: Amir ne les aime plus.
 Un adjectif : il n’est plus engourdi.
 Un adverbe: il ne va plus bien.
À l’instar de pas, plus peut être employé seul dans une phrase non verbale pour nier un terme
évoqué antérieurement : Plus de bonheur ! Plus de joie !
Guère indique une quantité minime (= peu pas souvent, pas beaucoup) : On ne trouve guère de gens
de bon sens. Le propos n’est pas complètement nié. Mais, il faut noter que guère peut être employé
dans un sens litotique pour faire comprendre le plus en disant le moins:
 On ne trouve pas du tout des gens de bon sens.
Le comportement syntaxique de guère ressemble à celui de plus:
 Il ne l’apprécie guère, il n’est guère intelligent, il ne parait guère mieux.
• Jamais, nulle part, personne, nul, rien, aucun

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Ces forclusifs ont la particularité d’être employés comme mots pleinement négatifs ou comme mots
conservant une valeur positive. De même, ils peuvent se combiner entre eux sans affecter
l’interprétation de la phrase : avez-vous jamais rien vu d’aussi bête ?
Jamais situe la négation dans un intervalle de temps plus ou moins étendu : Il ne fume jamais.
Nulle part la situe dans l’espace : Je ne trouve cette clef nulle part.
Aucun, nul, personne et rien expriment la quantité nulle. Associés à la particule ne, Ils permettent de
nier l’existence d’un référant (animé pour personne et nul, inanimé pour rien) dans un domaine de
référence donné ou dans l’absolu :
 Nul n’est censé ignorer la loi. / On n’entend nul bruit. / Je n’ai rencontré personne.
 Aucun n’est venu. /Aucun étudiant n’est venu. / Je n’ai rien à vous dire.
Ces mots négatifs peuvent être employés même en l’absence de ne tout en gardant une valeur
négative :
- Dans la réponse à une question :
 Que fais-tu ? – Rien.
 Qui rencontres-tu demain ? - Jamais personne.
 Où l’avez-vous trouvé ? – nulle part.
- Dans les phrases non verbales : Personne dans la maison. / Rien à dire.
- Dans des expressions familières : J’ai jamais vu ça.
Avec une valeur positive, ils permettent de désigner l’indéterminé et peuvent être remplacés dans ce
cas par un terme positif :
- Quand ne exprime seule la négation : Il n’a jamais entendu rien (=quelque chose) d’aussi bizarre.
- Avec des mots ayant un sens négatif : Je refuse (je n’accepte pas) de justifier jamais une telle
décision.
- Dans des phrases interrogatives : Avez-vous jamais rien entendu d’aussi curieux ?
- Avec un comparatif : C’est le plus grand menteur que personne (=quelqu’un) ait vu.
- Dans les structures exprimant la conséquence : Je suis trop intelligent pour rien saisir (=pour
saisir quelque chose).
 L’adverbe « non »
Non a la propriété d’être employé seul sans avoir besoin d’un support verbal :
 Non, centre de la phrase :
Non peut à lui seul représenter négativement toute une phrase. Il fonctionne généralement comme
les deux adverbes « oui » et « si », notamment dans la réponse à une question:
 As-tu rencontré Samir ? – Non.
 Il a réussi, moi non.
Non, peut être associé à plus lorsqu’il reprend une proposition négative : Il a réussi, moi non plus.
Cette caractéristique de reprendre le contenu de toue une proposition lui permet également de
fonctionner dans le second membre d’une alternative : Tu l’as rencontré ou non ?
Non peut aussi exprimer la négation de toute une proposition, dans la phrase interrogative:
 Ce film est extraordinaire, non ?

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Dans cet emploi, non concurrence l’expression n’est-ce pas: Ce film est extraordinaire, n’est-ce pas ?
En tête de phrase, il annonce et renforce une proposition négative : Non, je ne peux pas.
Il peut également remplacer un nom ou une subordonnée conjonctive en fonction de COD:
 Il m’a dit non / Je dis que non
Non peut être lié à l’adverbe seulement (en corrélation avec mais, mais aussi, mais encore) pour
mettre en opposition deux expressions de même structure:
 Non seulement il écrit, mais encore il interprète.
 Non, négation de constituant:
Il ne porte que sur une partie de la phrase à laquelle il s’intègre. Précédé ou non de et, il sert à nier
l’un des éléments constitutifs non verbaux de la phrase: groupe nominal ou prépositionnel, adjectif,
adverbe, pronom… :
 Il a acheté une Peugeot, non une Renault.
 Il a acheté non une Renault, mais une Peugeot.
Dans ces exemples, non remplace les termes identiques effacés dans la deuxième structure (il n’a pas
acheté une Renault). Non alterne donc éventuellement avec non pas.
Non peut porter sur un adjectif, une préposition,…
 Un sauvetage non efficace/ une promesse non tenue /Non sans problème.
Ce rôle lui permet encore de fonctionner comme préfixe notamment devant un substantif :
 La non-violence, un non-lieu.
 L’adverbe ne :
Ne est un adverbe de négation, toujours appuyé sur le support verbal qu’il précède : c’est donc un
mot qui n’a aucune autonomie.
Ne est par excellence le seul mot qui permet de nier et qui suffit à nier. Mais généralement il est
employé en corrélation avec d’autres termes négatifs (ne…pas/point/jamais, etc.).
Ne s’efface souvent dans le langage parlé : J’ai pas dit ça.
Les emplois de ne seul sont limités à des cas particuliers :
 Dans des tours figés (notamment les proverbes) :
 À dieu ne plaise ! / Il n’empêche … / Qu’à cela ne tienne.
 Avec certains verbes, tels oser, cesser, pouvoir, savoir:
 Je n’ose vous dire ma gratitude. / Je ne sais si je peux….
 Avec un si hypothétique : Si je ne m’abuse/ Si je ne me trompe
 Après qui ou quel interrogatif : Qui ne songe à partir ?
 Après que interrogatif ou exclamatif ayant le sens de pourquoi : Que ne le disiez-vous plut tôt ?
 Dans certaines expressions de temps introduites par voilà ou il y a :
 Voilà une semaine que je ne l’ai vu.
 Ne explétif :
Dans le tour dit explétif ne n’a pas d’interprétation négative. Sa présence est facultative. Aussi peut-
on le supprimer : Je redoute qu’il (ne) vienne.

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La subordonnée a un sens positif mais conserve une trace négative implicitement contenue dans le
verbe de la principale (redouter, c’est en fait souhaiter que …ne…pas): Je souhaite qu’il ne vienne pas.
Ce ne explétif se rencontre dans des propositions subordonnées :
-Compléments d’objet d’un verbe marquant le désir négatif (la crainte, l’empêchement, la précaution,
le doute, la négation) :
 Je crains/évite/empêche qu’il ne vienne.
 Prends garde qu’on ne te voie.
 Je ne doute pas qu’il ne réussisse.
-Introduites par les conjonctions de peur que, de crainte que, avant que, moins que. Le procès
introduit par ces propositions est envisagé négativement dans la mesure où il n’est pas encore
réalisé : Vous partez avant qu’il n’arrive (= il n’est pas encore arrivé).
-Introduite par un comparatif marquant l’inégalité ou la différence :
 Il est plus intelligent que ne l’est sa sœur (sa sœur n’est pas aussi intelligente que lui)
 Il est moins rigoureux que tu ne le crois.
L’opinion ou le procès exprimés dans la proposition subordonnée se trouvent négativisés par rapport
à l’idée exprimée dans la proposition principale.
Remarque:
Pour ces emplois explétifs, il semble que la présence de ne soit liée à une disjonction; soit parce que
la subordonnée ne peut être vraie en même temps que la principale, soit parce que le sujet de la
principale espère la non-réalisation de la subordonnée.

• La conjonction ni (négation et coordination)


Ni est une conjonction de coordination qui permet de coordonner deux structures négatives (mots,
syntagmes ou propositions). Elle s’emploie dans l’usage moderne en association avec ne.
Quand il unit deux éléments de la même classe grammaticale, ni doit être répété devant chaque
éléments et le verbe est précédé de ne: Il n’est ni rigoureux ni austère.
Quand il unit deux groupes verbaux, chaque verbe est précédé de ne: Il ne peut ni ne veut accepter.
Ni, la conjonction, présente certaines ressemblances avec les mots négatifs :
Dans les phrases non verbales, elle assume seule la valeur négative: Ni honneur ni bonheur.
Elle peut perdre sa valeur négative, quand elle remplace et ou ou dans une phrase interrogative:
 Avez-vous jamais vu homme plus bon ni plus juste.
Remarque : Ni peut être associé à plusieurs forclusifs (personne, rien, jamais…) mais pas à pas et
point: Il ne voit ni film ni rien.

B- La portée de la négation :
a- La négation totale et la négation partielle
Comme l’interrogation, la négation peut être totale ou partielle.
La négation totale porte sur l’ensemble de la phrase. Elle s’exprime au moyen des forclusifs «pas »
et « point ». Un énoncé comme « je n’ai pas vu Amir » est susceptible d’être lu comme « il est faux
que j’a vu Amir » et s’oppose à l’énoncé positif « j’ai vu Amir ».

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La négation partielle porte seulement sur un constituant de la phrase. Elle est exprimé à l’aide de
forclusifs associés à ne qui permettent d’identifier explicitement la partie de la phrase visée par la
négation. Mais il faut souligner que ces forclusifs sont susceptibles d’être combinés entre eux.
 Personne n’a accepté à Négation portant sur un GN sujet (≠quelqu’un)
 Il n’a rien saisi à Négation portant sur un GN COD (≠ quelque chose)
 Il n’a lu aucun roman de Balzac à Négation du référant du GN (≠plusieurs)
 Il ne travaille à aucun moment/jamaisà Négation d’un CCT (≠souvent/toujours)
 On ne le voit nulle part à Négation d’un CCL (≠partout/quelque part).
Dans le cadre de la négation totale, si le verbe est suivi d’un complément d’objet ou d’un
complément circonstanciel, la négation peut porter uniquement sur ce complément et le reste de la
phrase reste présupposé; dans l’énoncé « il ne l’a pas avec déchirée avec ces ciseaux » implique que
c’est le complément circonstanciel « avec ces ciseaux » qui est nié et l’action exprimée est
présupposée (il l’a déchirée)
Si le verbe est suivi de plusieurs compléments, la négation concerne le dernier complément ; dans
l’énoncé « il ne l’a pas déchiré avec ces ciseaux pour le taquiner », la négation porte sur le
complément circonstanciel.
Dans un énoncé comme « il ne porte pas une veste en soie », la négation peut porter sur plusieurs
éléments de phrase:
 Seul le verbe peut être nié : il ne porte pas une veste en soie mais il aime en avoir une;
 Le complément d’objet : il ne porte pas une veste en soie mais un manteau noir;
 Le complément du nom : il ne porte pas une veste en soie mais en jean.
La négation partielle implique une mise en relief intonative de l’élément nié ou un contexte qui
désambiguïse. La coordination oppositive (avec non pas, mais) et des constructions clivées (en c’est
… que) permettent d’éviter tout équivoque:
 Il porte une veste non pas en soie mais, en jean.
 Ce n’est pas une veste en soie qu’il porte.

b- Problème de quantification:
Quand la phrase comporte des termes quantifiants (tous, beaucoup…) ou des verbes modaux,
l’identification des constituants affectés par la négation ne va pas sans poser problème.
- La combinaison de la négation et de la quantification dans l’énoncé suivant engendre une
certaine ambiguïté: Tous les singes ne sont pas ici.
On peut hésiter entre deux interprétations : soit il signifie que tous les singes sont absents mais
seulement certains d’entre eux c’est-à-dire que la négation porte sur l’ensemble de la
proposition, soit il peut être interprété comme « les singes ne sont pas tous ici » et la négation
dans ce cas porte uniquement sur l’indéfini « tous ».
- Avec certains verbes modaux comme vouloir, devoir, falloir, la négation ne pose pas un
problème d’interprétation. C’est ce verbe qui doit être nié: Il ne doit pas paresser.
Cependant, un énoncé comme « je ne veux pas mourir » qu’on peut interpréter comme « je
n’accepte pas de mourir » doit être distingué de « je veux ne pas mourir » qui correspond à « je

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veux être immortel ». Le premier exprime une volonté négative, par contre le second constitue
l’objet négatif d’une volonté.
- Avec penser et sembler, la négation peut porter sur le verbe lui-même et sur le verbe qui suit
sans aucun changement de sens :
 Il semble ne pas comprendre = il ne semble pas comprendre.
De même dans une phrase complexe comportant un verbe modal, la négation peut porter soit
sur ce verbe soit sur le verbe de la subordonnée :
 Je ne pense pas qu’il partira = je pense qu’il ne partira pas.
Mais, il faut signaler que c’est l’alternance des modes qui permet de renseigner sur la portée de
la négation:
 Je ne pense pas qu’il partira (la négation porte sur le verbe principal)
 Je ne pense pas qu’il parte (la négation porte sur la subordonnée, le locuteur n’intègre pas la
proposition à son univers de croyance)
- Avec des verbes exprimant la possibilité, la nécessité, la permission ou l’obligation, la portée de
la négation varie selon la place de la négation. Ainsi, selon qu’elle porte sur le verbe principal ou
sur son complément, on peut avoir les oppositions suivantes:
 Je ne peux pas écrire/ Je peux ne pas écrire.
 Il n’est pas nécessaire d’écrire / il est nécessaire de ne pas écrire.
 Il ne m’est pas permis d’écrire / il m’est permis de ne pas écrire.
 Je ne suis pas obligé d’écrire / je suis obligé de ne pas écrire

2- La phrase active et la phrase passive


A partir des formes prises par certains verbes, la grammaire distingue traditionnellement deux, voire
trois voix :
 La voix active : Les sujets attaquent le roi Lion.
 La voix passive : Le roi Lion est attaqué par ses sujets.
 La voix pronominale : Les sujets s’attaquent à leur roi.

A- La voix active :
À la voix active, le sujet accomplit l’action exprimée par le verbe et ne la subit pas. L’action d’attaquer
est faite par « les sujets ».
Cette forme est valable pour tous les verbes. Elle constitue donc un modèle de conjugaison pour la
morphologie verbale.
L’actif peut généralement être lié à diverses constructions :
- Verbes transitifs ou intransitifs : Je le plains / Elle marche lentement.
- Forme pronominale : Je me rappelle les beaux jours d’été.
- Forme impersonnelle : Il neige.
Les verbes de la forme active qui ont un complément d’objet direct peuvent se tourner à la forme
passive. La voix active est considérée donc comme référence à la formation du passif.

B- La voix passive

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D’un point de vue morphologique, le passif n’a pas de forme propre, liant seulement le verbe être et
un participe passé. Syntaxiquement, il est décrit généralement comme la permutation du SN sujet et
du complément de verbe. Le COD de la voix active devient sujet de la voix passive. Mais cette
formation est trompeuse, car elle ne prend pas en considération les passifs sans complément d’agent
et les passifs impersonnels.

a- Les formes verbales du passif


Le passif se forme en français avec le verbe « être » employé comme auxiliaire et le participe passé
du verbe en question qui s’accorde en genre et en nombre avec le sujet :
 Napoléon répudia Joséphine  Joséphine fut répudiée par Napoléon
Joséphine, quoique sujet grammatical de la seconde phrase, subit, comme dans la première, la
décision de Napoléon, d’où la forme passive du verbe.
Napoléon continue à agir bien qu’il ne soit plus le sujet grammatical, aussi l’appelle-t-on complément
d’agent.
Le sujet de la voix passive est obligatoire alors que la présence du complément d’agent est
facultative : Joséphine fut répudiée.
Le temps du verbe passif est celui de son auxiliaire. Celui-ci se met au même temps que la forme
conjuguée du verbe de la voix active.
Remarque : Il ne faut pas confondre les formes du verbe passif avec les formes semblables des temps
passés des verbes actifs qui se conjuguent avec être (aller, partir, arriver, entrer, monter, descendre,
tomber,…)
Formes passive Forme active
Présent de l’indicatif : je suis aidé Passé composé : je suis allé
Imparfait : j’étais puni Plus-que-parfait : j’étais parti
Futur : je serai blâmé Futur antérieur : je serai arrivé

D’un point de vue interprétatif, le passif donne lieu à deux lectures qui a priori s’accommodent
difficilement :
-Une valeur résultative impliquant une description d’un état (on indique une propriété pour le
sujet : Joséphine fut répudiée). Le passif ressemble dans ce cas à la structure attributive.
-L’évocation d’un processus, d’un événement grâce au verbe au participe passé : Joséphine fut
sévèrement répudiée par Napoléon
A partir de ces caractéristiques formelles et interprétatives, on est enclin à ne considérer la structure
passive que comme un renversement de la structure active, une sorte de paraphrase tant qu’il s’agit
du même verbe et que les relations entre le sujet et le complément sont identiques dans les deux
phrases.
Cependant, cette présentation s’avère dans les faits bien loin de correspondre à la totalité des
emplois possibles. De nombreux verbes fonctionnent en effet comme autant de contre-exemples.

b- Les verbes passivables


Par définition, les verbes intransitifs ne peuvent se mettre à la voix passive. La passivation concerne
uniquement une partie des verbes existants :

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- Les verbes transitifs directs à l’exception de :
 Avoir, posséder, comporter, contenir…
 Les verbes de mesure (peser, valoir…)
 Les verbes d’odeur (sentir, puer…)
 Beaucoup de locutions verbales (faire les pieds, prendre son temps, prendre la mouche…)

Ces verbes ont en commun d’être difficilement rapportables à un agent, à une instance qui puisse
déclencher un processus, c’est-à-dire jouer le rôle de complément d’agent.
- Les verbes transitifs indirects obéir à et pardonner à.
 L’enfant obéit à son père  Le père est obéi de son enfant.
 Repens-toi et on te pardonnera  tu seras pardonné.
- Certains verbes transitifs indirects et intransitifs de la construction impersonnelle :
 Il sera répondu à chaque question.
 Il n’a pas été toussé une seule fois pendant la projection (Grammaire méthodique du français,
p.733)
- Certains verbes sont employés uniquement au passif :
 Le verbe réputer :
 La femme dans les proverbes marocains est d’office réputée méchante et écervelée.
 Les formes être censé et être tenu à/de
 Nul n’est censé ignorer la loi/A l’impossible nul n’est tenu (Grammaire méthodique du
français, p733)

c- Phrases passives avec complément d’agent :


Les verbes de forme passive sont généralement suivis d’un complément d’agent introduit par les
prépositions par et de. (Nous savons que c’est le sujet de la forme active qui est devenu le
complément de la forme passive).
La préposition de était majoritairement employée en français classique. Par contre, le français
moderne tend à généraliser par qui demeure généralement substituable à de.
Par introduit le complément qui est considéré comme un véritable agent. Il est compatible
notamment avec des verbes dynamiques. Ainsi la phrase Les ouvriers étaient accablés de reproches
par le patron s’interprète comme la version passive de « le patron accablait les ouvriers de
reproches » et non de « Des reproches accablaient les ouvriers (* par le patron)».
De est employé dans le cas inverse et notamment quand le sujet de la voix passive n’est pas
totalement affecté par le procès verbal. Cela concerne certains verbes comme : aimer, admirer,
toucher, connaitre, oublier, précéder, suivre, entourer, etc. :
 Il est aimé de tous.
 Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous…

d- Phrases passives sans complément d’agent


La tournure passive est dite incomplète ou inachevée quand le complément d’agent n’est pas
indiqué : La banque a été dévalisée. / Il a été décidé de diminuer les impôts.
La réalisation du complément d’agent est liée à deux paramètres :

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- Si le verbe est perfectif, le passif incomplet a une valeur résultative.
 La banque est dévalisée/ les copies sont corrigées.
- Si le verbe est imperfectif, le passif a valeur de procès :
 Une solution est cherchée pour ce problème.
 La sémiotique n’est pas enseignée à l’université.
Dans le cas du verbe perfectif, la phrase passive prendra une valeur plus ou moins résultative, plus ou
moins processive. Il suffit en effet d’ajouter des « circonstants » (un agent, une précision de temps ou
de lieu…) pour accentuer le caractère événementiel de l’énoncé. Comparons ainsi :
a. Le bœuf est vacciné.
b. Le bœuf a été vacciné hier.
c. Le bœuf sera facilement vacciné par le vétérinaire.
Dans la phrase (a), on décrit un état, tandis que dans les phrases (b) et (c), il s’agit davantage d’un
événement, lié à divers circonstants.

e- Passif et discours
Le choix de permuter le sujet et le complément d’objet actifs et de laisser la phrase passive
inachevée sans agent indiqué répond le plus souvent à des fins communicatives

i. Le passif incomplet
Dans les tournures passives inachevées, l’énonciateur choisit de ne pas parler du rôle joué par le
sujet de la voix active, considéré comme l’agent responsable du procès évoqué par le verbe :
 Si vous êtes arrêté, ne contestez pas. (Le référent de l’agent est indéterminé)
 La carte d’identité est exigée à l’entrée (on cherche à garder l’anonymat du responsable du
procès)
 La question ne sera pas débattue (président d’un conseil) (l’identité de l’agent identifiable à
partir des connaissances partagées par les interlocuteurs).
Le complément d’agent non exprimé peut être remplacé dans la forme active par le sujet on.

ii. Passivation et progression thématique :


Dans la mesure où elle modifie la position du sujet et de l’objet et permet de ne pas exprimer l’agent,
la passivation affecte l’enchainement de l’information dans le discours.
Dans la progression d’un texte, la passivation met l’objet direct en tête, facilitant ainsi certains
enchainements d’énoncés. Dans : Amir a réussi. Il a été nommé président, Il se trouve en position
initiale, renforçant ainsi la continuité thématique ; Amir et il sont tous deux en position sujet
(progression à thème constant).
Par ailleurs, le passif permet de mettre l’accent sur l’objet ; ainsi dans un titre de journal :
Quatre touristes français sont tués par une bombe plutôt que une bombe tue quatre touristes
français.

f- Autres formes du passif :


La langue dispose d’autres constructions phrastiques qu’on peut interpréter comme passives
pouvant se substituer à la voix passive proprement dite.
Le passif impersonnel

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 Il a été perdu un portefeuille noir (=un portefeuille noir a été perdu)
A la différence du passif, la position sujet est occupée par un il invariable et le complément d’agent
est exclu. Celui-ci reste indéterminé (*il a été trouvé un portefeuille noir par un voisin).
Le passif impersonnel s’emploie fréquemment dans le style administratif : il a été signalé à
l’autorité…, il est interdit de…
Remarque : Il n’est pas nécessaire que le verbe de ces constructions impersonnelles soit transitif
direct comme dans la forme passive canonique : Il a été recouru à l’impôt (*l’impôt a été recouru)
La forme pronominale à sens passif
 Les fruits se vendent cher cette année (= sont vendus)
Les verbes dits neutres
Ce sont des verbes marquant un changement d’état (changer, pourrir, ressusciter, cuir,…) ou dérivés
d’adjectifs (grossir, brunir, durcir, vieillir,…) et pouvant être employés transitivement ou
intransitivement : Les fruits pourrissent / la chaleur pourrit les fruits.
Les périphrases verbales :
Trois périphrases formées des semi-auxiliaires se faire, se voir, se laisser ont un emploi proche de la
voix passive :
 Le député s’est fait/laissé/vu insulté par des manifestants en colère (=des manifestants en
colère ont insulté le député)
Les semi-auxiliaires susmentionnés font de l’objet de la forme active le sujet de la forme équivalant à
un passif.
On rapprochera de la voix passive des verbes et des locutions comme subir, faire l’objet de, être la
cible de, être la victime de, être la proie de,… :
 Ce projet a fait l’objet d’une étude profonde  ce projet a été profondément étudié/ on a
étudié profondément ce projet.
 Amir a subi un accident / Amir a été victime d’un accident.
Les adjectifs en able/ible dérivés d’un verbe transitif :
 Cette phrase est passivable / cette phrase peut être passivée.
Le passif dans les GN
 L’assassinat d’une star de cinéma par la mafia italienne
L’analogie avec une phrase passive apparaît nettement puisqu’on retrouve en effet un complément
d’agent et un GN, l’assassinat, qui est obtenu par nominalisation du verbe transitif :
 Une star de cinéma a été assassinée par la mafia italienne.

3- La phrase emphatique et la phrase neutre


On donne à la phrase la forme emphatique quand on cherche à mettre en relief l’un de ses
constituants. Cette forme de phrase utilise les procédés de la dislocation et de l’extraction employés
généralement à l’oral.

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A- La dislocation :
On peut mettre l’accent sur un mot ou un groupe de mot en le détachant :
 En tête de phrase : il est ensuite repris par un pronom :
 Ce voyage tant attendu, je vais enfin le faire à Noël.
 En fin de phrase : il est alors annoncé par un pronom :
 Je vais enfin le faire à Noël, ce voyage tant attendu.
Un accent d’insistance est ainsi mis sur le mot disloqué à travers une pause marquée graphiquement
par le recours à la virgule.
Du point de vue de l’enchainement thématique, l'élément détaché est le thème de la phrase, car il
représente l'élément connu. Le reste de la phrase apporte l'élément nouveau. Sauf à faire remarquer
que le déplacement en fin de phrase permet, à travers l’annonce pronominale, de mettre en relief le
groupe détaché.

a- La dislocation et types de phrases


Types de phrases Forme neutre Forme emphatique

Phrase déclarative Je partirai le premier. Moi, je partirai le premier.


Phrase interrogative Quand a lieu le concours ? Il a lieu quand, le concours ?
Phrase injonctive Lis ce livre. Lis-le, ce livre.
Phrase exclamative Quelle belle maison ! Qu'elle est belle cette maison !
b- Détachement d’un groupe nominal
Le pronom (personnel ou démonstratif) qui reprend ou annonce le groupe nominal disloqué peut
assumer toutes les fonctions :
 Sujet : le voyage, il (ce/cela) est intéressant ; il (ce/cela) est intéressant, le voyage.
 Complément d’objet direct: cette phrase célèbre, qui l’a prononcée ?/ Qui l’a prononcée, cette
phrase célèbre ?
 Complément d’objet indirect : la validation des modules, l’étudiant en rêve.
La dislocation peut affecter également un pronom et peut porter sur plusieurs composants en même
temps :
 Moi, je partirai le premier. / Eux, ils joueront la pièce et toi, tu la mettras en scène. (Les pronoms
toniques « moi, eux et toi » sont repris respectivement par les pronoms clitiques « je, ils et tu »)
 Samir, cette femme, il ne l’a jamais aimée. (Le détachement concerne le sujet et l’objet en
même temps)
Remarques :
A l’oral, on est enclin généralement à ne pas reprendre l’élément détaché par un pronom : Les films
d’action, j’aime / les séries turques, j’adore.
L’adjectif attribut peut faire l’objet d’une dislocation à l’instar du GN : intelligent, il l’est.

c- Détachement des infinitifs et des complétives :


La dislocation dans ce cas se réalise dans les mêmes conditions. L’infinitif et la complétive peuvent
être également détachés :
En tête de phrase :

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a. Triompher de toutes les embûches, cela est possible/ c’est possible.
b. Qu’il ne réussisse pas, cela fait le bonheur des autres / c’est grave.
c. Qu’il puisse réussir, je n’en suis pas sûr.

En fin de phrase :

d. C’est grave qu’il ne réussisse pas.


e. C’est possible de réussir cette tâche.
f. Cela me fait peur de la savoir incapable de réussir.
g. Je le dis franchement/ Je dis franchement cela, que tu es incapable de réussir.

Remarque : Quand l’infinitif et la complétive sont employés en position de sujet, seule la reprise
avec un pronom démonstratif est possible. (Exemples a et b)

B- L’extraction
On peut mettre l'accent sur un élément de la phrase en l'encadrant avec un présentatif :
C'est... qui (que)..., il y a... qui (que)..., voici (voilà)... qui (que)...
 C’est mardi que je pars en voyage.
La structure obtenue est dite phrase clivée.
Sur le plan communicatif, l’élément encadré est le propos, car il représente l'élément nouveau.

a- L’extraction et types de phrases


Types de phrases Forme neutre Forme emphatique
Phrase déclarative Je partirai le premier. C'est moi qui partirai le premier.
Phrase interrogative Quand a lieu le concours ? C'est quand qu'il a lieu le concours ?
Phrase injonctive Lis ce livre. Impossible
Phrase exclamative Quelle belle maison ! Impossible

b- L’extraction des constituants de la phrase


L’extraction peut toucher différents composants assurant diverses fonctions au sein de la phrase :
L’extraction du sujet :
Le sujet est extrait de la phrase et encadré par c’est…que. Ce sujet peut être :
Un GN (nom propre ou commun) : C’est Amir qui parle / C’est le ministre qui en est responsable.
Un pronom : C’est moi qui ai commis cette faute.
Un infinitif : C’est aider qui est bien.

L’extraction de l’objet :

L’objet est encadré par c’est…que. Il peut être direct ou indirect :


 C’est le roman de Stendhal que j’ai lu.
 C’est à toi que ce message est adressé.
Si le verbe est doublement transitif, c’est-à-dire appelant deux compléments d’objet, un seul peut
faire l’objet de l’extraction : C’est à Driss que cette lettre est envoyée.

L’extraction du complément circonstanciel :


Le complément circonstanciel extrait peut être :

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Un GN prépositionnel : C’est à la forêt que nous sommes partis.
Un adverbe : C’est hier que j’ai rencontré le voisin.
Une subordonnée circonstancielle : C’est quand/parce qu’elle a vu le serpent qu’elle s’est évanouie.

L’extraction du complément d’adjectif :


 C’est de son ami Samir qu’il est fier.
L’extraction des expansions du nom (comme l’épithète et le complément du nom) et de l’attribut de
sujet n’est pas possible :
 Effrayé, un gros chien s’approcha de nous  * c’est effrayé qu’un gros chien s’approcha de nous
 Il a acheté une gourmette en or  *c’est en or qu’il a acheté une gourmette
 La lecture est importante  *c’est importante que la lecture

IV- De la phrase simple à la phrase complexe :


Une phrase simple est organisée autour d'un seul verbe conjugué à un mode personnel. Elle ne
comporte donc qu'une seule proposition : une proposition indépendante.

Une proposition est dite indépendante quand elle exprime une idée complète qui se suffit à elle-
même. Elle ne dépend pas d'une autre proposition et aucune autre proposition ne dépend d’elle.
Une phrase complexe contient plusieurs noyaux verbaux. Elle comporte donc plusieurs
propositions. Elle est constituée :

- soit d'indépendantes juxtaposées, séparées par une virgule, un point-virgule ou deux points :
 Il a remporté une victoire ; il en rêvait depuis longtemps.
- soit d'indépendantes coordonnées, reliées par une conjonction de coordination (mais, ou, et,
donc, or, ni, car) ou un adverbe de liaison (puis, en effet, c'est pourquoi…) :
 La montagne est fascinante mais elle peut être dangereuse.
- soit d'une principale et d'une ou plusieurs subordonnées qui la complètent
 Il savait [que l’ascension était périlleuse].
Principale Subordonnée

A- La juxtaposition :
La grammaire traditionnelle caractérise la juxtaposition par le fait que deux unités de même nature
sont placées l’une à côté de l’autre, sans mot de liaison ; il s’agit d’un cas particulier de la
coordination caractérisé par l’absence de coordonnant : Alain gémissait : il souffrait beaucoup.
Les deux propositions (indépendantes) sont placées côte à côte et seul le rapprochement des sens
éclaire la pensée.
B- La coordination :
La grammaire traditionnelle caractérise la coordination par le fait qu’un mot dit de coordination
(appelé conjonction) relie deux unités (mots ou groupes de mot) de même nature ou de même
fonction. Ces deux unités coordonnées sont placées sur le même plan :

 Alain gémissait car il souffrait beaucoup.


Ici la conjonction de coordination "car” exprime le rapport entre les deux propositions toujours
indépendantes mais coordonnées.

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Remarque :
Fréquemment, ce sont deux indépendantes que relie la conjonction de coordination; mais elle peut
aussi coordonner deux principales ou deux subordonnées :
 J’espère qu’il a compris et je souhaite qu’il ne se trompe pas
 Quand il fait chaud et que (quand) la mer est calme, j'adore me baigner.

C- Les valeurs syntaxiques et sémantiques des conjonctions de coordination


Le rapport de coordination est assuré par les conjonctions mais, ou, et, donc, or, ni, car, et par un
ensemble d’adverbes d’articulation logique du discours (en effet, ainsi, par conséquent, au contraire,
d’abord, puis, enfin, etc.). Ces derniers se distinguent des pures conjonctions de coordination par les
traits syntaxiques suivants :

 Les adverbes de liaison sont combinables entre eux (puis ensuite, ainsi en effet…) peuvent être
précédés d’une conjonction de coordination (mais en revanche, et puis,…). Par contre, aucune
conjonction ne peut s’associer avec une autre (à l’exception de donc) : *et ni, *et ou…
 Les conjonctions sont toujours placées devant le ou les unités qu’elles relient alors que les
adverbes de liaison ne précèdent pas nécessairement l’unité reliée. Ils sont déplaçables :
 Il part pour Meknès, il prendra ensuite le train pour Fès.
 Les conjonctions de coordination peuvent être répétées devant les unités qu’elles relient. Les
adverbes de liaison non :
 Et les hommes et les femmes voteront.
 *Puis les hommes puis les femmes voteront.

- Valeurs des conjonctions de coordination :

Les propositions coordonnées sont liées par un rapport logique et de sens. Ce rapport peut être
copulatif (et, ni, puis, aussi, ensuite, de plus, etc.), disjonctif (ou, ou bien, soit…soit), adversatif (mais,
au contraire, cependant, toutefois, néanmoins, etc.), causal (car, en effet, etc.), et consécutif (donc,
par conséquent, etc.)

Et : C’est le contexte qui détermine l’interprétation de la relation établie par et. Il peut exprimer :

 L’addition : son plaisir est de s’asseoir confortablement et d’écouter la musique.


 La succession temporelle : nous sommes entrés dans l’arrière- boutique et j’ai fermé la porte.
 L’opposition : il mange beaucoup et il est toujours maigre.
 La conséquence : il est malade et il n’est pas venu.
 Et peut également lier deux phrases de type différent (impératif et déclaratif) exprimant une
valeur très proche de l’hypothèse : fais du sport et tu n’auras pas de problème de poids.

Ou : Sa valeur varie entre deux lectures alternatives disjonctives:

 Une disjonction exclusive : c’est du vin ou du thé ? Les deux termes s’excluent mutuellement.
 Une disjonction inclusive : les indemnités seront octroyées aux femmes des soldats ou à leurs
enfants. Les deux termes liés impliquent un choix possible et indifférent entre eux.

Ni : Cette conjonction assure la coordination dans une construction négative. Elle est toujours
employée avec l’adverbe ne.

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 Il ne parle ni n’entend.
 Ni le ministre ni le président ne viendront.
 Elle n’a ni garçon ni fille.

Ni est généralement répété mais parfois il ne l’est pas.


Il est répété quand il coordonne deux mots, deux syntagmes ou deux propositions :
 Ni son fils ne réussit, ni personne ne le blâme.
Il est employé une seul fois quand les termes coordonnés ont un élément commun :
 Pierre ne boit ni ne fume
Si ni relie plusieurs sujets, leur verbe doit être au pluriel si ces derniers forment un ensemble:
 Ni Samir ni Amir ne viendront.
Le verbe demeure au singulier si les sujets s’excluent mutuellement :
 Ni le mari ni sa femme n’aura gain de cause dans cette affaire.
Mais : Cette conjonction reliant uniquement deux termes a généralement deux valeurs :
 Valeur de correction : elle rectifie un terme nié qui est lié à un antonyme positif :
 Je ne bois pas du vin mais du thé.
 Valeur argumentative : en posant un argument plus fort dans le deuxième élément, mais
permet de contredire une conclusion implicitement suggérée par le premier élément :
 Il est richissime, mais honnête.
Le locuteur récuse ici la conclusion implicite qu’on pourrait tirer du premier énoncé (être riche= être
malhonnête)
Car : relie deux propositions : la première énonce un fait et la seconde constitue une justification ou
une cause de ce fait :
 Il aura un accident car il est imprudent.
Remarque
Car se distingue de parce que en ce qu’elle ne peut être déplacée (*car il est imprudent. Il aura un
accident), ne peut faire l’objet de l’extraction (*c’est car il est imprudent qu’il aura un accident), ne
peut constituer la réponse à une question (pourquoi il aura un accident ? – Car il est imprudent) et
ne peut être coordonnée à l’instar d’un subordonnant (*Il aura un accident car il est imprudent et car
il ne conduit pas bien).
Or
Cette conjonction ne peut relier entre elles que des propositions. Elle permet d’introduire un
argument complémentaire qui va se montrer décisive dans le cadre d’un raisonnement logique
(notamment comme deuxième terme d’un syllogisme) :
 Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme donc Socrate est mortel.

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