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CHAPITRE 4 : L’AUDIT FINANCIER

SECTION 1 : PRESENTATION
L’audit comptable et financier consiste à contrôler les comptes et les états financiers d’une
entreprise. Le but est de vérifier qu’elle transmet une image fidèle et fiable de sa situation financière.
Cet audit est effectué par un auditeur, qui doit être indépendant de l’entreprise. (A noter qu’il existe
aussi des audits internes réalisés par des auditeurs indépendants de la direction).

Certaines entreprises sont obligées d’avoir un audit comptable et financier tous les ans. C’est la
mission des commissaires aux comptes.

Certaines entreprises, même si elles n’y sont pas obligées par la loi, décident d’en réaliser un de la
propre initiative des associés ou des tiers.

- les SA doivent obligatoirement réaliser un audit comptable et financier tous les ans et designer un
commissaire aux compte membre de l’ordre des experts comptables

- les autre sociétés toute catégorie confondues (hors SA) qui dépassent deux des trois seuils
suivants :
 Total bilan supérieur à 100 000 DT et inferieur à 1500 000
 Chiffre d’affaires hors taxe supérieur 300 000 et inferieur à 2 000 000
 Plus de 10 salariés et inferieur à 30
doivent aussi designer un commissaire au compte membre de la compagnie des comptables :

- Les personnes physiques sont exclues de l’obligation d’avoir un commissaire au compte

L’opinion de l’auditeur sur les comptes annuels est exprimée dans le rapport d'audit et peut prendre
l’une de ces différentes formes:

- la « certification sans réserve » répond à l’objectif initial de l’auditeur, qui est de certifier que les
comptes annuels sont réguliers, sincères et donnent une image fidèle ;

- la « certification avec réserve » doit être émise lorsqu’un désaccord sur un point comptable ou
une limitation dans l’étendue des travaux de contrôle ne permet pas à l’auditeur d’exprimer une
opinion sans réserve, sans que l’incidence de cette réserve soit suffisamment importante pour
entraîner un refus de certifier ;

- le « refus de certifier » doit être exprimé lorsque l’effet d’un désaccord ou d’une limitation des
travaux est tel que l’auditeur considère qu’une réserve est insuffisante pour révéler le caractère
trompeur ou incomplet de l’information comptable. Il est également exprimé en cas d’incertitudes
très graves sur les comptes.

Le risque et sa maîtrise sont le souci essentiel de l'auditeur car le cabinet engage sa responsabilité sur
son opinion.

Le risque professionnel est lié au fait d'émettre une opinion erronée sur les comptes de l'entreprise
contrôlée, avec toutes les conséquences négatives que cela peut éventuellement entraîner :

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-à son niveau (poursuites judiciaires pénales et / ou civiles, poursuites disciplinaires,
réputation endommagée...)

- pour les tiers (mauvaise valorisation des cours boursiers, prêt bancaire accordé à une
entreprise insolvable...).

L’audit des états financiers permet de détecter les situations de fraude

SECTION 2: LE DEROULEMENT D’UNE MISSION


D’AUDIT FINANCIER
L’audit financier est l’examen critique auquel procède un professionnel indépendant et externe à
l’entreprise, en vue d’exprimer une opinion motivée sur la fidélité de l’image donnée par les
documents financiers de l’entreprise.

L’objectif essentiel de l’auditeur est d’émettre une opinion sur les documents qui lui sont présentés.

Face à cet objectif, les contraintes s’exercent à trois niveaux :

- le caractère limité du budget de temps de l’auditeur,


- les diligences précisées sous forme de normes (OEC),
- la responsabilité (civile, pénale et professionnelle) de l’auditeur.

Donc une mission d’audit financier comporte des risques

I- Le risque d’audit
Ce risque correspond à la possibilité pour l’auditeur de formuler une opinion inappropriée eu égard
des circonstances : par exemple, formuler une opinion sans réserve alors que les comptes présentent
une anomalie significative.

Le risque d’audit est la synthèse des différents risques et peut être analysé en trois composantes :

1- le risque inhérent :

Le risque inhérent (ou risque général de l'entreprise) est le risque qu'une erreur significative ou qu’une
anomalie significative se produise dans les comptes annuels et la comptabilité de la société, malgré les
contrôles internes existants, compte tenu des particularités de l'entreprise révisée :

• de son environnement

• de son secteur d’activité

• de la nature de ses comptes et de ses opérations

Ce risque inhérent :

- doit être maîtrisé mais ne peut être supprimé (# risque de contrôle)

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- est existant même avec un SCI efficace

- échappe de la volonté de la direction.

Exemples de risques inhérents :

- Les erreurs inhérentes à toutes activités humaines

- Les lacunes de formation et de compétence de personnel

- Les changements non maîtrisés (administratif, juridique)

- L’absence de prise en compte des évolutions technologiques et informatiques

- Les manquements déontologiques (fraudes, irrégularité…)

- Les évènements extérieurs (notamment politiques, fluctuations importantes des prix du fait de la
détérioration de la monnaie nationale…)

2- le risque lié au contrôle :

Ce risque correspond au risque qu’une anomalie significative ne soit ni prévenue, ni détectée par le
contrôle interne de l’entité et donc non corrigée en temps voulu.

Ce risque lié au contrôle doit être évalué dans la phase d’appréciation du contrôle interne.

Facteurs de risques peuvent être liés :

- à la conception des procédures (opérations répétitives pour les systèmes informatisés


(exemple : effet de boule de neige des tarif de STEG)
- à l’application des procédures (mauvaise application, collusion)

Une bonne connaissance du contrôle interne de l’entreprise permet à l'auditeur :


- d’identifier les types d’erreurs rendues possibles par les lacunes du système ;
- de mesurer le risque de survenance de ces erreurs.

3- le risque de non-détection :

C’est le risque que les procédures mises en œuvre par l'auditeur ne lui permettent pas de détecter les
erreurs ou inexactitudes significatives.

Ce risque est lié à l'importance du programme de contrôle des comptes mis en place par l'auditeur

Le risque de non-détection correspond au risque que le commissaire aux comptes ne parvienne pas à
détecter une anomalie significative.

Ce risque dépend :

• Des choix effectués dans le programme de travail de contrôler ou pas certaines opérations

• De la nature même des travaux de l’auditeur : approche adoptée.

RND

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Risque imputables aux tiers Risques imputables à l’auditeur

Méthode statistique de sondage Mauvaise conception des tests d’audit

Informations trompeuses reçues auprès des tiers Mauvaise application des tests d’audit

Informations dépendantes d’événements futurs mal Mauvaise interprétation (conclusion)

maitrisées Evaluation incorrecte des systèmes comptables

et de CI

Mauvaise organisation de la mission (équipe,

contrôle qualité)

Mauvaise définition de l’étendue des travaux

4- Relation entre les composantes du risque d'audit

L’ensemble de la démarche d'audit peut se mesurer par cette équation :

Risque inhérent x Risque lié au contrôle x Risque de non-détection = Risque d’audit.

L'auditeur se fixe un risque d'audit acceptable : il ne lui reste plus qu’à évaluer chacune des
composantes.

Il existe une relation inversement proportionnelle entre le degré combiné du risque inhérent et du
risque lié au contrôle et celui du risque de non-détection fixé par l'auditeur.

Si l'auditeur estime que :

- le risque inhérent x le risque lié au contrôle sont élevés => le risque de non-détection
acceptable doit être faible de façon à maintenir le risque d'audit à un niveau acceptable et
compatible avec l'importance significative de l’information.
- le risque inhérent x le risque lié au contrôle sont faibles =>le risque de non-détection plus
élevé et maintenir son risque d'audit à un niveau bas et acceptable.

II- Incidence du risque d'audit sur la mission de révision


La planification de la mission doit permettre de maintenir le risque d'audit à un niveau acceptable.

Le plan de révision doit tenir compte des risques analysés à ses différents niveaux :
- recensement des risques lors de la prise de connaissance ;
- évaluation des risques du contrôle interne ;
- évaluation du risque financier par une procédure analytique ;

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- programme de contrôle adapté.

Dans le cas spécifique de l’audit des états financiers, les risques à prendre en compte sont de deux
ordres:

- ceux qui peuvent empêcher les comptes d’être conformes aux exigences du référentiel
comptable applicable. Ces exigences concernent dans la plupart des référentiels francophones,
la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes.
- ceux qui peuvent empêcher l’auditeur d’identifier des anomalies significatives qui se
trouveraient dans les comptes.

III- Les seuils d'audit


1-le seuil de signification

Il correspondant selon la ISA 320 au « montant au-delà duquel les décisions économiques ou le
jugement fondé sur les comptes sont susceptibles d’être influencés ».

L’auditeur fixe un seuil de signification pour les états financiers pris dans leur ensemble. Il peut par
ailleurs définir des seuils spécifiques pour certaines catégories de transactions, soldes de comptes ou
informations.

Le seuil de signification peut être :

- de 1 et 5% des capitaux propres,


- de 5 à 10% du résultat net
- de 1 à 3% du chiffre d'affaires.

Tout montant inférieur au seuil de signification sera écarté des travaux de révision.

La structure des comptes, le secteur d'activité, l'identité des actionnaires, la présence ou non de risques
potentiels, les informations importantes pour le destinataire des comptes influencent la détermination
du seuil de signification.

Le seuil de signification, lorsqu'il est utilisé au sein du cabinet, est en principe défini par l'expert-
comptable, dossier par dossier. Il peut aussi être défini pour tout le cabinet afin de stopper les travaux
lorsque ceux-ci sont considérés comme peu importants et risquent d'impacter la rentabilité du cabinet
ou les honoraires du client (par exemple : interdiction de passer des écritures d'inventaire en-dessous
de 150 d).

2-le seuil de planification

Il permet d’évaluer le caractère significatif des risques d’anomalies significatives lors de la phase de
planification.

Il détermine également la nature, le calendrier et l’étendue des procédures d’audit à mettre en œuvre
par la suite.

Le seuil de planification est obligatoirement inférieur au seuil de signification.

Il est de 50% à 75% du seuil de signification si l’environnement est fiable et non complexe

3-Le seuil de remontée


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C’est le montant en deçà duquel les anomalies non-corrigées, prises individuellement ou
cumulativement, seront toujours considérées comme non significatives.

Il est de 20% du seuil de planification

Exemple :

- une facture de 17D ne présentant pas les mentions obligatoire de la TVA : nom , adresse,
matricule fiscal

-Une inversion de chiffre.

Remarques:

Une relation logique inverse existe entre le seuil de signification retenu et le risque d’audit : plus le
risque d’audit est faible, plus le seuil de signification peut être élevé et inversement.

L’auditeur tient compte de cette relation pour déterminer la nature, le calendrier et l’étendue de ses
procédures d’audit et les techniques de contrôle à mettre en œuvre.

S’il choisit un seuil de signification trop élevé => choisir un programme de travail qui laisse passer des
erreurs qui lui sont intérieures => donc s’il s’est trompé il aura effectué des travaux insuffisants.

S’il choisit un seuil de signification trop bas => il prend le risque de multiplier les contrôles et les
travaux inutiles => inefficacité par une dispersion dangereuse.

Les seuils d’audit peuvent être modifiés en cours d’audit.


L'auditeur doit apprécier conjointement le seuil de signification et les différents risques lors de la
préparation du programme de révision et de la détermination de la nature, du calendrier et de l'étendue
des travaux de révision qui sont appropriés au cas particulier de la mission.

IV- Les assertions


Afin de mieux comprendre la notion d’assertion, et son rôle dans la démarche d’audit, nous allons
faire une analogie avec… un légume bio.
Pour qu’un légume soit reconnu bio il doit répondre à certains critères (interdiction de pesticides,
d’herbicides et de fertilisants de synthèse, semences non-issues d’OGM, etc.). Lorsque ces critères
sont vérifiés alors le légume est certifié bio… Et vous pouvez donc prendre du plaisir à le consommer.
Si les états financiers étaient un légume, la certification bio correspondrait alors à la conformité au
référentiel comptable et les assertions seraient les critères de conformité. Si les assertions sont
vérifiées, alors les états financiers sont bio😁, c’est-à dire conformes au référentiel comptable
applicable !
Il existe 6 assertions :
 Exhaustivité:
Tous les actifs, les passifs et les éléments des capitaux propres qui auraient dû être enregistrés l’ont
bien été. Toutes les informations connexes qui auraient dû être présentées dans les états financiers l'ont
bien été. Bref, toutes les opérations de l'Organisation ont bien été enregistrées.
 Réalité:

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Les opérations et les événements qui ont été enregistrés, pour lesquels des informations ont été
fournies, se sont produits et se rapportent bel et bien à l’Entité. Tous les actifs, toutes les dettes et les
transactions enregistrées en Comptabilité ont été réels et non fictifs.
 Propriété ou Droits et obligations:
Les actifs enregistrés en Comptabilité sont la propriété de l'Entité, les passifs lui sont bien attribuables,
qu'elle est réellement partie aux transactions et que celles-ci sont effectivement réalisées pour ses
besoins. L’Organisation détient ou contrôle les droits sur les actifs, et les passifs correspondent à ses
obligations.
 Correcte évaluation (exactitude et évaluation):
Vérifier les factures impayées et déterminer les comptes à risques au-delà du délai de paiement.
Vérifier l’historique de paiement des clients et comparer par rapport à l’année précédente. Vérifier
correctement la valeur des actifs et des passifs et évaluer correctement les charges et produits.
S'assurer que les provisions constituées sont suffisantes, les stocks et les immobilisations inscrits à
l'actif sont correctement évalués. S'assurer que les ventes résultent de l'exactitude des prix facturés, du
montant de la facture, du montant comptabilisé.
 Séparation des exercices ou périodes ou le rattachement:
Les opérations et les événements ont été enregistrés dans la bonne période. S'assurer que toutes les
transactions sont comptabilisées dans la bonne période.
 Correcte imputation:
Les actifs, les passifs et les éléments de capitaux propres ont été inscrits dans les états financiers pour
les bons montants et tous les ajustements résultant de leur imputation ont été correctement enregistrés.
S'assurer que la provision pour mauvaise créance a été portée adéquatement au crédit des comptes
clients.

Le rôle de l’auditeur consiste donc à tester la validité des assertions applicables à chaque poste des
états financiers.
Lorsque toutes les assertions sont vérifiées, c’est-à-dire si l’auditeur n’a pas identifié d’anomalies
significatives, alors le commissaire aux comptes certifie que les états financiers reflètent une image
fidèle
Dans le cas contraire, l’auditeur évalue l’incidence des anomalies et, suivant son jugement
professionnel, émet des réserves.

A chaque catégorie d’informations des états financiers correspondent des assertions spécifiques à
tester, comme détaillées ci-après :

 opérations et événements de la période auditée: les assertions à prendre en compte


comprennent la réalité, l’exhaustivité, l’exactitude, la séparation des exercices, le classement.
 soldes de comptes en fin de période : les assertions correspondantes comprennent l’existence,
les droits et obligations, l’exhaustivité, l’évaluation et l’imputation.
 présentation et informations fournies : les assertions pertinentes sont la réalité, les droits et
obligations, l’exhaustivité, le classement et l’intelligibilité, l’exactitude et l’évaluation.

Pour résumer :
Assertions valides = Comptes correctes = Etats financiers bio 😊

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