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L’EXECUTION DU

CONTRAT DE TRAVAIL

Dr Mahamadou A. TOURE
Médecin du Travail
Spécialiste en Santé et Sécurité au Travail
Médecin Légiste
L’exécution est l’accomplissement des
obligations des parties qui peuvent aussi
modifier ou suspendre le contrat de
travail.
LES OBLIGATIONS, DROITS OU POUVOIRS DES
PARTIES

Le contrat de travail fait partie des contrats


synallagmatiques.
Il crée des obligations, des droits ou pouvoirs
réciproques et interdépendantes sur chacune des
parties à savoir l’employeur et le travailleur.
A-LES OBLIGATIONS ET DROITS DU
TRAVAILLEUR(1)
 Le travailleur a une obligation principale et éventuellement des obligations
accessoires.
 Le travail est l’obligation principale du travailleur.
 Il doit être exécuté par le travailleur sans risque pour sa sécurité et sa santé
(contrôlée périodiquement, au moins une fois par an, par le Service de
Médecine du Travail et le Comité d’Hygiène et de Sécurité du Travail),
personnellement (sauf usage contraire, autorisation de l’employeur, intérim),
soit le jour, soit la nuit c’est-à-dire entre vingt-deux heures et cinq heures
(sauf pour les femmes dans les manufactures et les enfants en principe),
décemment (en toute liberté, sécurité, dignité et équité), sous une
subordination juridique et pendant un temps dit temps de travail.
A-LES OBLIGATIONS ET DROITS DU
TRAVAILLEUR(1/3)
Le temps de travail est celui pendant lequel le travailleur est à la disposition de
son employeur sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles.
En principe, sa durée ne peut légalement excéder 40 heures par semaine
(applicable selon au moins deux modes de formules :
• 8h par 5 jours avec deux jours de repos
• ou 6h 40 par 6 jours avec un jour de repos),
Mais le journalier ne doit pas travailler six jours ouvrables consécutifs et totaliser
40 heures de travail .
A-LES OBLIGATIONS ET DROITS DU
TRAVAILLEUR(2/3)
Le travail doit accessoirement être accompli en principe avec loyauté, de bonne
foi, de manière consciencieuse, diligente et suivant les modalités et délais
habituels. Ainsi, le travailleur ne peut se contenter de faire acte de présence ou
d’exécuter partiellement le travail.
Il doit, sauf si la loi, la convention ou le contrat dispose autrement, mettre toute
l’activité professionnelle à l’entreprise (obligation d’exclusivité). Il doit aussi
s’abstenir d’exécuter en dehors du temps de travail une activité susceptible de
concurrencer l’employeur ou de nuire à la bonne exécution du travail (obligation
de non concurrence), de cumuler le contrat de travail avec un autre emploi dans
les professions industrielles, commerciales et artisanales (obligation de non
cumul), de contester les ordres légaux de son employeur (obligation
d’obéissance), de divulguer au public même après la rupture du contrat les
informations confidentielles reçues dans le cadre du travail (obligation au secret
professionnel ou de discrétion).
A-LES OBLIGATIONS ET DROITS DU
TRAVAILLEUR(3/3)
Le travailleur jouit d’un certain nombre de droit dans l’entreprise. Ainsi, l’article
L 5 du code du travail lui reconnait le droit à l’expression directe et collective
sur le contenu, les conditions d’exercice et l’organisation du travail. Il peut ainsi
« participer à la définition des actions à mettre en œuvre pour améliorer les
conditions de travail, l’organisation du travail, la qualité de la production et
l’amélioration de la productivité dans l’unité de travail à laquelle il appartient.
Le travailleur a également le droit à la vie privée (protection de l’intimité), à la
dignité (protection contre les traitements dégradants, inhumains, les
harcèlements moraux et sexuels), à l’égalité et à la non-discrimination (contre
les distinctions fondées exclusivement sur des critères subjectifs et ayant pour
effet ou objet de rompre l’égalité).
Les droits du travailleur ne peuvent recevoir que des dérogations justifiées par la
nature de l’emploi occupé et proportionnelles au résultat à atteindre.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(1)
L’employeur a principalement l’obligation de payer
la rémunération c’est-à-dire le salaire et
accessoirement les compléments, les indemnités et
les prestations en nature.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(2)
Le salaire de base, le salaire minimum de la catégorie ou salaire proprement dit
est fixé par les parties soit directement, soit par référence à la convention
collective en fonction de la qualification ou catégorie professionnelle, de
l’emploi, du temps (heure, journée, semaine, mois de travail) ou
exceptionnellement de la quantité de travail effectué (résultat atteint,
rendement obtenu).
Il ne doit pas, sauf pour l’apprenti, être inférieur au salaire minimum fixé
légalement (loi et décret) à 209,10 francs CFA (250 francs selon les conventions
collectives) par heure, 36.245 francs CFA par mois pour les entreprises soumises à
la durée hebdomadaire ou mensuelle de travail (SMIG) et à 182,95 f CFA (200
francs selon les conventions collectives) par heure pour les travailleurs relevant
des entreprises soumises à la durée annuelle (SMAG). Il doit par contre être égal,
non discriminatoire (à conditions égales de travail, de qualification
professionnelle et de rendement,, ou à travail de valeur égale, payé en monnaie
ayant cours légal au Sénégal, c’est-à-dire en franc CFA, par chèque, virement ou
directement, régulièrement (par jour, semaine, quinzaine ou mois) et au plus
tard 8 jours après la fin du mois de travail qui y donne droit.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(3)
Les accessoires du salaire c’est-à-dire les compléments de
salaire, les indemnités et les prestations en nature sont
prévus par la loi, les conventions collectives ou les usages ou
encore améliorés par ces sources professionnelles.
Ainsi, le sursalaire récompense le mérite ou la situation
florissante de l’entreprise et est égale à la différence entre
le salaire de base minimum et le salaire réel supérieur est.
L’allocation de congé payé est due au moment du départ en
congé et égale en principe au 12e,
1/12 ou 8,33 % des rémunérations perçues pendant la
période de référence diminuées des indemnités ayant la
nature de remboursement de frais.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(4)
Les heures supplémentaires sont dues au travailleur ayant
effectivement pratiqué des heures supplémentaires. Elles sont
rémunérées par une majoration du salaire horaire réel en application des
taux suivants : 15% entre la 41ème heure et la 48ème heure, 40% au-delà
de la 48eme heure de jour, 60% pour les heures effectuées la nuit (entre
22h et 5h du matin) des jours ouvrables, 50% le jour et 100% la nuit des
jours de repos légal et enfin 100% les jours fériés chômés et payés.

La prime d’ancienneté est égale au moins à 2% du salaire minimum


catégoriel de l’ensemble des heures effectuées par le travailleur, après
deux années de présence effective dans l’entreprise augmentée de 1%
par an jusqu’à 25 ans.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(5)
La gratification est la prime ou libéralité allouée par l’employeur selon son bon
vouloir, son pouvoir discrétionnaire comme le 12e, 13e mois, la prime de bilan, la
prime de résultat.
L’indemnité de transport est due au travailleur résidant à 3 km ou plus de son lieu de
travail et égale à 635f par jour soit 16500f par mois.
L’indemnité de déplacement occasionnel et temporaire, six mois au maximum, est
due au travailleur déplacé et séjournant à ses frais hors du lieu habituel d’emploi. Son
taux est variable.
La prime de panier d’un montant égal à 3 fois le SMIG horaire est due pour cause de
prise de repas imposé sur place par les horaires de travail, 6 heures de travail de nuit,
10 heures ininterrompues ou 3 heures de travail en plus de l’horaire normal.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(6)
La prime de salissure, due pour exposition aux travaux salissants ou détériorant anormalement
les vêtements comme la mécanique, est égale à 11,5% du SMIG par heure.
La prime de savon est une prise en charge intégrale du nettoyage de la tenue de travail fournie
par l’employeur.
L’indemnité kilométrique est la couverture d’une partie des charges de carburant, d’entretien et
de réparation du véhicule personnel utilisé dans le cadre de déplacements liés à l’exécution de
son contrat de travail et variable en fonction du nombre de kilomètres à effectuer par semaine.
Le logement est dû au travailleur déplacé de sa résidence habituelle pour l’exécution de son
contrat.
La nourriture est le ravitaillement en denrées alimentaires de première nécessité des travailleurs
de chantiers, de brousse ou de carrière éloignées mais remboursable à l’exception des frais de
transport allé et retour.
B-LES OBLIGATIONS, POUVOIRS ET
RESPONSABILITES DE L’EMPLOYEUR(7)
La rémunération, en raison de son caractère alimentaire et pour éviter de priver le salarié et sa
famille de tout moyen d’existence, est protégée par la loi contre l’employeur à travers la limitation
des prélèvements obligatoires (impôt général sur le revenu, cotisations sociales), des retenues
(exemple cotisations syndicales, cessions autorisées par écrit), des preuves du paiement (bulletin de
paie, registre de paiement ou certification bancaire ou postal).
Le travailleur ne peut donc céder son salaire que dans les formes prévues par la loi et cette cession
ne peut être effectuée qu’à partir de la quotité cessible mensuelle. Il y a une partie dunsalaire qui est
incessible. Cette fraction incessible est constituée des 2/3 du salaire.
Le législateur évite ainsi un endettement excessif du travailleur envers l’employeur.
En tout état de cause, le montant des prélèvements, retenues et saisies, quelle que soit leur nature, ne
peut en aucun cas dépasser les 2/3 du montant ainsi obtenu.
La quotité cessible, c’est-à-dire que le travailleur peut céder, varie selon le montant de la
rémunération. Elle est déterminée par le code de procédure civile. Elle est de 10% jusqu’à 20 000 F,
20% de 20 000 à 30 000 F, 30% de 30 000 à 100 000 F, 40% de 100 000 à 200 000 F, 100% au-delà
de 200 000 F
POUVOIR DE L’EMPOYEUR(1)

Le chef d’entreprise cumule trois pouvoirs qui forment une


trilogie ou un triptyque car aucun d’eux ne se conçoit sans
les autres : le pouvoir d’organisation et de direction, le
pouvoir réglementaire et le pouvoir disciplinaire.
POUVOIR DE L’EMPOYEUR(2)
Le pouvoir d’organisation et de direction est la possibilité de prendre les
décisions utiles au bon fonctionnement, à la bonne gestion de l’entreprise.
C’est la théorie jurisprudentielle de l’employeur seul juge.
Le chef d’entreprise peut ainsi prendre des mesures concernant
l’organisation du travail par des ordres et instructions que le salarié est
tenu d’exécuter. Il dispose de plusieurs prérogatives couramment
désignées par l’expression « pouvoir patronal » portant à la fois sur les
biens (création, changement, transfert, cessation d’activité) et les
personnes (liberté de choisir le personnel, d’accorder des promotions, de
rompre les contrats de travail) de l’entreprise. Il justifie la possibilité
d’imposer au travailleur les modifications non substantielles du contrat de
travail.
POUVOIR DE L’EMPOYEUR(3)
Le pouvoir réglementaire est un pouvoir normatif, dérivé, accessoire permettant au chef
d’assurer la direction de l’entreprise par l’élaboration des règles générales et obligatoires,
des prescriptions et des interdictions grâce surtout au règlement intérieur et aux notes de
service.
Le pouvoir disciplinaire constitue le deuxième pouvoir dérivé, accessoire permettant
d’exercer efficacement le pouvoir de direction et le pouvoir de règlementation. Il est
strictement encadré plus que tout autre pouvoir car il menace l’emploi du salarié et
conduit rapidement à des abus. Il peut être défini comme la possibilité pour le chef
d’établissement de recourir aux sanctions disciplinaires contre le salarié auteur d’une
faute disciplinaire.
La faute disciplinaire s’entend habituellement de façon large comme tout manquement
aux obligations contractuelles et aux diverses obligations inhérentes à l’organisation du
travail, donc aux obligations professionnelles.

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