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Université Cadi Ayyad

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales


Marrakech
Filière Sciences Economiques et de Gestion
Parcours : Economie – Gestion (S5)
Module : Economie Industrielle
Prof. Brahim BOUAYAD

Support : THEME 1

LES OBJECTIFS DU THEME 1:


1. Présenter, de façon synthétique, le modèle de la Concurrence Pure et Parfaite (CPP) ;
2. Définir les composantes de la trilogie de l’économie industrielle (Structures de marché, Le
comportement des agents à l’intérieur de ces structures et les performances du marché) ;
3. Utiliser le modèle concurrentiel comme référence et le comparer à ce que l’on appelle la
« Concurrence Praticable » ;
4. Définir la notion de « marché » sous ses différents aspects (fonctionnel et valeur) ;
5. Etre capable de présenter schématiquement le modèle synthétique de l’analyse de l’économie
industrielle (Conditions de base – Structures de marché – Comportement – Performances) ;
6. Déterminer la ou les relations entre chaque composante de la trilogie (S – C – P)

1. De la Concurrence Pure et Parfaite (CPP) à la Concurrence Praticable

1.1. Le modèle concurrentiel

Avant de présenter les critiques et extensions du modèle de la CPP, nous allons présenter les
bases du modèle concurrentiel

Il se base généralement sur une multitude d’acheteurs et de vendeurs et doit vérifier les cinq
hypothèses suivantes :
 Atomicité des centres de décisions (agents) : plusieurs acheteurs et vendeurs
interviennent sur le marché ;
 Homogénéité du produit ;
 Mobilité parfaite des agents, des biens et des facteurs ;
 Transparence du marché : information parfaite ;
 Analyse statique des décisions des agents : simultanéité et concordance des actions et
réactions des agents ;

 Le prix est une donnée exogène (fixé de l’extérieur)

Les agents économiques au sein du marché sont des « price takers » (preneurs de prix), c’est
à dire que le prix s’impose au producteur (donnée exogène), dans le sens où aucun producteur
ne peut écouler ses produits à un prix différent de celui déterminé sur le marché. De même
qu’aucun acheteur ne peut se procurer le produit à un prix différent de celui résultant de
l’interaction entre l’offre et la demande.

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 La demande est parfaitement élastique : horizontale et inélastique par rapport au prix

P0 Demande

La demande qui s’adresse à la firme est une droite horizontale parfaitement inélastique au prix
(ou parfaitement élastique par rapport à la quantité).
L’entreprise étant atomistique au sein du marché, sa production est très faible par rapport au
marché, elle ne peut donc influencer le prix.
Quelque soit la quantité vendue, l’entreprise obtiendra toujours ce prix de marché. S’elle
demande un prix supérieur, sa demande sera nulle.

 La détermination du prix au sein du marché

La CPP fonctionne selon le principe de « commissaire-priseur » ou ce qui est communément


appelé « crieur de Walras », c’est-à-dire une centralisation des offres et des demandes qui
permettent de déterminer le prix de marché. Ce mécanisme est généralement appelé
« tâtonnement walrasien ».

 L’équilibre en situation de CPP

A. Marshall (1890) distingue deux périodes : le court terme et le long terme

A titre de rappel :

 P est une constante, c’est également la recette (ou revenu) marginale


 La fonction d’offre est la partie de la courbe de Coût marginal qui est supérieur
au Coût moyen.
 A est le seuil de rentabilité (P = Cm = CM)
 B est le seuil de fermeture

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1.2. Dépassement du modèle de la CPP

Il est de devenu traditionnel de critiquer le modèle de la concurrence parfaite, tant pour sa


prétention normative que pour sa valeur explicative.

 Sraffa P. (1898 – 1983)

Pour lui la théorie de la concurrence n’est qu’un instrument pédagogique sans portée
opérationnelle car il y a une contradiction entre la théorie de la valeur en CPP et la réalité de
la pratique des affaires.
Il avait une vision différente des classiques et néo-classiques concernant les « rendements
d’échelle », il estimait que c’est le monopole et non la CPP qui devrait être pris en
considération

 Chamberlin E. (1899 – 1967)

Il a pris ses distances avec la CPP en développant, à partir des travaux de Marshall, la théorie
de la concurrence monopolistique qui a été développée au début des années trente par
Chamberlin (USA) et Hoan Robinson (GB). Chamberlin était le premier à introduire les
phénomènes de différenciation des produits des opérations publicitaires et les coûts de
transport.

 Schumpeter J. (1883 – 1950)

Schumpeter se démarque des « néo-classiques » et considère que la concurrence est


interprétée dans le cadre d’une vision dynamique de l’évolution économique.
Pour lui, la croissance repose sur l’innovation. Cette croissance est un processus permanent de
créations et de destructions des activités. Il met l’accent aussi sur la notion de concurrence–
rivalité.

Nous constatons que :

 Sraffa rejette la notion d’atomicité du modèle CPP et suggère le monopole comme


modèle alternatif ;
 Chamberlin remet en cause l’homogénéité des produits et propose la concurrence
monopolistique.
 Schumpeter rejette celles de transparence et de libre entrée et sortie et introduit le rôle
de l’innovation.

Le modèle de la CPP et ses hypothèses paraissent donc peu réalistes, mais d’autres formes de
marché existent : la concurrence praticable ou imparfaite

Il reste que ce modèle soit toujours le point de départ utile pour une analyse des conditions
actuelles de la concurrence (concurrence praticable).
Il fournit, en effet, un repère qui permet, à travers la comparaison, de mieux déterminer les
caractéristiques de l’économie industrielle

 L’économie industrielle est un domaine de la science économique qui s’intéresse au


fonctionnement du marché. Il a pour objet l’étude du comportement des firmes et des

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structures de marché (CPP, monopole, oligopole). Pour Carlton et Perloff (1998), c’est
l’«Etude de la structure des entreprises et des marchés, ainsi que de leurs interactions ».
 Une industrie correspond généralement à l’ensemble des firmes qui produisent des biens ou
des services proches, étroitement substituables qui se trouve en concurrence sur le même
marché.

1.3. Trilogie de l’Economie Industrielle

Pour introduire cette comparaison, on part généralement d’une classification commode qui
forme la trame des analyses en économie industrielle : les Structures, les Comportements et
les Performances du marché.

 Les structures de marché sont définies comme étant un ensemble de caractéristiques


relativement stables du marché affectant le comportement des entreprises qui en font partie.
Ces caractéristiques portent essentiellement sur le nombre d’acheteurs et de vendeurs, la
nature des biens (produits ou services), le degré d’information, la mobilité plus ou moins
grande des vendeurs et des acheteurs, …
 Les comportements de marché sont les diverses politiques suivies par l’entreprise
(stratégies) depuis sa politique de prix jusqu’à sa politique de recherche et développement en
passant par la politique de coordination et de collusion ;
 Les performances de marché sont les résultats économiques que les entreprises réalisent. Elles
incluent les marges de profits, la croissance, le degré de capacité utilisée, la qualité des
produits, …. Ces résultats sont la conséquence des diverses combinaisons de structures et de
comportements.

1.4. Confrontation des hypothèses de la concurrence à la réalité observée

Il apparait utile de confronter à la réalité observée, les hypothèses du modèle de concurrence


ventilées selon cette classification

 Structures des marchés


Une première confrontation peut-être réalisée au niveau des hypothèses qui portent sur
les structures des marchés
 Contrastant avec l’hypothèse de l’atomicité des agents, il apparait que, dans la
plupart des branches de production, il existe des entreprises de grande taille qui
occupent une part importante du marché. Le phénomène de la concentration de
la production montre que le modèle concurrentiel n’est pas adapté à l’étude des
situations de petits nombres ;
 L’hypothèse d’homogénéité des produits à l’intérieur d’un secteur donné doit
faire place à la différentiation poussée et à un désir de réduire la substituabilité
grâce à l’attachement personnel au bien ou au service ;
 Le processus de libre entrée (mobilité parfaite) des entreprises au sein de
l’industrie, qui annule les profits de longue période est une illusion dans la
mesure où il existe d’importantes barrières à l’entrée qui sont, soit de nature
institutionnelle ou ayant un caractère technologique ou commercial ;
 L’information supposée parfaite sur le marché est liée à un coût et à une
organisation des marchés. Elle n’est pas donnée à la firme qui se trouve
normalement en situation de risque ou d’incertitude ;
 La nature inter-temporelle du modèle classique implique la simultanéité et la
concordance des actions et réactions. Or la concurrence est un processus
dynamique qui implique le changement continuel dans les données et dont la

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signification est nécessairement détournée par une théorie qui traite ces
données comme constantes.
 Objectifs et comportements de l’entreprise
 L’objectif de l’entreprise est habituellement supposé être la maximisation du
profit. Cette hypothèse a été doublement contestée :
 D’une part, il est admis aujourd’hui que l’entreprise ne se réduit pas à
un organisme simple ayant un objectif unique : c’est une organisation
complexe où s’affrontent plusieurs objectifs contradictoires (théories
béhavioriste, institutionnelle, agence, survie, …) ;
 Pour le comportement de l’entreprise, la vision conventionnelle est
qu’elle s’adapte aux conditions de marché. C’est un comportement
statique qui prend le changement comme exogène au système où elle
opère. Ce comportement n’est valable qu’à court terme. Par contre à
long terme, l’entreprise a la possibilité d’influencer l’industrie où elle
opère, c’est-à-dire qu’elle peut agir sur les coûts et sur la demande.
 Performance de l’entreprise
Dans un cadre concurrentiel traditionnel, la performance de l’entreprise se
mesure par l’allocation optimale des ressources entre les consommateurs d’une
part et les producteurs de l’autre.
Actuellement le cadre concurrentiel est dépassé dans la mesure où les
situations réelles correspondent à des situations oligopolistiques. La présence
de biens publics, d’externalités, d’informations imparfaites fait que les
marchés sont défaillants dans le sens où l’allocation n’est plus optimale.

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