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VOIES D’EXECUTION

Pr. KUATE

INTRODUCTION GENERALE

Trois points essentiels sont à aborder dans le cadre de cette introduction générale. Le 1 er sous point
tend à définir les voies d’exécution. Le 2e sous point présente les sources du droit des voies
d’exécution. Et l’ultime sous point expose les principales classifications des procédures forcées de
recouvrement.

La notion de voies d’exécution : les voies d’exécution seraient un ensemble de procédures légales
permettant au créancier impayé de mettre sous-main de la justice, les biens du débiteur afin
éventuellement de les faire vendre pour être payé, de se les faire délivrer, restituer, attribuer (définition
dans l’arrêt société de recherche d’Afrique Centrale 2006 Arrêt CCJA).

Les sources : les voies d’exécution seraient un ensemble de règles, procédures légales

- La première est l’AUPSRVE (procédure individuelle de recouvrement) ;


- La seconde est l’AUPCAP (procédure collective de recouvrement) ;
- La troisième est l’Acte uniforme en relation au droit de l’arbitrage notamment les articles 28 et
suivant ;
- La quatrième est l’AUS ;
- Le code général des impôts ;
- Le code pénal et le code de procédure pénale (la contrainte par corps) ;
- Le code de procédure civile et commerciale ;
- Le code douanier ;
- Les accords de Bangui…

Les classifications des voies d’exécution : les voies d’exécution sont tellement nombreuses qu’on a
pensé qu’il fallait les regrouper l’idée étant de faciliter la compréhension des règles qui les gouvernent.
Différentes classification ont été proposées : celle qui distingue les saisies mobilières des saisies
immobilières ; saisie de meubles corporels à la saisie de meubles incorporels. Une autre classification
est celle qui distingue les saisies à fins conservatoire (sont celles qui permettent au créancier
idéalement d’obtenir le paiement sans qu’il soit nécessaire de vendre le bien saisi ou de contraindre le
débiteur à le lui attribuer, restituer, délivrer) des saisies à fins d’exécution (elle tend directement à
obtenir le paiement soit après la vente forcée des biens, soit au moyen de l’attribution ou la restitution
de ceux-ci).

TITRE I : L’ESSENTIEL DU DROIT COMMUN DE L’EXECUTION FORCEE

Le droit commun de l’exécution forcée est un conglomérat de règles qui apportent des réponses aux
questions de savoir : qui a le droit de saisir, qui devrait subir une saisie, sur quoi porte l’exécution
forcée, qui a la charge de diligenter ou de conduire les voies d’exécution, comment se déroulent et
s’achèvent elles ?

CHAPITRE I : LE TITULAIRE DU DROIT DE SAISIE (QUI A LE DROIT DE SAISIR ?)

A la question de savoir qui a le droit de saisir, le législateur apporte une réponse entre autre à l’Art 28
(1) de l’AU OHADA portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et voies de
recouvrement et l’Art 33 du même acte uniforme. L’économie de ces textes est univoque. A le droit de
saisir le créancier impayé (S1), a le droit de saisir le titulaire d’un titre exécutoire (S2).

SECTION I : LE CREANCIER IMPAYE

Arrivé à ce point, des remarques sont à faire :

Si la titularité du droit de saisir suppose que la créance soit certaine, liquide, exigible et parfois que le
paiement ait été réclamé (commandement de payer), il n’en va pas toujours ainsi. En effet, dans des
cas marginaux le législateur lui-même permet que l’on puisse saisir sans que ces conditions soient
réunies. C’est ce qui se dégage du moins de l’Art 54 de L’AU : « Toute personne dont la créance
paraît fondée en son principe peut, par requête, solliciter de la juridiction compétente du domicile ou du
lieu ou demeure le débiteur, l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire sur tous les biens
mobiliers corporels ou incorporels de son débiteur, sans commandement préalable, si elle justifie de
circonstances de nature à en menacer le recouvrement ». Aussi, l’obtention du délai de grâce par le
débiteur prive le créancier du droit de saisir car sa créance n’est plus exigible et a comme
conséquence de différer le paiement de la créance. Pour accorder un délai de grâce, le juge doit tenir
compte de la situation du débiteur et considérer les besoins du créancier . Sauf pour les dettes
cambiaires et d’aliments, le juge peut soit reporter le paiement, soit l’échelonner dans la limite d’une
année, s’il estime que la demande est fondée ou justifiée. Cette durée peut être accordée en bloc ou
en fraction. (Art 39 AU) (Arrêt n°35/2005 Mme Khouri c/ Sté Induschimie et SGBCI).
SECTION II : CREANCIER IMPAYE TITULAIRE D’UN TITRE EXECUTOIRE

La notion et nomenclature de titre exécutoire.

PARAGRAHE 1 : LA NOTION DE TITRE EXECUTOIRE

C’est un document, un acte sur lequel a été apposée la formule exécutoire par le greffier en chef. Son
contenu est le suivant :

République du Cameroun (…)

Au nom du peuple Cameroun (…)

Le Président de la République mande et ordonne à tout huissier et agent d’exécution sur ce requis de
mettre le présent arrêt ou jugement (…) à exécution aux procureurs généraux et aux procureurs de la
République d’y tenir la main, tous les commandants et officiers de la force publique lorsqu’ils seront
légalement requis. (Art 61 du code de procédure civile et commerciale).

PARAGRAPHE II : LA NOMENCLATURE DES TITRES EXECUTOIRES

La liste des titres exécutoires octroyant le droit de saisir est exposée entre autre à l’Art 33 de l’A.U
portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution. A bien
regarder, ces titres exécutoires sont tantôt provisoires, tantôt définitifs.

A- LES TITRES EXECUTIORES DEFINITIFS (Art 33 A.U) (Arrêt n°009/2008 Sté Côte d’I
Télécom c/ Sté Loteny Télécom)
Constituent des titres exécutoires :
1) Les décisions juridictionnelles revêtues de la formule exécutoire et celles qui sont
exécutoires sur minutes ;
2) Les actes et décisions juridictionnelles étrangers ainsi que les sentences arbitrales
déclarés exécutoires par une décision juridictionnelle, non susceptibles de recours
suspensif d’exécution, de l’Etat dans lequel ce titre est invoqué ;
3) Les procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ;
4) Les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ;
5) Les décisions auxquelles la loi nationale de chaque Etat partie attache les effets d’une
décision judiciaire. (Avis à tiers détenteur ATD et avis de mis en recouvrement AMR)

B- LES TITRES EXECUTOIRES PROVISOIRES


Il existe deux types de titres exécutoires provisoires : les titres exécutoires provisoires de plein
droit et les titres exécutoires provisoires facultatifs.

S’agissant des titres exécutoires provisoires de plein droit, c’est ceux qui se rattachent aux
ordonnances de référés (PTPI) et sur requêtes (PTPI). De ce fait, lorsqu’une juridiction de 1ere
saisine en matière d’urgence (de référé ou requête) rend une décision (ordonnance), cette
dernière est exécutoire provisoirement de plein droit même lorsque les délais d’appel courent
encore (l’appel n’a pas un effet suspensif dans ce cas). Ces décisions n’ont pas besoin qu’on y
appose la formule exécutoire.
S’agissant des titres exécutoires provisoires facultatifs, il s’agit des décisions prononcées par le
tribunal en matière non répressive qui peut décider que le jugement sera provisoirement
exécutoire nonobstant appel. Dans ce cas l’exécution provisoire est ordonnée dans les cas
suivants : Les créances alimentaires ; les créances contractuelles non contestées ; expulsion
fondée sur titre foncier ; un bail écrit assorti d’une clause de résolution ; réparation d’atteintes à
l’intégrité physique d’une personne pour les dépenses en lien avec les frais médicaux-
pharmaceutiques et chirurgicaux à l’exclusion de tout autre ; créances de salaire non
contestées à la condition que celles-ci n’excèdent pas 600.000frs (Loi du 14 Aout 1992
modifiée en 1997 en date du 07 Aout relative à l’exécution des décisions de justice Art 2 et 3).
Pour éviter les abus des juges en matière d’exécution provisoire, la loi a prévu deux
procédures appelées : Les défenses à exécution et le sursis à exécution . La loi du 14 aout
1992 fixant certaines dispositions relatives à l’exécution des décisions de justice et modifiée
par la loi de 1997 a prévu les défenses à exécution provisoire qui sont un moyen permettant au
débiteur d’endiguer l’exécution provisoire prononcée par le tribunal devant la cour d’appel. Ces
défenses sont aujourd’hui au cœur d’un grand débat et le législateur OHADA à l’Article 32 de
l’A.U.P.S.R.V.E a tranché pour l’application de ce dernier article (l’exécution forcée peut être
poursuivie jusqu’à son terme en vertu d’un titre exécutoire par provision, sauf en matière
immobilière. L’exécution se fera cependant aux risques et périls du créancier car, si le titre est
ultérieurement modifié, il sera tenu de réparer intégralement le préjudice causé par l’exécution
même si aucune faute ne peut être relevée à sa charge) (Arrêt n°2/2001 Epoux karnib c/
SGBCI) (viole l’art 32 le Pr de la C.A qui suspend l’exécution d’un jugement assorti de
l’exécution provisoire)
Le sursis à exécution est une procédure par laquelle le débiteur contre lequel a été
déclenchée une voie d’exécution peut exceptionnellement obtenir la mise en arrêt de
l’exécution à condition qu’il conteste l’arrêt de la cour d’appel par le biais d’un pourvoi en
cassation et qu’il justifie d’un préjudice irréparable en cas d’exécution de l’arrêt devant le
premier président de la Cour Suprême.
CHAPITRE 2 : LES PERSONNES SUSCEPTIBLES DE SUBIR L’EXECUTION
FORCEE

La réponse à cette question se trouve à l’Art 28(1) de l’A.U.P.S.R.V.E. (…) tout créancier peut
contraindre tout débiteur défaillant à (…). Cette réponse de principe (S1) est toutefois assortie de
nuances (S2).

SECTION I : LE PRINCIPE

Le débiteur défaillant est cette personne dont la dette est certaine, liquide et exigible. C’est aussi cette
personne qui interpellée par le créancier à l’effet de payer s’est obstinée n’ayant pas obtenus des
délais de grâce. Il pourrait s’agir d’une personne physique ou d’une personne morale.

SECTION II : LES DEROGATIONS / LES EXCEPTIONS

Les lignes de fractures sont nombreuses :

En 1er lieu, le législateur immunise certains débiteurs et dès lors les met à l’abri de la saisie. Tel est du
moins le sens de l’Art 30 de l’A.U.P.S.R.V.E. Sa teneur est la suivante : « L’exécution forcée et les
mesures conservatoires ne sont pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une immunité
d’exécution. (…) ». Le débat a surgi de savoir quels sont les bénéficiaires réels de cette mesure de
faveur. Quelles sont donc les personnes qui bénéficient d’une immunité d’exécution ? Quelques pistes
sont consignées à l’Art 30. Cet article vise les personnes morales de droit public (l’Etat, les collectivités
territoriales décentralisées : région-commune, les collectivités décentralisées techniques, les
établissements publics) et les entreprises publiques (société à capital public ; société à économie
mixte ; textes de 2017 relatifs aux établissements publics et aux entreprises publiques) quelles qu’en
soient la forme et la mission. La raison de cette immunité est que ces personnes morales assurent les
missions d’intérêt général, de service public ou d’utilité publique. On peut aussi évoquer
comme argument l’idée selon laquelle les personnes morales de droit public sont toujours
solvables. Etant donné que l’Etat est détenteur de la souveraineté et de la violence, il ne serait
pas envisageable que l’Etat se retourne contre lui-même. De même, les règles de courtoisie
empêchent que des saisies soient faites sur les biens d’un ’Etat (étranger).

En 2e lieu, il peut arriver et il arrive souvent que le conjoint de l’endetté défaillant subisse même
indirectement l’exécution forcée. C’est du moins la lecture qui se dégage de l’Art 53 de
l’A.U.P.S.R.V.E. Effectivement cet article est ainsi rédigé : « Lorsqu’un compte même joint, alimenté
par les gains et salaires d’un époux commun en biens, fait l’objet d’une mesure d’exécution forcée ou
d’une saisie conservatoire pour le paiement ou la garantie d’une créance née du chef du conjoint, il est
immédiatement laissé à la disposition de l’époux commun en biens une somme équivalant, à son
choix, au montant des gains et salaires versés au cours du mois précédant la saisie ou au montant
moyen mensuel des gains et salaires versés dans les douze mois précédent la saisie ».

En 3e lieu, bien que la règle soit celle de l’autonomie patrimoniale de la société, le législateur OHADA
prescrit que l’associé pourrait dans certaines circonstances être poursuivi pour le paiement d’une dette
contractée par l’entreprise (la Sté en nom collectif : les associés sont commerçants et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales). La règle est particulièrement affirmée à l’Art 270 et
271 de l’A.U.S.

En 4e lieu, il n’est pas rare lorsqu’une personne décède, que quelques-uns de ses héritiers voir
l’ensemble de ceux-ci succombent à des procédures forcées de recouvrement initiées par les
créanciers du défunt.

En 5e lieu, des règles sont inscrites entre autre à l’art 38 de l’A.U.P.S.R.V.E que l’on se saurait passer
sous silence. Effectivement, il y est écrit : « les tiers ne peuvent faire obstacle aux procédures en vue
de l’exécution ou de la conservation des créances. Ils doivent y apporter leur concours lorsqu’ils en
sont légalement requis. Tout manquement par eux à ces obligations peut entrainer leur condamnation
à verser des dommages et intérêts. Le tiers entre les mains duquel est pratiquée une saisie peut
également, et sous les mêmes conditions, être condamné au paiement des causes de la saisie, sauf
son recours contre le débiteur ». L’enseignement est clair. La saisie des biens du débiteur entre les
mains d’un tiers impose à ce dernier des obligations et l’expose à des sanctions au cas d’inexécution
de celles-ci. Autant dire que le tiers subit même indirectement la saisie. Le tiers saisi a des obligations :
ne pas s’opposer / faire obstacle à la saisie ; doit apporter son concours en vue de son bon
déroulement faute de quoi il sera condamné au paiement des causes de la saisie.
CHAPITRE 3 : LES BIENS CONCERNEES PAR L’EXECUTION FORCEE (sur quoi
porte la saisie ?)

A la question de savoir sur quoi porte la saisie, le législateur propose une réponse, notamment aux
Articles 50 et 51 de l’A.U.P.S.R.V.E. La lecture croisée de ces dispositions permet de découvrir ce
qu’on l’on doit saisir et par ricochet ce que l’on devrait se garder de saisir.

SECTION I : LES BIENS SAISISSABLES / CE QUE L’ON DOIT SAISIR

Tous les biens appartenant au débiteur peuvent faire l’objet d’une saisie. A contrario, les biens
n’appartenant pas au débiteur n’ont pas à être saisi et serait sans effet. Ces biens peuvent être mobilier
(meuble corporel ou incorporel) ou immobilier. Des observations sont à faire : si la saisie ne devrait
porter que sur les biens dont le débiteur est propriétaire, il est dans l’ordre des choses que le
législateur emménage au profit des tiers, dont les biens ont été atteints par une saisie, une voie de droit
appelée action en distraction (exercée par le tiers qui se prétend propriétaire). La demande en
distraction n’est plus recevable lorsque les biens sont vendus. La voie disponible au tiers est l’action en
revendication (Art 142 A.U). Les demandes relatives à la propriété ou à la saisissabilité ne font pas
obstacle à la saisie mais suspendent la procédure pour les biens saisis qui en font l’objet (l’Art 139
A.U.P.S.R.V.E). L’action en distraction a de multiples effets : soit la demande favorablement accueillie
par le juge, le bien n’a pas encore été vendu et il est remis au tiers, soit s’il est vendu, ce dernier a droit
au prix récolté par la vente mais ne peut en aucun cas poursuivre l’adjudicataire (Arrêt de référence
Akanan Haissan Abdallah c/ Monzei Beydoum et Kansou Haidar Ali Ohadata J-06-20) . L’action en
nullité : on a saisi entre les mains du débiteur les biens qui appartiennent au tiers (Art 140 et 144 de
l’A.U). Le débiteur a jusqu’au moment de la vente pour introduire l’action. L’action en nullité est intentée
par le débiteur. Il demande la nullité de la saisie d’un bien dont il n’est pas propriétaire.

Il peut arriver qu’un bien appartienne à plusieurs personnes au nombre desquels le débiteur. Le
créancier commence par provoquer le partage ou la liquidation avant de s’emparer de la saisie de la
part de son débiteur (Art 249 A.U).

SECTION II : LES BIENS INSAISISSABLES / CE QUI N’EST PAS A SAISIR OU EST


DIFFICILEMENT SAISSABLE.

La lecture de l’A.U.P.S.R.V.E, et sur renvoi de celui-ci des droits nationaux, offre un tableau saisissant
de ce qui n’est pas à saisir et est difficilement saisissable (Art 51 A.U).
Le 1er texte important est l’Art 28 (2) de l’A.U.P.S.R.V.E « Sauf s’il s’agit d’une créance hypothécaire ou
privilégiée, l’exécution est poursuivie en premier lieu sur les meubles et, en cas d’insuffisance de ceux-
ci, sur les immeubles ». L’on saisit d’abord les biens meubles et s’ils sont insuffisants on saisit les
immeubles, faute de quoi la responsabilité du saisissant sera engagée et la saisie considérée comme
abusive. Si le créancier est hypothécaire ou privilégié, il pbeut commencer par un bien immeuble.

Le 2e texte à ne jamais perdre de vue c’est l’Art 251 de l’A.U.P.S.R.V.E. Il est ainsi conçu : « le
créancier ne peut poursuivre la vente des immeubles qui ne lui sont pas hypothéqués que dans le cas
d’insuffisance des immeubles qui lui sont hypothéqués, sauf si l’ensemble de ces biens constitue une
seule et même exploitation et si le débiteur le requiert ».

Le 3e texte d’importance c’est l’Art 252 de l’A.U déjà cité nous indiques que si les immeubles se
retrouvent dans des ressorts de juridictions différentes, leurs saisies ne peut que se faire
progressivement et non simultanément. Cette règle admet elle aussi des nuances. Si ces immeubles
font partis d’une seule et même exploitation, la saisie peut se faire simultanément. Le juge peut aussi
autoriser que les immeubles du débiteur puissent être saisis simultanément si la valeur totale de ces
immeubles est inférieur à ce qui est due aux créanciers saisissants et aux créanciers inscrits.

Le 4e texte d’importance est l’Art 264 de l’A.U. Sa teneur est la suivante : « Dans le cas où la valeur
des immeubles saisies dépasse notablement le montant de la créance, le débiteur saisi peut obtenir de
la juridiction compétente qu’il soit sursis aux poursuites sur un ou plusieurs immeubles désignés (…) ».
En d’autres termes le débiteur peut demander qu’il soit sursis les poursuites sur un ou plusieurs
immeubles et le juge apprécie.

Le 5e texte d’importance est l’Art 265 du même acte : « si le débiteur justifie que le revenu net et libre
de ses immeubles pendant deux années suffit pour le paiement de la dette en capital, frais et intérêts,
et s’il en offre la délégation au créancier, la poursuite peut être suspendue (…) »

Le 6e texte d’importance est l’Art 177 du même acte : « les rémunérations ne peuvent être cédées ou
saisies que dans les proportions déterminées par chaque Etat partie ».

Enfin, les Articles 327 et 315 du CPCC dressent un inventaire des biens insaisissables. Au nombre de
ceux-ci se trouvent :

-Le couché nécessaire du débiteur et celui de ses enfants vivant avec lui

-Les habits dont le débiteur est revêtu ou couvert

-Les livres relatifs à la profession du débiteur saisi jusqu’à la somme de 20.000frs


-Les machines et instruments servant à l’enseignement, à la pratique des sciences et des arts jusqu’à
hauteur de 20.000frs

-Les équipements des militaires

-Les outils des artisans nécessaires à leurs occupations

-Les farines et menu-denrées nécessaires à la consommation du débiteur et de sa famille pendant un


mois ainsi que les ustensiles indispensables à la préparation des aliments et aux repas

-Une vache, trois brebis ou deux chèvres au choix du débiteur avec les pagnes, fourrages, et graines
pour la nourriture desdits animaux pendant un mois…

Art 315 CPCC

Les choses déclarées insaisissables par la loi (droits extrapatrimoniaux ; lors de procédures collectives
d’apurement du passif, la créance)

Les provisions alimentaires adjugées par la justice (somme d’argent alloué à un conjoint par la justice
pour s’occuper de la progéniture et pour respecter l’obligation d’assistance)

Sommes, objets disponibles déclarés insaisissables par le testateur ou le donateur

Les sommes et pensions pour aliments(…)

Rendu ce stade, des remarques sont à faire :

La 1ere remarque importante concerne précisément l’art 327 et a ses racines logées à l’art 328 du
CPCC. Effectivement, deux choses importantes y sont indiquées :

Tout d’abord la règle qui est posée d’après laquelle les objets listés à l’art 327 ne pourront être saisis
pour aucune créance même celle de l’Etat du territoire, si ce n’est pour aliments fournis à la partie
saisie, ou somme due au fabricant ou vendeur desdits objets, ou à celui qui aura prêté pour les
acheter, fabriquer ou réparer pour fermages et moissons des terres à la culture desquelles ils sont
employés, loyers des manufactures, moulins, pressoirs et usines dont ils dépendent et loyer des lieux
servants à l’habitation personnelle du débiteur.

Ensuite, les objets spécifiés sous le numéro 2 (couché nécessaire des saisis et de leurs enfants vivants
avec eux) ne pourront être saisis pour aucune créance.

La seconde remarque concerne l’art 315 et a ses racines logées à l’art 316 du CPCC. Sa teneur est la
suivante. Les provisions alimentaires ne pourront être saisie que pour cause d’aliments ; les objets
mentionnés au numéro 3 et 4 du précédent article pourront être saisis par les créanciers postérieurs à
l’acte de donation ou à l’ouverture de legs et ce en vertu de la permission du juge et pour la portion qu’il
déterminera…

CHAPITRE 4 : LE PERSONNEL DE L’EXECUTION FORCEE

A la question de savoir qui conduit les procédures forcées de recouvrement, le législateur esquisse un
principe de réponse qui connait des nuances. A l’examen, il détermine le personnel chargé à titre
principal de conduire l’exécution forcée puis le personnel simplement associé éventuellement aux
procédures forcées de recouvrement.

SECTION I : LE PERSONNEL CHARGE DE L’EXECUTION FORCEE

La lecture de l’A.U.P.S.R.V.E et sur renvoi de celui-ci de la loi d’organisation judiciaire, du CPCC, du


code général des impôts, pour ne viser que ces textes, vise explicitement (à titre principal) l’huissier de
justice et l’agent d’exécution.

Quel est le rôle de l’huissier de justice ? Il est difficile de décliner dans le détail ce que pourrait faire un
huissier de justice dans le cadre des procédures forcées de recouvrement, mais il y a des repaires
majeurs :

- C’est l’huissier de justice qui fait des sommations, des constats et des interpellations : il
informe le débiteur de ce qu’une procédure forcée de recouvrement a été engagée contre lui et
qu’il doit payer. Au moment de la saisie, ladite sommation est appelée sommation itérative.

- C’est l’huissier de justice qui met sous-main de la justice les biens du débiteur : il doit au
préalable prendre des photos desdits biens au moment de la saisie

- C’est l’huissier de justice qui vend en principe publiquement les biens du débiteur aux
enchères

- L’huissier de justice peut recevoir le paiement pour le compte du créancier saisissant et le


remettra à ce dernier.

Qu’est-ce qui distingue l’huissier de justice de l’agent d’exécution ? L’agent d’exécution est cet
auxiliaire de justice qui va accomplir les missions d’un huissier de justice dans le ressort d’un tribunal
de 1ere instance dépourvu d’un huissier de justice. Il est nommé par monsieur le Ministre de la Justice
Garde des Sceaux à la demande et surtout à la suite d’un avis de M. Le Procureur Général près de la
Cour D’Appel. Seuls pourraient être nommés agents d’exécution, les clercs assermentés ou à défaut,
les fonctionnaires de greffe ayant une expérience professionnelle d’au moins quatre années. On ne
peut pas avoir dans le ressort d’un tribunal un huissier de justice et un ou plusieurs agents d’exécution.
Le clerc assermenté est un simple employé d’un auxiliaire de justice (huissier, d’un notaire, d’un
avocat). Un commissaire-priseur est celui qui a la charge d’estimer la valeur d’un bien qui doit être
vendu aux enchères. Il organise la vente aux enchères (police des ventes publiques aux enchères). Au
Cameroun, l’huissier de justice assume les fonctions de commissaire-priseur (loi organisant la
profession d’huissier de justice 4 novembre 1969). L’huissier de justice stagiaire ne peut pas conduire
l’exécution forcée ; c’est un huissier de justice en formation. L’huissier de justice intérimaire n’est pas
celui qui remplace l’huissier de justice malade. Ce dernier remplace l’huissier de justice qui décède et
peut conduire une exécution forcée. L’huissier de justice malade peut être remplacé par son agent
d’exécution. Comment devient-on huissier de justice ? On demande au Ministère de la justice de
permettre qu’on entre en stage et il envoie son avis au PR qui signe le document. A la fin du stage, il y
a un examen organisé par le Ministère de la justice. Ceux ayant réussi l’examen vont déposer un autre
dossier pour se voir attribuer une charge par le PR. Il faut avoir au moins 23 ans pour entrer en stage
et 25 ans pour devenir huissier.

SECTION II : LE PERSONNEL EVENTUELLEMENT ASSOCIE A L’EXECUTION

Il s’agit d’abord et avant tout des magistrats. Les magistrats du parquet. Quel est le rôle du Ministère
Public dans les procédures de recouvrement forcé des créances ? Veiller à ce que les décisions de
justice, les titres exécutoires soient exécutés. Requérir la force publique pour les besoins de l’exécution
forcée. Veiller à l’application de la loi dans le cadre de l’exécution forcée. Il peut déclencher des
poursuites pénales. Le ministère public a comme rôle de contrôler les auxiliaires de justice. (Voir aussi
art 134-1 ; 137 et suivants).

Les juges (magistrat de siège) : Le juge est celui qui rend la décision qui va servir à déclencher le
recouvrement forcé. C’est lui qui va contrôler le processus de l’apposition de la formule exécutoire.
C’est lui qui dans certains cas de figures notamment lorsqu’on n’a pas son titre exécutoire va donner
l’autorisation pour pratiquer la saisie notamment les saisies conservatoires. Le juge a vocation à
recevoir toute demande et à trancher tout litige relatif à l’exécution forcée ou à une saisie
conservatoire. En effet, à en croire l’Art 49 A.U.P.S.R.V.E, « la juridiction compétente pour statuer sur
tout litige ou toute demande relative à une mesure d’exécution forcée ou à une saisie conservatoire est
le président de la juridiction statuant en matière d’urgence ou le magistrat délégué par lui. Sa décision
est susceptible d’appel dans un délai de 15 jours à compter de son prononcé. Le délai d’appel comme
l’exercice de cette voie de recours n’ont pas un caractère suspensif sauf décision contraire
spécialement motivée du président de la juridiction compétente ». L’on peut déduire de cet article que
Le juge du contentieux de l’exécution c’est le président de la juridiction statuant en matière d’urgence
ou le magistrat délégué par lui à cet effet.

Ensuite, les notaires interviennent en amont dans les procédures forcées de recouvrement pour confier
le caractère authentique à certains actes ; pour délivrer les grosses et les expéditions. A mi-parcours le
notaire va s’impliquer davantage dans certaines procédures, notamment dans la saisie immobilière.
L’A.U prévoit alors qu’il est l’un de ceux qui a compétence pour procéder à la vente publique d’un
immeuble. A la fin de la procédure forcée de recouvrement, le notaire intervient dans le processus de
répartition du produit de l’adjudication notamment dans l’hypothèse où la saisie aurait été engagée par
plusieurs créanciers.

L’avocat est l’un des auxiliaires de justice généralement impliqué dans le recouvrement forcé. Telle est
en tout cas l’impression qui se dégage de l’A.U.P.S.R.V.E et du texte qui organise la profession
d’avocat 1990. La lecture croisée de ces textes révèlent que l’avocat va aider ou prêter son concours
au créancier en vue de l’obtention du titre exécutoire ou de l’autorisation de saisir. Il poursuit l’exécution
forcée généralement pour le compte de ses clients et d’après le statut de la profession appartient à la
catégorie de ceux qui sont habiletés à recevoir des paiements pour le compte de leurs clients en
l’occurrence le ou les créanciers. Par ailleurs, l’avocat dans la saisie immobilière a un rôle spécial, l’A.U
lui réserve l’opération de rédaction du cahier de charge. L’avocat a également un rôle important
s’agissant du contentieux de l’exécution.

Les fonctionnaires de greffe : ils peuvent dans certaines circonstances intervenir dans le recouvrement
forcé en tant qu’agent d’exécution. Surtout si dans le ressort d’un tribunal il n’y a pas d’huissier de
justice et de clerc assermenté. Il intervient aussi dans le recouvrement forcé au moment de l’obtention
du titre exécutoire ou de l’autorisation de saisie. Le fonctionnaire de greffe est l’un de ceux qui
conduisent la saisie des rémunérations. En effet, la lecture de l’A.UP.S.R.V.E révèle que lorsque des
saisies sont opérées entre les mains d’un employeur, il y a une phase de conciliation durant laquelle le
fonctionnaire de greffe est fortement mobilisé. Passée la phase de conciliation, le soin lui revient de
centraliser les prélèvements effectués sur la rémunération du salarié débiteur en vue du paiement du
ou des créanciers (Art 188).

Le personnel de la police judiciaire/ La force publique : le repère matriciel s’agissant du rôle des forces
de l’ordre en matière du recouvrement forcé des créances est représenté par les Articles 29 et 42 de
l’A.U.P.S.R.V.E et sur renvoi de celui-ci tantôt par le statut de l’huissier de justice, les statuts
particuliers des corps concernés, et enfin par le code de procédure pénale. En l’absence de l’occupant
du local ou si celui-ci tente d’empêcher le recouvrement forcé, les forces de l’ordre interviennent dans
le cadre d’une exécution forcée.

CHAPITRE 5 : LE DEROULEMENT ET LE DENOUEMENT DE L’EXECUTION FORCEE

Le déroulement et le dénouement de l’exécution forcée s’achève idéalement par la réalisation des


biens d’une part et d’autre part le désintéressement du ou des créanciers.

SECTION I : LA REALISATION DES BIENS

A propos de cette phase de l’exécution forcée, l’attention est attirée par le préavis, le moment, les
participants, la garde, les frais…

1- LE PREAVIS
Encore appelé le commandement de payer. Sauf rare hypothèse, la saisie des biens d’autrui
ne se fait pas sans un commandement. La formalité est généralement accomplie par l’huissier
de justice. Elle consiste le plus souvent en deux choses : tout d’abord rappeler au débiteur
l’existence de la dette, ensuite le mettre en demeure de payer c’est à dire lui rappeler que faute
de paiement la saisie s’avèrera incontournable en fonction du délai prévu par l’acte. La raison
d’être de cette formalité préalable n’est pas bien compliquée. Le législateur a estimé que les
obligations dont les sujets de droit sont tenus sont parfois si nombreuses que ceux-ci peuvent,
sans être forcément de mauvaise foi les perdre de vue. Il est alors dans l’ordre des choses de
ne saisir que lorsque que la conviction est acquise que le débiteur s’obstine dans l’erreur. Quoi
qu’il en soit, le délai laissé au débiteur est généralement de 8jrs dans le cadre de la saisie
mobilière et de 20 jrs dans le cadre de la saisie immobilière.

2- LE MOMENT DE LA SAISIE
Indiqué entre autre à l’Art 46 de l’AU.P.S.R.V.E. Ce texte consacre un temps d’arrêt sur le jour
de la saisie et un temps d’arrêt sur l’heure de la saisie.
A propos du jour de la saisie, il est indiqué ceci : aucune mesure d’exécution ne peut être
effectuée un Dimanche ou un jour férié si ce n’est en cas de nécessité et en vertu d’une
autorisation spéciale du président de la juridiction (président du contentieux de l’exécution)
dans le ressort de laquelle se poursuit l’exécution.
A propos de l’heure de la saisie, aucune mesure d’exécution ne peut être commencée avant
8h ou après 18h, sauf en cas de nécessité avec l’autorisation de la juridiction compétente et
seulement dans des lieux qui ne servent pas à l’habitation . (Une saisie peut commencer à 17h
et s’achever le lendemain). La dérogation relative aux heures de la saisie ne s’applique pas
aux lieux servant d’habitation.
3- LES PARTICIPANTS A L’EXECUTION FORCEE
Il a déjà été observé que les procédures forcées de recouvrement ont comme acteurs
essentiels le créancier impayé, le débiteur défaillant, le tiers entre les mains duquel se trouvent
les biens du débiteur. L’observation a également été faite que les procédures forcées de
recouvrement sont diligentées par un huissier de justice ou par un agent d’exécution et
exceptionnellement par d’autres auxiliaires de justice.
Cela étant, il est important de ne pas perdre de vue les termes de l’Art 46 (3) de
l’A.U.P.S.R.V.E. Ils sont les suivants : « la partie saisissante ne peut, sauf nécessité
constatée par la juridiction compétente, assister aux opérations de saisie ». Il y a un cas de
figure ou le créancier est le principal acteur/ artificier de la saisie : cas du droit de rétention
exercé par le créancier. (Le créancier a déjà entre ses mains les biens du débiteur. La saisie
est donc pratiquée entre ses mains).
Il nous faut également mentionner les termes de l’Art 44 du même acte uniforme. Cet article
est ainsi rédigé : « l’huissier ou l’agent d’exécution peut toujours se faire assister d’un ou de
deux témoins majeurs, non parents ni alliés en ligne directe des parties, ni à leur service. Il
énonce en ce cas sur le procès-verbal leurs noms, prénoms, professions et domiciles. Les
témoins signent l’original et les copies du procès-verbal de saisie».

4- L’INDISPONIBILITE / LA GARDE
La garde des biens saisis incombe au débiteur ou le tiers entre les mains duquel a été
pratiquée la saisie. Toutefois, le débiteur ou le tiers saisi peu répudier son droit de garde des
biens saisis. L’huissier désigne alors un gardien. Il faut noter que le droit de garde confère le
droit d’usage et l’obligation de le restituer dans l’état initial.

5- LES FRAIS
Le législateur les évoquent à L’Art 47 de l’A.U : « Les frais de l’exécution forcée sont à la
charge du débiteur, sauf s’il est manifeste qu’ils n’étaient pas nécessaires au moment où ils
ont été exposés.
Sauf s’ils concernent un acte dont l’accomplissement est prévu par la loi nationale de chaque
Etat partie, ou par le présent acte uniforme, ou autorisé par la juridiction compétente, les frais
de recouvrement entrepris sans titre exécutoire restent à la charge du créancier. A la demande
de ce dernier, la juridiction compétente peut, cependant, mettre tout ou partie des frais
exposés, à la charge du débiteur de mauvaise foi ».

SECTION II : LA REPARTITION DES PRODUITS

Dans l’hypothèse du créancier unique, lorsque les biens ont été vendus, qu’ils soient mobiliers
ou immobiliers, les fonds sont généralement conservés pendant un lapse de temps court soit
par l’huissier de justice, soit par le commissaire-priseur, soit par le greffier, le délai ne doit pas
être supérieur à 15jrs. Ce lapse de temps écoulé, l’auxiliaire de justice paye un intérêt au taux
légal. Au créancier, on lui remet le principal, les intérêts et les frais dans un délai de 15jrs
maximum (Art 324 de l’A.U.P.S.R.V.E). Dans le même délai, le solde est remis au débiteur.

S’il y a plusieurs créanciers, la loi invite à tenir des assises. Les créanciers peuvent s’entendre
sur une répartition consensuelle du prix de la vente. Le montant doit être consigné dans un
acte sous seing privé ou authentique. Si les parties ne se sont pas entendues, on fera appel au
Président de la juridiction du lieu de la vente qui tranchera sur la répartition du prix. (Art 325,
326,327 A.U susmentionné).
TITRE II : LE DROIT SPECIAL DES PROCEDURES FORCEES DE RECOUVREMENT

Il regroupe plusieurs procédures. Au nombre de celles-ci, la saisie conservatoire, la saisie-


vente, la saisie-attribution, la saisi- immobilière et leurs excroissances.

CHAPITRE I : LES SAISIES CONSERVATOIRES


A en voir l’Art 54 de l’A.U.P.S.R.V.E « toute personne dont la créance parait fondée en son
principe peut, par requête solliciter de la juridiction compétente du domicile ou du lieu ou
demeure le débiteur, l’autorisation de pratiquer une mesure conservatoire sur tous les biens
mobiliers corporels et incorporels de son débiteur sans commandement préalable, si elle
justifie de circonstances de nature à en menacer le recouvrement ». A elle seule, cette formule
donne des orientations fortes au sujet du domaine des saisies conservatoires à propos des
conditions préalables à remplir par celui qui y est intéressé, un aperçu du déroulement de la
procédure et de son dénouement.

SECTION I : LE DOMAINE (sur quoi portent les saisies conservatoires ?)


On l’aura compris. La saisie conservatoire ne porte pas sur la personne du débiteur.
On l’aura compris. La saisie conservatoire ne porte pas sur les immeubles dont le débiteur
serait propriétaire.
On le devine sans difficultés, les biens dont il s’agit peuvent se trouver soit entre les mains de
l’endetté, soit entre les mains d’un tiers. A dire vrai, généralement entre les mains d’un tiers
seront saisi d’avantage des biens incorporels à l’exemple de créances, des droits d’associés,
des valeurs mobilières.
Des remarques sont à faire rendu à ce stade. La 1ere c’est que l’idée d’après laquelle la saisie
porte sur l’ensemble des meubles corporels et incorporels du débiteur devrait être acceptée
avec recul. Il a déjà été observé que quelques biens dont la personne est propriétaire
échappent à la saisie. La 2e est que tous les débiteurs ne devraient pas pouvoir succomber à
une saisie conservatoire, on songe singulièrement à ceux qui ont le bénéfice d’une immunité
d’exécution. Ce qui ne signifie pas qu’on ne pourrait pas saisir conservatoirement entre leurs
mains (exemple : l’Etat). La 3e remarque a ses racines logées à l’Art 175 de
l’A.U.P.S.R.V.E « les rémunérations ne peuvent faire l’objet d’une saisie conservatoire ». La
4e remarque est que lorsque le débiteur n’a pas de domicile fixe ou est un étranger, ses biens
peuvent néanmoins être saisis conservatoirement. Effectivement, le législateur OHADA a
conçu une procédure spéciale dite saisie-conservatoire foraine que le créancier peut mobiliser
en de telles circonstances. La saisie conservatoire peut être pratiquée sur les biens qui ont
vocation à être délivrés ou restitués par le moyen d’une saisie-revendication (Art 227
A.U.P.S.R.V.E).

SECTION II : LES CONDITIONS PREALABLES

Elles sont tantôt de fonds, tantôt de forme.

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS A REMPLIR SUR LE TERRAIN DU FONDS


Elles sont au nombre de deux : Il faut que la créance paraisse fondée en son principe, il faut
que les circonstances existent qui puissent compromettre le recouvrement de la créance.

Une créance paraissant fondée en son principe : La saisie conservatoire est réservée à celui
dont la créance parait fondée en son principe. Il suffit seulement que l’on ait une apparence de
certitude, de liquidité ou d’exigibilité pour pratiquer une saisie conservatoire.

Des circonstances susceptibles de compromettre le recouvrement de la créance : l’intéressé a


posé une série d’actes donnant à penser que lorsque la créance sera certaine, liquide, et
exigible, l’intéressé ne sera plus à même de payer. A titre d’exemple, il tente d’organiser son
insolvabilité par des libéralités. A titre d’illustration également, l’intéressé appelé à payer une
somme d’argent, acquiert un billet d’avion en allé simple.

Des remarques sont à faire ici : La 1ere remarque importante c’est que le soin revient au
créancier intéressé par un saisie conservatoire d’apporter la preuve à la conviction du juge que
sa créance parait fondée en son principe et justifier de circonstances susceptibles de
compromettre le recouvrement. La charge de la preuve incombe donc au créancier. Tel est
notamment la substance de l’arrêt Sicpro contre Gitma devenu Getma. (Établir cet article ou
ces conditions à la satisfaction du juge). Quelques dispositions (ex Art 227, 73) de l’A.U ne
reviennent pas sur les conditions de fonds. Cependant, même si ces conditions de fonds ne
sont pas explicitement mentionnées dans ces articles, elles ne doivent pas être ignorées car
exigées.

PARAGRAPHE II : LES CONDITIONS A REMPLIR SUR LE TERRAIN DE LA FORME


Elles sont révélées entre autre à l’Art 54 de l’A.U à maintes reprises déjà évoquées. Il s’agit
de :
La requête : est rédigée par le créancier (personne physique ou morale) (une personne morale
agit par le biais d’un représentant légal- agissant comme représentant légal de la société…) et
destinée à la juridiction du domicile ou du lieu ou demeure le débiteur.

Une autorisation : il ne suffit pas simplement d’avoir esquissé une requête adressée au
Président de la juridiction compétente pour saisir à titre conservatoire les biens du débiteur.
Encore faudrait-il que le chef de juridiction auquel on s’est adressé autorise la mesure ainsi que
le retient l’A.U.P.S.R.V.E. L’autorisation prendra généralement la forme d’une ordonnance.
Toujours est-il et cela est explicitement consigné à l’Art 59 de l’A.U que : « la décision
autorisant la saisie-conservatoire doit à peine de nullité préciser le montant des sommes pour
la garantie desquelles la mesure conservatoire est autorisée et préciser la nature des biens sur
lesquelles elle porte ».

Des remarques sont à faire : la requête aux fins de saisir pourrait parfois ne pas être adressée
au président de la juridiction compétente du lieu où le débiteur à son domicile. Pareillement,
l’autorisation de saisir pourrait n’être pas délivrée par le président de ladite juridiction. Il en va
ainsi singulièrement lorsque la saisie est foraine. Lorsque la saisie est foraine la requête est
adressée au président de la juridiction du lieu où le créancier à son domicile. Dans certaines
hypothèses, le créancier intéressé par une saisie conservatoire est dispensé de la formalité de
la requête et de la formalité subséquente de l’autorisation : Il en va aussi lorsque le créancier
dispose d’un titre exécutoire. Il en va ainsi également, ainsi que le prévoit l’Art 55 de
l’A.U.P.S.R.V.E au cas où le débiteur n’a pas exécuté une obligation constatée par une lettre
de change qu’il a accepté, par un biais à ordre, ou par un chèque qu’il a signé. Il en va ainsi
également s’agissant des loyers impayés en vertu d’un bail écrit dès lors que des mises en
demeure adressées au débiteur sont restées infructueuses (on doit distinguer le
commandement des mises en demeure).

La dernière remarque est que les saisies conservatoires se passent du commandement de


payer. Bien que les saisies conservatoires se passent du commandement de payer, dans le
cadre d’un bail écrit, le bailleur doit cependant toujours procéder à des mises en demeure, il
n’en est pas dispensé (on doit distinguer le commandement des mises en demeure).

SECTION III : LE DEROULEMENT/ MISE EN ŒUVRE DES SAISIES CONSERVATOIRES

La saisie conservatoire portant sur les meubles corporels ne se déroule pas exactement de la
même manière que la saisie conservatoire portant sur les créances. Une attention particulière
doit leur être accordée.

PARAGRAPHE I : DEROULEMENT DE LA SAISIE CONSERVATOIRE PORTANT SUR LES


MEUBLES CORPORELS

A- LA SAISIE CONSERVATOIRE DES MEUBLES CORPORELS ENTRE LES MAINS DU


DEBITEUR
Une fois l’autorisation de saisir octroyée par la juridiction compétente, la saisie-
conservatoire doit être pratiquée dans un délai de 3 mois à compter de la décision
autorisant la saisie. Passé ce délai l’ordonnance devient caduque (Art 60 A.U). Le titulaire
de l’autorisation de saisir doit donc se rendre chez l’huissier de Justice. Il lui donne
mandat aux fins d’effectuer la saisie. Ce mandat peut être tacite ou expresse. L’on observe
alors deux cas de figures :

- Chez le débiteur en sa présence (Art 60, art 64, art 65, 99, 103) : Rendu chez le débiteur,
l’huissier lui présente ses titres et qualités, ainsi que l’autorisation de saisir (ou le titre
exécutoire). Avant de procéder à la saisie, l’huissier de justice demande au débiteur de lui
indiquer les biens qui auraient fait l’objet d’une saisie antérieure. Si les biens ont fait l’objet
d’une saisie antérieure, le débiteur doit présenter à l’auxiliaire de justice le PV de la précédente
saisie. Dans la même veine, l’huissier procédera à une saisie complémentaire. Cette dernière
consiste à saisir les biens du débiteur qui n’ont pas été mentionnés dans le PV de la saisie
antérieure. Après la saisie complémentaire, l’huissier va signifier l’acte de saisie
complémentaire au créancier premier saisissant (en cas de défaillance du créancier premier
saisissant, la loi permet au créancier second saisissant de poursuivre la procédure). Toutefois,
si tous les biens ont fait l’objet d’une saisie antérieure, l’huissier de justice signifiera au
créancier premier saisissant le PV de saisie conservatoire. Lorsque les biens n’ont pas fait
l’objet d’une précédente saisie, l’huissier procédera à leur saisie. Pendant la saisie, l’huissier
identifie les biens à saisir et les mentionnent dans le PV de saisie avec à l’appui des photos
qu’il aura pris. A ce stade, le législateur énumère un certain nombre d’obligations auxquelles
l’huissier doit se conformer, notamment : rappeler verbalement au débiteur que les biens saisis
sont indisponibles, qu’ils sont placés sous la garde du débiteur ou d’un tiers désigné d’accord
parties, qu’ils ne peuvent être ni aliénés ni déplacés sauf en cas de nécessité sous peine de
sanctions pénales ; rappeler également au débiteur son droit de contestation (demander la
mainlevée de la saisie) devant juridiction compétente du lieu de son domicile, si les conditions
de validité de la saisie ne sont pas remplies. A la fin de l’opération, le PV de saisie est signée
par l’huissier et le débiteur et une copie du PV est remise à ce dernier portant les mêmes
signatures que sur l’original. Cette remise vaut signification.

- Chez le débiteur en sa non présence (Article 42, 43, 44, 45 et 46 de l’A.U.P.S.R.V.E.) : la


lecture croisée des articles 42 et 43 de l’AUPSRVE révèle qu’en cas d’absence du débiteur
dans son local ou si ce dernier lui en refuse l’accès, l’huissier désigne un gardien aux portes
pour empêcher le divertissement. A cet effet, il requiert pour assister aux opérations, l’autorité
administrative (police / gendarmerie). Lorsque les conditions légales sont remplies, l’huissier de
justice peut, en l’absence du débiteur procéder à l’ouverture des portes et meubles.
Egalement, à la fin de l’opération, il assure la fermeture de la porte par laquelle il a pénétré
dans les lieux. Au moment de la saisie, l’huissier doit photographier les objets saisis et
conserver les photos en vue d’une vérification ultérieure par lui. A la fin, l’huissier dresse un PV
signé par lui et les témoins présents. L’auxiliaire de justice par la suite signifie une copie du PV
au débiteur qui n’a pas assisté à la saisie en lui impartissant un délai de 8 jours pour indiquer si
ses biens ont fait l’objet d’une saisie antérieure ou pas et de lui en communiquer le PV.

N.B : Autorisation simple donnée à l’huissier est différente de l’autorisation spéciale (jours
fériés et heures anormales)

B- LA SAISIE CONSERVATOIRE DE MEUBLE CORPOREL ENTRE LES MAINS D’UN


TIERS
- Chez le tiers en sa présence : Rendu chez le tiers, l’huissier lui présente ses titres et qualités. Il
doit également présenter en plus de l’autorisation de saisir, une autorisation spéciale lui
permettant de s’introduire dans les locaux du tiers (les lieux qui servent à l’habitation). Il est
important de retenir que la double autorisation n’est pas exigée en dehors des lieux qui servent
à l’habitation. Chez le tiers, l’huissier l’invite à lui présenter les biens dont le débiteur est
propriétaire. Tout refus, toute déclaration mensongère ou inexacte de la part du tiers aura pour
conséquence sa condamnation au paiement des dommages et intérêts pour réparation du
préjudice que cause son silence et au paiement des causes de la saisie (l’huissier l’évoque
verbalement). La suite de la procédure est tributaire de la réponse du tiers : lorsque le tiers
déclare ne pas détenir entre ses mains les biens dont le débiteur est propriétaire, l’huissier
dresse un PV dans lequel il mentionne les déclarations du tiers ainsi que les sanctions. Le PV
est ensuite signé par l’huissier, le tiers et éventuellement les témoins. Lorsque le tiers déclare
avoir entre ses mains les biens dont le débiteur est propriétaire, l’huissier demandera au tiers si
les biens ont fait l’objet d’une saisie antérieure. Si oui, de lui communiquer le PV. Si les biens
ont effectivement fait l’objet d’une saisie initiale, l’huissier procédera à une saisie
complémentaire et l’acte de saisie sera communiqué au créancier 1 er saisissant. Lorsque les
biens n’ont pas fait l’objet d’une saisie initiale, l’huissier effectuera la saisie (prise de photos,
dresser un PV de saisie, effectuer les déclarations susmentionnées dans le cas de la présence
du débiteur). De même que le débiteur, le tiers a la possibilité de répudier la garde des biens.
Le PV sera signé par l’huissier, le tiers et éventuellement les témoins. Une copie du PV sera
remise au tiers et également signifié au débiteur (porté à sa connaissance).

- Chez le tiers en sa non présence (art 67 renvoie aux articles 107 à 110 ; 112 à 114) : l’huissier
désigne un gardien aux portes pour éviter le divertissement. Il peut de ce fait être assisté par
une autorité administrative (police ou gendarmerie). Il procédera à l’ouverture des portes et des
meubles. Dans les locaux, l’huissier procède à la saisie des biens et la prise des photos. Il
dresse un PV signé par lui, et éventuellement les témoins. A la fin de la saisie, il procède à la
fermeture des portes ou de l’issue par laquelle il a pénétré dans les locaux. Le PV sera signifié
au tiers et celui-ci dispose d’un délai de 8 jours pour indiquer si les biens ont fait l’objet d’une
saisie antérieure ou pas. Il est également fait mention des sanctions encourues en cas de refus
de répondre ou de déclarations mensongères ou inexactes. Des différences peuvent être
remarquées avec la procédure concernant le débiteur : la première est celle de la condition de
la double autorisation et la deuxième est que le PV est signifié au tiers et dénoncé au débiteur.

PARAGRAPHE II : DEROULEMENT DE LA SAISIE CONSERVATOIRE PORTANT SUR LES


CREANCES (meubles incorporels)

LA SAISIE DU TIERS (Art 77 A.U)

On sait déjà que la créance devrait paraitre fondée et que des circonstances devrait en menacer le
recouvrement et que le créancier a introduit une requête au président de la juridiction compétente et à
son autorisation de saisir ou titre exécutoire. Dès lors, il faut se rendre chez l’huissier ou l’agent
d’exécution dans une fourchette de 3 mois pour lui donner mandat. Conséquemment, l’huissier de
justice a deux options :

- Il peut saisir de son étude sans descendre sur les lieux . Cette option est privilégiée tacitement
par le législateur en matière de saisie conservatoire de créance. L’huissier de justice va rédiger
un acte de saisie qu’il va signifier au tiers. Ce dernier a un délai de 5jours pour répondre à
l’interpellation. Sur cet acte, doivent être mentionnées un nombre d’éléments (présenter ses
titres, l’autorisation de saisir, demander au tiers de révéler ce qui est détenu réellement pour le
compte du débiteur et d’indiquer s’il s’agit d’une banque la nature des comptes et de rendre
disponible les pièces justificatives ; demander au tiers d’indiquer si les sommes contenues
dans le compte font l’objet d’une saisie et si tel est le cas, transmettre les Procès-verbaux). De
ce fait, le tiers doit procéder à la vérification de la qualité ou non du client du débiteur (le tiers
est-il en possession des comptes du client ?), à l’identification du client (vérifier nature des
comptes et soldes), au blocage des fonds contenus dans les comptes (principal et intérêt dus
et non plus, si non la responsabilité du tiers peut être engagée), et répondre formellement à
l’huissier (production des pièces justificatives concernant la natures des comptes/ soldes et
l’existence d’une procédure antérieure). En cas de silence, de négligence fautive ou de
déclaration mensongère du tiers celui-ci peut être condamné au paiement des causes de la
saisie si celle–ci est convertie en saisie-attribution et être amené à réparer le préjudice. (Art 81
A.U). Inversement, si la saisie n’est pas convertie en saisie-attribution, le tiers ne peut être
condamné.

- Descendre chez le tiers à l’effet de procéder à la saisie, la réponse du tiers doit être immédiate.

DENONCIATION DE L’ACTE DE SAISIE AU DEBITEUR

L’huissier de justice qui a saisi entre les mains d’un tiers va informer le débiteur que ses biens ont été
saisis. L’huissier dispose d’un délai de 8jours pour effectuer la dénonciation par acte d’huissier au
débiteur à peine de caducité. L’huissier doit renseigner sur un certain nombre de points : (Art 79 A.U).
S’il descend sur les lieux, l’huissier remet une copie du PV de saisie.

NB : La procédure est la même dans le cas où le tiers serait une personne physique.
SECTION II : LE DENOUEMENT DES SAISIES CONSERVATOIRES

Théoriquement, les saisies conservatoires peuvent se dénouer soit normalement, soit au détour
d’incidents.

PARAGRAPHE I : LE DENOUEMENENT DES PROCEDURES CONSERVATOIRES SANS


INCIDENTS

Trois temps forts marquent le dénouement sans incidents des saisies conservatoires. Le 1 er temps fort
est la recherche et l’obtention des titres exécutoires, le 2 e temps fort est celui de la conversion de la
saisie conservatoire, le 3e temps fort est celui du désintéressement du créancier.

A- LE RECHERCHE ET L’OBTENTION DU TITRE EXECUTOIRE


Art 61 A.U : « Si ce n’est le cas où la saisie conservatoire a été pratiquée avec un titre
exécutoire, le créancier doit, dans le mois qui suit ladite saisie, à peine de caducité, introduire
une procédure ou accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire.
Si la saisie est pratiquée entre les mains d’un tiers, les copies des pièces justificatives de ces
diligences doivent être adressées au tiers dans un délai de huit jours à compter de leur date ».
Autrement dit, celui qui pratique une saisie conservatoire sur la base d’une autorisation, doit à
compter de la pratique de la saisie engager des démarches en vue de l’obtention d’un titre
exécutoire dans un délai de 30 jours. Lorsque la saisie est pratiquée entre les mains d’un tiers,
le créancier doit dans un délai de 8 jours signifier au tiers les documents qui attestent des
démarches en vue de l’obtention du titre exécutoire. Les 8 jours qui s’ajoutent aux 30jrs sont
des délais pour signifier au tiers que des démarches ont été engagées pour l’obtention d’un
titre exécutoire. Ceci étant pour faire savoir au tiers que le débiteur est poursuivi devant une
juridiction.

B- LA CONVERSION DE LA SAISIE ET LE DESINTERESSEMENT DU CREANCIER


La procédure de la conversion de la saisie n’est pas la même suivant que la saisie
conservatoire est portée sur des meubles corporels ou sur des créances. Il est important de
noter que la conversion de la saisie conservatoire n’est possible que par l’obtention préalable
d’un titre exécutoire.
Sur les meubles corporels : Quand le créancier a obtenu son titre exécutoire constatant sa
créance, il retourne chez l’huissier de justice pour lui donner un nouveau mandat qui se
concrétise par la remise du titre exécutoire. L’huissier de justice ou l’agent d’exécution va par
conséquent dresser un acte de conversion et cet acte est signifié au débiteur. Si la saisie
conservatoire a eu lieu entre les mains d’un tiers, il faut lui signifier une copie de l’acte de
conversion. L’acte de conversion va mentionner : sujet de l’identité des acteurs ; autorisation
de la saisie conservatoire ; le procès-verbal de saisie conservatoire ; le titre exécutoire ; le
commandement d’avoir à payer la créance dans un délai de 8jours, faute de quoi il sera
procédé à la vente des biens saisis. Si le paiement est effectué, la procédure prend fin. Si le
paiement n’a pas été effectué, on procède à la vente à l’amiable. La vente à l’amiable est
précédé par une procédure de vérification qui se fait à l’expiration du délai de 8 jours
susmentionné et en cas de non-paiement. Elle consiste pour l’huissier à vérifier que les biens
ont été convenablement conservés. L’huissier de justice dresse un PV de vérification qui
constate les biens dégradés ou manquant et signé par lui-même, le débiteur ou le tiers et
éventuellement le témoin. L’huissier de justice va ensuite remettre le PV de vérification au
débiteur. Il peut aussi remettre le PV de vérification au tiers et une copie au débiteur lorsque
les biens ont été saisis entre les mains du tiers. La signification du PV de vérification annonce
de ce fait, l’ouverture de la vente amiable. Le débiteur dispose d’un délai d’1 mois à compter de
la réception du PV de vérification pour vendre à l’amiable, faute de quoi il est procédé à la
vente forcée. La vente forcée se termine par le paiement du créancier. (Art 69, 70, 72 A.U). Il
est important de noter qu’une saisie conservatoire sur les biens meubles corporels ne peut
qu’être convertie qu’en saisie-vente.

Sur les créances et paiement : La conversion d’une saisie conservatoire de créance suppose
l’obtention d’un titre exécutoire constatant la créance. Cette conversion de la saisie
conservatoire de créance va déboucher sur l’étape finale d’une saisie attribution. Quand le
créancier a obtenu son titre exécutoire constatant sa créance, il retourne chez l’huissier de
justice pour lui donner un nouveau mandat qui se concrétise par la remise du titre exécutoire.
L’huissier de Justice va dresser et signifier l’acte de conversion au tiers d’abord et ensuite le
dénoncer (signifié) au débiteur. L’acte de conversion doit contenir (autorisation de la saisie, PV
de saisie, mentionner le titre exécutoire du créancier, informer le tiers d’être prédisposé à payer
s’il y a pas de contestations et l’indication du montant à payer). L’acte de conversation va
ensuite être dénoncé au débiteur et l’invitera à payer sa créance. Si après 15 jours ce dernier
n’a pas effectué le paiement, le tiers sera dans l’obligation de désintéresser le créancier s’il n’y
a pas de contestations (présentation par le créancier du certificat de non contestation ou
présentation par le créancier de la lettre du débiteur déclarant n’avoir aucune contestation, au
tiers). Dans le cas échéant, l’on devra attendre que la juridiction compétente tranche sur le
litige et que le jugement sera devenu définitif. (Art 83 A.U). Le paiement peut intervenir avant
l’expiration de ce délai (15jrs) si le débiteur a déclaré par écrit ne pas contester l’acte de
conversion. (Art 82 et 83)

PARAGRAPHE II : LE DENOUEMENT DE LA SAISIE CONSERVATOIRE EN CAS D’INCIDENT

Le 1er incident majeur est celui qui se traduit par une demande de mainlevée : C’est un incident par
lequel le débiteur demande à la juridiction compétente, notamment celle ayant autorisée la saisie,
d’ordonner l’annulation de la saisie conservatoire. Une des causes de la mainlevée peut être le non-
respect par le créancier des formalités d’une saisie. Le soin revient au juge d’apprécier la demande de
main levée. Il n’est donc pas obligé d’y répondre favorablement.

Le 2e incident majeur est celui ayant un lien avec la pluralité de créanciers et pluralité de saisies.
Evoquant les pluralités de saisies, il s’agit des hypothèses d’une succession de saisies engagées par
des créanciers différents sur les mêmes biens du débiteur. (Art 74 et 75 A.U)

CHAPITRE II : LA SAISIE VENTE


Aux termes des dispositions l’article 91 de l’AUPSRVE « Tout créancier muni d’un titre exécutoire
constant une créance liquide et exigible peut, après signification d’un commandement, faire procéder à
la saisie et à la vente des biens meubles corporels appartenant à son débiteur, qu’ils soient ou non
détenus par ce dernier, afin de se faire payer sur le prix ».
Cet article donne un aperçu relativement fidèle du domaine de cette voie d’exécution, des conditions à
remplir par celui qui entend la mobiliser, de son déroulement et de son dénouement.

SECTION I : LE DOMAINE
La saisie-vente a vocation à atteindre des biens mobiliers corporels dont le débiteur est propriétaire.
Ces biens peuvent se trouver soit entre ses mains soit en d’autres mains. Quelques remarques sont à
faire.
La 1ere : si la saisie vente porte sur des meubles corporels, on doit en inférer qu’elle ne concerne pas
les meubles incorporels et les immeubles. Elle n’a pas vocation non plus à atteindre des biens meubles
corporels dont le débiteur n’est pas propriétaire ;
La 2e : parce que la saisie vente porte sur des meubles corporels, elle devrait pouvoir atteindre les
véhicules terrestres à moteur ou sans moteur. Simplement, il convient de ne pas perdre de vue que
s’agissant des véhicules terrestres à moteur, une règle spécifique a été développée sous l’article 103
de l’AUPSRVE ;
La 3e : La saisie vente peut bien porter sur des sommes d’argent (Les sommes en espèces peuvent
être saisies à concurrence du montant de la créance du saisissant). Il sera donné 15 jours au débiteur
pour élever contestation. Si après ce délai le débiteur n’élève pas contestation, les sommes seront
rendues au créancier à concurrence du montant de sa créance (article 104 de l’AUPSRVE) ;
La 4e : La saisie vente peut atteindre les récoltes sur pieds. C’est du moins ce que donne à penser
l’article 147 de l’AUPSRVE « Les récoltes et fruits proches de la maturité peuvent être saisis avant
d’être séparés du sol. La saisie n’est ouverte qu’au créancier de celui qui a droit aux fruits. Elle ne
pourra être faite à peine de nullité plus de six semaines avant l’époque habituelle de maturité ». Une
saisie pratiquée plus de six semaines avant l’époque habituelle de maturité est une saisie immobilière.

SECTION II : LES CONDITIONS DE LA SAISIE VENTE


La première condition pour pouvoir mobiliser une saisie-vente est que la créance devrait être liquide et
exigible. La deuxième est que créancier devrait être titulaire d’un titre exécutoire. La troisième et
dernière condition est que le créancier a adressé au débiteur un commandement de payer demeuré
infructueux dû à l’expiration du délai de 8 jours imparti pour payer sa dette.

SECTION III: LA MISE EN ŒUVRE DE LA SAISIE VENTE


La procédure de la saisie vente n’est pas rigoureusement la même selon que les meubles doivent être
saisis entre les mains du débiteur ou entre les mains d’un tiers.

PARAGRAPHE I : LE DEROULEMENT DE LA SAISIE VENTE ENTRE LES MAINS DU DEBITEUR


La saisie vente peut être pratiquée en présence du débiteur ou en son absence.
En présence du débiteur : après avoir reçu mandat du créancier (titulaire du titre exécutoire), l’huissier
adresse au débiteur un commandement de payer. S’il est resté infructueux à l’expiration d’un délai de 8
jours, l’huissier opère une descente sur les lieux. Descendu sur les lieux aux heures et jours normaux,
il présente ses titres et qualités, le titre exécutoire en vertu duquel la saisie est pratiquée. Après quoi, il
procède à l’itérative sommation, c’est-à-dire qu’il réitère verbalement la demande de paiement au
débiteur, ce qui est représentatif d’un dernier avertissement. Deux hypothèses voient le jour : soit le
débiteur rend disponible le montant dû et il est dressé un PV qui clôture la procédure ; soit le débiteur
s’obstine, auquel cas la procédure se poursuit. Dans ce cas, l’huissier procède à la saisie (recenser les
biens saisissables dans le PV et prendre des photos). L’huissier, aux fins d’accomplir ses obligations
fait des déclarations verbales, en l’occurrence que le débiteur dispose d’un délai d’un mois pour
procéder à la vente à l’amiable des biens (article 100 de l’AUPSRVE). La fin de la saisie est marquée
par la signature du PV par l’huissier, le débiteur et éventuellement les témoins. Une copie du PV sera
remise au débiteur valant signification de l’acte de saisie.
En cas d’absence du débiteur : après avoir reçu mandat et adressé un commandement de payer rester
infructueux à l’expiration d’un délai de 8 jours, l’huissier fait une descente sur les lieux. Constant
l’absence du débiteur, l’huissier peut désigner un gardien aux portes pour empêcher le divertissement.
De ce fait, il peut se faire assister par une autorité administrative compétente (la gendarmerie ou de
police). Il se fait aussi assister par un menuisier pour pénétrer dans les locaux du débiteur absent. Une
fois à l’intérieur, l’huissier procède au recensement des biens qui peuvent faire l’objet de saisie et les
consignent dans un PV signé par lui et éventuellement les témoins. Le PV sera signifié au débiteur qui
dispose d’un délai de 8 jours pour déclarer si oui ou non ses biens ont fait l’objet d’une saisie
antérieure. Si tel est le cas, le débiteur doit lui communiquer le PV de saisie. Si aucun bien n’est
passible de saisie ou n’a manifestement pas de valeur marchande, l’huissier ou l’agent d’exécution
dresse un PV de carence sauf si le créancier requiert la continuation de l’exécution (Article 91, 96-PV
de carence, 98 99, 100, 101 et 102 de l’AUPSRVE).
PARAGRAPHE II : LA SAISIE VENTE ENTRE LES MAINS D’UN TIERS

A- LE DEROULEMENT (Art 105-114 A.U.P.S.R.V.E)


Chez le tiers présent : Muni du titre exécutoire, le créancier va donner mandat de saisir à
l’huissier de justice ou agent d’exécution. L’huissier de justice va signifier le commandement de
payer au débiteur. Le débiteur aura donc un délai de 8jours pour désintéresser le créancier à
compter de la signification du commandement de payer. Deux hypothèses surgissent donc :
soit le débiteur paye sa créance, ce qui met fin à la procédure (saisie-vente) ; soit en cas de
non-paiement, l’huissier de justice va descendre sur les lieux (chez le tiers) aux jours et heures
prévus par la loi. S’il est là, Il présente au tiers l’autorisation de saisir et si la saisie se fait dans
un local servant de lieu d’habitation, il doit présenter aussi une autorisation spéciale. Il s’en suit
une déclaration/ rappel verbale (Art 110 A.U) : l’huissier demandera au tiers de lui indiquer les
biens appartenant au débiteur qui se trouvent entre ses mains. Il prononcera les sanctions à
encourir en cas de silence ou de déclaration mensongère. Le tiers a l’obligation de répondre à
l’huissier sur le champ. Dans l’hypothèse où la question est négative, il y aura un procès-verbal
dressé par l’huissier clôturant la saisie. Dans l’hypothèse où la réponse est affirmative, le tiers
va présenter les biens. L’huissier lui posera la question de savoir si ces biens ont fait l’objet
d’une précédente saisie et si tel est le cas, lui communiquer le PV. Si certains biens du
débiteur ont fait l’objet d’une précédente saisie, l’huissier procède à une saisie
complémentaire. Si les biens n’ont pas encore été saisis, l’huissier va procéder à la saisie en
signalant leur nature, leur état, et en prenant des photos. L’huissier de justice dressera donc un
procès-verbal contenant les mentions de l’Art 109 de l’A.U. Le tiers est tenu de remettre le PV
aux créanciers postérieurs à la saisie. Le PV est signé par le tiers, l’huissier de justice et
l’éventuel témoin. On remet une copie du PV de saisie au tiers valant signification. Enfin, on
dénonce le PV au débiteur saisi. La dénonciation se fait dans un délai de 8jours à peine de
nullité. Dans l’acte de signification ou dénonciation, il va lui être indiqué les références du PV
de saisie et surtout le délai (1 mois à compter de la signification pour procéder à la vente
amiable de vos biens).

Chez le tiers absent : Muni du titre exécutoire, le créancier va donner mandat de saisir à
l’huissier de justice ou agent d’exécution. L’huissier de justice va signifier le commandement de
payer au débiteur. Le débiteur aura donc un délai de 8jours pour désintéresser le créancier à
compter de la signification du commandement de payer. Deux hypothèses surgissent donc :
soit le débiteur paye sa créance, ce qui met fin à la procédure (saisie-vente) ; soit en cas de
non-paiement, l’huissier de justice va descendre sur les lieux (chez le tiers) aux jours et heures
prévus par la loi. Si le tiers n’est pas là, l’huissier désigne un gardien aux portes pour
empêcher le divertissement (autorité administrative compétente- police/ gendarmerie).
L’huissier de justice procède ensuite à l’ouverture des portes suivi de la saisie (recensement
des biens dans le PV et photos). L’huissier clôturera la porte ou l’issue par lequel il a pénétré.
L’huissier de justice va adresser une correspondance au tiers pour lui demander si les biens du
débiteur ont fait l’objet d’une précédente saisie et lui mentionner qu’il en est désormais le
gardien, que les biens sont indisponibles et qu’il peut élever des contestations. La procédure
s’achève avec la dénonciation de la saisie au débiteur et lui notifier qu’il a un mois pour
procéder à la vente à l’amiable.

Des remarques sont à faire : La 1ere remarque (Art 106 A.U) c’est que le créancier peut saisir
les biens du débiteur qui se trouvent entre ses propres mains. On peut donc comprendre que
le créancier est aussi le tiers dans cette hypothèse. Ici, la saisie ne doit pas se faire en marge
de la loi et elle est la même. La 2e remarque, est qu’il n’est pas à exclure que le tiers ayant
exercé un droit de rétention sur un bien dont le débiteur est propriétaire soit intéressé par ledit
bien. En pareil circonstances ainsi que le prévoit l’art 114 A.U, le tiers détenteur devra justifier
d’un titre exécutoire et observer la procédure de la saisie vente organisée par le législateur. La
3e remarque sur l’Art 97 de l’A.U est que le débiteur ou plus fondamentalement le tiers
assumant la garde des biens saisis ne pourrait les déplacer qu’au cas d’urgence après en avoir
préalablement informé le créancier (sauf cas d’urgence absolue : cas d’un incendie) et lui
révéler l’emplacement futur du bien saisi. La dernière remarque porte sur l’Art 112 A.U en cas
de désistement du débiteur ou tiers comme gardien, il faudra que l’huissier de justice en
désigne un nouveau.

B- LE DENOUEMENT DE LA SAISIE VENTE


1- En l’absence d’incident
Lorsqu’il n’y a pas d’incidents, deux points saillants marquent le dénouement de la saisie-
vente :
La vente amiable ou volontaire (Art 115-119 A.U) : Etape qui s’ouvre soit après la remise
du PV de vérification au débiteur soit après la dénonciation de la saisie au débiteur dans
un délai d’un mois et éventuellement 15 jours (décision des créanciers sur les propositions
faites au débiteur s’agissant de la vente des biens) (art 117 AU). La vente à l’amiable se
fait par le créancier ou il se trouve. Le débiteur reçoit des propositions d’acquisition et les
transmet à l’huissier par écrit. L’huissier de justice qui reçoit les propositions, les transmet
au créancier par lettre recommandée avec accusé de réception. Le créancier a 15 jours
pour prendre parti (pour se prononcer au sujet de la proposition : l’accepter, refuser, ou se
porter acquéreur). La loi considère que le silence gardé au terme des 15 jours vaut
acceptation de la proposition. Après ladite prise de partie, il faudra consigner le prix et
l’enlèvement des biens.

La vente forcée et répartition du produit de l’adjudication (Art 120-128) : Il a déjà été


indiqué à maintes reprises que la vente forcée fait suite à la vente amiable. La vente forcée
se produit lorsqu’aucun bien n’a été vendu à l’amiable ou aucun bien vendu à l’amiable ne
permettent pas de désintéresser le créancier. La vente forcée est conduite par l’auxiliaire
de justice habileté à cet effet dans chaque Etat membre de l’OHADA (au CMR, l’huissier
de justice ou l’agent d’exécution). La vente forcée a lieu soit au lieu où se trouvent les
objets saisis et sont conservés (chez le débiteur ou tiers et exceptionnellement sur le
créancier en cas de saisie sur lui-même) ; soit en une salle ou un marché public dont la
situation géographique est la plus appropriée et (à proximité du lieu où le bien est
conservé) ou le bien peut être vendu au meilleur prix. En cas de désaccord entre le
créancier et le débiteur sur le lieu où doit s’effectuer la vente, la juridiction statuant en
matière d’urgence va trancher ce différend dans les 5jours de sa saisine.
La préparation de la vente forcée : il n’y a pas de vente publique aux enchères sans
publicité préalable. La publicité se fait par affiches soit chez le débiteur, le tiers, au marché
ou la vente est sensée se faire, ou à la mairie. La publicité pourrait également se faire à
travers la presse écrite ou parlée. La publicité s’effectue 15 jours au moins avant la date
fixée pour la vente. Les formalités de publicité sont accomplies par l’huissier de justice
instrumentant pour le compte du créancier. Après la publicité, il y aura l’information du
débiteur. On remet au débiteur le document qui apporte la preuve que la publicité est
effective. Le débiteur doit être informé au moins 10 jours avant la vente aux enchères.
Avant la vente, il est procédé à la vérification de la consistance et de la nature des biens.
Enfin, il y aura la vente publique aux enchères proprement dite encore appelée
l’adjudication. L’adjudication est faite au plus offrant après 3 criées. Le prix est payable
comptant, faute de quoi, l’objet est vendu à la folle enchère de l’adjudicataire.
(Déroulement de la vente aux enchères : opération d’estimation de la valeur des biens,
présentation des biens aux publics, mise à prix, l’huissier de justice va annoncer qu’il reçoit
des propositions d’achat et fait des crier ; il faut qu’il crie 3 fois pour que la proposition
devienne définitive). La vente est arrêtée lorsque le prix des biens vendus assure le
paiement du montant des causes de la saisie et des oppositions, en principal, intérêts et
frais. Il est donc dressé le PV de la vente. Il s’ensuit donc le désintéressement du
créancier.

PARAGRAPHE II : LE DENOUEMENT AVEC INCIDENT

La saisie vente peut donner lieu à différents incidents : incident en lien avec la propriété (des biens ont
été saisis sans que débiteur en soit propriétaire) ; incident touchant à la saisissabilité (139 et 143 A.U) ;
incident se rapportant à la pluralité des saisies appelées les oppositions (s’il y a opposition, il y a saisie
complémentaire) (la procédure d’opposition est confiée aux diligences du créancier 1 er saisissant. Si ce
dernier est défaillant, les créanciers opposant vont poursuivre la procédure. La défaillance du créancier
saisissant se caractérise par : l’inobservation des délais,…Art 130-138 A.U).

CHAPITRE 3 : LA SAISIE-ATTRIBUTION

L’étude de la saisie attribution peut être menée en 3 temps. Le 1 er est relatif aux participants et aux
domaines de cette voie d’exécution, le 2e est relatif aux conditions à remplir et déroulement de la
procédure, le 3e est réservé par son dénouement.
SECTION I : LES PARTICIPANTS A LA SAISIE ATTRIBUTION ET LE DOMAINE DE LA
PROCEDURE

S’agissant des participants à la saisie attribution de créances, il s’agit du créancier (Il peut être une
personne physique ou morale y compris les personnes morales de droit privé) ; du débiteur (Il peut
s’agir d’une personne physique ou morale à l’exclusion des personnes morales de droit public) ; du
tiers saisi (Il peut s’agir d’une personne physique ou morale y compris des personnes morales de droit
public).

Dans une saisie attribution, il existe deux typescréances : la créance cause de la saisie (entre le
créancier et le débiteur) et la créance objet de la saisie (entre le débiteur et le tiers)

La saisie attribution ne porte que sur des créances de somme d’argent (Art 153 A.U). Cependant,
toutes les sommes d’argent ne sont pas soumises à une saisie attribution.

SECTION II : LES CONDITIONS A REMPLIR ET LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE

La saisie-attribution est réservée à celui qui est en possession d’un titre exécutoire. Le législateur
poursuit en disant que la créance devrait être liquide et exigible et par conséquent certaine. Il n’est pas
exigé la signification d’un commandement de payer. Après l’obtention du titre exécutoire, le titulaire se
rend chez l’huissier de justice. Y étant rendu vous donnez à l’huissier de justice le mandat de saisir.
Ici, l’huissier de justice peut ne pas descendre sur le terrain. Il va dresser un acte de saisie qui sera
signifié au tiers saisi. L’acte de saisie comportera des mentions en lien avec le titre exécutoire. L’acte
de saisie contiendra une mention qui va faire défense au tiers de remettre une somme d’argent
correspondant à ce qui est dû. Après l’élaboration de l’acte de saisie, on fait une signification de cet
acte élaboré valant saisi du tiers. L’huissier dans cet acte va demander au tiers si les avoirs du débiteur
ont fait l’objet d’une précédente saisie et de lui indiquer ce que celui-ci détient comme avoir dans le
compte du débiteur. Le tiers devra aussi indiquer la nature, solde et pièces justificatives du compte. Il
s’en suivra la dénonciation de la saisie au débiteur dans un délai de 8jours (biens rendus indisponibles,
possibilités pour lui d’élever ses contestations dans un délai d’un mois, possibilité d’ordonner le
paiement du créancier sans passer par les contestations) et la réaction du tiers saisi (positive ou
négative) sur les questions posées par l’huissier. A ce stade, des remarques sont à faire :

la 1ere remarque est que dès la signification de l’acte saisi au tiers saisi est effectuée, les avoirs du
débiteur vont être frappés d’indisponibilités à concurrence de ce qui est dû en principal, intérêts et frais.
La 2e remarque est la suivante : lorsque la saisie-attribution se réalise entre les mains d’une banque ou
d’un établissement de crédit, des règles spécifiques doivent être observées dans un délai de 15 jours à
compter de la signification de l’acte de saisie au tiers saisi. (Tous les avoirs bloqués pendant 15jours,
on désintéresse les créanciers antérieurs pendant les 15 jours et non les créanciers postérieurs. Au
terme des 15 jours on régularise le solde du débiteur) (Art 161 A.U cas d’une banque ou établissement
de crédit et non des personnes physiques).

La 3e remarque est que les actes de saisie signifiés au tiers saisi au cours d’une journée sont réputés
avoir été fait au même moment.

SECTION III : LE DENOUEMENT DE LA SAISE-ATTRIBUTION

Il est important de se souvenir du délai d’un mois lorsque la saisie est portée à la connaissance du
débiteur pour élever les contestations. Le dénouement peut se faire prématurément si avant le délai de
30 jours, le débiteur par voie écrite demande le dénouement. S’il conteste, un procès sera entamé et il
faudra attendre que le tribunal tranche sur la contestation, qu’elle soit définitive et que la décision soit
en faveur du créancier. Si le débiteur n’élève pas de contestations le créancier ira au tribunal demander
un certificat de non contestation au greffe dudit tribunal à l’échéance des 30 jours. (Art 153 ; Art154 ;
Art 155 ; Art 156 ; Art 157 ; Art 160 ; Art 164 ; Art 165 ; les contestations : articles 169 et suivant).

Lire la saisie des rémunérations

Lire la Saisie immobilière (Attention !)

L’acte de contestation du débiteur dans le cadre d’une saisie attribution !

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