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Libreville le 20/ 01/2020

DERMATOLOGIE TROPICALE

Pr. Ag. Solange ANDEME AFENE NZENZE


INTRODUCTION

La dermatologie tropicale fait référence aux dermatoses rencontrées sous


les tropiques, mais de plus en plus s’y ajoutent des dermatoses
communes aux pays industrialisés et aux pays en développement
(eczéma, psoriasis etc.), avec toutefois des prévalences variables et des
modes d'expression différents sous les tropiques.

Notre enseignement portera uniquement sur les plus courantes des


dermatoses tropicales infectieuses d’étiologie :
- fongique (vient de fungi =champignons, agents de mycoses)
- bactérienne
- parasitaire
- virale
Chap I- Les Dermatoses fongiques (ou Mycoses) cutanées
et cutanéo-phanériennes
 
Les mycoses cutanées ( peau) et cutanéo-phanériennes (qui affectent
la peau, les cheveux et les ongles) sont des affections causées par des
champignons microscopiques encore appelés micromycètes. On
distingue Trois (3) groupes de micromycètes en fonction de leur
structure fondamentale appelée thalle:

- micromycètes levuriformes ou levures


- micromycètes filamenteux constitués de filaments septés ou non
- micromycètes dimorphiques (sous forme levures in vivo et
filamenteux en culture)
Nous allons étudier :

des affections cutanées exclusivement et cutanéo- unguéales


causées par des levures, il s’agit donc de levuroses

et des affections cutanées, pilaire (cheveux, poils) et unguéales


causées par des champignons filamenteux à filaments septés
appelés Dermatophytes, il s’agit donc de Dermatophytoses
 
I-1 Les levuroses cutanées et cutanéo- phanériennes

 il s’agit essentiellement:

1- des affections cutanées dûes à la prolifération des levures du genre


Malassezia, levures naturellement présentes sur la peau (levures
épicommensales)

2- des affections cutanées dûes à des levures du genre Candida.


Elles sont souvent observées au niveau des plis et des zones cutanées
proches des orifices de muqueuses (par dissémination de certaines
espèces du genre Candida dites endocommensales)

3- des affections unguéales causées par les levures du genre Candida


I-1 Levuroses cutanées à Malassezia ou Malassezioses
cutanées

- causées par des levures du genre Malassezia, levures


lipophiles appartenant à la flore commensale de l'Homme et
des animaux
A ce jour on dénombre plus de 10 espèces du genre, parmi
lesquels Malassezia furfur

- Plusieurs formes cliniques décrites chez l'Homme


pityriasis versicolor,
pityriasis capitis
dermite séborrhéique, et autres
I-1-1 Pityriasis versicolor
mycose superficielle de la peau
glabre: très fréquente, bénigne,
cosmopolite,
- incidence très forte dans les pays
tropicaux car favorisée par la chaleur
et l’humidité.
- La lésion élémentaire est une
macule arrondie ou ovalaire
hypochromique ou achromique
voire hyperchromique sur peau
noire et recouverte d’une fine
Siège des macules: ce sont des zones
pellicule squameuse, cutanées
Les lésions sont souvent multiples et riches en glandes sébacées (tronc, cou
confluentes. épaules, avant bras.
L’aspect clinique est évocateur
Toutefois le diagnostic différentiel du pityriasis versicolor se
pose avec:
la lèpre indéterminée (macule hypochromique mais
hypoesthésique).
Le diagnostic biologique se fait après prélèvement des
squames à la curette ou à la lame de bistouri en vue d’un
examen direct et d’une culture sur milieu enrichi en acides
gras.
Le traitement fait appel à un traitement antifongique
topique, éventuellement associé (dans les formes graves ou
récidivantes) à un traitement antifongique systémique)
le traitement local consiste, lorsque les squames sont abondantes, à les
éliminer par un brossage mécanique ou chimique (Cetavlon, ou Mercryl
solution moussante) avant le traitement antifongique.
Pour le traitement antifongique local, on peut proposer:

1-le sulfure de sélénium (Selsun®) [seul ou en alternance selon les cas


avec un azolé]

2-les azolés parmi lesquels : le kétoconazole à 2% (Kétoderm® 1 à 2


applications par jour)
Pour l’éconazole 1% (Pevaryl®), l’isoconazole 2% (Fazol®): 2
applications par jour sont requises
3-l’allylamine : terbinafine (Lamisil®) crème ou solution : 2
applications par jour avec massage léger

4- ciclopiroxolamine, antifongique de la famille des pyridones


(Mycoster 1%®) crème ou solution alcoolisée en spray : 2
applications par jour

I-1-2 Le pityriasis capitis ou état pelliculaire du cuir chevelu


est une affection du cuir chevelu causée par la prolifération des
levures du genre Malassezia. Elle est caractérisée par une
desquamation en fines écailles ressemblant au son de blé.
Deux (2) variétés sont décrites: le pityriasis versicolor sec et le
pityriasis versicolor stéatoïde ou gras
-Le traitement est local à base
d’antifongiques azolés (Kétoderm®
sachets gel moussant), ou
ciclopiroxolamine (Sebiprox® 1,5%).

 - Un traitement per os peut être envisagé


en cas de réponse non satisfaisante au
traitement local
Le shampooing antifongique
sera appliqué 2 fois par
semaine en traitement
d’attaque qui dure 1 mois
puis 1 fois par semaine en
traitement d’entretien (2 à 3
mois).
I-1-3 La dermite séborrhéique
- Il s’agit d’une dermatose
érythémato-squameuse,
plus fréquente et plus extensive chez les
immunodéprimés, en particulier en cas
de sida.

- les localisations les plus fréquentes


sont le cuir chevelu et le visage.
- le traitement associe des produits d'usage dermatologique nettoyants,
kératolytiques, antiseptiques et un topique azolé ou à base de
ciclopiroxolamine.

I-I-2 Les levuroses cutanées à Candida ou Candidoses cutanées


Elles sont dues à des levures du genre Candida
Elles siègent essentiellement au niveau des plis (intertrigos) et
préférentiellement au niveau des grands plis proches des orifices de
muqueuses (plis inguinaux, pli interfessier)

-
D’autres plis sont affectés : il s’agit des plis sous-mammaires, axillaires,
ou des petits plis (plis interdigitaux palmaires et inter-orteils et
commissures des lèvres → perlèche ).
La lésion cutanée est érythémato-papulo-squameuse, parfois suintante
avec fissuration au fond du pli, qui est par ailleurs recouvert d’un enduit
blanchâtre. Les contours irréguliers de la lésion sont limités par une
bordure « en collerette desquamative ».

 
I-I-3 Les levuroses unguéales à Candida
ou Candidoses unguéales
L’atteinte débute par un péri-onyxis,
tuméfaction douloureuse de la zone
matricielle et du repli sous-unguéal.
L’ongle est secondairement « parasité » par Le diagnostic est basé sur l’examen
le micromycète, il est dyschromique avec direct (présence de levures ou
teinte jaunâtre, marron ou noire. Les blastospores et de pseudo
filaments). La culture se fait sur
atteintes unguéales candidosiques siègent milieu Sabouraud chloramphénicol
préférentiellement aux doigts (plus de 50% (SC) ou sur milieu chromogène qui
des onychomycoses des doigts). permet l’identification directe des
espèces à partir de leur couleur.
L'identification du genre et si
possible de l’espèce, permet de
porter le diagnostic
d’onychomycose à Candida spp ou
de Candidose unguéale
Le traitement des candidoses unguéales fait appel:

1- aux solutions filmogènes ou vernis qui sont appliqués


→1 à 2 fois par semaine pour l’Amorolfine (Locéryl®) et
→tous les soirs pour le Ciclopirox ( Mycoster 8%) jusqu’à
la repousse complète de l’ongle

2- aux topiques antifongiques sous forme de crème, gel ou


lotion (dérivés imidazolés, ciclopiroxolamine) qui seront
appliqués sur le périonyxis à raison de 2 applications par
jour. après lessive, vaisselle ou ménage.
I-2 Dermatoses cutanéo- phanériennes à champignons filamenteux
du groupe des Dermatophytes: Les Dermatophytoses

Les dermatophytoses sont des mycoses dues à des champignons


filamenteux du groupe des dermatophytes.
Une de leur principale caractéristique est leur kératinophilie,
ce qui explique l’atteinte préférentielle des zones riches en kératine
telle que la couche cornée de l’épiderme, les phanères (cheveux, poils
et ongles).
I-2-1 Les teignes du cuir chevelu
Les teignes sont des pathologies essentiellement tropicales. Elles
atteignent surtout l’enfant de 6 à 11 ans. Le diagnostic clinique repose
sur la lésion élémentaire constituée par la cassure du cheveu et la
présence de squames et croûtes
Ce sont des affections du cuir chevelu liées à l’envahissement des
cheveux ou des poils par des micromycètes kératinophiles appelés
dermatophytes.
NB: tous les dermatophytes ne sont pas agents de teignes, seuls ceux
pouvant perforer le cheveu le sont.
On distingue 3 genres de dermatophytes : Le genre Trichophyton, le
genre Microsporum et le genre Epidermophyton
Parmi les 3 genres connus de
dermatophytes
- 2 genres sont agents de teignes : le
genre Microsporum et le genre
Trichophyton
Epidermophyton n’est pas agent de
Teigne
- Par ailleurs selon l’habitat des
dermatophytes, on note 3 espèces:
espèces anthropophiles (dont le réservoir
est l’Homme et par conséquent la
transmission est humaine),
espèces zoophiles (dont le réservoir est
animal), espèces géophiles ou
telluriques (dont le réservoir est le sol).
L’atteinte du cuir chevelu et des cheveux par les dermatophytes
cause des affections appelées Teignes.
Elles sont classées en :
- Teignes tondantes microsporiques à grandes plaques, arrondies,
recouvertes de squames. Les dermatophytes responsables de ces
dernières appartiennent au genre Microsporum (M.), en Afrique
noire, il s’agit particulièrement de M. langeronii
- teignes tondantes trichophytiques à
petites plaques squameuses, sèches,
croûteuses, causées par Trichophyton sp.
(T. soudanense, T.violaceum, T.
tonsurans)
- teignes suppurées (kérion, sycosis) :
placard inflammatoire purulent, réalisant
une sorte de « macaron » en relief,
ponctué d’orifices pilaires dilatés, d’où
sourd du pus, avec expulsion de cheveux
(kérion de Celse), dues à des
micromycètes zoophiles ( Microsporum
canis),
teigne favique ou favus d’Afrique du
nord (rare) : plaques alopéciques
érythémato-squameuses, avec présence
de « godets faviques » qui sont des
dépressions cupuliformes recouvertes de
croûtes molles et jaunâtres. L’agent
causal est Trichophyton schoenleinii.
 
Le traitement des teignes tondantes fait appel :
à la griséofulvine (griséfuline®) 1 g/j chez l’adulte; 15 à 20 mg
chez l’enfant pendant 6 à 8 semaines, au cours des repas.
La terbinafine (lamisil®) est efficace à la dose de 250mg/j chez
l’adulte ; 125 mg/j chez l’enfant de 20 à 40 kg et 62,5mg/j pour
moins de 20 kg pendant 4 semaines voire 8 semaines en fonction des
espèces en cause.
Les teignes suppurées relèvent des mêmes mesures thérapeutiques.
La prévention des teignes consiste à sensibiliser les coiffeurs publics
pour une hygiène des ustensiles de travail, à dépister les sujets
contacts (examen de la fratrie et des parents), mais aussi les animaux
de compagnie.
L’éviction scolaire temporaire n’est pas appliquée
I-2-2 Les dermatophytoses de la peau
glabre
Les dermatophytoses circinées ou
épidermophyties circinées
Anciennement appelé «Herpès circiné »,
il s’agit d’une ou de plusieurs lésions
cutanées de la peau glabre
érythémato-vésiculo-squameuse,
prurigineuse, arrondie ou ovalaire,
finement squameuse, à évolution
centrifuge.
Un diagnostic différentiel se pose avec la
lèpre tuberculoïde. La confluence de
plusieurs lésions donne naissance à des
placards polycycliques.
I-2-3 Les dermatophytoses des plis ou
intertrigos dermatophytiques

1- Intertrigos des petits plis


L’atteinte prédomine aux pieds (fréquemment
au 4ème espace inter orteil) et réalise un
intertrigo interdigitoplantaire (le plus
souvent à T. rubrum et à T. interdigitale),
d’aspect variable : simple desquamation,
fissures, macération,vésiculo-bulles.
L’extension peut se faire à la plante du pied,
réalisant le pied d’athlète ou « athletic foot» et
à d’autres sites.

 
2- Intertrigos des grands plis:
Siège au niveau des plis inguinaux plis axillaires, pli
interfessier.
- Le diagnostic différentiel des intertrigos dermatophytiques
se fait avec les intertrigos d'origine candidosique et d’origine
bactérienne.

I-2-4 Les dermatophytoses des paumes des mains


Elles sont dues à T. rubrum. Le patient, en général de sexe
masculin, est atteint d'un intertrigo intéressant les deux mains
avec une atteinte de la paume des mains d'aspect farineux et
hyperkératose (épaississement anormal de la couche cornée de
l’épiderme). La dermatophytose peut intéresser qu'une seule
paume.
 
 
Traitement des Dermatophytoses de la peau glabre
 
Le traitement fait appel aux antifongiques topiques
locaux : imidazolés, ciclopiroxolamine, terbinafine et à un
traitement per os par la griséofulvine (griséfuline®)
comprimés : 1g/j chez l’adulte, 15 à 20 mg chez l’enfant,
pendant 4 à 8 semaines. Lamisil® per os possible chez
l’adulte à raison de 250mg/jour en 1 prise de préférence au
cours des repas pendant 2 à 6 semaines.
I-2-5 Les dermatophytoses unguéales ou onyxis dermatophytiques
 
Affectent le plus souvent les ongles des orteils (80%), plus rarement
ceux des doigts (20%)
Ils sont souvent consécutifs à une dermatophytose cutanée des pieds, ou
des mains.
Les lésions réalisent un aspect
1- d’onychomycose sous unguéo-distale
sous unguéo latérale (voire disto-latérale),
2- d’onychomycodystrophie totale,
3-d’onycholyse par décollement de la
tablette unguéale de son lit.
 
Le traitement des dermatophytoses unguéales repose localement
sur des vernis ou solutions
filmogènes : amorolfine [Locéryl®] ou ciclopirox [Mycoster
8%®, Onytec 8%®]), efficaces en monothérapie en l'absence
d'atteinte matricielle. En cas d'atteinte matricielle, un traitement
per os est associé : terbinafine  (Lamisil®) ou itraconazole
(Sporanox®) ou Fluconazole (Triflucan®) en pulsethérapie ( 1 à
2 prises par semaine)
 
Les Néoscytalidioses: principal diagnostic différentiel en zone
tropicale avec les dermatophytoses
 Ce sont des champignons filamenteux septés et retrouvés en zone
tropicale. Ils survivent sur le sol et l’Homme se contamine en
marchant pieds nus. Ils sont responsables d’infections superficielles
d’aspect similaire aux dermatophytoses d’où leur appellation de
«pseudo-dermatophytes».
Ils appartiennent au genre Neoscytalidium, une des étiologies des
onychomycoses (onychopathie volontiers pigmentée mais pas
toujours), qui affecte les ongles des pieds et des mains, les paumes et
plantes, réalisant une hyperkératose farineuse palmaire étendue aux
plis interdigitaux et interphalangiens), mais aussi plantaire (étendue
aux plis interorteils).
Le traitement des onychomycoses à pseudodermatophytes
fait appel à l'avulsion unguéale chimique ou chirurgicale,
suivie de traitements par amorolfine (Locéryl® vernis)
voire terbinafine (Lamisil®) per os ou itraconazole
(Sporanox®)
Les critères de guérison en cas d'onychopathie sont la
normalisation à 100% de l'aspect des ongles et la négativité
des prélèvements mycologiques.
Chap II- Les Dermatoses bactériennes
II-1 Les pyodermites
On appelle pyodermites des lésions cutanées purulentes dues à des
germes banals cosmopolites dont les plus fréquents sont
Staphylococcus aureus et Streptococcus pyogenes.
Elles font partie des affections cutanées les plus fréquentes en zone
tropicale.
En climat humide et chaud, toute piqûre d’arthropode ou toute
excoriation cutanée peut se surinfecter par des pyogènes.
En Afrique les données concernant les S. aureus résistants à la
méticilline (SARM) ne sont pas bien documentées, aussi en
traitement de première intention on préconise dans le cas de
staphylocoques Méti-S : Amoxicilline+ Acide clavulanique (Co-
amoxiclav) pendant 10 à 20 jours
II- 2 L’Impétigo
Il s’agit d’une infection cutanée suppurée et contagieuse
bactérienne mettant principalement en cause les streptocoques
particulièrement du groupe A (Streptococcus pyogenes) et des
staphylocoques (Staphylococcus aureus) ou l’association des
deux.
Il est fréquent chez le nourrisson et chez l’enfant. Il siège au
niveau de la face et des extrémités.
Il se caractérise par des vésicules qui donnent des croûtes
jaunâtres avec un exsudat purulent. La forme bulleuse est
fréquente en zone tropicale.
L’impétigo peut survenir sur une dermatose préexistante : gale,
varicelle, eczéma. Il peut entraîner des complications locales : abcès
dans 3 à 10% des cas. Le traitement associe antiseptiques et
antibiotiques locaux, et une antibiothérapie générale en cas
d’impétigo streptococcique ou d’infection staphylococcique
traînante avec en première intention: Pénicilline M, tel que
Cloxacilline (Orbénine® ; en 2éme intention :
Synergistine (Pyostacine®) ou Acide fusidique (Fucidine®).
II-3 L’Ecthyma
C’est un impétigo creusant du derme le plus souvent d’origine
streptococcique.
Il affecte les sujets dénutris, immunodéprimés ou ayant une hygiène
précaire.
Il siège préférentiellement au niveau des membres inférieurs et réalise une
ulcération nécrosante recouverte d’une croûte épaisse, noirâtre, entourée
d’un halo érythémateux. La guérison se fait lentement au prix d’une
cicatrice atrophique et dyschromique.
Dans les pays chauds et humides, cette ulcération devient chronique et
expose à long terme au risque de carcinome épidermoïde.
• Traitement identique à celui de l’impétigo en première intention et en
seconde intention.
II-4 La pseudofolliculite de la barbe et le sycosis de la barbe

1- La pseudofolliculite de la barbe est due à une inflammation du


follicule pilosébacé, liée à
l’incarnation des poils rasés, atteignant avec prédilection les sujets
à peau noire et à cheveux frisés. Si certaines bactéries sont mises
en évidence (en particulier Staphylococcus épidermidis), elles ne
constituent pas le primum movens de l’affection.
Le traitement consiste en l’abstention de tout rasage et l’emploi
d’antiseptiques.
2- Le sycosis de la barbe est une folliculite profonde,
généralement staphylococcique.
Cliniquement, il s’agit de papules et pustules folliculaires
évoluant vers un érythème, des croûtes et une infiltration de
la peau.
Le traitement consiste en une antibiothérapie locale sur les
gîtes microbiens et si nécessaire une antibiothérapie per os
par Pénicilline M ou Synergistine, si nécessaire.
II-5 Les dermohypodermites
bactériennes

 Les dermohypodermites
bactériennes (DHB) sont des
infections des couches profondes de
la peau (derme et hypoderme) et
regroupent

1- l'érysipèle (DHB non


nécrosante)
2- les cellulites crépitantes
3- les fasciites nécrosantes (DHB
nécrosantes)
Elles sont dues habituellement au streptocoque (Streptococcus
pyogenes), mais elles peuvent être staphylococciques (S. aureus). Elles
réalisent un placard érythémateux, chaud, douloureux, bien circonscrit, à
bordure périphérique surélevée. Elles s’accompagnent de fièvre, de
frissons, d’adénopathies satellites, de lymphangites. Elles siègent
habituellement aux membres inférieurs. Il faut rechercher une porte
d’entrée cutanée, une infection à VIH/Sida, Il faut rechercher des
thromboses veineuses profondes. Les cellulites ont tendance à la
récidive, la pénicilline V est efficace dans leur prévention.
L'érysipèle staphylococcique est caractérisé par l'aspect bulleux des
lésions.
Les cellulites orbitaires sont rares. Fièvre et œdème local sont toujours
présents. Tout œdème inflammatoire de la région orbitaire impose la
recherche d’une porte d’entrée et de complications ophtalmologiques et
neurologiques. Il faut faire attention aux thrombophlébites des sinus
caverneux
Les fasciites nécrosantes entraînent une nécrose du tissu conjonctif
et adipeux avec présence de purpura nécrotique, de zones cutanées
bleutées ou pâles, de zones hypo ou anesthésiques associées à une
altération de l'état général, ne régressant pas sous antibiotiques, et
nécessitant une exploration chirurgicale montrant une nécrose du
fascia. Les bactéries pathogènes (principalement le streptocoque A,
mais aussi staphylocoque doré, Aeromonas hydrophila, Vibrio
vulnificus, ...) pénètrent à la faveur d'une effraction cutanée. Une
comorbidité doit être recherchée : diabète, cancer, affection
chronique,...
Ce sont des urgences nécessitant une antibiothérapie parentérale avec
en cas
- d’érysipèle l’administration d’Aminopénicilline (amoxicilline +
acide clavulanique) en première intention;
- en cas de cellulite infectieuse (S. aureus, S. pyogenes) : Co-
amoxiclav ± aminoside ;
- en cas de cellulite crépitante (anaérobies stricts): Co-amoxiclav +
Métronidazole ± aminoside, associé à un traitement chirurgical en
cas de cellulite nécrosante et de fasciite nécrosante.
Chap III: Les Dermatoses parasitaires
III-1 La gale humaine
Elle est due à un acarien : Sarcoptes scabiei parasite strictement adapté
à l’Homme et qui
vit dans l’épiderme. Elle se transmet par contact direct. Elle entraîne un
prurit surtout nocturne, des lésions au niveau des espaces inter-digitaux
des mains, au niveau des poignets, des coudes, de l’ombilic, des fesses,
des cuisses, des seins chez la femme. Les lésions spécifiques sont les
sillons scabieux, des vésicules perlées (mains), des nodules (organes
génitaux externes, creux axillaires).

41
Les lésions secondaires sont fréquentes :
lichénification, eczématisation, impétigo
(surinfection).

La gale hyperkératosique (anciennement gale


norvégienne) n’est qu’une variante symptomatique
observée chez des sujets débilités, âgés ou le plus
souvent cachectiques. C’est une dermatose
croûteuse, peu ou pas prurigineuse, mais très
contagieuse.
La gale profuse de l’immunodéprimé a les mêmes
caractéristiques que la gale du sujet cachectique ±
l’hyperkératose)
Traitement
- Individuel : fait appel au benzoate de benzyle (Ascabiol® Solution à
10%), ou aux pyréthrines (Spregal® en aérosol) ± Traitement par
ivermectine (Stromectol®) à la dose de 200µg/kg (s’assurer de l’absence
de microfilarémie élevée chez le patient), répétée si nécessaire (selon la
gravité) à 14 jours d’intervalle.
- Collectif : Ascabiol®solution pour toutes les personnes en contact avec
le malade, dans tous les cas déparasiter la literie et tous les vêtements
utilisés au préalable avant le traitement (lavage à 50°C au moins)
 
III-2 Les Pédiculoses
Ce sont des maladies ubiquitaires très contagieuses. Trois (3) étiologies
et 3 formes cliniques sont décrites :
Pediculus humanus corporis ou pou du corps ; Pediculus humanus
capitis ou pou du cuir chevelu ; Phtirus pubis (P. inguinalis) ou
morpion, pou du pubis. La piqûre du pou provoque des lésions de
grattage qui peuvent se surinfecter. Les poux du corps sont également
vecteurs de certaines infections (typhus exanthématique à Rickettsia
prowazekii, fièvre des tranchées à Bartonella quintana, fièvre récurrente
à poux due à Borrellia recurrentis)
Traitement est individuel et collectif (afin de rompre la transmission )

 
Traitement individuel : par pyréthrine de synthèse Item®
lotion : application, puis shampoing et peigner après 10 minutes)
ou malathion (Prioderm® lotion et aérosol, application puis
shampoing après 12 h pour la lotion et 8 h pour l’aérosol 
N.B: Application à renouveler 7 à 10 jours plus tard.
Produits contre indiqués chez enfants de moins de 30 mois pour
aérosol et moins de 6 mois pour la lotion. Ne pas utiliser les
aérosols chez les asthmatiques (risque de bronchospasme mortel).
Traitement de la literie et des vêtements (lavage à 60°C)

Traitement collectif : traiter les cas annexes, prise en charge des


contacts (milieu familial et scolaire pour les poux de la tête)
III-3 La Démodécie ou Démodécidose

La démodécie est due au Demodex qui est un acarien parasite.


On le trouve au niveau de la peau où il peut entraîner : acné
rosacée, dermatite péri-orale, folliculite. Il y a deux espèces
qui occupent deux zones spécifiques: Demodex folliculorum le
follicule pilaire, Demodex brevis au niveau de la paupière.
Le diagnostic est basé sur la mise en évidence du parasite au
niveau des cils, le prélèvement de squames obtenues par
grattage ou le prélèvement biopsique d'une lésion cutanée. La
microscopie permet d'observer le parasite in situ et d'évaluer
l'importance des lésions inflammatoires.
III-4 Larva migrans cutanée ankylostomienne LMCa
(Synonyme larbish, dermatite rampante vermineuse)
La larva migrans cutanée ankylostomienne est une parasitose due à
une larve d’ ankylostome du chien, du chat voire d’autres animaux
accidentellement égarée chez l’Homme et en impasse parasitaire. Cette
impasse parasitaire chez l’Homme se traduit par une migration
erratique, observée le plus souvent sous forme de cordon sous cutané
érythémateux prurigineux serpigineux mobile. Plusieurs localisations
(dont le pied le plus souvent) sont observées. L’autre aspect rare mais
possible est la folliculite ankylostomienne.
.
L’Homme s’infecte par voie cutanée au contact d’un sol
souillé de déjections animales.
Le diagnostic de la LMCa est clinique, celui de la folicullite est
plus volontiers anatomopathologique.
Le traitement est médicamenteux, per os : albendazole 400mg
à 800mg / 3 jours de suite ou ivermectine (Stromectol®)
200µg/kg en une prise à jeun.
1. La prophylaxie consiste à éviter la marche pieds nus dans la
boue et le contact direct avec le sol ou le sable des plages
pouvant être contaminés.
III-5 Les Myiases furonculoides

Elles se traduisent par l’apparition d’une papule ou d’un nodule fixe


érythémateux et douloureux , d’aspect pseudo-furonculeux, siège de
mouvements intralésionnels ( à rechercher systématiquement à
l’interrogatoire) et d’où va s’échapper au bout de quelques semaines,
voire mois, l’asticot responsable.
Le ver de Cayor, répandu en Afrique est la larve de Cordylobia
anthropophaga, mouche péridomestique ;
le ver est pondu sur le sol souillé d’excréta ou d’urines, sur les serviettes,
les draps, les vêtements humides et pénètrent activement dans la peau de
l’Homme. Parvenu à maturité en 1 à 2 semaines environ (recouvrir la
lésion d’huile qui a pour effet d’obstruer les stigmates respiratoires de la
larve, favorisant ainsi sa sortie) la larve ressort à l’extérieur comme le
bourbillon d’un furoncle. Le genre Cordylobia comprend aussi deux autres
espèces moins adaptées à l’Homme, mais répandue en Afrique :
C.ruandae et C.rodhaini.
 
Chap IV: les Dermatoses virales

IV-1 Infection due au virus varicelle-zona (VZV)

Le zona est la réactivation du VZV resté latent dans les neurones


des ganglions nerveux après une primo-infection au VZV, lors de
la varicelle. Mais il est parfois secondaire à une nouvelle
exposition au virus. Il peut survenir à tout âge de la vie mais
préférentiellement chez l’adulte. Le zona peut siéger à plusieurs
endroits mais le plus fréquent et le plus facilement diagnostiqué est
le zona thoracique ou intercostal.
Il faut y penser devant une éruption faite de vésicules, pustules,
croûtes
de disposition thoracique, révélant chez le sujet de la photo une
séropositivité au VIH.
La disposition peut être lombosacrée, cervicale ou ophtalmique.
Le traitement doit être le plus précoce possible. Les molécules
utilisées sont l’Aciclovir (Zovirax®) le Valaciclovir (Zelitrex®) et le
Famciclovir (Oravir®)
IV-2 Les Infections à virus herpès (HSV1, 2)
L’infection herpétique est proprement humaine, transmise par contact
cutanéo-muqueux direct. Le HSV1 est surtout responsable de l’Herpès
orofacial ou oculaire. HSV2 est habituellement en cause dans les atteintes
anogénitales et l’herpès néonatal après passage dans la filière génitale
infectée, lors de l’accouchement. Cette distinction est schématique car
des herpès génitaux peuvent être dus à HSV1, et inversement des herpès
buccaux peuvent résulter d’une infection à HSV2 notamment après
rapports sexuels orogénitaux.
Le traitement:
les principales molécules
thérapeutiques sont
l’Aciclovir(Zovirax®) et
le Valaciclovir(Zelitrex®).
 

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