La lexicographie arabe étudie le vocabulaire de la langue arabe
et s’intéresse à la composition des dictionnaires. C’est pour des raisons religieuses et pour assurer la transmission de la langue arabe à d’autres peuples que les lexicographes arabes ont déployé un grand effort d’enregistrement et de classement de la langue du Coran et de la poésie ancienne. Les premières productions lexicographiques chez les arabes - Elles sont apparues au 7ème s (1er s de l’Egire). Les musulmans se sont intéressés à cette époque aux termes du Coran et surtout à ce qu’ils appelaient « al ghariib ». Ils se sont focalisés sur l’interprétation des mots arabes et sur leur indication linguistique. Les savants craignaient la perte de la langue arabe face à sa confrontation avec d’autres langues , surtout dans les pays concernés par les conquêtes arabes. Aperçu sur l’histoire de la lexicographie arabe Parmi les plus grands lexicographes arabes classiques , nous citons: Al Khalil(8ème s) , Al Moubarrad (10ème s), Al Zamakhchari (12ème s), Ibn Mandour (14ème s) . Au 19ème s , l’encyclopédiste Boutros al Boustani et un littré Ibrahim Al Yaziji , tous deux des libanais, ont tenté de moderniser le lexique arabe tout en assurant la transmission de la langue ancienne. - Les dictionnaires arabes classiques présentent les mots selon un classement alphabétique par racines trilittères , en donnant des exemples d’usage les plus souvent tirés du Coran, du Hadith et de la poésie ancienne. - Le classement par racines a été reconduit par des auteurs de dictionnaires arabe français comme De Biberstein kazininski (Dictionnaire arabe-français, 1860), toutefois d’autres auteurs comme Jabbour Abdel-Nour (Dictionnaire Abdel-Nour Al Moufassal, 1983), ont adopté un classement alphabétique de mots , identique à celui suivi dans les dictionnaires des langues latines et germaniques , et plus facile à utiliser que celui des racines. Aperçu sur l’histoire de la lexicographie arabe (suite) - En 2006, Jean-Pierre Milelli a intégré comme entrées les mots au pluriel dont les formes sont très variées et parfois imprédictibles. - La lexicographie arabe a aussi connu l’intégration de vocabulaires spécialisés dans les dictionnaires arabes. Il s’agit de: - --vocabulaire de l’Islam - -- vocabulaire de noms propres arabes - -- vocabulaires de prénoms arabes Les dictionnaires informatiques arabes - La lexicographie arabe a également produit des dictionnaires informatiques . - Nous citons le Dictionnaire DIINAR (dictionnaire informatisé de l’arabe). Il est composé de plusieurs bases de données (verbale, nominale , noms propres et mots outils). - - DIINAR , acronyme arabe Ma’âli ( « Mu’jam al ‘arabiyya ») , Ma’ali mo’jam al’arabiyya al aali , c’est une ressource linguistique complète de l’arabe , structurée comme une base de données , et opérant au niveau du mot-forme ou du mot graphique , càd à ce qu’on appelle le niveau morphologique . Structure du dictionnaire DIINAR - Des spécificateurs morphosyntaxiques sont associés à chaque entrée. - L’analyse morphologique peut également se charger du traitement des entrées en graphie arabe courante non vocalisée, produire des formes en graphie entièrement, partiellement ou non vocalisées , selon le besoin. - Le nombre total des entrées de la ressource linguistique DIINAR 1 est actuellement de 121 522 entrées, pour 6 546 racines. Le nombre des entrées inclut 445 mots-outils , relevant de diverses catégories grammaticales (conj. , prép., adj. Etc.) et le prototype d’une base de données des noms propres de 1384 entrées. Ensuite, il y a eu d’autres versions de DIINAR. Méthode de recherche dans le dictionnaire Lisaan al ‘arab L’auteur de ce dictionnaire: Ibn Mandour lisan al ‘arab. Comment chercher les mots dans Lisaan al ‘arab? 1)Classement al hijaiy 2) Origine du mot (racine trilitère) 3) La recherche dans le dictionnaire - Ce dictionnaire est l’un des dictionnaires arabes les plus grands, riches et complets . Il cite par exemple les mots dérivant des noms des tribus , des endroits et des personnes . - Ce dictionnaire est considéré comme une encyclopédie linguistique et littéraire car il inclut la majorité des termes de la langue arabe , il contient 80000 entrées , 9273 racines réparties en trilittères, quadrilatères et classées selon la dernière lettre du mot. 1) Le classement alphabétique Celui qui utilise le dictionnaire doit connaitre le classement alphabétique de l’arabe , cela lui facilitera l’utilisation du dictionnaire. 2) L’origine du mot: il faut chercher l’origine linguistique des mots et ce : -par la soustraction des affixes مستب ع د - soustraction de la gémination ()ا لشدة - le retour des lettres à leurs origines - le retour des lettres effacées هاذا هذا 3) La recherche dans le dictionnaire: la recherche se fait par rapport à la dernière lettre de la racine du mot, en séparant la première lettre de la racine en prenant en considération la lettre médiane .Ce dictionnaire est classé selon la dernière lettre , puis la première , ensuite la deuxième. La lexicomatique C’est le synonyme de lexicologie informatique. Elle correspond à l’ensemble des méthodes , des techniques et des pratiques utilisant l’informatique dans l’étude et l’exploitation des corpus textuels. Révolution du dictionnaire Informatique et dictionnairique , de Adam Kilgarriff Dans Revue française de linguistique appliquée 2005/2 (Vol. X), pages 95 à 102 - L’ordinateur peut être utilisé en lexicographie pour faciliter l’analyse de la langue et pour faciliter la rédaction du dictionnaire proprement dit. L’informatique joue encore bien d’autres rôles en lexicographie, notamment pour l’élaboration et la présentation des dictionnaires électroniques, l’utilisation des dictionnaires dans les systèmes de traitement automatique du langage naturel ainsi que pour l’acquisition automatique d’informations lexicales. Le lexicographe qui élabore ses dictionnaires en faisant appel aux techniques de pointe travaille avec deux systèmes : le système d’exploitation de corpus de textes pour l’analyse et le système de rédaction de dictionnaires pour la synthèse. Ces deux systèmes sont actuellement toujours indépendants, la communication entre les deux se faisant par le biais du couper-coller. Les caractéristiques essentielles des systèmes de rédaction de dictionnaires les plus modernes. Transformation des dictionnaires Personne ne peut plus douter que les dictionnaires tels que nous les connaissons depuis environ trois siècles, quels qu’ils soient, bilingues ou monolingues, généraux ou spécialisés, abordent depuis quelques années une période de profonde transformation, liée avant tout à l’avènement de l’informatique. Cet avènement induit des changements en profondeur dans la façon dont les dictionnaires sont fabriqués et dans la façon dont ils sont consultés. En outre, il facilite l’apparition d’autres outils de stockage et de consultation du savoir ‘ponctuel’ – en particulier linguistique - d’un genre nouveau, dont certains le concurrencent d’ores et déjà dans son monopole, et qui ne manqueront pas d’exercer à terme une profonde influence sur le genre même du dictionnaire, contraint de se repositionner par rapport à eux, et donc de se transformer. les rapports complexes entre le dictionnaire passé, présent et à venir et le code dont il donne une représentation. Le dictionnaire est d’abord un outil de compréhension et éventuellement de construction, du discours, même si ce n’est pas son unique objectif. Mais différentes contraintes pesaient jusqu’à maintenant sur le dictionnaire traditionnel et lui rendaient difficile l’accomplissement de cette mission. Or ces contraintes sont moins fortes qu’avant, et la communauté des lexicographes est en train de s’en rendre compte. Au fur et à mesure que cette constatation s’imposera, on verra sans doute le ‘dictionnaire’ redéfinir ses objectifs et ses moyens pour devenir, ou redevenir, un véritable outil de ‘gestion’ du discours. Importance de la distinction fondamentalement saussurienne entre langue et discours: utilisation de « langue » le système et « discours » toutes les occurrences de mise en œuvre du système (langue) Conclusion : relation « lexicographie » et « informatique » - La lexicographie va aujourd'hui de pair avec l'informatique. L'informatique accélère et facilite grandement la tâche du lexicographe attaché à la rédaction d'un dictionnaire.
- De nombreuses langues qui auraient été jadis condamnées à
disparaître, principalement à cause de la rareté de leurs locuteurs et du coût de la création d'un dictionnaire papier, peuvent être sauvées : Toute personne ayant la double compétence lexicographique et informatique, qui se fixe comme objectif la collecte des mots et des expressions constituant toute langue, et en réalise le corpus, peut créer un dictionnaire pour une langue en voie de disparition ou en conserver les derniers vestiges. Lexicographes célèbres Jabbour Abdelnour (libanais) Al Jahid (776-867) (arabe) Antoni Maria Alcover (1862-1932) (catalan, Diccionari català-valencià-balear) Al-Khalil (arabe) Charles Asselineau (1820-1874) Eliézer Ben Yehoudah (1858-1922) (hébreu moderne) Avraham Even-Shoshan 1906-1984 ( ַאב ְָרהָם אֶ בֶן ׁשֹוָׁשןhébreu ; ) Prudence Boissière (1806-1885) Pierre-Claude-Victor Boiste (1765-1824) Boutros Boustani (libanais) Arnaud Carpooran (Créole Mauricien 'Diksioner Morisien - Premie Diksioner Kreol Monoleng') Mohamed Chafik (1926-) (amazigh) Cantalausa (1925-2006) (occitan, 'Diccionari General Occitan') Joan Coromines (1905-1997) (catalan, espagnol) Randle Cotgrave (sd-1634) (anglais) Séraphin Couvreur (1835-1919) (langues chinoises) Johan Hendrik van Dale (1828-1872) (néerlandais) Denis Diderot (1713-1784) Konrad Duden (1829-1911) (allemand) Charles de Foucauld (1858-1916) (tamajaq, la langue des Touaregs) Antoine Furetière (1619-1688) Références lexicographiques - Jean Pruvost, Dictionnaires et nouvelles technologies, Paris, PUF, 2000. - Sonia Branca-Rosoff, Chantal Wionet, Colinguisme et lexicographie, Langage et société, mars-juin 1998, no 83-84, Maison des Sciences de l’homme de Paris, 1998. - Jacqueline Feldman, Le Jeu du dictionnaire : sexualité et sexisme du Petit Larousse, coll. "Esquisse", Montréal, Éditions l'Étincelle, 1981, cop. 1980, 175 p. (ISBN 2-89019-162-1) - Philippe Roger, Dicomania, Critique, 1998 (tome LIV), no 608-609, 1998. - Bernard Quemada, Jean Pruvost (dir.), Les Dictionnaires de l’Académie française et la lexicographie institutionnelle européenne, actes du Colloque international, 1998, collection Lexica no 2. - Terence Russon Wooldridge, Les Débuts de la lexicographie française, EDICTA, 1997. - Béatrice Stumpf (Grunder) 2009, Lexicographie et lexicologie historique du français [archive] ; thèse de doctorat en sciences du langage, soutenue le 20-11-2009 sous la direction de Jean-Paul Chauveau - Nancy-2. - François Gaudin et Louis Guespin, Initiation à la lexicologie française. De la néologie aux dictionnaires, Bruxelles, Duculot, 2000. - Jean Pruvost, Les dictionnaires français outils d'une langue et d'une culture, Paris, Ophrys, 2006, 200 p.