Vous êtes sur la page 1sur 134

Master : Finance des marchés et Trading

Fiscalité du patrimoine

Pr. MANSOURI Ali


Objectifs du cours

• Maitriser le processus d’introduction et d’investissement en bourse ;

• Maitriser le calcul des coûts sur les transactions boursières ;

• Savoir calculer l’impôt sur les dividendes et superdividendes ;

• Maitriser le calcul de l’impôt sur les valeurs mobilières.


Plan

Chapitre 1: Introduction en bourse

Chapitre 2 : Investissement en bourse

Chapitre 3 : Répartition des bénéfices

Chapitre 4 : Impôt sur les valeurs mobilières


Chapitre 1 : Introduction en bourse

Section 1 : Avantages d’introduction

Section 2 : Etapes d’une introduction en bourse

Section 3 : Coût d’introduction en bourse (Grille tarifaire)


Section 1 : Avantages de l’introduction en bourse
Etre coté en Bourse procure des avantages à plusieurs niveaux. L’entreprise en
bénéficie au même titre que ses actionnaires, salariés et partenaires.

1- La diversification des sources de financement


Un des premiers avantages de l’introduction en Bourse est l’accès à de nouvelles
sources de financement et ce, quelles que soient les raisons qui peuvent pousser les
actionnaires à le faire. L’entreprise diversifie ainsi ses sources de financement et se
donne les moyens de saisir les opportunités qui se présentent.
2- L’obtention d’un label de leadership et le renforcement de la
notoriété

La présence d’une entreprise à la cote et la communication qu’elle entraîne lui


assure une visibilité permanente, qui constitue une des formes les plus
efficaces de publicité. Une entreprise cotée fait également partie des
meilleures, elle est transparente, ses comptes sont certifiés, ce qui est en soi un
label de qualité qui valorise son capital image, renforce son leadership et sa
notoriété et lui donne une plus grande crédibilité vis- à-vis de ses clients, ses
fournisseurs, ses partenaires financiers et ses salariés.
3- La valorisation des ressources humaines

La majorité des entreprises qui s’introduisent en bourse réservent une


partie de l’opération à leurs salariés et leur donnent ainsi la possibilité
de devenir actionnaires. Ce système d’intéressement permet une
mobilisation et une motivation des ressources humaines. Il permet aussi
à l’entreprise, de trouver et de garder à bon compte les personnes
essentielles à son management. Une entreprise cotée a généralement
moins de mal à attirer des collaborateurs de haut niveau.
4- La satisfaction des actionnaires

La cotation régulière de la valeur permet aux actionnaires de valoriser à


tout moment leur patrimoine. Elle favorise également la liquidité du
capital, qui leur permet de vendre facilement leurs parts sur le marché
boursier ou de faire entrer des partenaires de poids.

Les plus-values réalisées et les dividendes versés constituent une autre


source de satisfaction des actionnaires.
5- La pérennisation et la sauvegarde du contrôle des entreprises

L’introduction en Bourse facilite également la pérennité de l’entreprise, en


particulier dans le cas de sociétés familiales lorsque se pose le problème de la
succession. Aussi, elle protège le contrôle de l’entreprise grâce à une
ouverture limitée du capital ou au recours à des produits financiers adéquats
tels que les actions à dividendes prioritaires. Enfin, l’introduction en Bourse
apporte une mutation dans le système de «corporate governance» de
l’entreprise qui implique une transparence des comptes et la mise en place de
systèmes modernes de contrôle interne. Ces mutations confortent à long
terme, la solidité de l’entreprise.
6- Le bénéfice de l’exonération fiscale

En introduisant votre société en bourse, vous profitez d'exonérations


fiscales considérables. Une réduction de l'Impôt sur les Sociétés (IS)
vous est accordée pendant trois années consécutives, à compter de
l'exercice qui suit celui de votre inscription à la cote à savoir : une
réduction de 50% si vous introduisez votre entreprise en bourse par
augmentation de capital d'au moins 20% avec abandon du droit
préférentiel de souscription, ainsi qu’une réduction de 25% si vous
introduisiez votre entreprise en bourse par cession de titres.
Section 2 : Etapes d’une introduction en bourse
1) Types d’introduction
• Il existe deux grandes catégories d’admission des actions sur le marché : les
cessions d’actions existantes (appartenant aux actionnaires d’origine) et les
augmentations de capital (émissions de nouvelles actions).

• Lors d’une augmentation de capital, de nouvelles actions sont créées permettant à


l’entreprise la collecte de nouveaux capitaux sur le marché, l’entreprise dispose
ainsi d’une source de financement additionnelle pour son développement.
S’agissant d’une cession d’actions existantes, les actionnaires d’origine réduisent
leur participation au capital de la société en vendant une partie de leurs actions à de
nouveaux actionnaires. Dans ce cas-là, l’opération n’apporte pas de nouvelles
liquidités au capital de l’entreprise.
Augmentation du capital
En numéraire

Conversion de dividende en
actions

Conversion d’obligations en
actions

Remboursement d’obligations en
actions
• L’introduction en bourse peut également se réaliser à travers une
opération mixte : une levée de fonds (augmentation de capital) couplée
à une cession d’actions détenues par les actionnaires d’origine.
2) Choix du marché

Une entreprise qui s’introduit en bourse devra choisir le marché sur


lequel seront cotées ses actions. Au Maroc, deux marchés existent pour
la cotation des actions :

• Le marché Principal : il s’agit du marché actions où sont échangées les


actions des grandes entreprises et comprend cinq compartiments : «
Principal A », « Principal B », « Principal C », « Principal D » et «
Principal E ».
• Les compartiments « Principal A » et « Principal B » sont destinés à
la négociation des titres de capital et ce, en fonction de leur
capitalisation.

• Le compartiment « Principal C » est destiné à la négociation des titres


des Organismes de Placement Collectifs (OPC).

• Le compartiment « Principal D » est destiné à la négociation des titres


de créance.
• Le compartiment « Principal E » est destiné à la négociation:

 Des titres de capital par les investisseurs qualifiés et par tout


investisseur détenant une partie du capital de l’émetteur avant
l’admission de ces instruments financiers à la cote ;

 Des titres des OPC et des titres de créance par les investisseurs
qualifiés.
• Le marché alternatif : il s’agit du marché actions où sont échangées les
actions des petites et moyennes entreprises (PME) et comprend trois
compartiments : « Alternatif A », « Alternatif B » et « Alternatif C »
(réservé aux investisseurs qualifiés). Ce marché alternatif est régi par des
conditions allégées.

• Le compartiment « Alternatif A » est destiné à la négociation des titres


de capital émis par les petites ou moyennes entreprises.

• Le compartiment « Alternatif B » est destiné à la négociation des titres


de créance émis par les petites ou moyennes entreprises.
• Le compartiment « Alternatif C » est destiné à la négociation :

 Des titres de capital émis par les petites ou moyennes entreprises, par les
investisseurs qualifiés et par tout investisseur détenant une partie du capital de
l’émetteur avant l’admission de ces instruments financiers à la cote;

 Des titres de créance émis par les petites ou moyennes entreprises, par les
investisseurs qualifiés.
• Le choix d’un marché au détriment de l’autre dépend de critères tels le
total du bilan, le chiffre d’affaires, la fraction du capital à diffuser dans
le public et la capitalisation boursière.
Conditions d’admission
• En fonction du compartiment qu’elle veut intégrer, l’entreprise
doit répondre à un certain nombre de critères. Elle doit ensuite, à
tout moment, en respecter d’autres pour y rester.
3) Choix de la procédure d’introduction
Pour s’introduire en bourse, plusieurs procédures sont possibles, l’entreprise
émettrice choisira la procédure qui correspond le mieux à sa situation, son
objectif de financement et l’état du marché. On distingue principalement :

• L’offre à prix ferme (OPF) :


La procédure de l’offre à prix ferme consiste à mettre à la disposition du public
une quantité de titres en fixant un prix ferme. Les ordres présentés par les
souscripteurs sont obligatoirement stipulés à ce prix. L’allocation des titres se fait
suivant un rapport entre l’offre et la demande et en fonction d’une méthode
d’allocation préalablement annoncée par la société gestionnaire.
• L’offre à prix ouvert (OPO) :
L’offre à prix ouvert consiste à mettre à la disposition du public une
quantité de titres en fixant une fourchette de prix. Les souscripteurs
présentent leurs ordres à un cours appartenant à la fourchette de prix,
bornes incluses.

• L’offre à prix minimal (OPM) :


L’offre à prix minimal consiste à mettre à la disposition du public une
quantité de titres en fixant un prix minimal de vente. Les souscripteurs
présentent leurs ordres à ce prix ou à un prix supérieur.
4) Choix des intermédiaires
• L’émetteur désigne les sociétés de bourses et/ou les banques qui se
chargeront de la collecte des souscriptions, ces intermédiaires
financiers sont également connus sous l’appellation : membres du
syndicat de placement, ils prennent en charge le placement des
actions durant la période de souscription définie par l’émetteur
(pouvant aller de quelques jours à quelques semaines).

• Il est également désigné un chef de file qui coordonne la réalisation de


l’opération et centralise les informations sur son déroulement.
5) Dépôt officiel du dossier

• Le dossier doit être déposé au Conseil déontologique des valeurs


mobilières au moins 2 mois avant la date prévue de l’introduction. La
Bourse de Casablanca doit également être avisée à la même période, et
ce afin de réserver une date sur le calendrier des opérations financières
prévues.
6) Décision d’admission
• Trois à quatre semaines en moyenne avant la date prévue
d’introduction, la Bourse de Casablanca s’assure du respect des
conditions d’admission à l’un des marchés actions conformément aux
dispositions réglementaires, vérifie les modalités d’introduction et le
calendrier de l’opération et donne son avis d’approbation. Sauf
opposition, le Conseil déontologique des valeurs mobilières donne son
visa sur la note d’information.
7) Information du marché
• Dès l’obtention du visa du CDVM, la Bourse de Casablanca procède à
la publication au bulletin de la cote, l’avis relatif à l’opération
d’introduction en Bourse.
8) La centralisation des souscriptions
• Après clôture de la période de souscription, la Bourse de Casablanca
reçoit, centralise et consolide les souscriptions. Elle établit ensuite un
listing des souscriptions qu’elle remet à l’émetteur et aux membres du
syndicat de placement.
9) La première cotation
• Le jour de la première cotation, la Bourse de Casablanca publie par
avis au bulletin de la cote les résultats techniques de l’opération
d’introduction.
Section 3 : Coût d’introduction en bourse (Grille
tarifaire)

Les commissions appliquées par la Bourse de Casablanca sur les


opérations portant sur les titres de capital cotés, ainsi que sur les titres
de créance, sont ventilées comme suit :
1) Commission d’admission :
La commission d’admission est due par l’émetteur et par les
souscripteurs.
Opération Titres de capital Titres de créance
Introduction 0,10 % HT 0,005 % HT plafonnée à 10 000 MAD
En numéraire 0,10 % HT
Par conversion de 0,08 % HT
dividende en actions
Augmentation
de capital Par conversion 0,05 % HT
d’obligations en actions
Par remboursement 0,05 % HT
d’obligations en actions
2) Commission sur avis d’approbation :
• La commission sur avis d’approbation est due par l’initiateur :
émetteur ou actionnaire.

Titres de capital Titres de créance


50 000 MAD HT par opération
3) Commission de centralisation :
• La commission de centralisation est due par l’initiateur : émetteur ou
actionnaire.

Titres de capital Titres de créance


0,05 % HT du montant de l’opération
4) Commission de séjour annuel :
• Titres de capital :

Capitalisation boursière en MAD Montant en MAD HT


Jusqu’à 150 000 000 2 400
De 150 000 001 à 400 000 000 4 800
De 400 000 001 à 2 000 000 000 24 000
De 2 000 000 001 à 6 500 000 000 48 000
Au-delà de 6 500 000 000 120 000
• Titres de créance

Capital restant dû en MAD Montant en MAD HT


Jusqu’à 50 000 000 2 400
De 50 000 001 à 150 000 000 4 800
De 150 000 001 à 250 000 000 12 000
De 250 000 001 à 400 000 000 24 000
Au-delà de 400 000 000 48 000
Chapitre 2 : Investissement en bourse

Section 1 : Souscription à une introduction en bourse

Section 2 : Passation des ordres en bourse

Section 3 : Coût d’investissement en bourse (Grille tarifaire)


Section 1: Souscription à une introduction en bourse

• Toute personne physique ou morale souhaitant effectuer un placement


peut souscrire à une introduction en bourse. Elle deviendra alors
actionnaire de l’entreprise.

• La souscription à une introduction en Bourse est faite durant la période


de souscription qui s’étend du jour d’ouverture au jour de clôture des
souscriptions.

• La période de souscription dure généralement entre 3 et 10 jours de


bourse. Elle peut toutefois être clôturée par anticipation, à la demande
de l’émetteur.
Comment souscrire à une introduction en Bourse ?

• La première étape consiste à ouvrir un compte titres auprès d’un


intermédiaire financier. Cet intermédiaire peut être une banque ou une
Société de Bourse
• La seconde étape, à savoir la souscription, consiste à passer un ordre d’achat
auprès de l’un des membres du syndicat de placement, qui est le pool
constitué de sociétés de bourse et des banques, chargé de la vente des titres,
objets de l’opération.
• Les souscriptions sont centralisées par la suite à la Bourse de Casablanca,
qui assure, à la date prévue dans le calendrier de l’opération, l’allocation des
titres et la génération des transactions.
• La livraison des titres et le règlement des espèces s’effectuent dans les 3
jours de bourse qui suivent la première cotation des titres.
Section 2 : Passation des ordres en bourse

• Un ordre de Bourse est une instruction par laquelle un investisseur


autorise son intermédiaire financier à effectuer des opérations d’achat
et de vente sur des valeurs cotées.

• Pour passer un ordre de bourse, il faut au préalable être titulaire d’un


compte auprès d’une banque ou d’une société de bourse. C’est
l’intermédiaire financier qui se charge de l’exécution de l’ordre ainsi
que de la tenue du compte, de l’encaissement des coupons et de
l’envoi d’un avis d’opéré stipulant l’exécution de l’ordre de bourse.
Eléments d’un ordre de bourse
Pour qu’un ordre de bourse soit exécuté, les informations ci-dessous doivent
être indiquées :

• le Nom et Prénom / ou raison sociale si c’est pour le compte d’une entreprise ;

• le numéro du compte à mouvementer ;

• la date ;

• la valeur concernée ;
• le sens de l’ordre : achat ou vente ;

• la quantité : nombre de titres à céder ou à acquérir ;

• le prix d’exécution ;

• la durée de validité de l’ordre.

L’ordre peut être passé par écrit (fax ou ordre signé) ou par téléphone
(suivi d’une confirmation écrite).
Prix de passation des ordres en bourse

le prix est l’un des éléments les plus importants lors de la passation d’un
ordre. Il existe 3 types d’ordre : au prix du marché, à prix limité et au
marché.
L’ordre à la meilleure limite (ordre au prix du marché) :

Vous pouvez opter pour cette formule, lorsque vous tenez à ce que votre
ordre soit exécuté et fixé au meilleur prix au moment de son arrivée sur
le marché (il n’est assorti d’aucune indication de cours).

• Dans la situation d’un acheteur, le prix auquel vous êtes disposé à


acheter sera égal à la meilleure offre de vente présentée au marché ;

• Dans la situation d’un vendeur, le prix auquel vous souhaitez vendre


sera égal au prix de la meilleure offre d’achat disponible sur le
marché.
Libeller votre ordre à prix limité

Cette formule vous permet de maîtriser votre prix d’achat et de vente.

• Dans la situation d’un acheteur, le prix sera égal au prix maximal


auquel vous êtes disposé à acheter ;

• Dans la situation d’un vendeur, le prix sera égal au prix minimal


auquel vous acceptez de vendre.
Libeller votre ordre au marché
Vous pouvez choisir cette formule, lorsque vous tenez absolument à ce que
votre ordre soit prioritaire sur tous les autres types d’ordre. L’ordre au
marché ne porte aucune indication de prix.

Votre ordre sera exécuté selon les conditions du marché, quel qu’en soit le
prix et donc à différents prix.

• Pour l'achat, l'ordre sera exécuté face aux meilleures offres de vente et ce,
jusqu’à épuisement de la quantité renseignée ;

• Pour la vente : l'ordre sera exécuté face aux meilleures offres d’achat et
ce, jusqu’à épuisement de la quantité renseignée.
Pour le nouveau type d’ordre, vous avez :

• L’ordre à seuil de déclenchement : est un ordre d’achat ou de vente


pour lequel le donneur d’ordre souhaite intervenir sur le marché dès
qu’un prix, qu’il a préalablement choisi, appelé « prix de
déclenchement », est atteint. Cet ordre vous assure, par conséquent,
une exécution maximale de votre achat ou de votre vente mais ne vous
permet pas de maîtriser le prix.
• L’ordre à plage de déclenchement : est identique à un ordre à seuil
de déclenchement mais il comporte, aussi, une deuxième limite de prix
qui fixe :

• Le prix maximum à ne pas dépasser à l’achat, ou bien,


• Le prix minimum en deçà duquel l’ordre n’est pas exécuté à la
vente au moment de son déclenchement.
Section 3 : Coûts d’investissement en bourse
1) Commission d’enregistrement :
Opération Titres de capital Titres de créance
Offre publique (1) 0,1 % HT
Entre conjoints 0,1 % HT 0,005 % HT plafonnée à 5 000 MAD
Transfert direct
de titres (2) Entre ascendants et descendants du 0,025 % HT 0,00125 % HT plafonnée à 5 000 MAD
1er et 2ème degré

Succession ou legs Exonérée Exonérée


Apport de titres (3) 0,1 % HT 0,005 % HT plafonnée à 10 000 MAD

1) Due par l’initiateur et par les souscripteurs ;


2) Due par le bénéficiaire ou l’initiateur ;
3) Due par le bénéficiaire et par l’apporteur.
2) Commission de négociation :
• La commission de négociation est due par l’acheteur et par le vendeur

Titres de capital Titres de créance


0,1 % HT 0,005 % HT plafonnée à 5 000 MAD
Chapitre 3 : Répartition des bénéfices
• Dans le cadre de leur activité, les sociétés dégagent des résultats qui
représentent la différence entre l’ensemble des produits réalisés et
l’ensemble des charges engagées au cours d’un exercice comptable. Le
résultat réalisé peut être un résultat déficitaire ou bénéficiaire.

• La loi a prévu, ainsi, une répartition du résultat bénéficiaire qui permet


de rémunérer les associés, mais aussi de garantir la stabilisation
financière de la société et de contribuer au budget de l’Etat à travers le
paiement des impôts.
Affectation du résultat déficitaire

• Dans le cas de la réalisation d’une perte, les organes compétents


reportent le résultat réalisé à l’exercice comptable prochain.
Affectation du résultat bénéficiaire

• Si l’activité de la société a permis de dégager un bénéfice après impôt,


ce dernier fera l’objet d’une distribution entre la société, les
actionnaires et l’Etat, tel qu’il est illustré par le schéma suivant :
Résultat de l’exercice

Impôt sur le résultat Résultat net de l’exercice

Bénéfice distribuable Bénéfice non


(brut) distribuable (Réserves
et RAN (SC))

Retenue à la Dividendes nets


source

Etat Actionnaires Société


• Il convient, avant de passer à l’affectation du résultat, de clarifier les
composantes du bénéfice distribuable et non distribuable.
I- Distinction entre le bénéfice non distribuable et le
bénéfice distribuable
1- Bénéfice non distribuable

Le bénéfice non distribuable correspond aux réserves pour lesquelles les


dispositions légales ou statutaires ou l’assemblée générale des
actionnaires ont décidé la non-distribution sous forme de dividendes.
Ces réserves aident l’entreprise à compenser des pertes et assurer sa
croissance et sa pérennité par l’autofinancement.

On distingue deux types de réserves : réserves obligatoires et réserves


facultatives.
1.1. Réserves obligatoires

Ce sont les réserves prélevées par des dispositions de la loi, des statuts
ou d’un contrat. On distingue, ainsi, la réserve légale, les réserves
réglementaires et les réserves statutaires ou contractuelles.

• Réserve légale : cette réserve est instituée dans l’objectif de renforcer


la situation financière des sociétés anonymes. La dotation annuelle
fixée par la loi est égale à 5% du bénéfice net, diminué des pertes
antérieures. Toutefois, la réserve légale cesse d’être obligatoire lorsque
son cumul atteint 10% du capital.
• Réserves réglementées : ce sont des réserves, autres que la réserve
légale, constituées en vertu de dispositions légales.

• Réserves statutaires ou contractuelles : ces réserves sont imposées par


les statuts ou par un contrat, avant toute distribution de bénéfice. C’est
l’assemblée générale extraordinaire qui décide la distribution de ces
réserves.
1.2. Réserves facultatives

• Les réserves facultatives ne sont prévues ni par la loi, ni par les statuts.
Leur constitution dépend de la volonté des associés ou actionnaires. La
dotation est décodée en assemblée générale ordinaire.

• Les réserves facultatives peuvent être constituées en vue de renforcer


la situation financière de l’entreprise ou de réaliser une modification
du capital.
2- Bénéfice distribuable

• Selon la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes, le bénéfice


distribuable est constitué du bénéfice net de l’exercice, diminué des
pertes antérieures ainsi que des sommes à porter en réserve, et
augmenté du report bénéficiaire des exercices précédents.

• La part du bénéfice distribuable attribuée aux associés / actionnaires


est composée, généralement, du premier dividende et du
superdividende.
2.1. Le premier dividende
Appelé aussi intérêt statutaire, le premier dividende est calculé au taux
fixé par les statuts sur le capital libéré et non remboursé (non amorti)
des actions / parts sociales.

2.2. Le superdividende
Le superdividende est un montant fixé par l’assemblée générale
ordinaire. Ce montant est identique pour toutes les actions / parts
sociales, qu’elles soient libérées ou non libérées, amorties ou non
amorties.
2.3. Le report à nouveau bénéficiaire
Le report à nouveau bénéficiaire est un élément constitutif du bénéfice
distribuable. Il représente la partie du bénéfice dont la répartition est
reportée à l’exercice suivant. Le report à nouveau des exercices
antérieurs vient en augmentation du bénéfice distribuable de l’exercice.

Les dividendes sont soumis à l’impôt retenu à la source au taux de 15%.


(Article 19-IV-D du code général des impôts 2022)

NB: Les frais de constitution doivent être totalement amortis pour que
l’entreprise puisse distribuer les bénéfices.
Répartition des bénéfices: cas du capital
totalement libéré

Lorsque les actions sont totalement libérées, l’intérêt statutaire est


calculé à travers la multiplication du capital social libéré et non amorti
par le taux fixé par les statuts.
Exemple :
La société YADEST est une société anonyme au capital de 250.000 Dh, divisé en
2.500 actions de valeur nominale de 100 Dh libérée en totalité. L’assemblée
générale, réunie le 15/03/2018, prévoit la répartition des bénéfices de l’exercice
2017 comme suit :
- La dotation à la réserve légale ;
- Un intérêt statutaire de 6% ;
- La dotation à une réserve facultative pour 8.100 Dh ;
- Le solde est réparti à titre de superdividende, arrondi au Dh inferieur ;
- Le reliquat est reporté à l’exercice suivant.

Le bénéfice après impôts de l’exercice s’élève à 76.000 Dh.


Le compte de réserve légale et de report à nouveau enregistrent à leurs crédits
des soldes de 18.000 Dh et 600 Dh, respectivement.
• La réserve légale est calculée en multipliant le montant du résultat net par le
taux imposé par la loi (5%). Dans notre cas, réserve légale = 76.000 × 0,05 =
3.800 Dh.

• La somme de ce montant et de celui du cumul de la réserves légale avant


l’affectation du résultat (18.000 + 3.800 = 21.800 Dh) ne dépasse pas 10% du
capital social. Donc elle reste encore obligatoire pour la société YADEST.

• L’intérêt statutaire est calculé en multipliant le montant du capital social


libéré et non amorti par le taux fixé par les statuts. D’où, Intérêt statutaire =
250.000 × 0,06 = 15.000 Dh.

• Tableau de répartition du bénéfice net de YADEST se présente ainsi :


Résultat net 76.000
Réserve légale 3.800
Report à nouveau (solde créditeur) 600
Intérêt statutaire (6%) 15.000
Réserve facultative 8.100

26.900 - 26.900

Solde 49.700
Superdividende 47.500 - 47.500

Report à nouveau 2.200


NB: Le report à nouveau créditeur n’est pas ajouté qu’après le calcul de la réserve légale pour
qu’il ne subisse pas un double prélèvement.

• Le superdividende est le rapport du solde sur le nombre d’actions: = 19,88 Dh ≈ 19 Dh


(arrondissement au dirham inférieur), soit un montant total de 2.500 × 19 = 47.500 Dh

• Le reliquat de 49.700 – 47.500 = 2.200 Dh est reporté à l’exercice suivant.


La somme du premier dividende et du superdividende, de 47.500 + 15.000
= 62.500 Dh, est soumise à une retenue à la source au taux de 15%, soit un
montant de 62.500 × 0,15= 9.375 Dh
Exercice:
La société anonyme MURESO au capital social de 400.000 Dh, divisé en 4.000 actions du
nominal 100 Dh totalement libéré, a réalisé, à titre de l’exercice comptable de 2015, un
bénéfice net de 100.000 Dh.

La répartition du bénéfice social est effectuée aux termes de la réunion de l’assemblée


générale ordinaire des actionnaires du 25/05/2016 :
- Dotation de la réserve légale ;
- Réserve statutaire de 15.000 Dh ;
- Premier dividende de 7% ;
- Dotation d’une réserve facultative de 10.000 Dh ;
- Répartition du reste entre les actionnaires à titre de superdividende.

• L’exercice de 2014 a dégagé une perte nette de 5.000 Dh que l’assemblée compétente a
affecté au compte de report à nouveau.
Solution
• La perte de l’exercice inscrite au débit du compte « Report à nouveau (solde
débiteur) » doit être déduite du résultat net de l’exercice avant tout calcul.
• Si le montant du report à nouveau débiteur est supérieur au montant des bénéfices,
le reliquat est à imputer sur les bénéfices des exercices suivants jusqu’à son
apurement total.

• Donc, le tableau de répartition des bénéfices de la société TAYSSIR se présente


ainsi :
Résultat net 100.000
Report à nouveau (solde débiteur) 5.000 - 5.000

95.000
Réserve légale 4.750
Réserves statutaires 15.000
Premier dividende (400.000 × 7%) 28.000
Réserves facultatives 10.000

57.750 - 57.750

Solde 37.250
Superdividende 37.250 - 37.250

Report à nouveau 0
Dividendes bruts = premier dividende + superdividende =
28.000 + 37.250 = 65.250 Dh.

Impôt retenu à la source = 65.250 × 0.15 = 9.787,5 Dh.


Dividendes nets = 65.250 – 9.787,5 = 55.462,5 Dh.
Répartition des bénéfices: cas du capital
partiellement libéré
1-Aucune libération au cours de l’exercice

• Dans le cas où aucune libération n’a eu lieu au cours de l’exercice,


l’intérêt statutaire est calculé seulement sur le capital libéré
auparavant.
Exemple
SIHAM est une société anonyme fondée le 15/07/2016 au capital de
1.000.000 Dh, divisé en 10.000 actions d’une valeur nominale 100 Dh
libérée de la moitié à la constitution. Elle a réalisé, à la clôture de
l’exercice 2017 un bénéfice net de 200.000 Dh, dont les statuts
prévoient l’affectation de 6% à titre d’intérêt statutaire.

L’assemblée générale ordinaire, réunie le 25/06/2018, décide de doter


une réserve facultative pour 35.000 Dh. La répartition prévoit un
superdividende unitaire de 10 Dh et le reste est reporté à l’année
prochaine. Le compte de report à nouveau à la fin de l’exercice 2017 est
créditeur de 30.000 Dh.
Le capital de la société est libéré de la moitié au cours de l’exercice
2016. L’intérêt statutaire est donc calculé sur la partie libérée du capital,
on a donc :

Intérêt statutaire = 10.000 × 100 × × 6% = 30.000 Dh.

Tableau de répartition des bénéfices de la société SIHAM :


Résultat net 200.000
Réserve légale (20.000 × 0,05) 10.000 - 10.000

190.000
Report à nouveau (SC) 30.000
Intérêt statutaire 30.000
Réserve facultative 35.000

65.000 - 65.000

Reste 155.000
Superdividende (10 × 10.000) 100.000 - 100.000

Report à nouveau 55.000


Dividendes bruts = 30.000 + 100.000 = 130.000 Dh.

ÞImpôt retenu à la source = 130.000 × 0.15 = 19.500 Dh.

 Dividendes nets = 130.000 – 19.500 = 110.500 Dh.


2- Libération au cours de l’exercice

Lorsque la libération d’une fraction du capital a eu lieu au cours de


l’exercice, le calcul de l’intérêt statutaire est effectué sur le capital libéré
avant l’exercice en question et sur la fraction libérée au cours de
l’exercice à compter de la date de libération.
Exemple :
Le bénéfice net d’une société anonyme, fondée en 2018, s’élève à 200.000 Dh à titre de
l’exercice 2019. Son capital social est divisé en 5.000 actions de valeur nominale de 200
Dh libérée de trois quarts. La moitié du capital a été libérée lors de la constitution, alors
que le troisième quart a été libéré le 15/06/2019.

Les statuts prévoient que le bénéfice net sera réparti ainsi :


- Dotation de la réserve légale au minimum exigé par la loi ;
- 6% d’intérêt statutaire ;
- La réserve statutaire représente 1/5 du bénéfice net ;
- Une réserve facultative d’une somme jugée utile par l’assemblée générale ordinaire ;
- Le reste est distribué aux actionnaires à titre de superdividende.

Le compte de report à nouveau, à la clôture de l’exercice 2019, est débiteur de 30.000 Dh.
L’assemblée générale ordinaire décide le 25/06/2020 de doter la réserve facultative de
20.000 Dh.
Les dividendes et la retenue à la source sont réglés le 01/07/2020 par chèques
bancaires.
Le capital social est libéré de trois quart. L’intérêt statutaire est donc calculé sur la
moitié libérée en 2018 et sur la fraction libérée en 2019, mais à compter de sa date
de libération.
L’intérêt statutaire = 5.000 × 200 × × 6% + 5.000 × 200 × × × 6%
= 30.000 + 8.125 = 38.125 Dh

Le montant de 30.000 Dh revient à l’intérêt statutaire de la moitié du capital libérée


en 2018, et le montant de 8.125 Dh correspond à l’intérêt statutaire du quart libéré
durant 2019, couvrant une période de 195 jours entre la date de la libération de
15/06 et la date de clôture de l’exercice.
Résultat net 200.000
Report à nouveau (solde débiteur) 30.000 - 30.000

170.000
Réserve légale 8.500
Réserves statutaires (200.000 × ) 40.000
Intérêt statutaire 38.125
Réserves facultatives 20.000

106.625 - 106.625

Solde 36.375
Superdividende 36.375 - 36.375

Report à nouveau 0
Dividendes bruts = 38.125 + 63.375 = 101.500 Dh.

ÞImpôt retenu à la source = 101.500 × 0.15 = 15.225 Dh.

 Dividendes nets = 101.500 – 15.225 = 86.275 Dh.


Etude de cas 1

DARNA est une société anonyme au capital de 400.000 Dh, divisé en


1.200 actions représentant des apports en nature, et 2.800 actions de
numéraire libérées de trois quarts à la constitution. Le dernier quart
des actions de numéraire est libéré le 01/04/2017.

L’assemblée générale ordinaire du 03/06/2017 a décidé de reporter le


résultat déficitaire de 8.000 Dh, dégagé à la clôture de l’exercice
2016, à l’exercice suivant.
A titre de l’exercice 2017, la société DARNA a réalisé un
bénéfice net de 180.000 Dh. Le compte « Réserve légale » au
31/12/2017, avant répartition, présente un solde créditeur de
36.000 Dh.

L’assemblée générale ordinaire a prévu, le 01/06/2018, la


dotation à la réserve légale, dans la limite du seuil d’obligation
fixé par la loi, une réserve statutaire de 20.000 Dh et un
premier dividende de 6%. Le solde est réparti, en totalité, entre
les actionnaires à titre de superdividende.
• La réserve légale présente un solde, avant répartition de bénéfice, de 36.000 Dh,
et l’assemblée générale ordinaire a prévu la dotation à cette réserve dans la limite
fixée par la loi (10% du capital social), qui s’élève dans notre cas à (120.000 +
280.000) × 0,1 = 40.000 Dh. Ceci donne lieu à une réserve supplémentaire de
40.000 – 36.000 = 4.000 Dh, (malgré que le montant calculé de 5% du bénéfice
est égal à 172.000 × 0,05 = 8.600 Dh).

• Intérêt statutaire = (120.000 × 0,06) + (2.800 × 100× × 0,06) + (2.800 × 100 × × 0,06 × )
= 7.200 + 12.600 + 3.150 = 22.950 Dh
Résultat net 180.000
Report à nouveau (solde débiteur) 8.000 - 8.000

172.000
Réserve légale 4.000
Réserves statutaires 20.000
Intérêt statutaire 22.950

46.950 - 46.950

Solde 125.050
Superdividende 125.050 -125.050
Report à nouveau 0
Dividendes bruts = 22.950 + 125.050 = 148.000 Dh.

ÞImpôt retenu à la source = 148.000 × 0.15 = 22.200 Dh.

 Dividendes nets = 148.000 – 22.200 = 125.800 Dh.


Chapitre 4 : IR sur les capitaux mobiliers

Section 1 : Caractéristiques, champ d’application et


démarche de calcul de l’IR

Section 2 : Imposition des revenues et des profits de


capitaux mobiliers
Section 1 : Caractéristiques, champ d’application et
démarche de calcul de l’IR

1- Caractéristiques de l’IR
L’impôt sur le revenu se présente comme un impôt :

• Direct : l’IR est un impôt direct dans la mesure où le redevable légal qui paye
l’impôt à l’administration fiscale est celui le redevable réel qui supporte l’impôt
en définitive ;

• Général : l’IR concerne l’ensemble des revenus du contribuable ;


• Unique : l’IR est véritablement unique dans son titre, sa structure et
son barème ;

• Personnalisé : l’IR est un impôt personnalisé, car il est établi en


tenant compte dans son calcul d’éléments subjectifs propres à chaque
contribuable ;

• A taux progressif : le taux de l’IR dépend de l’importance de la base


imposable ; son barème est établi de telle sorte que le taux
d’imposition est d’autant plus important que les revenus sont élevés.
2. Champ d’application de l’IR

2.1. Personnes imposables

L’IR concerne aussi bien les personnes physiques que certaines


personnes morales.
Les personnes physiques
Le champ d’application de l’IR étant délimité par référence à la notion
de domicile fiscal, une distinction doit être établie entre les personnes
résidentes et les personnes non résidentes.

• Les personnes résidentes: sont celles qui possèdent, au Maroc, un


domicile fiscal. Ces personnes sont passibles de l’impôt sur
l’ensemble de leurs revenus de source marocaines et étrangères.

• Les personnes non résidentes sont soumises à l’impôt uniquement


sur leurs revenus de source marocaine (principe de territorialité).
Les personnes morales
Certains groupements de personnes sont également assujettis à l’IR. Il
s’agit principalement :

• Les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite simple


constituées au Maroc et ne comprenant que des personnes physiques;
• Les sociétés en participation ;
• Les sociétés de fait ne comprenant que des personnes physiques.
2.2. Personnes exonérées de l’IR

Sont exonérés de l’impôt sur le revenu:

- Les ambassadeurs et agents diplomatiques, les consuls et agents


consulaires de nationalité étrangère, pour leurs revenus de source
étrangère, dans la mesure où les pays qu’ils représentent concèdent le
même avantage aux ambassadeurs et agents diplomatiques, consuls et
agents consulaires marocains ;

- Les personnes résidentes au titre des revenus qui leurs sont versés en
contrepartie de l’exploitation de droits d’auteur sur les œuvres
littéraires, artistiques ou scientifiques.
2.3. Les revenus imposables

Le revenu auquel s’applique l’impôt est un revenu global. Celui-ci est,


en effet, obtenu par la sommation des revenus catégoriels suivants :

- Revenus professionnels ;
- Revenus salariaux et revenus assimilés ;
- Revenus et profits fonciers ;
- Revenus et profits des capitaux mobiliers ;
- Revenus agricoles.
3. Détermination du revenu imposable

3.1. Revenu global imposable


Le revenu global imposable est constitué par le ou les revenus nets
d’une ou de plusieurs des catégories de revenus (salariaux, fonciers,
agricoles, etc.).

Chaque revenu de ces catégories est déterminé distinctement selon ses


propres règles.

RGI = Somme des revenus nets catégoriels


3.2. Revenu net imposable

Le revenu net imposable est obtenu en retranchant du revenu global


imposable des déductions sur revenu.

RNI = RGI – déductions sur revenu

Les déductions sur revenu s’entendent des charges supportées par


l’assujetti et qui bénéficient de l’exonération de l’IR, il s’agit
notamment des :
• Dons versés à des organismes, associations ou établissements
œuvrant dans un but d’intérêt général et habilités par l’Etat à
les recevoir (la liste est donnée par l’article 10 du CGI) ;

• Intérêts de prêts pour l’acquisition ou la construction de


logement destiné à l’ habitation principale du contribuable ;

• Cotisations ou primes versées au titre des contrats d’assurance


retraite.
4. Détermination de l’impôt

Le calcul de l’impôt dû par le contribuable passe par deux


étapes :

• La détermination de l’impôt brut qui consiste à appliquer le


taux de l’impôt au revenu net imposable tel qu’il a été défini
ci-dessus ;

• Le calcul de l’impôt à payer (ou impôt net) en opérant sur


l’impôt brut un certain nombre de déductions.
4.1. Calcul de l’impôt brut

Le calcul de l’impôt brut consiste à appliquer au revenu net


imposable un barème d’imposition
Tranche de revenu Taux Somme à déduire
0 – 30 000 0% 0
30 001 – 50 000 10 % 3 000
50 001 – 60 000 20 % 8 000
60 001 – 80 000 30 % 14 000
80 001 – 180 000 34 % 17 200
Plus de 180 000 38 % 24 400
IR brut = RNI × Taux – Somme à déduire

• La somme à déduire, s’agit des déductions sociales accordées


en fonction des personnes prises en charges et, s’il y a lieu,
de l’impôt retenu à la source et de l’impôt acquitté à
l’étranger.
• Déductions pour charges de famille

L’impôt calculé d’après le barème est diminué d’une somme de 360 DH par
personne à charge, dans la limite de 2 160 DH soit un total de six déductions.

Sont considérés à la charge du contribuable :


- le conjoint abstraction faite de ses revenus,
- les enfants du contribuable ainsi que les enfants légalement recueillis par lui
à son propre foyer lorsque le revenu global annuel de chaque enfant
n’excède pas la tranche exonérée du barème du calcul de l’IR et que leur
âge ne dépasse pas 27 ans (Loi de finances 2013),
- sans conditions d’âge lorsqu’ils sont atteints d’une infirmité avec
impossibilité de subvenir à leurs besoins.
• L’impôt retenu à la source

L’IR calculé est diminué des différents prélèvements opérés à


la source sur les revenus du contribuable lorsque ces
prélèvements sont imputables sur l’IR découlant de la
déclaration annuelle. Cela signifie que les prélèvements opérés
à des taux libératoires ne peuvent donner lieu à aucune
déduction sur l’impôt calculé.
• L’impôt étranger

Les contribuables résidant au Maroc et titulaires de pensions


de source étrangère peuvent bénéficier d’une réduction égale
à 80 % du montant de l’impôt dû au titre de leur pension
correspondant aux sommes transférées à titre définitif en
dirhams non convertibles.
Section 2 : Imposition des revenues et des profits de
capitaux mobiliers

1. Nature des revenus et des profits de capitaux mobiliers


Par capitaux mobiliers ou valeurs mobilières, il faut entendre tout titre
représentant un droit de propriété, tels que les actions et les parts
sociales, ou un droit de créance, tels que les obligations et les autres
placements financiers à revenu fixe.

Sont soumis à l’IR, les revenus procurés à leurs détenteurs par les titres et
valeurs mobilières, mais également les profits réalisés ou constatés à
l’occasion de la cession de ces titres.
1.1. Les revenus de capitaux mobiliers

Une distinction est faite entre les revenus variables provenant des titres
représentant des droits de propriété (actions ou parts sociales), et les
revenus fixes constitués des intérêts rémunérant les placements à terme
(obligations, etc.).

1.1.1. Les revenus variables


Il s’agit des produits des actions, parts sociales et des revenus assimilés
versés ou mis à la disposition des personnes imposables à l’IR. Ces
produits, tels qu’ils sont définis par le CGI (article 13) proviennent
essentiellement de la distribution de bénéfices. Ils comprennent
notamment :
• Les dividendes et les produits de participation distribués par les
sociétés ;
• Les sommes distribuées provenant du prélèvement sur les bénéfices
pour l’amortissement du capital ou le rachat d’actions ou de parts
sociales de sociétés ;
• Le boni de liquidation qui constitue le reliquat du produit résultant de
la liquidation de la société après paiement des dettes et
remboursements des apports en capital ;
• Les réserves mises en distribution ;
• Les produits distribués en tant que dividendes par les OPCVM ou par
les OPCI
1.1.2. Les revenus fixes
Les revenus fixes imposables à l’IR dans la catégorie des revenus de
capitaux mobiliers s’entendent des intérêts et des revenus assimilés
produits par des placements d’argent, il comprennent :
• Les intérêts des titres de créances tels que les obligations, les bons de
trésor, etc.
• Les primes de remboursement des obligations et titres assimilés ;
• Les intérêts sur comptes à terme et autres comptes ouverts auprès des
établissement de crédit ;
• Les intérêts versés par les OPCVM.
1.2. Les profits de capitaux mobiliers

Les profits de capitaux mobiliers s’entendent des profits nets annuels


réalisés par les personnes physiques sur les cessions de valeurs
mobilières et autres titres de capital et de créance.
2. Les exonérations

2.1. Les exonérations des revenus variables

Sont exonérés de l’IR au titre des revenus de capitaux mobiliers les


dividendes et autres produits de participation versés à des non-résidents
par les sociétés installées dans les zones franches d’exportation et
provenant d’activités exercées dans ces zones.
2.2. Les exonérations des revenus fixes
Les revenus fixes de placement sont exonérés de l’IR lorsqu’il s’agit des :
• Intérêts perçus par les personnes physiques titulaires de comptes
d’épargne auprès de la caisse d’épargne nationale ;
• Les intérêts servis aux titulaires d’un plan d’épargne logement à
condition que :
- Les sommes placées soient destinées à l’acquisition ou la construction
d’un logement à usage d’habitation principale ;
- Le montant des versements et des intérêts soient conservés dans le dit
plan pour une période minimale de 3 ans à compter de son ouverture;
- Le montant total des versements ne dépasse pas 400 000 Dh
• Les intérêts servis aux titulaires d’un plan d’épargne éducation à
condition que :
- Les sommes investies soient destinées au financement des études
dans les cycles de l’enseignement ou de la formation professionnelle des
enfants à charge ;
- Les versements et les intérêts y afférents soient conservés pendant
une période minimale de 5 ans à compter de l’ouverture du plan
d’épargne ;
- Le montant global des versements ne dépasse pas 300 000 Dh.
2.3. Les exonérations des profits de capitaux mobiliers

Les profits de capitaux mobiliers sont exonérés de l'impôt lorsqu’ils se


rapportent :
- A des donations de valeurs mobilières entre ascendants et
descendants, entre époux ou entre frères et sœurs ;
- A des cessions de valeur mobilières ou autres titres de capital ou de
créances dont le montant total n’excède pas 30 000 Dh au cours d’une
année civile.

Etc.
3. L’imposition des revenus et des profits de capitaux mobiliers

L’imposition des revenus et des profits de capitaux mobiliers est établie


par voie de retenue à la source. Trois taux d’imposition sont appliqués :
15%, 20% et 30% selon la nature du revenu ou du profit réalisé.

3.1. L’imposition des revenus de capitaux mobiliers

La retenue à la source est opérée sur le montant brut des revenus au taux
de 15% lorsqu’il s’agit de revenus variables, et au taux de 20% ou 30%
lorsqu’il s’agit de revenus fixes.
Le taux de 15% s’applique aux :

• Produits des actions, parts sociales et revenus assimilés ;


• Revenus bruts de capitaux mobiliers de source étrangère.
Le taux de 20% non libératoire
Ce taux concerne les produits de placements à revenus fixes lorsqu’il
sont perçues par :
• Des personnes morales relevant de l'impôt sur le revenu ;
• Des personnes physiques imposables à l’IR selon le régime du résultat
net réel ou celui du résultat net simplifié.

La retenue à la source de 20% n’étant pas libératoire de l’IR, le montant


brut des revenus l’ayant supportée est déclaré dans le cadre des revenus
professionnels en tant que produit financier, et la retenue à la source
constitue un crédit d'impôt imputable sur la cotisation minimale, ou sur
l’IR en cas d’insuffisance de celle-ci.
Le taux 30% libératoire

Il s’applique aux produits des placements à revenu fixe versés aux


personnes physiques imposables dans le cadre des revenus
professionnels selon le régime de la contribution professionnelle unique
(CPU) ou celui de l’auto-entrepreneur, et aux autres personnes
physiques assujettis à l’IR.
3.2. L’imposition des profits de capitaux mobiliers

Le profit imposable est un profit net déterminé par la différence entre :


• Le prix de cession diminué des frais de cession ;
• Le prix d’acquisition majoré des frais engagés à l’occasion de
l’acquisition.

Les frais d’acquisition et de cession sont généralement constitués de


commissions prélevées par les établissements bancaires et les
intermédiaires en placement de valeurs mobilières.
Cependant certaines précisions doivent être apportées quant à la
détermination des prix de cession et d’acquisition en vue du calcul du
profit imposable :

• Lorsque des titres de même nature sont achetés à des prix différents, le
prix d’acquisition à prendre en considération pour le calcul du profit
est une Moyenne pondérée des différents prix d’achat.

• Dans le ca où la cession donne lieu à une moins-value, celle-ci est


imputable sur les plus-values réalisées au cours de la même année.
Mais si ces dernières sont insuffisantes (ou inexistantes), la moins-
value est reportée sur les exercices suivants, jusqu’à la quatrième
année qui suit celle de sa réalisation.
Les profits de capitaux mobiliers sont soumis à l’IR au taux de 15% ou
20% selon le cas, l’application de ces taux est libératoire de l'impôt.

Le taux de 15% libératoire :

Ce taux s’applique aux profits nets résultants :


• Des cession d’actions cotées en bourse ;
• Des cessions d’actions ou parts d’OPCVM actions ;
Etc.
Le taux de 20% libératoire :

Le taux de 20% libératoire concerne les profits nets résultant des


cessions :
• Des obligations et autres titres de créances;
• Des actions non cotées;
• Des actions ou parts d’OPCVM obligations;
Etc.

Le taux de 20% libératoire est également applicable aux profits bruts de


capitaux mobiliers de source étrangère.
3.3. Recouvrement de L'impôt

• L'impôt sur les revenus des capitaux mobiliers est établi par
voie de retenue à la source quelle que soit la nature de ces
revenus.

• Le recouvrement de l'impôt sur les profits de capitaux


mobiliers se fait, également par voie de retenue à la source
lorsque les titres cédés sont inscrits en compte auprès des
intermédiaires financiers.
• En revanche, dans le cas où les titres ne sont pas inscrits en
compte auprès d’un intermédiaire financier et dans le cas des
profits de capitaux mobiliers de source étrangère, le paiement
de l'impôt doit se faire spontanément en même temps que le
dépôt de la déclaration, avant le 1èr avril suivant l’année de
la réalisation des profits.
Exemple :

Un contribuable, personne physique, a acquis en Octobre 2021 les titres


suivants :
• 150 actions cotées à 325 dh l’action, commission 0,5%
• 20 obligations à 15 000 dh par obligation, taux d’intérêt 7,5% payables
annuellement. Date de paiement le 30 Octobre, commission 0,25%.

Au cours de l’année 2022, les actions cotées lui ont rapporté un dividende
de 24 dh par action, il a encaissé fin Octobre les intérêts sur les
obligations qu’il détient.
• En novembre 2022, le contribuable cède la moitié des actions cotées à
352 dh l’action et 5 obligations à 16 200 dh l’une.

• Les commissions sur cession sont de 1% pour les actions et 0,6 %


pour les obligations.
Solution
1. imposition des revenus
Les dividendes : 150 × 24 = 3 600 dh
Impôt retenu à la source : 3 600 × 15% = 540 dh

Les intérêts : 15 000 × 20 × 7,5% = 22 500 dh


Impôt retenu à la source : 22 500 × 30% = 6 750 dh

Les intérêts subissent la retenue à la source au taux de 30% libératoire


de l’impôt dans le mesure où ils sont perçus par une personne physique
en dehors de toute activité professionnelle.
• Lorsque les intérêts sont versés à des personnes morales ou à des
personnes physiques exerçant une activité professionnelle imposable
selon le régime du RNR ou celui du RNS, ils sont soumis à la source
au taux de 20% non libératoire de l’impôt.
2. Imposition des profits

Profit sur cession des actions :


Prix de cession : 75 × 352 = 26 400 dh
Commission sur cession : 400 × 1% = 264 dh
Prix d’acquisition : 75 × 325= 24 375 dh
Commission sur acquisition : 24 375 × 0,5% = 121,87 dh

Profit net sur cession d’actions:


(26 400 – 264) – (24 375 + 121,87) = 1 639,13 dh
Impôt retenu à la source : 1 640 × 15% = 246 dh
Profit sur cession des obligations :
Prix de cession : 5 × 16 200 = 81 000 dh
Commission sur cession : 81 000 × 0,6% = 486 dh
Prix d’acquisition : 5 × 15 000 = 75 000 dh
Commission sur acquisition : 75 000× 0,25% = 187,5 dh

Profit net sur cession obligations :


(81 000 – 486) – (75 000 + 187,5) = 5 326,5 dh
Impôt retenu à la source : 5 330 × 20% = 1 066 dh
Exercice
M. Said possède, en dehors de toute activité professionnelle, un
portefeuille de valeurs mobilières géré par son banquier et composé des
titres suivants, acquis en 2021 :
• 5 500 actions de la société Yadest qui intervient dans le domaine de la
publicité digitale, elle est cotée à la bourse de valeurs de Casablanca.
Prix d’acquisition 125 dh.
• 3 500 actions de la société MFT spécialisée dans le transport, non
cotée. Prix d’acquisition 100 dh.
En Juin 2022, les sociétés dont les titres composent le portefeuille de M.
Said ont distribué les dividendes suivants par action : Yadest 5 dh et
MFT 7,5 dh
• Il détient également des obligations qui ont rapporté en 2022 des
intérêts bruts de 22 350 dh.

• En Novembre 2022, M. Said a cédé 500 actions de la société Yadest à


145 l’action.

• Les commissions sur acquisition des actions sont de 0,5% pour les
actions. Les commissions sur cessions s’élèvent à 0,75% pour les
actions

Déterminer l'impôt du par M. Said au titre de ses revenus et profits


de capitaux mobiliers

Vous aimerez peut-être aussi