Vous êtes sur la page 1sur 32
 
SOMM IRE
1
LELIVRE
DELA
QUINZ INE
4
ROMAJf8
ETR NGERS
8
 
14
ROMANS
rR Nç IS
10
F NT STIQUE
13
18ARTS
17
18
19
SOCIOLOGIE
20
21
22
HISTOIR
24
ilSPACE
 
FEUILL TON
28
TH TRE
MiroslavKarléjaJosefSkvoreckyVéraLinhartovaDavid
Boyer
JohnKenneth
GalbraithErskineCaldwellGenevièveSerreauTzvetanTodorov
André
Dhôtel
John
BergerEdgarMorinEmile
Durkheim
MarcelMaussDominiqueDesantiAugustStrindbergJacquesKraemer
Je
ne
joueplusL EscadronblinCanon
à
l écrevisseRegards
en
coulisse
d un
tueur
depigeons
Le
triomphe
Miss
Mamma
Aimée
Propos
d Alain
Ce
cherpoint
du
mondeIntroduction
à
lalittératurefantastiqueUnjourvieltdraLettresd Ezra
Pound
à
JamesJoyceaveclesessaisde
Poundsur
Joyce
Art
etvolution
Imagestantriques
Le
C.N.A.C.propose...Artsjaponais
d aujourd hui
La
Rumeur
d OrléansJOl/rnalsociologiqueLasciencesociale
et
l actionŒuvresL
 
Internationale
communiste
Ouvrages
sur
laLune
w
La
DansedemortSplendeuretmirede
Minette
labonneLorraine
par
VladimirBalvanovic
par
ClaudeBonnefoy
parJean
Wagner
parJ.
W.
par
J.
W.
par
BernardPingaud
par
DominiqueFernandez
par
LionelMirisch
par
HélèneCixous
par
MarcelBillot
par
J.-L.Verley
par
J.-L.Verley
par
FrançoiseChoay
parEmmanuel
Berl
par
Jean
Bazin
par
GeorgesCondominas
par
AnnieKriegel
par
GilbertWalusinski
par
GeorgesPerec
par
GillesSandier
Créditsphotographiquel
LaQuinzaine
litteraire
z
FrançoisErval,MauriceNadeau.
Conseiller
:
JosephBreitbach.
Comide
rédaction:
GeorgesBalandier,BernardCazes,FrançoisChâtelet,FrançoiseChoay,DominiqueFernandez,MareFerro,GillesLapouge,GilbertWalusinski.
Secrétariatde
 
rédaction:
AnneSarraute.
Courrierlittéraire:
AdelaideBlasquez.
Rédaction;administration:
43,
rue
duTemple,Paris-
Téléphone:
887-48.58.
Publicitélittéraire:
22,
rue
deGrenelle,Paris-7 .phone:222-94-03.
Publicitégénérale
:
aujournal.
Prix
dun·
au
Canada:
75
cent,.
Abonnementl :
Un
an
:58
F,
vingt-troisnuméral .
Sixmois:34
F,
douzenural.
Etudiants:
ductionde20
 .
Etranger:
Un
an
:70
F.
Six
mois:
40
F.Pour
tout
changementd adrellie
envoyer3timbres
à
0,30
F.
Règlement
par
mandat,chèquebancaire,chèquepostal:C.C.P.Paris15.551.53.
Directeurde
 
publication
FrançoisEmanuel.
çomp
Phot.
GraphiquesGambon
Impression
S.I.S.S.
Printed
in
France
p.
3
p.
4
p
8
p.
9p.
10
p.
 
p.
15
p.
16
p.
17
p.
18
p.
19
p.21p.22p.23
p.24p.25
p.28
D.R.
Gallimardéd.
 
Seuiléd.RogerViolletD.R.RogerViolletRogerViolletRogerViollet
D.R.
Denoëléd.
 
Point
CardinalMuséeCernuschi
Bernard
CormeraisPressesUniversitairesdeFrance
Minuit
éd.Monique
Burke
RogerViolletPayotéd.
Bernand
 
 
issi nt
Unanti.roman,publ
en
1938,
et
qui,
,no
 
les
aberrations
de
plusenplus
manifestesdustalinisme.
noir
»
que
Karléja
observe
ici
le
mondequil indigne
et
contre
le
quel
sonpersonnage
sans
nom
(un
«
innommable
:.
comme
celuideBeckett)
se
révolte
jusqu àla
mence.
Il
nous
faudrait,
pourbien
dégager
ces
thèmes,
reveniraux
nouvellesde
l Enterrement
à
Thé-résienbourg
 3),
et
surtoutau
som
bre
RetourdePhilippe
Latinovicz
 4)
quisituentl œuvre
de
K.arléja
dansle
contexte
d Europe
cen·
traIe
à
côté
deHolmannsthal,
de
Kafka,
de
Broch,
deMusil,deLukacs,voire
mêmedeFreud.
Le
hérosanonyme
dece
roman
est
un
isolé
comme
l était
La-
tinovicz,
artiste
solitaire,
«
en
glué
:t
dans
une
«
vie
hrumeuse
»
et
c
sans
racine
»
sentant
(en
1932 )
une
 
nausée»
anà-
loguecelle
duRoquentin
de
Sar-
tre,
ressemblance
perçue
aussi
bien
par
lacritique
yougoslave
qu étranre.Danslemonde
sou
terrain
de
ses
personnages
à
la
dérive,c est
encore
un
être
conscient
d avoir
rompu
le
pacte,
un
 
homme
sans
qualité
» aussi
peu
c
édifiant
»
que
possible.
Sarévolte
n a
aucun
sens
elle
n a
pas
d avenir,
mais,
en
même
temps,
ne
débouche·t-elle
pas,
surune
prise
de
conscience
?
Cellede
l impossibleacceptation
de
la
cruauté
et
de
la
bêtise.
Onre·
procha
à
Karléj.a«
l individua-
lisme
»
l absencede
«
perspec-tive
historique
»
son
«
pessimisme
anarchisant
»
mais
l auteur
croate,
continuera
malgré
tout
sonincessantecontestation
:
«Refuser
le
monde
dira-t-ilplus
tard,
est
une
manière
de
raccepter.
»
Dans
ce
désengagementenga,l Hom-
mene
se
perd
point.Sacontestationestsituée
aussi
bien
au
niveau
du
langage
qu au
niveaude
la
forme
romanesque
:
Je
ne
joue
plus
estconstruit
com
me
un
puzzle
et
ressemble
plus
à
un
«
état
de
la
question
»
qu àune
fresque,
au
sens
traditionnel.Certains
chapitres
sontdes
chefs
d œuvred inspiration
multiforme.
Ce
«
visionnaire
»
des
lettres
you goslaves
et
slaves
s offre
aujourd hui
aupublic
françaillavec
son
œuvrepeut-êtrela
plus
percutante.Latraductrice,Janine
Matillon,
a
sutrouver
detrès
ingénieuseséquivalences.
VladimirBalvanovic
1.«
 
Monde
Il
du
28·12·1968.
 
P.
Matvejevitch:
«Entretiens
avecKarléja
li
Ed.Naprijed 1969.3.Edition
deMinuit,
1956.4.Calmann Lévy 1957.
MiroslavKarléja
gés
:t,
voit
se
déclancher
un
scan
dalequi
lui
fera
perdre
sasitua-tion,
sa
famille,
ses
biens,
et
quilemèneradeprison
en
prison,
del hôpital
à
l asilepsychiatri-que.
Les
concitoyenstroglodytesde
ce
fauteurdetroublesexcuseraient
à
larigueur
son
c
inconduite
»
mais
neluipardonnent
passon
extraordinaire
insolence
:
il
n a
pas
honte
d êtremisau
ban
de
la
société.
Commentabsoudre
ce
trouble·fêtequi
refusede
sedé
battre
dans
lesfilets
du
Code
.nal,qui
se
laisse
posséderde
ses
biens
sans
broncher
?
Ils
l ont
sali
et
conspué,
il
ne
se
sent
pas
pourautant
déshonoré.Ils
lefont
passer
pour
fou,
il
·ne
s endéfend
pas.
Il
refuse
lamainde
sa
fille
à
un
grandnotable
de
la
ville
non
à
cause
de
ladot
exigée
 <<
La
maison,
je
la
lui
aurais
donnée
»),
mais
parcequ ilprisecettefa·
mille.Ils
l ont
déclarépolitique-
ment
dangereux,communiste,ils
n en
a
pashonte.Bref,
il
nejoue
plus,
il
n accepteplusla
règle
du
jeu,et
commet
ainsi
lecrime
ma-
jeur
aux
yeuxdesfenseursdes
valeurs
chrétiennes,
bourgoises
progressistes
et
autres.
Ce
côté
contestatairefrappemême
les
plusjeunes
lecteurs,ceux
dont
les
sou
venirs
neremontentqu àl ane
1968.
Je
ne
joue
plus
est
un
texte
actuel
et
percutant.
C est
en
réalité
par
un
«
côtéles
:t
et
cette
interventionmarquele
déplutd une
mutation
irréver-sibledes
lettres
yougoslaves
dans
leur
ensemble.Ces
quelquespointssemblent
indispensables
pour
situerdans
soncontexte
leroman
Jenejoue
plus,
qui
est,
en

unesorte
d «
anti-roman
:t,
publen
1938
uneannéeavantl éclatement
de
l
c
affaireKarléja
:.
au
moment
celui-ci
cessa
lui·même
de
joueret
de
se
tairedevant
les
aberra-
tions
deplusenplus
manifestes
du
stalinisme.
Dialoguant
en
pri-
son
avec
un
détenupolitique,
·
volutionnairequiprônel établis·sement
d un
c
ordresupérieur
:
auxtraitssingulrement
totaJi
taristes,
lehéros
duroman
ne
pose-t.il
pas
à
son
interlocuteur
cettequestion
prémonitoire
c
Est-ce
que l assassi1U/.t
consti·tueralabasede
cet
ordre
socialimpérieur,
comme
celase
produitchez
noscapitalistes
et
chez
leur
avocats?
:
La
réponse
estlourdede
sens
en
cetteseconde
année
desprocès
de
Moscou
:
«
Tantqu il
y
adesulres,MonsieurleDocteur,·il
y
auradeschirur-giens.
»
Entre
lerôlede
l oppres-
seur
et
celuidel hérétique,
Kar·
léja
choisit
le
second:
«L artiste
déclare.t-il,
semble
beaucoup
plusproche
de
LuciferquedePromé·
thée,·sonfrère
plus
jeune
et
plw
1U/.ïf,
auquelon
atrop
l habitudede
l assimiler.
»
 2)
Ceroman-symptôme
racontel histoire
d un
homme
«
qui
dor-
mait
depuis
plus
de
trenteans,
qui
seréveille,
qui
seve
et
com-
mence
à
marcherau
milieudu
dé·sordresous
l impulsiond une
pe-tite
vérité
simple,logique
et
onnepeut
plusclaire.
:
Pour
avoir
dit
à
un
omnipotentd unecapitale
provincale,
à
un
«
bienfaiteurna·tional
»
qu ilest
«
criminel
et
dépravé
:
de
se
vanter
dumeurtre
de
quatre
paysans
quivoulaient
lui
volerquelques
bouteilles
de
vin,
leros
sacrilège
deKarja,
un
avocat
quiavait
vécu
jusquetoute
sa
vie
c
en
zéro
bien
rangédans
une
foule
de
zéros
bien
ran-
Pourpouvoirfairehonnê-
tement
·sondevoir,l écrivainabesoin
d être
dansuncer·
tain
sensdissident,voiredé-
faitiste
aussibien
à
l égard
de
l Etat
et
desinstitutions,qu enverslanation
et
lesa
torités
J
(1),
déclarait,
 n
1968,l écrivaincroateMiro-slavKarléja,romancier,poè-te,dramaturge,pomisteet,detoutefaçon,lapersonna-
lité
laplusmarquantedeslet-
tres
yougoslavescontempo-raines.
Miroslav
Karléja
Je
ne
joue
plw
trad.
du
croate
Janine
Matillon
Ed.
du
Seuil,
272
p.
Pour
ce
qui
estdela
dissidence,
Karléjaenfut
toujours
l instiga-
teur,
aussi
bien
à
l époquede
l Empire
austro-hongrois
puispen.
dant
leRoyaumede
Yougoslavie
quand
il
s érigea
enaccusateurfulgurant
d une
société
«
crimi-
nelle
:t
et
avilie,
qu en
Yougosla.
vie
socialiste
il
livra,
en
1952
sabrebataillecontrele
c
ca
iigulismee8thétique
:t
deJdanov.D où
un
véritable
«
mythe
Karléja
:t
nonseulementenYou·
goslavie,
maisaussi
dans
certains
autres
pays
del Europe
orientale.Sil onvoulaitenexpliquer
au-
jourd hui
la
genèse,
il
faudraitd abordnoter
que,
militant
com
muniste
s
1917
idéologue
qui
a
combattu,
pendant
l entre-deux-guerres,
pourun
«
socialisme
à
visage
humain
»
avantlalettre,
Karléjan apourtant
jamais
cédé
à
latentation
de
soumettre
ses
positions
esthétiquesaux
mots
d ordre
del action
révolution-
naire.
C est
cetteattitudequifut
à
l origine,
une
décennie
avantle
 
schisme
»
yougoslavede
1948
d un
profondconflit
dans
les
rangs
du
P.C.
yougoslaveMiroslav
Karléja
et
ses
quelques
amis
ne
manquèrent
pas
d être
qualifiésde
 
déviationnistes
» «
trotskys-tes
»
«petits
bourgeois»
etc.
Immédiatement
après
la
libéra-
tion,legrand
«
incorruptible
»
eut
le
courage.
depondre
par
un
silencequasi
systématiqueaux
dogmes
du
«
réalisme
socialiste
»
importé
plusou
moinsofficielle·
menten
Yougoslavie.
Au
congrèsdesEcrivains
tenu
à
Ljubljanaen
1952
il
n hésitepas
à
réclamerle
droit
à
la
«
simultanéité
st
y
La
Quinzainelittéraire
du
16
au
31
man
1970
3

Satisfaites votre curiosité

Tout ce que vous voulez lire.
À tout moment. Partout. Sur n'importe quel appareil.
Aucun engagement. Annulez à tout moment.
576648e32a3d8b82ca71961b7a986505